LES CONSUMERISTES EXIGENT DES CONTROLEURS ECONOMIQUES SUR LE TERRAIN
Afin de permettre aux ménages de supporter la hausse des prix des denrées alimentaires, le gouvernement a pris d’importantes mesures qui vont coûter à l’Etat 47 milliards de Fcfa

Afin de permettre aux ménages de supporter la hausse des prix des denrées alimentaires, le gouvernement a pris d’importantes mesures qui vont coûter à l’Etat 47 milliards de Fcfa. Pour que celles-ci aient un impact positif, des organisations consuméristes exhortent le ministère du Commerce à déployer des contrôleurs économiques sur le terrain pour éviter de nouveaux prix.
Trouver des solutions adéquates à la hausse des prix des denrées de première nécessité afin de soulager les consommateurs sénégalais. C’est l’objectif que recherche le gouvernement en renonçant à certaines taxes sur les produits de grande consommation. Cependant, certains consuméristes pensent que la ministre du Commerce, Aminata Assome Diatta, devrait déployer des contrôleurs économiques afin d’impacter le panier de la ménagère. Contacté par «L’As», le vice-président de l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen), Momar Cissé, estime en effet que le ministre devrait d’abord encadrer par arrêté les produits dont les prix varient du jour au lendemain. «Les 47 milliards Fcfa ne doivent pas être seulement au profil du commerçant, parce que le but est de soulager le Sénégalais qui n’a que son salaire. Donc, toutes ces mesures doivent être ressenties par les consommateurs et non par le commerçant», souligne le vice-président de l’Ascosen.
A l’en croire, ces mesures vont permettre en outre d’approvisionner le marché en certaines denrées comme le sucre. « Grâce à la suppression des taxes, les commerçants, très accessibles au marché, ont commencé à importer. Ils ont aujourd’hui totalisé plus de 44 mille tonnes, sans compter les tonnes de la Compagnie Sucrière Sénégalaise. On peut espérer donc, d’ici octobre, qu’il n’y aura pas de pénurie de sucre dans le marché», rassure M. Cissé. Il considère que cette tension aurait dû être évitée si le ministère du Commerce avait pris les devants. «On pouvait aussi éviter cette suspension de la taxe conjoncturelle à l’importation (TCI) parce qu’il y a un mois, le marché international était favorable et on pouvait avoir le sucre à 470 Fcfa le kilo», ajoute-t-il.
Abondant dans le même sens, le président de SOS Consommateurs, Me Massokhna Kane, pense que ces mesures ne peuvent pas prospérer si l’Etat ne met pas les moyens, au niveau de la vente, même au détail, de contrôler les prix qui sont appliqués.
A l’en croire, les marges bénéficiaires vont être captées par les différents intervenants, notamment les grossistes, les demi-grossistes et les détaillants en conservant leurs prix. «Si l’Etat renonce à des taxes et qu’il ne met pas en place des contrôles efficaces sur le maintien des prix normaux, cela n’arrivera jamais au consommateur final », indique Me Massokhna Kane. Il ajoute d’ailleurs que leur structure avait proposé à l’Etat des volontaires de la consommation dans les quartiers, dont des jeunes qui seront rémunérés sur les amendes qui seraient prises pour surveiller tout ce qui se passe dans les boutiques et marchés. «Malheureusement, le ministère du Commerce ne s’occupe que des denrées de première nécessité et non des prix. Il oublie même que le prix, c’est tout un ensemble : l’eau, l’électricité, l’essence. Tout cela est de son ressort. Malheureusement, il ne s’en occupe pas», peste le leader de SOS Consommateurs. Il fustige dans la même veine la non-implication des acteurs lors des propositions des meures. «L’objet du Conseil national, c’est d’impliquer tous les acteurs dont les services de l’Etat, les producteurs des biens et services, les associations des consommateurs ainsi que les journalistes afin d’échanger. Donc, c’est faux quand on nous dit que c’est le conseil qui a proposé ces mesures. Il n’y a pas eu des concertations», se désole Me Massokhna Kane.