RECULER POUR MIEUX SAUTER
L’édition 2019 du Tour cycliste du Sénégal, prévue ce mois-ci, n’aura finalement pas lieu à date échue. La nouvelle, connue depuis le début de la semaine, était prévisible. Et c’est le directeur du Tour lui-même qui nous l’a confirmée.

Depuis quelques années, ça sentait la rupture dans la chaîne des éditions du Tour cycliste du Sénégal. Tellement les difficultés s’amoncelaient sur les épaules des organisateurs. La tradition s’est finalement rompue avec le report de l’édition de cette année. Heureusement que le maillon est toujours là.
L’édition 2019 du Tour cycliste du Sénégal, prévue ce mois-ci, n’aura finalement pas lieu à date échue. La nouvelle, connue depuis le début de la semaine, était prévisible. Et c’est le directeur du Tour lui-même qui nous l’a confirmée. « Le Tour n’est pas annulé, il est reporté. En somme, nous reculons pour mieux sauter. Vous savez que cette année, le mois d’avril n’est pas propice pour organiser le Tour du Sénégal, parce qu’après les élections, il faut une mise en place du gouvernement, les passations de services et autres sujets qui s’y greffent. Donc nous n’avons pas tellement d’interlocuteurs », a expliqué Michel Thioub, directeur du Tour et président de la Fédération sénégalaise de cyclisme. Il a aussi justifié ce report par le souhait des partenaires de voir « repousser la date du Tour afin de pouvoir visiter quelques sites ou contrées du pays ». « Ils voudraient avoir aussi plus d’équipes étrangères. Je trouve que cela est avantageux pour nous organisateurs et pour le Sénégal, car cela fait une grande ouverture pour le tourisme », a ajouté M. Thioub.
Concernant la nouvelle date, le directeur du Tour a révélé que le mois de novembre a été retenu. « Nous avons demandé à l’Union cycliste internationale la date du mois de novembre, parce que tout dépend d’elle. Cette place de novembre, nous pouvons encore l’occuper pendant une dizaine d’années. Parce que quand nous avons décidé de reporter le Tour, nous avons saisi l’Uci pour les modifications de dates. Bien sûr qu’il y a des taxes à supporter et cela a été fait depuis la semaine dernière », a-t-il précisé. Cette demande ayant été faite, il revient maintenant à l’Uci de statuer le plus rapidement, d’ici à fin avril, afin de fixer la nouvelle date. « Si cette date est confirmée, nous aurons six mois pour mieux préparer la compétition. Normalement, si les finances sont disponibles, nous aurons un meilleur Tour du Sénégal. Vous savez, l’organisation d’un Tour est énorme, et il faut prendre toutes les dispositions financières. Il faut que ce Tour grandisse davantage. Nous avions atteint un rythme de croisière, il faut maintenant avoir un très bon Tour », a déclaré Michel Thioub.
A son avis, la direction du Tour a beaucoup de responsabilités, car faire venir des équipes étrangères et avoir des problèmes n’est pas souhaitable. « La sagesse l’a emporté et cela nous donnera beaucoup plus de temps pour assainir nos finances et mieux nous organiser sur le terrain », a-t-il ajouté. Néanmoins, pour le directeur du Tour, les craintes sont toujours là et il les a toujours soulignées lors des épreuves précédentes. « Le soutien fait défaut. Cela fait des années que je tire la sonnette d’alarme ; cela fait des années que je me bats afin que le Tour puisse atteindre un sommet. Là, je suis essoufflé, car j’ai pris beaucoup de risques dans ma vie, j’ai hypothéqué ma vie, ma santé », a-t-il déploré. Malheureusement, la passion du vélo qui habite cet homme est plus que vivace. « C’est une passion, je n’y peux rien. Quand on a vécu toute sa vie dans le cyclisme, le jour où il s’arrêtera, ce sera une partie de moi qui sera amputée. J’ai commencé à organiser ce Tour avec mes collaborateurs et le stress, je le vis au jour le jour. Depuis 2000, je le vis. Chaque année, j’ai peur que ça s’arrête. Quand une édition du Tour prend fin, il faut tout de suite se projeter sur l’édition suivante », a-t-il souligné. Pour lui, c’est donc une répétition. Cet ancien Dtn, actuellement président de fédération, estime avoir tout fait pour que le Tour ressuscite. Cette compétition est, en effet, restée 30 ans sans se dérouler (1970- 2000). Elle a été reprise en 2000 par des amoureux du vélo qui voulaient en faire une compétition majeure dans l’agenda sportif sénégalais. Elle se dispute ainsi depuis 15 années avec pas mal de problèmes de santé qui ont accompagné son repreneur. Ayant subi une greffe de rein qui l’oblige régulièrement à faire une dialyse, Michel Thioub quittait parfois le Tour à l’arrivée d’une étape pour faire 300 km afin de se faire traiter à Dakar et revenir pour la prochaine étape.
Nonobstant toutes ces difficultés, l’homme a tenu vaille que vaille la barre pour honorer une « Petite Reine » qui en demande toujours.