Ce vendredi, l’émission Jakaarlo de la Tfm était attendue plus que d’habitude, notamment avec l’emprisonnement de son chroniqueur Badara Gadiaga. Mais aussi, pour la sortie de Ousmane Sonko qui a promis de combattre la Tfm appelant ses hommes à ne pas s'y présenter. Bouba Ndour, responsable de ladite télé et producteur de l’émission, a porté la réplique à travers un puissant message.
Par Mbaye Sarr DIAKHATÉ
PRODUCTION DE PETROLE ET ACTIVITES DE PECHE : UN BAIL DE COHABITATION FORCEE EN HAUTE MER !
L’étude des impacts des activités d’exploration et de production pétrolière offshore au Sénégal sur la pêche révèle des relations heurtées entre deux secteurs cohabitant avec des intérêts divergents.
L’étude des impacts des activités d’exploration et de production pétrolière offshore au Sénégal sur la pêche révèle des relations heurtées entre deux secteurs cohabitant avec des intérêts divergents.
Mais cette cohabitation est forcée au regard de l’intérêt vital de ces deux secteurs de l’économie nationale. Souvent pointées du doigt par les communautés de pêcheurs, les activités offshores dans le secteur pétrolier au Sénégal sont néanmoins encadrées par des mesures strictes pour en limiter leur impact, notamment sur la pêche et la biodiversité marine. Une palette de mesures et d’actions, dont la communication avec les pêcheurs, la délimitation précise des zones, le respect des distances de sécurité et la surveillance attentive constituent les piliers de la gestion de ces activités. Bien que les incidents majeurs soient rares, les communautés de pêcheurs continuent de dénoncer l’occupation par les activités de production des zones jugées plus poissonneuses comme la roche de Diattara, au large de Saint-Louis, domaine du hub gazier de Gta.
La compatibilité entre pêche et activités pétrolières est possible avec une gestion rigoureuse, une communication claire et un respect strict des zones d’exclusion, permettant une coexistence bénéfique pour les deux parties. C’est pourquoi les activités pétrolières offshores (en mer) tout comme onshores (à terre), organisées dans le temps et l’espace, exigent des mesures de sécurité et de protection des périmètres. La production d’hydrocarbures, en cas de découverte commerciale, peut durer plusieurs années (25 ans en prévision dans les Crpp au Sénégal.) Cette activité est précédée de travaux contractuels d’explorations (campagne de sismique et de forage). La première étape, c’est la campagne sismique, qui peut durer de 6 mois à 2 ans, avec une superficie pouvant atteindre 10.000 km², selon la zone ciblée.
La sismique est suivie du forage qui peut durer de 1 à 3 mois par puits, avec une superficie couverte par plusieurs puits allant de 5 km² à 160 km², en fonction de l’étendue du gisement et du plan de développement. En cas de découverte, la phase de développement du champ requiert la construction d’installations telles que Fpso (Floating production storage and offloading), de terminal gazier et un système de réseaux sous-marin (tuyaux, risers, etc.). Il faut préciser que la zone d’un champ de production n’est pas fixe, elle est extensible et évolutive au fur et à mesure que le projet progresse, surtout lors de la foration de plusieurs puits selon la capacité du réservoir. Pour les phases de développement, des périmètres autour des puits ou installations sont délimités pour des raisons de sécurité et pour éviter les accidents. La taille des zones d’exclusion varie selon les étapes. Les forages de développement peuvent aussi occasionner l’instauration de nouvelles zones d’exclusion spécifiques autour des puits, souvent mobiles, afin de sécuriser le périmètre contre les risques opérationnels.
Après la fin des campagnes ou des activités, le périmètre peut redevenir accessible sauf en cas de nouvelles opérations nécessitant une délimitation sécuritaire. Les zones d’exploration et de production sont délimitées en tenant compte de la protection de la faune marine, via des pré-études d’impact acoustique. Par ailleurs, des zones d’alerte (500 m) et d’exclusion (1,5 km) sont délimitées durant la campagne sismique. Ces mesures visent à limiter le risque pour la faune tout en permettant la poursuite des activités. Les opérateurs mise sur la communication et l’information préalable des pêcheurs qui sont essentielles pour éviter des accidents ou des nuisances. Les pêcheurs sont généralement avertis à l’avance des campagnes sismiques ou des autres activités à venir, ce qui facilite leur coexistence. Mais toutes ces mesures et actions n’ont pas tempéré les ardeurs des communautés de pêcheurs qui réclament des mesures compensatoires de perte de profit et la création de récif artificiel comme promis.
Par Daouda MANE
L’INQUIÉTANTE HAUSSE DE LA CONSOMMATION DES DROGUES
L’Afrique connaît une hausse de la consommation de drogues et une expansion des réseaux criminels. L’information est de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc)
L’Afrique connaît une hausse de la consommation de drogues et une expansion des réseaux criminels.
L’information est de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc). (Rapport mondial sur les drogues 2024 publié sur le site web de l’Onudc : https://www.unodc.org/unodc/en/data-and-analysis/world-drug-report-2024....). Ledit document montre qu’en 2022, 30 millions de personnes auraient consommé des amphétamines en 2021 dans le monde, même si, précise l’Onudc, « le cannabis reste la principale drogue qui fait l’objet d’achats, de trafic et de consommation en Afrique ». Depuis le début des années 2000, le continent est de plus en plus utilisé comme zone de transit pour des drogues comme la cocaïne, l’héroïne ou la méthamphétamine.
La cocaïne en provenance d’Amérique latine et à destination de l’Europe transite par l’Afrique de l’Ouest et du Nord, tandis que l’héroïne en provenance d’Asie du Sud-Ouest et à destination de l’Europe transite par l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe, et la méthamphétamine est acheminée depuis l’Asie du Sud-Ouest vers l’Afrique australe et l’Afrique de l’Est pour être consommée sur place ou réexportée, principalement vers l’Asie de l’Est et du Sud-Est. Le pire, c’est que les drogues qui transitent par l’Afrique sont maintenant proposées sur les marchés locaux. La région ouest-africaine est passée d’une simple zone de transit à une zone de forte consommation de drogues. Amado Philip de Andrés, responsable de l’Onudc à Dakar, alertait déjà en 2022 sur le phénomène. « Avant, nous observions qu’entre 5 % et 8 % de la cocaïne qui transitait par la région restait sur place. Aujourd’hui, ce taux est passé à 10 %, voire 17 %. Cela indique qu’une base de consommateurs se développe au niveau régional et c’est une grande source d’inquiétude », disait-il. Au Sénégal, 2.605,16 kg de cocaïne ont été saisis en 2024 par les unités douanières sur l’ensemble du territoire et incinérés dans les fours de la Sococim. La contrevaleur totale de la drogue incinérée est évaluée à plus de 208 milliards de FCfa. (https://www.douanes.sn). Ce chiffre est révélateur.
Mais qui connaît réellement la quantité de drogues ayant circulé et échappé à la vigilance des Forces de défense et de sécurité (Fds) dans notre pays ? Par exemple, dans le Bignona, ce sont des hectares de champs de cannabis que l’Armée cherche désespérément à faire disparaître. Le cannabis qui, d’après l’organisation onusienne (Onudc), « reste l’une des drogues les plus nocives sur le continent » et demeure « la drogue pour laquelle le nombre de personnes admises en traitement est le plus élevé ». Outre le cannabis, différents types de drogues (cocaïne, héroïne, méthamphétamine, entre autres) se retrouvent sur nos marchés locaux, favorisant la forte consommation, notamment chez les jeunes. En tout cas, ils sont nombreux, les cas d’overdose chez les jeunes révélés par la presse dans notre pays.
En effet, l’implication de plus en plus de jeunes dans la consommation de drogues est attestée par plusieurs études. D’après le Dr Karim Diop, Sg du Centre régional de recherche et de formation à la prise en charge de Fann (Crcf), « la jeunesse est de plus en plus impliquée dans la consommation de drogues ». (Cf. Scidaf 2024 : Sciences sociales et drogues en Afrique francophone). Quant au Dr Jean Augustin Diégane Tine, chef de la Division santé mentale au ministère de la Santé et de l’Action sociale en 2021, son rapport a révélé que le nombre de patients reçus dans les structures psychiatriques et addictologiques durant l’année 2021 pour un motif de consultation de consommation de drogues est de 6.607 patients. Comparativement à 2020, il y a eu un bond significatif de plus de 3.562 patients. Les caractéristiques sociodémographiques des patients montrent que les hommes étaient majoritaires à 82,5 %.
Les célibataires représentaient 70,06 %. Plus grave, ce sont les patients âgés de 20 à 24 ans chez qui la consommation de substances psychoactives a été la plus retrouvée. (Cf. Rapport national sur la prise en charge des usagers de drogues et d’alcools au Sénégal. Année 2021). Faut-il rappeler que cette forte consommation de drogues a des conséquences à la fois sociales et économiques. En effet, du commerce illicite de drogues ne résulte que souffrances : violences familiales, stigmatisation, discrimination, augmentation de la criminalité, mise à rude épreuve du système de santé publique. L’Onudc estime à 64 millions le nombre de personnes souffrant de troubles liés à l’usage des drogues dans le monde en 2022.
Par Abdoulaye DIALLO
SONKO FACE AU KO MEDIATIQUE
Les dérapages verbaux, les injures et les violences se poursuivent sans relâche sur nos plateaux de télévision. Et la vraie question que tout le monde doit désormais se poser est la suivante : où va le Sénégal ?
Les alertes et autres recadrages n’ont manifestement rien changé. Les dérapages verbaux, les injures et les violences se poursuivent sans relâche sur nos plateaux de télévision. Et la vraie question que tout le monde doit désormais se poser est la suivante : où va le Sénégal ?
Où ces dérives quotidiennes dans nos médias nous conduisent-elles ? On pensait avoir tout vu, tout entendu. Eh bien non. Les incidents médiatiques de la semaine dernière dépassent l’entendement, interrogent notre modèle démocratique et mettent à rude épreuve notre vivre-ensemble. Tout commence le vendredi 4 juillet au soir, dans une émission télé. Une scène pour le moins surréaliste s’y déroule : des débatteurs déchaînés, s’invectivant et se livrant à des échanges d’une rare virulence. Le lendemain, deux journalistes issus de médias réputés sérieux se sont eux aussi illustrés par des prises de parole choquantes. L’un, coutumier du fait, a exprimé un mépris flagrant à l’encontre du Premier ministre, dans un bloc d’informations que l’on pourrait ironiquement rebaptiser « Les railleries folles du matin ».
Le second, réagissant à cette sortie, a appelé le tandem Sonko-Diomaye à adopter une ligne dure, allant jusqu’à recommander des méthodes répressives – dans la lignée de celles employées sous Macky Sall – pour faire taire les médias critiques vis-à-vis du régime. Une telle posture est absurde, antidémocratique, et en complète contradiction avec les principes et valeurs longtemps portés par une démocratie majeure comme la nôtre. À cela se sont ajoutées des convocations précipitées à la Division spéciale de cybercriminalité (Dsc), entraînant une vague de réactions politiques. Nombre d’acteurs en ont profité pour cibler le gouvernement, brandissant des expressions désormais bien rodées : « menace sur la liberté d’expression », « pouvoir totalitariste », « dérives autoritaires », « dictature rampante ». Un seul accusé ressort systématiquement, omniprésent dans les discours : Ousmane Sonko.
Même lorsqu’un simple militant, au fin fond d’un village, entre en conflit avec un autre citoyen, c’est encore Sonko qui se retrouve mis en cause. L’homme est devenu l’empêcheur de tourner en rond, celui qu’il faudrait absolument faire tomber pour exister politiquement et se tailler une place sous le soleil du Sénégal. Mais le président du Pastef, en homme avisé, semble avoir compris le piège. Lors de sa dernière allocution, jeudi dernier, il a clairement indiqué qu’il sait ce qui se trame. Contre lui. Contre Diomaye. Mais surtout contre le Projet : « Ils me visent, mais en réalité, c’est le pouvoir qu’ils veulent. Dès qu’ils en auront fini avec moi, ils s’en prendront à Diomaye ». Dans un moment aussi crucial de la vie nationale, avec les réformes annoncées et la possibilité d’un nouveau départ, le Premier ministre a donc raison de demander aux militants de se constituer en rempart, de se soutenir mutuellement, sans jamais perdre de vue l’objectif : transformer la structure économique du Sénégal et œuvrer au bien-être de ses citoyens.
Un objectif difficilement atteignable dans un pays devenu un amphithéâtre à ciel ouvert, en proie à un désordre constant, multipliant les dérives, sans qu’aucune autorité ne lève le doigt pour dire : stop, ça suffit. Et c’est précisément toute la portée du dernier discours du Premier ministre Sonko : il marque la fin de la récréation et appelle au travail, au respect des engagements pris devant le peuple sénégalais. Il ne s’agit pas d’instaurer une police de la pensée, mais bien de faire régner l’ordre tout en garantissant l’exercice des droits et libertés dans un État debout, digne et libre.
OUSMANE CHIMERE DIOUF VA QUITTER LA PRESIDENCE DE L’UNION DES MAGISTRATS DU SENEGAL
L’actuel président, arrivé au terme de ses deux mandats successifs, cédera officiellement sa place le 9 août prochain, à l’occasion de l’Assemblée générale de l’organisation.
L’Union des magistrats du Sénégal (UMS) s’apprête à tourner une page importante de son histoire. L’actuel président, Ousmane Chimère Diouf, arrivé au terme de ses deux mandats successifs, cédera officiellement sa place le 9 août prochain, à l’occasion de l’Assemblée générale de l’organisation.
Cette échéance marquera le renouvellement de l’instance dirigeante, avec la désignation d’un nouveau président et, potentiellement, une redéfinition des orientations de l’Union dans ses relations avec les pouvoirs publics.
Selon Les Échos, dans son édition du samedi 12 juillet, l’Assemblée générale permettra également au président sortant de présenter un bilan exhaustif de ses mandats, en exposant les acquis et en évoquant les perspectives à venir pour l’UMS.
LA CHAMBRE DE COMMERCE AMERICAINE S’ENGAGE POUR DES INVESTISSEMENTS AU SÉNÉGAL
Mercredi dernier, au deuxième jour de sa visite officielle à Washington, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a été reçu à la Chambre de commerce des États-Unis, la plus influente organisation patronale au monde
Mercredi dernier, au deuxième jour de sa visite officielle à Washington, le Président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a été reçu à la Chambre de commerce des États-Unis, la plus influente organisation patronale au monde.
Le chef de l’État y a présenté une vision ambitieuse et souverainiste du développement économique du pays, fondée sur l’investissement productif, la coopération équitable et la création d’emplois durables. Un message qui semble avoir été bien perçu par ses hôtes. Si la rencontre avec l’ancien président Donald Trump a été la plus médiatisée, celle avec la Chambre de commerce américaine, bien que moins évoquée, est certainement celle dont les retombées s’annoncent les plus prometteuses. Pour le président Faye, il s’agissait d’une étape clé de sa visite de travail, consacrée au renforcement de la diplomatie économique sénégalaise et à l’ouverture de nouveaux canaux d’investissement avec les États-Unis. Accueilli au siège de cette institution consulaire, il a de nouveau exposé sa vision ambitieuse et souverainiste du développement, fondée sur l’investissement productif, la coopération équitable et la création d’emplois durables.
C’est à l’occasion d’une table ronde de haut niveau, réunissant une trentaine de dirigeants de groupes américains de premier plan, que le président Faye a déroulé les grandes lignes de sa stratégie économique. Il a rappelé que le secteur privé constitue un moteur de croissance et de création de richesse, à condition de bénéficier d’un cadre réglementaire incitatif et sécurisé. « Le Sénégal est un pays stable, démocratique, avec une gouvernance que nous rendrons toujours plus transparente pour attirer des investissements à fort impact », a-t-il affirmé dans son discours. Il a ainsi annoncé une série de réformes en cours, notamment la révision des codes des investissements, des douanes et des impôts, destinées à éliminer les lenteurs administratives et à améliorer le climat des affaires.
Cap sur des partenariats stratégiques dans les secteurs clés Porté par une volonté de transformation structurelle, le chef de l’État a mis en avant plusieurs secteurs prioritaires dans lesquels le Sénégal offre des opportunités d’investissement majeures : énergie et transition énergétique, agro-industrie et sécurité alimentaire, infrastructures durables, économie numérique et innovation, exploitation maîtrisée des ressources naturelles – notamment le gaz et le pétrole. À ce titre, il a évoqué les projets en cours avec la société américaine Kosmos Energy, partenaire sur le champ gazier Grand Tortue Ahmeyim, partagé avec la Mauritanie, ainsi que sur le développement du champ Yakaar-Teranga, actuellement en quête d’un troisième partenaire.
Il a également invité les entreprises américaines à explorer les blocs pétroliers encore disponibles, ainsi que les ressources minières stratégiques du pays : fer, or, zircon, phosphate, ou encore uranium. Insistant sur la nécessité de « dépasser le paradigme de l’aide », le président Faye a clairement exprimé sa volonté de bâtir des relations économiques fondées sur la réciprocité et l’intérêt mutuel. Il s’est ainsi inscrit dans la doctrine américaine du « Trade, not Aid » (du commerce plutôt que de l’aide), souvent reprise par le président Trump. « Vous avez l’expertise et les moyens, nous avons les opportunités. Faisons un deal ! Travaillons ensemble dans un partenariat gagnant-gagnant », a lancé le président, dans un ton résolument pragmatique.
Publication d’un guide d’investissement entièrement dédié au Sénégal
Cette vision a été bien accueillie par les représentants du secteur privé américain, séduits par la clarté du cap sénégalais. Dans la foulée, la Chambre de commerce américaine a annoncé la prochaine publication d’un guide d’investissement entièrement dédié au Sénégal – un outil conçu pour faciliter l’entrée de capitaux américains sur le marché sénégalais. En marge de la table ronde, le président Faye a également rencontré Christopher Landau, Secrétaire d’État adjoint et président du conseil d’administration de la U.S. International Development Finance Corporation (Dfc), principal levier financier du gouvernement américain pour soutenir le développement international.
M. Landau a salué l’approche sénégalaise, fondée sur la stabilité, la transparence et l’inclusion économique, et a réaffirmé l’engagement de la Dfc à accompagner les projets sénégalais à fort impact social et économique. Tous ces efforts s’inscrivent dans la feuille de route du gouvernement sénégalais, déclinée à travers le plan stratégique 2024-2035 et le plan quinquennal 2025-2029, qui constituent les instruments de mise en œuvre de la Vision Sénégal 2050. Cette dernière vise à faire du Sénégal un pôle économique de référence en Afrique de l’Ouest, tout en préservant sa souveraineté économique. « Le Sénégal est prêt à parler d’égal à égal avec ses partenaires », a insisté le président, invitant les entreprises américaines à participer au prochain Forum Invest in Senegal, prévu les 7 et 8 octobre 2025 à Dakar.
par Amadou Thiourou Barry
LE SABRE, LA PAROLE ET LE VIDE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le Premier ministre semble s’être donné pour mission non pas de gouverner, mais de purifier la République. La pluralité le dérange, la critique l'irrite, la nuance l'effraie. Pendant ce temps, les défis réels du Sénégal s’accumulent
Il brandit la parole comme on dégaine un sabre. Tranchante, implacable, circulaire. Chaque phrase d’Ousmane Sonko est une estocade. Mais à force de fer et de fureur, que reste-t-il sous la cuirasse ? Un homme en guerre contre tout ce qui n’est pas lui, contre les institutions, contre la presse, contre la société civile et désormais, contre le président même qu’il a pourtant contribué à porter au pouvoir. Le 10 juillet 2025, encore, le Premier ministre est monté à l’assaut. Il a parlé longtemps, il a parlé fort. Et ce que l’on entend dans ce long torrent de colère n’est en rien une vision. C’est un vide. Un vide sidéral, couvert de mots, de menaces, de reproches. Un vide qui n’aspire qu’à dominer.
Depuis plusieurs mois, le Premier ministre semble s’être donné pour mission non pas de gouverner, mais de purifier la République à sa manière. Il dénonce, il accuse, il menace. Il ne construit pas, il récite une liturgie d’exclusion. Magistrats, organisations de la société civile, partis d’opposition, journalistes, et même le président qu’il accompagne : tous sont tour à tour suspects, traîtres ou lâches. Son discours du 10 juillet, d’une virulence inédite, aura au moins eu le mérite de confirmer ce que beaucoup avançaient : cet homme ne veut pas discuter, il veut dominer.
Mais dominer quoi ? Des silences contraints ? Des débats bâillonnés ? Des citoyens tétanisés par le feu de la rhétorique ? À force d’invectives, de jugements péremptoires, de menaces, voilà qu’il rêve d’une loi pour tarir toute influence étrangère dans la société civile. Il ne veut pas les encadrer, il veut les faire taire. En creux, c’est l’aveu d’un malaise. La pluralité le dérange, la critique l'irrite, la nuance l'effraie. Il entend gouverner un peuple à genoux. Et pourtant, comme l’écrivait Césaire, « une civilisation qui s'avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente ».
Ce n’est plus une déviance, c’est une pente : celle de l’autocratie tapie sous les oripeaux de la révolution. À l’entendre, tout est justification. Le complot est partout. L’ennemi est partout. Tout désaccord est une trahison. Et même celui qu’il a porté au sommet, Diomaye Faye, n’échappe plus à ses coups d’éventail en acier trempé. Il lui reproche d’être trop doux. Il affirme que lui, président, aurait frappé plus fort, plus tôt, plus largement. Faut-il rappeler qu’il n’a pas été élu à cette fonction ? Ou doit-on comprendre que tout cela n’était qu’un prélude, une mise en scène avant la grande marche vers la couronne ?
Mais gouverner, ce n’est pas tonner. Gouverner, ce n’est pas transformer la tribune en tranchée. Gouverner, c’est répondre à la complexité du monde, à ses failles, à ses douleurs, sans tout réduire à des binaires toxiques. Le pouvoir ne se résume pas à l’occupation permanente de la parole. Il suppose l’écoute, la modération, la responsabilité. Il suppose aussi, comme l’écrivait encore Césaire dans Discours sur le colonialisme, de « refuser que l’esprit se dessèche dans le confort des certitudes ».
Or Ousmane Sonko semble au contraire s’y enfoncer, avec le zèle d’un prédicateur qui aurait confondu la République avec une salle d'exorcisme. Tout ce qui pense autrement doit être expulsé. Il ne reste alors qu’un homme seul, parlant à la place des autres, persuadé qu’il incarne tout le peuple à lui seul et prêt à disqualifier tous les autres comme résidus, fumiers, collabos ou vendus. C’est le retour de l’homme-providence, mais un providentiel sans transcendance. Le bruit sans la boussole.
Et pendant ce temps, les défis réels du Sénégal s’accumulent. Les bailleurs s’inquiètent. Les finances tanguent. La jeunesse attend. La gouvernance reste floue. Et lui parle. Il parle, encore et toujours. Avec des mots de plus en plus forts, pour des idées de plus en plus faibles. La parole comme voile pour masquer l’absence de cap. Le verbe pour remplir le vide. Mais comme disait encore Césaire : « Il est bon d’avoir un cœur vide pour y verser la colère, mais meilleur est un cœur plein pour y loger la justice ».
Le sabre a tranché, la parole a tonné, mais c’est le vide qui gouverne. Ce vide d’écoute, de mesure, de maturité. Ce vide d’un homme enfermé dans sa propre colère, qui croit encore faire trembler les murs alors qu’il les fissure de l’intérieur. Le Sénégal n’a pas besoin d’un tribun enragé en costume d’autocrate. Il a besoin de justice, de constance, de souffle collectif. Qu’Ousmane Sonko sache que l’histoire se souvient moins des orages que des bâtisseurs. Le sabre s’émousse, la parole s’épuise, et le vide, lui, finit toujours par s’écrouler sur lui-même.
barry.at15@gmail.com, un citoyen qui préfère les bâtisseurs aux boutefeux et la justice à la foudre.
Par Alassane K. KITANE
UNE ÂME INFANTILE DERRIÈRE LES DISCOURS GUERRIERS
L’enfant invoque toujours son père à la moindre contrariété. A la moindre adversité, il crie le nom de son papa pour lui demander de le protéger contre les méchants, les vampires, les fantômes, les ennemis visibles ou invisibles
Les enfants prennent leur père pour un petit dieu, un rédempteur, un protecteur infaillible et plus fort que tous les dangers. Mais il y a autre chose : l’enfant invoque toujours son père à la moindre contrariété. A la moindre adversité, il crie le nom de son papa pour lui demander de le protéger contre les méchants, les vampires, les fantômes, les ennemis visibles ou invisibles. L’enfant se donne tous les droits et n’est évidemment responsable de rien. Sa conscience n’est pas encore suffisamment façonnée pour se frotter à l’adversité et à l’objectivité du monde. Son moi est dissous dans celui de son père qui lui procure un sentiment (illusion) d’invincibilité, d’indestructibilité, bref d’excellence. Le scandale, c’est quand un adulte se comporte comme un enfant : c’est cela le drame des populistes et la tragédie de la politique à notre époque. Ils veulent diriger sans être responsables, sauf qu’à la différence de l’enfant, leur «papa» c’est la foule, le public, l’électorat ou ce qu’ils appellent abusivement le «peuple». Le groupe est le prolongement de leur moi impotent, mais qui se cache derrière un narcissisme dangereux. Le narcissique, faut-il le rappeler, a «un désir permanent de validation externe d’une vision de soi exagérée». Pour le narcissique, la légitimation de soi est la plus grande valeur, le plus grand défi, l’unique horizon de sa vie. C’est ce qui fait qu’il n’hésite pas à sacrifier autrui pour son salut : quand il dit «le peuple», il pense «moi». Dans le discours du narcissique, comptez le nombre de fois qu’il parle de lui-même, vous n’en reviendrez pas
Mais le pire, c’est quand le narcissisme individuel, comme un fleuve, se jette dans l’océan du narcissisme collectif. Tous les populistes, y compris le plus puissant aujourd’hui, à savoir Trump, transposent leur narcissisme individuel dans celui collectif. Les symptômes ou manifestations extérieures du narcissisme collectif sont entre autres : la manie manichéenne consistant à tout ramener à la logique identitaire, à toujours trouver des ennemis ou des menaces extérieures au groupe (ce qui leur permet d’ajourner définitivement toute délibération) ; la croyance que l’engeance est unique ou très spéciale (les patriotes vs les voleurs par exemple) ; la manie conspirationniste (tout le monde, notamment les élites et les médias, nous en veut) ; la dichotomie entre vrais et faux partisans («dans les prochains jours vous entendrez des gens qui prétendaient faire partie du projet sortir pour l’agonir», disait El Malick Ndiaye il y a quelques mois).
Le problème avec le narcissisme collectif est qu’il est comme un océan sans vague : tous les petits poissons y convergent en bancs successifs, s’agglutinant pour former une sorte de magma maritime. Tous les individus qui ont une faible estime de soi et qui en veulent à la société sont d’une manière ou d’une autre des clients ou éléments de ce narcissisme collectif. C’est comme une œuvre d’art collective où chacun compense le déficit que lui oppose la réalité par une sorte de sublimation. Ces clients cherchent un prolongement de leur moi faible et inhibé dans un moi collectif où personne n’est responsable de rien et où toutes les tares sont dissoutes ou converties en vertus : tu es nul en français, c’est la faute à la langue du colon ; tu es pauvre, c’est parce que les élites se sont partagé les ressources du pays ; tu as échoué, c’est parce que le système éducatif est mauvais ; tu as violé, c’est parce que la fille t’a charmé de façon indécente et provocatrice ; tu es un repris de Justice, c’est parce que la Justice est injuste… Comment avoir raison face à de tels individus et groupes ? Comment leur faire entendre raison si leur dénominateur commun, c’est l’irrationnel ?
Ceux qui doutent de la nocivité morale et historique du narcissisme collectif devraient se poser la question de savoir : comment un Peuple aussi civilisé que les Allemands a pu se laisser embarquer dans une aventure aussi cruelle et insensée que le nazisme ? Des industriels, de grands savants, des philosophes, des hommes de culture et même des religieux ont fricoté avec les nazis. C’est une erreur de croire que les intellectuels sont immunisés contre le fléau du narcissisme collectif : au contraire, ceux d’aujourd’hui sont même plus enclins à adhérer à ces engeances. Nous sommes à l’époque de la post-vérité : même les grands penseurs succombent à l’appât de la perception. Pourtant, les plus grandes avancées dans le domaine de la science et de la religion sont l’œuvre de personnes que la société avait marginalisées. Aujourd’hui, c’est l’exact contraire : les élites ont besoin d’une légitimation populaire. Dommage !
Les membres d’une engeance qui fonctionne sous le registre du narcissisme collectif se flattent très souvent d’avoir parmi leurs rangs ou souteneurs, des sommités intellectuelles (sur lesquelles d’ailleurs ils exercent un chantage affectif). Ils sont en permanence à la recherche d’une couveuse psychologique comme des œufs abandonnés à leur propre sort par la pondeuse. Le groupe est leur papa, leur dieu, leur univers intellectuel et moral : tout ce qui est extérieur au groupe y est néantisé comme dans un trou noir. Discuter avec un élément d’un parti populiste est tellement pénible et inutile qu’en fin de compte, la logique de la bipolarisation est en l’unique solution, d’où le risque permanent de la guerre civile.
On comprend pourquoi le discours politique est chargé de plusieurs paramètres qui ne sont ni énoncés ni énonçables. La politique est assurément le domaine où il y a plus de personnes blessées cherchant à venger leur blessure par la foule ou le parti. Certains discours trahissent une profonde crise de personnalité, une régression mentale, un complexe d’Œdipe non dépassé. Les chemins de l’héroïsme artificiels sont pavés de cadavres : le faux héros ne peut paraitre héros que par le nombre d’adversaires qui combattent et contre lesquels son engeance le protège par son abnégation. On comprend également pourquoi certains individus ressentent, jusqu’à une sorte d’orgasme mental, le plaisir de se sacrifier pour une personne qui symbolise le narcissisme collectif dans lequel ils baignent comme des enfants.
Alassane K. KITANE
LES COMPAGNIES PRIVEES DE THEATRE SE MEURENT
Comment ramener le public au théâtre ? Yacine Sané, comédienne, actrice, entrepreneuse culturelle et directrice du Festival international Dakar théâtre et humour (Fidath), donne sa recette.
Comment ramener le public au théâtre ? Yacine Sané, comédienne, actrice, entrepreneuse culturelle et directrice du Festival international Dakar théâtre et humour (Fidath), donne sa recette. En marge de la 3e édition de ce festival qui s’est tenue du 18 au 21 juin 2025, la comédienne est revenue sur la réalité du théâtre d’aujourd’hui, bousculé et parfois même délaissé suite à l’émergence du numérique et l’arrivée en force des séries sénégalaises et africaines sur le petit écran.
La 3e édition du Festival international Dakar théâtre et humour (Fidath) s’est tenue a Dakar du 18 au 21 juin 2025. Quelles ont été les grandes lignes du festival ?
Cette année, nous avons organisé l’édition sous le thème des femmes, qui revient à chaque fois, de l’intégration et de la souveraineté africaine. Nous avons reçu des pays comme la Côte d’Ivoire, qui était invitée d’honneur, le Mali, le Congo, et des pièces qui viennent de tout le Sénégal (de Saint-Louis et de la compagnie de Dakar). Nous avons fait la cérémonie officielle à Sorano et nous avons eu des pièces très engagées, qui parlent de l’actualité en Afrique, de ces héros comme Lummumba, Sankara, mais aussi une pièce de Molière, celle de l’ouverture, jouée par Kader Pichinini. En marge de cela, nous avons effectué une formation en entrepreneuriat culturel au profit des directeurs de festival. Cette année, nous avons axé la formation surtout pour les femmes.
Pourquoi les femmes ?
C’est un choix que j’ai fait parce que j’ai remarqué que le leadership féminin est assez négligé ici, surtout dans la culture, notamment dans le domaine du théâtre. Je peux dire que je suis la seule directrice de festival de théâtre et je veux, en ce sens, booster cette activité pour que les femmes aient plus confiance en elles et plus d’assurance à organiser des événements. La preuve, elles sont venues en masse pour cette formation. Aujourd’hui, nous sommes en train de faire un panel (Entretien réalisé le 21 juin), on parle du public qui a déserté les salles de théâtre. L’objectif de ce festival, c’est aussi de ramener les gens au théâtre, de faire des productions de qualité dans les salles, d’accélérer la formation.
Pourquoi le théâtre ne fait-il plus courir le public ?
C’est un problème qui remonte peut être à plusieurs années. Moi, je me rappelle que quand on a commencé avec la troupe des Gueules tapées, une compagnie privée, c’était la belle époque. Les salles étaient pleines. Avant, il y avait beaucoup de compagnies privées, il y avait des subventions de l’Etat peut-être, je ne sais plus. Mais il y avait l’Union Européenne qui était là, le Programme de soutien aux initiatives culturelles (Psic). Les compagnies recevaient des financements pour faire des créations.
Donc aujourd’hui, ce sont les moyens qui manquent pour booster la production ?
Actuellement, les compagnies privées se meurent faute de fonds, de moyens, de subventions. Et par conséquent, les créations, les pièces de théâtre se raréfient, le public n’est pas fidélisé.
Depuis quand sentez-vous tous ces problèmes ?
C’est juste après que l’Ecole nationale des arts a fermé ses portes, il y a 15 ans. Bien que la section théâtre a repris… Mais pour reprendre tout ça, c’est tout un processus… On est en train de le faire et ça commence à bouger. Juste avec le Fidath, on a vu qu’hier par exemple, le Mali et le Congo ont joué et il y avait une affluence ici, des gens sont venus. Bien sûr, c’étaient des pièces de qualité, portées par des comédiens très talentueux.
Est-ce que les nouvelles autorités semblent comprendre l’importance du théâtre, selon vous ? Est-ce que vous sentez leur soutien ?
La première fois qu’on a introduit un projet au ministère de la Culture, on a obtenu 3 millions de francs Cfa de subvention.
La seconde fois, c’était 4 millions. Je pense qu’ils sont conscients qu’il faut aider ce secteur en léthargie. Mais 3 millions, c’est juste pour l’hébergement du festival. Je pense que c’est la première fois qu’on reçoit autant d’argent depuis la première édition.
Mais donc, qu’est-ce qu’il faut pour sortir des difficultés ?
Il faut des événements. Il faut renforcer les événements. La formation, c’est la base. Ensuite, la diffusion. On ne peut pas créer des trucs pour les regarder. Il faut que les artistes bougent ; la mobilité des artistes est importante. Il faut que ça bouge, que l’ensemble du système bouge, pour que tout recommence à bouger. Nous, notre objectif, c’est la relance du théâtre.
Vous parlez du théâtre sur scène ?
Sur scène, bien sûr.
Est-ce que les séries télévisuelles ne vous concurrencent pas ?
Le théâtre et les series télévisuelles, ce n’est pas la même chose. Moi, par exemple, j’ai des amis qui me regardent à la télévision. Je leur dis, un jour, quand vous allez me voir sur scène, vous allez lâcher la télé.
Parce que c’est diamétralement opposé. Ce n’est pas la même chose. Là, c’est du live. C’est comme la musique. Quand tu regardes la personne jouer en live et que tu la regardes à la télévision, c’est différent. Il y a beaucoup d’écart.
Qu’est-ce qu’il faut faire pour valoriser les artistes ?
La rénumération de la copie privée, je pense que c’est un des moyens pour valoriser les artistes, leur montrer de la considération. Je pense que son application ne va pas tarder normalement.
Est-ce que les Sénégalais sont préparés à payer leur billet pour suivre un spectacle de théâtre ?
Ça commence. Hier par exemple, on a vendu des tickets à 2000 francs. Et on a récolté quand même un peu d’argent. Je pense que si on continue dans cette lancée, à amener des pièces de qualité, à faire beaucoup de communication (même si la communication, des fois, elle est chère), les gens vont venir. Ils nous disent souvent n’être pas au courant de nos spectacles. Mais j’ai remarqué aussi que quand les gens viennent, qu’ils voient ce qu’on fait, ils reviennent. Peut-être qu’ils ne sont pas au courant. Mais bon, le théâtre est là. Le théâtre n’a pas changé. Rien n’a changé dans le théâtre. Maintenant, il faut juste que les gens reviennent. Et c’est ce processus-là qu’on est en train de mettre en place. Il y a quelques jours, j’en ai parlé avec un professionnel qui m’a dit : «Est-ce qu’on ne va pas changer de format ? La pièce, on la met en captation et on la met sur YouTube. Ça génère de l’argent et les artistes vont pouvoir en vivre. Parce qu’on est à l’ère du numérique, de la mondialisation. Il faut que nous changions aussi.» Maintenant, on va vers le public, on fait les captations et on lui propose.
Comme c’est le cas de la pièce de théâtre de la Troupe dramatique de Sorano, Poot mi. C’est une pièce contemporaine qui parle des réalités sénégalaises. Je l’ai suivie. Mais il y a toujours une moralité, et c’est une pièce qui éduque, mais dans la bonne humeur. Quand ça passe, les gens rigolent parce qu’on éduque dans l’humour. Ça allie l’éducation et l’humour. Dans notre festival aussi, on essaie de faire les deux en même temps. Des pièces qui font rire, mais qui éduquent aussi.
SONKO, LA VOIX DU CHEF
Toutes les planètes gravitent autour de lui. Sans être chef d’Etat, il demande à ce qu’on le laisse « gouverner ». Est-ce le temps des cerises, après des promesses de récoltes de raisins ?
Lors de l’installation du Conseil national de Pastef jeudi, Ousmane Sonko a montré à ses responsables qu’il est le seul coefficient électoral de son parti. Une vérité absolue, car aucune autre figure populaire n’a jamais émergé dans sa formation.
Seul face au micro, Ousmane Sonko montre sa toute-puissance. Le parti Pastef est son parti. Il en est le visage, la voix, celui qui indique la voie à suivre. Face aux responsables du parti, réduits en simples spectateurs lors de son one-man-show, il a montré qu’il est, comme le disait Idy pour parler de la force de Wade, la constante. Les autres sont des variables. «Tous les gens qui sont là, au moment des élections, ils m’appellent pour me dire : «Si tu ne viens pas, je vais perdre ma localité.» Parfois, je ne me sens pas bien, mais je fais les efforts nécessaires pour y aller. Après cela, tu vois certains sortir pour bomber le torse», expose le président de Pastef. Il ajoute : «Je n’accepterai pas de clan au sein du parti, j’y veillerai personnellement. J’ai toujours été rassembleur, et tout le monde peut en témoigner.»
Ousmane Sonko est ainsi sûr de sa force personnelle. Il est l’unique coefficient électoral de Pastef qu’il a porté jusqu’au pouvoir. C’est une vérité absolue, car il n’y a aucune figure politique qui a réussi à avoir une étoffe pour devenir un leader local, capable de faire lever des foules, à l’image des anciens partis présidentiels qui ont réussi à enfanter des leaders avec des envergures locales réelles. Evidemment, toutes les planètes gravitent autour de lui. Il en est d’autant plus sûr qu’il ajoute à ce pouvoir le poste de chef du gouvernement. Avec une partie des pouvoirs de l’Exécutif, Pros-Pmos, qui se confond dans une seule personnalité, devient une puissance politique et étatique concentrant des pouvoirs exorbitants. Une sorte d’Alpha et d’Oméga
Ce double poids devient inestimable alors que 2029 est à la fois proche et lointain. Même s’il refuse d’en parler, admettant seulement que lui et son candidat pour la présidentielle ont eu des discussions sur la question. Sans donner de détails.
Il n’est pas un chef d’Etat, mais il gère l’appareil politique qui a permis à Bassirou Diomaye Faye de devenir le 5ème président de la République. A 45 ans maintenant, BDF est le premier dirigeant sénégalais à ne pas disposer d’un matériel politique à sa disposition, car il n’est pas un chef de parti. Il a été investi, soutenu et élu par son Premier ministre, qui est reparti aux Législatives pour lui offrir une majorité à l’Assemblée nationale afin d’enclencher le Projet qu’il a lui-même théorisé. Et le slogan Diomaye moy Sonko, triomphant, a été scénarisé pour mettre en place un tandem au sommet de l’Etat en vue d’une gestion de l’Exécutif sous forme de duo. Autant de pouvoirs qui lui donnent une position de sentinelle : il a un regard sur les militants, l’Assemblée et l’Exécutif. Sans être chef d’Etat, il demande à ce qu’on le laisse « gouverner ». Est-ce le temps des cerises, après des promesses de récoltes de raisins ? Aujourd’hui, le Sénégal vit des heures sombres sur le plan économique. Pmos promet un Plan de redressement national pour sortir le pays de «l’abîme» dans un contexte de tensions budgétaires. Comment y arriver alors que le pays a «un problème d’autorité» ?