PROBLÉMATIQUE DE L’EMPLOI, IMPLIQUER LE HCDS DANS LA RECHERCHE DE SOLUTIONS
La XXIe assemblée plénière du Haut Conseil du dialogue social (HCDS) avait été proactive et visionnaire en abordant toute la problématique de l’emploi dans notre pays

La question de l’emploi ne peut être réglée si, en amont, celle de l’employabilité n’est pas résolue. Or, 46 % des demandeurs d’emplois dans notre pays n’ont aucune formation. Dès lors, il devient difficile de les sortir du chômage. La phrase lâchée par Aliou Sall, lors de l’assemblée générale de l’Association des maires du Sénégal dont il est le président, est très édifiante à cet égard : « Je ne crois pas en la réussite d’un projet financé pour des jeunes qui n’ont jamais travaillé, ni entrepris. » Le financement doit être précédé par la formation. Ce qui revient à dire que l’Etat, avec ses structures de financement éparses, met la charrue avant les bœufs. Aujourd’hui, le résultat au bout de 9 ans de pouvoir est très mitigé même si des chiffres sont balancés pour certifier que la promesse des 500 000 emplois promis par Macky au début de son magistère a été tenue. Les émeutes violentes du mois de mars ont dessillé les yeux du Président sur l’échec de sa politique d’emplois tant chantée par son entourage.
Articuler curricula-formation-emploi
L’inadéquation entre le système d’éducation et les besoins du marché du travail est le talon d’Achille des politiques économiques des différents régimes qui se sont succédé. C’est pourquoi, aujourd’hui, conformément au binôme formation-emploi, il urge de repenser ce système éducatif qui forme plus d’élèves et d’étudiants littéraires que d’apprenants fréquentant les sciences et les filières professionnalisantes. La création des ISEP (Instituts supérieurs d’enseignement professionnel) pour la mise en adéquation du binôme formation-emploi est importante mais il ne faut pas que ces structures soient le réceptacle du rebut des étudiants non orientés ou du déchet des bacheliers sans mentions et sans place dans les universités. De telles structures qui assurent une formation professionnalisante doivent recevoir aussi bien les élèves d’un niveau moyen que le gratin de nos lycées surtout scientifiques ou techniques. Aujourd’hui, le lycée scientifique d’excellence de Diourbel et les lycées techniques tels que Delafosse et Limamoulaye doivent être les principaux pourvoyeurs d’étudiants des Isep au lieu de laisser tous leurs bacheliers aller à l’étranger où peu d’entre eux, au terme de leurs études, reviendront au bercail. D’où la nécessité d’articuler les besoins en emploi, les curricula de l’enseignement secondaire et la formation reçue au niveau des Isep. Avec une bonne planification, au bout d’un certain temps, les Isep pourraient réduire le nombre de ces demandeurs d’emploi sans qualification et sans adéquation avec les besoins d’emploi du marché.
SOLUTIONS A L’EMPLOI LE HCDS PROACTIF
D’ailleurs, la XXIe assemblée plénière du Haut Conseil du dialogue social (HCDS) avait été proactive et visionnaire en abordant toute la problématique de l’emploi dans notre pays. Cette assemblée plénière, ayant regroupé plusieurs structures de financement et des partenaires du secteur privé, avait porté sur le thème « promouvoir l’employabilité et l’entrepreneuriat des jeunes au Sénégal».
Tenue sous la présidence de Mme Innocence Ntap Ndiaye en décembre 2020, elle s’est déroulée dans un contexte où la promotion de l’emploi des jeunes est un défi planétaire qui préoccupe au plus haut niveau tous les acteurs politiques, économiques et sociaux. Ce eu égard à l’importance de l’impact qu’elle peut avoir sur les populations et le développement de notre pays.
Pour résoudre le problème de l’emploi, le président de la République a demandé à tous les citoyens de lui faire parvenir inclusivement, selon un système bien organisé, toutes propositions allant dans le sens de contribuer à trouver des solutions à la fameuse problématique de l’emploi. Une telle attitude du Président est déjà édictée dans les recommandations N°5&6 du rapport 2020 de l’assemblée générale de la structure dirigée par Innocence Ntab Ndiaye. Il s’agit d’abord d’« impliquer les partenaires sociaux dans la gouvernance des dispositifs de promotion de l’employabilité et de l’entrepreneuriat des jeunes y compris dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention Etat-Employeurs privés ».
Une telle recommandation rejoint l’esprit du Pôle Emploi qui associe le public et le privé. Ensuite, il faut « recueillir les appréciations des jeunes en les associant à la réflexion autour de modalités d’élaboration et de mise en œuvre des initiatives de promotion de l’employabilité et de l’entrepreneuriat des jeunes dans une approche reposant sur l’identification préalable des potentialités territoriales et des opportunités au niveau des différents secteurs et chaînes de valeurs ».
Enfin la recommandation 8 met le focus sur « l’adaptation des offres de formation professionnelle aux besoins du marché du travail ». Ce qui est aussi en nette adéquation avec l’orientation des Isep. Au bout du conclave qui a duré trois jours, l’assemblée générale du HCDS, qui avait inclus dans ses travaux 40 jeunes leaders syndicaux, avait décidé de faire de leurs travaux un plaidoyer pour un bon suivi de la mise en œuvre des principales recommandations qui recoupent les préoccupations majeures de la jeunesse sénégalaise. Et c’est du 1er au 2 avril dernier qu’un atelier était prévu à Dakar afin de partager les conclusions et recommandations adoptées à l’issue de cette assemblée plénière. L’objectif général de cet atelier prévu était d’« élaborer une stratégie de plaidoyer en direction des pouvoirs publics, du secteur privé et des partenaires techniques et financiers pour un accompagnement nécessaire dans la résolution de cette crise de l’emploi des jeunes dans un contexte de pandémie du virus de la COVID-19 ».
Malheureusement, ce sont les émeutes de mars qui ont compromis l’organisation de cet atelier qui, en réalité, ne diffère pas dans le fond du Conseil sur l’emploi que le président Macky Sall a convoqué ce jeudi 22 avril 2021. Il est à déplorer qu’il y ait des institutions telles le HCDS qui travaillent incessamment à trouver des solutions à la problématique de l’emploi sans rencontrer une oreille attentive de la part de la part du chef de l’Etat…