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31 juillet 2025
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WADR : BRISER LE SILENCE IMPOSE AU SAHEL
Informer désormais de manière indépendante sur le Sahel est devenu un acte de résistance. Résistance qu’assume la WADR face a l’hostilite des regimes militaires contre les medias. Elle refuse de se taire parce qu’une radio ça parle et ça doit parler
· Malgré leur efforts pour étouffer l’information et donner toute sa place à la propagande, les régimes militaires du Sahel ne peuvent pas garder tout le conrôle qu’il souhaite parce que les médias aussi font preuve d’imagination pour continuer à infirmer. C’est le cas de la radio régionale WADR basée à Dakar et qui a oragnisé un débat public sur la question sécuritaire au Sahel la semaine dernière.
Être journaliste au Sahel devient de plus en plus difficile dans le contexte des transitions militaires, où les tenants du pouvoir sont devenus allergiques à la moindre critique et ne tolèrent même plus le doute sur une information. Les juntes en place ne veulent plus de médias indépendants et critiques, capables d’informer de manière juste et honnête. À l’inverse, elles attendent des médias qu’ils deviennent des instruments de propagande, occultant les informations qui mettent en cause leur gouvernance et multipliant les louanges envers les militaires.
Tout journaliste qui refuse de se plier à ce schéma de propagande des militaires s’expose à la prison, à l’exil ou au silence forcé. C’est dans ce climat de censure et d’autocensure imposées que la West Africa Democracy Radio (WADR), basée à Dakar, a lancé un projet spécial pour continuer à couvrir l’actualité du Sahel - notamment dans les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) - avec indépendance et honnêteté, malgré la volonté manifeste des militaires de cacher les réalités du terrain.
Ce jeudi, à Dakar, la radio a tenu une conférence publique sur la sécurité, réunissant de nombreux acteurs : experts, universitaires, membres de la société civile, responsables politiques et journalistes. L’objectif était de créer un véritable dialogue entre les parties prenantes pour contribuer à la pacification d’une région qui s’enlise depuis des années dans l’insécurité liée aux attaques terroristes - prétexte invoqué pour justifier l’arrivée des militaires au pouvoir.
PLUS DE 100 MIGRANTS INTERCEPTÉS AU LARGE DE LA MAURITANIE
Une embarcation partie de Gambie avec 156 migrants à bord, dont plus de 100 Sénégalais, a été interceptée ce dimanche. Pris dans de mauvaises conditions météo, ils tentaient de se rapprocher des côtes pour fuir les vents violents.
Les autorités mauritaniennes ont annoncé l’interception, ce dimanche, d’une embarcation transportant 156 migrants clandestins au large de Nouadhibou. Parmi eux, plus de 100 ressortissants sénégalais, selon un communiqué publié ce lundi par le ministère mauritanien de la Pêche et de l’Économie maritime.
Le bateau, parti de Gambie il y a quatre jours, transportait également 21 Gambiens, 32 Ghanéens et deux Guinéens (Conakry). Pris dans de mauvaises conditions météorologiques et confronté à des vents violents, l’équipage aurait été contraint de dévier sa trajectoire et de se rapprocher des côtes mauritaniennes pour chercher refuge.
C’est dans ces circonstances que la Garde côtière mauritanienne est intervenue, interpellant le navire dans les environs du port autonome de Nouadhibou.
Cette opération survient moins d’une semaine après une autre interception similaire. Le 15 juillet dernier, un autre bateau transportant 171 migrants en provenance de Guinée Conakry avait été arrêté dans les mêmes eaux.
La présence massive de Sénégalais à bord de ces embarcations relance le débat sur les causes profondes de l’émigration clandestine, notamment le chômage, la pauvreté et le manque de perspectives pour une grande partie de la jeunesse sénégalaise.
Par Fatou Warkha SAMBE
COUMBA GAWLO, L’ÉTOILE QUI M’A ÉLEVÉE
Il arrive que certaines voix, certaines postures, éclairent autrement. Que certaines femmes artistes soient aussi des éducatrices invisibles. Coumba Gawlo en fait partie
Les personnes qui nous façonnent ne sont pas toujours celles qui partagent notre toit. Bien d’existences sont marquées par des figures qu’on n’a jamais touchées, mais qu’on a vues, entendues, admirées. Parfois, ce sont des voix à la radio, des visages à la télévision, des histoires racontées qui deviennent nos repères invisibles.
Trop d’artistes ignorent l’influence qu’ils exercent sur la jeunesse, laissant à leurs fans des modèles creux, parfois même toxiques. Mais il arrive que certaines voix, certaines postures, éclairent autrement. Que certaines femmes artistes soient aussi des éducatrices invisibles. Coumba Gawlo en fait partie.
La première personne à qui je voulais ressembler dans ma vie, c’est Coumba Gawlo. Au-delà de son apparence physique, c’est dans ses convictions, sa droiture et sa force intérieure que se trouvait ce que je voulais incarner. Issue d’une famille de culture, révélée très jeune par le concours «Voix d’Or», elle a conquis les scènes avec force et dignité. Sa carrière dépasse l’art : elle est sociale et humaine. Elle prouve qu’une femme peut briller sans renier qui elle est.
Coumba n’a jamais partagé mon quotidien, mais elle a profondément influencé ma trajectoire. L’écouter raconter ses douleurs, ses combats, m’a appris à me tenir debout. Très tôt, elle a déjoué les attentes patriarcales : être belle, bien habillée et se taire. Elle a refusé d’être un simple corps à admirer. Elle a imposé une présence entière : une femme dont les mots comptent autant que la voix. Elle a montré qu’une femme artiste peut aussi être une intellectuelle et une figure de transformation.
Il est fascinant de voir à quel point une personne peut changer notre vie sans jamais nous connaître. On s’accroche instinctivement à la moindre ressemblance, au moindre reflet de nos rêves.
Coumba Gawlo, c’est une voix, une lumière. Elle chante, elle dénonce, elle agit avec nous. Elle continue d’exister dans nos luttes et nos espoirs, faisant résonner nos rêves et nos combats.
Je me souviens de mes bagarres à l’école, de discussions enflammées après la sortie de l’album «Sa lii Sa lee». Mon attachement à Coumba Gawlo était viscéral. Elle représentait une autorité bienveillante, capable de canaliser mes colères. Une figure d’ancrage. Nous avons tous connu une personne pour laquelle nous étions prêts à tout. Moi, j’ai eu cette chance très tôt : que cette personne soit Coumba Gawlo. Elle m’éduquait sans me connaître, et j’absorbais tout d’elle.
Je me revois, prenant le car depuis Pikine pour aller à Sacré-Cœur 3, juste pour assister à des réunions convoquées par son staff. A l’approche d’un album, d’une tournée ou pour structurer les clubs Gawlo, j’étais là. Présente, assidue, en retrait parfois, mais toujours investie. Elle nous saluait toujours avec cette attention qui, pour moi, avait plus de poids qu’un discours. Ce regard suffisait à justifier tous les kilomètres parcourus. C’était ma façon d’exister à ses côtés, de me sentir reliée à quelque chose de plus grand que moi. Une étoile-guide.
J’avais échoué à mon premier examen d’entrée en 6e, et je voulais tout arrêter. L’idée de partager la classe avec mes petites sœurs m’était insupportable. J’étais en pleine crise d’adolescence, cette période charnière où l’on peine à trouver des repères. Dans une famille où personne n’était jamais allé aussi loin dans les études, je me sentais seule. Rien n’était encore construit en moi : ni l’estime de soi ni la confiance en l’avenir.
Pourtant, à quatorze ans, ma seule certitude, c’était Coumba Gawlo. C’est elle qui m’a fait changer d’avis sur ma décision de quitter l’école. Elle ne me connaissait pas. Et pourtant, chaque mot qu’elle prononçait résonnait comme une réponse à mes doutes. Son discours, reçu dans le silence de ma solitude, m’a ramenée à l’essentiel.
J’ai repris le chemin de l’école. Et ce moment n’est qu’un exemple parmi tant d’autres où ses chansons ou un simple entretien m’ont permis de faire un choix. A chaque carrefour, elle était là, comme une présence invisible mais constante.
Aujourd’hui, n’importe qui peut devenir une célébrité. La notoriété s’acquiert parfois par la viralité plus que par l’engagement. Les figures visibles, artistes, influenceur·euses ou visages populaires modèlent les comportements.
C’est pourquoi cette influence doit s’accompagner d’une conscience aiguë de la responsabilité qu’elle implique. Trop d’artistes véhiculent des contenus qui entretiennent la confusion, la banalisation de la violence ou le mépris de soi. J’ai souvent peur quand je vois des artistes promouvoir des pratiques dégradantes, sans mesurer les répercussions. Les enfants n’ont pas toujours les outils pour distinguer la scène de la réalité.
Moi aussi, j’ai été profondément marquée par une célébrité. La chance que j’ai eue, c’est que cette personne soit Coumba Gawlo, une artiste consciente de son pouvoir. Son influence était bâtie sur un engagement réel, des valeurs affirmées et un parcours inspirant. Elle m’a orientée vers la lumière. Aujourd’hui, je m’inquiète de voir d’autres enfants exposés à des figures médiatiques sans boussole.
Si elle n’avait pas eu conscience de ce qu’elle représentait, je ne serais peut-être pas indemne. Et tout cela, sans jamais que nous n’ayons été proches. Ce que j’ai reçu d’elle, je l’ai puisé depuis ma position de fan ; ce qu’elle a offert, elle l’a transmis depuis sa place d’idole. Deux postures éloignées, et pourtant un lien s’est tissé. Un lien chargé de reconnaissance. Car, au-delà de l’éducation reçue à la maison, c’est elle qui m’a mise sur le droit chemin. Dans une période incertaine, elle fut ce repère solide. Elle m’a portée, guidée, sans jamais faillir. C’est cela la force des vraies icônes : nous inspirer sans nous connaître. Son exemple a complété ce que mon environnement ne pouvait m’offrir : une figure de réussite féminine visible, libre et respectée. Et pour cela, je lui en serai toujours reconnaissante.
Je lui rends hommage par reconnaissance, mais aussi avec la conscience de ce que cela signifie. Rendre hommage à une femme comme Coumba Gawlo, c’est affirmer que les petites filles issues de quartiers populaires peuvent s’élever à la lumière d’une étoile qu’elles ont choisie. Mon admiration d’enfant s’est transformée en engagement adulte. Et aujourd’- hui, journaliste et militante féministe, je ressens le devoir de dire son nom, de reconnaître l’impact immense de son parcours et de son travail sur la jeunesse sénégalaise. Sur toutes celles et tous ceux qui, comme moi, ont grandi en puisant dans son histoire le courage d’oser rêver et de se battre pour un avenir meilleur.
BAZOUM, L'OTAGE ENCOMBRANT DES PUTSCHISTES DU NIGER
Séquestré dans un "réduit du palais présidentiel", l'ancien président pose un dilemme insoluble au général Tiani, qui ne sait plus quoi faire de lui. Son prédécesseur Issoufou subit une pression internationale croissante pour obtenir sa libération
(SenePlus) - Deux ans après le coup d'État qui l'a renversé, Mohamed Bazoum croupit toujours dans un "réduit du palais présidentiel de Niamey" sans avoir "vu le jour depuis deux ans", selon Le Figaro. Le président démocratiquement élu en février 2021 est devenu un fardeau pour son geôlier, le général Abdourahamane Tiani, qui ne sait plus "quoi faire de son prisonnier".
Le chef de la junte nigérienne, qui s'est "récemment autopromu général d'armée", vit désormais "dans la crainte permanente d'être renversé à son tour", rapporte le quotidien français. Confiné dans sa résidence présidentielle, Tiani "s'éloigne rarement de son domicile" et "se méfie de ses visiteurs car il est la cible de critiques de plus en plus virulentes sur sa capacité à gouverner".
La situation sécuritaire s'est dramatiquement dégradée depuis le putsch du 26 juillet 2023. Selon un journaliste de Niamey cité par Le Figaro, "quinze villageois sont tués en moyenne chaque jour dans des conditions atroces" par les groupes djihadistes. L'économie s'effondre, les libertés publiques sont bafouées et "tous les partis politiques ont été dissous".
Dans cette impasse, un nom revient avec insistance : Mahamadou Issoufou, prédécesseur de Bazoum à la présidence nigérienne de 2011 à 2021. Salué jadis pour avoir quitté le pouvoir à l'issue de son mandat, l'ancien président "aurait pourtant bien caché son jeu", selon l'enquête du Figaro.
Les cinq enfants de Mohamed Bazoum, réfugiés à l'étranger, sont "persuadés" qu'Issoufou a trahi leur père. L'ancien président "aurait été, le 26 juillet 2023, l'un des architectes du coup d'État d'Abdourahamane Tiani", motivé par la volonté de ne "pas perdre la haute main sur l'exploitation du pétrole du Niger".
L'"effet Marrakech" marque un tournant dans cette affaire. Lors du forum annuel de la Fondation Mo Ibrahim en juin dernier, le milliardaire anglo-soudanais a publiquement humilié Issoufou. Devant "plus d'un millier de personnes, dont des chefs d'État, ministres, diplomates", Mo Ibrahim a "sèchement rabroué" l'ancien président nigérien en lui demandant "d'abord de s'occuper de Bazoum".
"L'humiliation est totale pour celui qui fut le lauréat de la Fondation, quatre ans auparavant", note Le Figaro. Plusieurs membres dirigeants de l'institution ont même réclamé qu'on lui "retire son trophée". Boudé par tous, Issoufou a confié "en aparté, qu'il se sent indésirable".
Un conclave révélateur au palais
L'"effet Marrakech" a été "immédiat". Quinze jours après cette humiliation, le général Tiani convoque "tout ce que le Niger compte d'anciens présidents, premiers ministres" dans un conclave de cinq heures au palais présidentiel. Le putschiste qualifie lui-même la situation de "catastrophique".
Lors de cette réunion tendue, le général Salou Djibo interpelle violemment Issoufou, qu'il qualifie de "plus grand traître du Niger, responsable de tous les malheurs actuels". L'ancien président Mahamane Ousmane exige des preuves des "ingérences occidentales" : "Un État sérieux ne gouverne pas à coups de rumeurs", lance-t-il selon Le Figaro.
Face à l'échec des initiatives officielles de la Cédéao, de l'Union européenne ou de l'ONU, une "diplomatie parallèle" s'active. Le président nigérian, l'Ivoirien Alassane Ouattara qui "n'a jamais relâché la pression", et même "le grand imam de la mosquée Al-Azhar du Caire" multiplient les appels pour la libération de Bazoum.
L'objectif affiché est de faire comprendre à Issoufou que "s'il contribue à la libération de Bazoum, il peut compter sur eux pour redorer son image, sérieusement abîmée", confie Charles Michel, ancien Premier ministre belge, au quotidien français.
Pour l'essayiste nigérien Seidik Abba cité par Le Figaro, Mohamed Bazoum est devenu un "bouclier humain encombrant" pour Tiani. Le putschiste dispose de "trois possibilités" selon un diplomate européen : l'exécuter (mais "son exécution serait l'assurance de mettre le feu aux poudres"), maintenir le statu quo (au risque "de faire du séquestré de Niamey un nouveau Nelson Mandela"), ou "libérer Bazoum, mais sans perdre la face".
Issu d'une minorité arabe, cet "ancien professeur de philosophie, démocrate convaincu" de 65 ans avait un "solide projet" axé sur la "lutte contre la corruption, planning familial, éducation des filles". Aujourd'hui, conclut Le Figaro, "le captif de Niamey croupit dans un placard de l'incompétente dictature nigérienne".
LE CONCEPT DE PARTI-ÉTAT EST GRAVE ET CONTRAIRE AUX PRINCIPES DÉMOCRATIQUES
Alassane Beye, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, alerte sur les dangers que représente, selon lui, l’idée d’un « État pastefien » évoquée par certains responsables de Pasef
Invité de la matinale Salam Sénégal, Alassane Beye, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, a réagi aux déclarations de certains responsables de Pastef prônant l’instauration d’un « État pastefien ». Une posture qu’il juge dangereuse pour la démocratie sénégalaise et assimilable aux dérives autoritaires.
« La communication actuelle de certains membres du gouvernement me fait peur », lance d’emblée Alassane Beye. Selon lui, parler d’un « parti-État » est une dérive grave : « En science politique, on enseigne à nos étudiants que le parti-État est typique des régimes totalitaires. C’est en totale contradiction avec les principes démocratiques. » Il appelle les responsables de Pastef à revisiter leur vocabulaire et à mesurer la portée de leurs propos : « Le Sénégal est une démocratie, certes imparfaite, mais reconnue comme telle. Revenir à des discours qui évoquent la mainmise d’un parti sur toutes les institutions, c’est faire un bond en arrière. »
Tout en condamnant l’idée d’un État inféodé à un parti, Alassane Beye reconnaît qu’un gouvernement élu peut naturellement s’entourer de collaborateurs partageant sa vision : « Rien n’empêche un pouvoir en place de placer ses hommes de confiance aux postes stratégiques, notamment dans les ministères de souveraineté. Mais cela n’a rien à voir avec une politique de politisation généralisée de l’administration et de la justice. »
Il met en garde contre la tentation de politiser des institutions qui doivent rester neutres, comme l’administration et la justice : « Le Sénégal a une tradition républicaine forte sur la neutralité de l’administration.»
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SAHEL : QUAND INFORMER DEVIENT UN ACTE DE RESISTANCE
La croisade menée par les régimes militaires de l’espace AES contre les médias, en particulier ceux qui revendiquent leur indépendance, ne cesse de s’intensifier. Mais pour que le Sahel ne devienne une « zone de non information, la WADR y trouvé la parade
Dans cette interview accordée à SenePlus, le coordonnateur des programmes de la West Africa Democracy Radio (WADR), Sanni Seibou Moumouni, présente un projet mis en place par la radio pour couvrir le Sahel central, dans un contexte marqué par le musèlement de la presse et la traque des journalistes libres et insoumis. Grâce à ce projet intitulé « Des informations pertinentes et de qualité pour la résolution des conflits au Sahel », la WADR continue d’informer le public ouest-africain sur la réalité du terrain -à rebours de ce que les régimes militaires souhaitent imposer comme discours officiel.
La croisade menée par les régimes militaires de transition de l’espace AES contre les médias, en particulier ceux qui revendiquent leur indépendance, ne cesse de s’intensifier. Après avoir contraint les médias étrangers à quitter leur territoire, la pression s’exerce désormais sur les médias locaux, presque sommés de se taire ou de devenir de simples laudateurs des actions des militaires. Et pourtant, comme le rappelle Sanni, « des drames » se produisent dans la région, sans que les populations voisines ne soient informées et sans que les victimes ne sachent à qui s’adresser, malgré leur désir de témoigner.
Des journalistes locaux ont été contraints à l’exil, certains emprisonnés, d’autres envoyés de force au front au Burkina Faso — alors même que l'engagement au front est censé relever du volontariat — dans le seul but de les réduire au silence. Même l’expression d’un simple doute par un journaliste ou un chroniqueur est désormais réprimée. Autrement dit, toute forme de critique est devenue intolérable pour ces régimes militaires.
Ces régimes de transition envoient ainsi un message clair et sans équivoque aux journalistes : « Encensez les militaires ou taisez-vous à jamais. » Mais l’information ne peut se réduire à une simple communication institutionnelle. Elle ne saurait être partielle et sélective, même sous prétexte de lutte contre le terrorisme.
C’est précisément pour continuer à informer de manière juste et honnête sur le Sahel - comme elle le faisait déjà avant - que cette radio régionale basée à Dakar a lancé ce projet il y a trois ans, afin d’éviter que le Sahel ne devienne « une zone de non-information », comme l’avait alerté Reporters sans frontières dans un rapport publié l’an dernier sur la situation des médias sous les régimes militaires.
Le projet s’est matérialisé par la production d’une série de reportages et d’enquêtes de terrain, réalisés auprès des communautés locales, qui y prennent la parole librement. Ces contenus sont diffusés en français, en anglais, ainsi que dans les langues locales, grâce aux radios partenaires de la WADR.
Ce jeudi, la radio a organisé à Dakar un débat public réunissant des experts, chercheurs, journalistes, responsables politiques, jeunes engagés et autres acteurs pour débattre de la question sécuritaire au Sahel et partager les grandes lignes du projet.
TRACTATIONS EN COULISSES À LA FSF
Alors qu'Abdoulaye Fall mobilise au stade Abdoulaye Wade avec son programme "Contrôle-passe", Me Senghor orchestre un rapprochement avec Kamara et Goloko pour une "transition maîtrisée"
Ça bouge chez les candidats à l’élection du président de la Fsf, prévue le 2 août prochain. Et tous ne veulent pas quitter les stades. Après Mady Touré qui a fait, il y a deux semaines, sa déclaration officielle au Stade Léopold Senghor et qui poursuit sa campagne dans les régions, ce samedi, c’était au tour de Abdoulaye Fall de donner rendez-vous à ses partisans, mais cette fois-ci au Stade Abdoulaye Wade de Diamniadio. Occasion pour le président de l’Us Bambey d’exposer son programme dénommé «Contrôle-passe».
Hier dimanche, en marge de la finale de la Coupe du Sénégal, le président sortant, Me Augustin Senghor, a rencontré les présidents de clubs autour d’un déjeuner.
Me Kamara et Goloko aux côtés de Me Senghor
En vrai «homme d’ouverture» et très à cheval sur son «Manko», le président sortant a invité deux autres candidats, Aliou Goloko et Me Moustapha Kamara. Faut noter que la présence du président du Coton Sports de Tambacounda aux côtés de son collègue avocat n’est pas une surprise. Les deux juristes, plus Mady Touré, s’étant un peu plus rapprochés dans l’optique de s’engager à soutenir le mieux placé d’entre eux en cas de second tour. Une volonté affichée, à travers une telle démarche, d’éviter une dispersion des voix et favoriser une transition maîtrisée au sein de l’institution.
Comme pour confirmer que tout devrait se jouer au deuxième tour, lors de ces élections déterminantes pour l’avenir du foot sénégalais.
SEYDI GASSAMA DIT NON À L'ANARCHIE
Le directeur exécutif d'Amnesty International Sénégal fustige les déclarations "regrettables" du ministre Birame Soulèye Diop et appelle à un "débat public serein" plutôt qu'à la guerre des mots
Il aurait pu appeler à l’apaisement. Il a préféré souffler sur les braises. Samedi, sur le campus de l’université Gaston Berger de Saint-Louis, en marge de l’Université d’été organisée par Pastef, le ministre du Pétrole et des mines, Birame Soulèye Diop, a ouvertement encouragé les militants à répondre aux insultes… par des insultes.
Que cherche Birame Soulèye Diop ? En escale militante à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, le ministre du Pétrole, sans doute trop exposé aux vapeurs inflammables de ses dossiers, s’est cru investi d’un nouveau portefeuille, notamment celui de la défense du leader par tous les moyens. «Celui qui insulte Ousmane Sonko, insultez-le aussi. La réplique est légale et autorisée. Si quelqu’un insulte le président de la République, insultez-le également», a lancé le ministre, sous les applaudissements nourris d’un public acquis à sa cause. Autrement dit, œil pour œil, dent pour dent, invective pour invective. Un discours frontal, provocateur, qui a immédiatement suscité une onde de choc chez certains défenseurs des droits humains. Seydi Gassama, Directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, n’a pas mâché ses mots.
«Nous regrettons ces propos tenus. C’est regrettable, on ne peut pas demander à des jeunes de venger l’injure par l’injure», a-t-il déclaré. Pour Seydi Gassama, ces propos sont non seulement irresponsables, mais dangereux pour la stabilité d’une République qui se veut fondée sur l’Etat de Droit. «Le fait que l’injure soit vengée par l’injure n’empêchera pas le procureur de s’autosaisir ou la victime de porter plainte. C’est vraiment dommage et ça va créer de l’anarchie dans le pays», a-t-il mis en garde. Sur sa page X (anciennement Twitter), Seydi Gassama va plus loin. «Venger l’insulte par l’insulte ne peut que créer l’anarchie et même troubler l’ordre public. Tous les acteurs politiques et sociaux doivent promouvoir un débat public serein et porteur de progrès pour le pays», a-t-il ajouté.
Une sortie qui relance le débat sur la responsabilité du discours politique dans un contexte déjà très polarisé. D’autant que Birame Soulèye Diop n’en est pas à son premier coup d’éclat verbal. Mais cette fois-ci, ses propos résonnent comme un feu vert donné à l’escalade verbale, en contradiction avec l’appel au calme et à la responsabilité. Reste à savoir si le leader du parti Pastef, Ousmane Sonko, par ailleurs chef du gouvernement, cautionne ce genre de posture. Pour l’instant, silence radio du côté du Palais.
BIRAME SOULÈYE ENCHAÎNE LES MAUX
Lors de l'Université d'été du Pastef à Saint-Louis ce week-end, le ministre de l'Énergie a ouvertement appelé les militants à répondre aux insultes par l'insulte, ravivant les critiques sur sa tendance aux déclarations controversées
Le ministre de l’Energie, du pétrole et des mines, Birame Soulèye Diop, semble effectivement avoir une tendance à faire des déclarations controversées qui suscitent des réactions négatives. Son récent discours à l’Université d’été du parti Pastef, à l’Ugb de Saint-Louis, où il a incité les militants à répondre par l’insulte aux injures proférées contre le président de la République et le Premier ministre Ousmane Sonko, en est un exemple.
Depuis samedi, Birame Soulèye Diop est dans la controverse, une polémique qu’il a allumée lors de l’Université d’été du parti Pastef tenue à l’université Gaston Berger de Saint-Louis. «L’engagement aux côtés de nos leaders doit se traduire par des actes. Kou saga Ousmane Sonko saga len ko, kou saga président de la République saga len ko, ndakh fayou dagane na [Quiconque insulte Ousmane Sonko, insultez-le en retour ; quiconque insulte le président de la République, insultez-le en retour, car la réplique est permise», martèle sans ciller le ministre de l’Energie. Il poursuit : «C’est le «gatsa-gatsa» qui est à l’origine de la révolution. On ne badine pas avec les manœuvres malveillants des détracteurs, on reste dans les rangs, en ordre de bataille, face aux manipulateurs, à la démarche nuisible à la vision du chef de l’Etat et du Premier ministre, pour faire focus sur le référentiel Vision Sénégal 2050.»
Pour le ministre Diop, «vu l’ampleur de la tâche, l’urgence et la nécessité de reconstruire le pays dans le «Jub-Jubal-Jubanti» et répondre, le plus tôt possible, aux aspirations des Sénégalais, nous n’avons plus droit à l’erreur et nous devons nous concentrer sur l’essentiel, pour ne plus avoir à consacrer la moindre seconde aux mauvaises langues». Sartre disait que la bêtise insiste toujours. A la fin de l’évènement, il est réapparu, entouré de M. Azoura Fall, condamné récemment pour injures, il a réitéré cet appel : «Insultez celui qui insulte Diomaye ou Sonko. Soyez prêts à tout sur le terrain de la bataille, usez de tous les moyens légaux pour faire face, car le «gatsa-gasta» est aujourd’hui plus que jamais de mise. Ce que pensent certains, parlant de modèle, d’exemple, nous laisse de marbre.»
Lors de la dernière présidentielle, il avait fait des déclarations controversées sur le président Macky Sall, en évoquant le cas de la Côte d’Ivoire et en mettant en garde contre les éventuels candidats de Benno sur des actions que pourrait poser le Président Sall contre eux. Cette sortie avait provoqué la colère d’Abidjan, le poussant à présenter des excuses. Il avait fait l’objet d’une garde à vue.
UNE MECANISATION ENCORE A LA TRAINE
Entre la houe et le tracteur, le champ sénégalais balance encore. Dans un pays où l’agriculture reste un pilier central de l’économie et de la subsistance, la modernisation tarde à transformer en profondeur les pratiques agricoles.
Entre la houe et le tracteur, le champ sénégalais balance encore. Dans un pays où l’agriculture reste un pilier central de l’économie et de la subsistance, la modernisation tarde à transformer en profondeur les pratiques agricoles. Entre ambition mécanisée et héritage traditionnel, le Sénégal se confronte à un double défi : nourrir une population en constante croissance tout en modernisant son outil de production.
DES POLITIQUES VOLONTARISTES AUX RÉSULTATS LIMITÉS
Depuis plusieurs décennies, l’État sénégalais multiplie les initiatives pour impulser une transformation agricole. Un objectif demeure: améliorer les rendements, structurer les filières et renforcer l’autonomie alimentaire. La mécanisation y est présentée comme un levier majeur. Elle est censée alléger la pénibilité, accroître la productivité et professionnaliser le secteur. Pourtant, sur le terrain, la réalité est tout autre : la daba, la houe, la charrue attelée dominent encore les campagnes. Les tracteurs, eux, restent rares, souvent confinés aux zones agro-industrielles ou à une minorité d’exploitants mieux dotés.
UN MODÈLE AGRICOLE TOUJOURS DOMINÉ PAR LA TRADITION
L’essentiel de l’agriculture sénégalaise repose sur une petite paysannerie familiale, exploitant de faibles superficies (généralement moins de cinq hectares), dans des conditions climatiques difficiles et avec peu d’accès aux intrants modernes. L’effort agricole s’appuie sur le travail familial, parfois étendu aux solidarités communautaires. Les outils, rudimentaires, sont hérités d’un savoir-faire ancien qui, audelà de la tradition, répond aussi à une logique d’adaptation et de résilience. Le recours à la traction animale illustre cette dynamique. Pour beaucoup, la mécanisation reste un luxe, difficilement accessible en raison de son coût (achat, carburant, entretien, formation). Elle est perçue moins comme une opportunité que comme un risque d’endettement ou de dépendance.
DES FREINS STRUCTURELS PERSISTANTS
La lenteur de la mécanisation s’explique par une série de contraintes bien identifiées : Coût prohibitif des machines : Un tracteur peut dépasser les 15 millions de FCFA, même avec des subventions ; Accès au crédit limité : Les banques exigent des garanties difficiles à fournir. Les dispositifs de crédit-bail restent embryonnaires : Manque de services techniques : Peu de techniciens qualifiés, rareté des pièces détachées, délais de réparation longs ; Matériel souvent inadapté : Les équipements importés ne sont pas toujours compatibles avec les réalités des terroirs. En Asie, la conception d'une machinerie simple et adaptée a fini de faire ses résultats. Tout un appareillage agricole et de transformation parvient à satisfaire des besoins. La faible couverture logistique n’est pas en reste avec l’absence de centres de maintenance, de location ou de formation dans les zones rurales.
UNE MOTORISATION PARTIELLE, INÉGALEMENT RÉPARTIE
Malgré ces freins, des signes d’évolution existent. Dans certaines zones irriguées , l’utilisation de motopompes se généralise. Les tricycles motorisés permettent le transport des produits agricoles, notamment vers les marchés hebdomadaires. Certaines coopératives ou exploitations privées s’organisent autour de tracteurs mutualisés ou de prestations mécanisées. Par ailleurs, des efforts ciblent les femmes rurales, longtemps oubliées des politiques d’équipement. Des programmes leur proposent des outils motorisés adaptés : mini-moulins, batteuses, décortiqueuses solaires… Ces avancées restent cependant fragmentaires et géographiquement limitées.
MODERNISATION OU MUTATION ?
Pour beaucoup d’experts, le modèle de modernisation agricole doit désormais être revu à l’aune des réalités locales. Il ne s’agit plus d’imposer un modèle unique, mais de promouvoir une mécanisation progressive, accessible, et surtout appropriée aux besoins réels des producteurs. La notion de « mécanisation intelligente » ou de « progrès agroécologique » s’impose : combinertechnologie, durabilité et inclusion. Des expériences probantes sont en cours, comme l’irrigation solaire goutte-à-goutte, l’agroforesterie, ou encore la transformation artisanale mécanisée à petite échelle. Former les jeunes ruraux, stimuler la fabrication locale, renforcer les services de maintenance deviennent alors des priorités stratégiques.
UNE TRANSITION À PENSER AVEC LES PAYSANS
Au fond, le Sénégal agricole est à la croisée des chemins. Il doit nourrir sa population, valoriser son potentiel rural, et offrir à sa jeunesse une perspective d’avenir dans le monde agricole. Cela suppose une mécanisation adaptée, certes, mais aussi une approche inclusive, qui n’exclut pas les plus modestes, ni ne rompt brutalement avec les pratiques communautaires. À défaut de mécanisation universelle, c’est peut-être une mécanisation solidaire et durable qui pourrait tracer l’avenir de l’agriculture.