UNE VILLE CARREFOUR Á L'ABANDON
La question de l’insalubrité, l’absence d’assainissement, le chômage des jeunes et une insécurité galopante - Kaolack face au déficit de politiques publiques.

Située au centre du pays, Kaolack est présentée à tort ou à raison comme l’un des poumons économiques du Sénégal. Mais, cette ville-carrefour souffre d’un déficit de politiques publics en vue de lui faire retrouver son glorieux passé de capitale du bassin arachidier.
La commune de Kaolack attend toujours sa cure de jouvence. La cité de Mbossé est étranglée par des goulots d’étranglement qui entravent son essor socio-économique et culturel. Et pourtant, la localité ne manque pas de potentialités comme, du reste, l’ont évoqué dans leurs discours les différents candidats à la présidentielle du 24 février dernier, durant la campagne électorale.
Le diagnostic des maux qui plombent le développement de la ville est une chose, mais le remède pour apporter des solutions en est un autre. De ce fait, Kaolack est victime de l’abandon de ses élites politiques et économiques (qui préfèrent construire des châteaux à Dakar ou ailleurs), mais également de la démission des autorités étatiques.
Le manteau d'ordures de Kaolack
La saleté est une des caractéristiques de Kaolack. Cette ville a du mal à se débarrasser de cette image crasseuse. Les quatre entrées et sorties de Kaolack sont des dépotoirs d’ordures à ciel ouvert. En effet, celui qui débarque pour la première fois dans la cité de Mbossé a l’impression d’être en permanence recouvert d’un manteau d’ordures. Les actions de la municipalité pour venir à bout des ordures s’avèrent particulièrement difficiles.
Dans plusieurs quartiers, les ordures règnent en maitre avec toutes les graves conséquences sanitaires qui peuvent en découler. Une situation décriée par Ousmane Noël Dieng qui en appelle à la réaction de l’Etat. «La ville de Kaolack est réputée être le coin le plus sale. L’image de notre chère ville est ternie à cause des ordures.
Dans les réseaux sociaux, l’image de Kaolack est écornée. Monsieur le Président, vous êtes redevable à la ville de Kaolack, au regard de la victoire éclatante qu’elle vous a assurée. On attend que vous pensiez à Kaolack qui mérite mieux que cela», affirme Ousmane Noël Dieng. En plus des problèmes d’insalubrité, la ville de Kaolack fait également face à la question d’assainissement. Ce problème est resté entier durant le septennat du Président Macky Sall.
Zéro assainissement
Chaque hivernage, de nombreux quartiers deviennent inaccessibles à cause des inondations. Il suffit d’une averse pour que l’eau prenne possession des quartiers périphériques comme Kahône, Gawane, Dialègne, Koundame, Sarah et les Parcelles. L’absence de canalisation dans ces quartiers se ressent fortement, à cause de la cohabitation entre la saleté, les eaux stagnantes et celles provenant des égouts. Ce qui expose les populations à de multiples problèmes de santé. Du fait de la prolifération des moustiques. D’ailleurs, l’ancien Premier ministre, Aminata Touré n’avait pas hésité à poser sur la table la question des inondations.
Chômage Endémique des jeunes
Malgré les potentialités qu’elle présente, la commune de Kaolack fait face à une absence criante d’usines. A cause de la fermeture des usines de la Zone industrielle de Kahone, les jeunes sont frappés par un chômage endémique. Le seul horizon vers lequel ils se tournent est la conduite de moto Djakarta pour le transport des passagers. Ce secteur accueille une jeunesse désœuvrée qui cherche des moyens de survie pour faire face à quotidien de plus en plus difficile et incertain.
Lors de son meeting au stade Lamine Guèye de Kaolack, le Président Macky Sall avait promis de remplacer les motos Jakarta par des tricycles en guise de solution. En attendant, la matérialisation de cette promesse électorale, les jeunes de Kaolack, juchés sur leur moto, Jakarta se bousculent dans les rues et constituent désormais le décor des quartiers et ruelles de la commune.
Insécurité gallopante
L’insécurité est un autre casse tête sur lequel la réponse de Macky Sall est attendue par les populations kaolackoises. Les bandits dictent leurs lois dans la capitale du Saloum. En dépit de leurs efforts, les services de sécurité sont presque dépassés par le phénomène de l’insécurité qui a gagné les zones rurales avec le vol de bétail. Les cambriolages font légion dans la zone.
Les forces de sécurité ont du mal à endiguer le fléau. Elles en sont souvent réduites à ne constater que les dégâts. Le prochain gouvernement devra également trouver la bonne formule pour redorer le blason du bassin arachidier. L’arachide, une des principales filières de la zone, ne nourrit plus son homme. Cette année, la campagne de commercialisation s’est déroulée au détriment de certains paysans.
Les grands producteurs ont le plus tiré leur épingle du jeu. Cette présente campagne de commercialisation est, en effet, marquée par la rareté des points de collecte dans la région de Kaolack. Enfin, le Président Macky Sall a promis monts et merveilles aux Kaolackois durant la campagne électorale. La réalisation du port sec de Mbadakhoune qui est restée au stade de promesse durant le septennat écoulé est attendue pour ce quinquennat à venir. Il en est de même du dragage du port de Kaolack pour lui redonner sa vocation portuaire.
La construction d’un marché moderne, la réhabilitation du chemin de fer et l’électrification rurale font partie des attentes des populations. Car, jusque-là, beaucoup de villages sont dans le noir. La construction d’une route de contournement pour les camions provenant de la sous-région et l’achèvement des travaux d’assainissement de Médina Baye font également partie des revendications des populations de Kaolack. D’autant plus que le bassin arachidier est devenu un pôle agricole et aspire, par conséquent, à devenir un pôle de développement dans le cadre de la territorialisation des politiques publiques.