LE FOOTBALL AFRICAIN SE MEURT
Le Camerounais Geremi Njitap, président de la section Afrique de la Fifpro, le syndicat mondial des joueurs, s’alarme des effets de la crise sanitaire sur les joueurs africains

L’ex-international camerounais Geremi Njitap, 42 ans, ancien du Real Madrid, de Chelsea et de Newcastle, se consacre depuis plus d’une décennie à la défense des droits des footballeurs africains.
Vice-président de la Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels (Fifpro), président du syndicat des joueurs camerounais, il appelle les gouvernements africains à s’investir davantage dans le développement et la professionnalisation du ballon rond sur le continent.
Quel effet la crise sanitaire a-t-elle eu sur le quotidien des joueurs africains ?
En Algérie, au Maroc, en Egypte, en Tunisie et en Afrique du Sud, l’économie du football est relativement structurée et l’impact de la crise sur les joueurs a été moins grave qu’ailleurs sur le continent. Mais, dans l’ensemble, les conditions de vie se sont beaucoup détériorées. Avant la crise sanitaire, les retards dans le versement des salaires pouvaient déjà atteindre plusieurs mois. Cela s’est encore aggravé. Les clubs ont de moins en moins de ressources pour payer leurs charges. Il n’y a plus de public dans les stades et les sponsors, déjà rares, sont eux aussi confrontés à des difficultés économiques.
Aujourd’hui, il y a des footballeurs qui ne touchent plus rien ou presque et qui sont obligés de faire un autre métier pour vivre. C’est par exemple le cas au Gabon, où le championnat n’a pas repris.
La crise a-t-elle poussé davantage de footballeurs à l’exil ?
Nous avons des informations qui le confirment. Ils sont de plus en plus nombreux à vouloir quitter leur pays pour tenter de rejoindre l’Afrique du Nord, l’Europe ou l’Asie. Le problème, c’est que ces joueurs partent sans l’invitation d’un club étranger pour effectuer un essai. Ils y sont encouragés par des agents peu scrupuleux et parfois aussi par leur famille qui voient dans cet exil le seul espoir d’avoir une vie meilleure.