«NOUS SOMMES INDISPENSABLES A L’OPERATION ZERO DECHET»
Le Syndicat des travailleurs du nettoiement exige plus de considération dans le cadre de l’opération « zéro déchet ». Selon son secrétaire général, Madani Sy, cette ambition présidentielle ne peut se réaliser sans eux.

Le Syndicat des travailleurs du nettoiement exige plus de considération dans le cadre de l’opération « zéro déchet ». Selon son secrétaire général, Madani Sy, cette ambition présidentielle ne peut se réaliser sans eux.
« Tout ce qui est fait pour toi, sans toi, est fait contre toi ». Un cri du cœur lancé par le secrétaire général du Syndicat des travailleurs du nettoiement à l’endroit du gouvernement. Une alerte pour dénoncer l’indifférence notoire de l’Etat envers les travailleurs de ce secteur sans qui l’ambition du Président de faire du Sénégal un pays avec zéro déchet serait vaine. C’est pourquoi, Madani Sy exige que l’on accorde plus de considération aux agents du secteur du nettoiement. « Avant de parler de valorisation de déchets, il faut d’abord la valorisation des agents du nettoiement. Qu’on les mette dans des conditions de performance. Il nous faut des moyens, des salaires décents. Malheureusement, aujourd’hui, les travailleurs sont dans des conditions misérables », s’indigne M. Sy.
Une situation de précarité qui, selon lui, risque de compromettre le projet « zéro déchet » du gouvernement. En effet, selon le syndicaliste, ce sont les travailleurs qui constituent le « maillon le plus important de la chaine » destinée à rendre le pays propre. Or, estime-t-il, dans les conditions actuelles, cette volonté du pouvoir ne pourrait se réaliser. « Le budget du nettoiement est passé de 17 à 12 milliards, alors que la masse salariale des travailleurs du secteur ne dépasse pas les 3 milliards » renseigne M. Sy. Une façon de pointer le peu de considération dont sont l’objet les travailleurs qui « doivent être impliqués en amont. Ils doivent être impliqués dans les prises de décisions concernant leur secteur d’activité. Le capital humain est relégué au second plan. On ne doit pas nous considérer comme des ouvriers, alors que nous sommes incontournables quel que soit le dispositif mis en place » déclare-t-il. M. Sy invite é g a l e m e n t l’Etat à ne pas politiser cette opération qui doit transcender les chap e l l e s politiques pour être l’affaire de tous.
Sur l’engagement du ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène Publique, Abdou Karim Fofana, M. Sy pense que celui-ci a un programme p o l i t i q u e . « Nous sommes apolitiques, le « zéro déchet » ne doit pas être géré par des slogans ou des caravanes avec des militants qui viennent appuyer le ministre. Cela ne nous intéresse pas. Le ministère a mis en place le Comité national de l’hygiène publique sans l’implication des travailleurs. C’est une hérésie et ça ne nous honore pas !», déplore Madani Sy. Selon les travailleurs du secteur du nettoiement, la population produit plus de 2400 tonnes d’ordures par jour. Des chiffres qui font peur. Ce, alors que le déficit d’infrastructures augmente les dangers.
La population doit être impliquée davantage
A les en croire, il faut impliquer davantage les populations pour qu’elles comprennent enfin le danger de cette production massive de déchets. « Les p o p u l a t i o n s sont responsables, il faut l’implication de ces d e r n i è r e s puisque ce sont elles qui produisent les ordures » explique M. Sy. Ainsi, pour mettre un terme à tout cela, Madani Sy demande une participation plus massive de cette population. Et pour ce faire, un changement de comportement est nécessaire de son point de vue.
« Mbeubeuss, une bombe écologique »
Sur l’ambition du chef de l’Etat de faire de Dakar une ville comme Kigali en matière de propreté, M. Sy estime que c’est bien possible. « L’opération zéro déchet initiée par le président de la République est une très bonne chose et peut être réalisable, à condition d’être une « vision futuriste. Ce qui ne pourrait se faire sans un changement de paradigmes et de comportements, en améliorant tous les aspects et en créant des infrastructures qui répondent aux normes environnementales » souligne M. Sy. « Aujourd’hui personne ne veut cohabiter avec une décharge. L’Etat est physiquement et pénalement responsable. Il nous faut des infrastructures qui répondent aux normes environnementales. Mbeubeuss date depuis 1968. Cette décharge est devenue une bombe écologique et un danger pour les populations des alentours.
Dans mesure où elle est dans une zone poreuse, elle doit être clôturée afin d’éviter que les gens y entrent et en sortent comme ils veulent. Une décharge pareille, c’est révolu. Si on nous dit que Mbeubeuss va être réhabilitée, je ne vois pas comment. Il nous faut des usines de traitement, des déchèteries pour que les populations ne cohabitent avec ces nuisances-là. C’est à l’Etat de trouver les moyens pour combler ces manquements. C’est normal que ces populations marchent et elles ont le droit de dire non à ce danger qui les menace au quotidien. Nous sommes de tout cœur avec elles pour une meilleure prise en charge des déchets. Il faut une bonne communication entre les citoyens et les membres du gouvernement afin de trouver des solutions » conclut Madany Sy, le secrétaire général du Syndicat des travailleurs du nettoiement.