«LE DEROULEMENT DES EVENEMENTS DU FESNAC DONNE UN CARACTERISANT DE FESTIN»
Le sociologue Abdou Khadre Sanogo considère que, dans cet endroit précis où se tient le Fesnac, le déroulement des événements semble renvoyer à un festin.

Le sociologue Abdou Khadre Sanogo regrette la tenue du 11e Festival national des arts et de la culture (FESNAC) au lendemain des drames de Kaffrine et de Sakal. Selon lui, ces festivités semblent montrer l’insouciance des autorités étatiques face à ces drames et donnent l’impression que la République danse sur « les tombe » des victimes. Il trouve que c’est très maladroit de tenir ce festival à ce moment précis et dans la capitale du département où s’est produit l’accident au bilan le plus lourd !
Le sociologue Pr Sanogo considère que, dans cet endroit précis où se tient le Fesnac, le déroulement des événements semble renvoyer à un festin. « Des populations qui portent un deuil de moins d’un mois, il me paraît incongru d’organiser le Fesnac dans cette zone-là. En principe, il devrait y avoir un travail préalable de concertation avec les populations. Et, il y a un principe irréfutable qui pose l’idée selon laquelle tout ce qu’on fait pour moi, sans moi, est fait contre moi. Si on avait interpellé les populations, je ne suis pas sûre qu’elles soient d’accord qu’on puisse faire ce choix-là d’organiser ce festival à ce moment précis. Il est vrai que ça relève d’une décision étatique et que l’Etat détient le monopole de l’autorité. Cela dit, aujourd’hui il y a des réalités qui voudraient qu’en période de deuil, on puisse permettre à ceux qui le vivent et le ressentent de donner libre cours à leur souffrance un bon bout de temps », explique Pr Sanogo.
Notre interlocuteur précise que la tenue de ce Festival dans cette localité (Kaffrine) serait synonyme d’une provocation. Elle montre l’indifférence de l’Etat à la dure et pénible situation des populations. La douleur de ce drame n’a pas encore fini de se cicatriser et l’on organise un festival, c’est-à-dire des festivités, sur le lieu du drame.
Pr Sanogo se demande de quelle intelligence se prévaut le ministre de la Culture qui s’autoproclame le plus savant de toute sa génération et même de celle précédente. « Même si cet événement était déjà programmé dans le calendrier des activités culturelles à dérouler, il devrait être reporté à un moment beaucoup plus propice afin de permettre aux blessures et plaies des populations de se cicatriser », fait savoir M. Sanogo. A l’en croire c’est très gauche, maladroit, provocateur et même indigne d’une intelligence culturelle de ces autorités que de tenir ce festival. Pr Sanogo estime qu’on aurait beaucoup plus à penser et à chercher la vérité scientifique ou anthropologique de ces accidents. Mais aussi, chercher également à procéder à un certain nombre de rituels qui pourraient relever de la culture et de la religion. A défaut, l’Etat devrait penser à faire des sacrifices, des récitals de Coran, des psaumes de la Bible ou organiser une marche silencieuse avec les populations. Tous devraient s’habiller en blanc, main dans la main pour lancer un message expressif.
Du point de vue symbolique, Pr Sanogo croit que cette option devrait être beaucoup plus marquante que d’organiser des événements folkloriques. « Ça calmerait les populations, à ce niveau-là. J’aurais été conseiller du ministre ou membre du staff, je lui conseillerais de faire des actions qui arriveraient à donner un message protéiforme qui mélangerait sensibilisation, remontrances et prières. Tenir ce festival à Kaffrine en ce moment, c’est désolant et ça exprime juste le degré de culture assez limité de ceux qui dirigent ce ministère », regrette le sociologue. Transmis à Aliou Sow !