LE RÉQUISITOIRE DES SYNDICATS
Interpellés par Sud quotidien hier, certains responsables d’organisations syndicales dont entre autres Madani Sy, Mballo Dia Thiam et Saourou Sène, soulignent ne pas sentir les effets de cette nouvelle dynamique et parle de slogan politique politicien

Plus de cent jours (100) après son lancement en avril dernier par le chef de l’Etat dans la foulée de sa prestation de serment pour un second et dernier mandat de cinq ans, la nouvelle méthode de gouvernance politique dite «Fast Track» semble encore loin de son objectif de «résultats rapides» dans la gestion des affaires publiques. Interpellés par Sud quotidien hier, jeudi 25 juillet, certains responsables d’organisations syndicales dont entre autres Madani Sy, Secrétaire général du Syndicat des travailleurs du nettoiement, Mballo Dia Thiam, Secrétaire général de l’Alliance des syndicats autonomes de la sante (Asas Sutsas-Sudtm And Guesseum) et Saourou Sène, Secrétaire général du Saems soulignent ne pas sentir les effets de cette nouvelle dynamique et parle de slogan politique politicien.
SAOUROU SENE, SECRETAIRE GENERAL DU SAEMS : «Le Fast-Track reste un simple slogan pour ce que concerne la prise en charge des dossiers…»
Lorsque le Président a parlé de Fast-Track en considérant qu’on devrait accélérer tous les processus au niveau de la fonction publique notamment, nous avions cru en cela. Malheureusement jusqu’au moment où nous vous parlons, rien n’a bougé. Aujourd’hui, les lenteurs sont encore de rigueur pour ce qui concerne les dossiers des collègues. Le Fast-Track reste un simple slogan pour ce qui concerne surtout la prise en charge des dossiers d’avancement, d’intégration, de validation et notamment même les commissions paritaires. Tout ça, c’est des lenteurs extraordinaires. En plus, j’ai l’impression que l’Etat du Sénégal lui– même ne veut pas de Fast-Track. La preuve, l’ancien directeur de la fonction publique avait commencé à avoir une bonne maitrise de la fluidité des dossiers. Il avait même décelé les goulots d’étranglement mais il a été remplacé sans que l’on sache les raisons. Aujourd’hui, on ne sait absolument rien de son remplaçant du fait que ce dernier n’a même pas encore rencontré les représentants des organisations syndicales alors que les lenteurs sont là. L’autre aspect, est la nécessité d’aller vers le monitoring des accords. Car, depuis l’élection présidentielle, il n’y a pas encore eu de rencontres officielles entre le gouvernement du Sénégal et les organisations syndicales même si on reconnait que le ministre de l’Education nous a reçus à deux reprises. Mais encore la situation, elle est là, absolument rien ne bouge.
MBALLO DIA THIAM, SECRETAIRE GENERAL DE L’ALLIANCE DES SYNDICATS AUTONOMES DE LA SANTE (ASAS SUTSAS-SUDTM AND GUESSEUM) : «Nous sommes déçus par rapport à cette méthode de gouvernance»
Dans le secteur de la santé, nous ne sentons pas le Fast-Track. Au contraire, je dirais même que nous sommes déçus par rapport à cette méthode de gouvernance puisqu’il n’y a pas de changement dans les rapports avec le gouvernement. Les subventions dues aux structures de santé n’ont toujours pas été payées alors qu’on sait qu’il y a beaucoup de salaires qui en dépendent directement. Ensuite, les accords signés avec l’ancien ministre de la Santé pour ne pas dire avec le gouvernement sortant sous l’égide du ministre, Mariama Sarr, sont toujours rangés dans les tiroirs. Les questions relatives aux contractuels notamment sur le plan salarial et celui du renouvellement de leurs contrats sont restées intactes de même que celles concernant les techniciens supérieurs. En effet, sept ans après la validation de leur licence, la première promotion du système Lmd n’arrive toujours pas à faire leur master. De son côté, le ministre de la Santé est devenu plus ou moins hermétique concernant certaines questions. Ce qui fait que nous n’avons plus d’interlocuteur. Surtout après la suppression du poste de Premier ministre qui était en quelque sorte une escale pour nous à chaque fois qu’il y a blocage au niveau du ministère de la Santé. Aujourd’hui, en dehors du ministre de la Santé, il n’y a que le président de la République et qui n’est pas accessible comme interlocuteur. Le 2 juillet dernier, nous avons même organisé une conférence pour interpeler et le ministre de la Santé et Monsieur le président de la République sur ces questions fondamentales. En effet, le chef de l’Etat nous avait promis une prise en charge de la question du régime indemnitaire s’il est réélu mais depuis lors, il n’y a rien qui bouge».
MADANI SY, SECRETAIRE GENERAL DU SYNDICAT DES TRAVAILLEURS DU NETTOIEMENT : «Le Fast-Track, c’est de la diversion, un slogan de politique politicienne»
Les travailleurs du secteur de nettoiement ne sentent pas le Fast-Track. Rien n’a bougé dans notre secteur mis à part le désencombrement initié par le nouveau ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique. Le Fast-Track, nous l’avons vu dans le désencombrement mais pas chez les travailleurs. Il faut valoriser les travailleurs d’abord avant de parler d’une valorisation de déchets. De même, la réussite du concept « zéro déchet » dépend de la motivation des travailleurs. Il faut donc d’abord motiver les travailleurs qui sont en contact permanent avec les odeurs. Seulement, nos revendications sont toujours là et c’est le statu quo avec le gouvernement. Et pour revenir au Fast-Track, nous pensons que c’est de la diversion, un slogan de politique politicienne. Aujourd’hui, on a plus besoin du concret. Depuis le mois d’avril, rien n’a bougé, les gens ne font que parler. Notre plateforme relative à l’application de la convention collective du nettoiement n’est toujours pas prise en charge par le gouvernement. Et, je rappelle que cette convention a été signée depuis 2015 avec l’Etat du Sénégal. Cette situation est vraiment déplorable. Car, nous constatons que nos lois sont transgressées par ceux-là même qui les votent. Si on appliquait la convention collective, les travailleurs du secteur du nettoiement seraient heureux puisqu’ils vont pouvoir disposer d’un plan de carrière avec des augmentations de salaires comme ça se fait dans tous les autres secteurs. Malheureusement, tel n’est pas encore le cas. Aujourd’hui, il y a beaucoup de frustrations dans le secteur du fait des promesses à n’en plus finir».