«J’AI ETE ACCULE ET JE PREFERE PARTIR LA TETE HAUTE»
Dans cet entretien qu’il nous a accordé, Saliou Samb est revenu sur les véritables raisons de son départ.

Saliou Samb n’est plus président du Stade de Mbour. Après presque 9 ans au poste, il a rendu le tablier, suite aux vagues de critiques liées à sa gestion des affaires. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, Saliou Samb est revenu sur les véritables raisons de son départ.
Vous venez de démissionner après 9 ans à la tête du Stade de Mbour. Qu’est-ce qui a motivé une telle décision?
Effectivement je viens de présenter ma démission à la tête du stade de Mbour et aussi à la tête de la Direction du Stade Sa qui gérait le club professionnel. J’ai convoqué la direction du club et je l’ai élargi au comité des supporters. Je leur ai dit que ma décision relève d’une considération personnelle. C’est une décision ferme et irrévocable. Donc à partir d’aujourd’hui, je me décharge de toutes responsabilités au niveau du Stade de Mbour. Mais comme je l’ai toujours dit, le Stade de Mbour reste mon club de cœur dont je suis un fervent supporter. En tant que Mbourois, je continuerai le rôle que je dois jouer au sein de l’équipe, mais pas en tant que président du club professionnel. Ce n’est plus possible.
Il y a forcément des investissements que vous avez faits. Est ce que vous les réclamez?
Il n’y a pas longtemps que j’ai fait une vidéo dans laquelle je disais que je tenais les 80%du club professionnel de Mbour. Mais j’ai bien réfléchi et je sais que personne ne peut détenir la vitalité de ce club qui reste très populaire. Ce club est un patrimoine. Mais à un moment donné, la vision que j’avais voulu donner à ce club sur la gestion en imposant le professionnalisme n’a pas été possible. Lorsque j’ai constaté qu’il y a beaucoup de gens qui se sont opposés, j’ai donc lâché prise. Maintenant, tout ce que j’ai investi comme argent, que ce soit le bus, les 900 millions, je les offre gratuitement au Stade de Mbour. Je tourne la page pour mieux m’occuper de ma famille, de mon travail et essayer d’aller en avant. J’ai fait 9 ans à la tête du Stade de Mbour. Et j’ai toujours résisté à beaucoup de choses pour subvenir aux besoins de l’équipe en serrant ma ceinture. Mais en un moment donné, les amis ont eu raison sur moi. Aujourd’hui, j’ai fait un constat amer. C’est très difficile de gérer une équipe populaire car dans le monde professionnel, c’est devenu incompatible, voire impossible. Il y a des forces obscures, des gens malintentionnés tapis dans l’ombre qui ne veulent pas que l’équipe se professionnalise. Ce sont des gens qui vivent au détriment de l’équipe. Quand vous touchez leurs intérêts, ils se rebiffent. Ce sont des gens qui ont tellement de temps pour faire de la calomnie et manipuler l’opinion. Quand nous vendons un joueur, ils disent que ce sont ces retombées qui me permettent de vivre. Pendant longtemps, j’ai sacrifié la vie de ma famille. J’ai privé ma famille de luxe pour investir dans le club. Mais s’il n’y a pas de reconnaissance, je préfère me retirer et passer à autre chose. Je peux relever d’autres défis dans d’autres domaines. Je n’ai plus la tête ni le cœur à gérer cette équipe. Je ne peux pas faire partie d’une équipe où les gens sont des loups qui montent des cabales.
Quels sont ces gens qui vous ont poussé à la démission?
C’est ma famille. Mes filles commencent à grandir. Et quand elles regardent les réseaux sociaux dans lesquels leur père est insulté et traîné dans la boue, vraiment elles sont abattues. Il y a aussi des gens qui sont à l’extérieur qui ne font rien pour l’équipe, mais passent leur temps à insulter. Quand ma grande fille m’interpelle sur ces déclarations incendiaires, je n’ai pas de réponse à lui donner. Je me rappelle l’ancien président du stade de Mbour, mon oncle Karim Sarr qui disait aux gens « qu’un lavage mortuaire doit être un don de soi, mais si la personne s’agrippe à ça, c’est parce qu’il y a un intérêt derrière ». Comme j’ai toujours fait du bénévolat et qu’il y a beaucoup de gens qui ne comprennent pas cela, il serait mieux de passer à autre chose. Je peux continuer à aider ma ville dans beaucoup de domaines. Et je continuerai mon combat pour ma ville. Aujourd’hui, le Stade de Mbour est devenu un grand club en Ligue 1, respecté partout.
Le club a enregistré deux défaites en deux journées. Pensez-vous que c’est le bon moment pour démissionner ?
Il n’y a jamais un moment idéal pour quitter. C’est que la personne arrive parfois à bout car il y a une succession d’actes commis qui font que la personne ne peut plus faire marche arrière. Donc, j’en suis arrivé à ce stade. Nous avions fait une période hivernale de qualité avec plus d’un mois de regroupement. Ce qui est rare pour les clubs sénégalais. Vous vous décarcassez, mais il y a toujours des gens qui sont prêts à saboter. Je rappelle que jamais je n’ai voulu gérer le Stade de Mbour. Ce sont les jeunes qui sont venus massivement à plusieurs reprises me trouver à Dakar pour me proposer la gestion du club. Et pourtant j’avais toujours refusé. Nous somme en Ligue 1 depuis 7 ans et nous avons remporté la coupe du Sénégal. Il est temps de passer à autre chose car je ne suis pas indispensable. Maintenant, c’est une occasion pour les gens qui s’agitent de prendre les rênes du club et de faire plus.