AUGUSTIN SENGHOR PREND DES GALONS A LA CAF MAIS RESTE CONTESTE AU SENEGAL
Un peu plus de deux mois après la nomination de Patrice Motsepe à la tête de la Confédération Africaine de Football (CAF), l’instance dirigeante du football africain continue de faire sa mue.

Le président de la Fédération sénégalaise de football, Me Augustin Senghor, a été nommé vice-président de la Commission d’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations de football (CAN), a annoncé ce mardi la CAF. Une nomination qui lui fait davantage prendre des galons mais qui intervient dans une période tendue où il est sous le feu des critiques au Sénégal.
Un peu plus de deux mois après la nomination de Patrice Motsepe à la tête de la Confédération Africaine de Football (CAF), l’instance dirigeante du football africain continue de faire sa mue. En réunion à Kigali (Rwanda), le Comité Exécutif, présidé par Patrice Motsepe, a pris des décisions importantes sur les compétitions, les présidents et vice-présidents des commissions permanentes de la CAF. Le président de la Fédération sénégalaise de football (Fsf) fait partie des heureux bénéficiaires de la dynamique de transformation de la CAF. « La compétition phare de la CAF hérite d’une nouvelle direction. Le Dr Patrice Motsepe dirigera la commission, assistée de deux Vice-présidents: M. Augustin Emmanuel Senghor, Président de la Fédération sénégalaise de football, et M. Amaju Melvin Pinnick, Président de la Fédération nigériane de football » peut-on lire sur le site web de la CAF. En plus de son poste de vice-président de la CAF et de la commission d’organisation de la CAN, Augustin Senghor garde également son poste de président de la Commission des affaires juridiques et des associations nationales. Il sera secondé dans cette tâche par Elvis Chetty des Seychelles.
La contestation monte au Sénégal
S’il ne cesse de prendre des galons au sein de l’instance dirigeante du football africain, sa candidature à un quatrième mandat à la tête de la Fédération sénégalaise de football ne fait pas l’unanimité dans le landerneau du football sénégalais. Contesté par son propre vice-président, Saer Seck, mais aussi par des dirigeants influents du football sénégalais sans oublier le mouvement NgaréPot très présente sur les réseaux sociaux. Ce mouvement composé de jeunes sénégalais actif sur la toile est d’ailleurs à l’origine des révélations du rapport d’activités de l’année 2019 de la Fsf où l’on dénote de nombreuses incohérences (près de 24 millions FCFA pour apprendre l’anglais aux agents marketing). Ces derniers ne sont pas arrêtés en si bon chemin puisqu’ils ont envoyé des plaintes à la FIFA pour s’en plaindre. Suffisant pour faire sortir Me Augustin Senghor de ses gonds en publiant une lettre intitulée « l’action dans le silence, notre crédo » publiée sur goréenews.com mais aussi sur le site web de la Fédération.
Me Senghor dénonce une campagne de diabolisation
Une lettre offensive de 22 paragraphes où il dit « répondre par le silence » à ceux qu’il qualifie de « détracteurs » dans un style que le maire de Gorée n’a que très rarement utilisé. L’édile de l’île de Gorée estime avoir réagi pour dénoncer une campagne de « diabolisation » et de « calomnies » sur sa personne. Il estime également qu’il est « victime » et qu’il aurait choisi d’adopter la posture silencieuse comme on peut lire dans sa correspondance. « Face aux attaques, calomnies et diffamations bruyantes, face aux procès d’intention et dénigrements, nous répondons par le silence, le silence de l’écoute, de l’observation et de la bonne conscience, sans aucune once de mépris à l’égard de leurs auteurs bien visibles et identifiables malgré leurs efforts surhumains de camouflage derrière le vocable suspect de « société civile » de France au Sénégal ou du Sénégal en France ou d’organes de presse savamment instrumentalisés et peu soucieux des principes de déontologie élémentaire de leur profession.
Dans la sérénité habituelle de notre conscience et la hauteur imperturbable de ceux qui préfèrent se faire violence plutôt que de faire violence, nous appréhendons ces agissements sans aucune peur pour nos personnes mais plutôt des craintes pour l’avenir de notre football qui a fini de conquérir, à force de persévérance et d’unité, la stabilité et la crédibilité que tout le monde lui reconnaît aujourd’hui » peut-on lire en introduction d’une lettre qui aura secoué les mémoires et qui montre une autre facette d’Augustin Senghor. Une lettre à laquelle le collectif NgaréPot n’a pas manqué de répondre avec tact. «Qu’il est bavard votre «silence» ! Bien plus bavard que chacun de nos posts pour exiger des comptes et de la transparence. Quand on prend la peine d’en écrire autant, on est plus dans le silence mais dans l’aveu d’impuissance et d’ailleurs le silence face aux questions du peuple sur votre gestion des fonds du programme Forward de la FIFA, face à l’absence de stades aux normes, d’une boutique officielle pour les fans, etc...
Ce silence-là, est tout sauf d’or ! Il n’est que mépris, arrogance et mauvaise foi. C’est aussi une preuve d’incapacité notoire à apporter des réponses claires, pour quelqu’un qui est délégataire de service public, qui gère un bien aussi précieux que notre football, le silence n’est pas d’or ! C’est une gestion transparente, une reddition des comptes et un rapport financier annuel détaillé et accessible au grand public qui sont les règles d’or d’une présidence performante et totalement transparente » a répondu en partie Cyril Sambou, membre du collectif. Mais malgré tout, Augustin Senghor ne risque pas de reculer devant une 4ème candidature à la tête de la Fsf. Mais à quel prix ? Bénéficiant toujours de la confiance d’Abdoulaye Sow, faiseur de roi en sa qualité de la Ligue amateur de football, qui appelle d’ailleurs à un consensus pour la prochaine assemblée générale élective de la FSF prévue en aout, le président de la Fsf peut rêver d’un nouveau magistère. Les prochaines semaines s’annoncent tendues et ses opposants ne manqueront pas d’appuyer là où ça fait mal.