LES COMMUNAUTES RECOLTENT LES FRUITS DE LA RESTAURATION
Jadis austère, la zone de Linguère se mue en milieu verdoyant le long du site de la Grande muraille verte.

Jadis austère, la zone de Linguère se mue en milieu verdoyant le long du site de la Grande muraille verte. La reconstitution du couvert végétal expose moins les villages aux nuées de poussière et à l’harmattan. Les éleveurs ont leur fourrage en abondance. Les jardins polyvalents intégrés dans le projet ont tiré des femmes de la pauvreté. Dans le département de ladite localité, les communautés récoltent les fruits de la restauration d’un milieu dégradé.
Le voyage vers Widou Thiengoly, village situé dans le département de Linguère, région de Louga, est un chemin de croix. L’itinéraire alterne des pistes sablonneuses et des routes cahoteuses. Les secousses et la canicule imposent des pauses. C’est à 16 heures que cette souffrance s’atténue, lorsque les visiteurs contemplent les premières superficies de la Grande muraille verte. Ce site a reçu, du 28 au 29 janvier 2019, un hôte de marque. Il s’agit de l’archevêque de Dakar, grand défenseur de l’environnement. Mgr Benjamin Ndiaye a, pendant deux jours, affronté la poussière, la chaleur et le froid de la nuit de ce village pour apprécier l’œuvre humaine de restauration d’un couvert végétal. Il pensait que la Grande muraille verte est une « muraille continue de verdure ». « Ce sont des périmètres échelonnés suivant des bases pour essayer de reboiser un cadre environnemental dégradé », admire le guide religieux au milieu des arbustes bien alignés. Les périmètres sont protégés par des barbelés. Sans quoi, les troupeaux de vaches, de moutons et de zébus vont anéantir l’effort de restauration des écosystèmes dégradés. A Widou Thiengoly, le pan du mur, d’une superficie de 700 hectares d’acacias senegalensis, est déjà construit. Il protège les villages environnants contre la rigueur de l’harmattan et de la poussière. Ici, la beauté de la nature et la réussite des opérations de reboisement sont une réalité. Mgr Benjamin Ndiaye n’a pas caché sa satisfaction à chaque étape. Pour avoir plus d’informations sur la Grande muraille verte, l’archevêque pose sans cesse des questions aux techniciens. Ces derniers lui donnent des explications détaillées sur ce projet sousrégional, notamment sur les types de plants mis en terre. Le jardin polyvalent du site de Widou Thiengoly a été la première étape de la visite guidée. Le chef religieux a été accueilli par des femmes qui s’activent dans ce périmètre pour gagner dignement leur vie. Heureuses de recevoir une haute autorité de l’Eglise, elles ont posé leurs doléances après la présentation de l’hôte par le représentant du ministère de l’Environnement. Ces dernières tournent autour de l’eau pour mieux arroser leurs planches de cultures. Avec le maraîchage, les femmes récoltent la de la tomate, de l’oignon, des pommes de terre, des oranges...
Retour des animaux sauvages
Après le jardin polyvalent, cap sur le périmètre de la Grande muraille verte. Ici, les arbustes poussent sur une superficie de 675 hectares. « En cette période de l’année, on aperçoit difficilement la verdure. Il faut venir pendant la saison des pluies pour constater le changement. Tout est vert durant l’hivernage », fait observer le directeur de l’Agence de la Grande muraille verte, Mady Gnagna Cissé. Amoureux de la nature et défenseur de l’environnement, Mgr Ndiaye n’hésite pas à toucher les feuilles des arbres en demandant leur nom en français avant de donner la signification en sérère, sa langue maternelle. L’archevêque a voulu également avoir plus d’informations sur le suivi végétatif des plants avec la présence des troupeaux dans la zone. « Pour protéger les plants des animaux, nous avons installé une clôture », répond le technicien des Eaux et Forêts. D’ailleurs, il signale la présence des animaux sauvages comme les hyènes, les antilopes…
Après cette étape, la délégation s’est rendue à Tessékéré peuplé par l’acacia torlilis. Sur ce site, l’autorité diocésaine et son équipe sont accueillies par des représentants du maire. Accompagné de quelques membres du conseil municipal, Thierno Ali Sow, un des frères de l’édile, a rappelé l’implication des populations dans la mise en œuvre du projet. « Nous faisons partie des gens ayant reboisé tous ces plants qui sont en train de faire reculer le désert », atil souligné satisfait. M. Sow a cependant insisté sur la nécessité des autorités de doter la Grande muraille verte de moyens afin d’atteindre les objectifs du projet. Le lendemain, 29 janvier, l’archevêque et sa délégation découvrent la base de Mbar Toubab, dans la commune de Syer. Le maire Sidy Tior Kâ, venu à la rencontre du guide religieux, a loué les efforts que ce dernier déploie pour la paix Sénégal. Mbar Toubab, informetil, est une localité fondée par un Blanc. « Elle est célèbre parce qu’ayant accueilli d’éminentes personnalités comme vous. C’est pour cette raison que je suis fier de vous accueillir dans ces terres », s’est réjoui M. Kâ. Après cette présentation, Mgr Benjamin Ndiaye s’est rendu sur le site de la Grande muraille verte de cette localité où sont plantés, sur 200 hectares, des acacias nilotica, des acacias radina et des balanites aegyptiaca