PLUS DE 229 PLAINTES ET SIGNALEMENTS POUR LA DIFFUSION D’IMAGES PERSONNELLES
Selon la directrice de la Coopération de la Cdp, Diéguy Diop Fall, la Cdp a reçu et traité plus de 229 plaintes et signalements entre 2015 et 2019

La donnée à caractère personnel, ou données personnelles, est toute information relative à une personne physique identifiée ou qui peut être identifiée, directement ou indirectement, par référence à un numéro d'identification ou à un ou plusieurs éléments qui lui sont propres. Mais on constate que la diffusion de données personnelles est devenue une tendance via les réseaux sociaux. Ainsi, en une fraction de seconde, on peut voir sa vie basculer à tout moment. C’est dans ce contexte que «L’AS Quotidien» est allé à la rencontre de la directrice de la coopération de la commission de Protection des Données Personnelles (CDP), Diéguy Diop. Selon elle, la CDP a reçu et traité plus de 229 plaintes entre 2015 et 2019.
Les scandales sexuels font légion dans le pays. En attestent les nombreuses plaintes contre de tels agissements. Selon la directrice de la Coopération de la Cdp, Diéguy Diop Fall, la Cdp a reçu et traité plus de 229 plaintes et signalements entre 2015 et 2019. Elle renseigne qu’il y a eu une hausse, de 2018 à nos jours. « Certaines plaintes sont liées purement à des traitements de données à caractère personnel, notamment la vidéosurveillance en milieu professionnel, la biométrie, la prospection directe et la presse en ligne. D'autres, en revanche, sont afférentes à la cybercriminalité comme la tentative d'extorsion de fonds, usurpation d'identité, enregistrement illicite de téléphone, publication de photos ou de vidéos compromettantes, injures et actes de menaces par message vocal». Pour ces cas, poursuit Mme Fall, la Cdp collabore avec la Police à travers la Division Spéciale de la Cyber sécurité (DSC) ou en informe directement le procureur de la République.
Revenant sur les vidéos sextape qui circulent dans le net, elle indique que l’ignorance est la chose la plus difficile au monde. «Les femmes ignorent les conséquences de partager l’image de quelqu’un. Je ne parle même pas des vidéos nues, mais de l’image en tant que telle. Le droit à l’image est un délit. Il y avait ‘’porter-presse’’, mais maintenant c’est ‘’porter aux réseaux’’. Maintenant quand une personne vous doit de l’argent, ou s’il y a un mauvais payeur, on l’amène au niveau des réseaux sociaux. Quand les gens ont des problèmes, ils prennent la résolution de transférer leurs images ou leurs enregistrements sur la toile publique», affirme-t-elle.
«LES GENS DOIVENT ARRETER DE FAIRE LEUR PROPRE JUSTICE EN FAISANT DU PORTER-PRESSE OU PRESSE-RESEAUX SOCIAUX»
Au lieu de faire confiance à la justice, les gens font porter-presse ou porter-réseaux sociaux en faisant leur propre justice. Ce qui est déplorable. «Pourtant, le droit est là pour veiller à la dignité de la personne. Chaque personne a quelque chose de très noire chez elle et qu’elle essaie de cacher, donc il faut savoir raison garder. Il faut toujours regarder par rapport à soi-même», conseille Diéguy Diop Fall.
A la question de savoir comment ils mènent leurs enquêtes, la directrice de la Protection des données personnelles répond qu’ils sont tenus par le secret de l’enquête, à l’image de la police et de la gendarmerie. «D’ailleurs, nous n’avons pas le droit de nous autosaisir. Mais nous sommes en train de revoir la loi. Vous voyez une situation anormale, vous nous en faites part ou si vous êtes victimes, vous venez nous voir. On essaye d’instruire le dossier et de voir les tenants et les aboutissants. On mène des enquêtes en faisant des captures d’écran. On travaille aussi avec les cafards comme Google, Facebook et autres. On a le droit à la suppression et à l’oubli. On peut demander à ce que ces images puissent être enlevées. Mais ce qui importe le plus, c’est la sensibilisation. On ne doit pas mettre sur internet ce qu’on ne veut pas que les gens sachent. Internet, c’est une rue crue qui est légiférée. Mais surtout il faut préserver sa dignité, son image, les enfants et faire attention à l’utilisation de l’internet», recommande Diéguy Diop.
Pour la suppression des images sur la toile, elle soutient que c’est possible, mais c’est très difficile. «Car il y a les partages sur WhatsApp qui participent à diffuser de manière large ces images. Les femmes doivent partager les bonnes choses comme l’éducation, l’évolution psychique des enfants afin de diminuer les ragots et les rumeurs pour gâcher la vie des gens», dit-elle. « Il y a le dip internet, l’internet noir ou profond. Être hacker, c’est juste quelqu’un qui est doué. C’est un délit prohibé par la loi», informe cette responsable de la Cdp qui indique que la jeunesse et les femmes sont les principales victimes. C’est pourquoi la Cdp effectue des descentes dans les lycées pour sensibiliser les jeunes. « On doit partager des vidéos sur ce thème pour que les gens sachent que c’est prohibé et qu’il y a une nouvelle loi qui veille sur leurs données. Les gens doivent savoir aussi qu’étaler un problème d’argent sur les réseaux sociaux et afficher l’image de son bourreau est un délit», explique Diéguy Diop Fall.