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4 juin 2025
JOAL SE MOBILISE POUR SOPHIE GLADIMA
Face à l'incarcération de leur maire, les habitants dénoncent une "manipulation politique" et une "diversion" du pouvoir. "D'1 milliard, on est arrivé à 73 millions", s'insurgent-ils en réclamant sa libération
A Joal-Fadiouth, l’indignation monte. Une mobilisation spontanée a réuni, ce samedi, des habitants, responsables politiques, religieux et membres de la Société civile pour réclamer la libération de Aïssatou Sophie Gladima, ancienne ministre de l’Energie et actuelle maire de la commune. Une action collective qui témoigne du soutien massif dont elle bénéficie dans sa localité d’origine. «Toute la commune de Joal-Fadiouth, toutes sensibilités politiques confondues, est là aujourd’hui pour soutenir la maire», a déclaré Massène Sarr, membre de la Société civile.
En détention préventive, Sophie Gladima fait l’objet de poursuites liées à une affaire financière. Mais ses partisans dénoncent une manipulation politique. «D’1 milliard, on est arrivé à 73 millions. Pour quelqu’un qui a servi le Sénégal pendant tant d’années ?», s’est insurgé Omar Ba, son premier adjoint.
Les manifestants saluent le parcours exceptionnel de Mme Gladima, à la fois universitaire, ministre et figure du terroir. «Elle est devenue une référence au niveau de l’agence féminine, de la commune, du département et du Sénégal. Un élan de solidarité qui trouve racine dans les valeurs historiques de la ville. Depuis le temps des rois, Joal n’a jamais courbé l’échine. Et Joal ne courbera jamais l’échine», martèle Omar Ba.
La foule réunie scandait à plusieurs reprises : «Libérez Sophie ! Libérez Sophie!», en hommage à celle qu’ils considèrent comme une femme de courage. «Elle a osé défier les grandes multinationales du pétrole. Aujourd’hui, si nous bénéficions du gaz et du pétrole, nous devons dire merci à Aïssatou Sophie Gladima», ajoute Ba.
Les manifestants dénoncent une «chasse aux sorcières» et affirment que l’affaire Gladima est devenue «un cas d’école pour la Justice sénégalaise». Pour eux, cette incarcération est une tentative de diversion politique. «Quand on prend le pouvoir et qu’on se rend compte qu’il est difficile à gérer, on organise des faits divers pour divertir les populations», conclut Ba.
Face à ce qu’ils jugent être une injustice, les habitants de Joal appellent à la vigilance et à la résistance. «Joal-Fadiouth est prêt, et Joal-Fadiouth ne courbera jamais l’échine», lancent-ils, unis dans un même cri.
LES SERVITEURS DISENT NON AU DIALOGUE
Papa Djibril Fall pose ses conditions pour participer au dialogue national du 28 mai. Le député dénonce un contexte économique dégradé et réclame des réformes structurelles plutôt que conjoncturelles
Papa Djibril Fall ne fera pas partie de ceux qui vont participer au Dialogue national du 28 mai. Le député, par ailleurs leader du parti Les Serviteurs, en décline les raisons au cours d’un point de presse où il a dressé un tableau sombre de la situation économique du Sénégal, en mettant le curseur sur la cherté de la vie et les licenciements.
Le Dialogue national se tiendra après-demain, mercredi, sans Papa Djibril Fall. Le leader du parti Les Serviteurs a décliné l’invitation faite dans ce sens par l’autorité pour prendre part à ce Dialogue national lancé par le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye et institué dans le calendrier républicain par son prédécesseur, le président Macky Sall, faisant qu’il soit organisé tous les 28 mai.
«On va poursuivre le dialogue avec le Peuple sénégalais en faisant ressortir les difficultés qu’il rencontre. Si on dialogue pour régler de façon conjoncturelle les problèmes, nous ne prendrons pas part à ce dialogue. Les réformes doivent être structurelles, non conjoncturelles. Il faut qu’on arrête de violer les lois et règlements et les dispositions. Il faut qu’on arrête de violer la Constitution pour satisfaire les desiderata d’un homme ou d’une femme», a déclaré PDF, lors d’un point de presse tenu samedi dernier. Dressant un tableau noir de la situation que vit le Sénégal, Papa Djibril Fall dit être interpellé par ceux qui ont des difficultés par rapport à leur travail, en parlant des licenciés, tout en réclamant leur réintégration à leurs postes sans condition. Le député pense que les véritables interlocuteurs de l’Etat sont les créateurs de richesse et d’emplois, les acteurs du secteur privé dont certains, selon lui, quittent le Sénégal pour s’installer en Côte d’Ivoire à cause de la pression fiscale qu’on exerce sur eux. Saluant toutefois l’engagement du facilitateur du dialogue, Dr Cheikh Guèye, le député regrette tout de même le manque de moyens mis à sa disposition pour mener à bien sa mission.
Il critique la visite du Pm à Azoura Fall en prison qui, selon lui, a été «une pression sur la Justice», demandant ainsi à celle-ci de «tenir bon». C’est ainsi que Papa Djibril Fall se fait l’avocat du chroniqueur Abdou Nguer en dénonçant son maintien en prison. «Le dialogue n’a de sens à être organisé si Abdou Nguer reste en prison», admet le député. Lors de son face-à-face avec la presse, Papa Djibril Fall a dressé un tableau sombre de la vie économique en soutenant que «la vie est devenue plus chère», mettant le curseur sur les difficultés rencontrées par les populations et l’espoir qui avait été placé en ce régime actuel et qui commence à s’effriter. Raison de plus pour Papa Djibril Fall de dire que le dialogue devait servir «à restaurer l’espoir».
Le «Système politique» est le thème qui sera débattu durant les travaux de ce Dialogue national auquel plusieurs partis et mouvements ont confirmé leur participation. A l’inverse, d’autres formations politiques comme La République des valeurs et l’Alliance pour la République (Apr) de l’ancien Président Macky Sall ont décidé de ne pas y prendre part.
L'APR BOYCOTTE SON PROPRE DIALOGUE
Fragilisé par les départs de ses figures emblématiques et les ordres de poursuite contre ses responsables, l'ancien parti présidentiel entre dans une zone de turbulence et fait le pari risqué de la résistance
Confronté à la perte de certains de ses leaders majeurs, l’Apr a pris le pari de boycotter le dialogue politique du 28 mai qu’il a lui-même institutionnalisé dans le calendrier républicain. L’ancien parti au pouvoir est entré dans une zone de turbulence politique et doit opérer une transition très incertaine avec certain de ses leaders historiques qui ont démissionné, alors que d’autres ont opté pour le boycott depuis les Législatives, frustrés par les investitures. Si elle n’a pas une page blanche sous les yeux, elle a dû peser et soupeser cette décision de la politique de la chaise vide. En évidence, l’ordre de priorité est d’imposer une forme de résistance alimentée par la succession des ordres de poursuite contre ses responsables politiques à l’image de Mansour Faye, attendu ce matin devant la Commission d’instruction de la Haute cour de justice dans le cadre du traitement du rapport de la Cour des comptes des fonds du Covid-19.
Certains de ses leaders ont décidé de participer au dialogue sous-couvert de leur mandat de maire, à l’image de Mamadou Mory Diaw et Abdoulaye Saydou Sow, édiles respectifs de Matam et Kaffrine. Et d’autres figures comme Harouna Dia, qui a eu un tête-à-tête avec Sonko lors de sa visite à Ouaga, Abdoulaye Daouda Diallo, en tant qu’ex-Président d’une institution, à savoir le Cese pourtant dissous par le régime.
Il faut se rendre compte aussi que les partis alliés à l’Apr dans la gestion du pouvoir pendant 12 ans comme le Ps, l’Afp, le Pit, vont participer au rendez-vous du 28 mai. Alors que le parti «Osez l’avenir», qui a réuni ses délégués régionaux et de la diaspora pour discuter de sa position sur le Dialogue national du 28 mai 2025, a, «après un débat approfondi», «décidé, à une très large majorité, de ne pas y participer». C’est une évidence non ? Présidente du Groupe parlementaire Takku Wallu, Aïssata Tall Sall est la muse des députés de l’opposition, une délégataire des pouvoirs de Macky Sall à l’Assemblée nationale.
VIDEO
BRIGITTE A-T-ELLE GIFLÉ EMMANUEL ?
Les images de l'arrivée du couple Macron à l'aéroport d'Hanoï divisent. Filmée par l'agence Associated Press, la séquence montre la Première dame française portant "vivement les deux mains au visage du président" avant leur descente d'avion
(SenePlus) - Une séquence filmée dimanche soir à l'aéroport d'Hanoï a déclenché une vague de commentaires sur les réseaux sociaux. Les images montrent le président français Emmanuel et Brigitte Macron au moment de leur arrivée au Vietnam pour une tournée asiatique, avec un geste de la Première dame qui a fait l'objet d'interprétations contradictoires.
La vidéo, tournée par l'agence américaine Associated Press, capture un moment particulier : « à l'ouverture de la porte de l'avion du président, la silhouette d'Emmanuel Macron apparaît, encore à l'intérieur de l'appareil. À ce moment-là, les deux bras de son épouse surgissent, sans qu'on puisse la voir en entier, et elle porte vivement les deux mains au visage du président dans ce qui peut ressembler à un petit coup », rapporte Le Parisien.
Les images montrent ensuite le chef de l'État qui « semble surpris, mais se tourne rapidement pour faire un salut vers l'extérieur ». Selon le journal, « le couple présidentiel s'engage sur l'escalier, Emmanuel Macron tend son bras à son épouse comme il en a l'habitude mais elle ne le saisit pas, et se tient à la main courante de la passerelle ».
Face à la circulation rapide des images « notamment sur plusieurs comptes habituellement hostiles à Emmanuel Macron », l'Élysée a d'abord adopté une stratégie défensive. Le Parisien révèle que « l'Élysée a d'abord démenti la véracité des images, avant qu'elles ne soient authentifiées ».
Confronté à l'évidence, l'entourage présidentiel a finalement livré sa version des faits. « Un proche du président a ensuite parlé d'une banale "chamaillerie" de couple », indique le quotidien. L'explication officielle s'est précisée lundi : « C'était un moment où le président et son épouse décompressaient une ultime fois avant le début du voyage en chahutant », a commenté l'entourage d'Emmanuel Macron auprès des journalistes suivant la tournée.
La communication présidentielle a tenté de minimiser l'incident en parlant d'un « moment de complicité ». Selon la même source citée par Le Parisien, « il n'en suffisait pas plus pour donner du grain à moudre aux complotistes », attribuant « les commentaires négatifs en premier lieu aux sphères prorusses ».
Cette polémique intervient au début d'une tournée diplomatique importante pour Emmanuel Macron. Le président français a entamé à Hanoï « une tournée d'environ une semaine en Asie du Sud-Est », précise Le Parisien. « Il se rendra aussi en Indonésie et à Singapour » dans le cadre de cette mission diplomatique.
L'AFRIQUE RÉCLAME SES DROITS HISTORIQUES
À Dakar, la Journée de l'Afrique a pris des allures de manifeste. Acteurs politiques, jeunes et organisations panafricaines ont réclamé samedi une justice qui "répare et élève", allant bien au-delà des simples compensations financières
À l'occasion de la Journée de l'Afrique qui commémore la création de l'Organisation de l'Unité Africaine (UA), le 25 mai 1963, acteurs politiques, représentants de la jeunesse et organisations panafricaines se sont donné rendez-vous à Dakar avant-hier, samedi 25 mai 2025, pour réfléchir autour d'un thème : « Justice réparatrice pour les Africains : reconquérir la dignité et renforcer la redevabilité ». Les intervenants soutiennent mordicus qu'« il faut une justice qui répare et élève » et non uniquement une justice fondée sur la compensation financière.
Premier à prendre la parole, Désiré Assogbavi, conseiller Afrique à la Fondation Open Society, a dressé un tableau des blessures historiques infligées à l'Afrique : esclavage, colonisation, apartheid. « La justice réparatrice ne se limite pas à des compensations financières. Elle suppose la restitution des biens culturels, la reconnaissance des torts et l'établissement d'une gouvernance mondiale plus équitable », a-t-il souligné. M. Assogbavi a aussi alerté sur les défis actuels : mauvaise gouvernance, régression démocratique, flux financiers illicites et crises migratoires, autant d'obstacles qui entravent les ambitions de l'agenda 2063 de l'Union africaine.
Un autre intervenant s'est interrogé sur la situation incompréhensible de l'Afrique, dénonçant un système international injuste. Pour cause, malgré ses immenses ressources naturelles (or, cobalt, cacao, etc.), le continent reste confronté à la pauvreté, à la corruption et à des flux financiers illicites estimés à 89 milliards de dollars annuels. « Comment expliquer que 34 pays africains figurent parmi les moins avancés au monde ? », s'est-il demandé. Les crises politiques et les coups d'État récents (7 chefs d'État renversés entre 2020 et 2023) ont également été évoqués comme des symptômes de fragilité institutionnelle.
Dans une intervention, Mohamed Kamara, représentant du Conseil national de la jeunesse du Sénégal, a appelé à une justice réparatrice fondée sur la vérité historique et le dialogue politique inclusif. « Les jeunes ne doivent plus être des figurants. Nous devons être des acteurs dans la restitution de nos mémoires, la justice sociale et les politiques publiques », a-t-il martelé. Il a dénoncé les textes discriminatoires qui limitent l'accès des jeunes aux instances politiques, en particulier ceux qui empêchent les moins de 25 ans de siéger dans certaines institutions.
Une justice qui répare et élève
Pour Yassine Niasse, de l'organisation ONE – Open Society Foundations, la justice réparatrice doit être « frontale, décomplexée et intransigeante ». Elle ne peut se limiter à des excuses symboliques. Il faut restituer les richesses spoliées, réformer les règles commerciales internationales inéquitables et offrir aux Africains un vrai contrôle sur leurs ressources. « Récupérer la dignité passe aussi par la reconstruction identitaire et culturelle. Nous devons enseigner nos langues, nos sciences, et transmettre une fierté africaine consciente », a-t-elle plaidé. Cette journée, est devenue un espace de dialogue intergénérationnel, de mémoire historique et de construction d'un avenir plus équitable.
L'appel à l'action du ministre Ousseynou Ly
Dans un discours d'espoir, Ousseynou Ly, ministre-conseiller à la présidence de la République, a insisté sur l'importance de regarder en face notre propre responsabilité. « Nous ne pouvons pas exiger des réparations au monde tout en perpétuant nous-mêmes des injustices dans nos sociétés. Il faut d'abord s'assainir, se réconcilier avec notre propre histoire, avant de parler d'équité mondiale », a-t-il déclaré. Il a également rappelé l'importance de la commémoration du massacre de Thiaroye, en soulignant que « la vérité est la première étape vers la réparation ». Le ministre a encouragé la jeunesse et la société civile à transformer cette journée de commémoration en un moteur de mobilisation pour des actions concrètes. Il a réaffirmé l'engagement du Sénégal à porter haut les revendications de justice et de dignité pour tous les peuples africains.
Selon les participants, la Journée de l'Afrique 2025 s'est imposée comme un moment d'introspection collective et de projection stratégique. À travers les discours prononcés, un appel fort a été lancé : faire de la justice réparatrice un levier de transformation sociale, politique et économique pour un continent longtemps meurtri mais résolument tourné vers l'avenir. L'Afrique ne veut plus seulement se souvenir. Elle veut désormais agir, réparer et se relever avec dignité.
DIOR FALL SOW FULMINE CONTRE LES CAUTIONS
"Il n'y a pas de médiation. Il n'y a que rendre compte" : l'ancienne avocate générale, exige des condamnations fermes pour tous ceux qui ont détourné l'argent public. Elle fustige notamment le système de cautionnement milliardaire
De passage à l'émission Objection du dimanche 25 mai, Mme Dior Fall Sow a exprimé son opposition farouche contre la méthode de cautionnement que certaines personnalités impliquées dans le cadre de la reddition des comptes ont utilisé pour échapper à la prison. L'ancienne avocate générale principale auprès du Procureur du Tribunal International pour le Rwanda, « choquée » par ce procédé, appelle à condamner tous ceux qui ont détourné de l'argent public. Elle s'est également portée en faux contre le débat de plus en plus agité sur la Haute Cour de Justice, concernant son problème de double degré de juridiction.
Mme Dior Fall Sow a trouvé anormal de voir ce qui s'est passé, avec les fortunes qu'il y a eues au Sénégal et qui mettent en lumière des milliards amassés par des fonctionnaires. « Je pense que pour ce problème-là, il faut que ceux qui ont détourné l'argent rendent compte. Il n'y a pas de médiation. Il n'y a que rendre compte », fulmine-t-elle.
L'autre problème qui « me choque » dit-elle, ce sont les cautions. L'ancienne avocate dit ne pas comprendre que des gens puissent « amasser autant d'argents et venir ici déposer des sommes de 814 milliards comme cautionnement ? ».
L'ancienne parquetière est d'avis que, « quand les faits sont prouvés, que les comptes sont là, ils sont bien faits. Ils ont les faits qui sont concordants, mais il faut que les gens soient condamnés pour des faits comme ça. Parce que cet argent-là, ce n'est pas pour eux, c'est pour le pays. »
Par ailleurs, Mme Sow a rappelé à l'ordre ceux qui agitent le problème du double degré de juridiction de la Haute Cour de Justice. Un débat inopportun car, selon elle, depuis sa création en 2001, la Haute Cour de Justice a fonctionné à peu près deux fois, prenant les cas du président Mamadou Dia et de l'ancien Premier Ministre Idrissa Seck.
« Pourquoi on veut venir aujourd'hui pour dire qu'il y a un problème de double degré de juridiction. Il n'y en a pas parce qu'il y a des juridictions qui fonctionnent sans double degré de juridiction », a relevé l'ancienne avocate qui en veut pour preuve le Conseil constitutionnel, la Cour Suprême et même le cas de la Cour d'Appel qui, selon elle « quand elle condamne les avocats, il n'y a pas de double degré de juridiction ».
Par contre, déclare-t-elle, « Moi mon problème, c'est qu'il faut que les gens qui sont condamnés le soient parce que les faits sont constants. Ils sont prouvés, il n'y a aucune discussion, aucune contestation ».
RÉFORME DES HYDROCARBURES AU PARLEMENT
Un projet de loi "transformationnel" s'apprête à être examiné par les députés pour instaurer une gouvernance plus transparente et équitable des ressources en hydrocarbures du pays
Le gouvernement sénégalais s'apprête à soumettre à l'examen de l'Assemblée nationale un projet de loi ambitieux visant à opérer une transformation structurelle du secteur des hydrocarbures. C'est ce qu'a déclaré, à Saly, le ministre de l'Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Souleye Diop, à l'ouverture d'un atelier consacré à la transparence dans la gouvernance des ressources extractives, à l'intention des parlementaires.
Dans son mot introductif, il a précisé que l'exécutif proposera des réformes législatives et réglementaires d'envergure, susceptibles d'instaurer une gouvernance plus rigoureuse et inclusive. Soulignant la nécessité d'une redevabilité permanente, le ministre a affirmé que chaque phase décisive du processus fera l'objet d'une information systématique de l'Assemblée nationale.
M. Diop a également mis en garde contre les dérives liées à la désinformation, en rappelant que la diffusion de données sensibles ou d'analyses erronées peut porter atteinte à la crédibilité du pays. Dans cette perspective, il a exhorté les députés à s'ériger en vecteurs fiables d'information auprès des citoyens.
Prenant la parole à son tour, le président de la Commission de l'énergie et des ressources minérales de l'Assemblée nationale, M. Babacar Ndiaye, a insisté sur la nécessité d'un contrôle strict du respect du cadre légal, en réaffirmant la mission de l'institution parlementaire dans la supervision de la gouvernance et de la transparence dans la gestion et la répartition des revenus issus des ressources naturelles. Il s'est enfin réjoui de l'adoption récente de la loi relative au partage des recettes pétrolières et gazières, perçue comme une avancée significative vers une meilleure équité dans la redistribution nationale.
LE DANGER DES BASES "LIBÉRÉES"
Fin juillet 2025, le Sénégal n'aura plus aucune base militaire étrangère sur son sol. Mais derrière l'euphorie de la "souveraineté retrouvée", des experts sécuritaires lancent un cri d'alarme : il faut inspecter les sites libérés avant toute réoccupation
Enclenché dès l'avènement du nouveau régime, le retrait des troupes militaires étrangères du Sénégal, devenu irréversible, amorce son dernier tournant. Mieux, le processus prendra fin d'ici fin juillet 2025, date à laquelle le Sénégal n'aura plus, sur son sol, aucune base militaire étrangère... Seulement, face à l'euphorie à cette idée de « souveraineté » retrouvée, de plus en plus de spécialistes de questions sécuritaires alertent sur les risques et dangers consistant à réoccuper les anciens sites et locaux libérés par les puissances étrangères, sans au préalable bien inspecter de fond en comble d'éventuels ou probables éléments de signalement ou de partage de données ou d'informations susceptibles de compromettre la sécurité nationale.
À partir de fin juillet 2025, le Sénégal ne devrait plus avoir sur son sol aucune base militaire étrangère. Alors que les nouvelles autorités ne cachent pas leur « fierté » face à cette « souveraineté » retrouvée, nombreux sont des spécialistes de questions sécuritaires qui attirent l'attention sur la « grosse erreur » qui consisterait à réoccuper les anciennes emprises libérées par les puissances étrangères, sans se donner le temps nécessaire de bien inspecter de fond en comble d'éventuels ou probables éléments de signalement ou de partage de données ou d'informations susceptibles de compromettre la sécurité nationale.
Selon eux, aujourd'hui, avec le départ de toutes les Forces armées étrangères, « il urge d'inspecter toutes les occupations, tous les sites et locaux, avant de s'y installer », alertent-ils, prenant pour prétexte la reprise de Protêt c'est-à-dire le retrait de l'Armée française des locaux jadis occupés au port autonome de Dakar. Non sans rappeler les cas suscitant encore des interrogations des sites déjà rétrocédés au Sénégal notamment, entre autres, le Camp de Bel-Air et autres libérés sous le régime de l'ancien président, Me Abdoulaye Wade, et les locaux de l'ancienne Ambassade des États-Unis d'Amérique (USA) au centre-ville de Dakar réaffectés au ministère de la Justice et qui abritent aujourd'hui l'une des plus hautes juridictions du Sénégal : le Conseil constitutionnel chargé de veiller sur la régularité et la constitutionnalité des lois et règlements et de garantir la sincérité des processus électoraux et de valider les résultats de toutes les élections, y compris l'installation du Chef de l'État élu dans ses fonctions.
Toujours pour étayer leur conviction sur la nécessité de prendre des précautions avant toute réoccupation des anciens domaines militaires des puissances étrangères, relativement aux questions de sécurité, ils remettent au goût du jour l'histoire du siège de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba, en Éthiopie, espionné par une puissance étrangère.
En effet, dans l'une de ces publications, le 26 janvier 2018, soit la veille du 30e Sommet de l'organisation panafricaine prévu les dimanche 28 et lundi 29 janvier, le Monde Afrique avait révélé qu'il y a un an (en 2017), les informaticiens de la « Tour de verre moderne », entièrement construite, équipée et offerte en 2012 par la Chine à l'Afrique, ont découvert que l'intégralité du contenu de ses serveurs était transférée hors du continent, par cette même puissance étrangère. Selon le journal français, corroboré plus tard par des experts algériens et éthiopiens, le siège de l'UA à Addis-Abeba, en Éthiopie, a fait l'objet d'un « espionnage massif entre 2012 et 2017 ».
Donc, pendant cinq (5) ans non interrompus, des « partenaires » du continent se sont adonnés à cet exercice qui n'a été découvert qu'en janvier 2017.
par Vieux Savané
REDONNONS DE LA GRAVITÉ À NOS DÉBATS
À propos de l'homosexualité, que cherche-t-on à obtenir en réactivant une indignation qui, juridiquement, ne repose sur aucune vacance législative au moment où d'autres urgences, réelles celles-là, pressent de toute part ?
Vendredi dernier, un rassemblement présenté comme une « urgence nationale » appelait solennellement à la criminalisation de l'homosexualité. Il se trouve pourtant que l'article 319 du Code pénal sénégalais encadre déjà cette question en sanctionnant d'un à cinq ans d'emprisonnement tout « acte contre-nature avec un individu de son sexe ». Dès lors, que cherche-t-on à obtenir en réactivant une indignation qui, juridiquement, ne repose sur aucune vacance législative au moment où d'autres urgences, réelles celles-là, pressent de toute part ?
À l'heure où 75 % de la population a moins de 35 ans, le fait qu'une génération entière oscille entre résignation et exil devrait plutôt interroger. Ne serait-ce que parce que les jeunes sont de plus en plus nombreux à considérer que leur avenir ne se construira pas ici, dans un pays qui à leurs yeux peine à leur offrir des perspectives, de la sécurité et de la dignité. Leurs inquiétudes nous reviennent d'ailleurs dans des drames marins qui loin d'être des accidents isolés sont plutôt des symptômes d'une impasse nationale.
Ainsi, en septembre 2024, une pirogue a chaviré au large de Mbour, emportant au moins 29 vies, dont celles de femmes et d'un enfant. Quelques semaines plus tard, une embarcation dérivait au large de Dakar, transportant 30 corps en décomposition avancée. D'un autre côté, les zones rurales sont en déshérence pour la plupart, privées d'eau potable, d'électricité, de centres de santé, de routes, vivant au rythme des saisons. Sans compter que des familles entières sont broyées par la précarité, que les enfants-talibés continuent d'errer dans les rues, dans l'indifférence, exposés à la violence, à l'exploitation et à la perversité des adultes.
Il s'y ajoute que l'on constate par ailleurs l'inquiétant développement d'une violence inouïe à l'endroit des femmes à l'image de ces quelques exemples terrifiants. Rien qu'en ce mois de mai, un homme a été déféré au parquet, accusé d'avoir tué sa femme dans son sommeil, essayant de faire croire à une mort naturelle en se couchant ensuite à côté du cadavre. Une autre femme, mère de 4 enfants, a été abattue en plein jour par son époux suite à une dispute conjugale.
Alors oui, il y a urgence. Urgence de se pencher sur la violence faite aux femmes. Urgence pour l'emploi, l'éducation, la santé publique, la justice sociale, la sécurité alimentaire, la bonne gouvernance. Urgence pour une institution judiciaire forte et indépendante. Ces urgences ne sont ni abstraites ni lointaines : elles structurent la vie quotidienne de millions de Sénégalais. C'est à ces priorités-là que l'État doit répondre. C'est sur ces chantiers-là que doivent porter les débats nationaux.
La grandeur d'un pays se mesure en effet à sa capacité à affronter ses défis de front, non à se perdre dans des polémiques qui détournent l'attention du cœur du problème. Il ne s'agit pas ici de nier les convictions morales ou religieuses de quiconque, mais de rappeler que l'avenir d'un pays se construit dans la rigueur des politiques publiques, la solidarité nationale, la mise en place d'institutions fortes et dans l'investissement dans les générations futures.
Le Sénégal n'a plus le luxe de l'insouciance. Bien au contraire, il est temps de redonner de la gravité à nos débats et de l'espérance à notre jeunesse.
PAR Jean Pierre Corréa
MULTIPLE PHOTOS
PIERRE GOUDIABY ATÉPA, 50 ANS D’ARCHITECTURE
EXCLUSIF SENEPLUS - Pierre me subjugua dès l'enfance. Son élégance, sa BMW noire, sa coiffure à la "Zoulou" lui donnaient l'allure d'un conquérant. Hommage à ce bâtisseur qui a façonné ma vie autant que ses édifices
Parce que « merci » est le plus beau mot de la langue francaise
Avant de vous délivrer mon propos, qui va tenter de raconter « MON » Pierre, je lève les yeux vers le ciel, et implore les prières de mon père Daniel, de mes oncles Emile Badiane et Charles Bernard, trois hommes immenses, qui ont compté pour Pierre et dont les rapports étroits que ces hommes entretenaient avec élégance et distinction, m’ont permis tout petit garçon, de croiser et de rencontrer mon cousin Pierre.
Merci à eux.
Mesdames, Messieurs, Honorables et distingués invités qui êtes tous venus rendre hommage au bâtisseur Pierre Goudiaby Atepa, qui célèbre avec vous les 50 ans de son cabinet d’Architecture, je vous dis bonsoir et bienvenue…
Je suis venu dire « Merci » à ce bâtisseur, qui est aussi mon cousin, parfois mon « oncle », souvent mon ami et toujours mon indéfectible soutien moral, quand il se pique de me protéger contre moi-même, de mes turbulentes embardées citadines, qui lui font dire, entre colère et regrets, que je suis un des meilleurs journalistes de notre pays, mais qu’il n’y avait que moi qui…ne le savait pas.
Alors, moi, Jean Pierre Corréa, je viens en ce jour de gratitudes, dire mon amour à Pierre, cet amour fraternel qui me lie à cet être exigeant, à en devenir de temps en temps intolérant à certaines de mes insouciances, ce qui n’est que sa façon à lui d’avoir pour moi…de la considération.
Tout petit déjà, Pierre me subjugua. Son élégance, son allant, sa BMW noire, sa coiffure à la « Zoulou », la casquette n’existait pas alors, son goût pour le théâtre, lui donnaient, à mes yeux d’adolescent émerveillé, l’allure d’un conquérant de tous les « ailleurs possibles » et des rêves à vivre.
Pierre, je dis « MERCI » d’avoir tellement exigé de moi, parce que devant être digne depuis 20 années, d’être la voix et la plume de nombreux de tes projets à travers le continent, ce qui m’a souvent terrifié, découvrant ces projets d’une telle beauté en 3D, parce que m’obligeant à poser mes mots et ma voix à ce haut niveau d’excellence et de créativité.
Merci de m’avoir ému si souvent, en me choisissant comme maître de cérémonie des mariages de tes filles, ce qui m’a souvent permis de deviner tes larmes coulant à chacune des ouvertures de bal nuptial, où tu les abandonnais, tout de même vigilant, aux bras de leurs époux.
Je vais à ce propos, te raconter une histoire qui m’est arrivée à une de ces occasions, où ton désir de perfection t’avait conduit à m’habiller. Tu rentrais de Chine. Me préparant à aller honorer et mon contrat et ta fille, je commençais alors à me vêtir de ce costume soyeux et confortable, je sentis un poids dans la poche du pantalon que j’enfilais, et quelle fut ma surprise, de découvrir ébahi, au fond de celle-ci, une plus que dodue liasse de yens. Tu imagines bien que j’ai tout de suite foncé changer ce cadeau du ciel, me téléportant Rue Sandiniéry, empocher le pourboire du vendeur chinois… Entre parenthèses et tout en sourires ….Je n’ai rien trouvé dans celui-là…Tu fus d’ailleurs en l’occurrence, étonné que je ne t’ai point talonné jusqu’à la fin de cette si belle fête…. Tu m’étonnes ! L’amuse-gueule était déjà si savoureux…
Encore et enfin, un grand MERCI de me donner ces joies d’écrire et de poser ma voix sur tous les films qui racontent tes rêves, tes projets et tes « délires », qui taquinent l’impossible.
Merci pour ta fidélité, ta ténacité et même parfois, merci pour tes « Niangals », qui rendent étroits et hasardeux tous les escaliers et couloirs de ton cabinet, ces Niangals dont tu me gratifies parfois, pour exiger « plus de mieux » de mon professionnalisme.
Pour conclure, ici, sous cette statue du Monument de la Renaissance, je vais rejoindre et sublimer ton appel à la jeunesse du Sénégal, à travers cette statue, qu’avec ton goût et ton appétit d’ailleurs, tu symbolisais à travers le petit garçon tout là-haut, qui pointe de son doigt l’horizon. Si tu avais la latitude d’en modifier la sculpture, tu lui aurais forgé le doigt pointé vers le bas, parce qu’enjoignant à notre jeunesse de rester et de rêver ici, parce que c’est ici que ça se passe.
Pierre, tu es une personne précieuse pour le Sénégal. Merci pour la collaboration à laquelle tu m’invites toujours et qui me permet de profiter de la folle et merveilleuse aventure de création d’un bâtisseur hors-normes. Merci Pierre.
En guise de post-scriptum : "J'ai la prétention de ne pas être aimé par tout le monde, parce que cela signifierait qu'on est aimé par n'importa qui"- Sacha Guitry.
Je te fais la promesse de m’évertuer à te mériter.