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30 avril 2025
Par Bouna S. NDIAYE
QUE L’ETAT APPRENNE A SE DEPARTIR DES VIEILLES FORMULES POUR REPONDRE AUX PREOCCUPATIONS DES POPULATIONS
Il n’y a pas de mois qui passe sans qu’on n’entende les populations se plaindre des problèmes d’insécurité. Pas plus tard qu’hier, j’ai lu un article où on parle de la crainte constante des habitants de Wakhinane-Nimzath, de Guédiawaye.
Il n’y a pas de mois qui passe sans qu’on n’entende les populations se plaindre des problèmes d’insécurité. Pas plus tard qu’hier, j’ai lu un article où on parle de la crainte constante des habitants de Wakhinane-Nimzath, de Guédiawaye.
Ce mal-vivre n’a pas commencé hier, et n’est pas un problème spécifique à ces localités. Ces problèmes, pour certains, sont liés à un manque d’éclairage et, pour d’autres, aux actions inefficaces des services de sécurité, entre autres.
Mais ce qui est sûr, c’est qu’il est impossible de placer un agent à chaque coin de rue ou à côté de chaque Sénégalais. Le Sénégal n’a pas les moyens logistiques pour le faire ! Va-ton continuer à nous contenter de lire le nombre d’arrestations de la police le lendemain de leurs sorties et laisser les agressions perdurer ? Quiconque est de cet avis n’a pas été victime de vol à l’arraché !
Ma mésaventure la nuit de la signature du contrat de lutte à Niarry Tally…
A une semaine de la fin de mes vacances au Sénégal, mon jeune cousin et ami âgé de dix ans du nom de Abdoulaye Niang tenait à ce que je lui rende visite. Après le dîner, je prends un taxi. Ce dont je n’étais pas au courant, c’était cet évènement phare qui se produisait dans la zone de Niarry Tally. J’avais mis mon téléphone dans ma poche. Le chauffeur de taxi avait opté de ne pas prendre l’autoroute. Des Hlm 5, il a décidé de prendre la route de Garage Guédiawaye à Niarry Tally. A hauteur de la Pharmacie Coope, juste à l’intersection de Garage Guédiawaye et Ben Tally, la circulation était devenue beaucoup moins dense. Au même moment, j’ai senti mon téléphone vibrer dans ma poche. Furtivement, je le sortis pour voir qui m’appelait. Quand je l’ai posé sur ma tempe droite pour dire «Allô», un jeune homme, rapide comme un épervier qui poursuit sa proie, m’arracha mon téléphone. J’ouvris la portière du taxi pour le poursuivre. Il se faufila entre les vieux fidèles qui venaient de sortir de la mosquée pour se fondre dans la foule entre les deux groupes belligérants qui se lançaient des pierres. Je retournai voir chauffeur de taxi, lui payai le montant de la course pour marcher, furieux de Ben Tally à la Police des Hlm. Et c’est comme ça que j’ai perdu toutes mes données et mon iPhone !
Ainsi commença une série de questions sur le pourquoi un voleur prend-il le risque d’aller prendre le bien d’autrui ? Que faut-il faire pour que ça cesse ? Si un voleur décide d’arracher mon téléphone ou de briser une vitre pour entrer dans une chambre, c’est que quelque part il est convaincu d’avoir une information que la victime potentielle n’a pas ! Peut-être qu’il connaît les moments pendant lesquels il sera libre de commettre son forfait, ou bien il connaît ou a les aptitudes physiques que lui seul a lui permettant de s’échapper ! Il y a nécessairement de l’information asymétrique : l’un détient plus d’informations que l’autre !
It’s a new day ! M. le président de la République, osez apporter du nouveau sur le plan organisationnel pour faire face, et d’une manière efficace et radicale, au problème de l’insécurité en général au Sénégal !
On nous a habitués, de la période coloniale à nos jours, à notre bien (nous le Peuple) et à celui du Blanc, du Roi ou de l’agent de l’Etat. Ce qui faisait qu’il y a toujours eu une ligne clairement tracée entre ce que l’Etat doit faire et les tâches dévolues au Peuple ! Votre accession à la Magistrature suprême a prouvé, et le Peuple l’a compris, que lui seul est souverain ! It’s a new day ! Sachant que le Sénégal n’a pas les moyens de placer un policier à chaque coin de rue et que ces vaillants agents de l’Etat, malgré leur dévouement, peuvent être utilisés ailleurs, il faut que M. le Président songe à innover avec les technologies modernes. L’utilisation des drones peut beaucoup aider à l’éradication du banditisme qui ne dit pas son nom !
Il faut oser apporter du nouveau dans votre programme, Monsieur le Président. Apportez quelque chose qu’aucun Président n’a jamais apporté ! C’est l’utilisation de la technologie pour la résolution de nos problèmes.
Cas pratique pour éradiquer l’insécurité pendant les grands évènements au marché Hlm ou à la veille des grandes fêtes par exemple
Sachant que la police ne peut être partout, si on prend le cas des Hlm, de la mosquée de Massalikoul Jinaan au Garage Guédiawaye, trois pilotes de drone peuvent anéantir les bandits. Avec un programme stratégique concerté entre une section de la police et ces pilotes de drone, une fois une infraction de ce genre (vol à l’arraché) est commise, les gens réagissent par des cris. A ce moment, un Asp, avec son sifflet, alertera le pilote qui fera décoller son appareil et pourra voir le coupable. Une fois qu’il voit le coupable, puisqu’étant plus rapide, tout ce que ce pilote aura à faire, c’est un «Tracking» de ce dernier. Pour ceux d’entre vous qui avez vu le film Top Gun, quand un avion de chasse poursuit un avion ennemi, pour s’assurer qu’il va l’atteindre avec son missile, il envoie un laser qui se pose sur l’avion ennemi qui est appelé «Missile lock» ! A partir de ce moment, le voleur/agresseur ne pourra plus s’échapper.
Il n’est pas nécessaire de déployer beaucoup d’agents à sa poursuite. Le pilote informera quelques agents qui resteront debout à un certain périmètre comme pour réceptionner un colis et l’appréhender. En plus, les drones sont opérationnels la nuit. Evidemment, quand j’ai parlé de stratégie concertée, j’ai pensé aux surfaces aériennes pour lesquelles seuls l’Anacim et les services aéroportuaires ont pouvoir de décision. Il s’agit ici, Monsieur le Président, de choisir des méthodes d’opération efficaces pour optimiser le temps de travail du personnel policier pour des cas de constat d’accident mortel qui maintenant ne prennent qu’une dizaine de minutes avec l’utilisation de drones.
Les sapeurs-pompiers également pourront surveiller les plages pour éviter les noyades des jeunes en été et même envoyer un drone pour tendre une bouée de sauvetage, si nécessaire, à un jeune en situation de détresse.
Cela implique une formation en pilotage de drone, un diplôme de pilotage commercial de drone et une collaboration de ces derniers avec les services de police.
Bouna S. NDIAYE
Pilote commercial de drone Federal aviation administration (Usa)
LA VISITE ANNONCEE DU PRESIDENT BASSIROU DIOMAYE FAYE, A BANJUL, ET LES MESURES GOUVERNEMENTALES POUR LA TABASKI AU MENU DE LA PRESSE DU WEEK END
Les quotidiens du Week end mettent en relief la visite annoncée du président Bassirou Diomaye Faye, à Banjul, ainsi que les mesures adoptées par le gouvernement pour un bon approvisionnement du pays en moutons en perspective de la tabaski
Dakar, 20 avr (APS) – Les quotidiens dakarois de ce samedi ont surtout mis en relief la visite annoncée du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, à Banjul, ainsi que les mesures adoptées par le gouvernement pour un bon approvisionnement du pays en moutons en perspective de la fête musulmane de la Tabaski, prévue au mois de juin prochain.
‘’Diomaye en œuvre à Banjul’’, titre Sud Quotidien, montrant une photo du chef de l’Etat serrant la main de son homologue gambien, Adama Barrow, lors de sa prestation de serment, le 02 avril dernier, à Diamniadio.
‘’De fortes attentes devraient être évoquées à l’occasion de leur entretien, notamment le trafic international de bois via la Gambie, la consolidation des initiatives de paix en Casamance, la gestion des menaces djihadistes, le trafic de drogues et de faux billets’’, écrit le journal.
Dans le même sillage, le quotidien l’As souligne qu’’’au-delà du cachet que revêt cette visite eu égard aux relations qui lient les deux pays, les deux chefs d’Etat sont attendus sur les questions liées à la crise en Casamance, à la sécurité transfrontalière et au trafic du bois de Casamance exporté à partir de la Gambie’’. ‘’Diomaye à l’épreuve de la sécurité nationale’’, titre ainsi le journal en manchette.
Le Soleil relève que cette visite de travail en Gambie est le second déplacement à l’étranger du président Faye depuis son investiture, le 02 avril dernier. Le journal souligne que ce déplacement ‘’sera mis à profit pour consolider + les liens historiques de parenté et de coopération multiforme entre Dakar et Banjul’’.
Et c’est dans ce contexte que L’Observateur révèle que ‘’l’Etat gambien a subitement haussé les droits d’entrée du ciment en provenance du Sénégal de 30 Dalasi ou 300 F Cfa par sac à 180 Dalasi ou 1750 F Cfa par sac, rendant le ciment en provenance du Sénégal invendable’’, alerte le journal. Les droits de douane sur le ciment sénégalais ont enregistré ainsi une hausse de 500 %, précise L’Obs, indiquant que ‘’les importateurs sénégalais de ciment vers la Gambie sont désorientés’’.
Le Quotidien fait une immersion dans les coulisses de la visite du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye à Nouakchott (Mauritanie). Selon le journal, ‘’le report du début de l’exploitation commune du gisement de gaz de Grand Tortue Ahmeyim a dominé’’ les entretiens entre les deux chefs d’Etat, ‘’surtout que cela va impacter négativement les budgets des deux pays (…)’’.
Une partie de la presse quotidienne s’est aussi intéressée aux mesures prises par le gouvernement en perspective de la Tabaski. ‘’Le gouvernement Sonko prend le mouton…par les cornes’’, titre Vox Populi, faisant état de ‘’trois mesures phares pour un bon approvisionnement en béliers’’. Le journal cite l’assouplissement du contrôle des camions et véhicules transportant des moutons à destination du Sénégal’’, l’exonération des droits et taxes sur les moutons de Tabaski’’.
S’y ajoute l’’’autorisation de la présence, à bord de chaque camion, de trois bergers chargés de la surveillance des animaux transportés’’.
Vox Populi passe le mot à l’Info qui évoque à son tour ‘’trois mesures phares pour un bon approvisionnement du marché en mouton’’. Selon le journal, Bassirou Diomaye Faye ‘’exhorte à faire respecter de manière stricte, les mesures sanitaires d’hygiène et de sécurité pour un bon déroulement des opérations’’.
A ce propos, L’Observateur indique que les éleveurs ont promis ‘’un million de moutons’’ pour cette fête musulmane célébrée avec beaucoup de ferveur au Sénégal.
Walfadjri s’intéresse aux décrets relatifs aux attributions des ministres en relevant que ces derniers ‘’vont rendre compte non pas au président de la République, mais au Premier ministre’’, Ousmane Sonko. ‘’Sonko, les pleins pouvoirs’’, titre le journal. Il explique que ces décrets ‘’les placent sous son autorité’’, ‘’alors que sous les prédécesseurs de Bassirou Diomaye Faye, les ministres étaient sous l’autorité du président de la République’’.
Le même journal s’intéresse à la situation au sein de Benno Bokk Yaakaar (BBY, opposition). ‘’Benno, pronostic vital engagé !’’, s’exclame WalfQuotidien, relevant des départs de partis membres de cette coalition.
Le quotidien Enquête s’intéresse à la reconfiguration politique au Sénégal, après l’arrivée de Bassirou Diomaye Faye au pouvoir. ‘’Quelle opposition pour Diomaye ?’’, s’interroge le journal. Il observe que l’’’opposition au duo Sonko-Diomaye peine à se reconstituer autour de l’ancienne coalition présidentielle de l’APR’’, l’Alliance pour la République, parti fondé par le président Macky Sall.
UNE FORCE DIPLOMATIQUE
La présence de l’Armée et de la gendarmerie qui assure la protection du président Barrow, en est une preuve éloquente.
Entre le Sénégal et la Gambie, il y a une relation fusionnelle fondée sur la géographie et l’histoire. Le Président Faye est attendu ce matin en Gambie où une «domination politique» et diplomatique est venue renforcer le poids économique sénégalais à Banjul. La présence de l’Armée et de la gendarmerie qui assure la protection du Président Barrow, en est une preuve éloquente.
Après Nouakchott jeudi, le Président Diomaye sera aujourd’hui à Banjul. C’est une visite à décoder de la même manière que son séjour mauritanien : car la Gambie, logée dans le cœur du Sénégal, est une continuité géographique et humaine du Sénégal. Sans oublier le poids économique des Sénégalais dans cette enclave. Même s’il n’y a pas d’enseigne visible comme Auchan ou Total, considérées comme des symboles de néocolonialisme économique ici et qui cristallisent les rancœurs de certains activistes, le commerce, la manutention et le transport font partie des secteurs où la présence sénégalaise est prépondérante.
Indépendamment de ce poids économique, l’influence diplomatique de Dakar à Banjul est devenue trop forte depuis l’accession du Président Adama Barrow au pouvoir en 2016. La chute de Yahya Jammeh, contraint de quitter le pouvoir par une menace militaire après sa défaite électorale, a provoqué une redistribution des cartes. L’ancien dictateur était devenu trop nuisible, jouant à un double jeu qui alimentait la résurgence périodique de la rébellion casamançaise. C’est une question réglée depuis son départ en exil, avec la destruction de toutes les bases rebelles.
Aujourd’hui, l’avènement du Président Adama Barrow, qui a prêté serment à Dakar en 2016, est perçu comme le signe supplémentaire d’une domination politique et diplomatique, après celle économique. Il est fréquent de croiser un véhicule bleu de la Gendarmerie nationale au cœur du quartier ministériel et présidentiel de la capitale. Signe du maintien des Forces de la Cedeao qui ont «implanté» Barrow et assurent sa sécurité.
«Un pays qui sous-traite sa sécurité présidentielle n’est pas souverain. C’est un Président sous tutelle. Cette perception est très forte au sein de la jeunesse», enchaîne un militant du mouvement citoyen Occupy west field. En écho, Yusuf Taylor, porte-parole de Gueup sa boppa et administrateur du site d’informations Gainako onlines news, renchérit dans Le Quotidien : «La présence des Forces de la Cedeao agace sérieusement les gens ici. Nous ne sommes pas en guerre, leur maintien est inacceptable. Barrow n’a pas encore réussi à être le vrai «Commandant in chief» et cela discrédite son régime. Il n’a pas réussi à établir une confiance totale avec les Forces armées nationales. Il a oublié toutes ses promesses depuis qu’il est là.» En septembre 2021, le cinquième détachement sénégalais de la Mission de la Cedeao en Gambie (Micega), composé de 625 militaires, a été à nouveau déployé à Banjul et ailleurs pour poursuivre leur mission. Il faut savoir qu’en septembre 2020, le Président gambien avait demandé, en marge d’un sommet de l’organisation sous-régionale à Niamey (Niger), le prolongement de la Micega en Gambie, «compte tenu des réformes en cours et de la nécessité de protéger la fragile démocratie dans son pays». La Cedeao avait accédé à sa demande, car cela coïncidait avec une période sensible : l’organisation de l’élection présidentielle gambienne du 4 décembre 2021. Il a été réélu, mais la situation n’a pas changé pour autant. Alors que la Gambie va organiser en décembre prochain le 15e Sommet de l’Organisation de la conférence islamique.
Ambassadeur du Sénégal en Gambie, Bassirou Sène a salué le professionnalisme des soldats sénégalais membres de l’Ecomig, la mission militaire de la Cedeao dans ce pays, estimant que leur présence rassure la population gambienne.
«Le contingent sénégalais déployé en Gambie rassure la population et fait honneur au Sénégal pour le travail qu’il fait dans la discrétion et le sérieux. Ils n’ont pas besoin de sortir leurs armes.
Leur présence est synonyme d’assurance pour la population», a déclaré le diplomate lors d’un entretien accordé à l’Aps, à quelques heures de l’arrivée dans ce pays du Président Bassirou Diomaye Faye.
«Ce que nous avons retenu et les retours que nous avons, montrent que les gens apprécient la présence de cette force, d’autant plus que s’ajoute désormais à leur mission un volet humanitaire à travers la construction de postes de santé et l’appui à la population dans certains domaines», a fait valoir M. Sène. «Le comportement des soldats sénégalais de l’Ecomig est exemplaire. Il est à l’image de l’Armée sénégalaise dans son ensemble. Je connais le professionnalisme et le respect qu’inspirent les militaires sénégalais», a commenté l’ancien Représentant permanent du Sénégal auprès de l’Union africaine. C’est une nouvelle force diplomatique.
LES MESURES POUR UNE BONNE ORGANISATION DE LA TABASKI
Assouplissement du contrôle des camions et véhicules, exonération des droits et taxes sur les moutons…Le président de la République veut veiller à un bon approvisionnement du marché en moutons pour les besoins de la fête de Tabaski ...
Pour un bon approvisionnement du marché en moutons pour la Tabaski, le président de la République a pris des mesures qui vont être appliquées afin d’offrir «aux opérateurs, nationaux comme étrangers, un cadre propice et une sécurité suffisante, respectivement aux frontières, le long des axes de convoyage, ainsi qu’au niveau des zones d’attente et des points de vente».
Le président de la République veut veiller à un bon approvisionnement du marché en moutons pour les besoins de la fête de Tabaski qui sera célébrée dans 2 mois. Dans cette perspective, Bassirou Diomaye Faye «a donné instruction au gouvernement de prendre les dispositions appropriées pour la bonne organisation de la fête de la Tabaski 2024». Ainsi, il a demandé de veiller «en particulier à satisfaire la forte demande par un approvisionnement correct du marché en moutons, à travers d’une part, la mobilisation de l’offre nationale et, d’autre part, l’importation à partir des pays de la sous-région, notamment du Mali et de la Mauritanie».
Dans ce cadre, il est indiqué dans une circulaire signée par le Premier ministre Ousmane Sonko, des mesures qui vont être appliquées pour la période du 19 avril au 2 août 2024, «pour offrir aux opérateurs, nationaux comme étrangers, un cadre propice et une sécurité suffisante, respectivement aux frontières, le long des axes de convoyage, ainsi qu’au niveau des zones d’attente et des points de vente». Ainsi, il est demandé «l’assouplissement du contrôle des camions et véhicules transportant des moutons à destination du Sénégal, l’exonération des droits et taxes sur les moutons de Tabaski, l’autorisation de la présence, à bord de chaque camion, de trois (3) bergers chargés de la surveillance des animaux transportés».
En outre, le Pm a invité les ministres concernés, «en application des dispositions du décret n°2002-1094 du 4 novembre 2002, relatif à la Police sanitaire des animaux domestiques, à faire respecter de manière stricte, les mesures sanitaires d’hygiène et de sécurité pour un bon déroulement des opérations». Les nouvelles autorités veulent ainsi une organisation optimale de cette grande fête religieuse qui est souvent source de tracas pour bon nombre de chefs de famille. D’ailleurs, lors du dernier Conseil des ministres, le Pm avait annoncé un Conseil interministériel consacré à la préparation de la Tabaski 2024 dans les prochains jours.
LES AVC REPRESENTENT «25 A 30%» DES ACTIVITES DU SERVICE DE NEUROLOGIE
Les Accidents vasculaires cérébraux (Avc), première cause de mortalité et de handicap chez l’adulte, représentent également «25 à 30%» des activités du Service de neurologie du Centre hospitalier national universitaire de Fann, à Dakar, selon Dr Bakhoum
Les Accidents vasculaires cérébraux (Avc), première cause de mortalité et de handicap chez l’adulte, représentent également «25 à 30%» des activités du Service de neurologie du Centre hospitalier national universitaire de Fann, à Dakar, a-t-on appris du docteur Mbagnick Bakhoum, président de l’Association sénégalaise de soutien aux familles de malades victimes d’Avc. «A Fann, l’Avc représente environ 25 à 30% des activités de la neurologie. C’est la première cause de consultation de nos malades en Service de neurologie», a-t-il déclaré vendredi, à l’occasion d’une journée portes ouvertes de cet établissement hospitalier.
«Ce sont des chiffres assez parlants, en plus de la clameur populaire», signe que l’Avc «est ravageur» au sein de la population, a commenté le neurologue. L’Avc est une maladie que l’on doit prendre en charge avant même que le malade n’arrive à l’hôpital, a expliqué docteur Bakhoum, ajoutant que «c’est extrêmement important» de rappeler ce point.
«Le pronostic vital et fonctionnel dépend essentiellement de celui qui vous prend en charge», et «si c’est un spécialiste qui vous prend dans une unité neurovasculaire», comprenant des ressources humaines formées, médecins, infirmiers et brancardiers, «rien qu’avec ceux-là, vous améliorez le pronostic de 20%», a-t-il indiqué. C’est dire que «le pronostic dépend du timing», et donc le malade a plus de chances de s’en sortir s’il est pris en charge suffisamment tôt. «Il est extrêmement important, dans le cas de l’Avc systémique par exemple», que le malade soit pris en charge «dans les 4 heures 30 minutes. Cela veut dire du début des symptômes, au moment où vous ressentez les premiers signes, jusqu’au moment où le médecin vous administre les soins», a précisé le neurologue.
«C’est pourquoi on doit trouver un circuit pour que le malade puisse être acheminé dans les structures spécialisées et pris en charge correctement», a préconisé le médecin.
Il rappelle que l’Avc est «une maladie grave qui survient brutalement» et dont la prise en charge, si elle survient «très tôt, peut permettre une récupération totale de la maladie».
Une prise en charge précoce «peut également permettre de sauver une personne», et c’est la raison pour laquelle «ces maladies-là doivent avoir une filière neurovasculaire», a plaidé Mbagnick Bakhoum.
Il souligne cependant que toute prise en charge adéquate doit partir d’une reconnaissance des signes de l’Avc, soit par le patient lui-même, soit par son entourage. «Ces signes sont d’abord que la personne n’arrive plus à parler ou a des difficultés pour parler, des problèmes pour articuler. Deuxièmement, il y a le déficit moteur», quand une personne rencontre des difficultés pour mobiliser son membre supérieur ou inférieur, ou le membre supérieur et inférieur d’un seul côté, gauche ou droit. «Il y a aussi la difficulté de ressentir quelque chose, quand vous touchez votre main», le fait de sentir plus un côté par rapport à un autre, a poursuivi le président de l’Association sénégalaise de soutien aux familles de malades victimes d’Avc.
Il compte également, au nom des signes de l’Avc, une «installation brutale» de la difficulté de marcher, «vous titubez en marchant, cela est dû à des vertiges intenses, ou bien vous avez des maux de tête que vous n’avez jamais eus de votre vie», ou alors une anomalie de la vision d’origine brutale intéressant «un œil», a détaillé le neurologue. «Si vous avez ces signes, dites-vous probablement qu’il s’agit d’un Avc. Vous devez appeler les urgences pour qu’ils vous conduisent dans les structures appropriées», a recommandé Mbagnick Bakhoum
LE NIGERIA, PREMIER PAYS A OUVRIR LE BAL
Le Nigéria est devenu le premier pays au monde à déployer un nouveau vaccin (le vaccin Men5CV) que l'OMS a recommandé pour permettre de protéger les populations contre cinq souches de la bactérie à l’origine de la méningite.
Par une décision de l’Organisation mondiale de la santé (Oms), le Nigéria est devenu le premier pays au monde à déployer un nouveau vaccin (le vaccin Men5CV) qu’elle a recommandé pour permettre de protéger les populations contre cinq souches de la bactérie à l’origine de la méningite.
Ce nouveau vaccin considéré comme révolutionnaire offre un puissant bouclier contre les cinq principales souches du méningocoque (A, C, W, Y et X) en une seule injection. Selon l’Oms qui a donné l’information, au Nigéria, une flambée de Neisseria meningitidis (méningocoque) du sérogroupe C a entraîné 1742 cas suspects de méningite, dont 101 cas confirmés et 153 décès dans sept des 36 états du entre le 1er octobre 2023 et le 11 mars 2024. Ainsi, pour endiguer la flambée meurtrière, une campagne de vaccination a été menée du 25 au 28 mars 2024 visant à atteindre dans un premier temps plus d’un million de personnes âgées de 1 à 29 ans.
Pour le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, « la méningite est un ennemi ancien et mortel, mais ce nouveau vaccin pourrait modifier la trajectoire de la maladie, en permettant de prévenir de futures flambées et de sauver de nombreuses vies. Le déploiement du vaccin au Nigéria nous rapproche un peu plus de notre objectif consistant à éliminer la méningite d’ici 2030.
Pour rappel, la méningite est une infection grave qui entraîne l’inflammation des tissus qui entourent et protègent le cerveau et la moelle épinière. Les causes de la méningite sont multiples, notamment les agents pathogènes viraux, bactériens, fongiques et parasitaires. Parmi les symptômes figurent souvent des céphalées, de la fièvre et une raideur de la nuque. La méningite bactérienne est la plus grave et elle peut également entraîner une septicémie (infection sanguine), un handicap grave ou un décès dans les 24 heures chez les personnes qui la contractent.
35 AGENTS DES AIRES PROTEGEES ENTRE LE SENEGAL ET LA MAURITANIE FORMES SUR L’UTILISATION DES GPS ET LE PILOTAGE DES DRONES
Ces outils que sont le GPS et le drone vont beaucoup nous aider dans la gestion de nos aires protégées, la préservation de la biodiversité et la restauration de nos écosystèmes », ont-ils laissé entendre
Les responsables du Projet de Renforcement de la Coopération transfrontalière pour une meilleure gestion et restauration des écosystèmes dans le Delta du Fleuve Sénégal ont initié depuis le mardi 16 avril 2024 une formation de cinq (5) jours consacrée à l’utilisation des GPS et le pilotage des drones. Celle-ci est destinée aux agents des aires protégées et s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet qui concerne le Sénégal et la Mauritanie à travers la Réserve de Biosphère Transfrontière du Delta du Fleuve Sénégal (RBTDS).
« Une réserve de biosphère, c’est un outil de conciliation, de développement, de l’économie, de l’environnement et de l’appui logistique. Cela se fait sur la base d’un zonage », a rappelé Mme Diop Aminata Sall, Coordonnatrice dudit projet. Elle est revenue sur l’importance de l'utilisation efficace des technologies qui améliore de nos jours la surveillance, la cartographie, et la collecte de données, permettant ainsi une gestion intégrée des écosystèmes.
« Nous avons ciblé les agents qui tournent autour des aire protégées c’est-à-dire ceux qui conservent la biodiversité ou qui font de la restauration des écosystèmes. Ils sont au nombre de trente-cinq (35) répartis entre le Sénégal et la Mauritanie et la formation a porté sur l’utilisation des GPS et le pilotage des drones qui sont des outils vraiment importants de nos jours », a dit la Coordinatrice.
D’après Mme Diop Aminata Sall, l'objectif général de ces sessions est de renforcer les capacités des parties prenantes de la RBTDS sur l’utilisation des GPS et des drones. Il s’agira ainsi de former les participants sur des aspects tels que l’utilisation des Technologies de Localisation pour la Gestion des ressources naturelles ; d’effectuer une surveillance aérienne et suivi des habitats naturels par l’utilisation des drones ; d’analyse des données pour la prise de décision sur la biodiversité et les écosystèmes.
L’initiative est vivement magnifiée par Idrissa Ndiaye, agent des parcs nationaux en service au Parc National des Oiseaux du Djoudj et Sidy Mamadou Diawara, un autre agent originaire de la République de Mauritanie. Tous les deux sont revenus sur l’intérêt qu’ils portent sur cette formation. « Le monde évolue et les nouvelles technologies sont incontournables. Ces outils que sont le GPS et le drone vont beaucoup nous aider dans la gestion de nos aires protégées, la préservation de la biodiversité et la restauration de nos écosystèmes », ont-ils laissé entendre. D’autres séances de formation et des descentes sur le terrain sont au programme de la mise en œuvre de ce projet.
Désigné en 2005, la RBTDS couvre 641.768 hectares du delta du Sénégal et englobe un ensemble d'aires protégées centrales, ainsi que des zones tampons et de transition. Elle a été établie comme un moyen d'intégrer les considérations environnementales, sociales et économiques tout en conciliant la conservation de la biodiversité et l'utilisation durable des ressources naturelles sur le long terme.
CASA SPORTS - GENERATION FOOT, AS PIKINE - STADE DE MBOUR, CHOCS DES 16ES
Le tableau des 16emes de finale de la Coupe du Sénégal a été établi hier, vendredi 19 avril à l’issue du tirage au sort effectué au siège de la Fédération sénégalaise de Football (FSF).
Le tableau des 16emes de finale de la Coupe du Sénégal a été établi hier, vendredi 19 avril à l’issue du tirage au sort effectué au siège de la Fédération sénégalaise de Football (FSF). Si Teungueth FC et le Jaraaf qui occupent actuellement la 1ère et la 3e place ont été épargnés, ce n’est pas le cas pour quatre autres clubs appartenant à l’élite. En plus du duel entre Casa Sport et Génération Foot, on assistera à un choc prometteur entre l’As Pikine (L1) et le Stade de Mbour (L1). Ces affiches sont prévues entre les 22, 23 et 24 avril prochains.
Le tirage des 16es de finale de la Coupe du Sénégal qui a eu lieu hier, vendredi 19 avril au siège de la Fédération sénégalais de football présente deux affiches alléchantes entre clubs de Ligue 1. Le premier choc opposera le Casa Sports à Génération foot. Ces deux formations qui occupent respectivement la 8ème et la 10ème places du classement de Ligue 1 profiteront de cette intervalle pour se repositionner et mieux aborder cette phase cruciale de fin du championnat où il faudra batailler pour s’accrocher pour se maintenir dans l’élite. Mais aussi tenter de sauver sa saison avec un trophée majeur.
L’autre duel tout aussi attendu mettra aux prises l’As Pikine au Stade de Mbour, deux pensionnaires de la Ligue 1. Si les Pikinois restent sur une bonne lancée avec une quatrième place à six journées de la fin, ce n’est pas le cas pour les Mbourois finalistes malheureux lors de la dernière saison première équipe relégable du championnat. Le tirage au sort a ainsi épargné aussi bien Teungueth FC, actuel leader de la Ligue 1 et le Jaraaf (3e) qui sont tombés sur des adversaires largement à leurs portées. Les Rufisquois vont affronter l’As Bambèye, évoluant en National 1. De leur côté, les «Vert et Blanc» vont croiser l’équipe de Haayo Agnam de la National 2.
Outre les rencontres, entre les équipes de la Ligue 1 le tirage offre des duels entre les équipes de la Ligue 2. Au menu, les rencontres HLM contre Ajel de Rufisque, Wallydan-Duc, l’As Douanes-Thies FC. Après avoir éjecté Guediawaye FC, actuellement à la 2e place de Ligue 1, les Mbourois de Keur Madior (Ligue 1) seront aux prises avec Avenir Dakar (National 1). Dakar Sacré Cœur (L 1) va se mesurer au modeste club de Sandiara FC (D5). Quant à Jamono Fatick (L1), il est tombé sur Africa Promo (National 1).
QUATRE HOMMES, UN ETAT – Par Henriette Niang KANDE
MACKY SALL, DU TRIOMPHE À L’ÉGAREMENT
L’élection de Macky Sall à la tête du Sénégal en mars 2012 n’avait ressemblé à aucune autre emais personne ne le perdit aussi facilement que la dernière année de son second mandat
Avec Macky Sall, la gestion libérale du pouvoir allait prendre un autre souffle. Premier ministre et directeur de campagne pour la réélection de Abdoulaye Wade en 2007, Macky Sall fut le vainqueur de la deuxième alternance à la tête du Sénégal : un autre espoir après la fin des 12 années de règne mouvementé du « Pape du Sopi ». Quoiqu’incarnant, à ses débuts, un nouveau style politique, celui d’un président « moral », transparent, sobre, Macky Sall n’incarna pas la rupture tant attendue. Le mode clientéliste de gestion du pouvoir poussa son parti à tout truster sur fond de patrimonialisation et de privatisation accélérées de l’appareil d’Etat. Le référendum de 2016 consacre la réalité du pouvoir par laquelle Macky Sall « vampirise » autant les institutions constitutionnelles que le processus de sélection des candidats à la présidentielle. On assiste de fait, à la reconstitution d’un Etat superpuissant flottant au-dessus de la société dans laquelle la parole libre devient suspecte. Le point d’orgue en sera le « mortal kombat » entre Macky Sall et Ousmane Sonko, une opposition frontale et « meurtrière » qui livre, à terme, le pouvoir au cinquième président du Sénégal, Bassirou Diomaye Diakhar Faye.
L’élection de Macky Sall à la tête du Sénégal en mars 2012 n’avait ressemblé à aucune autre et ne s’était réduite à aucune précédente. Cette année-là, il gagne très vite le soutien des foules, mais personne ne le perdit aussi facilement que la dernière année de son second mandat. Si l’élection relève d’un mécanisme institutionnel et d’un rituel démocratique bien rodé, il n’en demeure pas moins que celle de 2012, s’est inscrite dans le sillage d’une famille politique (les Libéraux) qui a dominé les années 2000. Ce n’est pas un hasard si le tiercé gagnant sorti de la course au premier tour appartient à cette famille : Abdoulaye Wade, Macky Sall, Idrissa Seck. Le trio partage les mêmes caractéristiques : volontaire, téméraire avec une détermination d’airain. De ces trois hommes, Macky Sall a été celui qui a le plus poussé chacun de ces trois traits. D’eux, on ne saurait pas retenir que les incompatibilités de caractères après que leurs tempéraments se sont accordés, dans une harmonie qu’ils ont célébrée maintes fois, publiquement. Pour l'un comme pour les autres, il y eut toujours ce but qu'il leur a fallu apprivoiser, et que le commun des mortels ne saurait envisager sans trembler : le palais de la République. La deuxième alternance qu’a connue le pays procède d’un vote démocratique, sur un mode référendaire (pour ou contre Abdoulaye Wade). Au lancement de la campagne électorale de 2012, Wade avait-il conscience que s'ouvrait devant lui, sur une pente de 21 jours de campagne, l'ubac de son quinquennat ? Idrissa Seck lui, a été incapable de voir dans le regard des autres, autre chose que son propre reflet. Devenu réfractaire à Wade, il a osé se gausser du « monarque républicain ». Et publiquement ! Avec l'insolence en guise d'insoumission. Quant à Macky Sall, il a profité d’une image qui prenait les couleurs d’une aurore naïve. Il est arrivé en se pressant… lentement tout en gagnant du terrain, sans avoir l’air d’y toucher, convainquant les sceptiques, les hésitants, les grincheux.
Les choix de Macky Sall
En 2008, beaucoup de ses camarades de parti et de Sénégalais, ne lui reconnaissaient une épaisseur encore moins une intelligence politique, lorsqu’il se coupait d’Abdoulaye Wade et du Pds. Sa carrière politique commence au lycée, quand il fréquente les maoïstes. Etudiant, il « milite » dans le mouvement marxiste-léniniste duquel il s’éloigne, adhère au Pds et vote Abdoulaye Wade aux élections présidentielles de 1983 et 1988. La même année, il est le secrétaire général de la Convention régionale du parti à Fatick, son lieu de naissance. Son ascension s’esquisse dans le Pds et dans l’administration en 2000. Cette année-là, il est nommé directeur général de Petrosen, la société des Pétroles du Sénégal où il occupait le poste de chef de la division Banque de données. Sa carrière se poursuit dans les différents gouvernements de Wade : ministre de l’Energie et des Mines, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales (chargé de l’organisation des élections), Premier ministre et directeur de campagne pour la réélection de Wade en 2007, Président de l’Assemblée nationale. Son apprentissage des leçons politiques s’affermit, il acquiert de plus en plus d’expériences et tisse ses réseaux de clientèles politiques, économiques, religieux, dans et en dehors du pays. Il aiguise ses armes sans se faire remarquer dans les agitations fratricides qui minent et secouent dangereusement le PDS, qui le place loin derrière, dans la lignée des héritiers que sont Idrissa Seck et Karim Wade. Abdoulaye Wade en fait le principal instrument mis en action pour faire passer à la trappe, Idrissa Seck. Il s’attelle à la tâche sans état d’âme. Il accompagne la montée en puissance de Karim Wade, le fils du président dans l’appareil d’Etat et tolère ses manœuvres qui visent la création de la Génération du concret. Mais ses gages et ses accompagnements n’empêchent pas sa descente aux enfers, et la guérilla menée contre lui par Wade et par ses camarades de parti. En 2007, après les élections législatives, il devient Président sous surveillance de l’Assemblée nationale, rétif au projet de « dévolution monarchique » du pouvoir de Wade au fils Karim. Il entre ouvertement en dissidence en convoquant ce dernier devant le Parlement pour répondre de la gestion décriée de l’Agence Nationale de la Conférence Islamique (Anoci). Abdoulaye Wade invite alors ses députés à voter une loi réduisant le mandat du président et du bureau de l’Assemblée nationale de cinq à une année.
En 2008, il fait face au harcèlement politique des proches partisans et des représentants de la frange la plus belliqueuse et arrogante du Pds, qui lui reprochent ses velléités d’autonomie politique ou économique (il est convoqué et auditionné à la police pour cause de blanchiment d’argent). On lui transmet un message non équivoque : s’aligner ou se faire écraser. En lui faisant vivre ces affres, Wade et le Pds venaient de dégoupiller une grenade qui leur explosera dans les mains. En réponse à ce traitement, Macky Sall démissionne du Pds et se défait de tous ses mandats électifs. Il réussit ainsi à faire voler en éclat cette image de débonnaire qu’il renvoyait. Il n’était pas nouveau. Il devenait neuf. Il adopte une stratégie qui déborde du cadre de la succession pour celle de la conquête. Elle lui offre une démarche gagnante. Il a fallu de l’habilité, de la détermination et une grande dose de baraka. L’Alliance pour la République (Apr) qu’il crée en 2008 se démarque du Pds et des principaux partis de l’opposition (Ps, Pit, Ld, Reewmi…).
En sa qualité de Président, il prépare sa revanche, la rage au ventre, mais il n’inquiète personne. Il sillonne le pays pour présenter son offre politique basée sur une « nouveauté » : la rupture dont lui-même est un symbole, et laisse Dakar aux activités politiques des principaux leaders des autres partis. Les points les plus saillants de son discours et de son agenda politiques ont été :
- Les marabouts sont des citoyens comme les autres ;
- La patrie avant le parti ;
- La lutte contre la corruption ;
- Le rejet catégorique de la transhumance ;
- La réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans.
- La suppression du Sénat ;
- Le rétablissement du mandat du bureau de l’assemblée de 1 à 5 ans.
- La déflation institutionnelle et administrative.
En quittant la Place de la Nation, son « mergadou » sous l’aisselle, les cris d’orfraie fusent, mais sur lui, tout semble glisser. Il devient omniprésent sur le terrain, poursuit sa tâche de laboureur sans relâche. Coup de poker insensé.
Face à l’omniprésence brouillonne des partisans de Abdoulaye Wade, il avance d’un pas tranquille enveloppé d’une certaine rondeur. Un de ses ex intimes, dans une confession m’a révélé : « je l’ai observé pendant plusieurs années. Je ne sais pas qui il est ». Ceux qui ont tenté de le percer donnent l’impression de s’enfoncer dans un labyrinthe. Il fait un pied de nez à tous ceux qui l’avaient sous-estimé. Il n’assiste pas à la grand’messe des Assises nationales et n’occupe pas les premiers rangs des manifestations organisées par l’opposition et la société civile.
Face à la coalition de l’opposition Benno Siggil Sénégal, qui ne parvient pas à s’accorder sur une candidature unique (Moustapha Niasse- Tanor Dieng), Macky Sall creuse son sillon et cultive la différence, dans la critique tout en retenue des autres candidats. Au soir du 26 février 2012, jour du premier tour de l’élection présidentielle, il se place derrière Abdoulaye Wade, devance Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng, mais surtout Idrissa Seck. Macky Sall peut commencer à préparer le second tour de l’élection présidentielle. Il bénéficie de l’engagement des candidats de l’opposition à soutenir le mieux placé parmi eux. Il commence à tisser sa toile, s’écartant de manière stratégique de certains éléments de son agenda du premier tour. Il adopte, à partir de ce moment une position d’héritier de Wade, que sa dissidence avait masquée. Il revient sur sa proclamation de la qualité de citoyen ordinaire des marabouts et sur son rejet des conclusions de Assises nationales qu’il embrasse désormais « avec réserve » dit-on. Le jeu de yoyo entre l’agenda politique du premier tour qui affiche l’autonomie vis-à-vis des appareils politiques et des associations de la société civile et promeut la rupture et celui du second tour qui s’aménage des espaces de compromis et des alliances avec certaines forces politiques et de la société civile annonce une gouvernance heurtée, sinon très opportuniste. L’héritier de Wade se dépouille déjà des oripeaux du candidat de la rupture.
L’EXERCICE DU POUVOIR
Au début de son mandat, il s’emploie à incarner un nouveau style politique, celui d’un président moral, transparent, sobre. Sa volonté d’afficher la rupture lui fait déclarer son patrimoine, engager une politique de réduction du train de vie de l’Etat en restreignant le premier gouvernement à 25 ministres. Il engage des audits réclamés à cor et à cris par les populations, sur les dignitaires de l’ancien régime, ressuscite la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite, crée l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), n’intercède pas en faveur de Serigne Béthio Thioune emprisonné pour complicité de meurtre de deux de ses disciples.
Suite au réaménagement gouvernemental d’octobre 2012, il supprime le ministère chargé des élections et rend au ministère de l’Intérieur, toutes ses prérogatives dans l’organisation des élections. Il dissout le Sénat pour cause de réaffectation de son budget à la gestion des inondations de l’hivernage 2012. Ce qui lui ôte, par ailleurs la possibilité de caser ses partisans et autres alliés qui n’avaient pas trouvé de place dans le gouvernement ou à l’Assemblée nationale. Mais tout cela ne l’a pas empêché d’être pris dans le jeu des alliances politiques et n’a pas permis, on le verra plus tard de « réparer l’image de la politique ». Les élections législatives qui se tiennent trois mois après la présidentielle ne passionnent pas franchement les Sénégalais car seuls 37% des inscrits ont voté.
La coalition Benno Bokk Yakaar sort vainqueur. Dès le soir de sa victoire au deuxième tour de la présidentielle de 2012, Macky Sall, se révèle dans l’exercice du pouvoir, marqué par un seul souci, sa réélection pour un deuxième mandat. Son parti, l’APR n’est pas structurée. Le PDS, malgré son affaiblissement reste une force avec laquelle il faut compter. Les différents autres groupes qui se manifestent dans son entourage, y compris familial, revendiquent des agendas différents sinon opposés et en compétition. La rupture se fait attendre. Le mode clientéliste de gestion de pouvoir n’a pas disparu.
La nomination abusive de ministres-conseillers et l’élargissement du gouvernement, comme les audits engagés et qui tardent à aboutir sont de plus en plus dénoncés. Le parti prend le pas sur la patrie. L’APR truste toutes les positions de directions dans l’administration et les sociétés publiques et parapubliques. Les sinécures et le pillage des ressources financières dénoncés par les organes de contrôle sont sans effet, si ce n’est lui-même qui déclare « avoir mis le coude sur certains dossiers ».
Par petites touches, Macky Sall reconduit le modèle dont il a toujours revendiqué le démantèlement : il mène une politique de la fragmentation qui a des conséquences sur l’espace public, en particulier sur les partis politiques, remettant en cause, dans le même temps des stratégies de coalitions. S’installe par conséquent, une crise de leadership au sein du Parti socialiste, du PIT, de l’AFP et de la LD. Pour les réfractaires, une cavalerie administrative et judiciaire qui piétine tout sur son chemin est lancée et l’opposition est menacée d’être « réduite à sa plus simple expression ».
Les différences de traitement sont manifestes, selon que l’on membre du parti ou non, un droit qui n’est pas égal pour tous, parfois teinté d’humiliation, parfois de violence. Sans dire les pressions exercées sur les concernés par la politique dite de la « traque des biens mal acquis » il consacre publiquement la transhumance lors d’un conseil ministériel à Kaffrine en 2015 : « Un homme politique ne doit pas être rancunier, revanchard. Pourquoi ne devrais-je pas recevoir des gens du Pds ou d’un autre parti qui veulent intégrer l’Apr ? Je n’ai aucun problème à les recevoir ! La transhumance est un terme péjoratif qui ne devrait jamais être utilisé en politique parce qu’elle est réservée au bétail qui quitte des prairies moins fournies pour aller vers des prairies plus fournies. Selon les saisons, le bétail a besoin de se mouvoir. C’est vrai que c’est par analogie que les gens ont taxé les perdants qui vont vers les vainqueurs. Ça peut se concevoir mais le terme n’est pas acceptable. Nous avons tous la liberté d’aller et de venir, c’est la Constitution qui nous le garantit.
Ensuite, les acteurs politiques au Sénégal ne sont pas nombreux. Nous avons à peu près 5 millions d’électeurs sur 13 millions de Sénégalais ». Ce à quoi un observateur avait soufflé avec dépit : “Il a pour lui l’argent, la calculatrice, le coffre-fort et tous les hommes qui passent si facilement d’un bord à l’autre quand il n’y a à enjamber que la honte.” Peu à peu, il détricote la politique de passation des marchés. L’inclusion ou l’exclusion des prébendes aux ressources publiques deviennent dès lors, l’unique enjeu des activités politiques. On assiste à un contournement, voire un détournement des appareils de l’Etat mais elle correspond à des prises de position par rapport à ce dernier qui est concomitant à la reconstitution d’un Etat superpuissant flottant au-dessus de la société dans laquelle la parole libre devient suspecte. Il met fin aux fonctions officielles de quiconque se déclare contre son 3ème mandat. Sans en revendiquer l’héritage, il se vêt des habits de Abdoulaye Wade, relativement aux infrastructures, qu’on affichera à la fin de son mandat, sur le tableau des réalisations, que c’est l’élément le plus visible de son « bilan matériel ». Ce qui n’est pas faux. Face à l’indiscipline et au chantage au vote-sanction, le pays connait une inflation institutionnelle et administrative. La mise en place du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) est un exemple parmi d’autres, tandis que la patrimonialisation et la privatisation accélérées de l’appareil d’Etat suivent leurs cours. Aujourd’hui, il se dit que le patrimoine bâti de l’Etat, se réduit à une vingtaine de biens.
Première dame
Dans une « chronique de l’improviste » en date d’octobre 2016, le statut de l’épouse est posé. « Le texte de Monsieur Mody Niang publié (…) dans la presse pose clairement le cas du statut de ce qu’il est convenu d’appeler Première dame de la République. (…) En son temps. Madame Colette Senghor s’est distinguée par une discrétion, un mutisme, si ce n’était une mutité. Durant les années 1980-1990, (…) au plan politique (politicien), une campagne de désenghorisation est lancée. Elle n’a pas seulement pour objet, de trouver une nouvelle honnêteté à Abdou Diouf. Son épouse est également dans la propagande qui fit entendre à tous les Sénégalais que le Palais venait d’être occupé par (presque) d’authentiques Sénégalais (…) Après une décennie de silence, Madame Diouf opère sa mue, prononce un discours, est aux premiers rangs des fidèles lors de la visite du Pape Jean Paul II, sort de sous le couvert de la Fédération nationale de l’action sociale (Fnass).
L’histoire retient qu’en pleine période de préparatifs du 20ème anniversaire de cette fédération, Abdou Diouf trouve un prétexte pour le faire reporter. Deux mois après, la Fondation de son épouse était créée. Madame Diouf s’affirme alors comme actrice de la vie publique, notamment avec sa fondation Solidarité-Partage. A l’époque déjà, et plus encore après la chute du Président Diouf, des voix se sont élevées pour dire l’opacité qui entourait l’objet, son fonctionnement et sa gestion et ont rebaptisé la « Fondation Solidarité, Partage… du gâteau ». Les années 2000 seront celles de la Sénégalaise décomplexée, qui revendique sa part de légitimité dans la construction nationale, comme Viviane Wade réclame sa sienne dans le Sopi. (…). Exaltée par la victoire de son époux, elle sort du Palais, va faire son marché, participe à une marche pour protester contre les violences faites aux femmes, interpelle des soldats en partance pour le Congo en les mettant en garde contre les risques que des vendanges non protégées pourraient causer des récoltes sidéennes et précipite dans la nuit d’un tombeau, la Fondation de Madame Diouf. Elle crée l’«Association Education-Santé », fait construire un hôpital à Ninéfécha, administré par le ministère des Forces Armées.
Le ministère de la Santé de l’époque avait mis à sa disposition un personnel médical. Ce qui avait fait dire à un opposant de son présidentiel époux, non sans raison d’ailleurs : « En réalité c’est un président bis ». Maître Wade avait, quant à lui qualifié son épouse de « sa première opposition » (…). Quant à Marième Faye Sall, elle est décrite comme étant « cette femme qui s’était engagée sur le terrain politique aux côtés de son époux, participant à la mobilisation des électeurs, en pantalon jean et un T shirt à l’effigie du candidat, une casquette vissée sur la tête » Le couple qu’elle forme avec l’actuel président de la République, constitué de deux êtres nés après l’indépendance du pays, nous renvoie sa différence avec la vieille classe politique et son engagement « naturel » avec la rupture. Dès l’accession de son époux à la Présidence de la République, le ton est donné : elle, Sénégalaise bon teint, de père et mère, n’est pas venue d’ailleurs. Cette fois-ci (…), pas d’étrangère. Mais très vite, elle fait l’objet, à tort ou à raison d’alarme dynastique, entre faits de Première Dame, bon plaisir et esprit de cour. Sur son blog, il est inscrit : Marième Faye Sall, Première Dame du Sénégal- Blog officiel, mettant en exergue un lien privé qui donne un privilège public.
La Fondation elle-même, n’a ni site, ni blog. Ou s’ils existent, ils ne sont pas référencés. Quand ce n’est pas la société de Loterie nationale sénégalaise qui offre des ambulances à la « Fondation Servir le Sénégal » qu’elle a mise en place, «elle bénéficie de nombreux soutiens matériels et fi nanciers de mécènes qui cherchent peut-être le retour de l’ascenseur », selon Monsieur Baba Tandian, (…). Toutes ces Premières dames ont quelques points communs. A un moment ou à un autre du ou des mandats de leurs présidentiels époux, elles ont arbitré des querelles politiques, en faisant prévaloir leurs préférences e/ou leur détestation. Seule leur façon de faire est différente. Et c’est là où se situe le nœud du problème. Pas élues, (les électeurs votent pour un candidat et non pour un couple), elles ont plongé (hormis Madame Senghor), avec leur fondation ou association dans des domaines sociaux qui ne sont en rien liés à leurs trajectoires personnelles, mais dont une dynamique a pris forme en les faisant passer de l’effacement à une visibilité accrue grâce à leurs actions humanitaires ou sociales, leur octroyant un rôle politique manifeste.
L’objectif de leurs fondations, leur mot d’ordre est d’identifier les groupes vulnérables, de diminuer les souffrances, de dérouler une politique compassionnelle, s’arrimant ainsi dans cette niche sociale d’un Etat en ruine et d’une privatisation de la redistribution sociale. C’est là que se sont affirmées et continuent de l’être, les activités les plus symboliques et les plus politiques. Le départ du pouvoir du Président battu s’accompagne généralement d’une vague de rejet de l’épouse, qui juste avant l’élection perdue avaient subjugué par leur charme, leur générosité, leur simplicité. Dérivé du « First Lady » américain, le terme Première dame devient l’équivalent qui qualifie l’épouse du candidat sorti vainqueur de cette élection présidentielle, Macky Sall. (…). Cette évolution a contribué à façonner les frontières des sphère publique et domestique que chevauche le pouvoir politique, au point où des voix se sont élevées pour qu’une fonction politique officielle leur soit attribuée. Mais officielle ou pas pourra-t-on un jour dissoudre les humeurs d’une première dame dans une solution constitutionnelle ? ».
Marième Faye Sall a toujours nié la place centrale qu’elle a occupée dans la gouvernance de son époux. Malgré ses déclarations, elle a pesé de plus en plus lourd et son rôle s’est élargi au fil du temps. « Si nous sommes ministres, Matar Ba et moi, nous le devons à Marième Faye » avait lâché Mbagnick Ndiaye, nouvellement promu au ministère de la Culture. Elle a intéressé, elle a intrigué, elle a choqué ou impressionné, boulet pour les uns, atout charme pour les autres. Quelques mois avant la présidentielle de 2024, sa fondation est officiellement dissoute. Le couple Sall, aujourd’hui installé au Maroc, a laissé la place à un tout nouveau président de la République du Sénégal, élu et… polygame. Mais je m’égare…
Découvertes gisements de gaz et de pétrole
En 2014 surviennent les premières découvertes en hydrocarbures dans le pays. D’abord le gisement de Sangomar, qui promettait des revenus à hauteur de 24 milliards USD ensuite ceux de GTA en partage avec la Mauritanie, dont les retombées étaient évaluées à environ 15 milliards USD. Puis survient le scandale Petrotim avec le sulfureux homme d’affaires Frank Timis. Quand bien même le fin mot de cette histoire n’est toujours pas connu, le gouvernement a rendu public tous les contrats sur le pétrole et le gaz conformément à l’adhésion du Sénégal à l’ITIE. Outre les sociétés américaines et britanniques, Total jadis prudent arrive en 2017. Le major français paraphe un contrat avec l’État et se voit octroyer le bloc Rufisque Offshore profond, soulevant une grosse polémique ayant abouti au limogeage ou à la démission de Thierno Alassane Sall. Entretemps le retard de la production s’accumule. Les premiers barils qui devaient être chargés en 2022 puis en 2023 devront attendre au plus tôt, le troisième trimestre 2024.
Rapports avec l’opposition
Il n’y a pas de succès politique sans l’échec des concurrents ou des adversaires et surtout de ceux qui avaient été des amis ou mieux des « frères ». D’anciennes pratiques sont reconduites : l’utilisation politique de la CREI, à la condamnation de Karim Wade et de celle de Khalifa Sall, la défenestration de Nafi Ngom Keita de l’OFNAC qui s’est rendue coupable de se plaindre de ne pas avoir été reçue pour transmettre les rapports de son organisation. Karim Wade sera la première tête de turc de Macky Sall, dans la « traque des biens mal acquis » conduite par la Crei en mars 2013. Il disposait d’un mois pour justifier sa fortune que l’Etat estimait à 600 milliards de F Cfa. Le délai arrivé, il est écroué et condamné après deux ans, en mars 2015 à 6 ans de prison et à une amende de plus de 135 milliards. Le procès fut une véritable traversée du miroir qui finit par coiffer un prévenu impopulaire d’une couronne de martyr et de prisonnier politique victime d’un acharnement judiciaire.
Libéré en catimini en juin 2016, suite à une grâce présidentielle (alors qu’il réclamait un nouveau procès), il s’envole, avec l’obligation de ne plus venir à Dakar, en compagnie du procureur général du Qatar, envoyé par l’Emir en direction de Doha. Ce qui présageait une situation politique invalidante de sa participation à l’élection présidentielle à venir. En mars 2016, un référendum constitutionnel est organisé, comportant 15 points dont la participation de candidats indépendants à tous les types d’élections, la reconnaissance de nouveaux droits aux citoyens, la restauration du quinquennat pour le mandat présidentiel, l’élargissement des pouvoirs de l’Assemblée nationale quatre points allaient s’avérer capitaux à veille de la présidentielle de 2014 : la soumission au Conseil constitutionnel des lois organiques pour contrôle de constitutionnalité avant leur promulgation , l’augmentation du nombre des membres du même conseil, la désignation par le président de l’Assemblée nationale de deux de ses sept membres, l’élargissement des compétences du Conseil constitutionnel pour donner des avis et connaitre des exceptions d’inconstitutionnalité soulevées devant la Cour d’appel,
L'intangibilité des dispositions relatives à la forme républicaine, la laïcité le caractère indivisible, démocratique et décentralisé de l'État, au mode d’élection, à la durée et au nombre de mandats consécutifs du Président de la République. Khalifa Ababacar Sall, maire de Dakar, appelle à voter massivement non. Quelques mois après, en 2017, il est accusé de détournement de ce qu’on a appelé « la caisse d’avance », pour une valeur de 1,8 milliard. Il est condamné à cinq ans de prison et incarcéré, après avoir été révoqué de sa fonction de maire. Auparavant, son immunité parlementaire a été levée.
En mode fast track, il devient ni électeur, ni éligible. Ces partisans et avocats ont très vite dénoncé cette décision contre l’un des principaux opposants de Macky Sall qui devait briguer un second mandat en 2019. Karim Wade et Khalifa Sall ont été les victimes d’opérations de moralisation de la vie politique sénégalaise qui dissimulait mal des sentiments moins nobles relevant davantage du règlement de compte.
Le deuxième mandat
A l’élection de 2019, Macky Sall en sort vainqueur dès le premier tour, devançant Idrissa Seck et Ousmane Sonko. Si Idrissa Seck a été étrangement muet après cette élection, Ousmane Sonko, n’a pas hésité à réserver ses critiques et railleries aux petits et grands cénacles, lapidant de lazzi Macky Sall en place publique, qu’il réduisait en dictateur et qu’il menaçait d’occire comme Samuel Doe. Ses contestations étaient permanentes et avaient trouvé écho parmi de grandes franges de la population, particulièrement chez les jeunes, toujours habile de prendre l'opinion à témoin, la ranger du côté de sa bonne foi apparente, de sa victimisation, sinon de son bon droit. Sa force, celle de son parti et de ses animateurs, a certainement résidé dans leur capacité à incarner une nouvelle figure de la politique qui replace, l’honnêteté, l’engagement, le patriotisme et la citoyenneté au cœur des récits et imaginaires d’une part importante de la jeunesse. S’il est sans doute encore trop tôt pour évaluer les effets profonds de ces manières de se dire et de se penser dans l’espace social elles semblent néanmoins renouveler, sans nécessairement les épuiser, les formes d’inscription de la jeunesse dans le champ politique et social depuis l’indépendance.
En janvier 2018, un massacre est perpétré dans la forêt de Bayotte en Casamance. Le gouvernement prend des décisions quant à l’exploitation (illicite) de bois. Le MFDC a été le premier suspect des médias et du gouvernement. Puis des soldats sénégalais ont été retenus en otage. Il n’en fallait pas plus, pour que Macky Sall, Chef suprême des Armées fasse bombarder les bases des rebelles et quand il déloge Yaya Jammeh, obligé de s’enfuir en Guinée équatoriale, cela tient plus du style de commando que d’une négociation diplomatique. L’épidémie de la Covid en février 2020 fait enregistrer une hécatombe sur le plan humain et met à nu, les fragilités système sanitaire et plus tard, au plan de la gestion des ressources financières qui avaient été affectées pour l’endiguer. Les restrictions qu’imposaient les risques sanitaires obligent les Sénégalais d’observer un couvre-feu, qui lui, un soir, n’a pas été respecté par Ousmane Sonko qui s’est vu accusé de viol par une jeune dame officiant dans le salon de beauté où il allait se faire masser pour calmer ses douleurs lombaires qu’il ressentait depuis sa tendre enfance. Un imbroglio s’ensuit. Tout le monde accuse tout le monde : viol, complot, subornation de témoins…
Sa convocation en mars 2021, au tribunal met le feu aux poudres. Ses partisans, convaincus que l’Etat de Macky Sall veut lui faire subir le même sort que celui de Karim Wade et de Khalifa Sall, parce que non formel investissent la rue et tentent de l’empêcher d’aller répondre au juge qui l’avait convoqué. La réplique des forces de l’ordre est ferme, la riposte l’est tout autant. Plus d’une soixantaine de morts que les deux camps font porter chacun à l’autre, des biens publics et privés pillés ou saccagés. Du côté de la présidence de la République, c’est le mutisme face au bilan de la violence. Macky Sall donne l’impression de compter sur la peur d’une situation chaotique et violente qui pourrait jouer dans l’essoufflement progressif des mobilisations. Il n’en a rien été.
En réaction, l’Etat prend des mesures drastiques contre un discours violent, et qualifie les manifestants et leurs chefs de terroristes, mus par des forces occultes. D’autant que les médias locaux et étrangers, les réseaux sociaux, contribuent à alimenter l’image d’un pays à feu et à sang. Les élections législatives organisées en janvier 2022, ont vu l’Assemblée nationale être configurée autrement que ce que les résultats des législatives avaient donné depuis l’indépendance : un presqu’équilibre entre le nombre de députés de la coalition de la majorité et celle de l’opposition.
A l’ouverture de cette 14ème législature, on assiste à une impression de déliquescence, un cirque dans lequel chaque acteur s’est efforcé d’enfoncer un clou de plus dans le cercueil de la démocratie. Il y a eu le spectacle offert par les nouveaux députés, les insultes, les suspensions de séances, la transformation des élus du peuple en acteurs tik tok, et une ceinture de gendarmes protégeant l’urne pour que le vote puisse se tenir. Cette opération se répètera plus tard. Le 1er juin 2023, le verdict tombe, du procès opposant Adji Sarr qui avait accusé Ousmane Sonko de viol : corruption de la jeunesse. Les manifestants réinvestissent la rue, la violence refait surface, des nervis sont utilisés de part et d’autre, les pillages reprennent. On compte des morts, dont les plus emblématiques sont deux filles brulées dans un véhicule de transport en commun.
En réaction, l’Etat emprisonne à tout va. Manifestants ou soupçonnés tels. Les prisons sont surchargées de « terroristes et d’indépendantistes », plusieurs cadres du Pastef emprisonnés ou affublés d’un bracelet électronique, Ousmane Sonko est condamné par contumace, et le Pastef dissout. Plus tard, il sera emprisonné dans le même temps son éligibilité et son droit d’électeur. Macky Sall, évasif ou muet sur son éventuelle candidature à un 3ème mandat, fait réagir l’opposition à qui on peut tout reprocher sauf de manquer d’imagination dans les choix de création de collectifs, et ce, jusqu’à la veille de l’élection et que Macky Sall, après avoir déclaré sa non-candidature le 3 juillet 2024, s’est mis en tête de se raviser et développe des stratégies spécieuses pour faire reprendre le processus électoral. Pendant trois ans, des coalitions de l’opposition se sont succédé, bâties par les mêmes hommes et femmes, et souvent avec le socle discursif. Nous avons eu droit à toutes les compositions politiciennes d’hommes et de femmes qui sensiblement ont des parcours et des partis divergents mais savent faire front au nom d’intérêts propres.
Le tout entretenant un combat entre deux hommes. Ousmane Sonko en prison, se résout à faire de Bassirou Diomaye Faye, le candidat de Pastef et de la coalition qui le soutient, après avoir porté son choix sur Habib Sy, dont la candidature avait été validée par le Conseil Constitutionnel, suite au parrainage des élus. Cheikh Tidiane Dièye lui, passé le tamis des parrainages, dont la candidature elle aussi a été validée par le Conseil constitutionnel, renonce à sa candidature. Habib Sy en a fait de même.
Décisions refusées par le Conseil Constitutionnel. Du côté de la coalition au pouvoir, « le choix de raison » porté sur Amadou Bâ, fit naître des contestations reposant sur le fait « qu’il n’avait pas une légitimité historique ». Les protestataires opèrent une intensification et une radicalisation contre ce choix, soutenus par Macky Sall aveuglé par une haine qui ne veut pas dire son nom, qui leur souffle à l’oreille, parfait connaisseur des méandres de la politique politicienne, dans une cacophonie favorable à toutes sortes de manœuvres, fait ouvrir les portes de la prison à ces centaines de manifestants « pro Pastef », et suite à ce qu’il convient d’appeler aujourd’hui, le «Protocole du Cap Manuel », choisit d’amnistier Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye qui recouvrent la liberté. Comme Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, les deux mandats de Macky Sall ont été traversés par Farba Ngom, son griot, dont on dit qu’il avait le pouvoir de faire ou défaire des carrières.
Député et maire, il est nommé secrétaire national de l’Apr, chargé de l’organisation et de la mobilisation. Sa richesse, il la doit à son travail et aux transactions immobilières qu’il opère depuis plus de 20 ans, dit-il. Gent d’arme oral pour Macky Sall, il a été pendant tout le temps à ses côtés, un personnage clivant. La campagne électorale se tient en 10 jours au lieu des 21 prévus par la loi. Macky Sall organise un dialogue boudé par les candidats validés. Dans une saute d’humeur, il lance, « mon départ, du pouvoir, c’est le 2 avril. J’en ai assez ».
Au soir du 24 février, Bassirou Diomaye Faye gagne l’élection, au premier tour, avec 54% des suffrages exprimés. Aucun recours n’a été porté. C’est dans cette conjoncture qu’il faut lire le futur du Sénégal. On dit que le premier mandat d'un Président de la République lui permet d'imprimer sa marque, et que le deuxième contribue à préparer sa place dans l'Histoire. Le nouveau pouvoir est-il capable de bâtir de nouvelles formes d’interventions politiques et d’alliances pour promouvoir la rupture promise depuis 2000 ? D’autant plus que cette génération est la plus à même de trouver un langage qui lui est propre, pour enfin cesser d’être une héritière. Au passage, certains observateurs, analystes, de la scène politique, écrivent ou disent qu'il faut cent jours pour réussir. Mais que ces cent jours ne se situent pas à la fin mais au début d’un quinquennat.
QUAND LE SÉNÉGAL RACHÈTE SON DÛ
Comment les biens du premier président du Sénégal ont été mis en vente par une gouvernante française anonyme ? Qu’est-ce que les autres présidents du Sénégal ont fait des largesses et gratifications reçues au nom de la République ?
Les cadeaux offerts aux Présidents dans l’exercice de leurs fonctions se sont invités à deux reprises dans l’actualité sénégalaise. D’abord, il y a eu les cadeaux reçus par le Président Bassirou Diomaye Faye à Touba et à Tivaouane. Puis, il y a eu la mise en vente de la bibliothèque de Senghor. Comment les biens du 1er Président du Sénégal ont été mis en vente par une gouvernante française anonyme ? Qu’est-ce que les autres présidents du Sénégal ont fait des largesses et gratifications reçues au nom de la République ? Quels sont les efforts déployés par le Sénégal pour conserver son patrimoine et son intégrité ? Bés bi revient sur ce qu’il advient des cadeaux présidentiels.
Février 1967. Le Président Senghor effectue une visite officielle au Caire où il est reçu par son homologue égyptien Gamal Abdel Nasser. Au cours de cette visite, le Président-poète est amené à prononcer un discours sur «la négritude et l’arabité» à l’Université du Caire. Pour mieux sceller l’amitié entre les deux peuples et honorer son hôte de marque, l’Egypte lui décerne l’une de ses plus prestigieuses distinctions : L’Ordre du Nil. Il s’agit d’un collier en or 18 carats comportant des symboles de l’Egypte antique. Plus de 50 ans plus tard, ce collier s’est retrouvé entre les mains d’une française parente de l’épouse du Président Senghor. Le collier faisait partie d’une collection de 41 objets ayant appartenu à Senghor et qui devaient être vendus aux enchères par la dame dont l’identité n’est pas révélée. Outre le collier du Caire, il y avait aussi un collier de l’Ordre remis par l’Arabie Saoudite, des médailles remises par l’Espagne et la Finlande, une médaille en métal doré du Festival des arts et de la culture, un stylo en or, etc. Autant d’objets qui ne revêtaient pas une valeur particulière pour elle en dehors de leur coût financier. Pour le Sénégal, cette collection est un pan de son patrimoine national qui n’aurait jamais dû se retrouver en Normandie.
Le patrimoine de Senghor revient à son épouse à son décès
Les cadeaux offerts aux présidents dans l’exercice de leurs fonctions sont en effet considérés comme étant une propriété du pays devant être gardée dans ses musées et non bradée sur la place publique. En octobre 2023, le Sénégal a dû débourser 240 000 euros (161 millions de francs CFA) pour s’adjuger un dû. Comment le patrimoine du 1er Président du Sénégal s’est-il retrouvé entre les mains d’une française anonyme ? Après avoir quitté la Présidence en 1980, Senghor s’est installé à Verson en Normandie dans une résidence bourgeoise appartenant à son épouse Collette Senghor. Le couple soudé par un amour fusionnel et le chagrin d’avoir perdu leur unique enfant y mène une existence paisible faite d’études, de poésie et de promenades en campagne. A son décès en 2001, un seul des enfants de Senghor est encore vivant. Il s’agit de son ainé FrancisArfang Senghor, 76 ans, né d’une précédente union et qui serait confronté à des problèmes psychiatriques. Le patrimoine du défunt revient donc à l’épouse.
Un pan du patrimoine du Sénégal légué à la ville de Verson et à des parents de Colette Senghor
Affectée par le deuil et plus tard la maladie, Colette Senghor a de plus en plus de mal à entretenir la demeure et ce qu’elle abrite de mobilier, d’objets de valeurs, d’œuvres d’art, d’archives, de livres, etc. Dès 2004, elle s’engage à léguer ses biens à la commune de Verson à condition que la maison soit accessible au public. Marché conclu. Mais entretemps, les archives se dégradent et il devient urgent d’agir. En 2015, la ville vote un budget de 180 000 euros (117 millions FCFA) destiné à dépoussiérer, restaurer et conserver les archives du Président. Le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne est d’ailleurs impliqué dans ce travail titanesque. Pour le maire de Verson, cette collection a une valeur inestimable : «Nous avons ouvert des caisses et des caisses d’archives ! Certaines comprennent notamment des photos, où M. Senghor pose avec Gandhi, Kennedy, la Reine d’Angleterre, etc… C’est un homme qui a traversé les siècles!», relate-t-il à Normandie Actu. Colette Senghor décède finalement en 2019. Son patrimoine qui inclut aussi celui de Senghor est partagé en deux. Une part considérable dont la maison revient à la ville tandis que l’autre part est reversée à sa sœur. Les 41 objets rachetés par le Sénégal faisaient partie de la collection léguée à la sœur décédée deux ans après. Les biens sont par la suite revenus à la gouvernante de Mme Senghor, nous renseigne Sally Alassane Thiam, Directeur d’Afrique Patrimoine. Les cabinets chargés de la vente ne révèlent cependant pas l’identité de la vendeuse pour préserver son anonymat. A noter qu’auparavant, un tableau d’art acquis par Senghor en 1956 a été légué à la sœur de son épouse qui l’a légué à une amie. Le tableau signé Pierre Soulages a été vendu aux enchères en 2023 pour la somme de 1,5 millions d’euros (près de 1 milliards de FCFA).
Le Sénégal hérite de la dépouille de Senghor en attendant sa bibliothèque
22% de la somme versée par le Sénégal est revenue aux cabinets français de commissaires-priseurs qui ont procédé à la négociation et à la vente. On est face au même schéma avec la vente de la bibliothèque que le Sénégal est en train de négocier. Il s’agit de 340 œuvres comportant des dédicaces à l’honneur de Senghor. Le catalogue de vente consulté par le journal Le Monde renseigne sur le prix des livres estimé entre 10 et 40 euros chacun (entre 5000 et 20 000 FCFA). Les 41 biens acquis en 2023 ont été attribués au Musée Senghor et au Musée des Civilisations noires. La bibliothèque pourrait connaitre le même sort, si le Sénégal parvient à l’acquérir. Il ne s’agit pas dans ce cas-ci de restitution d’œuvres africaines pillées mais de rachat d’un patrimoine culturel délibérément offert par le Président Senghor et son épouse. Dans le testament de Senghor, la part qui revient au Sénégal est sa dépouille inhumée au Cimetière de Bel-Air et rejointe près de 20 ans plus tard par celle de son épouse. Le couple est réuni pour l’éternité au Sénégal. En attendant d’être rejoint par son patrimoine ?