LES SYNDICATS D’ENSEIGNANTS CHARGENT MACKY
La sortie du président lors de la cérémonie de réception des cahiers de doléances, annonçant que l’Etat ne peut pas augmenter les salaires, ni faire un alignement sur le système indemnitaire, n’est pas du goût des syndicats d’enseignants

La sortie du chef de l’Etat, à l’occasion de la cérémonie de réception des cahiers de doléances avant-hier, mercredi 1er mai, annonçant que l’Etat ne peut pas augmenter les salaires, ni faire un alignement sur le système indemnitaire n’est pas du goût des syndicats d’enseignants. Souleymane Diallo (Sels), Abdou Faty (Sels/A) et Oumar Waly Zoumarou du Grand cadre des syndicats d’enseignants y voient une volonté du gouvernement de ne pas respecter les engagements pris. Ils comptent mobiliser leurs forces pour y faire face.
SOULEYMANE DIALLO, SG DU SELS : «Tenir une telle déclaration est une manière de mettre un terme au dialogue»
«Nous regrettons la sortie du président de la République à l’occasion de la cérémonie de réception des cahiers de doléances des centrales syndicales. C’est avec beaucoup de déception et une grande surprise que nous l’avons vu tenir de tels propos. La Fête du travail est un jour de dialogue et de concertation avec le mouvement syndical. Tenir une telle déclaration est une manière de mettre un terme au dialogue pour éplucher ensemble les accords signés. Ce que nous ne pouvons pas accepter. Nous n’allons pas accepter cette mesure du gouvernement allant dans le sens d’augmenter le prix du ciment, du fer, pendant qu’il annonce une année sociale en réduisant le pouvoir d’achat des travailleurs. Comment les travailleurs pourront-ils avoir accès au logement social face à ces mesures antisociales ? Nous comptons nous retrouver pour que la bataille que nous allons engager ne soit pas seulement d’un syndicat mais des centrales».
ABDOU FATY, SG SELS/A «Le chef de l’Etat fait du wax waxet»
«C’est un discours de statu quo des engagements pris. Le chef de l’Etat fait du wax waxet. Avant les élections, il était favorable pour la matérialisation des accords dans le cadre du monitoring. C’est maintenant qu’il vienne nous tenir ce genre discours qui ne fait qu’envenimer la situation. C’est un manque de vision qu’il a décliné en soutenant qu’il n’est pas capable d’augmenter les salaires. Les Sénégalais ne l’ont pas élu à 58% pour qu’il leur serve une telle déclaration. Nous allons fédérer toutes nos forces pour faire face à ce gouvernement. Que les Centrales nous suivent ou pas, nous allons se battre»
WALY ZOUMAROU, COORDINATEUR DU GCSE «Une volonté manifeste de ne pas respecter les engagements»
«Nous regrettons les propos tenus par le Président Sall, suite à tous ces nombreux accords. Il avait pris des engagements dans le cadre du monitoring, en donnant des instructions au Premier ministre pour que les accords soient respectés dans les meilleurs délais. Moins de deux mois après les élections, nous avons l’impression qu’il y a une volonté manifeste de ne pas respecter les engagements. Nous lui demandons de revoir sa copie. Nous ne pouvons pas accepter que rien ne peut être fait. Il faut qu’il dise aux Sénégalais que c’est une minorité des agents de la fonction publique qui bénéficient des 1000 milliards de salaire par an, au détriment de la grande majorité»
SIDYA NDIAYE, FGTS ET AND NGEUSSEUM « On ne peut pas venir apporter des doléances et recevoir toute de suite une fin de non recevabilité»
Pour Sidya Ndiaye de la Fgts et d’And Ngeusseum, la sortie du Président sonne comme un défi lancé aux centrales syndicales de ce pays. Pour cause, a-t-il dit, « on ne peut pas venir apporter des doléances et recevoir toute de suite une fin de non recevabilité». Pour autant, c’est aux centrales syndicales si elles en sont représentatives comme elles le prétendent, de trouver une alternative. « Les centrales syndicales ont abandonné le terrain de la lutte, c’est pour cela qu’elles sont traitées de la sorte et le Président sait qu’elles ne pèsent rien. Il n’y a que les syndicats de base que ce soit l’éducation, la santé et dans d’autres la justice que vous entendez sur le terrain… Où sont les centrales syndicales ? Quel est leur problème ? Est-ce que la subvention de 300 millions qu’on leur a donnée a plombé leur action revendicative ou les leaders se sont-ils embourgeoisés, étant toujours entre deux avions pour des voyages qui n’ont pas d’intérêt pour les travailleurs mais pou leurs poches. Je pense que les travailleurs doivent se réveiller. Les centrales viennent de recevoir un revers cinglant du fait de leur inaction, de leur incapacité à mobiliser les troupes et je pense que la balle est dans leur camp». Sidya Ndiaye ne manquera pas cependant de préciser, en rapport avec les revendications de la plateforme And Ngeusseum, « la sortie de Président Macky Sall ne nous concerne pas puisqu’il était prévu au mois d’avril passé d’ouvrir des négociations sérieuses sur le régime indemnitaire, le document élaboré est déjà prêt, il faut que l’Etat agisse. C’est ce qui nous concerne»
CHEIKH MBOW,COORDINATEUR COSYDEP «La déclaration du président est la meilleure façon de démoraliser les ressources humaines»
« Nous voudrions tout d’abord rappeler que le président de la République s’était bien engagé à corriger les incohérences et injustices dans le système de rémunération de la fonction publique. L’étude qu’il a commanditée sur la question doit avoir du sens. La présente déclaration du président est la meilleure façon de démoraliser les ressources humaines qui devraient pourtant constituer la base la plus sûre pour réaliser sa stratégie dite « Fast Track ». Mieux, à partir de perspectives positives et optimistes, le président devrait plutôt créer les conditions d’une motivation optimale des ressources humaines afin qu’elles soient prêtes à s’engager avec lui dans cette aventure. En tout état de cause, aucun gouvernement n’a jamais offert une quelconque augmentation sur un plateau d’argent. Une augmentation ne se quémande pas ; elle doit être le fruit d’une conquête syndicale. Si les syndicats en font une revendication importante, ils doivent se donner les moyens pour sa satisfaction. De surcroit, face aux crises sociales liées au faible pouvoir d’achat, un gouvernement est attendu dans sa capacité à lever des ressources additionnelles à partir de financements innovants qui dépassent les sources classiques (impôt et taxe) et arbitre en faveur des véritables porteurs de la croissance.