«NOUS DONNONS A L’ETAT UN ULTIMATUM JUSQU’AU 10 JANVIER»
Les pêcheurs du Sénégal sont dans tous leurs états. Ils se sont retrouvés à Cayar autour d’un point de presse pour exprimer leur désarroi face à la pénurie de carburant de pirogue.

« Les préjudices sont énormes, entendu que nous avons vu nos campagnes ralenties avec cette pénurie du carburant ‘’sous-douane’’ (essence de pirogue) depuis plus de 2 mois », ont-ils martelé. Sans activités, ces pêcheurs disent croiser les doigts du matin au soir sur la plage de Cayar, village traditionnel où s’est ouverte la campagne de pêche.
Des centaines de pirogues stationnées longent la berge. De Cayar à Saint-Louis du Sénégal, ils observent un mouvement d’humeur national pour protester contre cette pénurie de carburant qui dure depuis 2 mois. Selon Madické Seck, président du Collège des pêcheurs «scènes tournantes » (grosse pirogue), « en cette période de campagne, il y a assez de poissons en mer, mais les pêcheurs ne peuvent pas s’y rendre, ne disposant d’une seule goutte d’essence de pirogue dans les stations des quais de pêche. C’est une première au Sénégal et nous ne comprenons pas l’origine de cette crise qui affecte nos activités». Ils interpellent le président de la République Macky Sall pour trouver une solution heureuse à cette crise du secteur de la pêche, et regrettent que cette situation perdure depuis plus de deux mois.
Avant de souligner : « nous disposons de ressources financières pour acheter le carburant devant nous permettre d’aller en haute mer. Le malaise ne se situe pas donc à notre niveau entendu que nous payons au comptant le carburant à la pompe. Aujourd’hui, malheureusement, nous sommes tenus d’acheter l’essence destinée aux voitures, qui se propose plus chère parce qu’il nous faut en moyenne 600 000F CFA pour avoir 15 jerricanes ».
Madické Seck s’offusque du fait que « ce carburant trop sec pour les pirogues détruit les moteurs. Les moteurs des pirogues présentaient déjà des défauts de fabrication. Du coup les pêcheurs ont fini par accoster leurs pirogues sur la plage pour ne pas perdre doublement ». Il rappelle que « c’est la Société africaine de raffinage (Sar) qui était chargée de fournir le carburant sous douane aux pêcheurs », mais, renseigne-t-il, «nous avons reçu l’information selon laquelle le gouvernement doit plusieurs milliards FCFA à la Sar, ce qui explique la pénurie d’essence de pirogue ». Le président du Collège des pêcheurs « scènes tournantes » trouve « inacceptable » le fait que « la pêche qui est le deuxième levier économique qui rapporte des milliards FCFA soit ainsi paralysée». Et de soutenir que « dans d’autres Républiques, le ministre de la Pêche aller démissionner ». Le Secrétaire général des pêcheurs de Cayar, pour sa part, lui, de souligner que « le ministre Oumar Guèye doit comprendre qu’il est dans un Ministère stratégique qui connait trop de problèmes ». Selon Mor Mbengue, « cela ne sert à rien de subventionner des moteurs de pirogues alors que le gouvernement est incapable de fournir le carburant nécessaire pour notre alimentation ». En tout état de cause, les pêcheurs donnent au Gouvernement un ultimatum jusqu’au 10 janvier au risque de « corser leurs luttes ».