LES UNIVERSITAIRES MONTENT AU CRENEAU CONTRE LE BRADAGE FONCIER
Pour justifier les raisons de leur participation à la lutte pour la préservation du littoral, Samba Cissokho, professeur de géologie à l’Ucad confie que «du point de vue géologique, c’est une fragilisation de la côte.

L’affaire dite de l’accaparement du littoral au Sénégal continue de faire couler d’encre et de salive. Ainsi après les sorties de associations et collectifs pour la défense du littoral, c’est au tour des universitaires résidant de la cité des enseignants de Mermoz de se joindre au Comité de lutte pour la Préservation du Littoral Sénégalais (CLPLS) pour dire «non au bradage du littoral». Ils étaient en sit-in hier, mardi 23 juin 2020, à la cité à fenêtre-Mermoz sur la Corniche Ouest.
Pour justifier les raisons de leur participation à la lutte pour la préservation du littoral, Samba Cissokho, professeur de géologie à l’Ucad confie que «du point de vue géologique, c’est une fragilisation de la côte. Les roches sur lesquelles on a construit, ce sont des roches très dures. Alors pour y construire, il faut d’abord utiliser de la dynamite, de l’explosif. Cette “dynamitisation“ crée également une fragilisation des bâtiments environnants et détruit l’environnement. Tout ceci va contribuer à fragiliser le littoral et du coup augmenter les conséquences de l’érosion marine».
Outre l’aspect géologique exprimé par les universitaires, s’y ajoute l’aspect sanitaire. Ainsi, selon Massamba Diouf, professeur agrégé à la Faculté de Médecine de l’Ucad, l’environnement est un déterminant essentiel pour garantir une santé parfaite. «Nous avons un littoral long de plus de 700 km, disent les spécialistes. Et tout au long, nous avons des agressions intempestives, qui, à la longue, vont entrainer des conséquences fâcheuses, sur le plan de la santé des Sénégalais», alerte-t-il. Pour lui, le premier impact, «c’est l’utilisation des substances radioactives pour dynamiter les roches. Tout le monde sait que ces substances-là peuvent entrainer des cancers, parce qu’elles sont radioactives. Donc, cela tout le monde comprend également que du point de vue coût-financier en terme de prise en charge des cancers, le Sénégal n’est pas prêt à faire face à ces genres de choses», relève le professeur Diouf.
Le professeur agrégé en épidémiologie renseigne aussi que «c’est en rapport avec l’agression de l’environnement. L’environnement étant un déterminant essentiel à côté des comportements, à côté de la biologie, à côté du système de soin, c’est l’environnement qui vient en dernier ressort pour garantir une santé parfaite aux populations. Nous avons vu que cet environnement-là est agressé». Le dernier aspect est juridique.
A en croire Fatou Seck Youm, enseignante à la Faculté des sciences juridiques et politiques, «l’importance du littoral est un secret de polichinelle. Vous avez vu depuis quelques jours des juristes se sont relayés au niveau des plateaux de télévisions pour expliquer au Sénégalais lambda, la lettre et l’esprit de la loi sur le domaine national. Alors l’esprit est de dire à tous les Sénégalais, que l’appropriation de la terre est la chose commune à tous». Selon Mme Youm, «il exige à protéger l’intérêt général et non pas l’intérêt d’un certain groupuscule qui se permet d’accaparer un bien commun.
D’ailleurs, il y a eu beaucoup de débats sur les violations effectivement de la loi sur le domaine national. Notamment relative aux actes de déclassement de ces terres et aux actes de distribution de ces terres. Il y a eu beaucoup d’irrégularités qui ont été constatées» rappelle-t-elle. Et enfin pour elle «au-delà effectivement des aspects juridiques, aujourd’hui on se rend compte qu’en tant que citoyen, on est obligés de parler. C’està-dire qu’on ne peut pas laisser à nos enfants un héritage qui pourrait compromettre leur santé et l’environnement».