L’ANACIM INSTAURE UN RATIONNEMENT DANS L’APPROVISIONNEMENT DES AÉRONEFS
Comme l’avait si bien alerté « Le Témoin » la semaine dernière, la guerre entre l’Ukraine et la Russie va forcément plonger le Sénégal dans une pénurie de produits alimentaires et pétroliers.

Chargée de conserver ou de gérer le stock national de sécurité — de souveraineté si on préfère — de carburant (kérosène) de manière rationnelle et durable, l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim) fait face à une très forte demande actuellement. Pour rationnaliser le petit stock donc elle dispose, elle donne la priorité aux avions de la compagnie Air Sénégal et aux aéronefs militaires. Autrement dit, nous voilà plongés en plein rationnement de kérosène !
Comme l’avait si bien alerté « Le Témoin » la semaine dernière, la guerre entre l’Ukraine et la Russie va forcément plonger le Sénégal dans une pénurie de produits alimentaires et pétroliers. Après le secteur des transports routiers qui connaît ces temps-ci des fréquentes pénuries d’hydrocarbures se traduisant par des queues au niveau des stations-services, celui des transports aériens aussi vient de subir de plein fouet les conséquences de cette guerre. Car, depuis quelques jours, l’aéroport international Blaise-Diagne (Aibd) de Diass connait une rupture de carburant. Conséquence : beaucoup de compagnies aériennes ont peiné à s’approvisionner correctement en kérosène.
Chargée de la conservation ou de la gestion du stock national de sécurité de carburant (kérosène) de manière rationnelle et durable, l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim) est confrontée à une très forte demande de la part des compagnies aériennes desservant l’Aéroport international de Diass devenu un hub aérien international.
Face à cette situation inédite, et pour le maigre stock restant, l’Anacim donne la priorité pour l’approvisionnement aux avions de la compagnie nationale Air Sénégal ainsi qu’aux aéronefs militaires. En effet, tout avion en état de détresse désirant se ravitailler en kérosène doit obligatoirement s’adresser à l’Anacim seule à pouvoir livrer la quantité raisonnable. Selon un chef d’escale d’une multinationale aérienne, il faut activer les leviers et relations diplomatiques pour se faire approvisionner auprès de cette agence nationale. « Comme ce fut le cas de l’avion de la compagnie Air Côte d’Ivoire qui a connu trois heures de retard à cause des tractations diplomatiques pour se faire ravitailler en kérosène. Un retard qui est un moindre mal sinon l’avion n’aurait jamais pu repartir sur Abidjan, faute de carburant. Parce qu’il est désormais interdit à la Société de Manutention de Carburants Aviation (Smcady) de vendre du kérosène sans l’Anacim qui en autorise une quantité limitée » explique notre interlocuteur. « Le Témoin » a appris que les rares compagnies aériennes non impactées par cette pénurie sont Air France, Royal Air Maroc (Ram), Turkish Airlines etc. Et, bien sûr, la compagnie Emirates appartenant à un pays qui est l’un des plus gros producteurs mondiaux de pétrole et de gaz. « Parce que ces compagnies ont des avions de type Boeing 777 et autres Airbus 321, 350 etc. qui réalisent des prouesses en matière d’autonomie et de consommation. C’est-à-dire ces avions peuvent faire le plein de carburant à Paris ou Casa en aller/retour sans se ravitailler à Dakar. Ce, contrairement aux 737 et A 320 des compagnies Air Sénégal, Air Côte d’Ivoire etc. De même que d’autres petits avions et jets privés qui ont besoin de s’approvisionner à l’aller comme au retour. Ou alors de faire le plein de carburant ailleurs avant de venir à l’Aéroport de Diass confronté à une pénurie » explique notre chef d’escale.
Avant la guerre en Ukraine, notre pays n’avait pas vu venir cette situation. A savoir que l’aéroport de Diass, à travers Smcady, n’avait pas dans ses cuves assez de réserves de kérosène. D’où cette rupture qui s’est installée dès que la chaîne d’approvisionnement mondiale a été un tant soit peu perturbée.