MIGRATION DES ENFANTS DANS LA ZONE CEDEAO, LE SÉNÉGAL ET LA CÔTE D’IVOIRE, LES PRINCIPALES DESTINATIONS
Dans l’espace Cedeao, des dizaines de milliers d’enfants et de jeunes se déplacent volontairement ou sont contraints de se déplacer chaque année.

La migration des adolescents à l’intérieur des pays membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de la Mauritanie est particulièrement dense. La Guinée Bissau, le Mali et le Nigeria constituent en grande partie les pays de départ. A partir de ces Etats, des populations à bas âge sont convoyées vers le Sénégal et la Côte d’Ivoire. C’est le constat fait par le Réseau Afrique de l’Ouest (Rao) qui a organisé une rencontre de trois jours à Saly pour réfléchir sur les moyens d’aider les pays membres de la Cedeao à éradiquer ce fléau.
Dans l’espace Cedeao, des dizaines de milliers d’enfants et de jeunes se déplacent volontairement ou sont contraints de se déplacer chaque année. Leur vulnérabilité est renforcée par le fait qu’ils sont mineurs, souvent non accompagnés et en déplacement. Leur parcours les conduit au-delà des frontières de leur pays, en dehors de toute protection formelle ou informelle. Pour arriver à bout de ce phénomène, indiquent les membres du Rao, il urge de renforcer et d‘interconnecter les systèmes de protection nationaux des Etats Membres de la Cedeao pour la protection, la réintégration et l’accompagnement transnationaux de ces enfants et jeunes.
Dans l’optique de lutter contre ce type d’émigration qui est souvent clandestine, le Rao qui regroupe les 15 pays membres de la Cedeao et la Mauritanie a adopté une politique commune. Selon Djibril Fall, directeur du Service Social International de l’Afrique de l’ouest, les pays qui constituent les points de départ sont pour la plupart le Nigeria, le Mali et la Guinée Bissau. «Toutefois, il y a une disparité notée en fonction des Etats, car les causes de migration ne sont pas les mêmes», explique monsieur Fall avant de préciser : «Au Mali, les déplacements vers le Sénégal sont souvent dus à des raisons économiques. Les mamans se déplacent avec leurs enfants pour rallier le Sénégal, plus précisément Dakar ou la côte, afin de chercher des lendemains meilleurs».
Par contre, pour ce qui est de la Guinée Bissau, souligne-t-il, la destination des émigrés est le Sénégal. Il estime que la raison d’un tel déplacement est souvent due à la recherche du savoir coranique, car dans certaines communautés, les parents veulent que leurs enfants apprennent le Coran. «Ce qui favorise l’existence de réseaux de certains opportunistes qui promettent aux parents monts et merveilles avant d’amener les enfants au Sénégal pour les exploiter par la mendicité», constate amèrement le directeur du Service Social International de l’Afrique de l’ouest. Et pour ce qui est du Nigeria, l’un des pays les plus développés et peuplés de l’Afrique de l’ouest, le déplacement des adolescents a un soubassement économique. «Mais à la différence du Mali et de la Guinée où l’émigration concerne les garçons, au Nigeria, c’est la gent féminine qui se déplace le plus pour faire de la prostitution dans le pays d’accueil, à cause de l’existence de réseaux de proxénétisme», renseigne Djibril Fall.
Revenant dès lors sur la mission du Rao, Djibril Fall indique qu’il «représente un effort collectif qui cherche non seulement à fournir des services d’appui aux enfants et aux jeunes en mobilité qui sont en difficultés, mais aussi à déclencher des changements de politique (par la fourniture continue de preuves) qui prendront en considération ce groupe d’enfants vulnérables».
Au cours des 15 dernières années, révèle-t-il, plus de 13 000 enfants et jeunes en mobilité qui se sont retrouvés en difficultés en raison de leur mobilité ont bénéficié de services de protection transnationale fournis par environ 860 acteurs étatiques et non étatiques membres du Rao. La protection et la prise en charge des enfants vulnérables en mobilité sont assurées par le Réseau Afrique de l’Ouest (Rao) grâce à un mécanisme transnational dont les membres proviennent de la Commission de la Cedeao, des agences gouvernementales, des organisations de la société civile, des organisations communautaires de tous les Etats membres de la Cedeao et de la Mauritanie, ainsi que des agences internationales et des Ong actives dans la région.