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1 août 2025
MULTIPLE PHOTOS
REVUE DE PRESSE SENEGALAISE DU 25 JUILLET 2025
Entre défis économiques, remous politiques, affaires judiciaires retentissantes et ambitions sportives contrariées, le Sénégal continue de faire face à ses paradoxes. selon la presse de ce jour
La scène nationale sénégalaise s’ouvre aujourd’hui sur une mosaïque de tensions politiques, d’alertes économiques et de sujets de société qui alimentent le débat public. De l’actualité institutionnelle aux coulisses du sport, tour d’horizon détaillé de ce que titrent vos journaux ce matin.
Marchés publics : le privé national monte au créneau
La question de l’accès aux marchés publics pour les entreprises locales revient en force. Direct News ouvre le bal en annonçant que « l’ARCOF inflige un camouflet au COUD » : l’Autorité de Régulation de la Commande Publique entend repositionner le secteur privé national dans l’exécution des marchés, longtemps jugé marginalisé.
Les Échos enfonce le clou : « 70% des marchés en valeur échappent au secteur privé », dénonce le quotidien, pointant du doigt un système qui profiterait davantage à des multinationales qu’aux entreprises sénégalaises. EnQuête renchérit en titrant sobrement : « Le BTP encore exclu », signe que le secteur du bâtiment et des travaux publics peine toujours à bénéficier des grands chantiers.
Une scène politique sous haute tension
Sur le front politique, L’Évidence dresse un constat alarmant : « Le Sénégal sous une poudrière ». Dans un climat de crispation, la moindre étincelle pourrait embraser la scène publique. Une illustration de cette tension est donnée par Tribune, qui s’interroge sur l’état de la Haute Cour de Justice : « Dans une impasse ? ». Les blocages institutionnels préoccupent.
Les remous internes agitent aussi les partis. Point Actu rapporte : « Ousseyini Sy secoue Pastef et recule ». WalfQuotidien parle carrément de « Malaise à Pastef », alimenté par la recomposition du bureau politique du parti d’Ousmane Sonko, sous la pression de la société civile, comme le souligne Sud Quotidien : « La société civile interpelle Sonko ».
Pendant ce temps, Source A met en lumière l’activiste Alioune Tine, avec un avertissement : « Tine et l’alerte orange ». Le journal évoque aussi la discrétion de l’ex-PM Bouba Ndour, soulignant qu’« il était aux champs » au moment où les projecteurs étaient braqués ailleurs.
Portraits et intrigues
La presse du jour s’intéresse également aux figures de l’ombre et aux personnages énigmatiques. Libération titre : « Dans la tête de El Hadji Babacar Dioum », un homme dont les manœuvres intriguent les observateurs. Yoor-Yoor le décrit comme « l’homme-mystère alias Kocc ! », laissant planer le doute sur ses véritables intentions.
Justice et société : un climat de ras-le-bol
La colère gronde aussi sur le terrain judiciaire. Rewmi Quotidien révèle « la lourde peine » infligée dans une affaire qui mobilise plus de 5 000 plaignants et met en cause 8 chefs d’accusation. Le journal évoque un « ras-le-bol des populations » face à l’impunité et l’insécurité.
Dans le même registre, Les Échos rapporte que Bouba Ndour a saisi la cybersécurité pour une plainte, tandis que L’AS met en avant « Les supplices du pouvoir de Ceintu-Dio Maye », révélant les tiraillements internes dans l’entourage présidentiel.
Présidence : entre rumeurs et remaniement
Au sommet de l’État, la santé de certaines figures suscite des interrogations. Tribune alerte sur « La santé de Farba Ngom », un proche collaborateur du Président Macky Sall. Pour sa part, L’AS et EnQuête confirment que Macky Sall « remanie son appareil politique », signe que le chef de l’État prépare le terrain pour les batailles à venir.
Sport : entre ambition et désillusion
Sur le terrain sportif, l’actualité est partagée entre lutte, football et préparation des Lions. Point Actu Sport titre : « Mon ultime défi est de battre Jackson Jr », à propos d’un lutteur déterminé à s’offrir un dernier exploit.
Sunu Lamb affiche la confiance de ses champions avec : « Je suis convaincu que Bombardier est facile à battre ». De son côté, Record met en lumière les ambitions d’un Lion local qui veut « rester au Qatar et jouer la CAN ».
Enfin, Rewmi Sports annonce la mauvaise nouvelle : « Le Sénégal s’incline face à l’Ouganda » en match de préparation pour le CHAN. Une contre-performance qui relance les débats sur l’état de préparation de la sélection locale.
En filigrane : une société sous pression
Un clin d’œil humoristique s’affiche en une, sous forme de caricature, où l’on devine l’ironie sur les enjeux culturels et religieux qui alimentent, eux aussi, les discussions de tous les jours.
POUR LA RUPTURE DES RELATIONS DIPLOMATIQUES ENTRE LE SÉNÉGAL ET ISRAËL
EXCLUSIF SENEPLUS - Le peuple sénégalais n’a jamais été du côté des bourreaux. Notre silence serait une complicité. Notre inaction, une honte. L'attentisme n’est plus une option
À Gaza, l’innommable se banalise sous nos yeux. Une centaine d’ONG dont Médecins sans Frontières et Médecins du Monde tirent sur la sonnette d’alarme face à une famine de masse, qui s’étend dans la bande de Gaza. Selon les dernières données de l’UNICEF, plus de 71 000 enfants sont désormais menacés de mort imminente par la malnutrition aiguë sévère. Le blocus, les bombardements ciblés sur les infrastructures civiles — écoles, hôpitaux, silos de stockage alimentaire — et l’obstruction à l’acheminement de l’aide humanitaire forment une politique délibérée de destruction massive d’un peuple. Ce n’est plus une guerre, c’est un génocide.
Dans ce contexte, l’attentisme diplomatique n’est plus une option.
Le Sénégal, terre de paix, d’engagement panafricain et de défense historique des droits des peuples opprimés, doit se dresser. Faut-il rappeler que notre pays est président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien à l’ONU ? Le peuple sénégalais n’a jamais été du côté des bourreaux.
Nous, citoyennes et citoyens du Sénégal, exigeons :
La rupture immédiate des relations diplomatiques avec Israël, pour marquer une ligne rouge morale et politique contre le génocide à Gaza ;
La condamnation claire et sans équivoque par notre gouvernement des crimes de guerre perpétrés par l’armée israélienne ;
L’adhésion active du Sénégal à toutes les initiatives judiciaires et diplomatiques visant à traduire les responsables israéliens devant la Cour pénale internationale ;
L’augmentation de l’aide humanitaire d’urgence en direction des populations civiles de Gaza, par le biais des agences internationales ou en coordination avec les ONG palestiniennes.
Notre silence serait une complicité. Notre inaction, une honte.
Des pays comme la Bolivie, la Colombie, le Brésil ou l’Afrique du Sud ont eu le courage de rompre ou de geler leurs relations diplomatiques avec Israël. Le Sénégal doit leur emboîter le pas, au nom de ses principes, de son histoire et de son devoir d’humanité.
Signez, partagez, mobilisez. Faisons entendre la voix de la dignité et de la solidarité.
Ont signé :
Mouhamed Abdallah Ly, Directeur de recherche assimilé, IFAN, UCAD
Pierre Sané, Ancien secrétaire général de Amnesty International
Dialo Diop, vice-président Pastef
Abdou Aziz Diouf, Professeur titulaire, FSJP, UCAD
Ndèye Astou Ndiaye, Maîtresse de conférences titulaire, FSJP, UCAD
Félix Atchadé, médecin
Bado Ndoy, Professeur titulaire, FLSH, UCAD
Abdourahmane Seck, Maître de conférences titulaire, UGB
Youssou Mbargane Guissé, Chercheur, anthropologue
Mamadou Diallo, doctorant, Columbia University
Mamadou Kabirou Gano, Maître de conférences titulaire, FASTEF, UCAD
Ousmane Sarr, Professeur assimilé, FLSH, UCAD
Cheikh Sadibou Diagne, Maître de conférences titulaire, FASTEF, UCAD
Sérigne Sèye, Maître de conférences titulaire, FLSH, UCAD
Thierno Ly, Maître de conférences titulaire, FLSH, UCAD
Cheikh Thiam, Professeur titulaire, Amherst college, USA
Olivia Marie Guèye, Informaticienne
Massamba Diouf, Professeur titulaire, FMPO
Benoît Tine, Professeur titulaire, UASZ
Mouhamed Lamine Ly, médecin, Dakar
Dr. Fatoumata Tacko Soumaré, Professeur de philosophie
Tidiane Sow, coach en communication politique
Oumar Dia, Maître de conférences titulaire, FLSH, UCAD
Pape Abdou Fall, Professeur assimilé, FLSH, UCAD
Khalia Haydara, Maîtresse de conférences titulaire, FLSH, UCAD
Mory Thiam, Maître de conférences titulaire, FLSH, UCAD
Mounirou Diallo, Maître de conférences titulaire, FLSH, UCAD
El Hadji Malick Sy Camara, Professeur assimilé, FLSH, UCAD
Samba Diouf, Professeur assimilé, FLSH, UCAD
Boubé Namaiwa, Professeur assimilé, UCAD
Adama Juuf, Professeur de philosophie
Thierno Guèye, Maître de conférences assimilé, FASTEF, UCAD
Dr. El Hadji Fallou Samb, Professeur de philosophie
Dr. Moctar Ndiaga Thioye, Professeur de philosophie
Ndiaga Diop, Professeur de philosophie
Alioune Diaw, Maître de conférences titulaire, FLSH, UCAD
Abdou Guèye, techicien supérieur en biologie, Rufisque
Abdoulaye Keita, Directeur de recherche assimilé à la retraite, IFAN, UCAD
Dr. Fatou Fall, pharmacienne, Grand Mbao
Koly Diouf, Professeur de philosophie
Mouhamed Banor, Professeur de philosophie
Oumou Salamata Ly, étudiante, Dakar
Pape Moussa Samba, EBAD, UCAD
Mamadou Mao Wane, sociologue
Alpha Oumar Diallo, doctorant en philosophie, Paris X-Nanterre
Malang Seydi, doctorant, UCAD
Papa Ibrahima Mare, Professeur d’angalais
Arfang Diagne Mare, Professeur de philosophie
Thierno Rawane Sy, doctorant en philosophie, UCAD
Malick Badji, Maître de conférences assimilé, FLSH, UCAD
Daouda Oumar Kane, doctorant en philosophie, Nancy
Maguèye Gningue, docteur en philosophie, UCAD
Maguèye Gningue, docteur en philosophie, UCAD
Daouda Sène, Maître de conférences assimilé, FLSH, UCAD
Boubacar Camara, Maître de conférences titulaire, UCAD
Sokhna Mariama Sène, Enseignante
Pape Diomaye Ngom, professeur de philosophie
Ababacar Ba, directeur, Paris
Oumar Thiam, Professeur assimilé, FLSH, UCAD
Sidy Ba, Professeur de philosophie
Dieynaba Gabrielle Ndiaye, Maîtresse de conférences assimilée, FLSH, UCAD
Samba Doucouré, Maître de conférences assimilé, FLSH, UCAD
Lamine Diédhiou, Maître de conférences titulaire, FLSH, UCAD
par M. El Hadji Amadou Niang et M. Léonard Émile Ogimba
REFONDATION INSTITUTIONNELLE ET GOUVERNANCE AU SERVICE DE L’INTÉGRATION AFRICAINE
EXCLUSIF SENEPLUS - "Le temps des diagnostics est passé. Celui de l'action audacieuse s'ouvre." Face aux défis géopolitiques mondiaux, l'Afrique doit transformer son ambition d'unité en réalité concrète
M. El Hadji Amadou Niang et M. Léonard Émile Ogimba |
Publication 25/07/2025
Sous un ciel chargé d’histoire, de luttes et d’espérance, l’Afrique se relève avec une volonté renouvelée. Portée par un idéal ancien devenu exigence contemporaine, l’unité, elle avance avec conscience et persévérance.Terre de civilisations multiples, riche de savoirs et de ressources, le continent affirme désormais sa capacité à écrire collectivement son avenir. Depuis les indépendances, une volonté persistante vise à dépasser les frontières héritées et à faire de la diversité un socle de force collective. Longtemps cantonné aux marges du rêve, l’idéal d’unité africaine s’est imposé comme un objectif stratégique, renforcé par des institutions et des visions partagées à l’échelle continentale. Des communautés économiques régionales à la zone de libre-échange continentale africaine ZLECAf, du plan d’action de Lagos au NEPAD, jusqu’à l’Agenda 2063, l’Afrique construit patiemment un avenir souverain et intégré. Ce projet ne se réduit ni à un mimétisme ni à une simple adaptation extérieure, mais repose sur une vision stratégique ancrée dans l’expérience, la mémoire et l’innovation. Il incarne une capacité politique à transformer héritages et diversités en unité.
Pourtant, malgré cette architecture ambitieuse, de nombreux projets restent au stade de l’intention, et une partie significative des citoyens se sent exclue du processus. Les défis institutionnels complexité administrative, chevauchement des mandats, gouvernance éloignée des réalités freinent encore l’essor du continent. À partir de là, la question cruciale demeure : comment concrétiser cette ambition collective, en la rendant tangible et partagée par tous les acteurs, des territoires aux États, jusqu’aux citoyens ? L’analyse qui suit dépasse le simple constat. Elle examine avec rigueur les causes profondes des défaillances institutionnelles entravant l’intégration africaine et propose des pistes claires pour une refondation nécessaire. Celle-ci vise une gouvernance africaine plus solide, inclusive et ancrée dans les réalités des peuples, fidèle à l’histoire commune et tournée vers l’objectif d’une Afrique unie, forte et souveraine.
I. Institutions enchevêtrées : le paradoxe d’une ambition éclatée
Dans sa quête légitime d’unité et d’intégration durable, l’Afrique s’est dotée au fil des décennies d’un dispositif institutionnel dense, réunissant des structures régionales et continentales destinées à promouvoir la coopération politique, économique et sociale entre ses États membres. Cependant, cette richesse institutionnelle, loin de constituer un atout pleinement mobilisé, révèle une fragmentation préoccupante qui affaiblit la cohérence et l’efficacité du projet panafricain. L’Union africaine, acteur central de cette ambition, évolue dans un paysage où coexistent de nombreuses Communautés économiques régionales (CER) – CEDEAO, CEEAC, SADC, COMESA, IGAD, UMA, CEN-SAD dont les mandats, souvent redondants, créent des chevauchements et entravent une gouvernance concertée. À cela s’ajoute la pluralité d’appartenances des États à plusieurs CER, qui complexifie davantage la coordination des politiques et ralentit l’exécution des décisions communes. Si certaines CER, comme la CEDEAO, ont progressé dans des domaines clés tels que la libre circulation des personnes ou la sécurité, d’autres peinent encore à dépasser des blocages internes persistants. Sur le plan continental, les institutions phares rencontrent aussi des obstacles notables.
Le Parlement panafricain, privé de pouvoir législatif contraignant, le Conseil de paix et de sécurité, l’ECOSOCC ou encore la Cour africaine des droits de l’homme souffrent d’un manque de ressources, de mandats flous et d’une faible capacité d’action, limitant ainsi leur impact réel. Cette prolifération d’organismes, au lieu de créer une dynamique convergente, favorise des conflits de compétences et une dispersion des responsabilités, réduisant la capacité du continent à parler et agir d’une seule voix. À l’inverse, des expériences d’intégration telles que l’Union européenne, l’ASEAN ou le MERCOSUR montrent l’importance d’institutions dotées de compétences claires, d’une architecture stable et d’une volonté politique partagée. Le véritable défi ne réside donc pas dans le nombre d’institutions existantes, mais dans leur capacité à fonctionner en synergie, à mutualiser leurs moyens et à produire des résultats tangibles au bénéfice des populations africaines. Tant que cette désarticulation persistera, l’intégration effective demeurera hors de portée. Il devient alors indispensable de revoir les mandats, d’harmoniser les mécanismes de coopération, de renforcer les capacités techniques et d’ouvrir la voie à un transfert maîtrisé de souveraineté vers une gouvernance continentale plus cohérente et plus légitime. Au-delà de ces réformes structurelles, c’est la qualité de la gouvernance, souvent silencieuse mais décisive, qui constituera le levier fondamental pour faire advenir une Afrique unie, forte et tournée vers l’avenir.
II. Gouvernance et leadership : le talon d’Achille du rêve africain
L’Afrique dispose aujourd’hui d’une architecture institutionnelle ambitieuse et de cadres stratégiques clairs. Pourtant, la mise en œuvre demeure le maillon faible. Entre fragilité de la gouvernance, manque de leadership panafricain et distance entre institutions et citoyens, le fossé persiste entre vision et action.
Un leadership encore trop national pour un projet continental
Les dirigeants africains, héritiers des luttes pour la souveraineté, restent attachés à la préservation des États-nations. Ce réflexe, compréhensible sur le plan historique, freine cependant l’évolution vers un véritable partage des compétences au sein d’institutions supranationales.
L’Union africaine, fondée sur la coopération volontaire, manque de mécanismes contraignants pour assurer l’application effective des décisions. Seul un leadership politique courageux, visionnaire et collectif permettra de faire avancer le projet d’unité africaine.
Renforcer la régulation continentale
Des cadres ont été établis pour promouvoir la transparence et la responsabilité à l’échelle du continent. Le Parlement panafricain pourrait jouer un rôle central dans l’affirmation démocratique de l’Union, à condition de disposer de prérogatives législatives réelles et d’être composé de membres élus au suffrage direct.
Le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), fondé sur une logique d’autoévaluation volontaire, constitue une innovation majeure. Il gagnerait en efficacité par une meilleure transparence, un financement stable et un engagement politique renforcé des États membres. Ces instruments ne sont pas des échecs. Ils représentent des bases solides, à consolider avec détermination. Une culture africaine de la redevabilité est en germe. Il s’agit désormais de l’ancrer durablement pour asseoir la légitimité et la crédibilité des institutions.
Rebâtir la légitimité depuis la base
Le panafricanisme ne réussira que s’il est porté par les citoyens. Or, les institutions sont perçues comme technocratiques et éloignées du quotidien. Pour combler ce déficit de proximité, il est urgent de renforcer la participation populaire : consultations publiques, plateformes numériques, initiatives locales et, à terme, référendums continentaux. L’adhésion populaire est la clef d’une intégration vivante et durable.
Financer l’unité pour garantir la souveraineté
La question du financement reste un nœud stratégique. Tant que l’Union africaine dépendra massivement de bailleurs extérieurs, son autonomie restera compromise. Des initiatives comme la taxe de 0,2 % sur les importations offrent des solutions internes crédibles, mais leur mise en œuvre demeure inégale. L’indépendance des institutions africaines passe par des moyens politiques et financiers garantis, condition essentielle pour agir avec dignité, liberté et efficacité.
III. Refonder la gouvernance pour bâtir l’unité africaine
La réussite de l’intégration africaine ne repose pas uniquement sur les discours ou les structures formelles. Elle exige une gouvernance renouvelée, performante, inclusive et centrée sur l’intérêt général. Les institutions régionales et continentales ont posé des fondations prometteuses, mais pour réaliser pleinement leur potentiel, elles doivent disposer de ressources suffisantes, bénéficier d’une autonomie renforcée et asseoir leur légitimité sur une adhésion claire des peuples. C’est à ces conditions qu’elles pourront impulser un changement profond et transformer les décisions politiques en leviers efficaces de transformation.
Les administrations nationales constituent le socle de l’intégration, qui ne pourra se concrétiser que par une mise en œuvre cohérente des engagements continentaux au sein des États. Or, dans de nombreux pays, les administrations souffrent de lourdeurs bureaucratiques, d’instabilité chronique, de déficits de compétence et d’interférences politiques. Dans certains contextes fragiles, l’absence d’autorité étatique sur une partie du territoire rend toute coordination régionale illusoire. Ailleurs, les conflits d’intérêts et le manque de redevabilité minent la confiance nécessaire à une dynamique panafricaine sincère.
Corruption : un fléau à éradiquer
La corruption constitue un frein majeur à l’instauration d’une gouvernance crédible. Elle affaiblit les institutions, détourne des ressources vitales et alimente la défiance des citoyens. Il est essentiel d’encourager une culture de l’intégrité, de renforcer l’éthique publique et de promouvoir une transparence rigoureuse dans la gestion des affaires. Cette exigence constitue un fondement indispensable à toute forme de légitimité et de progrès.
Une gouvernance à la hauteur des ambitions
L’Afrique porte une aspiration claire : celle d’une gouvernance exemplaire, au service de la transformation du continent. Cette ambition requiert des institutions responsables, enracinées dans les réalités locales mais guidées par une vision collective. Seule une articulation cohérente entre les États et leurs citoyens, entre stratégies continentales et besoins des territoires, permettra de construire une souveraineté partagée, ancrée dans l’efficacité, la légitimité et la prospérité.
IV. Refonder pour unir : une gouvernance panafricaine au service de l’action
L’unité africaine ne pourra devenir une force transformatrice que si elle s’appuie sur une gouvernance renouvelée, centrée sur l’efficacité, la clarté institutionnelle et la participation citoyenne. La refondation du système panafricain doit viser des résultats concrets, à travers trois axes majeurs : la simplification des structures, le renforcement des institutions, et la mobilisation des citoyens et des diasporas.
Clarifier les responsabilités et rationaliser l’architecture
La complexité institutionnelle actuelle appelle une harmonisation stratégique. En clarifiant les mandats, en supprimant les chevauchements et en alignant les Communautés économiques régionales sur les priorités de l’Union africaine, le continent gagnera en cohérence et en efficience. La ZLECAf, à cet égard, constitue une opportunité structurante.
Doter les institutions de véritables leviers d’action
L’Union africaine doit assumer un rôle moteur. Le Parlement panafricain, avec des pouvoirs législatifs progressifs et une composition démocratique, le MAEP renforcé et transparent, ou encore une Cour africaine aux décisions pleinement reconnues, sont autant d’outils à consolider pour bâtir une gouvernance robuste et crédible.
Moderniser la gouvernance : transparence et innovation
Une gouvernance moderne impose des budgets clairs, des résultats mesurables et un contrôle indépendant. Le recours aux outils numériques permettra une meilleure participation des citoyens et un suivi plus transparent de l’action publique, fondé sur l’audit, l’évaluation et l’ouverture des données.
Impliquer citoyens et diasporas
Les peuples africains doivent être pleinement associés au projet panafricain, à travers l’éducation civique, les consultations publiques et les échanges culturels et économiques. Les diasporas, par leur expertise et leurs ressources, doivent occuper une place stratégique via des mécanismes d’intégration concrets.
Une vision africaine audacieuse et partagée
La refondation doit s’ancrer dans les valeurs de solidarité africaine tout en misant sur l’innovation. Une feuille de route continentale, priorisant la sécurité, l’énergie, le numérique et la fiscalité, doit reposer sur des engagements communs et une volonté politique affirmée. L’Afrique a les moyens de bâtir une unité forte, originale et tournée vers l’avenir.
Un continent debout : l’heure de la refondation panafricaine
Dans un monde traversé par l’incertitude et les recompositions géopolitiques, l’Afrique se tient à un tournant décisif. La refondation du projet panafricain n’est plus une option, mais une nécessité historique. Face aux fragmentations héritées, aux ingérences persistantes et aux vulnérabilités internes, l’unité africaine doit s’affirmer non comme un rêve lointain, mais comme un impératif stratégique, fondé sur la souveraineté, la solidarité et l’exigence de résultats. L’heure est venue de bâtir des institutions fortes, légitimes et ancrées dans les aspirations profondes des peuples africains. Repenser la gouvernance continentale, c’est répondre à un appel venu du terrain, des jeunesses créatives, des diasporas engagées, et des citoyennes et citoyens en quête d’avenir. Ce n’est qu’à ce prix que l’intégration africaine pourra devenir réalité vivante, tangible, transformatrice.
L’Afrique dispose de ressources immenses, de cultures puissantes, d’énergies inépuisables. Ce qu’elle attend désormais, c’est un sursaut de volonté politique, une vision partagée et un engagement collectif à la hauteur de son destin. Le temps des diagnostics est passé. Celui de l’action audacieuse s’ouvre. L’Afrique doit se lever, fière, lucide et résolue à refonder son unité. Non pas demain, mais aujourd’hui. L’Histoire l’exige, les peuples l’espèrent, et l’avenir l’attend. Refonder l’unité africaine : l’heure n’est plus au projet. Elle est à l’accomplissement.
M. El Hadji Amadou Niang et M. Léonard Émile Ogimba sont anciens ambassadeurs respectivement du Sénégal et de la République du Congo (Brazzaville), ont également exercé d’importantes fonctions au sein du Secrétariat général de l’OUA/UA.
UNE MISSION DU FMI ATTENDUE À DAKAR
Le Fonds a annoncé jeudi qu'il dépêchera une équipe au Sénégal en août pour traiter le dossier explosif de la dette cachée et entamer les discussions sur les "contours" d'un nouveau programme de prêt
(Seneplus) - Le Fonds monétaire international a annoncé jeudi qu'il dépêchera une mission au Sénégal en août pour traiter le dossier explosif de la dette cachée et entamer les discussions sur les "contours" d'un nouveau programme de prêt, selon Reuters. Cette initiative intervient alors que le pays se débat avec des milliards de dollars de dettes dissimulées par l'administration précédente, un scandale qui a contraint le FMI à geler son programme de financement.
L'ampleur de la découverte dépasse largement les cas précédents de dette cachée en Afrique. Selon les estimations du FMI basées sur les dernières données des autorités sénégalaises, la dette cachée s'élevait à 11,3 milliards de dollars fin 2023, dont une portion concernant les entreprises publiques représentant environ 7,4% du PIB. L'agence de notation S&P a même chiffré le total de la dette cachée découverte depuis octobre 2024 à environ 13 milliards de dollars.
Cette révélation éclipse le tristement célèbre scandale des "obligations thon" du Mozambique, qui impliquait environ 3 milliards de dollars et constituait jusqu'alors le cas de dette cachée le plus récent et le plus médiatisé du continent africain.
"L'objectif de la mission sera de discuter des mesures nécessaires pour porter le cas de déclaration erronée devant notre conseil d'administration", a expliqué Julie Kozack, directrice de la communication du FMI, lors d'une conférence de presse à Washington. "L'équipe profitera également de l'occasion pour engager des discussions sur les contours d'un nouveau programme soutenu par le FMI pour le Sénégal."
L'ampleur de la dette cachée n'a cessé de croître depuis septembre 2024, lorsque le gouvernement nouvellement élu avait révélé qu'un audit des finances publiques avait initialement signalé le problème. Cette découverte progressive a créé un climat d'incertitude majeur sur les marchés financiers.
L'annonce de la mission du FMI a immédiatement rassuré les investisseurs. Les obligations sénégalaises ont bondi jeudi, avec l'obligation libellée en euros échéance 2028 qui a gagné plus de 3 centimes pour s'établir à 82,88 centimes sur l'euro, tandis que l'obligation en dollars échéance 2033 a progressé de près de 3 centimes à 70,64 centimes sur le dollar.
Le FMI sous le feu des critiques
Le conseil d'administration du FMI se trouve désormais face à un dilemme crucial : soit approuver une dérogation pour déclaration erronée - scénario privilégié par de nombreux investisseurs - soit ordonner au Sénégal de rembourser les décaissements des programmes précédents. Dans le premier cas, le Sénégal pourrait négocier un nouveau programme de financement.
"Une fois que nous aurons trouvé un accord sur les mesures correctives clés, le conseil du FMI sera en mesure d'examiner le cas de déclaration erronée du Sénégal et de prendre une décision", a précisé un porte-parole du Fonds dans une réponse écrite aux questions de Reuters. Ce porte-parole a ajouté qu'un accord sur ces mesures pourrait être conclu "espérons-le dans les semaines à venir".
Cette affaire soulève également des questions embarrassantes sur les mécanismes de surveillance du FMI, qui fait l'objet de critiques pour ne pas avoir détecté ces prêts dissimulés. L'institution de Washington a promis la transparence sur ses défaillances.
"Le FMI mène une évaluation et un diagnostic internes dans le cadre du processus de déclaration erronée", a indiqué le porte-parole, ajoutant que le Fonds présentera au conseil d'administration des informations sur la façon dont cette dette est passée inaperçue.
Cette crise financière représente un test majeur pour la crédibilité du Sénégal sur les marchés internationaux et pour sa capacité à maintenir la confiance des bailleurs de fonds. La mission d'août du FMI sera cruciale pour déterminer si le pays peut surmonter cette crise de confiance et retrouver l'accès aux financements internationaux nécessaires à son développement économique.
L'issue de cette affaire pourrait également influencer la façon dont les institutions financières internationales surveillent à l'avenir la transparence budgétaire des pays emprunteurs, particulièrement en Afrique où plusieurs nations font face à des défis similaires de gouvernance financière.
LA FRANCE VA RECONNAÎTRE OFFICIELLEMENT L’ÉTAT DE PALESTINE EN SEPTEMBRE
Une démarche diplomatique, qui s’inscrit dans la volonté de la France de soutenir une solution à deux États, dans un contexte marqué par la guerre à Gaza et l’urgence humanitaire.
Le président Emmanuel Macron a annoncé, ce jeudi sur sa page Facebook officielle, que la France reconnaîtra officiellement l’État de Palestine, marquant un tournant diplomatique majeur dans la politique extérieure française. Cette déclaration solennelle devrait être faite en septembre prochain lors de l’Assemblée générale des Nations unies.
Dans son message, le chef de l’État a rappelé l’engagement historique de la France en faveur d’une paix juste et durable au Proche-Orient. Pour lui, l’urgence absolue est de faire cesser la guerre à Gaza, de permettre un accès humanitaire massif, et de protéger les populations civiles. Il appelle également à un cessez-le-feu immédiat, à la libération de tous les otages, à la démilitarisation du Hamas, ainsi qu’à la sécurisation et à la reconstruction de Gaza.
Le président Macron insiste sur la nécessité de bâtir un État palestinien viable, pacifique et démilitarisé, capable de coexister avec Israël dans un cadre de sécurité réciproque. Il affirme que cette reconnaissance s’inscrit dans un cadre de clarté, de confiance et d’engagement pris avec les dirigeants palestiniens.
« Il n’y a pas d’alternative », a-t-il martelé, soulignant la volonté du peuple français de voir la paix revenir dans cette région déchirée. Il appelle à une mobilisation collective, impliquant Israéliens, Palestiniens, Européens et partenaires internationaux, pour faire de la paix une réalité durable.
Cette prise de position de la France, dans un contexte international tendu, pourrait redonner un nouvel élan aux efforts diplomatiques en faveur d’une solution à deux États, longtemps bloquée par les conflits récurrents et les impasses politiques.
MACKY SALL RÉORGANISE SES TROUPES
L'objectif affiché : préparer les défis à venir en attendant l’installation du nouveau Secrétariat exécutif national élargi. Parmi les figures promues figurent Pape Malick Ndour, Aminata Guèye et Hamidou Anne.
Macky Sall, le président de l'Alliance pour la République (Apr), a procédé à une petite réorganisation dans son parti ce jeudi. Il a procédé à quelques nominations.
Un réaménagement dans structures de son parti. Voilà ce que vient de faire le président Macky Sall. Il a procédé à plusieurs nominations pour, indique l’Alliance pour la République (Apr) dans un communiqué, faire face aux défis à venir, et dans l’attente de l’installation du nouveau Secrétariat exécutif national élargi.
Ainsi, M. Pape Malick Ndour a été nommé Coordinateur national de la Convergence des Cadres républicains (Ccr).
Mme Aminata Guèye sera désormais la Coordinatrice de la Chambre des Élus républicains et Hamidou Anne occupera le poste de Coordinateur national de la Cellule Analyses et Prospective (Cap).
Aussi, M. Papa Mahawa Diouf, Mame Marieme Thiam Babou, Mame Guèye Diop et Saourou Sène ont tous été nommés porte-paroles adjoints au sein du parti.
L’ABBÉ RAPHAËL NDIAYE NOMMÉ DIRECTEUR DES ŒUVRES PONTIFICALES MISSIONNAIRES POUR LE SÉNÉGAL ET LA MAURITANIE
Le prêtre du diocèse de Kaolack a été nommé ce 23 juillet 2025 par le cardinal Luis Antonio Tagle. Une mission de cinq ans qui le place au cœur de l’action missionnaire de l’Église, dans un contexte marqué par le dialogue interreligieux.
Le Dicastère pour l’Évangélisation, à travers son Pro-Préfet, le cardinal Luis Antonio Tagle, a officialisé ce mercredi 23 juillet 2025 la nomination de l’Abbé Raphaël Ndiaye en tant que Directeur national des Œuvres Pontificales Missionnaires (OPM) pour le Sénégal et la Mauritanie. Cette mission confiée au prêtre du diocèse de Kaolack s’étendra sur cinq ans, de 2025 à 2030. Il succède à l’Abbé Joachim François Ndione, du diocèse de Thiès.
Né en 1968 à Fass Koffé, dans la région centre du Sénégal, l’Abbé Ndiaye a été ordonné prêtre en 2000. Son parcours est marqué par un engagement pastoral et missionnaire constant. Vicaire à Foundiougne à ses débuts, il a très vite pris des responsabilités nationales, notamment en encadrant la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), avant de diriger les Œuvres apostoliques de son diocèse jusqu’en 2016. Après un temps sabbatique en France dans le diocèse de Montauban, il est revenu à Kaolack pour y exercer les fonctions de curé de la Cathédrale Saint-Théophile, cumulant aussi celles de vicaire général, coordinateur pastoral et responsable du développement économique.
Sa nouvelle mission à la tête des OPM le place au cœur de l’action évangélisatrice de l’Église universelle. Les Œuvres Pontificales Missionnaires – qui regroupent la Propagation de la foi, l’Enfance missionnaire, Saint-Pierre Apôtre et l’Union missionnaire – ont pour vocation d’accompagner la diffusion de l’Évangile, en particulier dans les territoires où l’Église est encore en implantation ou en croissance. Elles œuvrent à renforcer la prière missionnaire, la formation, la solidarité entre les Églises et le soutien financier aux initiatives pastorales.
Dans un contexte sahélien marqué par la diversité religieuse et les enjeux du vivre-ensemble, la mission de l’Abbé Ndiaye prend une dimension toute particulière. Elle s’inscrit dans une dynamique d’annonce respectueuse de l’Évangile et de dialogue interreligieux, essentielle à la présence chrétienne au Sénégal et en Mauritanie. Sa nomination marque ainsi une étape importante dans le renforcement du témoignage missionnaire de l’Église dans la sous-région.
par l'éditorialiste de seneplus, alymana bathily
DIOMAYE-SONKO, OÙ EST LE PROBLÈME ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Cette administration a produit depuis 60 ans une "noblesse d'État" qui se transmet ici peu encore par héritage culturel, surtout par initiation à l'ENA et croit détenir le monopole de l'intérêt général
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 24/07/2025
Oui, il y a un problème entre le président de la République Bassirou Diomaye Faye et son premier ministre et mentor Ousmane Sonko. Ce problème, c'est le système. C'est-à-dire, "les institutions de la République", leurs modes de fonctionnement, leurs rites et rituels, leur personnel, ses délices et poisons, pour parler comme Cheikh Anta Diop. Il y a aussi l'Administration publique qui fonctionne ici telle que l'avait établi Jean Baptiste Colbert au XVIIème siècle, auteur aussi du sinistre Code Noir.
L'Administration, c'est une bureaucratie centralisée autour des corps d'État que sont la Justice, la Police, l'Intérieur, les Finances et les Affaires étrangères, en somme ce qu'on appelle le gouvernement.
Cette administration a produit depuis 60 ans une "noblesse d'État" qui se transmet ici peu encore par héritage culturel, surtout par initiation à l'Ecole Normale Supérieure (ENA) et croit détenir le monopole de l'intérêt général.
Il s'agit en somme de "l'état profond" dans son acceptation française et pas dans le sens complotiste américain, car il ne s'agit pas d'un "complot, mais un système de corps intermédiaires qui, par inertie ou leurs réseaux filtrent le changement" (Michel Crozier, la Société bloquée, 1970).
Si le président de la République est dans son rôle de défendre l'Etat et ses institutions (il en a fait le serment), Ousmane Sonko est tout à fait dans le sien en que tant "premier responsable" du Pastef, en attaquant le système qu'il avait désigné comme la cible nécessaire à abattre pour apporter des "solutions" aux maux dont souffre les peuples sénégalais et africains.
Dès lors, que faire ?
Beaucoup de militants, pas seulement du Pastef, avaient pensé que la première mesure après l'arrivée au pouvoir du tandem aurait consisté en la mise en œuvre des institutions proposées par la Charte de Gouvernance démocratique de 2009 puis par la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) de 2013.
Il n'en fut rien, bien entendu, alors que le candidat Bassirou Diomaye Faye s'était engagé avant l'élection présidentielle à précisément cela. Réaction de rejet de l'Etat profond ? Peur du vide de la part du tandem ?
Que faire désormais ? À mon avis, il n'y a pas d'autre choix que cela, la réforme radicale des institutions de la République. Cette réforme doit même s'accompagner à mon sens d'une profonde révolution culturelle sous les vieux mots d'ordre plus que jamais d'actualité de Mom Sa rééw et Dafar Sa reew, afin de mobiliser la jeunesse autour de nouvelles valeurs et de créer pour elle des emplois en quantité, ici et maintenant.
par Madieye Mbodj
DIOMAYE-SONKO, UN ESPOIR POUR LE SÉNÉGAL ET POUR L’AFRIQUE
La solidité de ce duo, sur les mêmes bases de principe que celles qui l’ont constitué, demeure un impératif en même temps qu’un gage de poursuite victorieuse du processus sur la voie de l’alternative de transformation systémique
Jomaay mooy Sonko, Sonko mooy Jomaay, te tey la Waalo gën a aay !
Le 24 mars puis le 17 novembre 2024, le peuple sénégalais, poursuivant sa longue marche en avant et après trois années de durs combats et affrontements imposés par le régime autocratique, prédateur et de servitude volontaire APR/BBY, a su en toute souveraineté, imposer ses choix à la tête du pays et au sein de l’Assemblée nationale, en élisant sans contestation possible, démocratiquement et en toute connaissance de cause, le Projet politique incarné par le duo Sonko-Diomaye : Jomaay mooy Sonko, Sonko mooy Jomaay !
Cependant, restant convaincu qu’il peut continuer à écrire l’histoire à son image, l’ancien système, encore présent partout jusque-s-y compris dans les moindres interstices du nouveau pouvoir, n’a jamais cessé de parier sur la scission prochaine du binôme ! Comme ce fut le cas, avancent certains, avec Senghor/ Dia en 1962 et Wade/Seck en 2004, pour nous en tenir au seul Sénégal. Précisons-le tout de suite, les deux premiers s’étaient divisés sur une ligne de partage entre une orientation bureaucratique-bourgeoise de soumission au néocolonialisme, et une option résolument nationaliste-patriotique pour l’indépendance et la souveraineté véritables ; les seconds quant à eux, s’étripaient sur des questions de sous et de contrôle des leviers du pouvoir. Rien à voir avec le duo Diomaye/ Sonko, unis dans la lutte et la camaraderie syndicales, unis dans l’adversité politique face aux brigands et pillards de la République, unis dans la foi religieuse, unis dans les valeurs sacrées de la famille et de la fraternité africaines, unis dans la conception et le déploiement du Projet Pastef de libération nationale et d’émancipation sociale.
Mais nous-dira-t-on, le pouvoir rend fous, et la rivalité des ambitions divise, poussant même des amis ou des frères à se livrer à des parties d’échecs plus ou moins feutrées, à des luttes d’influence et de leadership plus ou moins ouvertes. Et ce ne sont pas seulement les adversaires déchus qui s’emploient à chercher, encourager voire susciter des dissensions ; il se trouve aussi inévitablement dans les rangs des vainqueurs, de malins esprits œuvrant pour leur promotion individuelle et prêts, dans ce dessein, à recourir aux mêmes armes et méthodes que celles des gens d’en face.
Et les diables et diablotins, déchainés, de sortir de leurs trous !
Que des divergences puissent exister entre camarades y compris au plus haut sommet de l’Etat, quoi de plus normal, surtout dans un parti qui vit et grandit, conformément d’ailleurs à des déclarations publiques de Bassirou Diomaye Faye lui-même, plusieurs fois répétées et assumées ? Est-ce, outre l’impératif de secouer et de remobiliser le parti, l’un des objectifs visés par l’adresse de Sonko aux militant-e-s et au peuple lors de l’installation du Conseil National de Pastef le 10 juillet dernier, toujours est-il que depuis lors, diables et diablotins des plus divers, déchainés, se sont mis à bondir et à sortir de leurs trous pour concentrer un feu nourri sur « les dérives dictatoriales », « le fascisme partisan » et « la dictature nazie » d’Ousmane Sonko (sic) ! Disons-le tout net, la haine viscérale à l’encontre de Sonko n’est rien d’autre qu’une haine de classe, déversée par des milliardaires enrichis illicites, d’autant plus amers qu’ils voient s’obstruer irrémédiablement devant eux les filons maffieux leur ayant ouvert jusqu’ici grandes ouvertes, les portes de la dilapidation impunie de nos ressources nationales. C’est de bonne guerre assurément, car il ne leur reste plus que la désinformation, la manipulation, les montages grossiers et l’injure, maquillés en « libertés d’opinion, d’expression et de presse » ! Mais comme l’a enseigné depuis fort longtemps le Président Mao, « être attaqué par l’ennemi est une bonne et non une mauvaise chose », car une telle agressivité ne fait que traduire la faiblesse, le désarroi et le désespoir de cet ennemi.
Laissons donc les Cassandre scruter l’horizon de « la crise au sommet de l’Etat sénégalais » ! Entre un Diomaye « partisan du dialogue, de la réconciliation et du respect des libertés », et un Sonko « virulent, tirant sur tout ce qui bouge », prétendent-ils, il ne saurait être question « ni du même agenda ni du même sens des priorités » ! Et autres balivernes…
Exemplarité à toute épreuve
Quant à nous autres, militant-e-s, sympathisant-e-s ou allié-e-s qui croyons tous et toutes au Projet, œuvrant sans relâche à sa réalisation pleine et entière, il nous appartient de faire preuve d‘exemplarité à tous les niveaux, à commencer par les plus hauts responsables et cadres, afin d’incarner, en théorie et surtout en actes, la directive du Jub-Jubal-Jubbanti, sur la voie de la rupture systémique. Exemplarité en termes de fidélité aux principes et valeurs de vérité, de justice, de droiture, d’humilité, de sérénité et d’ouverture, de compétence et d’engagement constant au service de l’intérêt général, selon la bonne vieille formule : the right man (or woman) in the right place !
A quoi bon se livrer à des chamailleries sans consistance, aux allures de « pro Sonko/ pro Diomaye, ou pro Rokhaya/ pro Daba », au sujet par exemple d’éventuels candidats à la présidentielle de 2029 !? « Un Premier ministre super fort », ce n’est ni une hérésie ni une boutade sortie de la bouche du président Diomaye. Il s’agit en réalité de donner corps à la question, arrivée à maturité, de la nécessaire refondation institutionnelle apte à mettre fin, dans notre pays, aux méfaits per vers de l’autocratie hyper-présidentialiste et du « présidentialisme néocolonial », pour reprendre la formule pertinente de feu le professeur Abdoulaye Ly.
Comme rappelé dans une récente contribution, Sonko a signé deux fois la Charte de Gouvernance démocratique des Assises Nationales du Sénégal, d’abord en tant que leader syndical, ensuite comme président de parti. Dans la même veine, le candidat de Pastef à la présidentielle de 2024, M. Bassirou Diomaye Faye alors en prison, a fait signer par son représentant le Professeur Sidy Alpha Ndiaye, le Pacte de Gouvernance Démocratique, inspiré des Conclusions et Recommandations des Assises Nationales et proposé à la signature des candidats par les acteurs de la société civile. Le leader politique incontesté de Pastef, c’est Ousmane Sonko. Et cet homme, bañ bañ bëgg, a l’immense mérite d’avoir conduit victorieusement au Sénégal un processus révolutionnaire inédit qui, loin d’avoir été un diner de gala, a su surmonter plein d’embûches, les complots des plus sordides, les meurtres, souffrances et violences ignobles en tous genres. Pour venir à bout d’autant d’obstacles, il a fallu un leadership avisé, un parti uni et solide, combatif et vigilant, un peuple motivé et déterminé, un Projet crédible, attractif et mobilisateur, le tout incarné par le duo Sonko-Diomaye. Avec tout naturellement des limites historiques objectives et subjectives qui commandent l’approfondissement continu d’un tel processus. La solidité de ce duo, sur les mêmes bases de principe que celles qui l’ont constitué, demeure un impératif en même temps qu’un gage de poursuite victorieuse du processus révolutionnaire sur la voie de l’alternative de transformation systémique. A tous ces regards pleins d’espoir de ces peuples du Sénégal, d’Afrique et du monde braqués sur notre expérience historique en cours, nous répondons clairement que nous n'avons pas le droit d‘échouer, et personne d’ailleurs ne nous le pardonnera, le cas échéant. C’est pourquoi, plus que jamais nous le réaffirmons : Jomaay mooy Sonko, Sonko mooy Jomaay, te tey la Waalo gën a aay !
Focus sur l’agenda nationale de transformation
Plus que jamais, l‘heure est à la prise à bras-le-corps de l’agenda national de transformation, afin de créer dans les meilleurs délais possibles, le cadre optimal d’amélioration décisive des conditions de travail et de vie des larges masses populaires des villes et des campagnes. La reddition des comptes sans discrimination pour que tous les voleurs rendent gorge, quels qu’ils soient, la justice diligente et égale pour tous afin de châtier sans complaisance tous les commanditaires et auteurs de crimes de sang ou autres ignominies, les réalisations et actions de tous les jours au bénéfice des populations, exécutées et éclairées en plus par toute la pédagogie et la communication appropriées, l’hommage reconnaissant rendu à tous les patriotes tombés sur le au champ d’honneur des luttes pour l’indépendance nationale et la démocratie véritables, sont et seront les meilleures réponses aux imposteurs et autres vendeurs de bla-bla. Alors échoueront à la face du monde, les tentatives de brouillage des repères, les opérations de déstabilisation organisées en chœur, de l’intérieur comme de l’extérieur du pays, par les ennemis de la libération et du progrès du continent. Ces derniers, faut-il le souligner, sont soutenus par divers relais politiques, médiatiques, économiques ou sociaux, y compris ces plumitifs, « analystes », « chroniqueurs » et donneurs de leçons qui sont restés pourtant bouche cousue et plume brisée devant les meurtres, violences et autres atrocités du régime du macky, de
2021 à 2024 ! Le plan de redressement national annoncé par le Premier ministre Ousmane Sonko, indiquera certainement la voie dans cette direction, afin de redresser-impulser-accélérer, en toute souveraineté et inclusion citoyenne, pour une prise en mains économe, efficace et efficiente des chantiers prioritaires : l’appropriation d’un tel Plan et l’adhésion du peuple sénégalais, dans ses différentes composantes, en seront les meilleurs gages de succès. Un Sénégal souverain, juste, prospère et de progrès, dans une Afrique unie et libre et un monde meilleur, c’est assurément un besoin plus actuel que
jamais, contre tout retour en arrière.
Madieye Mbodj est vice-président de Pastef-Les Patriotes.