LE DG DE L’ARMP DEFEND LE CHOIX DE SUEZ ET SOLDE SES COMPTES
Saër Niang soutient que la Sénégalaise Des Eaux (Sde) qui dispute ce marché au groupe français ne respecte même pas le cahier des charges proposé par l’Etat du Sénégal

Désigné adjudicataire provisoire du contrat d’affermage de l’eau au Sénégal, le groupe Suez a un avocat de taille en la personne du directeur général de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (Armp). En effet, Saër Niang soutient que la Sénégalaise Des Eaux (Sde) qui dispute ce marché au groupe français ne respecte même pas le cahier des charges proposé par l’Etat du Sénégal. En plus, il juge erronées les déclarations selon lesquelles la Sde est l’entreprise la moins-disante. Interpellé sur les raisons qui retardent la publication du rapport 2017 de l’Armp, Saër Niang a pris la mouche.
Enfin, le Directeur général de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (Armp) est sorti de sa réserve pour se prononcer publiquement sur le contentieux entre la Sde et le groupe Suez relatif au marché de la gestion par affermage du service public de production et de distribution d’eau potable en zone urbaine et périurbaine au Sénégal.
Hier au cours d’un atelier d’échanges sur le Partenariat public-privé (Ppp), Saër Niang a soldé ses comptes avec la presse avant de se faire le fervent défenseur du groupe français qui a remporté le marché au détriment de son concurrent, la Sde, qui avait introduit des recours devant l’Armp pour contester le contrat. «C’est un dossier qui a atterri chez nous à la suite d’un contentieux. Ce qui a été dit dans la presse n’est pas conforme à la réalité», clame-t-il en prévenant contre tout amalgame en confondant prix et coût. «Car un prix est un chiffre, mais un coût est une structure de procédure.
Le prix proposé par la Sde est moins élevé que le prix affiché par Suez, mais dans le calcul du ministère de l’Hydraulique tel que nous l’avons vu, les coûts ne sont pas les mêmes», précise le Dg de l’Armp avant de tenter une petite explication. «En réalité, le coût de Suez n’est pas plus élevé que celui proposé par la Sde. On a cru que le prix avancé par la Sde est celui que va payer le citoyen sénégalais, mais en réalité ce n’est pas cela. Il s’agit du prix auquel l’opérateur va être rémunéré. Donc, cela n’a rien à voir avec le prix que le client va payer, même s’il est vrai que le prix de rémunération de l’exploitant a une incidence sur le prix que va payer le consommateur», clarifie Saër Niang. Il reconnaît toutefois que c’est un dossier complexe. C’est pourquoi, il invite les gens à savoir raison garder d’autant que le dossier est pendant devant la Cour Suprême. «Je ne peux pas m’avancer sur ce dossier, parce qu’il ne s’agit pas d’influencer qui que ce soit. Il s’agit d’être respectueux des textes. La seule chose que je puisse dire c’est que jamais et au plus grand jamais l’Armp ne fait et fera dans l’arbitraire. Nous ne rendons jamais une décision basée sur l’arbitraire. Depuis 11 ans, nos décisions tiennent la route. On peut les contester, on peut même dire tout ce qu’on veut sur nos décisions, mais nous les rendons toujours publiques. Toutes nos décisions sont postées sur le site de l’Armp. Le monde entier et tous les spécialistes peuvent les consulter. Nous sommes également prêts à discuter avec tout le monde de nos décisions, car elles sont fondées.
Quand nous disons que telle décision n’est pas fondée, c’est parce que nous pouvons démontrer techniquement ce que nous avançons», martèle Saër Niang.
LE RETARD DE PUBLICATION DU RAPPORT DE 2017
Cible de nombreuses critiques à cause du retard noté dans la publication du rapport 2017, le Dg de l’Armp s’est emporté hier lorsqu’il a été interpellé sur la question. «Encore une fois, cela pose problème à qui ?», a-t-il répondu un tantinet irrité avant de nier tout retard. «L’Armp n’est jamais restée une année sans sortir un rapport. Allez visiter le site de l’Armp ! De 2009 à 2017, il y a chaque année un rapport qui a été posté. Il n’y a pas une année où l’Armp n’a pas tenu une conférence de presse pour présenter un rapport. On veut faire comme si les Sénégalais sont amnésiques. On nous dira que cela fait deux ou trois ans que l’Armp n’a pas sorti de rapports, mais il y a toujours un an de décalage entre l’année d’exécution et l’année du rapport. Nous avons toujours fait le travail correctement, de la manière la plus sérieuse. Mais, il y aura toujours quelqu’un qui ne fait rien, n’apporte rien au pays. Mais il va toujours se mettre dans la posture de la critique. C’est très facile de se faire un nom en critiquant et en insultant tout le monde», martèle le Dg de l’Armp.
Pour justifier le retard dans la publication du rapport 2017, il soutient que la commande publique a considérablement augmenté alors que les moyens de vérifications n’ont pas évolué. «Quand on a démarré en 2008- 2009, le coût de la commande publique était autour de 600-700 milliards. Ce n’est pas difficile d’auditer cette somme. Aujourd’hui, la commande publique est de 2.500 milliards Fcfa et lorsqu’on veut faire le travail d’une manière sérieuse, cela prend du temps», argue le régulateur qui, par ailleurs, annonce que le rapport 2017 sortira avant la fin de ce mois (novembre).