LES RIVERAINS DE SICAP LIBERTE ÉTOUFFENT
Si les opérations de désencombrement du ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique dans certaines parties de la capitale ont permis de dégager les occupations anarchiques, il existe toujours en revanche des zones intouchables

Si les opérations de désencombrement enclenchées par le ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique dans certaines parties de la capitale ont permis de dégager les occupations anarchiques, il existe toujours en revanche des zones intouchables. A l’image du louma installé en face du supermarché Casino de la Sicap Liberté 1 au grand dam des populations riveraines.
A première vue, le périmètre qui fait office de ‘louma’ à la Sicap Liberté renvoie l’image d’un marché Sandaga en miniature. L’endroit grouille de monde. Sous les auvents et bâches, toute sortes de produits sont exposés. Du périmètre de la ‘foire’ jusqu’à l’entrée du quartier Grand Dakar les ateliers de mécanique débordent et donnent à l’espace l’allure d’une zone industrielle. Le décor laisse à peine visibles les devantures des maisons riveraines, devenues la propriété des commerçants et manœuvres. Pour comprendre les dessous d’une telle installation anarchique, nous nous engouffrons sous les tentes de la foire. Modou Sylla, visiblement fleurant la cinquantaine, se présente comme un des coordonnateurs chargé de superviser la location des périmètres au sein du marché. «Nous affrétons chaque périmètre à hauteur de 100.000 FCFA. Cependant la plupart des vendeurs après en avoir bénéficié, partagent leur surface avec d’autres co- locataires.
Ce, dans le but de faciliter les paiements mensuels. Certains trouvent que le prix du loyer est exorbitant, mais malgré cela, nous recevons une forte demande de la part de certains commerçants, lesquels, viennent des pays de la sous région afin d’écouler des produits médicinaux », renseigne-t-il. Sur la question relative à l’empiétement du cadre de vie des populations riveraines de ce qui est devenu un eternel ‘louma’, Mr Sylla dégage ses responsabilités et argue les domaines de compétence de la mairie. A l’en croire, c’est l’édile de la commune, Santi Sène Agne, qui a mis l’espace à la disposition des commerçants. «Il faut que les gens sachent que nous aussi, sommes citoyens du pays. Tous les marchands qui s’activent dans cette foire, s’acquittent chaque jour du paiement de la patente en plus des frais de location mensuelle qui pèsent sur nous. Maintenant, si notre présence sur les lieux est devenue encombrante pour les habitants de la commune, ce sera aux autorités de décider de la suite à donner », rétorque le responsable des vendeurs de la foire Sicap Liberté.
Le maire Santi Sène Agne sous le feu des critiques
Et le moins que l’on puisse dire est que le maire de cette cité rame à contrecourant de la politique de désengorgement de la voie publique initiée par le président Macky Sall. C’est ce que laissent entendre les administrés de la commune Sicap Liberté à l’endroit de leur maire, Santi Agne. «Pendant des années, nous avons suffisamment laissé des commerçants squatter cette place publique. Et les notables, les imams et les jeunes ont plusieurs fois interpellé le maire sans solution. Cette fois ci, ce sont les populations, elles-mêmes, qui vont régler ce problème.
Inutile de vous dire que rien ne peut arrêter une volonté populaire » menace un imam des Sicap Liberté et proche des lieux incriminés, lors d’un conclave annonçant les prémices du bras de fer. Trouvé aux devantures de sa maison et confortablement assis sur une chaise en plastique, Astou Diop convoque la responsabilité de l’Etat central face à ce qu’elle assimile à des campements clandestins. «Le ministre en charge des questions de l’Urbanisme et de l’Hygiène publique ne devrait pas simplement se limiter à des opérations de désengorgement de haute envergure. Nous, les habitants de cette zone, sommes asphyxiés avec l’envahissement de notre quartier par ces installations anarchiques. Ce, étant donné que le maire travaille en parfaite complicité avec les commerçants de cette foire, nous allons vers une marche de protestation pour que le président Macky Sall lui-même prenne en charge notre revendication», fustige la mère de famille, éventail à la main.