L’AFRIQUE DANS L’EXPECTATIVE D’UNE NOUVELLE RECULADE
Deux années après le décalage de janvier au mois de juin, la Coupe d’Afrique des nations est sur le point de retourner à son point initial.

Deux années après le décalage de janvier au mois de juin, la Coupe d’Afrique des nations est sur le point de retourner à son point initial. Après le lancement de Coupe du monde des clubs programmé par la Fifa en juin 2021, l’Afrique du football est encore dans l’expectative d’un nouveau changement et reste suspendu à la décision de la Confédération africaine de football (Caf) qui a déjà déclaré que la date de la CAN 2021 sera dévoilée incessamment et qu’elle ne sera pas en juin-juillet comme convenu.
S’agit-t-il d’une nouvelle reculade ? Quoiqu’il en soit un nouveau changement ne semble pas agréer nombre d’observateurs du football africain. A l’instar de Khalife Diagne, spécialiste en psychologie des Sports à l’université de Dakar qui a fustigé l’attitude de la Caf et son «manque de personnalité» face à ces multiples changements qui vont en défaveur du football africain.
L’édition de la Can 2021 au Cameroun sera-t-il finalement organisée en janvier–février ? Le projet continue de faire son chemin au niveau de la Confédération africaine de football (CAF) qui a, lors de sa réunion tenue la semaine dernière, déclaré que la nouvelle date de la CAN 2021 sera annoncée et qu’elle ne sera pas en juin-juillet. Ce retournement de situation est intervenu avec la Coupe du monde des clubs, nouvelle trouvaille de la Fifa qui va se jouer du 17 juin au 4 juillet. Une nouvelle compétition devrait forcément introduire un nouveau réaménagement du calendrier de la Coupe d’Afrique des nations.
En 2017, le comité exécutif de la Confédération africaine de football avait, retoucher la Can. En plus de porter 24 pays le nombre d’équipes, elle avait apporté une innovation majeure en décalant en fin de saison, la compétition africaine à l’instar de la Coupe du monde et de l’Euro dans le but de satisfaire à la fois les clubs (employeurs) et les footballeurs africains. Ce, en dépit des aléas climatiques liés à la pluviométrie de rigueur dans de nombreux pays. Qu’est ce qui motiverait donc ce retournement, deux ans seulement après l’adoption de cette période du mois de juin ?
Quoiqu’il en soit, le seul argument de coïncidence entre la Coupe du monde des clubs et la Can n’agrée pas. Selon Khalifa Diagne, spécialiste en psychologie du sport et conseiller au Coud, la remise en cause de la période traduit tout simplement un manque de personnalité de l’instance dirigée par Ahmad Ahmad.
«Je ne comprend pas la décision de la Fédération internationale de football (Fifa) de coïncider l’organisation de la Coupe du monde des clubs à celle de la Coupe d’Afrique des nations. Pour moi, c’est la Caf qui a manqué de personnalité. Car, la Fifa n’ose pas faire un tel acte contre l’Uefa. C’est comme si la Caf n’existe pas alors qu’elle a beaucoup de représentants au niveau mondial. L’Afrique fait 54 états qui ont des voix. Nous avons vu lors de l’élection du président de la Fifa que la Caf a pesé», indique-t-il. Avant de poursuivre, «il faudra beaucoup de pression de la presse africaine et des joueurs. Sadio Mané s’est déjà prononcé sur cela. En synergie, il faut que tous les Africains se mobilisent pour avoir une prédominance sur le calendrier de la Coupe du monde des clubs».
«CE CALENDRIER DE LA COUPE DU MONDE DES CLUB A POUR BUT DE TORPILLER LA CAN»
Le spécialiste de la psychologie des sports n’est pas non plus convaincu d’un intérêt pour le footballeur africain.
«Le joueur africain a une relation très étroite avec son pays. Vous n’imaginez pas une Can qui coïncide avec une Coupe du monde et que vous voyez des joueurs sénégalais comme Koulibaly ou Sadio Mané, décidés de rester avec leurs clubs. Si c’est le cas, cela voudrait dire qu’ils ont fini de se détacher avec leurs clubs et leur nation. C’est pourquoi, je n’ai pas été surpris quand Sadio Mané a, de façon claire, exprimé sa préférence. Et cela risque de diminuer les clubs européens. On ne peut pas imaginer Liverpool aller en Coupe du monde des clubs sans Sadio Mané et Mohamed Salah. Toutes les fédérations d’Afrique devraient sortir des communiqués pour protester et pour démarquer. Ce calendrier de la Coupe du monde des clubs a pour but de torpiller la Can. Au niveau de la Caf et de l’Uefa tout le monde doit discuter pour trouver un terrain d’entente», soutient-il.
«IL FAUT DES COMPETITIONS REGULIERES ET TOUS LES DEUX ANS»
Khalifa Diagne, comme bon nombre d’observateurs n’appréhende pas également la formule de jouer la Can tous les quatre ans. Comme, il a été agité, du point de vue de ce spécialiste de la psychologie du sport, revenir en année paire et impaire ou encore jouer une Coupe d’Afrique tous les quatre ans, n’est pas une panacée.
«Je ne suis pas favorable pour la période de jouer la Can en quatre ans. Le système actuel est bien. Parce que quoiqu’on dise l’Afrique a du retard par rapport à l’Amérique du Sud et l’Europe en termes de compétitions internationales. Nous n’avons pas remporté de coupe du monde et nous n’avons même pas encore atteint les demi-finales. Les pays européens et africains peuvent se permettre d’organiser tous les quatre ans. Pour développer, le football africain, il faut des compétitions régulières et tous les deux ans, nous devons organiser une Coupe d’Afrique», plaide Khalifa Diagne