LE CIRC AU CHEVET DE 101 FAMILLES
Migrants portes disparus dans le sud-est du pays

L’ors d’une rencontre avec les journalistes hier, le comité International de la croix rouge (cicr) a dévoilé les contours de ses différentes activités au Sénégal. Parmi celles-ci, il y a l’accompagnement des familles de migrants portés disparus à travers un soutien psychosocial et économique. Ainsi, 101 familles habitant la partie sud-est du pays vont bénéficier de ce soutien.
Dans une vidéo, la mère d’un jeune homme disparu alors qu’il tentait de rallier l’Europe témoigne. Dans une salle archi comble et occupée par des parents ayant perdu tout contact avec leurs fils, elle évoque comment la famille a été convaincue d’accepter de financer le voyage du jeune homme qui tenait coute que coute à rejoindre l’Eldorado européen. Au début, raconte la dame, son mari avait refusé de financer le jeune homme car il ne voulait pas que ce dernier parte pour l’aventure pour ne pas dire l’inconnu. «Il m’a ouvertement dit qu’on le soutienne ou pas, il va partir», raconte la dame. Sous l’insistance de son fils, son mari a fini par céder. Il a vendu tout son bétail pour financer le voyage du jeune homme, marié au moment de son départ. Les témoignages de la dame ont été obtenus grâce au programme initié par le Cicr qui entend accompagner les familles des migrants portés disparus.
Pour la responsable de ce programme, la psychologue Hala Yahfoufi, cette initiative vise à réconforter les proches des familles des portés disparus. «Nos enquêtes ont montré que les familles des proches vivent entre l’espoir et le désespoir. Beaucoup d’entre eux ont refusé de faire le deuil, car pensant que leurs fils sont toujours en vie. Leurs parents disent toujours attendre de voir leurs corps pour procéder au rituel», renseigne Hala Yahfoufi qui estime que les parents, surtout les hommes, sont accusés par la communauté comme étant les principaux acteurs de ces disparitions pour avoir financé les voyages.
JOURNEES DE COMMEMORATION
«Souvent, c’est la colère qui les affecte à cause du regard des autres habitants. C’est le cas d’un imam qui a dit devant des familles de migrants portés disparus que les parents sont à l’origine de ce phénomène», a expliqué la responsable du projet. Dans certains villages situés dans le Sud-Est du pays, des rencontres ont été initiées afin de mieux comprendre le vécu des proches de jeunes dont personne n’a plus la moindre trace. Et pour les réconforter, des journées de commémoration sont organisées pour les familles. Des appuis économiques aussi leur sont accordés afin de les aider à s’activer dans des activités génératrices de revenus. «Nous avons mis en place ce programme après une analyse qui a montré qu’il y a beaucoup de familles sénégalaises qui n’ont plus des nouvelles de leurs proches qui migraient vers l’Europe», souligne Christophe Luedi, chef de la délégation régionale du Cicr à Dakar. «C’est pour cette raison que le Cicr a lancé un projet pilote qui vise à soutenir de manière psychosociale et associative ces personnes pour qu’elles reviennent à une vie normale, malgré le fait qu’elles aient perdu un membre de leur famille », explique Christophe Luedi. Du CICR, les proches de ces jeunes disparus reçoivent un soutien psychologique.