DE L'ÉMOTION AU PROCÈS DES THIANTACOUNES
Les témoignages étaient tellement émouvants que les nombreux proches des victimes présents au procès n’ont pu pas retenir leurs larmes

La déposition hier des parents de bara Sow et Ababacar Diagne (du nom des deux deux personnes tuées à médinatoul Salam par des thiantacounes) a été insoutenable et particulièrement empreinte d’émotion. Les parents, qui ont retracé le parcours de leurs fils, sont revenus sur la manière dont ils ont appris leur mort. Inconsolable, Ousmane Sow, frère utérin de bara Sow, a versé de chaudes larmes. Il en est de même pour la mère de Ababacar Diagne qui dit avoir perdu son fils une seconde fois à cause des informations publiées dans la presse et selon lesquelles Cheikh béthio l’entretenait financièrement.
Devant la barre de la chambre criminelle de Mbour hier, Ousmane Sow et Ndèye Penda Fall ont retracé les relations qu’entretenaient leurs défunts parents (Bara Sow et Ababacar Diagne) avec Cheikh Béthio Thioune. Les témoignages étaient tellement émouvants que les nombreux proches des victimes présents au procès n’ont pu pas retenir leurs larmes. Revenant sur la vie de son jeune frère, Ousmane Sow révèle qu’ils n’ont pas connu leurs parents. Bara Sow a perdu sa mère alors qu’il avait juste un an avant d’être orphelin de père durant ses 13 ans. C’est ainsi que Ousmane et Bara sont élevés par leur grand père. En plus des études coraniques, ils sont envoyés à l’école française. Bara Sow poursuit ses études jusqu’en deuxième année de droit. C’est à la faculté de droit qu’il abandonne les études et se consacre exclusivement au service de Cheikh Béthio Thioune. De là, débute sa métamorphose. Comme possédé, il idolâtrait le guide des thiantacounes en l’élevant au rang de divinité. «Tout ce qu’on lui demandait, il répondait qu’il lui fallait d’abord le Ndiguel de Béthio Thioune», raconte Ousmane Sow avant de révéler : «lorsque je lui ai confié la comptabilité de ma boite, il a détourné mes 30 millions Fcfa et est allé construire une maison à Touba. Puisqu’il est mon frère, j’ai passé l’éponge. Ensuite, je lui ai suggéré d’émigrer en Italie, mais il a refusé sous prétexte qu’il ne peut prendre aucune décision en l’absence de Cheikh Béthio Thioune. A la suite de cela, il s’est rendu auprès de ce dernier et en a discuté avec lui. Séance tenante, Cheikh Béthio lui a donné le Ndiguel et il a commencé à chercher les papiers». D’ailleurs, Ousmane Sow a brandi, devant la barre, la photocopie du passeport de son jeune frère. Mais entre temps, Bara Sow est revenu sur sa décision et a renoncé à son voyage, sous prétexte que le guide des thiantacounes lui a retiré son Ndiguel. Depuis lors, Ousmane Sow qui est un commerçant en import-export a tout fait pour récupérer son jeune frère, en vain. Il s’en est ouvert à ses deux sœurs, mais cela n’a servi à rien. C’est à travers la presse qu’il a appris la mort de Bara Sow. Quand il est allé identifier la dépouille de son frère, il a trouvé celui-ci dans un état piteux. A la barre, Ousmane Sow a réfuté les allégations selon lesquelles son défunt frère était l’amant de l’une des épouses de Cheikh Béthio Thioune. Une thèse que confirme un des témoins Makhtar Sow qui estime que Sokhna Mbossé entretenait juste des relations d’amitié avec Bara Sow. Al’en croire, le défunt avait quatre enfants parmi lesquels deux garçons dont l’un s’appelle Sérigne Saliou et l’autre Béthio Sow. Mais ce dernier refuse désormais qu’on l’appelle par le nom de Béthio. «Lors des funérailles, son fils qui se nomme Béthio m’a dit qu’on ne lui appelle plus par le prénom de l’assassin de son père», a indiqué Ousmane Sow. Devant la barre, Maguette Niassy (ami de Bara Sow) a formellement identifié un à un les bourreaux de son pote. Mais dès que le juge lui a demandé de faire un témoignage sur Bara Sow, il a craqué. Il a versé de chaudes larmes pendant plus de 3 minutes.
«OU EST MON PERE ?»
Comme Maguette Niassy, la mère de Ababacar Diagne est également inconsolable. Elle se dit meurtrie d’avoir perdu pour la deuxième fois son fils surnommé Pape. En plus avoir perdu mon fils dans des conditions atroces, indique la dame, il a été fait état dans la presse des informations selon lesquelles Cheikh Béthio entretenait la famille du défunt. «Lorsque j’ai entendu cela, j’avais profondément mal. Mais je m’en suis remise à Dieu. Je le jure sur le Saint Coran que c’est moi qui entretiens la famille de Pape. Que ce soit son épouse et sa fille. Malgré mes maigres moyens, je les prends en charge», dit d’une voix éteinte la mère de Ababacar Diagne avant de souligner : «Aujourd’hui, sa fille m’a dit : grand mère, vous me cachez la mort de mon père, mais j’ai vu dans les vidéos comment il a été tué». Comme Bara Sow, Ababacar Diagne Alias Pape a été également très tôt orphelin de père. En tant qu’ainé de la famille, il a quitté l’école pour apprendre le métier de carreleur. Quatre ans après son mariage, il a fait acte d’allégeance au guide des thiantacounes. Il a été introduit auprès de Cheikh Béthio Thioune par son diawrigne Cheikh Faye. Mais au bout de quelques années, ce dernier lui a empoisonné la vie. Le jour des faits, Bara Sow, Ababacar Diagne et leurs amis sont allés faire leur ziarra à leur guide, mais Cheikh Faye et Kébé ont tout gâché en demandant aux talibés d’attaquer le groupe. Cheikh Faye en voulait à son fils, soutient la dame, parce que ce dernier avait refusé d’intégrer le commando créé par Faye et qui ordonnait aux talibés des choses peu recommandables.