«LAISSER UN LEGS AUX GENERATIONS FUTURES»
Invité de la plateforme de l’association nationale de la presse sportive (ANPS), ce samedi, me augustin Senghor a passé en revue les questions brulantes de l’actualité du football.

Invité de la plateforme de l’association nationale de la presse sportive (ANPS), ce samedi, me augustin Senghor a passé en revue les questions brulantes de l’actualité du football. De l’impact de la pandémie du Covid-19, de ses conséquences à l’éventualité d’une Co organisation de la Can 2025 avec la Guinée, aux infrastructures sportives en passant par son mandat à la tête de l’instance dirigeante du football, le président de la fédération sénégalaise de football a fait le point. Sans détour.
Reprise du championnat : «la décision du Comité d’urgence reste de vigueur»
A la lumière de ce qui s’est passé ces derniers jours, le Comité d’urgence s’est réuni et a proposé de convoquer le mois prochain le Comité exécutif pour étudier les possibilités d’anticiper sur le mois de novembre. Cela voudrait dire que nous pourrions envisager de terminer la saison en jouant les phases retours de Ligue 1 et L2, sans oublier les autres championnats amateurs. Ce sera juste une étude et la décision initiale prise par le Comité d’urgence reste de vigueur. La difficulté c’est qu’il nous paraissait difficile sans qu’on nous le reproche ou que ça ne fasse des griefs aux autres équipes de déclarer Teungueth FC champion. C’est pourquoi nous avions pensé à cette formule qui serait moins injuste.
«L’Etat devra accompagner le sport et le football»
Nous sommes en pleine pandémie de Covid-19 et comme beaucoup de secteurs d’activités dans le pays, le sport en particulier le football, seule fédération en son sein avec une Ligue professionnelle de football et des clubs amateurs investissent plus que d’autres disciplines et en payant des salaires. Nous avons été impactés négativement et nous avons espoir que l’Etat devra accompagner le sport et le football. La Fédération a pris les devants en aidant les clubs et acteurs à supporter les difficultés financières. Nous avons conçu un programme post Covid-19, incluant la fin de cette saison et celle 2020-2021
600 millions pour appuyer l’ensemble des clubs
Je dois comptabiliser toutes les actions qui ont été menées. Nous sommes aux alentours de 550 millions. Si on doit comptabiliser l’appui de la FSF, les membres du Comité exécutif, la LSFP, les ligues, les présidents de Ligue, les joueurs de l’Equipe nationale, on n’était pas loin de 150 ou 180 millions. La FSF vient de débloquer près de 350 millions pour appuyer l’ensemble des clubs et démembrements qui ont été impactés… Nous n’avons pas encore terminé et si nous recevons d’autres fonds nous allons soutenir les clubs. Nous tournons autour de 550 voire 600 millions depuis le début de la pandémie.
Moderniser le stade Demba Diop
Nous avons beaucoup investi dans les infrastructures ces dernières années et nous allons continuer à le faire. Nous n’avons pas mal de projets qui pourraient être achevés ou avancés d’ici l’année prochaine. Dans le cadre de ces projets, je parlerai du stade Demba Diop qui est fermé depuis 2017. Cela pose beaucoup de préjudices au football et particulièrement au football dakarois. Il est important, vu la place de ce stade dans la vie du football sénégalais et des autres sports, qu’il soit réhabilité et rouvert. Le président de la République nous l’a confié et nous avons commencé à travailler avec le ministre des Sports pour la réhabilitation. Ce sera une réhabilitation et une modernisation. C’est un patrimoine sportif qui a une histoire.
Nous voulons en faire un petit modèle sénégalais des stades anglais. Tous les sièges seront assis et nous allons aussi réorganiser pour que la distribution change. On se rend compte que tout le monde est à l’étroit, tribune de presse, espace VIP, le salon d’honneur... Ce stade sera aux normes de sécurité FIFA pour éviter les incidents. Nous avons tous en tête les moments mémorables, où les Lions jouaient dans ce stade. Il a beaucoup d’histoires. Mais, je vais insister sur les délais car, Dakar est sevré de terrain et nous voulons moderniser en une année le stade. Il suffira juste de faire les commodités d’accès, de sortie, de fluidité, d’organisation, du confort, des panneaux d’affichage moderne, des sièges assis de 15 à 18 000 places, si c’est possible nous irons jusqu’à 20 000 places. Autre projet, c’est le siège de la Fédération sénégalaise de football. Je pense que nous sommes à l’étroit dans l’actuel siège qui ne reflète pas le niveau de rayonnement de notre football Il est temps d’avoir ce siège qui sera logé dans les locaux de l’ancienne ligue de football du Cap-Vert, au Point E. Ce sera un immeuble R+6 extension que nous voulons moderne et fonctionnel. Nous allons continuer jusqu’à ce que les 13 ligues de l’intérieur du pays puissent avoir leur siège. Il y a aussi l’hôtel fédéral, centre d’hébergement de haut niveau qui sera à Toubab Dialaw. Nous avons pu nous accorder avec le département d’investissement de la FIFA dans ce sens. Il y a beaucoup de projets et nous voulons les boucler dans un délai court.
Candidature en 2021 : «Je suis focus sur ma mission et mon travail»
J’ai été élu pour un mandat de quatre ans et il me reste à peu près 15 mois. Une période durant laquelle je serai tourné vers mon travail, ma mission et engagements que j’avais souscrit en 2017. Je pense que beaucoup de choses ont été faites, mais il en reste encore. Il y a de grands chantiers et notre objectif ce n’est pas de savoir si on reste ou part. Ce qui nous intéresse c’est de laisser un legs aux générations et aux dirigeants futurs des acquis qui leur permettront de maintenir les progrès en cours. Les générations futures diront que l’actuelle équipe dirigeante a laissé sur place une bonne organisation, des infrastructures des équipes compétitives pour pouvoir rester le plus longtemps possible au sommet du football africain, glaner des trophées pour rattraper le temps perdu depuis les indépendances. Ma candidature ce n’est pas ce qui compte. Je suis focus sur ma mission et mon travail. Il y a eu tellement de crises où j’aurais dû partir. Je me dis que je suis un miraculé.
Présidence de la CAF : «C’est un poste prestigieux, mais chacun a son destin et son mérite»
On estime que j’ai un profil intéressant pour diriger la CAF, ça se dit. J’entends et j’ai eu à me prononcer làdessus. Je reste sur mes principes qui veulent que je sois quelque part pour apporter ma contribution aux côtés d’autres. Par contre, je me couche tous les jours en pensant à une CAF rayonnante et je travaille aux côtés du président Ahmad pour bâtir un football africain fort et sans aucune ambition personnelle. C’est ça notre objectif, nous y travaillons. Le travail est toujours sanctionné positivement ou négativement. Tout le monde ne sera pas président de la CAF. C’est un poste prestigieux, mais chacun a son destin et son mérite. Il ne faut pas oublier qu’être président de la CAF demande un investissement beaucoup plus important que celui de président de Fédération nationale.
Maintient de la CAN en janvier 2021 : «Elle est assez compromise»
En tant que membre du Comité exécutif et vice-président du COCAN, il me sera difficile de vous donner mon avis. Je suis soumis à une certaine réserve. Je dirais simplement que nous sommes confrontés à une pandémie qui porte atteinte à toutes les compétitions internationales non seulement de la FIFA, mais aussi celles des Confédérations, dont la CAF. Cette CAN qui devait voir ses éliminatoires se terminer dans quelques mois. Elle est assez compromise, car il sera difficile de trouver les fenêtres FIFA nécessaires pour terminer quatre journées d’éliminatoires (3ème, 4ème, 5ème et 6ème journées, Ndlr).
Co-organisation CAN 2025 : « C’est la Guinée qui doit dire si elle est prête ou non»
Je dois d’abord dire clairement que la CAN 2025 a été attribuée à la Guinée et non pas aux deux pays. Aujourd’hui, nous n’avons pas les cartes en main et c’est la Guinée qui doit dire si elle est prête ou non à organiser seule ou s’ouvrir à d’autres pays. Je me suis prononcé une fois sur cette question en disant que ce serait une excellente chose de le faire. Notre président et son gouvernement ont mis en branle un certain nombre de projets qui nous permettront d’avoir 4 ou 6 stades internationaux en plus de la réfection de Demba Diop. C’est autant de facteurs qui montrent que le Sénégal se prépare pour organiser dans quelques années. Si c’est une co-organisation sera plus légère, il ne faut pas oublier que cette CAN quand on la donnait à la Guinée c’était avec 16 équipes, maintenant c’est 24. C’est lourd pour n’importe quel pays africain à l’exception de deux ou trois. Il faut que nous Africains qu’on puisse avoir l’humidité de faire les choses ensemble. Des pays gigantesques comme les Etats-Unis, le Canada et le Mexique décident de se mettre ensemble pour la Coupe du monde 2026. L’Afrique devrait le faire pour une CAN à 24 et la CAF pourrait inciter les pays qui ne remplissent pas ces critères d’aller vers cette option. Cette CAN à 24 n’aura de sens que si on arrive à pousser les pays voisins d’aller vers des co-organisations. Je suis certain que ça sera de belles fêtes, des CAN bien organisées ou les vols seront distants d’une à deux heures. Chaque pays pourra se doter d’infrastructures et avoir un héritage post–CAN pour pouvoir développer son football. Je pense que c’est l’avenir de cette CAN si on veut la maintenir à 24 pays.
Football local : «Le financement du football professionnel au Sénégal pose problème»
C’est le paradoxe qu’on vit au Sénégal. Pendant trop longtemps, on se plaignait des résultats de nos équipes nationales. On était inexistant en petite catégorie et on allait de déception en déception pour l’équipe nationale A. Aujourd’hui, l’équipe A domine le classement africain depuis 3 ans, les petites catégories et le foot féminin gagnent, le Beach Soccer rayonne. Mais, nos équipes locales sont éliminées au niveau des compétitions africaines. Le financement du football professionnel au Sénégal pose problème. Nous avons beaucoup de clubs, mais aucun ne constitue la panacée. On a aujourd’hui des clubs qu’on dit «Académie», il y a des avantages et des inconvénients. Les clubs traditionnels ont connu leurs heures de gloires, ainsi que ceux des entreprises. Il faut s’asseoir et voir le meilleur format. Je pense qu’on doit travailler à assurer de grands ensembles pour avoir des clubs forts et structurés. Pourquoi ne pas avoir des fusions entre des clubs traditionnels et des clubs d’entreprises, surtout insister sur l’argent injecte dans le football professionnel. Partout en Afrique, les Etats ont mis la main à la poche pour le développement du football professionnel. L’Etat ne doit pas regarder le football comme une simple activité de loisirs. C’est une activité économique et elle est éligible au même titre que les autres dans le Programme Sénégal Emergent (PSE). Il faudra financer ce football pendant 5 ou 6 ans et on verra qu’il décollera. Je crois aussi qu’il faudrait accompagner nos télévisions nationales pour l’acquisition des droits et en avoir l’exclusivité. Si la RTS ou d’autres télévisions s’associent, le football professionnel demeurerait au Sénégal.