LES DEPUTES NOIENT LA SEN’EAU
Perturbations dans la distribution, problématique de l’hydraulique rurale…

Le passage hier en session plénière du ministre de l’Eau et de l’Assainissement, pour défendre son budget arrêté à plus de 128 milliards de francs CFA, n’a pas été de tout repos. En réalité, les députés ont acculé Serigne Mbaye Thiam sur plusieurs maux des populations, notamment la surfacturation, les perturbations dans la distribution de l’eau, ainsi que la problématique de l’hydraulique rurale, entre autres.
Visiblement, la Sen’Eau cause plus de problèmes aux populations qu’elle n’apporte de solutions. C’est la conviction des députés qui ont profité du passage du ministre de l’Eau et de l’Assainissement hier à l’hémicycle pour mettre à nu les problèmes du secteur. Entre surfacturations, perturbations dans la distribution de l’eau, la problématique de l’hydraulique rurale entre autres problèmes, Serigne Mbaye Thiam a eu du fil à retordre de la part des parlementaires.
Pour Marième Soda Ndiaye, l’audit de la facturation de la Sen’Eau s’impose pour régler de manière définitive le problème de la hausse récurrente des factures d’eau. « Si l’on sait que la Sen’Eau s’est assignée comme mission l’excellence dans la qualité de service, le service qu’elle doit nous offrir aujourd’hui doit être des meilleures », fulmine-elle avant de rétorquer : « nous ne sommes pas contents des services de la Sen’Eau ». Interpellant le ministre, elle déclare que les compteurs ont été renouvelés, mais le problème demeure toujours. Quid de l’hydraulique ? Elle invite le ministère de l’Eau à continuer les réformes en y associant les parties prenantes comme les collectivités locales, les communautés pour l’actionnariat, mais aussi en allant vers la restructuration du capital de Aquatech, Flexon et des autres opérateurs. Prenant la parole, le député libéral n’a pas manqué non plus la directrice de la Sen’Eau. Mame Diarra Fam qui a aussi axé son plaidoyer sur la hausse des factures a sommé la direction de la Sen’Eau de vérifier les compteurs qui, selon elle, sont à l’origine de ces défaillances. « La seule réponse que la Sen’Eau sait donner, c’est de dire que le prix de l’eau n’a pas varié. Mme vérifiez vos compteurs sinon vous n’aurez pas notre félicitation », a-t-elle lancé à l’endroit de la directrice. S’adressant au ministre, elle enchaîne : » ceux qui disent que tout va bien dans le département de Pikine vous trompent. A Guinaw rail, même s’il y a des efforts qui ont été faits, il faut des projets structurants pour faire de l’assainissement et des inondations un mauvais souvenir. Il est difficile voire impossible d’accéder à l’hôpital de Guinaw rail durant la saison des pluies.
ABLAYE MAKHTAR DIOP : « IL FAUT ESSAYER L’ASSAINISSEMENT A CIEL OUVERT EN SUIVANT LES MOUVEMENTS PAR GRAVITATION»
Ancien directeur du service des eaux, Ablaye Makhtar Diop dit être constant dans son refus de la privatisation de la Sones. « Même si je reconnais que des bonds qualitatifs et quantitatifs sont fait dans le secteur de l’eau, je fais partie des Sénégalais qui s’étaient opposés fermement à la privatisation de la Sones alors que j’étais ministre sortant ; et je reste constant », a-t-il réitéré devant le Parlement. Par ailleurs, il soutient que le Sénégal a fait énormément de progrès depuis quelques années. Se refusant de considérer Dakar en opposition à toutes les régions du Sénégal, il affirme qu’alimenter correctement en eau Dakar, c’est aussi alimenter en eau la plus grande portion du Sénégal, tant du côté des populations que des services.
A l’en croire, le Sénégal est un des rares pays où on utilise l’eau potable pour laver des voitures, faire des travaux de constructions etc., alors que nous avons des bassins de rétention qui ne servent à rien. Laquelle eau pourrait servir, selon lui, à la construction à travers des zones d’épandage. En matière d’assainissement, il révèle que le problème résulte du fait que les colons ont installé des canaux en lieu et place de tuyaux presseurs. Dakar étant entouré d’eau, l’expert en eau propose des solutions pour résoudre de manière définitive la question des inondations. Il s’agit, selon lui, de l’assainissement à ciel ouvert en suivant les mouvements par gravitation. Et là où les coupes planimétriques ne permettent pas une coupe gravitaire, de mettre des accélérateurs plutôt que d’injecter des milliards à Keur Massar qui relève du gâchis.