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7 juin 2025
PAR Ibou Fall
LES HOMMES INTÈGRES ET NOUS
Les choix d'agenda du président et de son Premier ministre illustrent deux visions du Sénégal. L'une tournée vers l'économie et les partenariats internationaux, l'autre séduite par le romantisme révolutionnaire des régimes militaires ouest-africains
A chacun ses priorités ? Tandis que le président Diomaye Faye débarque à Abidjan pour assister au raout co-organisé par le Groupe Jeune Afrique et l’Ifc, branche de la Banque mondiale que pilote notre compatriote Makhtar Diop, son Premier ministre, Ousmane Sonko, quant à lui, choisit d’assister à l’inauguration du mausolée de Thomas Sankara au Burkina Faso.
Les esprits chagrins se demandent bien pourquoi le chef du gouvernement sénégalais tient tant à se faire bien voir de la junte de Ouaga. Nous autres Sénégalais qui, depuis soixante-cinq ans, organisons bon an mal an des élections, laissons la classe politique délirer à l’envi et cantonnons nos Forces de sécurité et de défense dans leurs casernes, on doit leur sembler bien bizarres.
Déjà, dès les indépendances, alors qu’il est question de fonder avec ce qui s’appelle la Haute-Volta, le Bénin, le Soudan français et le Sénégal, la Fédération du Mali, au dernier moment, nos amis voltaïques et dahoméens font volte-face, préférant un Conseil de l’entente sous la férule d’Abidjan.
Il faut dire que Maurice Yaméogo, le premier président de la Haute-Volta, est le patron de la branche voltaïque du Rassemblement démocratique africain dont Houphouët-Boigny est le manitou. Le premier président de ce qui devient en 1984 le Burkina Faso, surnommé «Monsieur Maurice», traîne une drôle de réputation…
Il passe pour un épicurien que ses fantasques épousailles en période de disette précipitent au purgatoire en 1966.
Le chef d’Etat-Major, le Général Aboubakar Sangoulé Lamizana s’installe au Palais au nom de l’Armée, qui dépose «Monsieur Maurice». Le nouveau maître du pays s’agrippe au fauteuil présidentiel voltaïque quatorze années durant, à grands renforts de tripatouillages des institutions, histoire de leur faire dire ce qu’il veut bien entendre. Petite précision tout de même : Lamizana fait ses gammes au cours supérieur Blanchot de Dakar (futur Van Vo devenu Lamine Guèye) et au Prytanée de Saint-Louis.
Son ancien ministre des Affaires étrangères, le Colonel Saye Zerbo, prend la tête d’un si joliment nommé, Comité militaire de redressement pour le progrès national, qui renverse Lamizana en 1980.
Le «redressement» ne dure pas très longtemps : deux années à tout casser. Cette fois, c’est un médecin militaire qui s’y colle, le Commandant Jean-Baptiste Ouédraogo, pour soigner un pays mal en point… Il serait désigné par un petit groupe de capitaines fortement politisés, tendance gauchisante, dont le leader charismatique, Thomas Sankara, devient le Premier ministre du nouveau gouvernement.
C’est un héros de la guerre qui oppose une première fois le Mali et la Haute Volta en 1974. Fort en thème, tranchant, sa personnalité est si forte qu’il fait de l’ombre à son patron qui ne l’est que de nom. Ses diatribes et postures sur les questions de politique internationale, surtout lorsqu’il invite à Ouagadougou le sulfureux Mouammar Kadhafi, le font limoger et placer en résidence surveillée.
C’est son inséparable compagnon, le Capitaine Blaise Compaoré, à la tête des commandos de Pô que porte une impressionnante foule, qui entre à Ouagadougou pour le sortir de ce mauvais pas et l’installer à la présidence de la République.
On prête à Houphouët-Boigny cette pique, à l’annonce de la prise de pouvoir par le Capitaine Sankara : «J’ai connu un Général comme Président de la Haute-Volta ; ensuite, ce fut un Colonel ; et puis un Commandant ; à présent, ce sont des capitaines qui sont au pouvoir. Bientôt la Haute-Volta sera dirigée par un Sergent !»
Sankara est un modeste, qui se contente de peu, est increvable, ne dort presque pas, mange encore moins et n’a pas de goût de luxe. Il roule en Renault Cinq -comprenez un tape-cul-, joue à la guitare, fait du vélo ou arbitre des matchs en week-end, quand il n’est pas à la tête d’une opération coup de poing contre l’insalubrité. Il défie les institutions de Bretton Woods, dénonce la Françafrique, dope le consommer local, d’où le port du Faso Dan Fani. En trois ans, il gagne son pari : l’autosuffisance alimentaire… Pour chaque Burkinabè - eh oui, la Haute-Volta n’existe plus !-, les deux repas par jour et les dix litres d’eau sont conquis.
Seulement voilà : l’exercice du pouvoir n’est pas affaire d’enfant de chœur. Il prend toute la place mais surtout, autour de lui, une garde prétorienne risque de le ceinturer avec un certain Vincent Sigué aux manettes. C’est ce projet qui hérisse Blaise Compaoré, lequel, jusque-là, est celui qui assure la protection de la présidence.
Leurs liens se sont distendus depuis pas mal de temps déjà, surtout après le mariage de Compaoré, le «Beau Blaise», avec une Ivoirienne dont la famille est des proches du «Bélier de Yamoussokro», Félix Houphouët-Boigny.
Le 15 octobre 1987, Sankara et ses fidèles sont en réunion à la présidence lorsque des hommes armés débarquent et les abattent les uns après les autres. Avant d’annoncer sa mort, les putschistes prétendent qu’il est démissionnaire au profit de Blaise Compaoré. Sa dépouille ainsi que celles de ses proches sont enterrées en catimini, nuitamment, par des bagnards.
Le règne de Blaise Compaoré durera… vingt-sept ans ! Bien sûr, pour se faire «réélire», il organisera de temps à autre des élections aussi transparentes qu’une purée de pois chiches. Rassurez-vous, comme dirait Dieudonné, le seuil psychologique -la barre des 100%- ne sera jamais franchi, pour pas qu’on doute.
C’est en octobre 2014 qu’un mouvement populaire, comme savent en faire les « peuples opprimés », le force à plier bagage et se replier dans son pays d’adoption, la Côte d’Ivoire, qui lui octroie d’autorité la nationalité ivoirienne. On ne sait jamais, avec les traités d’extradition, n’est-ce pas ?
Vous croyez que c’est fini ? Ben non. Il y aura plusieurs «présidents de transition» : Isaac Zida, puis Michel Kafando qui échappe, un an après, à une tentative de coup d’Etat. Et puis, enfin, alors qu’on n’y croit plus, une élection se tient en 2015, remportée par Roch Kaboré, lequel rempile cinq ans après.
Et au moment où tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes, revoilà les putschistes qui se signalent, en 2022. Paul-Henri Damiba est le président du «Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, président de la Transition du Burkina Faso».
Ça fera long feu : la même année, en 2022, le Capitaine Ibrahim Traoré s’empare du fauteuil… Il y est encore. Les paris sont ouverts : jusqu’à quand ? C’est donc cette saga qui fait rêver nos souverainistes locaux que le verdict des urnes ne semble pas vraiment convaincre : la preuve, ça va dialoguer sérieusement dès la semaine prochaine, pour pimenter tout ça…
Revenons à nos plates sénégalaiseries. Devant la Haute cour de justice, ça va crescendo : la première s’en sort avec une caution de quelques misérables cinquante-sept millions Cfa ; le second écope d’un bracelet et d’une résidence surveillée ; pour la troisième, c’est le mandat de dépôt…
Je ne sais pas ce que doivent penser ceux qui sont dans la salle d’attente de la Haute cour. Napoléon en aurait sans doute dit que ça se corse.
PAR Djibril Ndiogou Mbaye
LE MONOLOGUE NATIONAL DU 28 MAI OU LE PROJET DE DIALOGUE ÉLECTORALISTE DE PASTEF
EXCLUSIF SENEPLUS - Les termes de référence sont truffés de figures imposées. Comme tous les régimes précédents, Pastef, à peine arrivé au pouvoir, prépare déjà les prochaines présidentielles. Il s’apprête a tailler le système électoral à sa mesure
Pastef amorce son plan politique, élections vision 2029
C’est le bal des débutants. Un bal hautement politique.
Une soirée entrée libre ou tout le monde est convié ou presque. Même les adversaires politiques les plus farouches, qu’on a pris la peine d’entraver avant le jour-j, avec des boulets judiciaires, ont reçu leur carte d’invitation collective…par voie de presse , avec promesse de tapis rouge et petits-fours. Mais pour ces derniers à qui l’exécutif a promis la géhenne, le mot « four », même « petit », n’est pas de bonne augure. Ce n’est pas le cas de ceux qui ont en « projet » la refonte du système électoral dans son entièreté. Pastef est d’attaque.
Après le lancement du plan économique Sénégal vision 2050, les nouvelles autorités embrayent, sans attendre, sur la déclinaison politique du « projet », avec une forte connotation électoraliste. Il s’agit de sa vision du système électoral, qui doit lui permettre de réitérer sa victoire de 2024 à souhait. Ainsi, aux élections présidentielles succèderont les sélections présidentielles avec une foison de partis passée au tamis d’un système électoral plus draconien.
C’est à croire que l'assertion selon laquelle « les hommes passent, le système demeure » est immuable au Sénégal. En effet, comme tous les régimes précédents, Pastef, à peine arrivé au pouvoir, prépare déjà les prochaines présidentielles. Il s’apprête a tailler le système électoral à sa mesure.
Il a à cœur de réformer ce système, tellement « imparfait » qu’il avait eu raison des viles intentions de troisième mandat prêtées au président Macky Sall, validé la candidature du détenu-Diomaye, alors sous le coup de chefs d’accusations gravissimes, rejeté le report des élections et consacré la victoire historique du parti des « Patriotes». C’est ce même système, paré de ses « vilaines imperfections » qui nous avait offert en prime cette mémorable et émouvante montée des marches du parvis du palais par le duo Diomaye-Sonko, qui a fait pâlir « la Croisette » de jalousie et qui m’avait fait couler une larmichette de fierté en mon pays et la maturité de son…système électoral. Mais on le sait bien, la perfection est un vilain défaut.
Certes, il faut, à la décharge du président, reconnaître que la pléthore de partis n’est pas sain, que le financement des partis politiques est une nébuleuse et que le système actuel, comme tout dans la vie, est perfectibl . Mais de là à convoquer un dialogue politique national en ces temps de disette économique ne semble prioritaire que pour lui et son parti.
Qu’a cela ne tienne, Pastef dialoguera. C’est le diktat du vainqueur. Le vainqueur impose, le vainqueur dicte sa loi avec plus ou moins d’arrogance, n’en déplaise aux perdants.
Quelle urgence pour ce dialogue politique national ?
C’est le président Diomaye, maître des horloges, qui sonne l’heure des pourparlers et il a décidé qu’il est l’heure de dialoguer !
Dialoguer pour trouver des réponses aux questions cruciales ou dialoguer pour meubler le temps économique et social qui ne passe pas ou qui prend son temps ?
En tout cas, le citoyen lambda pourrait avoir du mal à comprendre l’opportunité, la pertinence et surtout l’urgence d’un dialogue politique national sorti de nulle part, au moment ou le peuple harassé, dépité et blasé mais digne, semble s’être emmitouflé d’un silence lourd de sens à quelques encablures de la Tabaski (quelle idée!). Un dialogue économique serait plus à propos face à un tissu économie sclérosée depuis une année.
En effet, la priorité n’est pas la même d’un bord à l’autre de la scène nationale.
Alors que l’aiguille de l’horloge politique des « patriotes » tourne à plein régime, celle de l’opposition semble grippée sur l’heure de la reddition des comptes, embourbée qu’elle est dans d’inextricables démêlées avec l’implacable dame justice. Reddition des comptes oblige.
Les acteurs économiques, quant à eux, ont déjà bradé leur horloge sur le marché, pour faire face à une activité léthargique et des charges sociales incompressibles qui les écrasent, ils ne dialogueraient que pour une reprise économique.
Quelle crédibilité donner à ce dialogue ?
En 2015, le Nobel de la paix a été décerné au « quartette », c’est-à-dire le regroupement des principales organisations de la société civile tunisienne à l’origine du dialogue national et qui avait établi le socle politique nécessaire pour réformer en profondeur la Constitution et les institutions du pays, a l’issue du « printemps arabe ».
Donc le dialogue national est une approche sérieuse. Il est crédible lorsqu’il s’appuie sur une initiative consensuelle et une très large participation. Et aucun de ces mots n’est vain.
La crédibilité d’un dialogue se trouve dans les qualités des acteurs avec en « guets-stars » les partis politiques les plus représentatifs. Les organisations de la société civile étant plus des facilitateurs et des arbitres, dans l’entendement le plus commun. Ce dialogue a une vocation politique et devrait entraîner des conséquences politiques. Il doit donc être porté par les acteurs politiques, tous les acteurs politiques, pour plus de crédibilité.
De prime abord, cette initiative unilatérale rappelle le tripatouillage habituel dont sont coutumiers les politiciens. Mais les termes de référence renseignent que ce dialogue est plus ambitieux qu’un simple tripatouillage. Il appelle une mutation totale du système électoral.
En effet, il s’agit ici d’un dialogue politique qui doit conduire à des réformes politiques cataclysmiques, à en croire les prémonitions de l’omniprésent député M. Amadou Ba, lors de sa sortie interprétative des TDR du dialogue national.
Certaines voix ont critiqué la convocation d’un dialogue en période stable. Pour ces critiques, un « dialogue ne se fait qu’en période de crise et le premier ministre prend le contre-pied du président de la République en déclarant qu’« il n’y a pas de crise politique au Sénégal ». En réalité, il n’y a aucune contradiction entre le président Diomaye et son premier ministre ou plutôt le president du parti Pastef.
En effet, il est de bon goût politique et même intellectuel de dialoguer en dehors de toute crise. Le dialogue peut ne pas s’appuyer sur une urgente nécessité. Il peut être impulsé par une recherche d’efficacité ou de performance, comme par un besoin d’anticiper, de prévenir, corriger ou réformer.
C’est cette dernière hypothèse qui semble sous-tendre la démarche de Pastef. Dans le cas d’espèce, la crédibilité du dialogue ne sera consacrée que par la participation la plus large des acteurs politiques et surtout de l’opposition « significative ». C’est-à-dire celle qui est arrivée juste après le parti au pouvoir. C’est la raison pour laquelle, le « timing » n’est pas idéal pour un dialogue honnête et inclusif car l’APR , premier parti d’opposition n’est pas dans les conditions d’y répondre positivement.
La démocratie est un système politique de gentlemen. Elle n’est compatible qu’avec la politique au sens noble du terme. Celle qui est pratiquée par des acteurs honnêtes loyaux et respectueux des règles du jeu. Cest ainsi que la légitimité, la crédibilité et la grandeur d’une victoire, lors des joutes politiques, ne se mesurent qu’à l’aune de la participation la plus inclusive et la plus consensuelle.
Un dialogue se fait en période d’accalmie et de paix sociale. Aujourd’hui, le climat judiciaire délétère n’est pas le meilleur moment.
L’APR sera absent de ce rendez-vous peu galant, sciemment fixées au moment où il est en train de rendre compte à la justice. Il décline cette invitation à danser un tango endiablé qui pourrait lui valoir un croche-pattes politiquement incorrect, dont les patriotes sont d’éminents experts. Il espère ainsi, par ce boycott, dénuer ce dialogue de sa crédibilité. Le rôle de l’opposition n’est-il pas de s’opposer ?
L’autre partie de l’opposition, les « résidus » selon le surnom affectueux de leur bourreau, commence à sortir de son hibernation politique en ordre dispersé. Elle rasera les murs pour assister au bal. Elle pourra ainsi dévorer avec des yeux d’envie le slow lancinant entre Pastef et ses inconditionnels affidés, sur le rythme langoureux des morceaux choisis, distillés par le jukebox de la société civile. Ils veilleront surement a ne pas trop s’embrasser au risque de mal s’étreindre.
Au bout de la nuit, ce bal des débutants devrait conduire à une apothéose de mesures favorables à la majorité présidentielle avec des affidés qui se sont déjà couchés par terre depuis la dernière élection présidentielle pour remettre obséquieusement et sans condition, une procuration sur tous leurs comptes politiques et un chéquier en blanc paraphé de leur plus belle signature.
Des visées électoralistes avérées
Les termes de référence sont truffés de figures imposées, curieusement superposables à la vision et aux intérêts politiques et électoralistes des « Patriotes ».
L’inscription automatique des jeunes dès leur majorité en est une parfaite illustration.
En effet, la lecture des résultats des dernières élections et du vivier électoral des « Patriotes » sénégalais montre que les jeunes sont les porteurs du « projet ». Le vote-Pastef , la réélection en 2029 sera jeune ou ne sera pas. Pastef le sait , il s’y prépare.
il ne faudrait pas avoir que des mauvais préjugés, car Pastef, s’il est droit dans ses bottes de purificateur du système, peut l’avoir convoqué aussi avec de bonnes intentions. Le cas échéant, les boycotteurs auraient raté quelque chose.
En effet, le dialogue serait l’occasion d’être acteur du changement et d’avoir accès à la tribune pour défendre leur position.
En plus, pour une fois que les conclusions ne seraient pas entérinées par un vote, elle devrait en profiter pour faire valoir ses positions sur un mécanisme qui au final s’appliquera « erga omnes », c’est-à-dire à l’égard d’eux tous, irrémédiablement.
Vers des sélections présidentielles et législatives
À l’issue de ce dialogue, rien ne sera plus jamais pareil pour les partis et les élections.
Si l’exécutif veut duper son monde en venant avec un haut couturier afin de se tailler un costume à la mesure de son ambition, ça se saura. Mais en fait, Pastef ne veut duper personne. Il a le courage de son monologue national, unilatéralement programmé. M. Amadou Ba en précise les contours : « Le Dialogue politique va créer un cataclysme juridique avec des nouvelles règles de création des partis politiques, leur structuration, leur financement, les conditions de participation aux élections, la nouvelle Autorité de régulation des élections, le Code électoral, le statut de l’opposition et son chef, le bulletin unique, l’enrôlement automatique des jeunes dès leur majorité, etc. ». Rien que ça !
Il faut reconnaître que les enjeux sont importants. La pléthore de partis est une aberration politique qui mérite qu’on s’y penche, tout comme le financement des partis. C’est l’un des éléments de sélection les plus pointus, l’argent étant le nerf de la guerre. Il sera le point le plus sensible, car les partis politiques sénégalais ont tous des mécanismes de financement opaques voire occultes. La débauche de gros cylindrés pendant les campagnes parle d’elle-même.
Le maintien des caisses noires, après chaque présidentielle malgré les promesses électorales, renseigne sur la destination au moins partielle de ces fonds opaques, soumis à la loi du silence.
Les financements aux provenances douteuses, assimilés à des cotisations ou des dons, difficilement traçables, posent, au-delà de la question déontologique, un réel problème d’égalité de tous les partis devant les élections. Il conviendrait d’éviter que ceux qui, arrivés au pouvoir et donc ayant accès à des moyens illimités, ne soient tentés de réduire les moyens de financement de l’opposition à une peau de chagrin.
Aussi, même avec des contraintes judiciaires, faudrait-il aller au bal. Parce que c’est au bal que se définiront les règles qui permettront aux partis d’exister et aux candidats de se présenter aux prochaines sélections présidentielles ou législatives.
par Henriette Niang Kandé
UNE FRACTURE MONDIALE AUTOUR D'UN CONFLIT INTERMINABLE
La tragédie palestinienne, hier scandale universel, glisse lentement dans les pages intérieures, noyée entre une réforme fiscale et un fait divers sordide. À force de répétition, l'horreur s'est banalisée
Le conflit entre Israël et le Hamas ravive de profondes lignes de fracture au sein de la communauté internationale. D'un côté, une majorité de pays occidentaux affiche un soutien assumé au droit d'Israël à se défendre face aux attaques venues de Gaza. Washington, Londres, Paris ou Berlin insistent toutefois sur la nécessité de limiter les pertes civiles, appelant à une « retenue proportionnée » dans les opérations militaires.
En face, le Sud global – Afrique, monde arabe, Amérique latine – dénonce massivement ce qu'il considère comme un usage disproportionné et aveugle de la force par l'armée israélienne. À travers déclarations officielles, votes à l'ONU et manifestations populaires, ces pays pointent une impunité persistante, voire une complicité occidentale face aux souffrances infligées aux civils palestiniens.
Dans ce climat polarisé, les organisations humanitaires et les agences des Nations unies multiplient les alertes. Elles évoquent les violations du droit international humanitaire et soupçonnent des crimes de guerre, tant du côté des tirs aveugles du Hamas que des bombardements indiscriminés d'Israël sur des zones densément peuplées. Plus qu'un conflit localisé, Gaza devient ainsi le théâtre d'un affrontement géopolitique global où les récits, les indignations et les silences révèlent une lecture profondément divergente du droit, de la justice et de la guerre.
Trump relance la diplomatie nucléaire et régionale
En visite officielle à Riyad, (13-14 mai 2025), le président américain Donald Trump a tenté une nouvelle percée diplomatique au Moyen-Orient. Il a proposé à l'Iran une levée partielle des sanctions économiques en échange d'un gel de certaines activités nucléaires. Mais Téhéran a sèchement rejeté l'offre, dénonçant un chantage sous pression et affirmant qu'aucun dialogue ne saurait s'ouvrir dans de telles conditions. Trump a toutefois prévenu que « la fenêtre de négociation ne restera pas ouverte indéfiniment », accentuant la tension entre Washington et la République islamique.
Dans un geste plus inattendu, le président américain a annoncé la levée des sanctions contre la Syrie, marquant une inflexion majeure de la politique américaine. Lors d'une rencontre avec le président syrien Ahmed al-Sharaa, Trump a encouragé Damas à normaliser ses relations avec Israël et à rejoindre les Accords d'Abraham, ces pactes de reconnaissance mutuelle entre l'État hébreu et plusieurs pays arabes. Une perspective qui reste toutefois hautement sensible dans une région encore marquée par les séquelles de la guerre civile syrienne.
De son côté, l'Arabie saoudite continue de jouer sur plusieurs tableaux. Si le royaume a signé un accord de défense tripartite avec les États-Unis et Israël, axé sur le renforcement militaire face à l'influence iranienne, il maintient fermement sa position sur la cause palestinienne. Riyad refuse toute normalisation avec Israël sans la création préalable d'un État palestinien indépendant aux frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Le royaume a également rejeté toute tentative de déplacement forcé des habitants de Gaza.
Dans ce jeu d'équilibres diplomatiques mouvants, la Syrie entrevoit une opportunité de reconstruction et de retour sur la scène régionale. Tandis que l'Arabie saoudite tente de concilier alliances stratégiques et fidélité à la cause palestinienne, les États-Unis cherchent à reconfigurer les rapports de force, quitte à bousculer les lignes rouges traditionnelles du monde arabe.
Palestine : l'indifférence comme arme silencieuse
Des corps sous les gravats, des enfants blessés sur des brancards, des immeubles pulvérisés par des bombes guidées... Et pourtant, pendant longtemps, plus rien ne semblait ébranler l'opinion. La tragédie palestinienne, hier scandale universel, glisse lentement dans les pages intérieures, noyée entre une réforme fiscale et un fait divers sordide. À force de répétition, l'horreur s'est banalisée. L'émotion s'est émoussée. La Palestine, lentement, est devenu un bruit de fond.
Ce processus n'est pas seulement médiatique ; il est politique. À chaque nouvelle offensive, les mêmes éléments de langage ressurgissent : « riposte », « bouclier humain », « lutte contre le terrorisme ». Les chiffres montent, les morts s'additionnent, mais l'indignation ne suit plus. La mécanique est rodée : condamnations molles, diplomatie prudente, puis silence. Jusqu'à la prochaine salve.
La banalisation tue à petit feu. Elle transforme l'inacceptable en décor de guerre permanent. Le siège de Gaza, les colonies illégales, les arrestations arbitraires d'enfants, les destructions de maisons... Tout cela devient routine, fond d'écran d'un conflit que l'on ne regarde plus vraiment. Même les drames les plus intolérables — des hôpitaux ciblés, — peinent à provoquer autre chose qu'un défilement distrait sur les réseaux sociaux.
Cette fatigue de l'empathie est aussi une victoire stratégique. À défaut de convaincre, on épuise. On noie la cause dans la complexité, on brouille les responsabilités, on lasse le monde. Ainsi, l'apartheid contemporain peut s'installer sous nos yeux, sans fracas. L'indifférence devient complice. Elle dépolitise, désarme, désespère.
Or, une cause cesse d'exister politiquement le jour où elle ne suscite plus de réaction morale. Le danger est là : que la Palestine devienne une habitude tragique, une souffrance tolérée, une injustice intégrée. Et que dans ce vacarme global, son silence devienne plus assourdissant que les bombes.
Gaza : une plage sur des ruines
Donald Trump, qui n'est jamais avare en déclarations fracassantes, avait franchi une fois de plus, un cap dans l'indécence diplomatique. Dans un entretien surréaliste, le 4 février 2025, lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. Trump a proposé que les États-Unis prennent le contrôle de Gaza, déplacent sa population palestinienne vers des pays voisins comme l'Égypte ou la Jordanie, et reconstruisent le territoire pour en faire la « Riviera du Moyen-Orient », comme si Gaza était un terrain vierge, sans passé, sans douleur, sans morts.
À croire que les 2,3 millions de Gazaouis qui survivent sous les bombes, les décombres et un blocus implacable, ne sont pour lui qu'un obstacle au potentiel immobilier. Et que les dizaines de milliers de morts, les enfants mutilés, les quartiers rasés ne valent qu'un détour sur Photoshop pour les convertir en palmiers et hôtels cinq étoiles.
Cette proposition grotesque, à mi-chemin entre le cynisme d'un promoteur en mal de buzz et l'ignorance stratégique d'un démagogue, révèle une méconnaissance crasse du conflit israélo-palestinien. Elle efface les Palestiniens du paysage, comme si leur seule utilité était de céder la place au tourisme de luxe. Un projet de « paix » bétonnée, avec vue sur mer et surveillance aérienne.
La sortie de Trump a amusé ses partisans, scandalisé les autres, mais surtout, elle illustre l'abîme entre les fantasmes de certains dirigeants et la réalité tragique des peuples. Gaza n'a pas besoin de plages artificielles, mais de justice, de droits, et d'un cessez-le-feu. La paix ne se construit pas sur le sable, encore moins sur les cendres.
Des critiques de plus en plus fortes se multiplient
En Israël, l'opposition dénonce un échec du renseignement, un désastre politique et une dérive autoritaire. Des familles d'otages manifestent, appelant à négocier une trêve pour sauver leurs proches. Des voix s'élèvent contre la stratégie du "tout-militaire" et l'absence de perspective politique. Mais Netanyahou s'accroche, arguant que "toute pause, c'est une victoire du Hamas".
Longtemps tues ou à peine murmurées, les critiques à l'encontre de la politique israélienne vis-à-vis des Palestiniens trouvent désormais écho jusque dans les rangs des démocraties les plus proches de Tel-Aviv. Aux États-Unis comme en Europe, des voix de plus en plus audibles s'insurgent contre la dérive autoritaire de Benyamin Netanyahou et les opérations militaires qui frappent indistinctement Gaza, provoquant des dizaines de milliers de morts civils.
Dans la communauté juive américaine, traditionnellement attachée au Parti démocrate, l'exaspération monte. Plusieurs figures intellectuelles et politiques dénoncent un soutien aveugle à un gouvernement israélien jugé d'extrême droite. L'historien Peter Beinart, chroniqueur au New York Times, s'interroge : « Peut-on encore défendre moralement un État qui bombarde des hôpitaux, affame une population entière et empêche l'aide humanitaire ? » L'ancien sénateur Bernie Sanders, lui-même juif, a appelé à suspendre l'aide militaire américaine à Israël si Netanyahou continue à ignorer le droit international.
En Europe, le ton change lui aussi. En Irlande et en Espagne, les gouvernements se sont prononcés pour la reconnaissance immédiate d'un État palestinien. L'ambassadrice d'Israël en Espagne a été convoquée après les propos jugés « inacceptables » de ministres espagnols sur un possible nettoyage ethnique en cours à Gaza. L'Allemagne, pilier historique du soutien à Israël, commence à exprimer ses « profondes inquiétudes », bien que Berlin continue de livrer des armements. En France, Emmanuel Macron a récemment condamné les frappes sur Rafah, tout en insistant sur la nécessité de ne pas « instrumentaliser » la cause palestinienne — un double discours dénoncé par plusieurs ONG comme Human Rights Watch ou Médecins du Monde.
Cette vague critique marque un tournant : l'impunité diplomatique d'Israël semble moins assurée. Si Netanyahou reste inflexible, ses alliés historiques, eux, semblent ébranlés par une opinion publique de plus en plus choquée. Reste à savoir si l'indignation actuelle débouchera sur des mesures concrètes ou s'il ne s'agira, une fois de plus, que de protestations sans lendemain.
Ces positions restent encore prudentes, souvent freinées par des considérations géopolitiques ou électorales. Mais la multiplication des témoignages sur les conditions de vie à Gaza – famine, bombardements d'écoles, hôpitaux ciblés – rendent le silence de plus en plus intenable. Les anciennes certitudes vacillent. Et une question : le soutien à Israël n'est plus inconditionnel ?
Gaza, tombeau à ciel ouvert : 53 000 morts et champ de ruines
Le 7 octobre 2023 à l'aube, une attaque coordonnée et sans précédent du Hamas, baptisée « Déluge d'Al-Aqsa », frappe Israël au cœur et marque un tournant majeur dans le conflit israélo-palestinien. Environ 1 200 personnes ont été tuées, dont de nombreux civils lors de l'assaut sur des kibboutz frontaliers. Plus de 250 otages capturés, et emmenés dans la bande de Gaza. Les images des otages, y compris de femmes, d'enfants et de personnes âgées provoquent en Israël, un traumatisme national.
Face à cette offensive-surprise sans précédent, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a déclaré : « Nous sommes en guerre ». Dans les heures qui ont suivi, il lance l'opération militaire "Épées de fer". Objectif annoncé : détruire le Hamas, coûte que coûte. Plus de 300 000 réservistes sont mobilisés. L'armée israélienne commence une campagne de bombardements massifs sur Gaza. Les infrastructures civiles sont ciblées au même titre que les positions militaires présumées. Les zones d'habitation densément peuplées sont évacuées de force, puis rasées. Tel-Aviv maintient le cap, justifiant chaque frappe comme un acte de légitime défense.
Dix-neuf mois plus tard, le bilan humain et matériel est catastrophique.
Le ministère de la Santé de Gaza, affirme que plus de 53 000 Palestiniens ont été tués depuis le début des hostilités, dont une majorité de femmes et d'enfants. Le nombre de blessés dépasse les 121 000, et environ 11 000 personnes sont portées disparues, ensevelies sous les décombres ou introuvables. Des frappes ciblées ont également visé des dirigeants du Hamas, comme l'assassinat de Mohammed Deïf en juillet 2024.
Les infrastructures civiles sont en ruines : plus de 80 % des bâtiments résidentiels sont endommagés ou détruits, et la quasi-totalité des hôpitaux du nord de Gaza sont hors service. Le système de santé est à l'agonie, incapable de faire face à l'afflux massif de blessés. Le blocus imposé par Israël depuis mars 2025 a plongé la population dans une crise humanitaire majeure. L'accès à l'eau potable, à la nourriture et aux soins médicaux est extrêmement limité. Le Programme alimentaire mondial (PAM) avertit d'un risque imminent de famine.
L'opération militaire israélienne baptisée « Chariots de Gédéon » a officiellement débuté le 17 mai 2025. Cette offensive terrestre majeure dans la bande de Gaza vise à intensifier la pression sur le Hamas pour obtenir la libération des otages israéliens et démanteler les infrastructures militaires du mouvement. Lancée au lendemain de la visite du président américain Donald Trump au Moyen-Orient, (13-16 mai 2025), l'opération a été annoncée par l'armée israélienne comme une étape cruciale pour atteindre ses objectifs de guerre. Les préparatifs de cette opération avaient été approuvés par le cabinet de sécurité israélien le 5 mai 2025, avec pour objectif une prise de contrôle complète de la bande de Gaza. Depuis lors, les offensives israéliennes, ont intensifié les combats, provoquant des centaines de morts supplémentaires en quelques jours. Des localités comme Beit Lahia et Al Mawasi ont été particulièrement touchées.
Les négociations pour un cessez-le-feu, menées notamment à Doha, sont restées, à ce jour dans l'impasse. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou insiste sur une "victoire totale", tandis que le Hamas exige la fin des hostilités et la levée du blocus.
UN CENTRE POUR LES HANDICAPÉS VISUELS À MALICOUNDA
Ce projet de 235 millions de francs CFA vise à former les non-voyants aux métiers et à leur offrir une voie vers l'autonomie économique
Maguette Sène, le député-maire de la commune de Malicounda, a procédé, le week-end, à la pose de la première pierre d'un centre de formation pour l'association nationale des personnes handicapées visuelles à Mballing. Selon lui, « L'association bénéficiaire de ce centre est une organisation nationale. Le terrain de 600 m2 mis à disposition... marque le début d'une dynamique. Une autre association m'a récemment saisi pour obtenir 600 m2 supplémentaires afin d'abriter un terrain de football en salle, que Sadio Mané s'est engagé à financer. Ils m'ont assuré que, si le terrain leur est attribué, le centre sera opérationnel en deux mois ». À l'en croire, cette initiative s'inscrit dans une série d'actions menées pour accompagner les personnes vivant avec un handicap.
Pour Seynabou Ndiaye, présidente de l'association d'appui, membre de la Fédération des personnes handicapées et de la Convergence de la solidarité des aveugles et de l'entraide, le terrain de 600 m2 offert par la mairie de Malicounda, sous l'impulsion du député-maire Maguette Sène, contribue à promouvoir les droits des personnes vivant avec un handicap. Selon elle, ce projet a également reçu le soutien de Serigne Bassirou Fall Ndiahar, une figure éminente de la communauté des personnes vivant avec un handicap, consacrant d'importants moyens pour l'amélioration des conditions de vie de ces personnes vulnérables et particulièrement les non-voyants.
La pose de la première pierre du futur centre dédié aux personnes handicapées visuelles reste une réponse dans le domaine de l'emploi pour les handicapés visuels ouverts à la formation, à des métiers. Le coût du centre de formation est estimé à 235 millions de francs CFA. Il a comme objectif, permettre aux personnes handicapées visuelles de sortir de la rue et de ne plus dépendre de la mendicité pour survivre.
Pour Moussa Thiaré, président de la Fédération sénégalaise des associations des personnes handicapées, « Celui qui a planté un arbre n'a pas vécu inutilement. Mais je voudrais ajouter à cet adage : celui qui a posé une pierre a tracé les jalons d'un changement. » Il a tenu à remercier le maire de Malicounda, tout comme Bassirou Fall, ainsi que l'ensemble des personnes handicapées. « C'est une révolution qui va sincèrement impacter le quotidien de toutes les personnes handicapées, en particulier celles vivant avec un handicap visuel. Les centres de formation sont souvent conçus de manière générale, sans toujours prendre en compte les spécificités liées au handicap. Ce centre représente donc une véritable opportunité, une bouffée d'espoir pour les non-voyants, qui ont su démontrer leur compétence, malgré des moyens limités ».
LES ASSOCIATIONS SALUENT LA RÉFORME DE LA CAUTION LOCATIVE
Eco Citoyen et ADLS y voient une avancée majeure pour protéger les locataires contre les abus et garantir des relations locatives plus équitables
L'Association Eco Citoyen et l'Association de Défense des Locataires du Sénégal (ADLS) ont exprimé leur soutien à la réforme engagée par la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), visant à encadrer de manière plus équitable la gestion des cautions de loyer au Sénégal. Elles cautionnent ainsi un signal fort envoyé à tous les acteurs du logement afin de mettre fin aux dérives et de garantir, enfin, des conditions de location justes et respectueuses de la dignité des citoyens. Tout en engageant les autorités, les bailleurs, les agences immobilières et la société civile à s'approprier cette réforme et à accompagner sa mise en œuvre.
« L'Association Citoyenne pour la Protection du Consommateur et de l'Environnement (Eco Citoyen) et l'Association de Défense des Locataires du Sénégal (ADLS), toutes deux engagées dans la défense des droits des citoyens, des consommateurs et des usagers du logement, tiennent à saluer avec force l'initiative du Directeur Général de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), M. Fadilou Keita, visant à réformer en profondeur le système de gestion des cautions de loyer au Sénégal », informe un communiqué conjoint datant du 18 mai 2025. En effet, saluent les signataires du document, « l'annonce selon laquelle les cautions ne seront plus directement versées aux bailleurs, mais déposées auprès de la CDC, constitue une avancée majeure. Cette mesure, attendue de longue date, marque un tournant vers davantage de justice, de régulation et de transparence dans les relations locatives ».
Elles soulignent que « les bénéfices de cette réforme sont clairs : Mettre fin aux abus : De nombreux locataires sont encore contraints de verser trois à quatre mois de loyer en guise de caution, en totale contradiction avec les dispositions légales qui en prévoient un seul ; Sécuriser les fonds : Le dépôt auprès d'une institution publique neutre comme la CDC garantit une gestion rigoureuse et équitable des cautions ; Assurer la restitution des cautions : Les locataires pourront récupérer leur dépôt en fin de bail, en l'absence de dégradations ou d'impayés, conformément au contrat ; Faciliter l'accès au logement : En réduisant la charge financière initiale, cette réforme contribuera à rendre la location plus accessible pour les citoyens, notamment les plus vulnérables ».
De plus, affirment-elles, « dans un contexte marqué par des pratiques abusives et une régulation souvent insuffisante, cette réforme apporte un souffle nouveau et place les droits des locataires au centre des préoccupations ». Par conséquent, ces organisations de défense des droits des citoyens, des consommateurs et des usagers du logement « expriment leur soutien total à cette initiative qui s'inscrit dans une dynamique de justice sociale et de modernisation du marché locatif. Elles encouragent les pouvoirs publics, les bailleurs, les agences immobilières et les organisations de la société civile à s'approprier cette réforme et à accompagner sa mise en œuvre », lit-on dans le communiqué.
D'ailleurs, elles s'engagent à « Informer et sensibiliser les locataires sur les nouvelles dispositions » ; « Recueillir leurs préoccupations pour les porter auprès des autorités compétentes » ; et à « Appuyer activement la CDC dans ce processus de transformation en faveur d'un logement plus équitable au Sénégal ».
Enfin, Eco Citoyen et ADLS estiment que « cette réforme doit être étendue à tout le territoire national et qu'elle doit intégrer des solutions modernes, telles que le dépôt par finance mobile, largement utilisé par les Sénégalais ». Selon elles, « la CDC, en prenant cette décision courageuse, montre qu'elle peut jouer un rôle clé dans la régulation d'un secteur longtemps délaissé. C'est un signal fort envoyé à tous les acteurs du logement : il est temps de mettre fin aux dérives et de garantir, enfin, des conditions de location justes et respectueuses de la dignité des citoyens », conclut la note.
DIOMAYE FAYE ANNONCE UNE JOURNÉE NATIONALE DE LA DIASPORA
Cette initiative annoncée lors du Conseil des ministres du 21 mai, s'accompagne d'un vaste programme de réformes visant à mieux servir les Sénégalais de l'extérieur
Une Journée nationale de la diaspora sera organisée à Dakar, en décembre 2025. Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, en a fait l'annonce hier, mercredi 21 mai 2025, en Conseil des ministres. « Cette grande rencontre nationale sera l'occasion de valoriser et de capitaliser toutes les initiatives de la Diaspora dans la consolidation d'un Sénégal souverain, juste, prospère et arrimé aux valeurs fortes de solidarité, d'inclusion et d'unité nationale », lit-on dans le communiqué du Conseil.
Le chef de l'État a ainsi demandé au gouvernement d'accorder une attention particulière aux doléances administratives (délivrance des cartes nationales d'identité, de passeports et autres documents consulaires et sociales, paiements des pensions, assistance et suivi de leurs droits sociaux) ainsi qu'aux suggestions et propositions des Sénégalais de l'extérieur.
À ce sujet, « il a invité le ministre de l'Intégration africaine et des Affaires étrangères et le Secrétaire d'État aux Sénégalais de l'extérieur à prendre toutes les dispositions afin d'assurer un service de proximité à nos compatriotes vivant à l'étranger par une mobilisation soutenue de nos missions diplomatiques et consulaires ».
Toujours dans le cadre de l'accompagnement aux Sénégalais de l'extérieur, Bassirou Diomaye Faye a demandé au Gouvernement de « valoriser davantage les compétences, l'expertise et le savoir-faire multisectoriels des Sénégalais de l'extérieur et d'accompagner leurs projets et investissements en cohérence avec les priorités de l'Agenda national de Transformation ».
« Dans cette dynamique, il a engagé le Premier Ministre à restructurer, pour plus d'efficacité, les dispositifs d'orientation, d'encadrement, d'accompagnement et de financement des projets et activités économiques des Sénégalais de l'extérieur, notamment le Fonds d'Appui aux Sénégalais de l'Extérieur (FAISE) », rapporte le communiqué.
VIDEO
LE SHOW ACCUSATEUR DE TRUMP FACE AU PRÉSIDENT SUD-AFRICAIN
Mercredi, Donald Trump a éteint les lumières du bureau Ovale pour projeter des vidéos accusatrices devant Cyril Ramaphosa. Objectif : lui prouver l'existence d'un prétendu "génocide" d'agriculteurs blancs en Afrique du Sud. Une confrontation gênante
(SenePlus) - Dans une scène aussi inhabituelle que gênante, Donald Trump a transformé mercredi le bureau Ovale en salle de projection pour confronter le président sud-africain Cyril Ramaphosa à ses accusations de "génocide" d'agriculteurs blancs. Cette rencontre diplomatique atypique, retransmise en direct sur le site de la Maison Blanche, illustre l'escalade des tensions entre Washington et Pretoria sur la question raciale sud-africaine.
L'ambiance détendue du bureau Ovale a brutalement basculé lorsque Donald Trump a demandé d'éteindre les lumières pour diffuser des vidéos sur écran. Selon Le Monde, le président américain a montré à son homologue sud-africain des images censées étayer ses accusations de persécutions contre la minorité blanche du pays.
Parmi les vidéos diffusées figurait un extrait de Julius Malema, leader du parti d'opposition de gauche radicale Economic Freedom Fighters (EFF), entonnant "Kill the Boer", un chant hérité de la lutte anti-apartheid. Ce slogan controversé vise les agriculteurs descendants des premiers colons européens et fait l'objet de vives critiques en Afrique du Sud, notamment de la part de l'Alliance démocratique, membre de la coalition au pouvoir.
"Ils sont tués", a commenté Trump devant une autre vidéo montrant, selon ses dires, des dizaines de voitures transportant des "familles entières" d'agriculteurs blancs fuyant leurs terres, rapporte Le Monde. Le président américain a ensuite brandi des copies d'articles de presse relatant des meurtres de citoyens sud-africains blancs, répétant "Mort, mort" en passant d'une feuille à l'autre.
Ramaphosa tente la résistance diplomatique
Face à cette offensive médiatique, Cyril Ramaphosa a tenté de maintenir sa dignité présidentielle. "Non, non, non, non, personne ne peut prendre de terres", a-t-il rétorqué quand Trump l'a accusé d'autoriser des expropriations d'agriculteurs blancs, selon Le Monde.
Le président sud-africain, resté "globalement impassible durant la diffusion de cette vidéo", a déclaré n'avoir jamais vu de telles images auparavant, demandant des précisions sur le lieu exact du tournage. Tentant à plusieurs reprises de prendre la parole, il a même sollicité de pouvoir aborder le sujet "calmement".
Dans un appel à l'apaisement, Ramaphosa a invoqué l'héritage de Nelson Mandela : "Nelson Mandela nous a appris qu'en cas de problème, les gens doivent s'asseoir autour d'une table et en parler", rapporte Le Monde.
La présence d'Elon Musk dans le bureau Ovale n'est pas anodine. Le milliardaire, né en Afrique du Sud et proche conseiller de Trump, est décrit par Le Monde comme "un chantre très actif des accusations de 'lois racistes' qui viseraient la minorité blanche dans son pays natal". Cette influence pourrait expliquer l'acharnement de l'administration Trump sur ce dossier.
Les relations entre les deux pays se sont considérablement dégradées depuis le retour de Trump au pouvoir en janvier. Washington a officiellement accueilli la semaine dernière 49 Afrikaners reconnus comme "réfugiés", une initiative très mal reçue par Pretoria. Trump a également menacé de boycotter le premier sommet du G20 sur le continent africain prévu en novembre à Johannesburg et a fait expulser l'ambassadeur sud-africain en mars.
Au-delà de la polémique, des enjeux économiques majeurs
Malgré cette confrontation publique, Ramaphosa a déclaré à la presse en quittant la Maison Blanche que sa rencontre avec Trump s'était "très bien" passée. Il a même réitéré son invitation au président américain pour le G20 de Johannesburg : "J'espère qu'il viendra en Afrique du Sud", selon Le Monde.
Cette volonté d'apaisement s'explique par les enjeux économiques considérables. Les États-Unis constituent le deuxième partenaire commercial de l'Afrique du Sud derrière la Chine. Selon le porte-parole de la présidence sud-africaine Vincent Magwenya, cité par Le Monde, Pretoria cherche en priorité à "maintenir ses relations commerciales avec les États-Unis face aux droits de douane, afin notamment de protéger ses exportations".
Pour donner des gages à son interlocuteur, Ramaphosa était accompagné de deux champions de golf afrikaners, Ernie Els et Retief Goosen, ainsi que de Johann Rupert, l'homme d'affaires le plus riche d'Afrique du Sud, tous trois issus de la communauté blanche.
Cette composition de délégation illustre la volonté sud-africaine de rassurer Washington sur le sort de la minorité blanche, qui ne représente que 7,3% de la population mais possède encore la majorité des terres agricoles selon les statistiques officielles citées par Le Monde.
Au-delà de cette polémique raciale, les tensions sont également alimentées par la plainte de l'Afrique du Sud contre Israël pour génocide devant la Cour internationale de justice, une initiative qui exaspère l'administration Trump. Cette rencontre diplomatique sous tension révèle ainsi les multiples fractures entre les deux pays, mêlant questions raciales, géopolitiques et économiques dans un cocktail explosif qui complique considérablement les relations bilatérales.
LE COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES DU MERCREDI 21 MAI 2025
Le chef de l'Etat a demandé au Premier Ministre de veiller à une bonne préparation du débat d’orientation budgétaire, notamment la finalisation concertée du document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle.
Le Chef de l’Etat, Son Excellence, Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar FAYE a présidé, ce mercredi 21 mai 2025, la réunion hebdomadaire du Conseil des Ministres, au Palais de la République.
A l’entame de sa communication, le Président de la République a lancé un vibrant appel à tous les acteurs politiques et à l’ensemble des forces vives de la Nation pour une participation inclusive et un succès du dialogue national consacré au Système politique dont il présidera la cérémonie d’ouverture le 28 mai 2025. Il a demandé au Ministre de l’Intérieur, en relation avec son cabinet et le Facilitateur général, de veiller à l’invitation des représentants de toutes les parties prenantes (partis politiques, société civile, centrales syndicales, organisations d’employeurs, notabilités religieuses et coutumières, organisations de jeunes et de femmes…) et à la bonne organisation des travaux.
Le Chef de l’Etat a évoqué le rôle fondamental que la diaspora sénégalaise doit jouer dans la mise en œuvre de l’Agenda national de Transformation. Il a adressé ses chaleureuses félicitations aux Sénégalais de l’extérieur pour leur contribution significative à la vie politique, économique et sociale, ainsi qu’au rayonnement culturel de notre pays.
Il a demandé au Gouvernement d’accorder une attention particulière aux doléances administratives (délivrance des cartes nationales d’identité, de passeports et autres documents consulaires et sociales, paiements des pensions, assistance et suivi de leurs droits sociaux) ainsi qu’aux suggestions et propositions des Sénégalais de l’extérieur. Il a invité le Ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères et le Secrétaire d’Etat aux Sénégalais de l’extérieur à prendre toutes les dispositions afin d’assurer un service de proximité à nos compatriotes vivant à l’étranger par une mobilisation soutenue de nos missions diplomatiques et consulaires.
Le Président de la République a, par ailleurs, demandé au Gouvernement de valoriser davantage les compétences, l’expertise et le savoir-faire multisectoriels des Sénégalais de l’extérieur et d’accompagner leurs projets et investissements en cohérence avec les priorités de l’Agenda national de Transformation.
C’est tout le sens de la montée en puissance de la plateforme numérique Tabax Sénégal (www.tabaxsenegal.sn) qu’il convient de mieux vulgariser auprès de nos compatriotes établis à l’étranger.
Dans cette dynamique, il a engagé le Premier Ministre à restructurer, pour plus d’efficacité, les dispositifs d’orientation, d’encadrement, d’accompagnement et de financement des projets et activités économiques des Sénégalais de l’extérieur, notamment le Fonds d’Appui aux Sénégalais de l’Extérieur (FAISE). Au regard de l’importance primordiale qu’il accorde à nos compatriotes vivant à l’étranger, il a demandé au Gouvernement de prendre les dispositions appropriées en vue d’assurer l’organisation, en décembre 2025, à Dakar, de la première édition de la Journée nationale de la Diaspora. Cette grande rencontre nationale sera l’occasion de valoriser et de capitaliser toutes les initiatives de la Diaspora dans la consolidation d’un Sénégal souverain, juste, prospère et arrimé aux valeurs fortes de solidarité, d’inclusion et d’unité nationale.
Le Chef de l’Etat a insisté sur l’importance qu’il accorde à la préparation du prochain débat d’orientation budgétaire prévu à l’Assemblée nationale avant fin juin 2025. Ce rendez-vous devant la représentation nationale doit être l’occasion pour le Gouvernement de présenter la nouvelle stratégie économique, budgétaire et financière de l’Etat, mais également d’accélérer la mise en œuvre des réformes et programmes visant la transformation soutenue du pays dans tous les secteurs.
Il a demandé au Premier Ministre de veiller, en relation avec le Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération et le Ministre des Finances et du Budget, à une bonne préparation du débat d’orientation budgétaire, notamment la finalisation concertée du document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle, marquant une étape fondamentale dans la consolidation de la transparence dans la gestion des finances publiques. Par ailleurs, il a indiqué au Premier Ministre la nécessité de veiller à la supervision des activités liées au forum « Invest in Sénégal » prévu les 07 et 08 octobre 2025 en cohérence avec notre stratégie de coopération internationale et de promotion de partenariats gagnant-gagnant.
Le Président de la République a évoqué la question du repositionnement stratégique de la filière anacarde dans l’économie nationale, particulièrement dans la région naturelle de Casamance où la commercialisation des récoltes d’anacarde constitue une activité économique majeure. Il a demandé au Gouvernement, au Ministre en charge du Commerce notamment, de prendre toutes les dispositions administratives, logistiques et sécuritaires en vue du bon déroulement de cette campagne. Il a aussi rappelé au Gouvernement l’impératif de renforcer les initiatives privées de transformation locale de la production d’anacarde afin de repositionner cette filière dans la stratégie nationale d’industrialisation.
Enfin, au titre de son agenda diplomatique, le Chef de l’Etat a informé le Conseil qu’il visitera, le jeudi 22 mai 2025, avec son homologue de la République islamique de Mauritanie, la plateforme Grand tortue Ahmeyim (GTA).
Dans sa communication, Monsieur le Premier Ministre a rappelé le statut d’événement religieux d’importance nationale que revêt la fête de la Tabaski. C’est à ce titre qu’un Conseil interministériel a été consacré à sa préparation et à l’issue duquel des directives ont été formulées pour garantir des conditions optimales d’approvisionnement du marché national en moutons.
Auparavant, par une lettre-circulaire adressée aux membres concernés du Gouvernement, Monsieur le Premier Ministre, avait pris des mesures relatives à l’assouplissement du contrôle des camions et véhicules transportant des moutons, à l’exonération des droits et taxes et à l’autorisation de la présence, à bord de chaque camion, de trois (03) bergers commis à la surveillance des animaux transportés, au renforcement de la sécurité publique et de la sécurité sanitaire sur l’ensemble des points de vente et le long du circuit de commerce de moutons.
Le Premier Ministre, après s’être réjoui de la bonne application de ses directives, a invité les Ministres chargés des Forces armées, de la Sécurité publique, des Finances et des Collectivités territoriales à s’assurer d’une application conforme et en tous lieux du territoire national, des prescriptions gouvernementales.
Le Premier Ministre a indiqué qu’à la date du 18 mai 2025, le marché des moutons présente un nombre de 406 592, pour un objectif national de 830 000 têtes de bétail, soit un taux de 48,99% à trois semaines de la fête. La situation est également satisfaisante sur l’aménagement fonctionnel des points de vente, avec un objectif de 278 points officiels fixés par les Gouverneurs de Région. Il a souligné les tendances actuelles favorables des marchés de l’oignon et de la pomme de terre.
En définitive, le Premier Ministre a demandé aux Ministres de veiller, jusqu’au terme fixé, à l’effectivité de toutes les mesures arrêtées. Sur le registre de la Solidarité nationale, le Premier Ministre suit, avec beaucoup d’attention, le déploiement des instruments publics d’assistance aux groupes vulnérables, pour leur permettre de pouvoir fêter la Tabaski dans la dignité.
Le Premier Ministre a rendu compte de sa visite d’amitié et de travail au Burkina Faso sur invitation de son homologue burkinabé le Premier Ministre Rimtalba Jean Emmanuel OUEDRAOGO. A cette occasion, il a été reçu par le Président Ibrahim TRAORE à qui il a transmis un message de fraternité de son homologue sénégalais, le Président Bassirou Diomaye Diakhar FAYE. Il a également participé à la cérémonie d’inauguration du mausolée du Président Thomas SANKARA, figure emblématique du panafricanisme. Le Premier Ministre a enfin remercié le peuple burkinabé pour l’accueil chaleureux qui lui a été réservé.
AU TITRE DES COMMUNICATIONS DES MINISTRES :
– le Ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des Territoires a fait une communication sur le bilan à mi-parcours des concertations sur le déploiement des pôles territoires.
AU TITRE DES TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES,
Le Conseil a examiné et adopté :
– le Projet de décret portant création et fixant les règles d’organisation et de fonctionnement de l’Institut national du Pétrole et du Gaz (INPG) ;
– le Projet de décret portant création et fixant les règles d’organisation et de fonctionnement du Conseil national des Transports aériens (CNTA).
AU TITRES DES MESURES INDIVIDUELLES,
le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Au titre du Ministère des Finances et du Budget :
– Monsieur Abdou Karim SOCK, Planificateur, matricule n°616 020/M, est nommé Directeur du Contrôle budgétaire, en remplacement de Monsieur Bakar FAYE, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
– Monsieur El Hadji Amadou COULIBALY, Administrateur civil principal, matricule n°603 929/G, est nommé Directeur du Matériel et du Transit administratif, en remplacement de Monsieur Amadou Tidiane FALL appelé à d’autres fonctions ;
– Madame Stéphanie Ange Pélagie DIOUF, Administrateur civil, matricule de solde n°661 349/G est nommée Directeur des Pensions, en remplacement de Monsieur Abou AW appelé à d’autres fonctions ;
– Monsieur Abou AW, Conseiller en Planification, matricule n°516 574/H, est nommé Directeur de la Solde, en remplacement de Madame Stéphanie Ange Pélagie DIOUF, appelée à d’autres fonctions.
Au titre du Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture :
– Monsieur Hugues Diaz, Conseiller aux affaires culturelles, matricule n° 515165/I, est nommé Directeur des Arts, en remplacement de Madame Khoudia Diagne ;
– Monsieur Ibrahima Barry, titulaire d’un Master en développement, Spécialité Gestion des Industries culturelles, matricule n° 662022/B est nommé Secrétaire général du Grand-Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose, en remplacement de Madame Fatou Gueye Sidibé Diallo ;
– Madame Oumy Diakhaté, Professeure de lettres, matricule n° 610 904/H est nommée Directrice générale de la Compagnie du Théâtre national Daniel Sorano, en remplacement de Monsieur Ousmane Barro Dione.
Le Ministre de la Formation professionnelle et technique,
Porte-parole du Gouvernement
Amadou Moustapha Njekk SARRE
LA GUERRE D'IMAGE DE MACKY SALL DEPUIS MARRAKECH
Entre think tanks prestigieux et conférences climatiques, l'ancien chef d'État cultive son statut de défenseur de l'Afrique, s'appuyant sur un réseau de communicants français pour contrer les attaques du nouveau régime
(SenePlus) - Plus d'un an après avoir quitté le pouvoir, l'ancien président Macky Sall mène une existence que beaucoup d'anciens dirigeants africains pourraient lui envier. Installé à Marrakech, il multiplie les voyages, conférences et responsabilités internationales, cultivant son image de défenseur de l'Afrique sur la scène mondiale. Mais cette hyperactivité diplomatique irrite profondément les nouvelles autorités sénégalaises, qui n'hésitent pas à l'attaquer publiquement tout en faisant face aux conséquences de la dette cachée héritée de son mandat.
Comme le rapporte Jeune Afrique, Macky Sall enchaîne les rendez-vous prestigieux depuis son départ du pouvoir. Le 6 mai, il prenait la parole à Berlin lors du Global Solutions Summit aux côtés du ministre des Finances allemand Jörg Kukies et de la commissaire européenne à l'Environnement Jessika Roswal. En décembre 2024, c'était Riyad qui l'accueillait pour la Saudi and Middle East Green Initiative, où il a développé ses positions sur l'adaptation climatique, devenu l'un de ses sujets de prédilection.
Son influence s'étend également aux think tanks internationaux. En février, il intégrait le Conseil consultatif international de l'Atlantic Council, prestigieux cercle de réflexion américain spécialisé dans les relations internationales. Ce même mois, il siégeait au jury du Prix Zayed pour la fraternité humaine à Abu Dhabi, avant de prendre en avril la tête du Centre mondial pour l'adaptation climatique basé à Rotterdam, succédant à l'ancien secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon.
Cette reconnaissance internationale s'appuie sur des années de construction d'une légitimité diplomatique, comme l'explique Abdou Karim Fofana, son ancien ministre du Commerce, cité par JA : « Ce qui fait son succès à l'international, c'est l'équilibre qu'il a dans ses positions, mais aussi la qualité de ses interventions. Sur les dix dernières années, Macky Sall s'est construit une légitimité naturelle sur des questions internationales comme la réforme de la gouvernance du Conseil de sécurité pour laquelle il a plaidé, le financement du développement ou la justice climatique. Son action a par ailleurs permis une avancée réelle en faveur de l'Afrique, notamment l'attribution d'un siège pour le continent au G20. »
Un activisme qui exaspère Dakar
Cette exposition internationale contraste brutalement avec l'accueil que lui réservent les nouvelles autorités sénégalaises. Le président Bassirou Diomaye Faye ne cache pas son agacement, déclarant lors d'un entretien télévisé le 4 avril : « Il mène ses activités. Cela n'empêche pas le Sénégal d'avancer. Même si je sais qu'il fait des choses en sourdine. »
Les attaques sont encore plus virulentes du côté du porte-parole du gouvernement Moustapha Ndjekk Sarré, qui n'hésite pas à franchir la ligne rouge. Toujours selon Jeune Afrique, ce dernier a déclaré qu'il était « inévitable » que Macky Sall finisse par faire « face à la justice », ajoutant : « Il est le premier responsable d'actes extrêmement graves. On peut même le considérer comme le chef de gang qui a commis des actes criminels. Des poursuites judiciaires ne sauraient être évitées. »
Sa nomination au conseil de la Fondation Mo Ibrahim en avril a particulièrement irrité le pouvoir en place. L'ancienne Première ministre Aminata Touré, désormais haute représentante du président Faye, a dénoncé ce choix avec véhémence, estimant que « la Fondation Mo Ibrahim ne connaît absolument rien de la situation de la gouvernance sous Macky Sall, ce qui serait une faute grave dans son processus de "due diligence" et de vérification préalable. Ou alors, tristement, il s'agit du fameux service-camarade entre riches qui porte sérieusement atteinte à la crédibilité de l'indice de bonne gouvernance Mo Ibrahim. »
Une guerre de communication orchestrée depuis la France
Face à ces attaques répétées, plusieurs communicants français ont pris fait et cause pour l'ancien président, selon Jeune Afrique. Erwan Davoux, président de LMD Conseil et membre des Républicains, défend régulièrement Macky Sall dans les médias français. Le 21 mars, il publiait une tribune dans Marianne dénonçant « le désir de vengeance [des nouvelles autorités] à l'égard de l'ancien pouvoir », qualifiant le nouveau régime d'« autoritaire et liberticide ».
Contacté par Jeune Afrique, Erwan Davoux, qui connaît Macky Sall depuis 2010, justifie son engagement : « Il porte les intérêts de l'Afrique en n'ayant pas une approche idéologique et populiste qui serait clivante. C'est un homme de consensus qui a l'expérience du haut niveau et qui est en parfaite harmonie avec les principes et les valeurs des Nations unies. À mon avis, le Pastef commet une grosse erreur en lui cognant dessus. En faisant cela, c'est plutôt l'image du Sénégal à l'international qu'ils ternissent. »
Bernard Chaussegros, dirigeant du cabinet Smart Consulting, mène également une campagne de réhabilitation sur LinkedIn et dans les médias français. Selon Jeune Afrique, ce proche de Frédéric Lefebvre, ancien secrétaire d'État de Nicolas Sarkozy, affirme : « La perception de l'ancien président sénégalais qu'essaie de donner le gouvernement en place n'est pas la bonne pour moi. Il y a des contre-vérités. Il a été l'un des rares présidents à dialoguer tant avec la Russie qu'avec l'Ukraine. Il a une stature internationale reconnue par ses pairs. »
Cette bataille d'image se déroule dans un contexte judiciaire tendu. Le 8 mai, l'Assemblée nationale, dominée par le Pastef, a adopté des résolutions renvoyant cinq anciens ministres de Macky Sall devant une cour spéciale, notamment pour des soupçons de détournements d'un fonds anti-Covid. Parmi eux figure Mansour Faye, beau-frère de l'ancien président.
Plus personnellement, son fils Amadou Sall fait l'objet d'une enquête pour soupçons de blanchiment d'argent. Ces poursuites s'inscrivent dans un contexte plus large de révélations sur la dette cachée du Sénégal, qui prive désormais le pays des programmes d'aide du Fonds monétaire international et complique la situation économique des nouvelles autorités.
En représailles à ces procédures, l'Alliance pour la République (APR), l'ancien parti présidentiel de Macky Sall, a décidé de boycotter le dialogue politique national organisé par le gouvernement et prévu pour s'ouvrir le 28 mai prochain.
Cette tension permanente entre l'ancien et le nouveau pouvoir illustre les difficultés du Sénégal à tourner la page de l'ère Macky Sall, tandis que ce dernier continue de cultiver son influence internationale depuis son exil doré marocain, espérant peut-être décrocher un jour un poste de premier plan dans une organisation internationale.
par Mohamed Gueye
MACKY SALL A EU 12 ANS AVANT L’USURE DU POUVOIR
Un an après l'arrivée de Pastef, les contradictions s'accumulent : suppression des machines à café dans l'administration et serrage de ceinture pour les fonctionnaires, mais missions à l'étranger en classe affaires et véhicules de luxe pour les élus
Un litre de carburant Super revient à 990 Cfa au Sénégal, et celui du gasoil à 775 francs. A Bamako, le même litre est passé de 800 à 775 Francs Cfa. A Ouagadougou, l’essence revient actuellement à 850 francs le litre, et le gasoile est à 675 francs Cfa. Le carburant du Mali, comme d’ailleurs tous les hydrocarbures raffinés destinés à ce pays enclavé, passe par le Port de Dakar, tandis que celui du Burkina arrive à travers la Côte d’Ivoire et le Togo. Ah ! A ce propos, à Abidjan, l’essence coûte 855 francs Cfa et le gasoil 700 Cfa.
Les automobilistes du Sénégal et d’autres usagers se posent encore la question de savoir pourquoi les prix de ces produits raffinés sont si chers chez nous, alors que, contrairement au Mali, au Burkina et au Niger, le Sénégal se targue de disposer d’une des plus anciennes raffineries de l’Afrique de l’Ouest, à côté de la Sir de Côte d’Ivoire. A l’international, le prix du carburant, tous produits confondus, est à la baisse, du fait d’une conjoncture internationale favorable. Quasiment tous les pays d’Afrique de l’Ouest ont été entraînés par ladite conjoncture internationale et ont baissé leurs prix. On peut parier que la majorité de ceux qui l’ont fait ne l’ont pas regretté. Exception des plus notables, le Sénégal du «Projet» porté par la Vision 2050 a décidé de maintenir les tarifs hérités du temps de Macky Sall, quand le contexte était à la guerre entre l’Ukraine et la Russie, qui a vu le prix du baril flamber. Dans ce pays, la taxation est particulièrement lourde sur les prix des produits pétroliers. Il y a plus de dix ans déjà, les pétroliers sénégalais se plaignaient de ce que la taxation pressurait les consommateurs et ne laissait quasiment pas de marge aux distributeurs. A ce jour, pas grand-chose n’a changé. Sur le litre payé à la pompe, les pétroliers assurent recevoir moins de 10% du prix, tandis que les caisses de l’Etat, à travers multiples taxes, encaissent l’essentiel. Cette situation a déjà fait l’objet de nombreuses analyses dans les médias sénégalais, depuis bien longtemps.
Pendant longtemps, les pouvoirs publics semblaient se mettre à l’écoute de leur opinion publique et s’arrangeaient, un tant soit peu, pour alléger les charges pesant sur les consommateurs du Sénégal. Bizarrement, dans ce régime qui s’est adjugé pour mission de créer un pays «souverain, juste et prospère», ce dernier terme de la profession de foi ne semble pas proche d’être réalisé, tant le confort relatif des citoyens commence à devenir un mirage. Le paradoxe est qu’aujourd’hui, le Sénégal se targue d’être devenu un pays producteur de gaz et de pétrole. Si l’on peut comprendre que l’Etat et ses partenaires veulent d’abord sécuriser leur retour sur investissement afin de pouvoir dégager des marges, on serait tout de même en droit de demander à ne pas payer plus cher notre combustible que les voisins moins bien nantis. Surtout que quand un pays a pour ambition d’enrichir ses citoyens, il ne met pas en œuvre des conditions pour les appauvrir encore plus.
Des voix commencent déjà à s’élever dans les couloirs du régime pour rappeler les exigences des partenaires financiers étrangers, en première ligne desquels se trouve le Fonds monétaire international (Fmi), qui ne cessent de demander à l’Etat une réduction de son train de vie, ainsi que la suppression de certaines subventions dont celles sur l’énergie est la plus symbolique, tellement elle est devenue récurrente depuis une vingtaine d’années. Ce serait vraiment le monde à l’envers que le régime dictatorial et antipopulaire du sanguinaire Macky Sall, dont les mains sont tachées du sang de 80 martyrs sénégalais, soit celui qui a le plus résisté face aux oukases de ses maîtres étrangers, et que le régime populaire le mieux élu de l’histoire du Sénégal puisse se plier à ces exigences indignes. Et il ne s’agit pas que de la seule question qui puisse choquer.
Ayant trouvé un pays au quatrième sous-sol de son niveau de développement, le pouvoir patriotique a demandé à tous les citoyens de se serrer la ceinture, au propre comme au figuré. Les fonctionnaires voient leurs avantages rognés -sauf, comme par hasard, ceux des services fiscaux de l’Etat-, des employés des secteurs public et parapublic se retrouvent au placard s’ils ont de la chance, quand ils ne sont pas radiés des services pour divers motifs. Le tout, dans l’optique de faire faire des économies. On a même vu notre Premier ministre faire la leçon à des agents de l’Administration sur l’efficacité énergétique dans les bâtiments de l’Etat. Les recommandations sont allées jusqu’à la suppression des machines à café dans certains bureaux. Une manière de souligner que même des économies de bout de chandelle sont bonnes à prendre.
Au moment où ces sacrifices sont demandés au commun des fonctionnaires, des directeurs se disputent avec leurs prédécesseurs sur l’acquisition de véhicules de fonction dont le montant avoisine les 100 millions de francs Cfa. Des ministres sont mis à l’index pour avoir échangé du mobilier de bureau en bon état contre un autre encore plus impressionnant, aux frais du contribuable. Tous ces comportements faisaient l’objet de critiques acerbes de la part des nouvelles autorités, à l’époque où elles se trouvaient dans l’opposition.
Aujourd’hui, le président de l’Assemblée nationale, en réponse aux critiques de son opposition qui l’accusait de se préparer à payer des véhicules 4X4 tout neufs aux députés de l’Assemblée, vient de répondre de manière défiante : «J’assume pleinement l’achat des véhicules pour les députés.» Il est allé jusqu’à ajouter : «Je n’accepterai pas de diriger une institution qui emprunte les taxis ou Jakarta.» Pour couronner les choses, M. Ndiaye vient de se rendre en mission aux Emirats arabes unis, avec une bonne délégation de parlementaires. On sait qu’un billet ordinaire en classe économique sur la compagnie Emirates ne coûte pas moins d’un million de Cfa. Il serait curieux de savoir combien de députés vont tenir compagnie au président de l’institution parlementaire en classe Affaires de l’avion, et à combien le séjour de la délégation va revenir aux caisses du Trésor.
Sans faire insulte aux élus du Peuple de croire que leur séjour dans ce pays ne serait pas utile au pays, on ne peut s’empêcher de se rappeler les directives émises dans une circulaire du chef du gouvernement, le 22 janvier dernier, en matière des voyages et missions à l’étranger. Si l’Assemblée n’est pas le gouvernement, elle n’en reste pas moins une institution de la République.
Le Premier ministre s’est, lui, rendu à Ouagadougou avec une bonne délégation ministérielle. Ayant été à l’origine des décisions de restriction de dépenses, on pourrait parier qu’il n’aura pas enfreint ses propres directives ; même si l’on peut se demander ce que faisaient certains fonctionnaires au sein de la délégation. Mais cela n’est pas le plus important.
Si un an et un mois après l’arrivée de Pastef au pouvoir, on en vient à vouloir comparer l’état de marasme de la population avec certaines dépenses somptuaires des tenants du pouvoir, c’est que l’on essaie de voir à quel point le chemin de nos espoirs semble encore éloigné.
Depuis 2000, c’est la première fois qu’un régime ne semble pas faire de l’emploi des jeunes sa priorité. Au-delà de nombreuses critiques portées sur sa gouvernance, on ne peut passer sous silence la priorité que Macky Sall a donnée à l’emploi des jeunes, auquel il a consacré un ministère et pas moins de 3 agences. Wade s’est rendu célèbre, entre autres, grâce à ses promesses sur l’emploi des jeunes. Or, maintenant que des jeunes dont certains ont moins de trente ans, se retrouvent aux affaires, ils semblent oublier les millions d’autres qui ne rêvent que de décrocher leur premier emploi. Il est vrai que les vrais militants ont pu, eux, se caser et caser leurs proches. Ils commencent à oublier le prix du loyer. Dès son arrivée au pouvoir, Macky Sall a pris la question à bras-le-corps. Quand l’inflation a ratatiné sa première baisse de loyers, l’ancien chef de l’Etat n’a pas hésité, en novembre 2022, à reprendre une nouvelle mesure pour imposer la baisse. Et il a voulu l’imposer par la force.
Si les décisions de l’ancien leader de l’Apr n’avaient plus un écho favorable après douze ans de règne, ses propres erreurs, ainsi que l’usure du pouvoir y ont contribué. Sans parler de l’action de son opposition et des erreurs de ses partisans. Mais il lui a quand même fallu douze ans pour que cette usure se fasse sentir. Le régime patriotique, lui, se convainc sans doute qu’avec sa belle manière de gérer sa barque, il pourra atteindre sans aucun écueil les rivages de la Vision 2050. Son navire est insubmersible.