LE RAS-LE-BOL DES POPULATIONS DES COMMUNES IMPACTEES
La décharge de Mbeubeuss constitue une bombe écologique et continue de faire des ravages sur les populations riveraines sur le plan sanitaire et environnemental.

Elles étaient des centaines à braver le soleil pour manifester leur indignation par rapport à l’inertie des autorités face aux maux que charrie la décharge de Mbeubeuss. Les populations des communes impactées par Mbeubeuss ont marché avant-hier, samedi, pour réclamer la délocalisation de la décharge aux conséquences environnementales et sanitaires désastreuses sur elles.
La décharge de Mbeubeuss constitue une bombe écologique et continue de faire des ravages sur les populations riveraines sur le plan sanitaire et environnemental. Regroupés au sein d’un collectif dénommé «Mbeubeuss Dafa Doy», les populations issues des communes qui ceinturent la décharge (Malika, Yeumbeul Nord et Sud, Keur Massar, Tivaouane Peul) ont organisé une grande marche pour exiger sa délocalisation qui était une promesse de l’actuel chef de l’Etat.
Elles menacent de durcir le ton en barrant les camions bennes qui ne verseront plus leurs ordures dans la décharge. Crée en 1968, la décharge de Mbeubeuss enregistre près de 2200 tonnes d’ordure qui y sont déversées par jour. Des centaines camions-bennes font plusieurs rotations au quotidien pour y déverser les immondices de la région de Dakar.
POLLUTION DE L’AIR ET DE LA NAPPE A L’ORIGINE DE MALADIES PULMONAIRES ET CUTANEES, DE MAUX DE VENTRE ET…
La décharge, du fait de sa proximité avec les zones d’habitation, comme Diamalaye, impacte négative sur la santé de ces populations. Le premier motif de consultation demeure les maladies pulmonaires et cutanées à cause de la pollution de l’air causé par la fumée issue des feux créés sur la décharge par les recycleurs et du méthane (gaz) qui brule. A cela s’ajoute la pollution de la nappe ; les zones cultivables ont été désertées, certaines populations qui utilisaient l’eau des pompes souffrent d’atroces maux de ventre.
A en croire le coordonnateur du collectif «Mbeubeuss Dafa Doy», les populations souffrent de leur cohabitation avec la décharge. «Nous populations riveraines des communes qui entourent la décharge, sommes fatiguées. La décharge nous pose d’énormes problèmes de santé et environnementaux. On est là pour dire à l’Etat du Sénégal, avec à sa tête le président Macky Sall, que nous avons le droit d’avoir un environnement sain. Avec votre programme ‘’zéro déchet’’, vous devriez réfléchir (pour trouver une solution) à la décharge de Mbeubeuss», a laissé entendre Mamadou Fall dit Malcolm.
… PROBLEMES RESPIRATOIRES, MALFORMATION, FAUSSES COUCHES EN SUSPENS, EN PLUS DE L’INSECURITE
Et de poursuivre: «les enfants des localités souffrent de problèmes respiratoires et des fois de malformations, sans parler des vieux et vieilles des quartiers environnants. Il y a beaucoup de femmes qui font des fausses couches, des fois les enfants naissent avec des malformations. Nous sommes en train de mourir à petit feu», vocifère ce dernier.
Il dénonce en outre l’insécurité ambiante aux alentours de la décharge. «Nous vivons un problème d’insécurité, la majeure partis des bandits ou des criminels en cavale se cachent dans la décharge. Nous côtoyons l’insécurité chaque jour», renseigne Malcolm qui continue de rappeler aux autorités leur engagement sur la fermeture de la décharge, annoncé depuis 2005. Mieux, avec le projet de l’autoroute à péage des milliers d’impactés ont été recasés dans un site derrière la décharge à Tivaouane Peul, avec la promesse des autorités de délocaliser la décharge, mais jusque-là rien.
ACTE 2 DE LA BATAILLE, BARRER LES VOIES D’ACCES DES CAMIONS A MBEUBEUSS
L’ancien ministre de la Gouvernance locale, du Développement et de l’Aménagement du territoire, Abdoulaye Diouf Sarr, en visite à Mbeubeuss le 26 décembre 2016, accueilli par des recycleurs qui n’approuvent pas le projet de sa délocalisation, avait annoncé un projet de «requalification» et «réhabilitation» de la décharge à partir de juin 2017. C’est suite à un violent incendie qui avait ravagé le site, faisant des victimes (2 morts et des disparus), des heures plus tôt.
Alors que ce projet semble encore au point mort, les acteurs du collectifs Mbeubeuss Dafa Doy ne veulent plus en entendre en parler et exige sa délocalisation définitive. «Nous sommes au XXIe siècle et tout le monde parle de réchauffement climatique. Et la décharge de Mbeubeuss est émettrice de polluants organiques, elle émet du gaz à effet de serre ; c’est pour cela que nous demandons au Sénégal de respecter les engagements pris lors de la COP 25 en Espagne en supprimant la décharge. La décharge a été fermée depuis 2001 par l’ancien président ; elle doit être fermée, nous ne pouvons plus vivre avec», tonne le coordonnateur.
Malcolm verse d’ailleurs dans la menace. «On est là pour poser l’acte 1 de la bataille. Et si les autorités continuent de faire la sourde oreille, nous allons poser l’acte 2, on va bloquer l’avancée des camions sur la décharge. Les camions ne vont plus décharger leurs ordures à Mbeubeuss. Les populations de Keur Massar vont barrer la route de Keur Massar et celles de Malika la route de Malika qui mène à la décharge», confie Mamadou Fall dit Malcolm.