LE VETO DES NATIONS UNIES CONTRE LA LIBÉRATION DE HISSEIN HABRÉ
Les Nations Unies expriment leur opposition à une éventuelle permission pour permettre à l’ex-président tchadien, Hissein Habré, de sortir de prison pour six (6) mois, comme voulu par ses avocats, pour raison médicale

Les Nations Unies expriment leur opposition à une éventuelle permission pour permettre à l’ex-président tchadien, Hissein Habré, de sortir de prison pour six (6) mois, comme voulu par ses avocats, pour raison médicale.
A travers une note à la presse, les victimes du président Habré soulignent que dans leur lettre au gouvernement du Sénégal, les Rapporteurs sur la promotion de la vérité, de la justice, de la réparation et des garanties de non-répétition, sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, sur le droit à la santé et sur la torture avaient exprimé leurs «plus graves préoccupations quant à la libération temporaire de l'ancien président du Tchad, M. Hissène Habré, dans le contexte de la pandémie COVID-19, sans justification apparente de santé publique, en violation des normes internationales concernant la responsabilité des violations flagrantes des droits de l'homme. … Nous soulignons que le maintien en détention de M. Habré est essentiel pour lui permettre de répondre à des graves crimes qu'il a commis et pour garantir l'accès des victimes à la justice et à la réparation, tout en assurant l'intégrité physique du détenu.»
Ce courrier est adressé au Sénégal, au moment où le juge d’application des peines examine la requête des avocats de l’ex homme fort de N’djamena portant sur une autorisation de sortie de prison pour six (6) mois. Mes Ibrahima Diawara et François Serres ont motivé leur demande par l’état de santé de leur client, qui serait «préoccupant». «Pendant que le juge d’application des peines examine la demande des avocats de Hissène Habré pour une autorisation de sortie de prison de six mois, quatre rapporteurs de l'ONU ont rappelé au Sénégal leurs «plus graves préoccupations» quant a une éventuelle sortie de l’ex-dictateur du Tchad condamné en 2015 par les Chambres africaines extraordinaires pour sa responsabilité dans des meurtres de masse, des actes de torture et des crimes sexuels, commis lorsqu’il dirigeait le Tchad dans les années 1980», rapporte le document. Déjà, en juin 2020, le président Habré, condamné en appel à la prison à perpétuité en 2017, était retourné en prison, à Dakar, après l’expiration de son autorisation de sortie de soixante (60) jours, à lui délivré du fait de la propagation de la pandémie de Covid19. Et le texte d’ajouter que «l’intervention des rapporteurs, publiée pour la première fois le 8 juillet 2020, et rappelé aujourd’hui (hier vendredi, ndlr), avait exprimé leur préoccupations quant à la libération temporaire de Habré en avril 2020 «en violation des normes internationales » et avait indiqué qu’il était «essentiel» que Habré soit maintenu en détention, étant donnée la gravité des crimes pour lesquels il a été condamné».
Aussi, en décembre 2019, alors que les partisans de Habré insistaient pour qu’il soit remis en liberté, le Comité des Nations Unies contre la torture a écrit au gouvernement du Sénégal, pour souligner qu’une «libération prématurée d’auteurs des crimes internationaux les plus graves n’est pas conforme aux obligations [du Sénégal]» telles que définies par la Convention de l’ONU contre la torture dont l’obligation de réprimer les actes de torture et d’autres mauvais traitements par des peines prenant en compte la gravité de leur nature.
Le rapporteur du Comité a mis en garde contre le recours à «une mesure déguisée d’amnistie» et déclaré que «si d’aventure l’état de santé de Hissène Habré ne permettait pas le maintien en détention de celui-ci, il fallait que ce soit avéré». Entre autres arguments, ils ont relevé que l’ancien chef de l’État tchadien, «en raison de son âge et du temps froid qu’il fait dans son lieu de détention et de l’humidité, enchaîne grippe, rhume et angine. Cette situation met en exergue des risques patents qui s’il se voyait contaminé (par la Covid-19), comporteraient des risques considérables sur sa vie».