UNE DEPENDANCE AUX MULTIPLES ORIGINES
Pour être à la page, beaucoup de filles n’hésitent pas à s’adonner à la drogue au point d’en devenir accros, , «L’As» est allé à la rencontre de certaines filles qui en consomment

Même si la vente et la consommation de drogue sont illégales, certains jeunes en font quotidiennement usage par mimétisme et pour s’évader. Pratique exclusivement réservée autrefois aux hommes, l’usage de la drogue dure se féminise de plus en plus de nos jours. Pour être à la page, beaucoup de filles n’hésitent pas à s’adonner à la drogue au point d’en devenir accros. Pour percer le mystère de ce phénomène qui a tendance à se banaliser, «L’As» est allé à la rencontre de certaines filles qui consomment de la drogue. Elles invoquent diverses raisons pour expliquer leur addiction comme la mauvaise fréquentation, le manque d’amour et une marque de liberté.
Le fait de boire en soirée, de fumer un pétard et de snifer de la poudre blanche est devenu une chose banale chez les adolescents. Pour eux, cette pratique constitue une manière comme une autre de s’amuser. Dans de nombreux milieux huppés de la capitale, la consommation de drogue constitue un sésame pour les jeunes désireux d’accéder au cercle restreint de l’élite branchée et fun. Les risques d’excès et de dérives sont souvent réels. La situation dérape lorsqu’il y a excès. Et c’est à ce moment seulement que les parents découvrent, désarçonnés, le pot aux roses qui a conduit au drame. Considérée jadis comme l’apanage des hommes, la consommation de drogue dure et autre chanvre indien touche actuellement la gent féminine aussi. Rencontrées dans quelques coins dakarois, des filles ont accepté de raconter leur dépendance au chanvre indien voire à la drogue pure.
ADAMA BA : «JE SUIS DEVENUE UNE DROGUEE PARCE QUE JE N’AI PAS L’AFFECTION DE MES PARENTS»
Adama Ba, nom d’emprunt, passe le plus clair de sa vie à snifer de la poudre blanche. La cocaïne, l’héroïne et autre haschich n’ont plus de secret pour cette jeune fille née avec une cuillère d’argent dans la bouche. Bien qu’issue de bonne famille, elle justifie sa dépendance par un manque d’affection parentale. «On ne peut pas se plaindre d’être riche, mais je puis dire que c’est à cause de ce statut de gosse de riches que j’ai plongé dans la drogue. Quand on a des parents qui sont tout le temps absents, c’est très facile de dévier du droit chemin. Plusieurs facteurs peuvent pousser une personne à se réfugier derrière la drogue. On peut citer le trouble affectif qui est mon cas. En effet, ce sont mes amis et la drogue qui me procurent l’amour et de l’affection. La drogue me permet d’avoir une stabilité psychologique et me procure de l’assurance», explique notre jeune interlocutrice. Selon Adama Ba, les gens pauvres sont certes vulnérables, mais moins exposés à la drogue. «Quand on est pauvre, on ne peut pas se procurer de la drogue dure, c’est impossible. Ceux qui s’y essaient vont droit au mur, car il est extrêmement difficile d’avoir la poudre», affirme-t-elle avec un sourire. La mauvaise fréquentation, le pouvoir… La mauvaise fréquentation est aussi indexée comme favorisant la consommation de la drogue par les filles. «Un enfant qui a envie de commettre des bêtises, même si on l’enferme dans une chambre en compagnie de Hitler, il le fera», déclare d’emblée Anna Diaw, nom d’emprunt. Elle a commencé à prendre du haschich à l’âge de 16 ans. «J’ai toujours eu ce que je voulais dans ma vie, raison pour laquelle je suis devenue une grande rebelle qui multipliait les découvertes. Quand j’allais en boîte de nuit et que je voyais mes amies qui fumaient se défouler grave, je les ai enviées aussitôt. Il me fallait assouvir ma curiosité. Étant donné que j’ai coupé à ras mes cheveux et que je me suis tatouée le corps, j’ai cédé à la tentation. D’autant que je sortais tous les soirs sans demander la permission», révèle-t-elle tout en pointant un doigt accusateur sur ses parents. «Ils sont irresponsables, car ils m’ont laissée faire. Ma maman m’encourageait à la limite quand je me défonçais. Elle disait que je m’imposais et que c’est une bonne chose», indique-t-elle avec une pointe de dégoût. A la question de savoir si elle s’est sevrée, elle a répondu par la négative. «Mon mari qui est un vendeur croupit en ce moment dans une prison à l’étranger. Du coup, je prends jusqu’à présent de l’alcool et de la drogue. Je suis déjà mauvaise et je ne pourrai jamais changer», tranche-elle les yeux bouffis.
MAÏMOUNA DIAMANKA : «J’AI ARRETE LA DROGUE A CAUSE DE MON COPAIN POLICIER»
Fille d’un célèbre et richissime homme d’affaires, est une fidèle adepte de l’herbe qui tue. Elle se souvient exactement du premier joint qu’elle a grillé. «J’ai commencé à fumer du chanvre indien à cause de mon copain et des mauvaises fréquentations.» Particulièrement précoce, elle sortait avec un jeune homme qui s’activait dans le trafic de yamba. «Un jour, alors que nous étions ensemble dans sa chambre, il m’a proposé un joint. Depuis lors, je suis devenue un accro», souligne-t-elle. La jeune fille révèle que son père l’a surprise un jour sur la terrasse de leur maison en train fumer. «J’ai eu la honte de ma vie, quand mon père m’a demandé ce qui m’a poussée à prendre le mauvais chemin. Étant donné que je ne manque de rien». Incapable de mettre fin à son addiction au yamba, elle a été arrêtée par la police en compagnie son copain dans la chambre de celui-ci. «Le policier qui a effectué l’opération m’a pardonné. Par la suite, je suis devenue sa petite amie et j’ai pris un autre chemin. J’ai arrêté de fumer de même que la vie de débauche que je menais. Au moment des faits, j’avais juste 18 ans. Je prenais des médicaments pour pouvoir dormir afin d’oublier la drogue», explique notre interlocutrice. Aux filles qui voudraient céder à la tentation, elle dit que c’est un cercle vicieux et destructeur. «Chaque adolescente doit savoir qu’elle est appelée à être mère et qu’il n’est jamais trop tard de revenir en arrière et surtout de penser à nos parents qui se sacrifient pour nous mettre dans de bonnes conditions afin que nous puissions devenir meilleures», lance la jeune dame qui est parvenue à voir le bout du tunnel.