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30 juillet 2025
LE FOOTBALL FEMININ AFRICAIN COMMENCE ENFIN A PRENDRE SON ENVOL
Le football féminin en Afrique a connu des changements radicaux au cours des dernières années. Après des débuts modestes à la fin des années 1990, il s'est développé au point que sa plus grande compétition attire aujourd'hui l'attention du monde entier
Le football féminin en Afrique a connu des changements radicaux au cours des dernières années. Après des débuts modestes à la fin des années 1990, il s'est développé au point que sa plus grande compétition attire aujourd'hui l'attention du monde entier.
La Coupe d'Afrique des nations féminine 2024 se dirige vers ses quarts de finale, avec huit pays encore en lice. Jusqu'à présent, ce tournoi, qui se tient tous les deux ans, a tenu ses promesses en matière de compétitivité. Les écarts importants entre les équipes participantes semblent avoir disparu. Les matches sont plus serrés, les primes ont augmenté et le public est au rendez-vous partout dans le monde.
En tant que spécialiste de la communication sportive et du football féminin, je suggère à la Confédération africaine de football (CAF) d'envisager d'augmenter le nombre d'équipes participant à la phase finale. Il y en a actuellement 12, mais ce nombre pourrait facilement passer à 16 sans perdre en qualité.
Il y a des sceptiques, surtout après que le pays hôte, le Maroc, et la CAF ont reporté le tournoi de 2024 à 2025 pour éviter un chevauchement avec les Jeux Olympiques de Paris. Cela a également donné au Maroc le temps de terminer la rénovation de ses stades. Malgré les sceptiques, le tournoi repose sur des bases solides. Il y a des signes clairs qu'il est sur la bonne voie.
Les écarts entre les équipes se réduisent
Les écarts au niveau des scores se réduisent. La plus grande différence de buts enregistrée lors du tournoi de cette année est de 4-0, dans deux matchs. L'un a été remporté par l'équipe championne en titre, l'Afrique du Sud, contre le Mali et l'autre par le Sénégal contre la République démocratique du Congo (RDC).
Cependant, ni le Mali ni la RDC ne se sont montrés faciles à battre. Ils ont simplement connu une mauvaise soirée lors de leurs défaites respectives 0-4. En fait, bien que la RDC ait perdu tous ses matchs, elle s'est montrée compétitive face au pays hôte, l'une des équipes favorites de cette année, le Maroc. Elle s'est inclinée de justesse face à la Zambie, une équipe qui a terminé troisième devant l'éternel champion, le Nigeria, il y a seulement trois ans. Le Mali, avec quatre points, s'est qualifié pour les quarts de finale en tant que meilleure troisième.
Bien sûr, les grandes équipes habituelles ont atteint les phases à élimination directe. Personne n'a été surpris que le Maroc et l'Afrique du Sud soient rejoints en phase à élimination directe par le Nigeria, la Zambie, le Ghana et le Sénégal. L'Algérie, deuxième de son groupe, s'est qualifiée pour la phase à élimination directe pour la première fois. Elle l'a fait après un match nul mérité contre le Nigeria. L'émergence de l'Algérie témoigne du redressement continu des équipes féminines nord-africaines, qui étaient jusqu'à présent à la traîne dans les compétitions féminines sur le continent.
Ces progrès sont le fruit d'un travail acharné. Le Maroc a investi massivement et a vu ses équipes nationales féminines et ses clubs se hisser au sommet du football féminin. L'Algérie est sur le point de connaître une ascension similaire. Ses performances dans cette compétition sont le fruit d'un recrutement important de joueuses d'origine algérienne vivant à l'étranger par le sélectionneur Farid Benstiti, qui dirigeait auparavant l'équipe féminine du Paris Saint-Germain. L'Algérie a également recruté plusieurs joueuses basées à l'étranger.
La compétitivité croissante entre les équipes de la CAN se reflète par l'élimination précoce de grandes nations comme la Côte d'Ivoire, la Guinée équatoriale et le Cameroun, absentes des quarts de finale. La Guinée équatoriale a remporté le trophée à plusieurs reprises, seul pays à avoir réussi cet exploit avec le Nigeria. Le Cameroun est une puissance traditionnelle qui a représenté le continent à plusieurs reprises lors de la Coupe du monde féminine de football. La Tanzanie a créé la surprise en éliminant la Côte d'Ivoire lors de la phase de poule. Le Kenya a battu le Cameroun et la RDC a battu la Guinée équatoriale. Ces résultats témoignent avant tout du niveau élevé des équipes féminines de football sur le continent. Cependant, certains défis subsistent. Parmi ceux-ci, on peut citer : le manque de financement des équipes nationales féminines tout au long de l'année en dehors des compétitions, le sexisme et les barrières religieuses dans certaines régions du continent.
Augmentation de primes
La CAF soutient de plus en plus la CAN féminine. Cette année, les primes remises aux vainqueurs ont augmenté de 100 % pour atteindre 1 million de dollars américains.
Le montant total des primes s'élève à 3,75 millions de dollars américains. Les finalistes malheureux recevront 500 000 dollars américains. L'équipe classée troisième aura 350 000 dollars américains et la quatrième 300 000 dollars américains. Les autres recevront des montants moins élevés. Ce soutien accru se reflète également dans les 600 000 dollars américains attribués à l'équipe vainqueur de la Ligue des champions féminine de la CAF.
Ce montant est toutefois loin d'être comparable à celui attribué lors de l’Euro féminin 2025 de l'UEFA (47,8 millions de dollars). Mais il témoigne des progrès constants réalisés par la CAN féminine pour réduire l'écart, alors que le football féminin suscite un intérêt croissant de la part des sponsors. Et l'écart entre les hommes et les femmes en termes de prix reste important. Il s'agit toutefois d'un phénomène mondial.
Intérêt croissant des médias
L'affluence dans les stades de la CAN féminine a été décevante, en partie parce que les matches se jouent dans 3 petits stades. Les plus grands stades du Maroc sont encore en rénovation en vue de la coorganisation de la Coupe du monde masculine de football en 2026. La couverture médiatique a été impressionnante. La CAF a indiqué que le match d'ouverture entre le Maroc et la Zambie a été diffusé dans plus de 120 territoires. Les principaux diffuseurs, dont beIN Sport, CANAL+, SuperSport et SportTV, couvrent l'événement.
Selon un communiqué de presse de la CAF : « Les spectateurs du monde entier pourront suivre les matchs depuis les États-Unis, le Brésil, le Canada, l'Australie, la France, la Belgique, l'Allemagne, le Qatar, les Pays-Bas et Singapour ».
Vers un tournoi élargi
Compte tenu des progrès réalisés par la compétition au fil des ans, il est peut-être temps d'augmenter le nombre d'équipes participant à la phase finale de 12 à 16. Cela nécessitera bien sûr une augmentation des primes afin de garantir que chaque équipe reçoive une somme égale ou supérieure à celle distribuée lors de la compétition de cette année.
Cependant, le tournoi de cette année a clairement montré qu'il y aurait davantage de place pour des concurrentes de talent lors de la phase finale, sans faire baisser le niveau.
La CAN féminine a parcouru un long chemin depuis sa création au début du siècle. Elle est passée de huit équipes à douze, et pourrait encore s'agrandir. Le montant des récompenses a doublé pour l'équipe gagnante et la couverture télévisée s'est étendue à travers le monde. Il s'agit clairement d'une compétition en plein essor.
Par Pr Ibrahima BAO
LETTRE À OUSMANE SONKO
N’oubliez surtout pas que l’accession au pouvoir n’est pas garante de victoire, car Patrice Lumumba, Thomas Sankara, Maoumar El Khadaffi, etc. sont assassinés pendant qu’ils exerçaient le pouvoir, car leurs règnes étaient insupportables
Tenez bon, vous n’avez encore rien vu. La fronde néocoloniale s’est levée, elle ne s’estompera pas. N’oubliez surtout pas que l’accession au pouvoir n’est pas garante de victoire, car Patrice Lumumba, Thomas Sankara, Maoumar El Khadaffi, etc. sont assassinés pendant qu’ils exerçaient le pouvoir, car leurs règnes étaient insupportables pour les néocolonialistes. Mamadou Dia n’est pas assassiné physiquement, mais politiquement. Donc, Monsieur le Premier ministre, les néocolonialistes ne se tairont pas, ils n’abdiqueront pas.
Le néocolonialisme a non seulement des agents qui sont prêts totalement à le défendre contre vents et marées, car ils y ont leurs intérêts et pour rien au monde, ils ne vacilleront. Ils utiliseront tous les moyens pour vous discréditer en vue de vous éliminer. Vous avez pris le pari de la souveraineté alors que le Sénégal est enfoui dans les chaînes de la dépendance et de la soumission économique, sociale, culturelle et symbolique. Mais aussi, le néocolonialisme est enfoui chez chaque Sénégalais, être hybride à la fois pris dans des influences animistes, abrahamiques, occidentales, asiatiques, etc. Cette marque occidentale fait que nos sensibilités se mettent en connivence, inconsciemment ou consciemment, avec le néocolonialisme. Cela produit des réflexes phobiques pour la mise en acte de la rupture avec le néocolonialisme et ses instances comme le franc CFA, la langue française, etc. D’ailleurs, sur ce plan, Monsieur le Premier Ministre, des actions doivent être entreprises. Face à cette situation, comprenez que ce qui a emporté Thomas Sankara et consorts ne vous laissera pas indemne, sans l’aide de Dieu et beaucoup de vigilance : la vôtre et celle de vos proches. Alors protégez-vous, continuez sur votre lancée.
Si j’ai pris ma plume pour vous encourager, je pense que je fais partie de cette catégorie de Sénégalais qui vous soutiennent, mais qui ne sont pas visibles. J’ai trop souffert de la disparition de Thomas Sankara. J’ai attendu de 1987 à 2014 pour voir Ousmane Sonko arriver sur la scène politique. Cela constitue pour moi un espoir immense de pouvoir voir, un Sénégal sur les rampes de la souveraineté avant que je quitte ce monde. Je prie Dieu pour qu’Il vous protège afin que vous posiez les premiers jalons de la souveraineté. Que du chemin reste parcourir. Courage, Monsieur le Premier ministre!
LE 12EME SALON DES ARTS VISUELS CELEBRE LES «NOUVEAUX REGARDS»
La Galerie nationale des arts, située Avenue Hassan II a vibré ce jeudi 17 juillet 2025, au rythme de la cérémonie de lancement de la 12ᵉ édition du Salon national des arts visuels.
La Galerie nationale des arts, située Avenue Hassan II a vibré ce jeudi 17 juillet 2025, au rythme de la cérémonie de lancement de la 12ᵉ édition du Salon national des arts visuels. Placée sous le thème « Nouveaux regards », cette édition a été marquée par la remise des prix aux lauréats, des hommages aux artistes disparus et des discours soulignant l'importance de l'art dans le développement culturel et économique du Sénégal.
Les lauréats de cette année ont été récompensés pour leur créativité et leur engagement artistique. Le premier prix du chef de l'État, d'une valeur de 10 millions FCFA, a été décerné à Balla Ndao. Ibrahima Niang a quant à lui remporté le 2ᵉ prix du ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture (MJSC) avec son œuvre « Ndoumbélane », recevant un chèque de 5 millions F Cfa.
Enfin, El Hadj Samba Diedhiou a obtenu le 3ᵉ prix (2,5 millions de F Cfa) pour son œuvre « Ascension ». Dans le cadre de l’exposition dédiée aux femmes artistes, Marie Ndione a reçu le premier prix (3 millions de F CFa), tandis que le prix d’encouragement (2 millions F Cfa) a été attribué à Maimouna Dieng pour son tableau « Tissons notre héritage ». La cérémonie s'est déroulée en présence de diverses personnalités, parmi lesquelles, Madame Khady Diène Gaye, ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, M. Bacary Sarr, secrétaire d'État aux Industries culturelles et créatives, ainsi que des directeurs généraux du secteur culturel, tels que Madame Diatta de la Galerie nationale des arts et Dr Mouhamed Abdallah Ly du Musée des civilisations noires (MCN).
L’Orchestre national, dirigé par Madame Guèye Niang, a animé l’événement, ajoutant une touche musicale à cette célébration artistique. La maîtresse de cérémonie, Oumy Régina Sambou, journaliste, a souligné l’importance de ce salon, qui s’affirme comme un rendez-vous incontournable de la scène artistique sénégalaise. M. Massamba Mbaye, commissaire de l’exposition, a retracé la genèse de l’événement, rappelant que la précédente édition avait pour thème « Le vivre ensemble ». Il a également évoqué les objectifs de cette 12ᵉ édition, axée sur l’intégration de nouvelles perspectives artistiques et la promotion de la diversité créative. Malgré cela, il a noté que les femmes ne représentaient que 20% des artistes sélectionnés, un chiffre appelé à évoluer.
HOMMAGE AUX ARTISTES DISPARUS ET VISITE GUIDEE
En prélude à la cérémonie, une visite guidée a permis aux invités de découvrir les œuvres exposées, accompagnées des interprétations des artistes. Un moment émouvant a été consacré à la mémoire des artistes disparus entre les deux éditions, cités par M. Massamba Mbaye : Saint-Dirignan, Seya Gallo, Moussa Safou, Boubou Douadou et Félicité Côté. Leurs contributions artistiques ont été saluées comme des legs précieux pour la culture sénégalaise.
DISCOURS DE LA MINISTRE KHADY DIENE GAYE
Dans son allocution, Madame Khady Diène Gaye a mis en lumière le rôle central de la culture comme moteur de développement. Elle a rappelé l’engagement de l’État à soutenir les artistes, à promouvoir une économie culturelle dynamique et à favoriser l’accès équitable à la culture sur l’ensemble du territoire. « L’art est bien plus qu’un vecteur ; c’est une matrice de vie, une manière d’interroger et de réinventer le monde », a-t-elle déclaré, citant le philosophe Valentin-Yves.
Cette 12ᵉ édition, riche en innovations et en diversité, confirme la vitalité de la scène artistique sénégalaise. Avec 229 candidatures reçues, dont des œuvres issues de 12 régions du Sénégal et de la diaspora, le salon se veut un reflet des multiples réalités et aspirations du pays. Les médiums variés – peinture, photographie, installations, vidéo témoignent d’une créativité en perpétuelle évolution. Le Salon national des arts visuels se poursuivra jusqu’au 17 août 2025, offrant au public l’occasion de découvrir des œuvres qui interrogent, inspirent et ouvrent de « nouveaux regards » sur le monde.
LA TENTATION SENEGALAISE
Mbour, Dakar, Kaolack, Thiès pour ne citer que ces villes, partout au Sénégal, la séduction est bien plus qu’un simple jeu de charme. Parfums, objets fétiches, vêtements stylisés, accessoires connectés, rien n’est laissé au hasard dans cette mise en scène
Mbour, Dakar, Kaolack, Thiès pour ne citer que ces villes, partout au Sénégal, la séduction est bien plus qu’un simple jeu de charme. Elle est une posture, une stratégie sociale, une forme d’expression de soi dans une société profondément marquée par les traditions mais aussi traversée par les pulsations de la modernité. Parfums, objets fétiches, vêtements stylisés, accessoires connectés, rien n’est laissé au hasard dans cette mise en scène de l’apparence. À la croisée des cultures locales et des influences globalisées, un véritable empire de la séduction s’est installé, visible à travers les gestes quotidiens, les réseaux sociaux, les marchés, les fêtes, les mariages, ou encore les rues.
LE CORPS EST MIS EN SCENE A LA TRADITION DU “SAGNSE” ET LA MODERNITE DU STYLE
Au Sénégal, le corps est un territoire social. Il est maquillé, parfumé, habillé, paré. On ne s’habille pas simplement pour soi, mais pour être vu, validé, respecté. Le “sagnsé”, ce terme wolof difficile à traduire, renvoie à un art subtil de se faire beau, de soigner son image, avec élégance, mesure… et parfois une touche d’excès assumé. Dans les grandes villes, cette logique de présentation de soi se conjugue au présent comme au passé.
À Mbour, le samedi soir, les jeunes hommes du quartier Escale ou Grand-Mbour vêtus de tee-shirts font cap vers la plage ou les lieux de sports salles de fitness ou le Stade Caroline Faye pour les matchs des Navetanes, pendant que les jeunes filles arborent mèches brésiliennes, longues robes cintrées et escarpins étincelants. Dans les clubs huppés, les looks se veulent à la fois ancrés dans l’afrostyle : boubou revisité, bijoux traditionnels sur coupe américaine, baskets en wax.
Dans les zones rurales ou pendant les cérémonies religieuses, l’apparat prend d’autres formes : pagnes brodés, chapelets massifs, cauris décoratifs, foulards noués et des colliers de perles lapis lazzuli selon des codes précis. Ce mélange d’esthétique traditionnelle et de signes modernes construit une narration : celle d’une société qui mutualise l’ancien et le neuf pour se projeter dans le monde.
L’EMPIRE DES ODEURS : ENCENS, PARFUMS, MYSTIQUES ET LUXE
Le parfum est roi dans cet empire de la séduction. L’odeur précède le corps, laisse une trace, envoûte, séduit, affirme une identité. Au Sénégal, on ne badine pas avec les senteurs. Le “thiouraye”, mélange d’encens, de plantes et de résines, occupe une place centrale dans l’imaginaire collectif. Confectionné artisanalement à base de bois odorants, d’ambre, de musc ou de clou de girofle, il est brûlé dans les maisons, glissé dans les armoires, diffusé sur les vêtements, parfois même inséré dans les sous-vêtements pour affirmer une sensualité assumée. Dans les marchés ,les étals de parfums débordent : “Khamaré” (racine aphrodisiaque ), “Sadalgourde”, “Ambre rouge”, “Misk Al Jannah”…
Les vendeuses vantent des propriétés magiques, parfois mystiques. Car ici, le parfum est aussi un langage ésotérique : certains attirent, d’autres protègent, d’autres encore envoûtent. Dans les pratiques soufies ou les rites mandingues, les senteurs participent à des rituels invisibles que seule l’initiée déchiffre. Mais la modernité n’est pas en reste. Les flacons de Dior, Chanel, Paco Rabanne ou Yves Saint Laurent trônent dans les salons de beauté ou les dressings des influenceuses. La revente de parfums de luxe, souvent importés via Dubaï ou Istanbul, connaît un véritable boom. Les classes moyennes urbaines y puisent un pouvoir olfactif attrayant, en complément d’un héritage olfactif local.
OBJETS ET ACCESSOIRES, TALISMANS DU PARAITRE
Dans l’espace sénégalais, l’objet ne se limite pas à sa fonction utilitaire. Il est porteur d’un discours social. À l’époque précoloniale déjà, les chefs ou griots se paraient de cannes, de bagues, de sacs rituels, de colliers de protection. Aujourd’hui, les objets de distinction ont changé de nature, mais conservent leur charge symbolique. La montre devient un marqueur de réussite.
Les jeunes l’exhibent au poignet comme preuve d’ascension sociale, qu’elle soit authentique ou contrefaite. Le smartphone, lui, est un prolongement du corps, souvent déguisé de coques brillantes, utilisé pour les selfies, la musique, les directs Facebook. Il n’est pas rare de voir un jeune vendeur ambulant de Mbour porter deux téléphones, en bandoulière, sans avoir de crédit téléphonique : l’objet devient insigne de valeur, plus que fonction. Certains signes anciens refont surface, dans un esprit de réappropriation culturelle. Le “woussigui” (sacoches en cuir utilisées par les bergers peuls) est revisité en accessoire de mode pour appater la clientèle touristique. Les bracelets en cuivre, les colliers de perles ou les amulettes (“xam-xam” ou “gris-gris”) cohabitent avec les gadgets électroniques. Le syncrétisme matériel devient alors le reflet d’une société qui se construit entre le visible et l’invisible, entre le chic et le sacré.
RESEAUX SOCIAUX : VITRINES DU PARAITRE ET LABORATOIRES DU STYLE
Impossible de parler de séduction sans évoquer les réseaux sociaux, qui amplifient la logique ostentatoire et redéfinissent les normes de la beauté. Instagram, TikTok, Snapchat, Facebook sont devenus les vitrines d’un moi stylisé, d’une image travaillée, exposée, “likée” ou critiquée.
Les jeunes y rejouent les codes du “sagnsé” : vidéos de routines beauté, déballages de colis de marques, présentations de tenues de mariage ou de Magal, tutoriels de pose de perruques ou de “khessal” (dépigmentation), performances de danse ou de prière stylisée. Tout devient spectacle, dans un mélange de sacré et de mondanité. Cette dynamique questionne : où s’arrête l’estime de soi, où commence la pression sociale ? Les injonctions à la beauté, à la richesse, à la réussite – parfois irréalistes – créent des tensions, surtout chez les plus jeunes. Mais dans une société où l’apparence est l’une des rares monnaies de pouvoir accessible, difficile de faire sans.
En conclusion les questions de séduction, de résistance et d’affirmation parlent d'elles-mêmes. Loin d’un simple culte de l’apparence, les pratiques ostentatoires au Sénégal racontent une société en mouvement. Elles sont des formes de résistance culturelle, des moyens d’exister dans un monde globalisé, où les identités africaines doivent se réinventer sans se perdre. Séduire, s’exposer, exhiber, ce n’est pas toujours vanité. C’est parfois un cri, une quête de reconnaissance, un acte de résilience. Dans l’empire mouvant de la séduction sénégalaise, le parfum, l’objet et le style deviennent des mots silencieux, des gestes politiques, des parures de dignité.
ALERTE SUR LE NIVEAU ET L’ÉQUITÉ SCOLAIRE
L'effondrement des résultats du bac révèle les failles d'un système éducatif à bout de souffle. Avec moins de 43% d'admis et seulement 11% de mentions, l'école peine à former les élites de demain et creuse les inégalités entre régions
42,85 % d’admis sur les 162 125 candidats présents, soit une chute brutale de près de six points par rapport à 2024 (48,71 %) et de près de neuf points par rapport à 2023 (51,54 %). Seuls 20 % des candidats admis dès le premier tour. A peine 11 % des admis avec mention. La contre-performance du baccalauréat de cette année remet au cœur du débat les failles structurelles de l’école sénégalaise. Celles-ci ont pour dénominations : surcharge des effectifs, inégalités territoriales, disparités entre public et privé, déficit d’encadrement, mais aussi non pertinence des programmes. Alors même que le baccalauréat demeure une étape cruciale vers l’enseignement supérieur, sa perte d’efficacité comme outil de sélection et de valorisation des compétences devient un sujet de préoccupation nationale.
Un recul brutal malgre une année stable
Les résultats du baccalauréat général 2025 au Sénégal confirment une tendance préoccupante. Avec seulement 42,85 % d’admis sur les 162 125 candidats présents, le taux de réussite enregistre une chute brutale de près de six points par rapport à 2024 (48,71 %) et de près de neuf points par rapport à 2023 (51,54 %). Cette baisse, d’autant plus alarmante qu’elle survient à l’issue d’une année scolaire globalement stable et sans perturbations majeures, soulève de vives inquiétudes sur l’état du système éducatif. Sur les 166 439 candidats initialement inscrits, 162 125 se sont effectivement présentés aux épreuves. À l’issue des deux tours, seuls 69 474 ont été déclarés admis. Ces chiffres traduisent une crise silencieuse mais persistante, qui interroge autant la qualité de la formation que les dispositifs d’orientation et les modalités d’évaluation dans le secondaire.
Peu de mentions, peu d’élites
Au-delà de la chute globale, c’est la faiblesse de l’excellence académique qui frappe. Seuls 20 % des candidats ont été admis dès le premier tour, et à peine 11 % des admis ont obtenu une mention. Sur les 8 079 mentions attribuées, 139 sont « Très Bien », 1 281 « Bien » et 6 659 « Assez Bien ». Ce volume limité de mentions met en lumière un système qui peine à faire émerger des profils brillants, capables d’alimenter les élites scientifiques et intellectuelles du pays.
Une orientation par défaut vers les lettres
Les disparités entre séries sont également révélatrices. Les séries littéraires, qui concentrent l’essentiel des effectifs (137 080 candidats), affichent un taux de réussite de seulement 41 %. À l’inverse, les séries scientifiques tirent leur épingle du jeu : 54 % de réussite pour les S2 et un impressionnant 94 % pour les S1. Ce contraste reflète une orientation scolaire par défaut vers les lettres, souvent choisies faute de sensibilisation ou de moyens pour intégrer les filières scientifiques et techniques, pourtant plus porteuses. Les séries technologiques et tertiaires n’échappent pas à cette fragilité, peinant elles aussi à franchir le seuil des 50 % d’admis. En somme, ces résultats ne font pas que pointer une baisse de niveau. Ils révèlent une école en panne de cap, incapable de former massivement, d’orienter pertinemment et d’exceller durablement.
Régularité féminine, éclats masculins
La lecture genrée des résultats du baccalauréat 2025 confirme une tendance désormais bien établie : les filles affichent de meilleures performances globales que les garçons, tant en termes de taux de réussite que de nombre de mentions obtenues. Elles dominent notamment les mentions « Bien » et « Assez Bien », témoignant d’une plus grande régularité scolaire. Pourtant, en haut du tableau, ce sont les garçons qui décrochent le plus de mentions « Très Bien » : 76 contre 63 pour les filles. Ce paradoxe laisse entrevoir une répartition inégale des performances extrêmes, où les filles semblent plus constantes et les garçons plus présents dans les sommets académiques. Ce déséquilibre interroge à la fois les modes d’évaluation et les dynamiques de socialisation scolaire. Les filles réussissent mieux en moyenne, mais peinent à s’imposer dans le peloton de tête, là où les garçons, souvent moins réguliers, parviennent à briller de manière plus spectaculaire. Une situation qui pourrait refléter des stratégies d’apprentissage différentes, ou la persistance de stéréotypes pédagogiques qui influencent, consciemment ou non, l’appréciation des performances selon le genre. Au-delà des chiffres, cette disparité soulève des questions plus larges sur l’équité dans le système éducatif, la valorisation des parcours féminins et la capacité de l’école à reconnaître les différentes formes d’excellence.
Une réussite à deux vitesses selon les régions
Au-delà des moyennes nationales, la carte des résultats du baccalauréat 2025 révèle une fracture éducative préoccupante entre les régions. Si l’académie de Dakar culmine à un taux de réussite de 57,07 %, plusieurs zones de l’intérieur du pays affichent des performances nettement inférieures. Kolda, par exemple, ne dépasse pas les 31,9 %, tandis que Kaolack et Ziguinchor stagnent autour de 35 %. Ces écarts traduisent une réalité bien connue mais toujours mal combattue : l’inégalité d’accès à un encadrement de qualité. Dans les zones rurales ou périphériques, les élèves font face à une pénurie chronique de manuels scolaires, à l’absence de laboratoires, au manque d’enseignants qualifiés et à un accès très limité aux ressources numériques. Autant de handicaps structurels qui compromettent l’égalité des chances dès le départ.
En revanche, les zones urbaines, notamment la région capitale, bénéficient de meilleures infrastructures, d’un encadrement plus régulier et d’un environnement scolaire plus favorable. Ce déséquilibre se répercute inévitablement sur les résultats, accentuant les inégalités entre élèves selon leur lieu de résidence. La réussite au baccalauréat, censée être l’ultime validation des acquis scolaires, devient ainsi un révélateur brutal des inégalités territoriales. Et tant que ces disparités ne seront pas traitées à la racine, l’école sénégalaise continuera de produire une réussite à deux vitesses
Face à cette série de signaux faibles devenus signaux d’alarme, des réponses urgentes s’imposent. Il faut refonder l’orientation dès la classe de seconde, renforcer la formation continue et l’encadrement des enseignants, en particulier en milieu rural. Les infrastructures doivent être mises à niveau, avec une attention particulière pour les laboratoires, les bibliothèques et les outils numériques.
Enfin, une revalorisation des filières scientifiques et techniques – par l’image, les partenariats et les passerelles métiers – est cruciale pour inverser la tendance. Le bac 2025 n’est pas qu’un mauvais cru. C’est un miroir de nos failles. Il marque une double alerte : un système éducatif trop inégalitaire et déséquilibré, malgré, cette année, une scolarité libre de perturbations. L’orientation, les disparités et le niveau global exigent un sursaut collectif : repenser la posture du système secondaire pour relever les défis intellectuels, économiques et sociaux. L’avenir du pays dépend de cette refondation. Reste à savoir si les autorités auront la volonté politique de le regarder en face.
Par Fadel DIA
UN CONTRE CINQ, EXPLICATION DE TEXTE
Nous pouvons nous interroger sur la pertinence de ce « sommet » médiatisé à outrance et sur son rapport qualité/prix. Plus que les flatteries, ce qui choque le plus, c’est le rôle attribué à Trump comme délivreur de la médaille de leadership
Dès les premières images et au vu du format, on a conscience du rapport des forces et que la partie est perdue d’avance. D’un côté de la table, sont alignés cinq chefs d’état, tout esseulés, leurs dossiers posés sagement devant eux. Leur faisant face, un bouledogue couleur d’huile de palme, goguenard, les mains croisées, sans note mais qui a pris soin de s’entourer de ses collaborateurs.
A la balance des egos il ne pèse à l’évidence pas le même poids que ceux auxquels il s’apprête à faire subir un grand oral et on sent qu’il n’a pas de temps à perdre et qu’il ne se laissera pas marcher sur les pieds. D’ailleurs il ne tarde pas à en donner la preuve en rabrouant le premier orateur qu’il invite à se contenter de donner son nom et celui de son pays… Il n’est pas sûr qu’il les ait gardés en tête à l’issue de la rencontre !
Les médias ont parlé de « visites officielles », ce qui est un abus de langage car une visite officielle est le fruit d’un accord bilatéral, avec des dates, des modalités et des objectifs fixés d’accord parties, alors que cette rencontre est le produit de l’initiative personnelle d’une seule partie, sans qu’il y ait possibilité d’en modifier le calendrier ou d’en arrêter l’ordre du jour. C’est plus une convocation qu’une invitation.
Si l’on ne peut que spéculer sur les critères à partir desquels a été établi ce groupe un peu disparate, il est probable que ce n’est pas Donald Trump en personne et en connaissance de cause qui en a dressé la liste. Il ne sait pas grand-chose de l’Afrique, même pas que le Libéria est en quelque sorte la seule « colonie » que les Américains y ont eue et que, bien évidemment, on y parle anglais !
Ses services ne lui ont pas facilité la tâche. Ils auraient pu lui proposer d’ouvrir le défilé par les rares démocraties émergentes africaines (Cap-Vert, Maurice, Botswana, Namibie… et Sénégal). Hypothèse il est vrai absurde, car la démocratie n’est pas la préoccupation principale de Trump, ou plus logiquement et dans la foulée de son implication dans la crise en Afrique Centrale, de choisir comme première fournée les pays de l’AES et les ancien et nouveau président de la CEDEAO, pour donner plus de crédit à la réputation de grand solutionneur de crises internationales dont il se prévaut. Ou encore, plus simplement inviter les pays africains les plus puissants (histoire d’ouvrir un débat sur l’octroi à l’Afrique d’un siège permanent au Conseil de Sécurité), ou des pays anglophones, pour un dialogue direct sans intermédiaires, ou uniquement des pays francophones, par curiosité exotique et en ne sollicitant que les services d’un seul interprète !
Mais Trump n’est pas du genre à faire simple quand il y a plus compliqué. Ses invités s’expriment, normalement, dans quatre langues internationales, leurs pays rassemblent à peine 30 millions d’habitants (soit 1/50 de la population de l’Afrique), et aucun d’entre eux n’est un « tigre » à l’échelle continentale ou ne recèle ces fameuses terres rares qui ont la réputation de le faire saliver !
Mais au moins le président américain ne courait aucun risque face à de si frêles invités, qui probablement, n’ont pas pris le temps de se concerter, d’arrêter un plan de bataille, d’harmoniser leurs positions, de se répartir les tâches. Ils semblent s’être plutôt concentrés, chacun de son côté, à partir de ce qu’ils savaient sur le sujet à travers la presse et avec l’aide de leurs experts, à analyser ses comportements erratiques dans des situations similaires et à en tirer une ligne de conduite. On peut dire, après les avoir écoutés, qu’ils avaient abouti aux mêmes conclusions et adopté les mêmes postures : couvrir de fleurs leur hôte, parler chacun pour soi, et surtout éviter les sujets qui fâchent.
Flatter Trump, personne n’y échappe. Il adore ça, mais encore, fallait-il trouver un bon angle d’attaque. Hélas ! Faute de discernement, celui que ses cinq invités ont sorti de leurs manches n’est ni pertinent ni original car le couronner comme le champion de la paix dans le monde, voire futur Prix Nobel, n’est pas que prématuré.
C’est venant de chefs d’Etats africains, un manquement à la solidarité entre les nations les plus faibles faces au diktat des grandes puissances. C’est une insulte aux dizaines de milliers de morts et aux centaines de milliers de blessés Gazaouis. Car, plus encore que ses prédécesseurs, Trump arme Israël, justifie ses crimes et oppose son veto à la condamnation de la guerre la plus sale du monde puisqu’elle est menée contre des civils désarmés, des femmes et des enfants principalement. C’est aussi avoir la mémoire courte puisque c’est sur de faux prétextes, qu’il avait quelques jours auparavant, lancé ses bombes contre un pays avec lequel il n’était pas en guerre, au mépris des lois internationales.
Quant à son intrusion, citée à l’envi mais encore nébuleuse, dans le conflit entre la RDC et le Rwanda, elle s’est faite sans concertation avec l’Union Africaine et les organisations régionales et son objectif principal n’était pas le rétablissement de la paix mais de garantir aux Etats-Unis, l’accès aux mines que recèle cette partie de l’Afrique.
Mais plus que les flatteries, ce qui choque le plus, c’est le rôle attribué à Trump comme délivreur de la médaille de leadership. Rendre visite au président d’un pays avec lequel on entretient des relations dans de nombreux domaines est un acte normal dans les rapports entre nations. Mais celle que les présidents africains ont effectuée à la Maison Blanche est célébrée comme un privilège et un grand « honneur ». C’est galvauder ce terme car s’il y a utilité, voire nécessité, à rencontrer le président du pays le plus puissant du monde, il n’y a pas, à proprement parler « d’honneur » à être reçu par un homme qui a traité leur continent de « pays de m…. », qui depuis une dizaine d’années, fait l’objet de poursuites judiciaires ( dont certaines ont abouti à des condamnations) pour des affaires de mœurs, de détournement d’argent de violation de la loi et du droit, de complot contre l’Etat. Un président qui foule aux pieds toutes les règles de la coopération internationale et qu’un journaliste a qualifié de « parrain mafieux international » en raison de ses interventions intempestives dans la politique intérieure de plusieurs états, en cherchant notamment à empêcher la condamnation de délinquants comme Bolsonario ou Netanyahou.
L’accueil fait à son retour à Libreville au président gabonais, gambadant avec sa casquette trumpéenne comme s’il avait remporté la victoire de Gaugamèles ainsi que les parades dans les rues qui ont suivi sont d’une indécence confondante…
Après avoir chatouillé l’ego démesuré de leur hôte, les présidents africains ont utilisé le temps qu’il leur avait imparti pour lui faire du charme. L’opération consistait, pour chacun d’eux, à mettre en valeur le petit truc qu’il a de plus que les autres, à faire l’énumération de ce qu’il pouvait offrir, un peu comme un demandeur d’emploi dresse la liste de ses diplômes.
Mais attention, il fallait jouer solo au lieu d’unir les forces du groupe en mettant en exergue certains problèmes communs comme le pillage des eaux marines, l’accélération de l’érosion marine et de la désertification etc., qu’une administration américaine plus soucieuse de transition écologique pourrait aider à résoudre. Il fallait être précis et concret, faire du « retenez-moi sinon je vais ailleurs », se rappeler que Trump ne connait pas la coopération multilatérale.
Son seul sujet d’intérêt ce sont les bonnes affaires, le donnant-donnant, à condition que ce soit lui qui tire les ficelles, comme les Européens en ont fait l’amère expérience. Il ne lui a surement pas échappé, à son grand plaisir, que même ses hobbies semblent passionner ses collègues africains puisque c’est la deuxième fois en quelques mois qu’ils font appel à son passe-temps préféré, le golf, pour entrer dans ses bonnes grâces. Mais à raison de cinq présidents africains par lot de visiteurs, il lui reste encore au moins neuf autres audiences à programmer. Trouvera-t-il le temps, dans les trois années qui lui restent, de faire le tour de toutes les opportunités qu’offre l’Afrique ?
Le dernier postulat qui fonde la réaction des présidents africains découle de la déconfiture publique de leur collègue ukrainien et dans une moindre mesure, du ferraillement auquel avait dû se livrer Cyril Ramaphosa, premier président africain reçu par Trump. Ils se sont donc abstenus de parler de ce qui fâche, n’ont pas soufflé mot sur la fermeture des frontières américaines à leurs travailleurs, chercheurs et étudiants, ni sur l’expulsion brutale et massive des immigrés, ni sur la suspension précipitée de l’US-AID et du MCA qui met en danger de mort des milliers de malades, ni sur la fin de l’AGOA et la hausse excessive des tarifs douaniers qui risque de mettre en faillite de nombreuses entreprises, ni sur la menace qui pèse sur le rapatriement d’argent par les diasporas africaines…
Bref tout ça pour ça ! Nous pouvons nous interroger sur la pertinence de ce « sommet » médiatisé à outrance et sur son rapport qualité/prix. Les cinq invités auxquels Trump a consacré moins de temps qu’à l’émir du Qatar (2,5 millions d’habitants pour 11.000 km2), avant de les « reverser » à des interlocuteurs d’échelon inférieur, sont rentrés sinon bredouilles, du moins sans avoir reçu une réponse satisfaisante aux seules questions qui comptent aux yeux de leurs mandants .
A moins que Trump ne les ai invités que pour une raison : les amener à accepter d’accueillir sur leurs territoires des criminels indésirables dans leurs pays d’origine!
MULTIPLE PHOTOS
REVUE DE LA PRESSE SENEGALAISE DE CE SAMEDI 19 JUILLET 2025
Entre promesses de réforme, malaise social, scandales financiers et arène sportive bouillonnante, le Sénégal vit une séquence dense et contrastée.
TURBULENCES POLITIQUES ET CHANTIERS GOUVERNEMENTAUX
Le Soleil ouvre la marche avec une sortie très attendue de Cheikh Tidiane Dièye : « Cheikh Tidiane Dièye dit tout » sur les grands dossiers de l’heure et la feuille de route de l’exécutif. Les Échos évoque pour sa part des « échanges avec l’extérieur et recettes », mais surtout l’appel des « cadres de l’APR [Alliance Pour la République] qui invitent l’opposition à un large front ».
Dans Rewmi Quotidien, on annonce un « remaniement du gouvernement » à venir, en s’interrogeant : « Qui sont les ministres menacés ? ». Les noms de Baïla Sy, Sissé et Sarr sont cités, dans un contexte où Tribune dénonce « une indifférence des autorités » face aux cadres républicains en colère. L’AS titre de son côté sur le blocage des comptes de Serigne Mountakha Mbacké : « Les comptes pompés ».
MOUVEMENT SOCIAL ET SOCIETE CIVILE : UN CLIMAT DE MALAISE
Le climat social reste tendu. WalfQuotidien consacre sa « une » à la justice avec : « La grève greffée des maux », pointant une baisse des recettes et des audiences bloquées. Sud Quotidien sonne l’alarme avec son titre fort : « ALERTE ! » sur le baccalauréat, la sécurité et l’équité menacées.
EnQuête évoque « La déception de la société civile » face au blocage du dialogue. Direct News insiste sur « Le silence de la société civile », interpellant notamment les universités privées : « Près d’une centaine concernées ». L’Évidence revient sur un scandale foncier : « 43 parcelles fictives vendues, un célèbre promoteur mis en garde à vue ».
AFFAIRES JUDICIAIRES ET REVELATIONS
Les révélations judiciaires alimentent les gros titres. Libération frappe fort avec : « Les révélations accablantes de l’enquête », publiant la liste des personnes entendues dans l’affaire Kocc Barma. Dans le même registre, L’Observateur (L’Obs) annonce : « Kocc perdu par une fille de 16 ans », après l’arrestation de El Hadji Babacar Dioum.
Le Point s’intéresse à la coopération régionale : « Les experts des douanes de la Gambie et du Sénégal à Banjul ». La même couverture évoque Cheikh Ahmadou Bamba comme « un modèle de non-violence ». Quant à Quotidien, il alerte sur une tendance inquiétante : « Addiction Kush : la police sévit contre la drogue ».
TENSIONS ET MANŒUVRES AUTOUR DE L’OPPOSITION
Le bras de fer politique continue. Tribune annonce : « Démission du PM Sonko : la marche interdite », précisant que l’interprétation de l’acte reste floue et qu’« il se bat pour des chèques de khatilé et des nourritures de la coalition ».
CULTURE ET SPIRITUALITE
Une note spirituelle est apportée par Le Point, qui rappelle la figure de Cheikh Ahmadou Bamba, salué comme « modèle de non-violence ». Une parenthèse culturelle bien accueillie dans un climat électrique.
SPORTS : L’ARENE DE LUTTE ET LE FOOT S’ENFLAMMENT
Dans le sport, Record et Stades convergent sur le même dossier brûlant : « L’arène en ébullition !!! » avec le duel Baïla Gaye – Siteu et le choc génération Foot – Jarraf. Rewmi Sports revient aussi sur Tapha Mbeur : « Ses leaders ne l’ont pas abandonné ».
Pour le CPR Dooleel PIT-Sénégal, seule une nouvelle Constitution de rupture et une démarche plus inclusive permettront de consolider la démocratie sénégalaise
La victoire électorale ne suffit pas à transformer un pays. C'est le message que le CPR Dooleel PIT-Sénégal adresse au nouveau régime de Bassirou Diomaye Faye, appelant à une refondation institutionnelle profonde pour consolider la "transformation systémique" promise et éviter les écueils du passé.
« Le Sénégal continue sa longue marche démocratique parsemées de succès, d'embûches, de violences, d'espoir et d'incertitudes...
Depuis la crise politique de 1962, ayant consacré la victoire du camp senghorien lié à la Françafrique sur le courant nationaliste incarné par Mamadou Dia, l’armature institutionnelle de notre pays est source, non seulement d’instabilité politique mais est aussi et surtout incapable d’assurer un développement socio-économique souverain et harmonieux.
De fait, nous assistons à un déséquilibre institutionnel quasi caricatural marqué par un hyper-présidentialisme outrancier, une Assemblée Nationale soumise à l’Exécutif et une justice sous le joug du gouvernement et des groupes de pression.
Ce diagnostic, reposant sur des données probantes et confirmé par les conclusions des Assises nationales de 2008-2009 ainsi que par les recommandations de la Commission Nationale de Réforme des Institutions, a été repris par le Pacte de bonne gouvernance démocratique endossé par la plupart des candidats à la dernière élection présidentielle, dont le futur vainqueur Bassirou Diomaye Faye.
Et c'est ce pacte explique en partie notre soutien à la candidature de Bassirou Diomaye Diakhar FAYE et notre adhésion à la Coalition Diomaye Président.
Les refus des régimes successifs de procéder à une refondation institutionnelle bien comprise par l’adoption d’un nouvel ordre constitutionnel de rupture, ont conduit à des crises politiques cycliques en 2011-2012 et 2021-2024, aboutissant à des alternances politiques qui témoignent de la maturité et la résilience du peuple sénégalais en général et la combativité de la jeunesse en particulier.
La dernière alternance a vu la victoire du camp patriotique incarné par le tandem Diomaye – Sonko, prônant une rupture radicale d’avec le mode de gestion néocolonial, jusque-là en vigueur et se réclamant de l’alternative sociopolitique, sans en poser les prémisses institutionnelles.
Notre conviction est que les deux victoires électorales successives du camp patriotique, en 2024, n’ont pu totalement résorber la dernière crise politique, que la boulimie pouvoiriste de la Coalition Benno Bokk Yakaar, avait installée dans le pays.
Pour preuve, on peut citer des acteurs politiques se regardant en chiens de faïence, avec un climat politique exécrable, qu’il est illusoire de vouloir assainir par des méthodes exclusivement répressives.
Il y a aussi le malaise latent au sein du nouveau régime, qui vient d’éclater au grand jour, avec la sortie récente du leader Ousmane Sonko, à l’occasion de la première réunion statutaire expresse du Conseil National du Pastef.
Nous estimons que cette déclaration du président du Pastef, qui a secoué le microcosme politique et fait les choux gras de la presse et des réseaux sociaux, doit surtout être perçue comme une alerte à l’endroit de ses camarades de parti, destinée à les dissuader de réduire la dynamique de transformation systémique à une simple victoire électorale, qui n’en constitue, tout au plus, que le signal de départ.
Certes, des jalons importants et indéniables ont été posés pour donner vie au processus de transformation systémique, sur lequel, la jeunesse sénégalaise fonde de grands espoirs. Un nouveau référentiel de politiques publiques a été élaboré et plusieurs chantiers ont été ouverts, dont l’assainissement des finances publiques, la reddition des comptes, la fermeture des bases militaires françaises, les conclusions des dialogues et concertations visant à stabiliser notre pays.
Il ne faut cependant pas occulter la situation économique préoccupante, due aux retombées de la délinquance financière du régime de Benno Bokk Yakaar caractérisée par une dette cachée, le blanchiment d’argent et des détournements scandaleux de deniers publics, ayant complètement déstabilisé les finances publiques.
Le CPR Dooleel PIT-SENEGAL "ngir defaraat reewmi"
préconise l’adoption par voies référendaire ou parlementaire, d’une nouvelle Constitution de rupture d’avec l’ancien ordre néocolonial,
exhorte le Pastef à poursuivre son action politique dans le cadre d’un horizon démocratique, en vue d’une appropriation du projet de transformation systémique par les larges masses populaires, en dehors de toutes velléités autoritaires,
recommande l'élargissement de la base sociale de son régime, dans une démarche plus ouverte et plus inclusive, en bannissant tout esprit de sectarisme, et en impliquant davantage les leaders de la Coalition Diomaye Président,
incite à la valorisation des décisions d’instances régulières par rapport aux analyses individuelles des leaders,
invite au renforcement de l'unité idéologique et à la cohésion organisationnelle, par la tenue prochaine de son premier congrès statutaire,
encourage les autorités à poursuivre et à accélérer la reddition des comptes, tant sur les crimes économiques que par rapport à ceux portant sur la violation des droits humains,
suggère l'exploration de la voie de la justice transitionnelle (commission justice, vérité, réconciliation), en prenant en compte les antécédents de la plupart des acteurs politiques de notre pays,
recommande la création d'un environnement suffisamment incitatif pour attirer le maximum d’investisseurs privés, nationaux comme internationaux pour la création d’emplois décents en faveur des jeunes et des femmes et la fin de l'immigration irrégulière.
Notre démocratie et notre vivre-ensemble nous obligent à respecter la hiérarchie des normes, l’égalité devant le droit et l'indépendance de la justice.
C'est dire combien la situation est complexe et exige du camp patriotique l'inscription de son action dans la paix sociale, la stabilité politique et la démocratie plurielle.
Le régime de parti-État où le parti détiendrait le monopole du pouvoir politique et serait la seule source de légitimité n'est pas adapté à notre culture démocratique.
Notre trajectoire démocratique est irréversiblement plurielle. »
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LES ÉTUDIANTS DISENT STOP À UNE UNIVERSITÉ QUI FORME DES CHÔMEURS
Licences de 5 ans, masters interminables, formation inadaptée au marché : les étudiants ont dressé un bilan sans complaisance lors du lancement de l'ANTESRI 2050. Leur participation aux concertations ouvre la voie à une refondation universitaire
À l'occasion du lancement officiel de l'ANTESRI 2050 (Agenda National de Transformation de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation), les étudiants ont fait entendre leur voix lors des concertations nationales organisées au Sicad. Cette rencontre historique a permis de libérer la parole estudiantine et de poser les bases d'une transformation profonde du système universitaire sénégalais.
Les représentants étudiants ont exprimé avec force leurs frustrations face à un système défaillant. "Au nom de tous les étudiants du Sénégal, nous ne voulons plus faire une licence en 5 ans au lieu de 3 ans", ont-ils déclaré sous les applaudissements de l'assemblée. Leurs revendications portent également sur la durée excessive des masters qui oblige les étudiants à solliciter des bourses d'accompagnement pour survivre dans des conditions précaires.
Plus préoccupant encore, les étudiants dénoncent une université qui "forme des chômeurs" et un système qui "abandonne certains en chemin sans aucun mécanisme de récupération". Cette prise de conscience collective témoigne de la maturité du mouvement étudiant qui comprend désormais "la nécessité d'un changement, d'une transformation".
L'analyse du système révèle des carences structurelles majeures. Les établissements d'enseignement supérieur sénégalais forment insuffisamment de techniciens supérieurs, très peu d'ingénieurs et peu de licenciés et masters en sciences et technologie. Cette situation constitue "un handicap majeur à surmonter pour atteindre les objectifs de l'agenda national de transformation".
Les chiffres budgétaires illustrent ce déséquilibre : sur un investissement annuel de 1 118 738 francs CFA par étudiant, seulement 483 francs sont consacrés aux aspects pédagogiques, le reste étant alloué au social. Cette répartition, bien qu'elle témoigne de l'effort social de l'État, limite considérablement les ressources disponibles pour la recherche et l'innovation pédagogique.
Malgré ces défis, l'optimisme reste de mise. Les autorités se montrent convaincues que "l'enseignement supérieur sénégalais est capable en quelques années de se transformer pour former des milliers d'ingénieurs et des dizaines de milliers de techniciens". Cette transformation vise à aligner le profil des diplômés sur les priorités nationales : l'industrialisation du pays, la souveraineté alimentaire et pharmaceutique, piliers de la vision Sénégal 2050.
La conviction que les dizaines de milliers de bacheliers peuvent devenir "des médecins, des agronomes, des informaticiens, des pharmaciens et des docteurs analystes" grâce à des curricula adaptés et une pédagogie appropriée, traduit une volonté politique forte de démocratiser l'excellence.