LES TALIBES CHEIKHS CONFINES DANS LEUR WAZIFA ET HADRATOUL JUMMAH
Quand il s’agit de séances de « Wird », « Lazim », « Wazifa » et « Dhikr » du vendredi ou « Hadratoul Jummah », le fidèle talibé Tidiane en fait un sacerdoce.

Quand il s’agit de séances de « Wird », « Lazim », « Wazifa » et « Dhikr » du vendredi ou « Hadratoul Jummah », le fidèle talibé Tidiane en fait un sacerdoce. En dépit des mesures prises par l’autorité avec l’interdiction des rassemblements, tout en se conformant à ces mesures, des fidèles Tidiane de Thiès vivent intensément leurs dévotions religieuses.
Sevrés de rassemblements religieux, les Tidiane de la région de Thiès n’en tiennent pas moins au respect scrupuleux des mesures prises par l’autorité. leur conviction est que dans le respect des mesures édictées pour lutter contre le coronavirus, ils peuvent accomplir convenablement leur devoir religieux. ces disciples tiennent au respect des principes et des valeurs de l’islam tout en s’efforçant dans leur dévotion à ne pas franchir les interdits étatiques. ce qui fait qu’aux premiers jours du mois béni de Ramadan, la ville de Thiès vibre au rythme de la lecture du Saint coran, des prières, louanges dédiées au Prophète Muhammad (Psl), à l’intérieur des maisons. Un Ramadan aussi marqué par le recueillement dans les différents cimetières.
Toutefois, les manifestations traditionnelles comme les conférences et causeries religieuses, qui rythmaient l’actualité dans la ville et un peu partout dans le pays, ont été renvoyées à de meilleurs moments avec le contexte de la covid-19. Ce qui fait que les soirées religieuses très courues, dont les programmes ont été ficelés bien avant l’apparition de la covid ont été renvoyées. Bref, tout a changé dans le quotidien des fidèles Tidianes. les mosquées étant fermées, les disciples souffrent de ce sevrage. la fréquentation de ces lieux de culte pour les prières du soir étant des moments forts de réflexion sur la pratique de la religion. Un temps où l’on notait de fortes affluences de fidèles qui se bousculaient à l’entrée des mosquées.
Autres faits marquant comme dans tous les coins du pays, la longue procession de fidèles, jeunes et vieux, se dirigeant à l’aube vers les mosquées, rend certains fidèles nostalgiques de cette première prière de la journée. ouztass Badara Guèye, lui, se remémore de ces moments où, partout dans les rues de Thiès, le mois béni prenait la forme d’une université d’été où les musulmans développaient une réflexion sur différentes questions qui touchent à l’islam. La covid -19 est venue compromettre tous ces instants religieux. les mosquées fermées, tout ce beau monde qui y passait la journée, histoire de tuer le temps tout en recevant un enseignement spirituel ou revisiter la charia, (loi islamique), etc., reste triste, se remémorant de ces moments de ferveur religieux. Issa Fall, talibé cheikh, lui, dit tenir au « respect des principes et des valeurs de l’islam qui doit être de rigueur ».
Malgré la fermeture des mosquées, certains fidèles restent plus que jamais engagés et déterminés avec les séances de Wazifa ou de Hadratoul Jummah. Selon eux, ces pratiques sont une liaison et une relation avec le tout Puissant et le Prophète Seyyidinaa Muhammad (PSl). Ce qui fait qu’elles constituent un moment fort devant permettre aux fidèles Tidianes d’exalter la philosophie de Cheikhna cheikh Ahmad Tidiane chérif. Et plutôt que la mosquée, des espaces d’échanges entre les acteurs religieux sont aménagés à l’intérieur des maisons. Moussa Mbaye et ses camarades, entre autres nombreux disciples Tidianes, bien que conscients des enjeux de l’heure, des inquiétudes et des risques qui émanent de la situation actuelle marquée par le covid-19, entendent vivre pleinement leur « spiritualité à travers une philosophie religieuse teintée d’une soumission sans fanatisme. ils se disent convaincus que la pratique du Wazifa et du Hadratoul Jummah, loin d’être simplement un rituel, reste une ressource de vie qui nous accompagne du lever au coucher du soleil.
Tivaouane, Thiénaba, Pire, Keur Mame El Hadji Ndiéguene dans la ferveur religieuse
Dès l’apparition du croissant lunaire qui marque le début du mois béni de Ramadan, beaucoup de maisons à Thiès ont changé de décor. Dans la ferveur religieuse, dans le frisson spirituel, ces dernières ont presque été transformées en des ‘’temples d’Allah’’ faisant la fierté de la Ummah islamique. Dans tous les quartiers, c’est l’effervescence de grands moments de recueillement. Un temps fort qui permet aux nombreux fidèles tidianes de revisiter l’œuvre et la vie du meilleur des êtres (Psl). A l’heure où les mosquées faisaient le plein à pareille moment, drainant à un rythme spectaculaire les foules pour les besoins du nafila, cette année, les fidèles, par respect scrupuleux des mesures édictées dans la lutte contre le coronavirus, préfèrent rester chez eux accomplir leur devoir religieux.
La nature spacieuse de ces maisons permettant à toute une famille de vivre intensément leurs pratiques religieuses. Certains devront également se passer des fortes affluences de fidèles chez certaines autorités religieuses. les sanctuaires de l’islam comme Tivaouane, Thiénaba, Pire, Keur Mame el Hadji Ndiéguene, pour les ziaars traditionnels, le recueillement auprès des mausolées des vénérés cheikhs, entre autres, étant privés de leurs visiteurs. Pape Ndiaye, président de Dahira Tidiane à Thiès, évoquant la ferveur religieuse qui accompagne le Ramadan à travers le comportement de talibés Tidianes fait savoir qu’« il ne saurait en être autrement compte tenu du fait que Maodo, suivant les traces du Sceau des Prophètes (PSl), a formé de nombreux disciples appelés moukhadams dont Elimane Sakho de Rufisque, père d’ El hadji Ibou Sakho, Moctar Coumba Diop de Dakar, Serigne Alioune Guèye de Tivaouane, amadou lamine Diène de Dakar, Thierno Alioune Kandji de Diourbel, Tafsir Abdou Cissé de Pire (père Moustapha Cissé).
Ces derniers, chargés de vulgariser l’islam, l’ont aidé avec détachement dans sa noble et exaltante mission consistant à repêcher les âmes en errance dans les méandres du paganisme triomphant et faire de ses talibés des modèles de croyants, prompts à affiner chaque jour davantage leur pratique religieuse. De son école qui était une véritable université populaire, sont sortis d’abord 41 moukhadams qu’il a installés partout au Sénégal et dans certains pays africains. ce, à l’instar de Ndary Mbaye au Gabon, el Hadj amadou Bouyo Guèye en côte d’ivoire, Madiakhou Diongue au Congo Belge, actuel RDc, entre autres.
Ceci pour propager et perpétuer son œuvre éducationnelle. Parmi les autres élèves figurent, hormis ses fils Ahmed, Babacar, Mansour, Abdoul Aziz et Habib, ceux de chérif Younouss de Banguère (Casamance), Serigne Youssoufa Diop, Médoune Mbaye Sarr, mor Binta dit Mbeur Sy, mor Khoudia Sy, Baye Mbacké et Baye Dame Sy, Amadou Anta Samb, Serigne Hady Touré, Maouloud Fall (un mauritanien), el Hadj Rawane Ngom, el Hadj Abdoul Hamid Kane, Serigne Ngounta Diop, el Hadj Alioune Tall, le cadi Alioune Dia. tous ces érudits ont fondé dans les localités où Maodo les avait envoyés des foyers religieux qui, à ce jour, illuminent tous les coins et recoins environnants. ils avaient la charge de décentraliser l’éducation et l’enseignement des sciences islamiques. Cheikh el Hadji Malick Sy a très tôt connecté la célèbre ville de Tivaouane aux grandes capitales de l’islam comme la ville de Fès, capitale de la tijâniyya.
De la cité de Mame Maodo, Tivaouane-la-pieuse, à Thiénaba Seck, foyer religieux fondé par le cheikh Amary Ndack Seck, en passant par le Premier foyer religieux du Sénégal, Pire Gourey de Khaly Amar Fall (xaali amar Faal), Keur Mame al-hadji, fondée par Mame el-hadji Ahmadou Barro ndiéguene, entre autres foyers ardents de la tidianiyya dans les départements de Thiès et Tivaouane, prières et louanges dédiées au Sceau des Prophètes (Psl) rythmaient ces sanctuaires durant le ramadan. et fidèles à une tradition bien établie à Thiès, les disciples anticipaient de quelques jours le jeûne du carême à travers d’intenses séances de la « Wazifa », de lecture du Saint coran, de recueillement auprès des mausolées des vénérés cheikhs de la confrérie. Une pratique qui n’a pu résister cette année à la présence de la pandémie qui a mis à l’arrêt toutes les activités dans le monde.