LE MATCH FERDINAND COLY/SALIOU SAMB JOUÉ DEVANT LE TRIBUNAL DE MBOUR
L’ancien latéral des Lions, Ferdinand Coly, et le président du conseil départemental de Mbour, par ailleurs directeur de la Société des Infrastructures de réparation navale (Sirn), Saliou Samb, ont soldé leur différend, ce lundi, devant le tribunal Mbour

Le procès tant attendu opposant l’ex-international de football Ferdinand Coly à Saliou Samb, président du conseil départemental de Mbour, s’est ouvert ce lundi dans la capitale de la Petite côte. Poursuivi pour abus de biens sociaux et banqueroute frauduleuse, l’ancien président du Stade de Mbour est accusé par l’ancien latéral des Lions de lui avoir fait perdre 1 milliard 200 millions F CFA. Les deux hommes avaient mis sur pied « Blue Trade Company », une société d’exploitation et d’exportation des produits halieutiques. Mais le business a fait faillite. Au bout de longues heures de plaidoiries, l’affaire est mise en délibéré au 3 avril prochain.
L’ancien latéral des Lions, Ferdinand Coly, et le président du conseil départemental de Mbour, par ailleurs directeur de la Société des Infrastructures de réparation navale (Sirn), Saliou Samb, ont soldé leur différend, ce lundi, devant le tribunal correctionnel de Mbour. Devant le juge Dièye, le président du conseil départemental, par ailleurs poids lourd local de la majorité présidentielle, poursuivi par son ex-associé en affaires pour abus de biens sociaux et banqueroute frauduleuse, n’a pas reconnu les faits.
En effet Saliou Samb, directeur de « Sangomar Fishing », a créé le 30 mars 2011 une autre société du nom de « Blue Trade Company ». Dans cette affaire d’exploitation et d’exportation de produits halieutiques, il embarque deux internationaux de football : Mamadou Niang et Ferdinand Coly. Le dernier nommé perdra son immeuble d’une valeur de 1 milliard 200 millions dans cette affaire. Il avait donné en garantie son bien immobilier pour un prêt de 400 millions de francs CFA. L’immeuble a été, finalement, saisi et mis en vente par Ecobank, la banque créancière. Pour sa part, Mamadou Niang avait acheté des parts à hauteur de 500.000 euros. A la barre, Saliou Samb a soutenu que l’argent versé parce dernier lui appartenait vu qu’il avait vendu des parts à Mamadou Niang.
Saliou Samb a clamé son innocence, jurant qu’il s’agissait d’un business qui a mal tourné, comme on en voit souvent. Concernant Ferdinand Coly, il explique que le joueur n’a pas acheté de parts. Il révèle que c’est lui-même qui avait offert des parts au joueur avec les légendaires dreadlocks, car ce dernier n’avait plus rien pour acheter quoi que ce soit.
À la lumière des débats, il apparaît qu’une vente de 50 tonnes de poissons en Côte d’Ivoire aurait fait couler le business. Les produits ont été saisis pour cause de décomposition. En effet, l’un des frigos était tombé en panne, ce qui avait fait perdre aux associés plus de 126 millions.
Le jeu trouble de Saliou Samb
Dans ce business les parts devaient être ainsi partagées : Saliou Samb 34 %, Ferdinand Coly 30 %, et Mamadou Niang 31%. Quand il y a eu faillite, le juge avait désigné un expert-comptable pour y voir plus clair sur les causes de ce dépôt de bilan. L’expert avait pour mission de fouiller la gestion de Saliou Samb. Lors des débats d’audience, il a été relevé que ce dernier s’était catégoriquement opposé à la mission de l’expert comptable qui s’en était même plaint auprès du juge. Les différentes visites effectuées à « Blue Trade Company » ont été infructueuses pour l’expert car Saliou Samb refusait de mettre à sa disposition les documents nécessaires. « Le juge n’a pas dit que je devais remettre les documents de Sangomar. Je n’ai pas fait d’obstruction, j’ai juste remis les documents de Blue Trade », s’est justifié le prévenu devant le tribunal correctionnel de Mbour. « L’expert avait reçu tous les documents dont il avait besoin et il n’avait rien trouvé de ce qu’il était venu chercher » a insisté Saliou Samb, acculé par les questions du juge et des avocats de la partie civile.
Selon l’ancien président du Stade de Mbour, il s’agit plutôt d’une cogestion qui a mal tourné. « On me reproche à moi toutes les fautes alors que c’est une cogestion qui mal fini », a-t-il ajouté. « J’ai d’autres activités. Quand je n’étais pas là, il (Ferdinand Coly) était là-bas pour gérer. On était toujours ensemble. J’avais beaucoup d’affection pour Ferdinand »,s’est-il défendu, apparemment très ému. Il a même assuré qu’il est actuellement en train de rembourser les fournisseurs. À la question du juge de savoir pourquoi il avait déclaré lors de l’instruction qu’il se sentait moralement responsable de ce qui s’était passé, le prévenu a nié avoir tenu de tels propos.
La charge des avocats de la partie civile…
Lors de sa plaidoirie Me El Hadj Diouf, avocat de Ferdinand Coly, a qualifié l’acte de Saliou Samb de « criminel ». Il dit : « Mon client a mis son immeuble en gage à la banque parce qu’il avait confiance en vous » a-t-il déclaré d’emblée. « Mbour est trahi par son fils, a martelé le truculent avocat. Né dans le poisson, travaillant dans le poisson, il a escroqué de grands footballeurs. Son acte est criminel. Il pleure pour endormir le tribunal. Il n’a pas essayé de rembourser Ferdinand, il le veut pauvre et dans la galère. Au lieu de payer Ferdinand qui se trouve au Sénégal, il rembourse des étrangers. Il voulait la mort de Ferdinand. Si Ferdinand n’avait pas un cœur en roc, il allait mourir d’une crise cardiaque à cause du choc subi », a tonné l’avocat. Son confrère Me Antoine Mbengue de renchérir, en demandant à M. Samb : « comment autant d’argent a-t-il pu disparaître en si peu de temps ? ». Face à ce qu’ils considèrent comme « la plus grande et la plus grave escroquerie de la Petite Côte », les avocats de l’ex-joueur du Fc Lens ont réclamé la rondelette somme de 2 milliards de FCFA en guise de dommages et intérêts. Le Parquet, de son côté, plutôt réservé, a demandé l’application de la Loi.
La défense plaide la relaxe
Les avocats de la défense, quant à eux, ont plaidé la relaxe pure et simple de leur client. « La réalité dans ce dossier est qu’on a voulu peindre un monstre (Saliou Samb) alors que c’est tout le contraire. Les dommages réclamés sont ridicules et insensés. Dans le dossier on n’a pas de preuves », a affirmé Me Ndione, l’un des avocats de Saliou Samb. « On a terni son image devant votre juridiction, on a fait un déballage. Mais il n’y a pas de qualification juridique pour situer la responsabilité des uns et des autres. Ferdinand et ses avocats parlent comme s’ils ne sont pas associés dans cette société. Coly parle comme un esseulé, qui n’est pas membre de Blue Trade. Dans cette affaire j’ai cherché en vain les preuves qui établissent que Saliou Samb a porté préjudice à M. Coly », a souligné Me Kane, autre avocat du prévenu. Un autre ancien « Lion », Mamadou Niang, en l’occurrence a été cité dans cette affaire au tribunal. L’ex-joueur de l’Olympique de Marseille a lâché plus de 325 millions F CFA dans cette opération. Cependant, il n’a pas déposé plainte contre Saliou Samb. Et les avocats de ce dernier ont utilisé cette décision du joueur pour voler au secours de leur client. « Le meilleur arbitre dans cette affaire est Mamadou Niang », a soutenu Me Ndione, un des avocats du président du conseil départemental de Mbour. Au finish, les juges ont mis l’affaire en délibéré jusqu’au 3 avril 2023. Néanmoins, l’accusé n’a pas manqué en un moment de verser des larmes à la barre du tribunal en répondant aux interpellations du juge et des avocats de la partie civile.