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29 juillet 2025
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REVEUE DE LA PRESSE SENEGALAISE DU VENDREDI 18 JUILLET 2025
Entre réformes universitaires, diplomatie tendue, recomposition politique et actualité judiciaire, la presse sénégalaise de ce jour brosse un tableau dense et contrasté de l’actualité nationale.
REFORMES UNIVERSITAIRES ET EDUCATION : PRIORITE DU CHEF DE L’ÉTAT
Le thème de la refondation universitaire domine l’actualité nationale. Le Soleil met en avant la volonté du Président Diomaye de conduire « une refondation des universités ». Sud Quotidien enchaîne en titrant : « Le Président Diomaye engage le processus ». Dans la même veine, Point Actu note que « le Président Diomaye salue une renégociation concluante » avec les acteurs concernés. Rewmi Quotidien s’intéresse quant à lui aux résultats du Bac avec ce constat alarmant : « Le taux élevé d’échec est une anomalie à corriger ».
TENSIONS DIPLOMATIQUES ET COOPERATION AVEC L’ARABIE SAOUDITE
Le dossier des relations entre le Sénégal et l’Arabie Saoudite occupe également une large place. Le Quotidien titre : « Sénégalais et Saoudiens dans les mêmes eaux », évoquant de nouveaux contrats. L’AS annonce que « Le Sénégal tend le bras aux Saoudiens » tandis que Tribune parle d’une « rupture inutile avec les Saoudiens ». Sur la même lancée, Source A révèle que « Diomaye balise la voie » malgré l’arrestation de 18 candidats à Louga et Mbour. La question migratoire est également abordée, Le Quotidien soulignant que « Les Français quittent le Sénégal ».
POLITIQUE NATIONALE : TENSIONS ET RECOMPOSITION
Sur le plan interne, Direct News titre : « Le PSE enterré sans acte de décès du BOS ». WalfQuotidien se focalise sur le ministre Pape Malick Ndour qui « étrille le tandem Diomaye-Sonko ». Yoor-Yoor publie le témoignage fort d’Adi Ndiodio : « Je ne suis pas prête à pardonner à mes tortionnaires », relançant le débat sur la justice transitionnelle. Tribune revient sur le procès de France Degg, en précisant que « France Degg gèle des comptes devant le tribunal ».
SECURITE ET FAITS DIVERS
Libération frappe fort avec son enquête : « La Dsc cerne ‘Kocc Barma’ », sans plus de détails mais laissant présager une affaire sensible. Dans un autre registre, L’Observateur aborde « Les enjeux d’un nouveau pacte de défense » avec l’Hexagone et les implications de la présence militaire française.
SOCIETE ET FAITS DE SOCIETE
Du côté des faits divers, Populaire évoque une affaire de fraude scolaire : « Tricheries à Louga et Mbour : 22 élèves arrêtés ». EnQuête met en lumière une reprise en main de l’État sur plusieurs dossiers délicats : « L’État reprend la main ».
CULTURE ET PEOPLE
Rewmi People propose une touche plus légère avec « Le Baye Fall qui berce le monde », une rencontre avec Cheikh Ibra Fam, figure de la musique sénégalaise.
SPORTS : LA SAISON DEMARRE FORT
Côté sport, Record titre sur l’entraîneur Malty Touré de Bahacar : « Ndiaye doit fait ses preuves ! ». Point Actu Sport revient sur la sécurité dans les stades : « Kulinaak, Mafia : Dans le viseur de la police, juges promoteurs de violence ? ». Enfin, Stades annonce : « Mbaye Diouf Dia entre dans la course avec un programme ambitieux en main » et prévient : « Le combat ne va pas plaire aux VIP… à moins qu’il ne le veuille ! »
SÉCURITÉ NUMÉRIQUE, SEULES 3 ENTREPRISES SUR 10 AU SÉNÉGAL ONT UNE STRATÉGIE TIC
C’est l’un des enseignements majeurs d’une enquête nationale menée par l’ARTP et l’ANSD : la majorité des entreprises et administrations au Sénégal restent encore faiblement préparées face aux menaces numériques.
Seules trois entreprises sur 10 opérant au Sénégal disposent d’une stratégie sécurité liée aux technologies de l’information et de la communication (TIC) et d’un responsable chargé de ce volet, indique une enquête nationale menée par l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP).
Cette enquête nationale consacrée aux TIC a été menée par l’ARTP et l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD). Elle révèle que seules trois entreprises sur 10 disposent d’une stratégie sécurité ou d’un responsable dédié à ce volet.
‘’Peu d’entreprises disposent d’une stratégie sécurité ou d’un responsable dédié, et deux entreprises sur 10 ont un service ou bureau informatique’’, indique le document publié par l’ARTP.
Une stratégie de sécurité des technologies de l’information et de la communication vise à garantir la confidentialité, l’intégrité et la disponibilité des actifs numériques (données, systèmes et réseaux) contre de potentielles menaces, rappelle le régulateur des télécommunications et des postes.
L’étude a un volet ‘’ménages’’ et un volet ‘’entreprises et administration’’.
Dans ce dernier cas et s’agissant des entreprises en particulier, l’enquête a porté sur les structures administratives et les entreprises formelles opérant sur le territoire national, quel que soit le secteur d’activité. Soit 600 unités au total.
La méthode d’échantillonnage repose sur une stratification à quatre niveaux. Il s’agit des niveaux relatifs à l’administration centrale, aux collectivités territoriales, à l’administration territoriale et aux chambres consulaires.
L’enquête concerne 150 structures relevant de ces domaines. En moyenne, sept entreprises sur 10 possèdent un ordinateur.
Des écarts sont notés entre les structures publiques
Concernant la dimension sécuritaire de l’enquête, ses auteurs affirment que l’utilisation de logiciels antivirus est la mesure de sécurité la plus fréquente, avec un taux de 95,1 % chez les entreprises disposant de mesures de sécurité.
Certaines mesures avancées sont marginales. Les plans de reprise, par exemple, atteignent un taux de 21,5 %, les dispositifs non spécifiés ne représentant que 3,2 %.
Les enquêteurs signalent, à ce sujet, que 6,2 % de ces entreprises déclarent avoir été victimes d’une attaque.
‘’La base de données constituée contient une palette d’informations qui orienteront non seulement les actions de l’ARTP mais aussi les stratégies et plans d’action de tout l’écosystème des TIC’’, a dit le directeur général de l’ANSD, Abdou Diouf, lors de la présentation de l’enquête.
Cette dernière montre que les équipements en informatique sont généralement récents, avec une durée de vie d’un an à trois ans. Ils sont souvent renouvelés.
L’ordinateur portable est l’équipement le plus utilisé, et 27 % des entreprises disposent d’un serveur.
S’agissant des services cloud, les plus utilisés sont Google Cloud Platform et Azure (Microsoft).
Les enquêteurs signalent que la plupart des entreprises, qu’elles soient des personnes morales ou physiques, ont un accès direct à Internet, avec un taux de 89,6 %. Et 28,4 % des entreprises déclarent avoir un site web.
Cette étude sur les TIC signale également que seulement 31,2 % des entreprises formelles sont présentes sur les réseaux sociaux.
‘’Les données produites, au-delà du caractère quantitatif que revêtent de simples chiffres, reflètent les progrès accomplis, les défis persistants [et] les opportunités à saisir par le monde de l’entreprise’’, a expliqué le directeur général de l’ANSD.
Un niveau de satisfaction du service ‘’globalement modéré’’
En ce qui concerne les structures administratives, les équipements informatiques sont également bien répandus, mais des écarts sont notés entre les structures publiques.
Les ordinateurs fixes (90,8 %) et les ordinateurs portables (68,9 %) sont les équipements les plus répandus dans les structures administratives.
La possession d’ordinateurs portables est plus élevée dans les chambres consulaires et l’administration centrale, dans 93,4 % et 93,3 % des cas, par rapport à l’administration territoriale (40,9 %).
Selon l’enquête, 27,6 % des structures administratives ont un serveur au sein de leur structure.
À l’échelle nationale, seulement 19 % des structures administratives déclarent disposer d’un service ou d’un bureau informatique.
Sur le plan sécuritaire, une majorité des structures de l’administration centrale, soit 76,9 %, déclarent disposer d’une stratégie de sécurité ou d’un responsable de la sécurité des systèmes informatiques.
De même, 82% des structures administratives déclarent disposer d’un accès direct à Internet, mais l’instabilité de la connexion est, dans 71,1 % des cas, la principale difficulté rencontrée par les structures administratives.
Le niveau de satisfaction du service est ‘’globalement modéré’’.
Le directeur général de l’ANSD souhaite que cette enquête TIC devienne un ‘’exercice régulier’’. Il a également émis le vœu qu’elle soit inscrite dans une perspective de suivi-évaluation.
LES TERMES RENÉGOCIÉS DU CONTRAT DE DESSALEMENT
Face au géant saoudien Acwa Power, le Sénégal obtient une capacité doublée à 300 MWc, un prix réduit à 389,8 FCFA/m³ et des économies budgétaires substantielles
(SenePlus) - Le nouveau contrat signé avec Acwa Power marque une amélioration significative des conditions initiales pour le Sénégal. Cette renégociation, menée dans le cadre du plan "Sénégal 2050" et supervisée par la SONES (Société Nationale des Eaux du Sénégal), redéfinit en profondeur les modalités de ce projet stratégique pour l'approvisionnement en eau du pays.
L'un des gains majeurs de cette renégociation concerne l'augmentation substantielle de la capacité de production. Alors que l'ancien contrat prévoyait une capacité de 150 MWc, le contrat révisé porte cette capacité à 300 MWc, soit un doublement complet de la production d'eau dessalée.
Cette augmentation de capacité s'accompagne du doublement des deux centrales solaires qui alimenteront l'usine, renforçant ainsi la dimension écologique du projet en privilégiant les énergies renouvelables pour le processus de dessalement.
Le nouveau contrat apporte également des bénéfices directs aux consommateurs sénégalais. Le tarif de l'eau dessalée a été revu à la baisse, passant de 427 FCFA/m³ dans l'ancien contrat à 389,8 FCFA/m³ dans le contrat révisé, soit une réduction de près de 37 FCFA par mètre cube.
Cette diminution du coût permettra de rendre l'eau dessalée plus accessible aux populations, tout en allégeant la charge financière sur le budget de l'État sénégalais.
L'aspect le plus remarquable de cette renégociation concerne la réduction des engagements financiers de l'État sénégalais. Sous l'ancien contrat, l'État devait verser 20 milliards de FCFA à partir de 2027, puis 40 milliards de FCFA à partir de 2030, représentant une charge budgétaire considérable.
Le contrat révisé réduit drastiquement cette charge : l'effort de soutenabilité de l'État est désormais de 17,5 milliards sur la période 2027-2029, puis de 35 milliards de FCFA par an à partir de 2030. Cette restructuration permet à l'État d'économiser des milliards tout en maintenant le projet.
Structure actionnariale et financement
Le projet reste structuré autour d'un partenariat public-privé innovant. La SONES devient actionnaire de SPV-EAU, la société de gestion de la future usine de dessalement, tandis que la SENELEC prend des parts dans SPV-ENERGIE, qui gérera les deux futures centrales solaires.
Le financement repose en grande partie sur des prêts concessionnels à bas taux d'intérêt. La part de ces prêts concessionnels est passée de 30% dans l'ancien contrat à 50% dans le contrat révisé, réduisant ainsi le coût global du financement du projet.
Au-delà des aspects financiers, le nouveau contrat met l'accent sur le renforcement du contenu local. Le partenaire saoudien s'engage à développer des partenariats avec des centres de formation sénégalais, voire à mettre en place un institut de formation dédié.
Cette approche s'inscrit dans une stratégie plus large de transfert de technologie et de développement des compétences locales dans le secteur de l'eau et des énergies renouvelables.
Le contrat prévoit également une dimension régionale, avec l'engagement d'Acwa Power à développer des projets similaires en Afrique de l'Ouest en partenariat avec l'État sénégalais. Cette approche pourrait positionner le Sénégal comme un hub régional pour les technologies de dessalement et les énergies renouvelables.
Cette renégociation du contrat de dessalement de la Grande Côte illustre la capacité du nouveau gouvernement sénégalais à optimiser les accords hérités de l'administration précédente. En obtenant plus de capacité, un coût réduit et des charges budgétaires allégées, l'État sénégalais démontre qu'une diplomatie économique efficace peut transformer les contraintes en opportunités.
Le projet, qui s'inscrit dans la vision "Sénégal 2050", devrait contribuer significativement à l'amélioration de l'accès à l'eau potable dans le pays, tout en servant de modèle pour d'autres initiatives similaires en Afrique de l'Ouest.
LE SÉNÉGAL ET L’ARABIE SAOUDITE RELANCENT LEUR PARTENARIAT AUTOUR D’UNE USINE DE DESSALEMENT
Ce projet, confié à l’entreprise saoudienne ACWA Power, avait été initialement conclu en mars 2024 sous Macky Sall, mais dénoncé ensuite par les nouvelles autorités qui en jugeaient les termes désavantageux.
Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, s’est réjoui, jeudi, de la signature d’un contrat renégocié par le Sénégal et l’Arabie saoudite en vue de la construction d’une usine de dessalement de l’eau sur la Grande-Côte sénégalaise, confiée à l’entreprise saoudienne ACWA Power.
‘’Le partenariat stratégique et gagnant-gagnant entre le Sénégal et le royaume d’Arabie saoudite franchit une nouvelle étape avec la signature du contrat renégocié de construction de l’usine de dessalement d’eau de la Grande-Côte, avec ACWA Power’’, a écrit le chef de l’État sur sa page Facebook.
M. Faye dit avoir reçu la visite du directeur exécutif de l’Autorité saoudienne de l’investissement, Khaled Ben Salih Al Khataf, qui est venu discuter de ce projet.
L’usine prévue devait coûter initialement 459 milliards de francs CFA et avoir une capacité de 400 000 mètres cubes par jour. Elle a fait l’objet d’un mémorandum d’entente signé par l’entreprise saoudienne et le Sénégal, en septembre 2022.
Cette entente a été résiliée en juillet 2024 par les autorités arrivées au pouvoir au Sénégal quatre mois auparavant. Elles avaient souhaité une renégociation du contrat.
Bassirou Diomaye Faye avait dénoncé la signature de ce contrat par le Sénégal et ACWA Power. Il avait été signé par son prédécesseur, Macky Sall, en mars 2024, soit quelques jours ou semaines avant son départ de la présidence de la République.
M. Faye a estimé que les termes du contrat n’étaient pas favorables au Sénégal. À sa suite, le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Cheikh Tidiane Dièye, a remis en cause la viabilité du projet et a jugé son coût très élevé.
L’annulation d’un marché public attribué à l’entreprise saoudienne obéissait à la volonté des autorités arrivées au pouvoir au Sénégal en mars 2024 de renégocier les contrats miniers, pétroliers et gaziers signés par leurs prédécesseurs.
M. Faye dit avoir adressé ses remerciements au roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, au prince héritier Mohammed ben Salmane et au peuple saoudien pour leur ‘’engagement constant’’ aux côtés du Sénégal.
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LE SÉNÉGAL VIT LA MÊME SITUATION QU'EN 1962, SELON MOUSSA TINE
"Vous ne pouvez pas gouverner qu'avec des militants." Le leader de Penco s'insurge contre le concept d'État-parti défendu par Sonko. Il dénonce une contradiction avec les combats menés par le Pastef contre les anciens régimes
Invité de l'émission "Soir d'Infos" animée par Moussa Thiam sur TFM ce jeudi soir, Moussa Tine, président de l'Alliance démocratique Penco, a livré une analyse sans concession de la situation politique et économique du Sénégal. Le juriste de formation, figure de l'opposition depuis de nombreuses années, établit un parallèle saisissant entre la période actuelle et la crise institutionnelle de 1962.
Moussa Tine, président de l'Alliance démocratique Penco, développe sa thèse centrale : "Nous avons pour la première fois au Sénégal un président qui n'est pas le chef de la majorité parlementaire. C'est exactement ce qui s'est passé en 1962." Selon lui, cette configuration crée une situation inédite où Bassirou Diomaye Faye détient le pouvoir juridique tandis qu'Ousmane Sonko, en tant que Premier ministre et patron de la majorité parlementaire, possède les moyens politiques de gouverner.
"Aujourd'hui, même le président, pour faire voter son budget, est obligé de passer par l'Assemblée nationale", souligne-t-il, estimant que cette répartition des pouvoirs pourrait conduire à une crise institutionnelle si les deux hommes ne s'entendent pas.
L'ancien opposant historique se montre particulièrement critique envers les déclarations du Premier ministre sur l'État-parti. "Le Premier ministre ne peut pas venir revendiquer un État-parti. On a reproché ça à tous les régimes précédents", martèle Moussa Tine, rappelant les combats menés contre cette confusion entre l'État et le parti sous les anciens régimes.
Il plaide pour une ouverture aux compétences républicaines : "Vous avez besoin d'utiliser les compétences de l'État. Il y a des compétences républicaines qui n'appartiennent à aucun parti, qui peuvent même avoir voté pour le Pastef. Vous ne pouvez pas ignorer ces gens-là."
Sur la question de l'éligibilité d'Ousmane Sonko pour la présidentielle de 2029, le président de l'Alliance démocratique Penco révèle les enjeux cachés. Bien que l'article 29 du code électoral empêche actuellement le Premier ministre d'être candidat en raison de sa condamnation, "il peut demain faire abroger l'article 29 et il devient candidat. Il a la majorité à l'Assemblée nationale."
Cependant, Moussa Tine dévoile le calcul politique derrière l'inaction actuelle : "Si vous faites modifier l'article 29 maintenant, le maire déchu de Dakar [Khalifa Sall] redevient maire de Dakar immédiatement." D'où l'attente jusqu'après les élections locales de 2027.
L'opposant critique vivement la communication du gouvernement sur l'état des finances publiques. "Si je dis à mes partenaires que je n'ai pas d'argent, si je dis que les chiffres qu'on vous a présentés, c'est du bluff, allez le dire à votre banquier et demandez s'il va vous prêter de l'argent", ironise-t-il.
Tout en soutenant la lutte contre les détournements de deniers publics, il met en garde contre les conséquences des déclarations publiques sur les difficultés budgétaires, estimant qu'elles nuisent à la crédibilité du pays auprès des partenaires financiers.
Pour sortir de la crise, Moussa Tine préconise plusieurs mesures :
Une rationalisation budgétaire par la réduction du nombre d'agences (actuellement 69)
Le paiement rapide de la dette intérieure (500 milliards prévus dans la LFR)
Une relance par les grands travaux plutôt que l'austérité
L'ouverture aux compétences existantes dans le pays
"Il nous faut aujourd'hui reprendre le contrôle de la barque, lui donner une direction et avancer vers cette direction", conclut-il, appelant à "transcender cette idée de parti et d'aller vers une perception républicaine de la gestion de l'État."
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FAYE-SONKO, LE COMBAT DIFFÉRÉ
Mamoudou Ibra Kane voit dans la polémique entre le président de la République et son Premier ministre l'annonce d'un affrontement politique majeur que les déclarations d'amitié ne peuvent masquer
(SenePlus) - L'éditorialiste Mamoudou Ibra Kane analyse la crise ouverte entre le président et son Premier ministre comme l'annonce d'un affrontement inéluctable. Une fracture qui révèle l'incapacité du régime à résoudre les problèmes économiques du pays.
La tentative d'apaisement du président Bassirou Diomaye Faye n'a trompé personne. Lundi 14 juillet, le chef de l'État sénégalais a eu beau affirmer qu'il n'avait "aucun conflit" avec son Premier ministre Ousmane Sonko, déclarant : "Il est mon ami", la crise ouverte entre les deux hommes révèle des fractures profondes au sommet de l'État.
Pour l'éditorialiste Mamoudou Ibra Kane, leader du mouvement "Demain, c'est maintenant", cette réconciliation de façade ne fait qu'ajourner l'inévitable. "Au fond, selon moi, cela ne fait que différer le combat", a-t-il déclaré sur RFI, analysant la séquence comme bien plus qu'une simple montée de tension.
La sortie publique d'Ousmane Sonko jeudi dernier a marqué un tournant. Le Premier ministre s'en est pris ouvertement au président de la République, lui reprochant de ne pas suffisamment le soutenir face aux attaques dont il dit faire l'objet. Plus grave encore, il a pointé "un problème d'autorité dans le pays" et lancé cette phrase lourde de sens : "s'il ne peut pas, qu'il me laisse gouverner".
"On se serait cru dans un numéro de cirque. Mais cela ne fait pas rire", commente Mamoudou Ibra Kane sur RFI. "Il s'agit d'un sujet sérieux, d'un sujet qui concerne l'État du Sénégal." L'éditorialiste établit un parallèle historique troublant : "Si on interroge l'histoire, les présidents Léopold Sédar Senghor et Mamadou Dia constituaient un beau duo à la tête de l'État. Mais leur compagnonnage a duré le temps d'une rose, avec une crise qui a éclaté en décembre 1962."
Cette référence à la crise constitutionnelle de 1962, qui avait vu l'arrestation du Premier ministre Mamadou Dia, prend une résonance particulière. Pour Mamoudou Ibra Kane, les propos de Sonko dépassent les bornes institutionnelles : "Nous sommes dans une République avec des institutions. Il faut avoir de l'entendement. Je pense qu'un rappel à l'ordre s'imposait au chef de l'État, qui ne l'a pas fait."
Au-delà de la polémique sur l'autorité, Ousmane Sonko a envoyé un signal politique clair. "Le premier ministre dit d'abord 'personne ne peut m'empêcher de me présenter'. Cela est clair. C'est un message qu'il envoie à son camp et plus précisément au président de la République", analyse l'éditorialiste sur RFI.
Cette déclaration d'intention présidentielle révèle les enjeux de pouvoir qui se jouent au sein du Pastef, le parti au pouvoir. Sonko, figure charismatique du mouvement, ne cache plus ses ambitions pour la prochaine élection présidentielle, défiant implicitement celui qu'il a lui-même porté au pouvoir.
Mais pour Mamoudou Ibra Kane, cette querrie au sommet masque mal l'échec du régime face aux défis économiques. "Je ne faut pas limiter la question à Bassirou Diomaye Faye et à Ousmane Sonko. Je pense qu'il faut plutôt s'intéresser au ressenti des populations aujourd'hui", souligne-t-il.
L'éditorialiste dresse un constat sévère : "Mais clairement c'est un aveu en réalité d'incompétence, en tout cas d'incapacité d'attaquer de front les problèmes." Les chiffres donnent raison à cette analyse : "Vous n'êtes pas sans savoir qu'aujourd'hui, les finances de l'État du Sénégal sont exsangues. L'agence de notation Standard and Poor's vient d'abaisser encore la note du Sénégal par rapport à la dette publique."
WASHINGTON INTENSIFIE LA PRESSION SUR L'AFRIQUE POUR SES DÉPORTATIONS
Tarifs douaniers, restrictions de visas, sanctions financières : l'administration Trump déploie un arsenal de pressions pour contraindre les pays africains, dont le Sénégal, à accueillir des détenus étrangers que leurs propres nations refusent
(SenePlus) - Les pressions de Washington s'intensifient sur le continent africain. Derrière l'arrivée cette semaine de cinq détenus américains en Eswatini se cache une stratégie coordonnée de l'administration Trump pour contraindre les pays africains à servir de destination de déportation pour des criminels que leurs propres nations refusent de récupérer.
Selon le Washington Post, le Sénégal figure parmi les pays africains sollicités par l'administration Trump pour accueillir ces déportés étrangers. Jusqu'à présent, les autorités sénégalaises gardent le silence sur ces pressions américaines, refusant de commenter publiquement cette question qui divise le continent.
L'approche de Washington repose sur un chantage économique systématique. Le Nigeria, qui a choisi de dénoncer publiquement ces pressions, en témoigne. Son ministre des Affaires étrangères, Yusuf Tuggar, a révélé que "les États-Unis montent une pression considérable sur les pays africains pour accepter des Vénézuéliens à déporter depuis les États-Unis, certains directement sortis de prison", rapporte CNN.
Ces pressions s'accompagnent de mesures coercitives concrètes : "l'annonce d'augmentation de tarifs douaniers et de réductions récentes de la validité des visas", selon le responsable nigérian. La Mission américaine au Nigeria a tenté de minimiser ces liens, affirmant que les changements de visa n'étaient "pas le résultat de la position d'une nation sur les déportés de pays tiers" mais visaient plutôt à "protéger les systèmes d'immigration américains".
L'Eswatini illustre parfaitement cette stratégie de contrainte. Le petit royaume, dont les privilèges commerciaux avec les États-Unis ont été menacés en avril, fait désormais face à des tarifs douaniers de 10% sur ses exportations. Son principal partenaire commercial, l'Afrique du Sud - qui a refusé d'accueillir des déportés américains - subit des sanctions encore plus lourdes avec des tarifs de 30%.
L'acceptation par l'Eswatini de ces cinq détenus - condamnés pour "viol d'enfants, meurtre et vol" selon le Département de la Sécurité intérieure - résulte de "mois d'engagements robustes de haut niveau" entre Washington et le royaume africain, selon la porte-parole gouvernementale Thabile Mdluli.
Ces "engagements" traduisent en réalité des négociations sous pression où Washington utilise tous les leviers à sa disposition. Tricia McLaughlin, porte-parole du DHS, a d'ailleurs assumé la dimension coercitive de l'opération, décrivant sur X les détenus comme des "individus si uniquement barbares que leurs pays d'origine ont refusé de les reprendre".
Les termes exacts de l'accord demeurent secrets. Interrogée sur les contreparties offertes à l'Eswatini, la porte-parole Mdluli a indiqué que "les termes de l'accord avec les États-Unis restent des informations classifiées", alimentant les soupçons sur la nature des pressions exercées.
Une stratégie continentale coordonnée
Au-delà de l'Eswatini et du Nigeria, les pressions américaines s'étendent à l'ensemble du continent. Ken Opalo, professeur associé à l'École de Service extérieur de l'Université Georgetown, observe auprès de CNN que les nations africaines sont poussées par l'administration Trump "à faire des choses atroces comme accepter des migrants de pays aléatoires ou leur donner leur richesse minérale dans des accords ambigus qui n'ont pas beaucoup de sens".
Cette approche transactionnelle inquiète les experts. "Il est insensé pour les pays africains de penser qu'ils peuvent faire des accords et s'attendre à un engagement crédible de la Maison Blanche, étant donné leur nature transactionnelle, ce qui signifie que tout est sujet à changement", prévient le professeur Opalo.
L'escalade récente confirme ces craintes. Après que la Cour suprême américaine a autorisé début juillet les déportations vers des pays tiers avec un préavis minimal, Washington a immédiatement expédié huit déportés au Soudan du Sud, une nation au bord de la guerre civile.
Dans ce contexte de pressions croissantes, le silence des autorités sénégalaises sur leur inclusion dans la liste des pays sollicités interroge. Contrairement au Nigeria qui a publiquement dénoncé les chantages américains, Dakar n'a émis aucune position officielle.
L'Afrique du Sud, qui a clairement refusé d'accueillir des déportés américains, subit déjà les conséquences de cette résistance avec des tarifs punitifs de 30%. Une source gouvernementale sud-africaine a d'ailleurs confié à CNN craindre que "certains au sein de l'administration Trump pourraient utiliser cela pour déstabiliser l'Afrique du Sud".
LA CHRONIQUE DU Veilleur Ironique, par Cheikh Sidy Anta Fall
LE 18 PASTEFMAIRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Un empire né de la colère, bâti sur les ruines de la confiance et nourri d’indignations partagées
Chaque révolution a sa plèbe. Chaque tyrannie, sa meute. Et Méphisto le Client, ce comédien de la souffrance recyclée en messie des déçus, n’a pas eu à chercher bien loin pour fédérer son cheptel de pestiférés. Car la rage ne se décrète pas, elle s’entretient. Par les frustrations. Par les humiliations. Par les rêves non réalisés. Par les trahisons réelles ou supposées.
Et l’Histoire, la grande, celle qui sent le sang et la cendre, nous a déjà offert son lot de chefs de meute. Des hommes qui ont su capter le désespoir, canaliser la haine et transformer les foules en armées de fidèles prêts à mourir ou à tuer pour eux.
Le monde a connu Hitler qui, jusqu’à son dernier souffle, fut protégé par Goebbels et une poignée de fanatiques prêts à mourir dans les flammes du bunker. Ou encore Mussolini, traîné dans les rues, mais pleuré par ceux qui voyaient en lui le dernier César. Que dire de Staline, pleuré comme un dieu rouge, par un peuple qu’il avait pourtant broyé. L’Amérique a été traumatisée par Jim Jones qui fit de l’obéissance un acte terminal et du poison un sacrement. Le suicide collectif de Jonestown a eu lieu le 18 novembre 1978, en Guyana (Amérique du Sud), triste évènement au cours duquel 918 personnes sont mortes, dont plus de 300 enfants, sous l’ordre du gourou Jim Jones, fondateur de la secte du Temple du Peuple (People’s Temple). Ce fut l’un des pires suicides collectifs de l’histoire moderne et il incarne à jamais l’horreur de la foi fanatique, transformée en rituel mortifère.
Tous ont eu leurs Méphistophiles, fidèles jusqu’à la mort, car le plus grand talent des tyrans n’est pas de régner : c’est de convaincre les damnés que leur salut dépend de leur propre servitude.
Alors à Djolof Land, il est temps de diagnostiquer cette horde que le verbe venimeux de Méphisto le Client a su fédérer en une meute hystérique, prête à lyncher la Nation, la République et l’État de droit sous les acclamations d’une foule aveuglée.
Il faut rappeler, pour l’histoire qu’à la base, il y avait une aristocratie bureaucratique repue, de jeunes fonctionnaires devenus des rentiers du pouvoir sans honneur, des satrapes administratifs postés dans les interstices de la République, qui n’ont jamais connu que les privilèges de leurs positions administratives. Des hommes et femmes que la pyramide de Maslow n’intéressait plus que pour gravir son sommet, celui du pouvoir absolu, sans devoir. Ils ne croyaient plus à la République, mais à la rente bureaucratique. Ils ont vu en Méphisto le Client, alors tribun qui a su remporter d’importantes batailles syndicales ; un instrument pour s’emparer du pouvoir, leur seul but.
Sur le chemin, ils rencontrèrent les revanchards de la République, ces vétérans des illusions, les survivants des « 30 Glorieuses », ces décennies où l’intellect se croyait maître du monde. Ils ont tout tenté : marxistes d’estrade, panafricanistes de bibliothèque, syndicalistes d’amphithéâtre. Rien n’a marché. Tous les régimes les ont laissés sur le bas-côté. Alors ils ont vu en Méphisto le Client non un chef, mais un instrument de revanche. Un outil de démolition pour venger leur propre insignifiance historique. Leur « Grand Soir » à eux !
La mayonnaise commença alors à prendre et une troisième couche vint rejoindre le mouvement, des jeunes cadres nés après la dévaluation du franc CFA, enfants des plans d’ajustement structurel, élevés sans mémoire collective ni boussole républicaine. Ils n’ont connu que l’échec social de leurs parents, les frustrations d’une classe moyenne avortée et la toute-puissance des réseaux sociaux comme substitut à l’éducation civique. Leur conscience politique tient sur un post Facebook. Leur engagement sur un slogan. Ils n’ont pas lu Cheikh Anta, ni compris Senghor, ni même regardé Kocc Barma. Des coxeurs de la démocratie, agressifs, incultes, sûrs d’eux et du néant qu’ils professent.
Et vint ensuite la quatrième couche, les apprentis Frères musulmans, les opportunistes des crises sociales qui sont les enfants illégitimes d’un islam politique importé, bricolé entre des vidéos YouTube mal traduites et des sermons de haine diffusés sous pseudo. Apprentis Frères musulmans, ils n’ont ni la rigueur des anciens, ni la mystique des soufis, ni même la culture du silence propre aux vrais lettrés. Ce qu’ils ont, en revanche, c’est une rage froide contre les confréries religieuses de Djolof Land, ces bastions d’influence sociale qu’ils rêvent de déboulonner comme on déboulonne une statue.
Opposés aux marabouts mais pas à l’argent. Ennemis du pouvoir mais pas des postes. Opportunistes des crises sociales, ils apparaissent toujours là où la République recule, se glissent dans les failles du système éducatif, s’invitent dans les quartiers oubliés, en promettant l’ordre moral à des âmes en détresse.
Ce sont les fameux tenants du sam jiko yi dont la vertu affichée est inversement proportionnelle à la culture. Spécialistes autoproclamés de la morale publique, ils se sont trouvés une mission divine : criminaliser l’homosexualité à coups de slogans creux, comme si la République pouvait se régénérer par l’exclusion, l’hostilité et l’hystérie législative.
La dernière couche du magma originel, celle qui aura mené la grande bataille, est composée des exclus, des invisibles, des oubliés du contrat social. C’est le cercle des damnés. Ils ne sont ni stratèges, ni idéologues. Mais ils sont nombreux, blessés, mobilisables. Produits brisés des dahras, recalés de l’enseignement classique, jeunesse en errance, piétinée par l’injustice sociale, ils n’ont jamais été conviés au festin national.
A Djolof Land, on les croise sur les trottoirs des marchés, dans la rue, vendeurs à la sauvette. Dans les marges des villes, ils sont maçons, menuisiers, mécaniciens, tâcherons d’un rêve qu’ils n’ont jamais eu les moyens de formuler. Dans les maisons, ils sont les locataires des « lits chauds », ceux qui dorment quand les travailleurs sont partis, qui veillent quand ceux là dorment.
Dans la diaspora, ils survivent dans les sous-sols, sur les plages ou dans les usines. Souvent sans papiers, sans avenir, parfois sans langue. Ils sont vendeurs ambulants, dockers précaires, esclaves modernes du libéralisme occidental. Là-bas comme ici, ils ne trouvent ni respect ni refuge et leur seul passeport devient la colère, la haine contre la République.
Pour tous ceux-là, Méphisto le Client n’est pas une illusion : il est une revanche. Un drapeau. Une voix. Un cri contre ceux qui les ont oubliés, méprisés, humiliés. Un cri qui ne demande pas de solution, mais exige un effondrement. Peu importe le contenu. L’important est de détruire. L’État ? Complice. Les élites ? Traîtres. La République ? Une farce.
Alors il ne leur reste qu’une chose : tout brûler pour exister. Crier pour se sentir vivant. Suivre Méphisto le Client pour enfin être regardé. Celui-ci en stratège du ressentiment, leur offre ce que personne ne leur a jamais promis : un ennemi commun. Le Système. Peu importe qu’il ait un projet. Il a un discours. Un feu. Une direction : vers le bas.
Donc, tout ce beau à un trait commun : c’est une meute, une haine, avec comme unique mission : détruire le Système.
C’est ainsi que Méphisto le Client a bâti son empire : non sur un projet, mais sur une colère. Non sur une vision, mais sur une vengeance collective. Sa parole a su capter la rage de chacun et la transformer en mission sacrée. Il n’a rien proposé, il a tout dénoncé. Et c’est dans ce vide que s’est engouffrée la meute enragée, cette créature à cinq têtes, hurlant à l’unisson contre l’État, les institutions, les élites, la raison.
Et derrière cette agitation apparente se cache une organisation souterraine. Huilée, disciplinée, structurée à la nazie, avec un Goebbels localisé pour chaque canal de communication, chaque compte TikTok, chaque page Facebook, chaque matinale de désinformation.
Voilà le génie pernicieux de Méphisto le Client qui ne cherche pas à convaincre tout le monde, seulement ceux qui veulent déjà croire. Ce n’est plus de la propagande brute, mais de l’ingénierie émotionnelle, lubrifiée par l’indignation, nourrie par le ressentiment.
Le premier pilier de sa stratégie est l’exposition sélective, c’est-à-dire que l’on ne montre ou n’écoute que ce qui conforte. On ne commente que ce qui scandalise. On ne partage que ce qui hystérise. On étouffe le réel sous une avalanche de récits partiels. Le mensonge n’est même plus nécessaire : l’omission suffit.
Le deuxième pilier est ce que l’on appelle la bulle cognitive. Chaque militant, chaque sympathisant, chaque frustré devient le centre de sa propre galaxie algorithmique où il n’entend que l’écho de ses croyances. La vérité ne pénètre plus. Le doute n’a plus de place. La contradiction est vécue comme une agression. On ne pense plus, on répète. On ne doute plus, on partage. On ne cherche plus la vérité. On veut seulement avoir raison.
Le troisième et dernier pilier de la stratégie est le lynchage numérique par une foule fait le travail, à travers le concept des 72 H. Les meutes numériques attaquent. Les voix discordantes sont désignées, traquées, moquées, insultées. On n’argumente pas contre elles : on les invalide par l’humiliation. Toute parole dissidente est pulvérisée dans le tumulte des hashtags et des menaces.
Donc à Djolof Land, nous vivons la sublime ère de la meute et la fin programmée de la République.
Le Veilleur Ironique (témoin de son temps, plume dressée contre l’oubli)
DU PUITS À L’ASSIETTE, COMMENT L’INDUSTRIE PÉTROLIÈRE INFILTRE L’ALIMENTATION
Dans son dernier rapport intitulé « Fuel to Fork », l’IPES-Food dresse un constat alarmant : les systèmes alimentaires consomment désormais 40 % des produits pétrochimiques mondiaux.
Dans son dernier rapport intitulé « Fuel to Fork » (Du puits à l’assiette), l’IPES-Food dresse un constat alarmant : les systèmes alimentaires consomment désormais 40 % des produits pétrochimiques mondiaux, faisant de ce secteur l’un des moteurs majeurs de la demande en combustibles fossiles. Engrais synthétiques, pesticides, emballages plastiques, transport et stockage : à chaque étape, le pétrole et le gaz sont omniprésents.
Le rapport souligne que 99 % des engrais azotés et pesticides proviennent directement de sources fossiles. Un tiers des produits pétrochimiques est consacré à la fabrication de ces engrais, désormais identifiés comme le principal poste de consommation fossile dans l’agriculture mondiale. À cela s’ajoutent les emballages alimentaires, qui représentent à eux seuls au moins 10 % de la consommation mondiale de plastique.
Un angle mort des politiques climatiques
Malgré cette empreinte carbone considérable, les systèmes alimentaires restent largement absents des engagements nationaux en matière de lutte contre le changement climatique. « Le système alimentaire industriel est désormais le principal moteur de croissance des grandes compagnies pétrolières, mais il reste invisible dans le débat climatique », alerte Errol Schweizer, expert IPES-Food.
Raj Patel renchérit : « Lier l’alimentation aux combustibles fossiles revient à l’attacher aux zones de conflit. Lorsque les prix du pétrole augmentent, la faim suit. » Un constat particulièrement préoccupant dans un contexte géopolitique tendu et volatil, où la hausse des prix de l’énergie menace directement la sécurité alimentaire mondiale.
Des alternatives viables et urgentes
Les auteurs du rapport dénoncent les solutions « technologiques » promues par l’industrie, telles que les engrais à base d’ammoniac « bleu » ou l’agriculture numérique, jugées coûteuses, risquées et incapables de résoudre durablement le problème. À la place, ils appellent à une transition vers l’agroécologie, des chaînes d’approvisionnement locales, et des systèmes alimentaires résilients.
« Nous devons rompre les liens entre alimentation et énergies fossiles, en commençant par éliminer progressivement les produits chimiques nocifs et en soutenant une agriculture paysanne durable », plaide Molly Anderson.
Un enjeu clé pour la COP30
À quelques mois de la COP30, qui se tiendra au Brésil, l’IPES-Food exhorte les gouvernements à intégrer pleinement l’alimentation dans les négociations climatiques. Parmi les recommandations principales : mettre fin aux subventions aux combustibles fossiles et aux intrants agrochimiques, et investir dans des modèles alternatifs fondés sur la biodiversité, la justice sociale et la souveraineté alimentaire.
Georgina Catacora-Vargas conclut : « Des systèmes alimentaires sans pétrole existent déjà. Ils sont portés depuis longtemps par les peuples autochtones et les communautés rurales. L’avenir est entre nos mains : il s’agit de redonner toute sa place à une alimentation locale, diversifiée et libérée de l’emprise fossile. »