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1 août 2025
GREENPEACE MOBILISE CONTRE LA POLLUTION DES SACHETS D’EAU AU SÉNÉGAL
Pendant deux jours, institutions publiques, startups, ONG et communautés locales explorent des alternatives concrètes pour réduire cette pollution plastique et promouvoir une économie circulaire au service de l’environnement.
Face à l’aggravation de la pollution plastique causée par les sachets d’eau à usage unique, Greenpeace Afrique a lancé ce mardi 22 juillet à Dakar un atelier national réunissant des acteurs gouvernementaux, des ONG, des startups, des chercheurs et des communautés locales. Cet événement de deux jours vise à promouvoir des solutions concrètes et durables de recharge et de réutilisation, en vue de réduire l’impact environnemental et sanitaire de ces déchets.
Selon Greenpeace, les sachets d’eau constituent la forme de pollution plastique la plus répandue sur les côtes sénégalaises. Une étude menée à Malibu, dans la banlieue dakaroise, révèle leur omniprésence dans les déchets collectés. Le Ministère de l’Environnement estime que plus de 250 000 tonnes de déchets plastiques sont générées chaque année dans le pays, dont près de la moitié à Dakar.
Les conséquences de cette pollution sont multiples : obstruction des canalisations, aggravation des inondations, atteintes à la biodiversité marine et exposition des populations aux microplastiques. Les communautés côtières, en particulier les pêcheurs, subissent également un impact économique important.
L’atelier se veut un espace d’échange, d’apprentissage et de co-création de politiques publiques. Témoignages de citoyens, présentations de solutions innovantes venues du Kenya ou de l’initiative sénégalaise Kaay Nann, et discussions techniques sont au programme. L’événement prévoit également l’élaboration d’un plan d’action national et la signature d’une déclaration conjointe adressée aux autorités sénégalaises.
Greenpeace appelle à un engagement fort en faveur d’une économie circulaire, à travers des alternatives accessibles, durables et créatrices d’emplois, pour faire face à l’urgence écologique que représente la pollution plastique.
LE PRÉSIDENT FAYE INSISTE SUR L’URGENCE DE L’ACCÈS À L’EAU POTABLE EN MILIEU RURAL
Le chef de l’État a aussi annoncé la création prochaine d’une autorité de régulation pour assurer une gouvernance transparente et équitable du secteur de l’eau.
Le président de la République a réaffirmé son engagement en faveur d’un accès équitable et durable à l’eau potable pour tous les Sénégalais. S’il a salué la signature récente du contrat de partenariat public-privé avec le groupe saoudien Aqua Power pour la construction d’une usine de dessalement sur la Grande Côte un projet stratégique renforçant la souveraineté hydraulique du pays, le chef de l’État a surtout mis l’accent sur une priorité urgente : l’amélioration significative de l’accès à l’eau potable en milieu rural.
Lors de son intervention, il a appelé le gouvernement à accélérer les actions concrètes dans les zones les plus vulnérables, où de nombreuses localités peinent encore à disposer de sources d’eau fiables et accessibles. Il a souligné que l’accès universel à l’eau potable ne saurait être atteint sans une politique volontariste et inclusive.
Par ailleurs, le président a exhorté les ministères concernés à finaliser, d’ici la fin de l’année 2025, le processus législatif relatif à la création d’une autorité de régulation du secteur de l’eau. Cette instance devra assurer une gouvernance transparente, garantir l’équité dans l’accès aux ressources hydrauliques, et encadrer les investissements publics et privés, dans un secteur de plus en plus stratégique.
Le chef de l’État a félicité le gouvernement pour son efficacité dans la conduite des projets d’infrastructures hydrauliques et a réitéré son appel à une gestion durable, équitable et souveraine de l’eau, ressource vitale pour le développement du pays.
LES DERNIÈRES MANŒUVRES FRANÇAISES AU SÉNÉGAL
Pendant que les derniers soldats français pliaient bagage, les diplomates de l'Élysée menaient une ultime offensive de charme. Objectif : convaincre l'entourage d'Ousmane Sonko de préserver des liens privilégiés avec Paris malgré la rupture officielle
(SenePlus) - Alors que les derniers soldats français quittaient le Sénégal le 1er juillet 2025, Paris tentait encore de sauver les meubles. Selon Le Canard Enchaîné, une discrète opération de charme s'est déployée dans les derniers mois pour maintenir une influence française menacée.
"Ces derniers mois, les diplomates français présents à Dakar se sont pourtant discrètement activés", révèle l'hebdomadaire satirique. L'objectif : convaincre l'entourage d'Ousmane Sonko, "le véritable homme fort du pays", de préserver des liens privilégiés avec l'ancienne puissance coloniale.
Cette campagne d'influence intervient dans un contexte particulièrement défavorable pour la France. Le président Bassirou Diomaye Faye, élu sur une ligne anti-française, a tenu ses promesses électorales en expulsant les 250 à 300 militaires français stationnés sur le territoire sénégalais.
Les contacts français se sont concentrés sur l'entourage du Premier ministre, figure centrale du nouveau pouvoir sénégalais. Selon Le Canard Enchaîné, "quelques proches" d'Ousmane Sonko ont été "notamment approchés" par les émissaires de l'Élysée.
Ces tentatives de rapprochement interviennent précisément au moment où la menace djihadiste se précise aux frontières sénégalaises. Le GSIM a lancé une offensive majeure au Mali le jour même du départ français, ciblant la région frontalière de Diboly. Une coïncidence qui souligne l'urgence sécuritaire.
Pourtant, les nouvelles autorités sénégalaises restent "focalisées sur les difficultés économiques" et minimisent la menace terroriste, selon un militaire français cité par l'hebdomadaire. Cette divergence d'analyse complique les tentatives de rapprochement initiées par Paris.
Pour la France, l'enjeu dépasse la simple influence géopolitique. Plus de mille ressortissants français vivent dans la région de Kédougou, frontalière du Mali, constituant "un potentiel cauchemar sécuritaire" selon Le Canard Enchaîné. Leur protection pourrait justifier un maintien de la présence française sous d'autres formes.
Cette réalité place Emmanuel Macron dans une position délicate pour "négocier avec son homologue sénégalais les contours de leur nouvelle relation". Entre respect de la souveraineté sénégalaise et protection des intérêts français, l'équilibre reste à trouver.
par Souleymane A. Gueye
RESTER AVEC LE FRANC CFA OU OPTER POUR UNE MONNAIE NATIONALE ?
EXCLUSIF SENEPLUS -Plus de soixante ans après leur indépendance politique, des pays comme le Sénégal n’ont plus besoin de garanties néocoloniales en matière de gestion monétaire et budgétaire
Sommes-nous en train de dire qu’après plus d’un demi-siècle après les indépendances nous ne pouvons rien faire sans la France ?
Dans une récente publication, nous nous interrogions sur la nécessité d’une souveraineté monétaire pour la transformation systémique de l’économie Sénégalaise souhaitée par les nouvelles autorités. Nous déplorions aussi l’absence d’une feuille de route sur la possibilité de battre une monnaie nationale si la stratégie actuelle de concertation avec les autres pays membres de l’UEMOA pour une vraie souveraineté monétaire n’aboutit pas à la sortie de la France de la gouvernance du franc CFA et à une véritable indépendante politique monétaire et une politique de change.
Nous demeurons convaincus que ces négociations / discussions n’aboutiront pas aux résultats escomptés. Au vu des lenteurs et des péripéties dans les négociations de 1980 à nos jours, ce serait une exception historique de voir des reformes drastiques sortir des discussions envisagées au niveau sous-régional et régional sur la question monétaire
Dans cette perspective, le Sénégal doit prendre les devants et se préparer à battre sa propre monnaie nationale comme la plupart des pays africains et du monde (1)
Et ceci pour éviter que la France ne prenne l’initiative de démanteler les accords économiques et financiers qui constituent le socle de la zone franc du fait de ses problèmes économiques (crise économique, flambée de la dette publique , augmentation du déficit budgétaire, taux de chômage très élevé , inflation galopante, malaise économique et social, et une hausse vertigineuse des défaillances d’entreprises) et politiques (instabilité/vulnérabilité institutionnelle) et son désir de raffermir ses relations économiques et financières avec d’autre pays africains émergents (tels que l’Afrique du Sud, le Nigeria, L’Éthiopie, et le Kenya).
Quels sont les risques associés à un tel abandon ? Quelles sont les conditions requises pour un propre abandon du franc CFA ? Quels sont les avantages pour le Sénégal de battre sa propre monnaie pour des politiques économiques mieux adaptées aux objectifs économiques du gouvernement (plein emploi, réduction de la pauvreté, stabilité des prix, amélioration du niveau de vie des populations et réduction du déficit de la balance des paiements) ?
Risques Associés à un abandon du franc CFA
Instabilité monétaire et fuite des capitaux
La sortie du franc CFA peut engendrer une grave crise économique due aux risques d’instabilité monétaire et à la fuite de capitaux qui en résultera, si des mesures appropriées ne sont pas mises en place. En effet, si la confidence des investisseurs sur la stabilité économique du pays ou la nouvelle monnaie s’érode, ils essayeront de sortir leur capital hors du pays ou seront moins enclin à commencer de nouveaux investissements dans le pays. Ces investisseurs chercheraient ainsi à protéger leurs actifs en les transférant vers des économies à devise forte. Pour ce faire, ils vendront les actifs dénommés sur la monnaie locale, et convertiront leur gain dans des actifs dénommés à forte devise. Ceci va entrainer une forte dépréciation du taux de change, conduisant à un mouvement spéculatif sur la monnaie- qui rendra presque impossible l’investissement dans le capital et conséquemment entravera le développement économique et la création d’emplois. Cela peut aussi entrainer une crise de la balance des paiements, une hausse de l’inflation, une réduction du pouvoir d’achat et une augmentation des couts des biens importés. L’analyse économique des marches des changes montre que la crise des taux de change est très dommageable car elle peut engendrer une crise bancaire et une crise de la dette souveraine ou crise de défaut. Ces crises auront des effets néfastes sur l’économie car elles auront tendance à interrompre le flux de crédits dans les secteurs clés de l’économie. C’est pour ces raisons que cette sortie du franc CFA n'est pas sans risque car elle peut aussi engendrer d’autres impacts négatifs sur le coût du commerce, sur le service de la dette et les finances publiques, ainsi que les envois de fonds. A ces risques cités de manière permanente par les adeptes du maintien du franc CFA, il y’a aussi la peur inexplicable installée dans l’esprit des dirigeants politiques, des décideurs et des gestionnaires économiques de la zone si le Sénégal déciderait de sortir du franc CFA.
Augmentation du coût du commerce
Bien que le commerce formel entre les membres de la zone CFA soit actuellement très faible (environ 13%), sortir de la zone pourrait augmenter les coûts de transactions transfrontalières. De nouveaux frais de conversion de devises, des frais de transactions supplémentaires et le risque de change affecteraient même les secteurs commerciaux informels, tels que les chaines de valeur agricoles partagées entre les pays membres. Ces coûts supplémentaires pourraient se répercuter sur les chaines d’approvisionnement, augmentant ainsi les dépenses de production et, à terme, les prix à la consommation.
Service de la dette et impact sur les finances publiques
La sortie de la zone pourrait amener les investisseurs à rechercher des rendements plus élevés pour couvrir les risques de change. Pour les gouvernements ayant une dette publique élevée comme le celui du Sénégal, cela signifie que les coûts de service de la dette augmenteront ; ce qui entrainera probablement une réduction des dépenses dans les infrastructures, la sante, l’éducation et d’autres domaines de développement essentiels au développement économique du pays.
Les défis de l’économie informelle et des envois de fonds
Une part importante de l’activité économique dans ces régions est informelle (85%-95%). L’incertitude monétaire pourrait entraver les envois de fonds de la diaspora en raison des risques de change. Les entreprises évoluant dans le secteur informel peuvent avoir moins de visibilité sur leurs coûts de production et avoir du mal à fixer leurs prix avec précision avec une nouvelle monnaie fluctuante au cas où le Sénégal choisirait un régime de change flexible or semi flexible.
Néanmoins tous ces risques associés à un abandon du franc CFA peuvent être atténués si les conditions préalables d’une sortie du franc CFA sont mises en place sur la base de politiques fiscales et monétaires efficaces entreprises par les nouvelles autorités Sénégalaises. L’efficacité de ces réformes passe par des réformes structurelles nécessaires pour diversifier l’économie.
Battre monnaie est un élément essentiel de l’identité nationale d’un pays
Comme le disait feu l’économiste britannique Wynne Godley en 1992 :
“ « Le pouvoir d'émettre sa propre monnaie, de faire des tirages sur sa propre banque centrale, est l'élément principal qui définit l'indépendance nationale." (“QUI A PEUR D’UNE MONNAIE NATIONALE POUR LE SÉNÉGAL - SenePlus”) Si un pays abandonne ou perd ce pouvoir, il acquiert le statut de collectivité locale ou de colonie. » Wynne Godley, Maastricht and All That, London Review of Books, 1992.
Pour le Sénégal et beaucoup de pays africains, il y’a des arguments convaincants pour se lancer dans la création d’une monnaie nationale du fait que leurs situations économiques nécessitent des politiques monétaires destinées à satisfaire leurs objectifs économiques et les besoins spécifiques du pays. ; ce que le franc CFA ne permet pas. Pour s’en convaincre, citons Samir Amin :“A vrai dire, le système monétaire en vigueur rend impossible toute politique monétaire dans les pays africains de la Zone Franc. Une « banque centrale » qui n’est pas autorisée à porter son concours au Trésor, sauf dans les limites très étroites, et qui ne gère pas les avoirs extérieurs du pays ne mérite certainement pas d’être qualifiée de banque centrale. Si, de surcroît, comme c’est le cas, les banques commerciales sont étrangères et qu’elles sont autorisées à transférer des fonds dans les deux sens sans contrôle, les États nationaux se trouvent totalement démunis du contrôle des instruments élémentaires d’une politique monétaire”
Cette citation illustre parfaitement la nécessité de se doter d’une nouvelle monnaie pour la réussite d’une transformation systémique de l’économie et de la société sénégalaise pour éradiquer la pauvreté galopante et créer les conditions nécessaires pour permettre à la plupart des sénégalais d’améliorer leur bien-être. En effet, l’établissement d’une nouvelle monnaie n’est pas une petite affaire. Mais dans la mesure où la monnaie existante, le Franc CFA, ne répond pas aux besoins primordiaux de l’économie sénégalaise (création d’emploi, éradication de la pauvreté, et réduction des inégalités), il faut impérativement s’atteler à cette tache si les nouvelles autorités veulent matérialiser la rupture systémique qu’elles ont promise aux sénégalais. Cependant, des conditions préalables doivent être mises en place avant de se lancer dans cette entreprise.
Conditions Préalables
Les économistes comme Blinder (2) reconnaissent que la condition primordiale du succès d’émettre une nouvelle monnaie demeure dans la capacité du gouvernement et de la banque centrale à convaincre le public, les entreprises, et la communauté internationale à croire à la stabilité de la nouvelle monnaie. Pour atteindre cet objectif, les autorités doivent se préparer à implémenter / consolider ces différentes phases :
Consolider le cadre macroéconomique et la législation financière pour une stabilité macroéconomique
Mettre en place une politique fiscale et monétaire efficace pour corriger les déficits (déficit budgétaire et déficit privé) (3)
Mettre en place une politique commerciale destinée à générer /renforcer les réserves de change par une augmentation des exportations de produits issus de la transformation des produits halieutiques, miniers et agricoles.
Diversifier l’économie sénégalaise en entreprenant des réformes structurelles profondes et une bonne stratégie de maitrise des coûts énergétiques.
Mettre en place une banque centrale chargée de conduire une politique monétaire indépendante (4)
Revoir la législation et la règlementation des banques commerciales et autres institutions financières.
Renforcer la transparence et la gouvernance de l’émission monétaire.
Mettre en place un organisme Independent chargé de la Gestion autonome des réserves de change.
Les nouvelles autorités, dans leur nouvelle Vision 2050, ne se sont pas trop appesanties sur la question monétaire. Néanmoins, leur programme pour la campagne présidentielle, évoque les étapes nécessaires pour arriver à une monnaie locale : la mise en place d’une politique macroéconomique solide, la séparation des banques d’affaires et des banques de dépôt, l'accès à des moyens techniques pour la création monétaire, une démonétisation temporaire de l’or, une reprofilation de la dette publique et une annulation de la dette privée, la résolution de problème du déficit commercial, le règlement des avoirs extérieurs et la négociation des comptes d’avances, l'instauration d'un système d’assurance des dépôts, la création d'une autorité de régulation des marchés financiers, l'orientation du circuit du Trésor vers les grands travaux, l'établissement d'une banque centrale avec une indépendance limitée.
Il existe donc déjà des similitudes notables entre les conditions que nous avons énumérées précédemment et les étapes décrites dans le programme présidentiel du régime actuel. Ces convergences montrent une certaine cohérence entre les aspirations théoriques et les ambitions affichées par les décideurs politiques. Cependant, le véritable défi réside désormais dans la mise en œuvre concrète de ces idées. C’est ici que la volonté politique doit prendre toute sa place, en transformant ces engagements en actions tangibles et en apportant des solutions durables aux défis auxquels nous sommes confrontés. La théorie et les promesses seules ne suffisent pas ; il est impératif de passer de l’intention à l’exécution avec rigueur, détermination et un sens aigu des responsabilités envers la population et l’avenir du pays.
Effets de l’abandon du franc CFA à court terme et long terme sur l’économie Sénégalaise
La sortie du franc CFA ne pourra être que bénéfique pour le Sénégal, car le dispositif financier et monétaire actuel du franc CFA n'est pas propice à la croissance économique et au développement. Ce dispositif entrave les exportations, l'investissement et l'industrialisation et crée des pressions inflationnistes en raison des prix élevés des intrants et des matières premières. Plus de soixante ans après leur indépendance politique, des pays comme le Sénégal n’ont plus besoin de garanties néocoloniales en matière de gestion monétaire et budgétaire dans la conduite de leurs politiques monétaires et de taux de change. Globalement, par rapport aux autres pays africains, en termes de croissance économique et de réduction de la pauvreté, l'indice de développement humain de la zone franc CFA est plus faible depuis les années 1990 en raison du coût prohibitif des affaires dans une monnaie rattachée à l'euro et des restrictions monétaires (politique monétaire très stricte et de crédit serrées) dans la zone. Par conséquent, il est impossible de recourir à des investissements massifs pour transformer les économies des pays CFA comme le Sénégal. Mais les leçons des « Tigres asiatiques » et de nombreux pays d'Amérique latine et d'Afrique qui gèrent leurs monnaies devraient convaincre le Sénégal qu'il est possible de surmonter les difficultés liées à la possession de sa monnaie et de gérer correctement la politique monétaire et la politique des taux de change pour atteindre les objectifs économiques affichés de croissance économique inclusive, de stabilité des prix, de création d’emplois et de réduction de la pauvreté. Quant au secteur primaire, une monnaie nationale pourra faciliter l’instauration d’une discipline monétaire et budgétaire favorisant la transformation agroindustrielle, halieutique et minière pour jeter les bases d’une densification et diversification du secteur industriel. Les crédits résultant de la flexibilité monétaire et les réserves engranges sur les exportations de produits finis pourraient être canalises dans des secteurs clés pour satisfaire les objectifs de politique économique (plein emploi, stabilité des prix et financière, réduction des déficits budgétaires et commerciaux) en transformant et conservant les produits agricoles. De plus une grande flexibilité monétaire permettrait d’agir sur le coût des intrants et des équipements importés et conséquemment avoir un impact positif sur le secteur industriel. Une maîtrise de la politique de change (effet de substitution et effet des prix relatifs) pourrait également améliorer la compétitivité des produits sénégalais sur le marché international.
Au vu de cet énorme potentiel d’une indépendance monétaire et d’une flexibilité de la politique de change, il est évident que le franc CFA n’est pas une monnaie appropriée pour le développement économique des pays qui l’utilisent. Il est alors temps de mettre en place une feuille de route ou une stratégie de sortie du franc CFA pour l’avènement de la création d’une monnaie nationale afin de mettre fin à un système qui perpétue une « prime à la paresse intellectuelle ».
Changer de monnaie n’est pas une garantie pour atteindre nos objectifs de développement économique, mais elle peut entraver les flux financiers illicites entre les membres de la zone franc et les paradis fiscaux due à la convertibilité du franc CFA et créer les conditions optimales pour un essor économique si, d’une part de bonnes politiques économiques sont mises en place et exécutées ; et d’autre part si une bonne politique de transformation des produits agricoles et halieutiques destinées à l’exportation et des politiques de substitution à l’importation bien pensées pour éviter les erreurs des pays d’Amérique Latine et d’Afrique qui ont eu à adopter cette stratégie de développement (5) sont implémentées. Pour une réussite de cette quête de souveraineté monétaire, il est essentiel pour le gouvernement de réduire sa dette extérieure libellée en devises étrangères, réduire la dépendance élevée à l’importation de produits alimentaires et de pétrole, d’augmenter ses réserves de changes, et de combattre la détérioration des termes de l’échange des produits exportés. Un nouveau modèle de développement économique (S gueye 2022) est nécessaire pour accompagner cette sortie du franc CFA.
Souleymane Gueye, Professor of International Economics
40 pays sur 54 du continent africain ont leur propre monnaie. Seuls les pays de la zone franc échappent à cette règle. Dans le monde entier, les unions monétaires sont des exceptions. Seulement 7% du système international sont constitués de pays qui partagent une monnaie commune, ce qui constitue une exception.
Selon Blinder un économiste américain la crédibilité d’une banque centrale dépend de sept facteurs : honnêteté, indépendance, consistance à combattre l’inflation, la transparence, le maintien d’une discipline fiscale, l’utilisation des règles de la politique économique, et les règles d’incitation
3. Une consolidation des ressources existantes par une bonne stratégie de mobilisation des recettes fiscales (élargir l’assiette fiscale en modernisant le secteur informel, réduire les exonérations fiscales) et une renégociation des contrats conclus par le Sénégal. Senegal 2050 and Declaration de Politique Generale du Premier ministre
Utiliser la Banque Centrale des États Unis (FED) comme référence.
Stratégie de développement du Sénégal depuis 1960
Papier présentée lors des journées d’études sur les économies africaines Monterey Institute of International Development May 2021
par Cheikhou Oumar Sy
REPENSONS NOTRE SYSTÈME D’ÉVALUATION À L’ÈRE DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
EXCLUSIF SENEPLUS - Pourquoi un élève sénégalais devrait-il attendre systématiquement 18 ans pour passer son bac, alors qu’avec un accompagnement, il peut l’obtenir dès 15 ans ? Il est question de redonner du sens à l’école
L’école sénégalaise traverse une crise de fond. Tricherie aux examens, désorientation massive des élèves, déperdition scolaire, taux d’échec élevés : les signaux sont rouges. Chaque année, le BFEM et le Baccalauréat deviennent non plus des symboles d’excellence, mais des épreuves d’endurance mentale, souvent vidées de leur sens.
Dans ce contexte, il est impératif de remettre à plat notre système d’évaluation. Mieux encore, il est temps de poser un débat courageux : et si, grâce à l’intelligence artificielle (IA) et à une refonte globale du modèle éducatif, nos enfants pouvaient obtenir leur Baccalauréat dès l’âge de 15 ans, dans de meilleures conditions, et avec de meilleures compétences ?
Tricherie, démotivation, exclusion : un système en panne
Le phénomène de la triche est devenu endémique. Il ne s’agit plus d’actes isolés, mais d’un symptôme généralisé d’un mal-être éducatif profond. Les élèves trichent, non pas uniquement par facilité, mais parce qu’ils ne croient plus au système, n’y trouvent plus de sens, et se sentent enfermés dans une logique de sanction plutôt que de valorisation.
Parallèlement, la majorité des élèves est orientée, souvent par défaut, vers les séries littéraires, sans véritable préparation, sans perspective claire. Les séries scientifiques sont désertées, non par manque d’intérêt, mais par peur de l’échec, faute d’accompagnement adapté.
Ce système produit des chômeurs dès le primaire, exclut des talents au collège, et brise des ambitions à l’université. Il est urgent d’inverser la tendance.
Raccourcir le parcours scolaire, sans sacrifier la qualité
Aujourd’hui, la technologie, et en particulier l’intelligence artificielle, permet de transformer en profondeur l’expérience éducative. Des plateformes intelligentes peuvent adapter les contenus pédagogiques au rythme de chaque élève, diagnostiquer les lacunes, recommander des parcours individualisés, et proposer des évaluations plus régulières et plus justes.
Grâce à ces outils, il devient possible de réduire la durée du cursus scolaire sans compromettre la qualité des apprentissages. Pourquoi un élève sénégalais devrait-il attendre systématiquement 18 ans pour passer son Bac, alors qu’avec un accompagnement intelligent, il peut l’obtenir dès 15 ans, avec plus de maturité, plus de compétences et plus de confiance en soi ?
Ce modèle n’est pas une utopie. Il repose sur des principes pédagogiques solides : différenciation, autonomie, maîtrise des compétences fondamentales, accompagnement continu. De nombreux pays testent déjà des parcours accélérés, intégrés à des politiques d’orientation plus souples.
Repenser l’évaluation pour un apprentissage en profondeur
Pour réussir cette mutation, il faut également réformer en profondeur notre approche de l’évaluation. Le système actuel, centré sur un examen final unique et stressant, favorise la récitation, la reproduction mécanique et le bachotage. Il exclut la créativité, la réflexion, l’analyse critique.
Nous devons aller vers une évaluation continue et pluraliste, intégrant les devoirs de classe, les exposés, les projets, les compétences numériques et transversales. L’IA peut jouer un rôle crucial dans l’analyse des performances, le suivi individualisé, et la détection précoce des décrochages.
Pour une école qui révèle, pas qui élimine
Le vrai enjeu, ce n’est pas simplement d’obtenir un Bac à 15 ans. C’est de redonner du sens à l’école, d’en faire un espace de découverte de soi, de développement de compétences utiles à la société, et de construction d’un avenir digne.
Notre système actuel épuise les élèves, désoriente les parents, et frustre les enseignants. Il est temps d’ouvrir une nouvelle ère, où la technologie est au service de l’humain, et où l’évaluation devient un outil de progrès, et non un couperet.
L’heure du courage éducatif
Le Sénégal doit avoir l’audace d’initier une révolution éducative fondée sur la justice, l’innovation, et l’intelligence collective. Une révolution qui considère chaque élève comme un potentiel à révéler, et non comme un problème à résoudre.
Former une génération capable d’obtenir le Bac à 15 ans, ce n’est pas faire de l’élitisme. C’est croire au génie sénégalais, c’est faire confiance à nos enfants, c’est mobiliser les outils du XXIe siècle pour bâtir une école de demain, inclusive, ambitieuse, et centrée sur le bien-être et la réussite.
Le défi est immense, mais il est à notre portée. Le moment est venu d’agir.
Cheikhou Oumar Sy est ancien parlementaire, président de l’OSIDEA.
LA CHRONIQUE DU Veilleur Ironique
MÉPHISTO LE CLIENT, LA MEUTE ENRAGÉE ET LA GRANDE DÉCHIRURE
EXCLUSIF SENEPLUS - Djolof Land est devenu le royaume du manichéisme : ceux qui sont avec le projet sont les bons ; les autres, sont des complices du système à abattre. Il n’y a plus de place pour le doute, pour le débat honnête
Dans son livre « La Ferme des animaux », George Orwell n’a peut-être jamais écrit cette phrase mot pour mot, mais elle en incarne l’esprit : « Une nation n’a pas d’ennemi plus grand que le populisme quand il se nourrit des colères, attise les divisions et détruit ce qui fait lien entre ses enfants. ». En effet, le populisme ne propose pas de cap : il offre des boucs émissaires. Il ne construit pas l’unité : il flatte les ressentiments.
A Djolof Land aujourd’hui, la déchirure est là, béante, plus large que le rift africain qui fend le continent du nord au sud. Le tissu national se désagrège sous nos yeux, rongé par les passions tristes, fracturé par une haine méthodique qui s’exerce au nom du peuple contre le peuple. La meute enragée, cette garde populiste prétorienne, ne tolère plus le débat : elle l’abat. Elle ne pense pas : elle pourchasse ceux qui pensent. Elle soutient Méphisto le Client non pour ses idées, qu’il n’a guère, mais parce qu’il incarne leur colère, leur revanche, leur droit à l’insulte et à la toute-puissance de l’arrogance.
Pourtant, Djolof Land, depuis son émancipation chaotique au soir du 20 août 1960 lorsque, dans une assemblée vidée de sa légitimité, l’indépendance fut proclamée après la rupture avec le Soudan français, avait toujours su préserver l’essentiel : le lien social, le sens du compromis, la palabre comme boussole.
Sous l’Empereur Poète, les tempêtes furent nombreuses, mais l’esprit de dialogue permit de surmonter les clivages. Pour l’histoire, Djolof Land traversa des secousses majeures : la crise politique de 1962, la sécheresse dévastatrice des années 66-73 qui ravagea les récoltes, décima le bétail, installa la famine et précipita l’endettement du pays ; les émeutes étudiantes de mai 1968 et 1973 qui révélèrent le malaise social et forcèrent une révision constitutionnelle ; etc. Et pourtant, malgré les années de plomb et les tensions, le Royaume tint bon, debout, réformant son architecture institutionnelle, enracina ses symboles et posa les fondements d’un État respecté, au prix de douloureuses épreuves que l’histoire retiendra comme les douleurs de l’enfantement national.
Puis vint Ndiol, Buurba Djolof austère mais solide, qui tint bon face à la crise Gambienne et à la guerre larvée au sud du pays, aux années de braise (1988-1989), à l’assassinat d’un juge constitutionnel, au meurtre d’agents de force de l’ordre, à la dévaluation brutale du franc CFA, autant de drames, de blessures ouvertes, mais jamais une rupture du pacte républicain. Djolof Land tenait bon, parfois vacillant, mais digne.
Ndjombor, le libéral flamboyant, traversa à son tour les épreuves : la crise économique de 2008, la rupture énergétique, les émeutes de la faim, la contestation politique de 2011 et les dérives de fin de règne.
Lamtoro a connu lui aussi ses années de braise : crise du pétrole, tensions sociales, velléités de troisième mandat et surtout l’affaire du lupanar, qui divisa le pays et fit vaciller la République pendant trois longues années. Il y eut des morts, des fractures, des silences pesants. Et pourtant, malgré les dérives et les violences, la République tint bon, portée par un ultime sursaut institutionnel et la résilience d’un peuple qui, jusqu’ici, avait toujours su éviter l’effondrement.
Sachez que Djolof Land ne survivait pas seulement grâce à l’autorité de ses institutions ou à l’habileté de ses dirigeants, mais parce qu’il disposait de ressorts sociologiques profonds, de régulateurs sociaux endogènes et d’un pacte républicain implicite scellé dans les plis de la société.
Depuis toujours, le cousinage à plaisanterie désarmait les conflits intercommunautaires ; les confréries religieuses, respectées et respectueuses, jouaient le rôle d’amortisseurs moraux ; les notables, les chefs coutumiers, les maîtres d’école et les imams formaient un corps social de médiateurs naturels. Le peuple lui-même portait en héritage un sens aigu du dialogue, une tradition de la palabre, du compromis dynamique, cette capacité à trouver une voie médiane sans céder à la violence ni à la déraison.
La nation, bien que jeune, reposait alors sur un ciment invisible mais solide : l’esprit de tolérance, la cohabitation pacifique, la recherche constante de l’équilibre. Ce tissu symbolique tenait lieu de garde-fou collectif et empêchait les dérives brutales.
Disons-le avec amertume : ce que vit Djolof Land sous Méphisto le Client n’est plus une simple crise politique : c’est un effondrement moral, une perte de repères, une guerre larvée entre citoyens. Le droit se tait, la justice vacille, l’intellectuel se terre, et la meute aboie. Le lien social n’est plus distendu : il est rompu.
Aujourd’hui, Djolof Land est devenu le royaume du manichéisme : ceux qui sont avec le projet sont les bons, les purs, les éveillés ; les autres, nécessairement, sont des traîtres, des vendus, des corrompus ou des complices du système à abattre.
Il n’y a plus de place pour la nuance, pour le doute, pour le débat honnête. La pensée critique est assimilée à la trahison, l’objection à l’ennemi. On ne discute plus : on disqualifie. On ne convainc plus : on condamne. Le pays est pris en otage par une logique binaire et brutale qui divise familles, amis, collègues, concitoyens.
Et dans ce climat délétère, le pacte républicain vacille, car il ne repose plus sur le respect mutuel ni sur la diversité des idées, mais sur l’allégeance aveugle à une cause devenue religion politique.
L’intolérance, fille gâtée de l’ignorance, est aujourd’hui la reine de l’espace public à Djolof Land. Elle trône sans vergogne sur les ruines du débat républicain, imposant son règne par l’insulte, la menace, l’anathème. L’argument a cédé la place à l’agression, la contradiction à l’excommunication. On ne cherche plus à comprendre, on veut faire taire.
Ce que Djolof Land subit aujourd’hui n’est pas un simple désordre passager : c’est une dégradation profonde du logos commun, un effondrement du langage au profit de la vocifération. Et quand la parole se corrompt, c’est la cité tout entière qui s’asphyxie.
Aujourd’hui, à Djolof Land, même les derniers remparts vacillent. Les chefs religieux, jadis sages et régulateurs sociaux respectés, n’osent plus parler, encore moins entamer une médiation, de peur d’être cloués au pilori par les 72 heures de vindicte numérique de la meute. La société civile, longtemps passerelle entre le pouvoir et l’opposition, est désormais désignée comme une basse-cour de traîtres, un repaire de « fumiers » à neutraliser.
La presse, quant à elle, est muselée, intimidée, fragmentée : ceux qui refusent de hurler avec la meute sont taxés de complicité avec le système honni, pendant qu’une nouvelle presse d’allégeance prospère à l’ombre du Projet, encensée, financée, promue pour dire ce que le pouvoir veut entendre.
Plus personne n’ose parler de cohésion sociale sans se faire accuser de mollesse, de trahison ou d’arrière-pensées. Même le mot est devenu suspect, une « fumisterie », disent-ils, un alibi des vendus.
Djolof Land est devenu le royaume de la haine, un territoire ravagé par les passions tristes, où l’on ne pense plus, où l’on s’étripe. Le pays jadis cité du dialogue, creuset d’harmonie sociale, est devenu un champ de ruines symboliques.
Il est temps que les intellectuels se réveillent, qu’ils sortent de leur torpeur confortable, qu’ils crient, qu’ils écrivent, qu’ils se dressent, non pour défendre un camp, mais pour rappeler les fondamentaux du vivre-ensemble, de la démocratie, de la vérité partagée.
Car si la parole libre continue d’être étouffée, si la pensée se terre par peur de l’injure ou du lynchage, alors l’exception djolofienne s’éteindra en silence et avec elle cette longue tradition d’un peuple debout, diversement tissé mais toujours uni dans l’épreuve. Ce n’est plus seulement une alerte. C’est un ultimatum lancé à la conscience nationale. Il est encore temps d’éviter la déchirure, d’arrêter la machine infernale avant qu’elle ne broie tout.
Car si rien ne change, alors ce que Djolof Land croyait impossible, la chute, deviendra réalité. Non pas d’un coup, mais par consentement silencieux. Et pour éviter cela, il faut que les consciences s’éveillent, que les voix libres résonnent, que la République retrouve sa parole fondatrice : celle qui unit, éclaire et élève.
Le Veilleur Ironique (hanté par le naufrage annoncé d’un peuple qui s’était cru immunisé contre la haine.)
PAR Ndèye Anta
MON DROIT AU CHAPITRE
EXCLUSIF SENEPLUS - La contradiction n'est pas un désaveu de l'autorité, elle est le baromètre par lequel nous mesurons l'engagement de nos pairs. Que serait un gouvernant dont les seuls échos qu'il entend viennent de son esprit ?
Le 24 mars 2024, pour la première fois dans ma première tranche de vie, je me suis réveillée avec cette ferme conviction : ce jour, je vais élire mon président.
Nous sommes aujourd'hui dans une période faste de la géopolitique et des relations internationales où tout se redéfinit. Les protagonistes rejoignent les tables de discussions avec des pages pleines, mais également des pages vierges, gages de leur ouverture. La grandeur d'un Homme se jauge pendant ces jours où tout semble lui faire face, pour ne pas dire dans l'adversité, alors que les issues prennent une autre direction, à ses yeux. L'exercice ne saurait être de convaincre de sa bonne foi, mais de créer une convergence, ce "But" et cette "Foi" de notre devise. Un bon dirigeant tente toujours de satisfaire et de fideliser ceux qui croient en lui, en sa vision des choses. Mais le dirigeant bien dans son habit saurait qu'il dirige non seulement ceux qui croient en lui, mais également ceux qui doutent et ceux qui s'opposent, même farouchement. La contradiction n'est pas un désaveu de l'autorité, elle est le baromètre par lequel nous mesurons l'engagement de nos pairs. Tant que nous nous parlons, nous avons des choses à nous dire, un intérêt commun. Le silence des autres, même les plus virulents, deviendrait alors plus dangereux, car cet intérêt aurait disparu. Que serait un gouvernant dont les seuls échos qu'il entend viennent de son esprit ? Allah est certes Parfait, et pourtant le mot "athée" figure en bonne place dans le dictionnaire.
La force d'un leader se mesure à l'aune de son silence quand l'assemblée est en ébullition, mais que ce silence ne soit pas l'expression de son indifférence. Il doit plutôt être l'expression d'une grâce divine : avoir le dernier mot, le droit de décision et le devoir d'une lecture éclairée.
Un peuple ne vote pas pour envoyer son président à une épreuve de vitesse, il voit en lui l'incarnation de ce drapeau qu'il aimerait tenir au bout du chemin. De ce père, frère et même fils, qui lui permettrait de toujours croire, face aux tumultes de son quotidien.
Les discours sont certes une belle expression, une belle prestation. A l'image des sophistes, ils rassurent, pour un temps, de par leur beauté, de par leur forme. Les actes eux ne sont pas si bien vétus, mais ont la longévité du "Baobab" et la prestance du "Lion".
Qui choisirait l'éphémère face au constant?
Il est souvent difficile pour une personne de montrer la face claire de la médaille, après avoir côtoyé celle sombre. Le pardon n'est pas l'apanage des forts d'esprit, il n'est pas non plus une évidence. Le pardon est à l'image d'une grossesse avec la durée, les douleurs, l'espoir, les rêves, les doutes et puis la délivrance.
Un Homme ne clame pas sa grandeur, ni ne la revendique. L'aubaine d'un grand Homme, c'est que tout l'univers concourt à le lui dire et à le lui rappeler, et il en doute. Ce doute ne traduit pas un manque de confiance en soi, il est un bel accomplissement humain : la conscience qu'il y a plus Grand que soi, la conscience de faire partie d'un Tout et de n'être qu'un élément appelé à quitter ce Tout, un jour.
Il est certes plus facile d'admirer le paysage que de semer et d'attendre la pluie. Mais la récolte est si gratifiante, pour qui sait faire confiance à la nature, autre élément de ce Tout. Il est de ces événements qui n'ont pas nécessairement d'explication logique, ils sont décidés par le Créateur. Par moment, nous sommes tentés de vouloir quand même chercher cette logique, et ce cheminement est certes un Abysse. Malgré nos aspirations, nos soupirs et nos efforts, il n'y a qu'un maître qui vaille.
PAR BABACAR DIOUF
COMITE DE REDACTION DES RECOMMANDATIONS DU DIALOGUE NATIONAL SUR LE SYSTEME POLITIQUE, DES EXPERTS A LA MANETTE
Magistrat et Directeur général des élections, Biram Sene est chargé de piloter la rédaction des recommandations du Dialogue national. Une mission stratégique confiée à un expert reconnu pour son sérieux et sa maîtrise des enjeux électoraux.
Recommandations du Dialogue national sur le système politique, le Directeur général des élections porté à la tête du Comité de rédaction. Reconnu pour son intégrité et son expertise électorale, Biram Sene est nommé Coordonnateur du Comité de rédaction des recommandations issues du Dialogue national. Magistrat et Directeur général des élections, il incarne une figure de confiance. À lui revient la mission sensible de traduire les aspirations politiques en textes fondateurs.
Par Arrêté n° 025556 du 21 juillet 2025, le Président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a créé un Comité de rédaction des recommandations du Dialogue national sur le système politique. Ce comité composé de 10 membres est coordonné par le Magistrat Biram Sene, Directeur général des élections ( DGE).
Le Comité a plusieurs missions définies dans l'arrêté pris par le Président de la République.
Il est chargé, entre autres, de " réfléchir sur les recommandations nécessitant la rédaction de textes "; de " faire les choix sur la nature ( législative ou réglementaire ) du texte correspondant à chaque recommandation " ; de " rédiger les avant- projets de textes relatifs aux recommandations ".
Contrairement à la composition des commissions du dialogue national, ce Comité restreint ne comprend aucun acteur politique, ni du régime ni de l'opposition. Les 10 membres sont des experts de l'administration publique sénégalaise et de la société civile.
Le Coordonnateur, Biram Sene, Directeur général des élections est un homme reconnu pour son expertise sur les questions juridiques et électorales. Il est Magistrat de formation, mais depuis 2016, il occupe des fonctions qui traitent des questions électorales.
De décembre 2018 à janvier 2020, il est membre du service d'étude et de documentation du Conseil constitutionnel. De Février 2020 à juillet 2024, il est le Directeur de la Formation et de la Communication ( DFC) de la Direction générale des élections. Et depuis juillet 2024, il est le Directeur général de la DGE. Ces différentes fonctions lui ont permis d'être au cœur du système politique et électoral.
Il a obtenu plusieurs certifications sur les systèmes électoraux au Sénégal et dans le reste du monde.
En sa qualité de DFC de la DGE, Biram Sene a assuré la formation des acteurs du processus électoral au Sénégal depuis plusieurs années et a été rapporteur des commissions politiques du dialogue national en 2019-2020, en 2023, et en 2024.
Directeur général des élections, il a joué un rôle majeur dans le scrutin du 17 novembre 2024. Contrairement à l'élection présidentielle du 24 mars 2024 et aux élections législatives et locales précédentes où la DGE a été fortement décriée, Biram Sene a réussi à redonner une bonne image de cette structure, lors des législatives de 2024. Aucune contestation n'est notée durant la période préélectorale et post-électorale, même l'opposition à apprécié son travail.
Le Coordonnateur du Comité de rédaction des recommandations du Dialogue national sur le système politique est aussi un intellectuel prolifique. Il est auteur et co-auteur de plusieurs ouvrages et articles scientifiques.
Ce parcours élogieux lui a voulu ce choix que le Président Bassirou Diomaye Faye a porté sur sa personne pour coordonner ce travail déterminant sur l'avenir politique du Sénégal.
Les autres membres du Comité sont aussi des personnes respectables dans leur domaine.
Le Rapporteur, Ibrahima Baldé, est Administrateur civil, Directeur de la Formation et de la communication à la DGE.
Le Professeur Sidy Alpha Ndiaye, membre, Ministre, Directeurde cabinet adjoint du Président de la République, est récemment promu Professeur titulaire des Universités, par le CAMES. Il est un universitaire rigoureux et méticuleux.
Souleymane Teliko, membre, Magistrat, Directeur général du Centre de Formation judiciaire ( CFJ) est aussi connu pour ses productions scientifiques.
Madieyna Bakhoum Diallo, membre, est Magistrat, Directeur de cabinet du Président du Conseil constitutionnel.
Abdou Aziz Sarr, membre, est commissaire de police divisionnaire de classe exceptionnelle, Directeur des opérations électorales à la DGE. Il a joué un rôle important dans le processus des élections législatives de novembre 2024 et lors du Dialogue politique.
Abdou Aziz Ba, membre, est Administrateur civil, Directeur des libertés publiques et de la législation à la Direction générale de l'administration territoriale ( DGAT).
Les membres choisis dans la société civile sont des hommes discrets, distants des polémiques des débats politiques. Il s'agit du Dr. Cheikh Gueye, facilitateur du Dialogue; Thiaba Camara Sy, juriste, présidente de la commission Démocratie, libertés et droits humains; Mamadou Seck, Expert électoral, Consultant en Gouvernance, développement, paix et sécurité, président de la commission Processus électoral.
B. DIOUF, Professeur d'histoire et de géographie au lycée de Nguekokh
Par Medoune SALL
LES VÉRITABLES GOULOTS QUI ÉTRANGLENT LE SÉNÉGAL…
Le Sénégal est tenu en haleine depuis les lendemains de son indépendance par une oligarchie qui l’asphyxie. Cette frange de notre société l’a conduit dans un gouffre abyssal. Présente dans toutes les instances décisionnelles, elle s’oppose à tout projet
Le Sénégal est tenu en haleine depuis les lendemains de son indépendance par une oligarchie qui l’asphyxie. Cette frange de notre société l’a conduit dans un gouffre abyssal. Présente dans toutes les instances décisionnelles, elle s’oppose à tout projet voué à la réussite du pays.
Témoins de l’arrivé du Général De Gaulle à Dakar en 1958, acteurs dans la crise institutionnelle de 1962, invités à la venue du Pape Jean-Paul II en 1992, les mêmes personnes faisaient partie du convoi qui accompagnait le natif de Ndiaganiao du Cap Manuel au Palais présidentiel en mars 2024.
Conscients de l’itinéraire sillonné par le Sénégal jusque-là, de ses moments d’instabilité, ses crises politiques, ses conjonctures économiques défavorables, ils ont parcouru les pages sombres de son histoire. C’est depuis fort longtemps que devrait avoir lieu notre divorce avec la pauvreté, le chômage, la politique politicienne. Nous étions si bien partis, comme le disait l’illustre fils de Khombole, feu Mamadou Dia, dans un documentaire titré La minute de l’histoire.
Au fil du temps, nous avons raté le train du développement, manqué le fameux rendez-vous que nous nous efforcions de rattraper après chaque lendemain de joutes électorales. Ceux qui devaient être les premiers à porter le combat de la «rupture» : celui d’un Sénégal nouveau, juste et prospère, ont semé les graines de notre échec. Ce sont les pionniers de notre sous-développement, les responsables de notre retard, les auteurs de ce labyrinthe dont nous peinons toujours à sortir. Nous pouvons les retrouver au niveau de l’Administration centrale comme celle locale. Au niveau de leur lieu de travail, c’est là-bas qu’il existe au quotidien une pluralité de dossiers non traités, une pléthore de manœuvres frauduleuses, des festivités, des futilités, qui impactent leur diligence et amoindrissent l’efficacité de leurs prestations. Ce sont aussi les ennemis invisibles qui submergent la sphère médiatique avec des profils usurpés, en s’autoproclamant analystes politiques ou soi-disant chroniqueurs. Des experts en tout qui monopolisent la parole et s’aventurent dans n’importe quel sujet. Et, par voie de conséquence, leur présence pousse nos brillants intellectuels à se confiner davantage. Mieux, on peut les retrouver dans le landerneau politique, dans nos foyers religieux, dans le monde de la musique ou dans le milieu de la bureaucratie. Ceux qui doivent leur poste non à leurs compétences, mais à leurs positions politiques, ne sont pas exemptés. Les directeurs qui sont à l’origine des blocages et des lenteurs administratives, les ministres qui encouragent la gabegie, le népotisme au détriment de la discipline financière et de la méritocratie, les députés qui s’opposent aux projets porteurs de développement font partie de ce lot.
Compagnons de chaque génération, membres de chaque alternance, amis de tous les hommes d’affaires, ils sont volontaires à toutes les assises nationales, aux «dialogues» récurrents, et participent à tous les forums décentralisés. Mais ce sont eux-mêmes qui empêchent l’effectivité des propositions faites et des réformes adoptées à l’issue de chaque rencontre. D’ailleurs, concernant ce dernier point, c’est un fait qui doit tous nous interpeller. Si le Sénégal est souvent flatté en raison de sa stabilité politique, sa démocratie inspirante, sa législation solide, on doit aussi s’interroger sur la raison pour laquelle nos textes connaissent toujours un défaut d’application. A chaque alternance, on a l’impression qu’on est dans un éternel recommencement. Si absence de nouveautés il y a, c’est parce que de véritables perturbateurs s’érigent à tous les niveaux et bloquent tout changement de paradigme. Pour ces derniers, tout ce qui a du sens à leurs yeux est loin d’être le développement du Sénégal, encore moins le changement de niveau de vie des Sénégalais. C’est plutôt assurer le mieux-être de leurs proches, l’amélioration de leur situation sociale, sanitaire et financière. Ce sont eux qui se servent au lieu de servir, partent à l’étranger pour leurs soins médicaux, financent les études de leurs enfants dans les meilleures écoles ou universités étrangères. Souvent, il n’est pas aisé de connaître leurs réelles ambitions qui sont d’habitude dissimulées. Auteurs de moult recommandations qui font partout écho, mais qui ne sont en réalité qu’un subterfuge pour faire preuve de patriotisme et continuer en toute discrétion leurs dérives. Si l’on n’y prend pas garde, notre développement ne serait que de nom et la rupture qu’une illusion, peu importe le régime en place. Ces esprits de mauvaise foi sont toujours présents et ne ménageront aucun effort pour pérenniser leurs pratiques malsaines. Le mal est profond.
Est-il invisible ou faisons-nous semblant de l’ignorer ? Faut-il le rappeler, il sera excessivement redoutable de s’en départir parce qu’ils sont des «habitants du pouvoir». Par ailleurs, notre problème est foncièrement endogène. L’hégémonie de l’Europe n’exonère pas l’Afrique ; le corolaire de l’indépendance, c’est la responsabilité, comme le disait Fatou Diome dans Les veilleurs de Sangomar. C’est ce même citoyen qui clame la cherté de la vie, qui dégrade son environnement, gaspille de l’eau, de l’électricité, détruit les infrastructures et pollue les rues. Aujourd’hui, nos valeurs d’hier s’effacent, nos repères disparaissent pour laisser place à l’indiscipline, l’incivisme et la médiocrité. Les fossoyeurs de notre développement ne constituent pas uniquement ce conglomérat précité, mais aussi les jeunes, les vieillards, les hommes et les femmes. En réalité, c’est nous qui refusons le développement, pour parler comme Axelle Kabou. Faisons une introspection, nous nous rendrons compte que les facteurs qui nous enferment dans le carcan du sous-développement sont internes. Là où doit débuter la «rupture», c’est d’abord dans les comportements, les esprits, les mentalités, avant de faire recours aux urnes que l’on pense, à tort, être la première issue. La société peut être le baromètre de notre situation. Elle est révélatrice de nos acquis et nos failles. Les transitions démocratiques sont bonnes, mais les actions constructives de la part de chaque citoyen sont mieux. A défaut, on sera toujours dans une impasse au lieu de léguer un meilleur pays à la postérité. Toutefois, il est de notre devoir de transmettre nos principes, nos cultures, nos valeurs à cette grande Nation bâtie sous les cendres de la paix, de l’harmonie, du dialogue et de la fraternité. La seule richesse qui nous appartient tous et que nous partageons avec tout le monde, est le Sénégal. Il transcende les clivages politiques, les intérêts égoïstes, nos divergences culturelles et religieuses.
À BONN, DES EXPERTS OUEST-AFRICAINS PLAIDENT POUR L’INTÉGRATION DE L’ÉLEVAGE DANS L’ACTION CLIMATIQUE
Face aux menaces pesant sur les systèmes pastoraux, une feuille de route en six axes a été adoptée, avec le Sénégal en première ligne pour porter cette dynamique continentale.
Réunis à l’occasion de la 62e session du SBSTA, organe scientifique de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), des experts, négociateurs africains, représentants gouvernementaux et chercheurs ont lancé un appel fort : l’élevage, pilier des économies rurales en Afrique de l’Ouest et au Sahel, doit désormais être pleinement pris en compte dans les politiques climatiques.
Organisé en marge de la Conférence climat de Bonn, ce dialogue parallèle a mis en lumière l’urgence de soutenir les systèmes pastoraux, aujourd’hui sous pression du fait du changement climatique, de l’insécurité et de la dégradation des ressources naturelles.
Le Sénégal en éclaireur
Pays très impliqué dans les négociations climatiques, le Sénégal s’est illustré par la voix de Lamine Diatta, négociateur climat au ministère de l’Environnement. Il a insisté sur le lien indissociable entre élevage, forêts et agroforesterie, soulignant leur rôle essentiel dans la préservation des écosystèmes et la recharge des nappes phréatiques. Pour lui, les agro-pasteurs doivent être considérés comme des acteurs clés de la transition climatique, à condition d’être valorisés dans les politiques publiques.
Une initiative régionale portée par l’ILRI
L’événement était coorganisé par l’Institut international de recherche sur l’élevage (ILRI), le Bureau interafricain des ressources animales (AU-IBAR), la coopération allemande (GIZ) et le WWF. Plus de 30 participants venus d’Afrique de l’Ouest, de Madagascar et d’Europe ont contribué aux échanges.
Abdrahmane Wane, représentant régional de l’ILRI, a tiré la sonnette d’alarme : sans action rapide, 60 % des pasteurs risquent de perdre leurs moyens de subsistance. Il a présenté le “Livestock and Climate Solutions Hub”, une plateforme visant à coordonner les efforts pour un élevage durable et climato-résilient.
Cheikh Mbow, directeur du Centre de Suivi Écologique (CSE) au Sénégal, a salué cette initiative, y voyant un outil pour combler le fossé entre la science et la décision politique. Même son de cloche du côté de l’AU-IBAR, dont le représentant Patrick Karani a plaidé pour une position africaine unifiée sur la place de l’élevage dans les mécanismes de financement et de gouvernance climatique.
Une feuille de route autour de six priorités
Le dialogue a abouti à une feuille de route structurée autour de six axes majeurs :
Solutions intégrées mêlant santé animale, nutrition, génétique et outils numériques.
Développement des chaînes de valeur pastorales, facteur de stabilité.
Restauration des pâturages et préservation de la biodiversité en valorisant les savoirs locaux.
Renforcement de la coopération transfrontalière pour sécuriser la mobilité du bétail et prévenir les conflits.
Inclusion des jeunes et des femmes, en facilitant leur accès aux opportunités économiques.
Connexion science-politique, pour fournir des données locales utiles au suivi des engagements climatiques.
Et après ?
Les participants ont convenu que l’heure est à la mise en œuvre. L’ILRI prévoit, avec ses partenaires sénégalais (Direction de l’Élevage, ANACIM, ANCAR, ISRA, RESOPP, ADID), de développer un tableau de bord des solutions d’élevage climato-intelligentes, afin d’orienter les décisions politiques et les financements.
Dans une région où l’élevage représente à la fois un mode de vie et un levier économique, l’appel lancé à Bonn vise à inscrire durablement ce secteur dans les priorités de l’action climatique. Car, comme l’a résumé un intervenant : « L’élevage fait partie de la solution, pas du problème. »