LES 25 PRESUMES AUTEURS DECRETENT UNE GREVE DE LA FAIM ILLIMITEE A LA MAC DE ZIGUINCHOR
Contre leur longue détention provisoire, les présumés auteurs de la tuerie de Boffa-Bayotte, en janvier 2018, entament une grève de la faim illimitée.

Contre leur longue détention provisoire, les présumés auteurs de la tuerie de Boffa-Bayotte, en janvier 2018, entament une grève de la faim illimitée. Ces 25 personnes incarcérées à la MAC de Ziguinchor, qui ont décrété, hier lundi, cette grève de la faim en prison, peuvent compter sur le soutien de leurs familles et proches qui ont décidé aussi d’observer une grève de la faim. La médiation du Régisseur de la prison de Ziguinchor pour exhorter les familles à convaincre leurs parents détenus de surseoir à cette grève de la faim n’a pas abouti. Les familles de ces détenus «grévistes de la faim», mobilisés devant la prison hier matin qui se disent excédées par la longue détention de leurs parents, réclament un procès pour leurs proches.
Les présumées auteurs de la tuerie de Boffa-Bayotte, en détention provisoire à la Maison d’Arrêt et de Correction (MAC) de Ziguinchor, ont mis en exécution leur menace d’observer une grève de la faim illimitée hier, lundi 19 avril 2019. Ils protestent contre, disent-ils, leur longue détention sans jugement mais aussi contre la violation de leurs droits humains. Ils sont entrés, hier lundi, en grève de la faim dans le pénitencier de Ziguinchor, devant lequel s’étaient mobilisés tôt le matin les parents et proches de ces détenus pour apporter un soutien à ces «grévistes de la faim». Leurs familles, déboussolées, s’impatientent. Et lorsqu’un proche de ses détenus se prononce, c’est pour lâcher ces mots : «nous ne pouvons plus supporter cette douleurs avec nos frères qui croupissent en prison depuis plus de trois ans. Mon père (Seyni Sané, chef de village de Toubacouta, un des présumés auteurs décédé en détention, ndlr) est même mort en prison. Mes deux frères sont aussi en prison depuis et on ne sait pas ce qui se passe. Ils ne sont pas jugés. Ils ont été transférés de Dakar à Ziguinchor et depuis lors ils sont là en prison ; on est dans le flou total», peste Abdou Sané, fils du défunt chef de village de Toubacouta. Plus de trois ans en détention préventive, c’est ce que déplorent ces présumés auteurs de la tuerie de Boffa-Bayotte qui peuvent compter sur leur parents et proches qui ont également décidé d’entrer en grève de la faim. C’est ce qu’a fait savoir Mame Diarra Sané, la fille du défunt chef de village de Toubacouta, qui a porté la parole des familles de ces détenus. «Nous avons décidé aussi de nous solidariser de nos parents en prison», martèle-t-elle. Avant d’ajouter : «le Régisseur de la prison qui nous a rencontré nous a demandé de convaincre nos parents de ne pas observer cette grève de la faim car les conditions ne s’y prêtent pas. Il fait chaud et très chaud en ce moment et les conséquences d’une telle action peuvent être compliquées pour leur santé, nous a dit le Régisseur de la prison», déclare la femme, la trentaine, au sortir de leur rencontre avec le régisseur de la prison.
RETOUR SUR L’HISTORIQUE DES FAITS, EN 2018
René Capin Bassène et compagnie, en détention depuis janvier 2018, ont ainsi décidé d’imprimer une nouvelle tournure à cette affaire de la tuerie de Boffa-Bayotte qui a fait 14 morts en janvier 2018, dans la foret de Boffa, dans l’arrondissement de Niassya, dans la région de Ziguinchor. Arrêtés par la Gendarmerie moins d’une semaine après ce massacre qui avait ému plus d’un, 26 personnes, pour la plupart originaires du village de Toubacouta, ont été inculpées puis placées sous mandat de dépôt. Le journaliste René Capin Basséne a, après les enquêtes, été déclaré présumé cerveau de cette affaire. Une partie du groupe a été transférée dans les prisons de Dakar ; un des membres du groupe, en l’occurrence le chef de village de Toubacouta, Seyni Sané, décède en détention. L’autre groupe, avec René Capin Bassène, restera à Ziguinchor. Quelques temps après, les présumés auteurs incarcérés à Dakar, sont transférés encore à Ziguinchor, pour les besoins des auditions effectuées par le juge d’instruction. D’ailleurs, c’est le présumé cerveau, René Bassène qui boucle cette vague d’auditions. Les conseillers de ces détenus introduisent, en vain, des demandes de liberté provisoire. Elles ont toutes été rejetées. Languis de rester longtemps sous le régime de la détention provisoire, ces présumés auteurs entrent en grève de la faim pour tenter d’accélérer le dossier qui tarde à livrer tous ses secrets dans cette affaire de la tuerie de Boffa. Un massacre qui, avec la barbarie avec laquelle les coupeurs de bois avaient été lâchement tués par un commando armé, avait défrayé la chronique dans la région et partout dans le reste du monde.