L’ONU NOTE POUR LE SÉNÉGAL LA TENSION PRÉÉLECTORALE
Le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en Afrique de l’Ouest et au Séahel, Mahamat Saleh Annadif est revenu sur le climat politique qui précède les élections locales

Mahamat Saleh Annadif, le Représentant spécial du Secrétaire général et chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) a présenté hier, lundi 10 janvier 2022, au Conseil de sécurité des Nations Unies (ONU), le rapport sur la situation sécuritaire dans la région. Dans celui-ci, il est revenu, entre autres pays, sur le Sénégal en évoquant les incidents préélectoraux. De manière générale, l’Onu s’inquiète de la menace sécuritaire grandissante dans le Sahel et la hausse des denrées alimentaires, dans un contexte d’une pauvreté grandissante.
Le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en Afrique de l’Ouest et au Séahel, Mahamat Saleh Annadif, a présenté hier, lundi 10 janvier 2022, le rapport du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) au Conseil de sécurité des Nations Unies.
Dans celui-ci, le Représentant spécial de l’Organisation des Nations Unies (ONU) est revenu sur le climat politique qui précède les élections locales. «Au Sénégal, la Commission politique pour le dialogue national est parvenue à un consensus sur la plupart des questions posées, notamment sur l'élection directe des maires et des présidents des Conseils municipaux. Cependant, un nouveau Code électoral adopté par l'Assemblée nationale, le 12 juillet, a été contesté par les partis d'opposition, et les amendements au Code pénal, adoptés le 25 juin, ont été critiqués comme portant atteinte à la liberté d'expression», lit-on dans le document.
Le rapport rappelle aussi la tension qui est née de la convocation de Barthelemy Diaz, pour son procès en appel dans le cadre de l’affaire Ndiaga Diouf. «En novembre, suite au report du procès de Barthélémy Dias, candidat de l'opposition de la coalition Yewwi Askan Wi aux élections municipales de Dakar prévues en janvier 2022, des heurts ont éclaté entre la police et des partisans de Yewwi Askan Wi ».
Revenant sur la situation globale de la sous-région, il a estimé que sur le plan politique, la région a enregistré des avancées démocratiques, notamment les élections réussies au Cap-Vert et en Gambie et ceci malgré toutes les inquiétudes justifiées suscitées par les turbulences actuelles en matière de gouvernance démocratique. Le Représentant spécial a également salué les progrès accomplis par la Commission mixte Cameroun-Nigeria en charge de la mise en œuvre de l’arrêt de la Cour Internationale de Justice sur le conflit frontalier entre les deux pays, depuis sa création en 2002. «Ces réalisations sont autant d’exemples positifs de résolution des conflits, démontrant concrètement la manière dont le règlement pacifique des différends frontaliers peut renforcer la confiance et la coopération bilatérale entre des pays voisins », a-t-il dit.
Par ailleurs, le fonctionnaire des Nations Unies a trouvé qu’il est certain que l'Afrique de l'Ouest et le Sahel continuent de progresser dans plusieurs domaines. Cependant, «l'insécurité dans la sous-région compromet ces avancées durement acquises». Malgré les efforts nationaux, régionaux et internationaux, la situation sécuritaire dans la région demeure complexe et difficile. Les groupes extrémistes violents continuent d'étendre leur champ d'opérations au Sahel, notamment dans la zone des trois frontières du Liptako Gourma entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, ciblant à la fois les civils et les forces de sécurité. «Au Nigeria, le regain de criminalité et de conflits entre agriculteurs et éleveurs a détourné l'attention de la violence extrémiste dans le nord-est, qui reste néanmoins omniprésente. D’autres incidents, bien que de faible ampleur, dans le nord de la Côte d'Ivoire, du Bénin et du Togo démontrent que la menace tant évoquée des actes de terrorisme se déplaçant du Sahel en direction des pays côtiers du Golfe de Guinée est une réalité,» a souligné le Représentant spécial.
LA HAUSSE DES DENREES ALIMENTAIRES ET L’AUGMENTATION DE LA PAUVRETES INDEXEES
M. Annadif a, en outre, énuméré les conséquences des développements sécuritaires dont l’effet majeur est la crise humanitaire multiforme que vit la région, «caractérisée par la hausse des prix des produits alimentaires, l’augmentation de la pauvreté du fait de la COVID-19 et la perte des récoltes du fait de la sécheresse.» Sur la question du changement climatique, il a mentionné la nécessité d'une approche à long terme et a informé du soutien de l’UNOWAS pour le développement de stratégies d’adaptation à la dégradation climatique dans la région Afrique de l’Ouest et Sahel. «Ceci dans le but de protéger les plus vulnérables qui sont victimes des urgences humanitaires et de la détérioration sécuritaire qui en résultent», a-t-il ajouté.
Le Représentant spécial a appelé à un plus grand engagement dans la mise en œuvre de l'Agenda Femmes, paix et sécurité, et de l'Agenda des jeunes pour la paix et la sécurité. «Bien que plus de 50% d’électeurs de la sous-région sont des femmes, leur présence de façon significative au niveau des organes de décision tarde à se concrétiser», a déclaré le Représentant de l’Onu. «Une plus grande volonté politique, se traduisant entre autres par le financement sur les budgets nationaux de ces plans d’action est nécessaire» a-t-il relevé. Le Représentant spécial a réitéré l’engagement de la structure à continuer d’accompagner les acteurs nationaux et régionaux pour renforcer la paix et la stabilité en Afrique de l’Ouest et au Sahel.