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7 juin 2025
PAR El Hadji Malick Sy Camara
LA PALESTINE PAR DEVOIR !
EXCLUSIF SENEPLUS - Gaza est devenue une prison à ciel ouvert, une fosse commune. Avons-nous perdu le sens de la vie ? L’État israélien serait-il un intouchable ? Le rôle d’intellectuel et d’universitaire est historiquement lié au refus de l’arbitraire
El Hadji Malick Sy Camara |
Publication 21/05/2025
Depuis plusieurs années, le peuple palestinien souffre le martyr dans la bande de Gaza sans que des mesures radicales ne soient prises pour mettre fin au massacre génocidaire de l’État d’Israël. En effet, après l’attaque du 7 octobre 2023 revendiquée par le Hamas, Israël a accentué ses interventions meurtrières dans la bande de Gaza, prétextant vouloir éliminer une bonne fois pour toute les membres du Hamas. Hélas, les populations civiles paient depuis le début des interventions de l’armée israélienne un très lourd tribut. Le bilan actuel, du reste très funeste, fait état de plus de 50 000 morts du côté palestinien. Les enfants, les femmes sont quotidiennement fauchées par une armée aveugle composée de soldatesques qui ne doivent leur raison d’être que pour « exterminer des êtres humains dont le seul tort est d’être Palestinien ». L’armée israélienne s’oppose régulièrement à l’entrée de l’aide humanitaire, pour davantage affamer la population gazaouite dont la dignité est en jeu, malgré les innombrables appels d’organisations humanitaires à un rétablissement du cessez-le-feu. Chaque jour, les enfants et femmes, pour tromper leur faim, se disputent les quelques miettes de nourritures distribuées. Quelle lutte acharnée pour la survie !
Déjà en mars 2025, la Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial des Nations Unies s’alarmait de la situation en ces termes : “Les familles de Gaza meurent de faim alors que la nourriture dont elles ont besoin est bloquée à la frontière. Nous ne pouvons pas leur fournir cette assistance vitale en raison de la reprise du conflit et de l’interdiction totale de l’aide humanitaire imposée début mars[1].”
Concomitamment, l’armée israélienne massacre les humanitaires, les agents de Croissant Rouge, aux journalistes. Gaza est devenue une prison à ciel ouvert, une fosse commune. Avons-nous perdu le sens de la vie ? À ce bilan macabre de l’État israélien, il faut ajouter la destruction volontaire des infrastructures médicales, éducatives (hôpitaux, écoles), les lieux de culte et routes. Au même moment, l’Union Européenne, les Etats-Unis s’associent à l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie.
En Afrique, l’Afrique du Sud est l’une des rares voix audibles qui a osé dénoncer le génocide israélien.
Nous, universitaires, conscients de notre rôle d’avant-gardistes, regrettons l’indignation sélective de la Communauté internationale face au massacre de la population palestinienne sur son propre sol. Ne pas condamner ce que subi le peuple palestinien, c’est être complice tacite de la volonté de l’État israélien d’exterminer les habitants de Gaza, à défaut de les pousser à la migration forcée. Il faut dénoncer avec force l’intention inavouée du président Benyamin Netanyahu d’annexer la bande de Gaza pour élargir son territoire. Cette colonisation a d’ailleurs été annoncée par le président américain Donald Trump qui, dans le cadre d’un simulacre de plan de paix, proposait de déplacer les habitants de la Bande de Gaza vers l’Égypte et la Jordanie qui ont aussitôt refusé cette décision inélégante et inhumaine d’un chef qui pense que l’action doit présider la réflexion.
En réalité, en violant la trêve avec le mouvement Hamas, entrée en vigueur en janvier 2025, (cessez-le-feu conclu le 15 janvier 2025), Benyamin Netanyahu semble vouloir forcer le destin du peuple palestinien qu’il souhaite le pire.
Pourtant, au même moment, l’Union Européenne, les États-Unis condamnent fermement l'intervention russe en Ukraine et soutiennent activement l’État ukrainien en fournissant une aide politique, financière, humanitaire et militaire, ainsi qu'en imposant des sanctions à la Russie. Au nom de l’humanisme, il faut soutenir le peuple palestinien et mettre fin à l’indignation sélective : toutes les vies se valent.
Aujourd’hui, le procureur de la Cour Pénale internationale (CPI), Karim Khan, qui avait ouvert des enquêtes contre Israël pour des crimes de guerre perpétrés à Gaza, et lancé un mandat d’arrêt contre le président israélien Benyamin Netanyahu, fait objet d’une enquête pour faute présumée. Le président des États-Unis, Donald Trump, qui avait annoncé des sanctions contre la CPI, en février 2025, et les alliés inconditionnels de l’État israélien ont-ils mis en œuvre leur menace ? L’État israélien serait-il un intouchable ? Pourtant, il y a moins d’un siècle l’État d’Israël ne figurait pas su la carte du monde. Déclarée persona non grata dans presque tous les coins du monde, l’Occident, tel pour réparer l’Holocauste juive, a acté la création de l’État d’Israël en 1948. Mais il semble que le monde souffrirait d’une amnésie chronique qui n’autorise la moindre réminiscence d’une histoire douloureuse qui ne grandit pas le monde occidental ayant abrité les plus grands camps de concentration et d’extermination juive.
Nous, universitaires, homoacademicus, dénonçons le massacre des civiles, le déplacement forcé des populations et la destruction intentionnelle des infrastructures visant à transformer la bande de Gaza en champ de ruine.
En effet, le rôle d’intellectuel et d’universitaire est historiquement lié au refus de l’arbitraire, de l’injustice et de toutes formes d’inégalités. En réalité, l’engagement des universitaires dans la lutte pour respect de la dignité du peuple palestinien n’est qu’un retour à leur terrain naturel (Diaw, 1992). C’est ce refus de l’injustice qui distingue l’intellectuel traditionnel (rôle que nous revendiquons) de l’intellectuel organique qui défend l’intérêt d’un groupe ou d’une classe sociale. Dès lors, soutenir le peuple palestinien est un devoir ; une obligation morale. Comme producteurs de sens et de savoir (Diouf, 1992), les universitaires ont donc un rôle prépondérant à jouer dans l’émancipation des peuples opprimés. L’enserrement de leur discours dans le social leur permet de jouer pleinement le rôle d’avant-garde que leur assigne la société (Camara, 2025).
Nous appelons au respect immédiat de la trêve par Israël pour mettre fin aux dizaines de morts enregistrées par jour. Par ailleurs, nous invitons la communauté internationale à hâter la création d’un État palestinien souverain pour le respect de la dignité de ce peuple martyr.
Aimer la Palestine, c’est refuser l’occupation illégale de son territoire et l’extermination de sa population par Israël depuis 19 mois.
Le Mouvement présidé par Cheikh Tidiane Gadio invite les acteurs politiques à "chasser le toxique dans les divergences". "Notre pays n'a jamais eu autant besoin que ses filles et ses fils se parlent", affirme-t-il
Le Mouvement Panafricain et Citoyen invite les acteurs politiques à "faire barrage aux dérives" et à "chasser le toxique dans les divergences", selon un communiqué annonçant sa participation au Dialogue national et parvenu à notre rédaction ce mardi 20 mai 2025. Le MPCL-Luy Jot Jotna rappelle que le Sénégal, "terre de dialogue et de tolérance", doit éviter le chemin emprunté par d'autres pays africains qui ont refusé la concertation.
« Le dialogue politique national inclusif : un impératif devant les défis multiformes de notre pays !
Notre parti, réuni en Bureau politique extraordinaire élargi aux cadres, a décidé de participer activement au prochain Dialogue politique national prévu le 28 mai 2025.
Les arguments pour ou contre le Dialogue sont nombreux et parfois compréhensibles considérant l’atmosphère qui règne dans le cours politique actuel. Toutefois notre Parti estime que le Sénégal n’a jamais eu autant besoin que ses filles et ses fils se parlent, tant les défis, les divisions, les divergences profondes ne cessent de prendre un tournant inquiétant et hautement préoccupant.
Terre de dialogue, de tolérance voire d’harmonie, notre pays sait là où le refus du dialogue a mené beaucoup de pays du continent. C’est indéniable que notre pays vit une crise multiforme : politique, institutionnelle, économique et sociale. Un tel constat nous indique qu’il est urgent d’aller, tous ensemble, majorité au pouvoir, opposition politique, société civile et personnalités indépendantes, « au chevet de notre pays ».
Les acteurs de la scène politique nationale -dans le respect des convictions et de l’identité propre des uns et des autres- doivent ensemble élucider les malentendus, faire barrage aux dérives, chasser le toxique dans les divergences, bâtir de nouveaux consensus pour redonner à notre démocratie son statut de miroir, de fierté et de patrimoine de tous les Africains.
Pour y arriver, notre pays doit se remettre dans la trajectoire de son grand destin de pays leader et de pays boussole en Afrique, de pays de séparation réelle des pouvoirs et de l’effectivité des contre-pouvoirs, de pays chantre du Panafricanisme fédéraliste, de la démocratie politique pluraliste, de pays de la liberté d’opinion, de la liberté de la presse (presse à qui notre démocratie est grandement redevable), de pays phare du féminisme et du combat contre les discriminations et les violences abjectes faites aux femmes et enfin de pays qui célèbre sa jeunesse comme étant « la Ressource nationale N° 1 » et qui n’est pas « l’avenir de l’Afrique mais son présent et sa locomotive ! ».
Seule une telle approche permettrait à notre pays de renouer avec « l’initiative historique » en dialoguant ensemble pour dépoussiérer ses institutions de la gouvernance, son système démocratique, politique, électoral et sa vieille culture de dialogue et de consensus qui visiblement ont pris des rides ! À toutes les forces vives de la nation nous disons : Allons donc au Dialogue ! »
LES KHALIFES BÉNISSENT LE DIALOGUE POLITIQUE
Thiès, Ndiassane, Thiénaba,Touba... Le facilitateur général Cheikh Guèye a entamé une tournée de consultations auprès des principales autorités religieuses du pays, avant le début des travaux du 28 mai prochain
Le facilitateur général du Dialogue politique, Cheikh Guèye, a rencontré plusieurs autorités religieuses du pays, dont le Khalife général des mourides à Touba, selon le communiqué reçu de ses services mardi 20 mai 2025. Cette tournée nationale de consultations vise à préparer le Dialogue national sur le système politique prévu le 28 mai, sous la bénédiction des guides spirituels considérés comme essentiels à la paix sociale.
"Communiqué du Faciliateur général du Dialogue politique
Dans le cadre de sa mission de préparation et de facilitation du Dialogue national sur le système politique, prévu le 28 mai 2025, le Facilitateur général, Dr Cheikh Guèye, a entamé une tournée nationale de consultations auprès des principales autorités religieuses du pays.
Sa visite à Thiès lui a permis d’échanger longuement avec Serigne Ahmadou Mounirou Ndieguène, khalife de la famille. A Ndiassane, il a été chaleureusement accueilli par Serigne Khalifa Kounta, porte-parole, qui a salué sa démarche de consultation et le contenu du dialogue national initié par le Président de la République Bassirou Diomaye Faye dont il a encouragé l’esprit d’ouverture. A Thiénaba, le khalife général a appelé tous les acteurs à y participer pour qu’on les préserve enfin d’intervenir à toute bout de champ dans l’espace politique. Dr Cheikh Guèye s’est ensuite rendu à Touba, où il a été reçu par Serigne Mountakha Mbacké, Khalife général des mourides, figure de proue du paysage spirituel sénégalais.
Au cours de cette audience empreinte de respect et de solennité, Cheikh Guèye a tenu à saluer le rôle éminent du Khalife en tant que “grand faiseur de paix”, rappelant que sa bénédiction et son accompagnement constituent une étape essentielle pour garantir un processus de dialogue ouvert, inclusif et pacifique.
Le Facilitateur a partagé avec le Khalife les termes de référence du dialogue, les objectifs recherchés, ainsi que les enjeux cruciaux liés à l’organisation d’élections apaisées, respectueuses de la volonté populaire et des principes démocratiques.
À l’issue de ces échanges, Cheikh Guèye a réaffirmé que les guides religieux occupent une place centrale dans la préservation de la cohésion sociale et de la paix au Sénégal. Il a insisté sur la nécessité pour le dialogue national de bâtir un consensus fort autour de règles du jeu politique équitables, afin de restaurer la confiance, éviter les tensions et consolider la démocratie sénégalaise.
Cette tournée de consultations se poursuivra dans les prochains jours auprès d’autres acteurs clés de la société sénégalaise, dans un esprit d’écoute, de rassemblement et de construction collective."
LE SÉNÉGAL SIGNE UN ACCORD-CADRE DE 2 MILLIARDS D’EUROS AVEC L’ITFC
La convention, d’une durée de cinq ans, a été signée par le ministre de l’Économie, Abdourahmane Sarr, et le directeur général de l’ITFC, Adeeb Yousuf Al-Aama.
En marge des Assemblées annuelles 2025 de la Banque islamique de développement (BID), le Sénégal a conclu un accord-cadre d’un montant de 2 milliards d’euros, soit environ 1 311,9 milliards de francs CFA, avec l’International Islamic Trade Finance Corporation (ITFC), filiale du Groupe BID.
La convention, d’une durée de cinq ans, a été signée par le ministre de l’Économie, Abdourahmane Sarr, et le directeur général de l’ITFC, Adeeb Yousuf Al-Aama. Elle vise à renforcer la coopération économique entre les deux parties et à mobiliser des ressources pour financer des projets structurants.
Cet accord stratégique couvre plusieurs secteurs prioritaires pour le développement du pays : la santé, l’agriculture, l’énergie et le soutien au secteur privé. Il s’inscrit dans la volonté du Sénégal de diversifier ses sources de financement, notamment à travers les mécanismes de finance islamique, pour appuyer sa croissance économique.
Le gouvernement sénégalais ambitionne, à travers ce partenariat, de consolider les bases de son développement socio-économique en s’appuyant sur des investissements ciblés dans des domaines clés.
VERSEMENT DE CAUTION À LA CDC, LA NOUVELLE VACHE À LAIT
Entre les bailleurs réticents et les locataires enthousiastes, le fossé se creuse dans un secteur immobilier déjà tendu, suite à l'annonce du projet de centralisation des cautions locatives
Pour renforcer ses capacités de financement, la Caisse des dépôts et consignations (CDC) mise sur plusieurs leviers, dont la caution des locataires. Alors que ces derniers semblent ravis par cette annonce, les bailleurs, eux, regrettent un manque de concertation et montent sur leurs gardes.
Mobiliser plus de ressources pour financer l'économie et certains grands projets de l'État. C'est l'une des grandes ambitions du directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), Fadilou Keita. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'homme compte sur tous les moyens pour mobiliser davantage de ressources. Il ne manque d'ailleurs pas de donner l'exemple du Bénin qui se serait beaucoup inspiré du modèle sénégalais, mais qui, en quatre ans, est parvenu à faire bien mieux. “Alors que nous sommes autour de 480-490 milliards F CFA, eux sont à plus de 1 100 milliards. L'usine de textile la plus performante au monde se trouve au Bénin, et c'est la CDC qui l'a mise en place. Ce qui leur a donné cette possibilité, c'est qu'ils ont des ressources stables et longues, alors que nous n'en disposons pas”.
Pour pallier ce gap, le DG de la CDC compte sur plusieurs leviers, dont le loyer et ses accessoires.
Récemment, lors d'une émission sur Seneweb, il a précisé : “Nous sommes en train de mener des démarches pour voir comment faire en sorte que la caution soit déposée au niveau de la CDC. Cela va non seulement permettre de mobiliser des ressources stables et longues que nous pouvons injecter dans l'économie, mais ça va aussi permettre de lutter contre la spéculation, avec des bailleurs qui demandent parfois l'équivalent de trois à quatre mois de loyers, en violation de la législation. Et qui à la fin du contrat rechignent à restituer les montants perçus.”
À en croire M. Keita, les ressources mobilisées vont permettre de financer l'économie.
Les locataires jubilent, les bailleurs attendent de pied ferme
L'annonce a été diversement appréciée par les parties prenantes. Si les locataires l'ont globalement bien accueillie, les bailleurs, eux, sont moins emballés.
Conseiller juridique et manager de l'agence immobilière ASKANE PARTNERS, Abou Bakari Kane regrette l'absence de concertation, d'autant plus que la mesure, si elle est concrétisée, compromet les intérêts des bailleurs. “Cette mesure ne prend pas en compte les préoccupations du bailleur qui n’a aucun intérêt à ce que la caution soit versée à la CDC. Non seulement on le prive d'un moyen de financement, mais aussi on l'expose à des procédures administratives ou judiciaires pour recouvrer la garantie en cas de défaillance du locataire”, analyse-t-il.
Pour cette raison et pour tant d'autres, l'agent immobilier estime que l'État doit discuter avec les différentes parties, pour éviter le syndrome des décrets 2014 et 2023 portant baisse des loyers qui avaient généré plus de problèmes que de solutions. “Comme en 2014 et 2023, cette mesure unilatérale risque d’être un échec patent, si aucune concertation sérieuse n’est entreprise en prenant en compte les intérêts de toutes les parties au contrat”, renchérit l'agent immobilier, qui relève déjà une certaine réticence des propriétaires, du fait notamment des lourdeurs que ce mécanisme va engendrer.
“Après tant d’années de sacrifices, d’investissements, les propriétaires sont souvent confrontés aux lourdeurs judiciaires pour pouvoir expulser un locataire défaillant, recouvrer les sommes considérables qui leur sont dues, en sus des prêts bancaires à rembourser. C'est déjà beaucoup de lourdeurs pour en rajouter. Avec la caution versée à la CDC, c'est d'autres procédures judiciaires ou administratives et ça peut être problématique” met en garde M. Kane, qui insiste sur la nécessité des concertations.
Les facteurs de blocage
Pendant que les bailleurs se plaignent et restent sur leurs gardes, les locataires, eux, semblent contents et appellent de tous leurs vœux l'État à rendre la mesure effective.
Président de l'Association pour la défense des locataires, Elimane Sall ne cache pas son impatience. “Nous pensons que cette annonce vient à son heure. La question du cautionnement a souvent été une source de conflits entre bailleurs et locataires. Que les autorités veuillent y apporter des solutions, c'est une excellente chose. Pourvu que l'État ne fasse pas de demi-mesures comme il en a l'habitude”, disait-il sur Trade FM.
À son avis, ce serait un bon début pour prendre en charge tous les problèmes des locataires liés à la caution. “Maintenant, il faut des concertations inclusives pour qu'une fois la décision prise, qu'elle soit acceptée par tout le monde”, prévient le président des locataires, qui invite l'État à penser à l'allégement des procédures pour faciliter les versements, surtout que tout le monde n'est pas à Dakar. “Si tout le monde doit se déplacer à Dakar pour déposer une caution, il va de soi que c'est un facteur de blocage. Je pense qu'il faut tout dématérialiser pour favoriser l'adhésion de tous”, a-t-il souhaité, lui qui ne semble pas nourrir d'appréhensions particulières sur la récupération de la caution. “La CDC, c'est ça son rôle de garder l'argent. Si le locataire laisse l'appartement en bon état, il doit aller récupérer son dû. S'il y a des choses à rembourser et que c'est prouvé, cela sera défalqué sur la caution”, soutient-il très optimiste.
Promoteur du site www.loger-dakar, Ousmane Sow, lui, invite l'État à lever un peu la pression sur les investisseurs en général, les bailleurs en particulier. “Le fait que l'État s'implique autant dans le marché n'est pas une bonne chose, à mon avis. C'est vrai que l'État doit penser aux consommateurs, mais il doit aussi soutenir les investisseurs. En retour, ces derniers seront encouragés à faire des efforts pour les consommateurs”, indique le promoteur de cette plateforme de rencontre entre bailleurs et locataires. “Ce n'est pas une bonne chose que l'État ait une mainmise sur le secteur privé. L'État doit plutôt aider les bailleurs à être plus transparents. Les enjeux, à mon avis, sont ailleurs”, selon l'intermédiaire, qui estime que l'État doit plutôt travailler à faire en sorte que l'on soit dans une maison de verre, avec des bailleurs qui vont rendre publiques toutes les informations concernant leurs activités.
L'autre défi, selon lui, c'est l'identification de tous ceux qui s'activent dans le secteur, notamment les courtiers. “Dans nos pays, on pense trop répression, législation. J'ai l'impression parfois que quand tu as de l'argent, des biens, tu deviens un peu une cible pour tout le monde, y compris pour l'État. Il faut changer cette façon de voir. Ce n'est pas un crime d'être riche et d'avoir des biens. L'État doit accompagner ceux qui investissent”, ajoute M. Sow.
Relativement à la base légale de ce versement de la caution à la CDC, le juriste Abou Kane n'y voit pas de vices particuliers. Selon lui, suite à des difficultés de mobilisation des ressources, des réformes ont été apportées pour donner à la CDC plus de moyens. “C’est ainsi qu’il est procédé à des innovations majeures non exhaustives, notamment l’élargissement des missions de financement au logement de standing et l’extension de la consignation, etc. C’est certainement sur ce dernier point que le directeur général s’est appuyé pour développer l’idée du dépôt de la caution du loyer à la Caisse des dépôts et consignations”, analyse-t-il.
Une motivation en question
À son avis, cette proposition avait été initiée pour la première fois par le docteur Malick Diop, ancien député de Benno Bokk Yaakaar, sans qu’il puisse trouver un écho favorable à l’Assemblée nationale. “Sur le plan légal, la CDC, à travers la loi 2017-32 portant ses règles de fonctionnement, peut étendre ses domaines de consignation dans le domaine de la location en enjoignant les locataires à verser les cautions dans ses comptes. De surcroit en cas de procédure d’offres réelles, c’est-à-dire si le bailleur refuse de prendre la location ou conteste la somme, le locataire peut utiliser la procédure d’offre réelle et le montant est consigné à la CDC en attendant la fin de la procédure”, explique l'agent immobilier.
En attendant de voir les modalités de la mise en œuvre de cette mesure, il est déjà confronté au refus des propriétaires d’être un moyen de mobilisation de la CDC, surtout qu’ils sont confrontés à des taux d’emprunts bancaires élevés et un fisc à leurs trousses. Mais pour lui, l'État ne doit pas non plus perdre de vue la vocation de la caution qui, selon lui, est une garantie pour couvrir les éventuelles dettes locatives.
“Dans ses argumentaires, le DG insiste beaucoup sur les difficultés de mobilisation des ressources en faisant référence à la CDC du Bénin. Cela montre que la principale préoccupation, c'est la mobilisation de fonds au profit de la CDC”.
RÉFORME DE LA JUSTICE, FRAPP APPELLE À LA TRANSPARENCE AVANT TOUT NOUVEAU DIALOGUE
le Front pour une Révolution Anti-Impérialiste Populaire et Panafricaine interpelle le gouvernement sur l’état d’application des 30 recommandations issues des assises de la justice.
Le Front pour une Révolution Anti-Impérialiste Populaire et Panafricaine (FRAPP) interpelle le gouvernement sur l’état d’avancement des 30 recommandations issues des récentes assises de la justice, saluant au passage les avancées, mais exigeant une transparence totale sur les engagements pris, à l’approche d’un nouveau dialogue national.
Le FRAPP reconnaît les efforts déployés depuis les assises organisées sous l’égide du président Bassirou Diomaye Faye.
Ces concertations avaient pour objectif une réforme profonde du système judiciaire. Cependant, le mouvement met en lumière l’application lacunaire de certaines mesures clés.
L’urgence d’un Juge des Libertés et de la Détention
Parmi les recommandations phares, « l’instauration d’un juge des libertés et de la détention » est citée en exemple. Ce rôle crucial, visant à contrôler les mesures de privation de liberté et à garantir la légalité et la proportionnalité de chaque incarcération, est jugé indispensable par le FRAPP.
« Ce juge indépendant et impartial constituerait un rempart contre les détentions arbitraires, renforcerait la protection des droits individuels, et garantirait un meilleur encadrement des enquêtes et des auditions », déclare le communiqué.
Le FRAPP insiste sur l’urgence de cette mise en œuvre et exige que le gouvernement soumette sans délai les projets de loi nécessaires.
Transparence exigée avant le prochain dialogue
L’organisation souligne l’importance d’un inventaire détaillé de l’ensemble des engagements pris lors des assises de la justice.
À la veille d’un dialogue national axé sur le système politique, le FRAPP estime qu’il est « du devoir du pouvoir exécutif de faire la transparence sur l’état d’avancement des 30 recommandations : lesquelles ont été mises en œuvre, lesquelles sont en cours, et lesquelles sont restées lettre morte. »
Si le FRAPP salue des initiatives positives telles que la décentralisation de l’appareil judiciaire et les actions du pool financier et judiciaire pour la récupération des biens publics, il dénonce néanmoins la persistance de pratiques jugées contraires aux principes d’une justice équitable.
Les gardes à vue prolongées, les retours de parquet instrumentalisés et les mandats de dépôt systématiques sont pointés du doigt.
Le FRAPP affirme qu’un « bilan clair et honnête du dialogue sur la justice est essentiel pour asseoir la crédibilité du prochain dialogue national ».
Une telle transparence, selon le mouvement, renforcerait la confiance des citoyens, favoriserait une participation plus large et garantirait que les futures réformes ne soient pas de vaines promesses, mais le fruit d’une « volonté réelle de transformation ».
Le FRAPP rappelle enfin que « la confiance se construit et s’entretient par les actes. »
GUINÉE-BISSAU, EMBALÓ FIXE L’ÂGE MINIMUM DU MARIAGE À 25 ANS
Lors d’un rassemblement populaire dans le sud du pays, le président a annoncé que tout mariage contracté avant cet âge sera désormais considéré comme un acte de pédophilie.
Le président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, a annoncé ce mardi un durcissement sans précédent de la législation sur le mariage. Désormais, l’âge minimum légal pour se marier est fixé à 25 ans, a-t-il déclaré lors d’un rassemblement populaire tenu à Guiledje, dans le sud du pays, dans le cadre de sa « présidence ouverte », DW.
« Tout mariage contracté avant cet âge sera considéré comme un acte de pédophilie », a averti le chef de l’État, appelant à une mobilisation nationale contre les mariages précoces. Une déclaration forte dans un pays où, selon les ONG, le sud reste l’une des zones les plus touchées par les unions forcées de jeunes filles, parfois dès l’âge de 13 ans.
Sissoco Embaló a insisté sur le fait que les enfants et les jeunes doivent être orientés vers l’école, non vers le mariage « avant leur heure ». Allant plus loin, il a également visé les femmes adultes qui épousent de jeunes hommes de moins de 25 ans, les qualifiant elles aussi de « pédophiles ».
Actuellement, le Code civil de la Guinée-Bissau fixe l’âge minimum légal du mariage à 16 ans. Mais dans les faits, les pratiques traditionnelles persistent dans plusieurs communautés rurales. Avec cette annonce, le président entend rompre avec les usages et lancer une réforme sociétale majeure pour la protection des mineurs.
par Rama Salla Dieng
FATOU SOW, UNE CONTRIBUTION AUX BALBUTIEMENTS DE L’ÉCOFÉMINISME EN AFRIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - La sociologue sénégalaise a développé une analyse intersectionnelle rigoureuse qui, de l'accès à la terre aux dynamiques socio-économiques, invite à une constante "pratique du soupçon" face aux reculs potentiels des acquis féministes
Dans un entretien de 2022, Professeure Fatou Sow révélait que le grand enjeu de l’heure est selon elle, la remontée des fondamentalismes religieux, culturel et politique et un retour en arrière sur les acquis des femmes avec la résurgence de conservatismes de divers ordres aussi bien dans les pratiques que dans les discours actuels.
La féministe qui est l’objet d’un symposium international cette semaine à Dakar révèle aussi que le début de son engagement se situe dans les années 85-86, dans l’université africaine au moment où émerge la question de comment africaniser l’enseignement et rompre avec le modèle français. Je n’ai pu suivre encore les vidéos des échanges, me trouvant au Brésil, mais je souhaite apporter un écho comme un “aawu” à la celebration des soeurs réunies à Dakar: un témoignage personnel, d’une chercheure à une autre, d’une soeur féministe à son aînée qui fut récemment au centre d’un entretien intitulé, “le livre des sciences est un livre ouvert”. En parcourant le programme soigneusement concocté, je pense qu’une huitième leçon n’aurait pas été de trop, qui aurait porté sur la contribution de Fatou Sow à l’émergence d’une recherche sur l’écoféminisme en Afrique.
En effet, l’un des travaux de la sociologue qui m’a le plus marquée (et il y en a beaucoup!) fut son étude sur “Femmes et Tenure Foncière” en Afrique. Cette étude qu’elle mena depuis de l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN) de l’Université Cheikh Anta Diop, avec un financement du Centre de Recherche sur le Développement International (CRDI) offre une analyse comparative exhaustive du régime foncier lebu-wolof-sereer et du régime foncier joola suivi par un examen de la transition du droit foncier colonial à la loi sur le domaine national. Nulle surprise alors qu’elle inspira les travaux de plusieurs jeunes chercheurs (alors) comme Ngoné Diop Tine et Mouhamadou Sy en 2003, Professeures Fatou Diop Sall et Ramata Molo Thioune en 2012, et d’autres j’en suis sûre, comme Dre Oumoul Khairy Coulibaly et moi-même.
La contribution de Fatou Sow à l’écologie est aussi contenue dans un ouvrage collectif de 2002 coordonné par Jules Falquet dans la collection Femmes et Changement de l’Harmattan et intitulé “Écologie: Quand les femmes comptent”.
Son analyse écoféministe du politique, on la retrouve aussi dans l’introduction à l’ouvrage du CODESRIA: “Genre et dynamiques socio-économiques et politiques en Afrique” que la sociologue a coédité avec la défunte Ndèye Sokhna Guèye. En effet, la sociologue articule une analyse intersectionnelle des rapports sociaux de classe et de genre qui affecte l’accès à et la gestion des ressources naturelles et l’échange inégal entre pays” “À la manière des altermondialistes qui accusent la force du marché, la privatisation des ressources naturelles, forestières ou minières, sources incomparables de richesse des pays, les rapports déséquilibrés de pouvoir entre le marché et l’État, en partie marchandisé, les femmes dénoncent les maux qu’elles subissent de cette situation dans leur vie quotidienne”, page 15.
Dans nos derniers échanges sur Whatsapp, la sociologue n’a pas manqué de poursuivre son analyse rigoureuse de faits sociaux et politiques récents en apportant un argumentaire poussé sur l’importance de rester alerte pour ne pas perdre les acquis des luttes féministes. Ce faisant, la sociologue continue de nous inviter à adopter une pratique constant du soupçon à l’instar de la défunte philosophe Aminata Diaw Diagne. En effet, celle-ci formule la même invitation dans son chapitre de 2019 dans l’ouvrage “La Recherche Féministe en Afrique Francophone coordonné par Fatou Sow et intitulé: “Silences du politique et paresse de l’Académie. Plaidoyer pour une recherche féministe”, car selon elle, cette pratique du soupçon peut se révéler fertile car elle “peut nous faire entrevoir comment des instruments théoriques, des objets censés être asexués, comment des êtres censés être de raison, surtout de la droite raison et se référant à l’universel, nous font reproduire par paresse et par confort intellectuel nos propres préjugés, c’est-à-dire l’idéologie dominante.”
PS: personne ne m'a demandée d'écrire cette contribution: Fekke ma ci boole.
Bibliographie indicative
Falquet, J. (Ed.) et al, 2002, Écologie: Quand les femmes comptent, collection Femmes et Changement, l’Harmattan.
Sow, F., 1992, Femmes et Tenure Foncière au Sénégal, IFAN, Université Cheikh Anta Diop
SOW, Fatou,. 2009. La recherche féministe francophone Langue, identités et enjeux. Paris : Karthala. « Hommes et sociétés », p.686.
Sow F., Guèye N.S., 2011, Genre et dynamiques socio-économiques et politiques en Afrique, Dakar, Sénégal: CODESRIA, Conseil pour le Développement de la Recherche en Sciences Sociale en Afrique (coll. « Codesria Gender Series »).
Sow, F.. 2018. Genre Et Fondamentalismes. Dakar, Sénégal: CODESRIA, Conseil pour le Développement de la Recherche en Sciences Sociale en Afrique.
CHRONIQUE D'UNE HÉCATOMBE DE FEMMES
De janvier à mai, sept femmes ont perdu la vie dans des circonstances tragiques. Ces crimes brutaux, souvent commis par des proches des victimes, révèlent une réalité troublante que la société sénégalaise doit désormais affronter
L'année 2025 s’illustre tristement au Sénégal par une série de drames conjugaux et familiaux, plaçant la question des violences faites aux femmes et des féminicides au cœur de l'actualité et du débat public. De janvier à mai, sept vies de femmes ont été brutalement fauchées, laissant derrière elles des familles endeuillées et une société sous le choc. ‘’EnQuête’’ fait une rétrospective sur ces tragédies qui ont marqué les premiers mois de l'année.
Retour sur les meurtres de Diary Sow, Yamou Ndiaye et Sadel Sow
La nouvelle année avait à peine commencé que l'horreur s'invita dans le quotidien des Sénégalais. En effet, dans la nuit du 31 décembre 2024 au 1er janvier 2025, la jeune Souadou Sow dite ‘’Diary’’, âgée de seulement 12 ans, perdait tragiquement la vie. Si les circonstances exactes de son décès restent sujettes à l'enquête, l'arrestation d'un homme d'une trentaine d'années, qui a reconnu l'avoir tuée sous l'emprise de la drogue tout en niant une tentative de viol, a jeté une lumière crue sur la vulnérabilité des jeunes filles face à la violence. Les résultats des enquêteurs chargés de cette affaire ont attesté que le décès est dû à une asphyxie mécanique par strangulation manuelle associée à une hémorragie méningée causée par un traumatisme par objet contondant, sans lésions périnéales récentes. Un prélèvement vaginal systématique a également été effectué pour frottis. Un certificat d'inhumation a été délivré, à la demande de la famille éplorée.
L'affaire, qui a défrayé la chronique durant plusieurs jours, a ravivé les inquiétudes concernant la sécurité des enfants et la nécessité d'une protection accrue.
Quelques jours plus tard, la ville de Touba était secouée par un drame d'une autre nature, mais tout aussi tragique. Yamou Ndiaye, mère de quatre enfants, était poignardée à mort par son propre beau-frère, lors d'une dispute apparemment anodine concernant une pelle de ménage. La rapidité avec laquelle l'altercation avait dégénéré en meurtre laissait une communauté sous le choc. Les informations relayées dans la presse révélaient que le meurtrier présumé était un jeune homme d'une vingtaine d'années souffrant de troubles mentaux.
Ce drame tragique a relancé le débat crucial sur la gestion des troubles mentaux au sein des familles et la nécessité d'un soutien psychologique adéquat pour prévenir de tels actes irréparables.
Quelques semaines plus tard, en fin janvier 2025, une autre affaire macabre venait secouer le pays. À Yang Yang, dans le département de Linguère, un berger du nom de G. Sow avouait un crime d'une sauvagerie inouïe : le meurtre de sa propre femme, Sadel Sow, dont le corps avait été retrouvé démembré. Selon les informations, le quinquagénaire, père de sept enfants, aurait attiré sa femme sous un prétexte avant de commettre l'irréparable. Il avait avoué son crime en ces termes : ‘’C’est moi qui l’ai tuée. Je l’ai découpée en morceaux. Cependant, j’ai agi sous la dictée de Satan.’’ Sa tentative d'expliquer son acte par une prétendue possession démoniaque n'a fait qu'ajouter à l'effroi suscité par cette tragédie. Un acte qui a plongé tout un village dans la stupeur.
Double tragédie en avril : meurtres de femmes à Keur Ndiaye Lo et à Linguère
Le mois d'avril a également été marqué par des actes de violence mortelle au sein du cercle familial. Au début du mois avril, Keur Ndiaye Lo était le théâtre d'un crime odieux. Kindy Bah, originaire de la Guinée, une femme de ménage de 36 ans, mère de deux enfants, était découverte sauvagement assassinée au domicile de ses employeurs. La violence des coups portés, notamment au cou, et l'absence de vol ont rapidement orienté l'enquête vers un mobile plus sinistre, évoquant une possible tentative de viol ayant mal tourné. Jusque-là, les auteurs de cet acte restent introuvables.
Alors que le meurtre de cette femme défrayait la chronique, en mi-avril, dans le département de Linguère, un homme de 79 ans avouait le meurtre de sa belle-sœur nonagénaire. Aly Dia a été arrêté et déféré devant le parquet de Louga, accusé du meurtre de sa belle-sœur Diène Dia, une femme de 90 ans.
Dans un récit troublant, le mis en cause a tenté d'expliquer son geste par des provocations répétées de la part de la victime. Il aurait déclaré que sa belle-sœur l'insultait de manière persistante. Le bourreau a affirmé avoir émis des avertissements préalables, mais que les provocations auraient finalement dépassé le seuil de sa tolérance, le poussant à commettre l'irréparable. Le mise en cause aurait même exprimé sa propre surprise face à la violence de son acte, confessant ‘’ne pas comprendre ce qui l’avait poussé à une telle extrémité’’.
Mai sanglant au Sénégal : deux féminicides en moins d'une semaine
Le mois de mai a été particulièrement éprouvant, avec la survenue de plusieurs féminicides qui ont ravivé la douleur et la colère face à la persistance de la violence masculine contre les femmes. Un nouveau féminicide vient endeuiller le Sénégal, cette fois dans le village de Ndiouwar, près de Fatick. Marie-Louise Ndour, une femme de ménage de 41 ans et mère de quatre enfants, est abattue en plein jour par son mari Mouhamed Diouf, un ancien militaire de 46 ans. Le drame s'est déroulé sous les yeux de la mère de la victime, suite à une dispute conjugale survenue la nuit précédente. La rancune et la haine avaient conduit à un acte d'une violence extrême. L'homme avait quitté le domicile avant de revenir armé et d'ôter la vie à sa femme d'une balle en pleine poitrine. La réaction de la communauté locale, submergée par l'horreur, fut immédiate et violente : Mouhamed Diouf est lynché par les habitants avant d'être secouru in extremis par les gendarmes.
Ce drame, qui a laissé quatre enfants orphelins, soulignait une fois de plus la spirale de violence qui peut s'installer au sein des couples et les conséquences tragiques qui en découlent. Ce crime intervient suite à un autre perpétré il y a moins d’une semaine.
La commune de Joal était endeuillée par un féminicide d'une brutalité glaçante. Serigne Fallou Diop, un maçon, passait à l'acte après cinq années de vie commune avec Fatou Guèye. Rongé par une jalousie maladive et la suspicion d'infidélité, il a étranglé sa femme dans son sommeil. L'horreur ne s'arrêtait pas là : l'homme restait allongé aux côtés du corps sans vie jusqu'au matin, dans une tentative macabre de faire croire à une mort naturelle. La vigilance des voisins, alertés par son comportement étrange, a permis de découvrir la vérité. Les aveux glaçants de Serigne Fallou, justifiant son acte par ses soupçons et la confirmation de la mort par strangulation lors de l'autopsie, ont plongé la communauté de Santhie 2 dans une consternation totale.
Une femme ou une fille tuée toutes les 10 minutes par un proche, selon ONU Femmes
Le dernier rapport sur les féminicides publié en novembre 2024 révèle que 60 % des meurtres de femmes sont commis par un partenaire intime ou un autre membre de la famille. En moyenne mondiale, une femme ou une fille est assassinée toutes les dix minutes par son partenaire intime ou un autre membre de sa famille. D'après l'étude, l'Afrique enregistre les taux les plus élevés en 2023, suivie des Amériques et de l'Océanie. ONU Femmes et l'ONUDC appellent à une action urgente et coordonnée, incluant des lois robustes, une meilleure collecte de données et un engagement mondial pour éradiquer cette violence avant le 30e anniversaire du Programme d'action de Beijing en 2025. Les agences onusiennes soulignent la nécessité de renforcer la justice pénale, de soutenir les survivantes et de démanteler les inégalités de genre et les normes sociales néfastes qui alimentent ces crimes.
Un crime lié au genre, fruit d'inégalités et de discriminations, selon les experts
Le féminicide, défini par ONU Femmes comme l'homicide volontaire motivé par le sexe de la victime, représente la forme la plus extrême de violence à l'égard des femmes et des filles. Contrairement à un homicide classique où le mobile peut être divers, le féminicide est intrinsèquement lié à la discrimination, aux rapports de force inégaux, aux stéréotypes de genre et aux normes sociales préjudiciables. Cette violence ultime s'inscrit dans un continuum de maltraitances multiples, qu'elles se manifestent au sein du foyer, sur le lieu de travail, à l'école ou dans l'espace public, incluant la violence conjugale, le harcèlement sexuel, les pratiques néfastes et la traite des êtres humains.
Si les statistiques actuelles sur les féminicides sont alarmantes, l'Organisation des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et ONU Femmes soulignent que ces chiffres ne représentent que la partie émergée de l'iceberg.
En effet, près de quatre meurtres intentionnels de femmes et de filles sur dix ne peuvent être catégorisés comme féminicides en raison des disparités dans les systèmes nationaux de recensement et d'enquête des justices pénales. Pour appréhender l'ampleur réelle de ce fléau et y apporter des réponses efficaces, ils estiment la nécessité de disposer de données exhaustives et ventilées. Dans cette optique, l'ONUDC et ONU Femmes ont conjointement élaboré un cadre statistique pour la comptabilisation des meurtres de femmes et de filles liés au genre, communément appelés "féminicides", qui a été approuvé par la Commission statistique des Nations Unies en mars 2022. Derrière chaque statistique se cache une vie brutalement interrompue par la violence masculine, la misogynie et les normes sociétales qui tolèrent et perpétuent la violence à l'égard des femmes et des filles.
Cependant, les experts de l'ONUDC et d'ONU Femmes insistent sur le fait que les meurtres liés au genre et les autres formes de violence envers les femmes et les filles ne sont pas une fatalité. “Le féminicide est souvent l'aboutissement d'une escalade de violence fondée sur le genre, ce qui signifie qu'une intervention précoce et efficace est essentielle pour le prévenir. Les initiatives axées sur la prévention primaire, la modification des normes sociales et l'engagement de l'ensemble des communautés pour instaurer une tolérance zéro face à la violence envers les femmes sont considérées comme les plus efficaces pour enrayer ces homicides”, souligne ONU Femmes. Les experts estiment que les forces de l'ordre et le système judiciaire ont un rôle primordial à jouer en accordant “crédibilité et soutien” aux survivantes, en répondant promptement aux signalements de violence et en sanctionnant les auteurs afin de mettre fin à l'impunité.
“Trop souvent, les victimes de féminicide avaient déjà signalé des violences et leur mort aurait pu être évitée. Une approche prometteuse pour améliorer les réponses institutionnelles consiste en des examens approfondis des meurtres liés au genre, impliquant les familles et les communautés, afin d'identifier les lacunes et de mettre en place des réformes préventives”, concluent les experts.
LES BARRIÈRES NON TARIFAIRES FREINENT TOUJOURS LE COMMERCE RÉGIONAL
Procédures complexes, inspections redondantes et manque d’harmonisation continuent de ralentir la libre circulation des produits agro-sylvo-pastoraux malgré les outils communautaires comme le certificat phytosanitaire harmonisé.
Les barrières non tarifaires demeurent “des goulots d’étranglement majeurs pour le commerce transfrontalier” entre les pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a déploré, mardi, à Dakar, le coordonnateur national du Programme de résilience du système alimentaire en Afrique de l’Ouest (FSRP).
”Les barrières non tarifaires, telles que les procédures complexes, les exigences d’inspection redondantes et les réglementations parfois incohérentes, restent des goulots d’étranglement majeurs pour le commerce transfrontalier”, a déclaré Mouhamadou Lamine Dia.
Il prenait part à un atelier de sensibilisation des acteurs du commerce transfrontalier sur le certificat phytosanitaire harmonisé et les autres dispositions communautaires comme outils de facilitation du commerce intrarégional des produits agro-sylvo-pastoraux.
Selon le coordonnateur national du Programme de résilience du système alimentaire en Afrique de l’Ouest, “plusieurs obstacles persistent et empêchent les pays de la CEDEAO d’exploiter pleinement le potentiel du commerce régional”.
”Ces obstacles sont multiples et englobent entre autres les déficits d’infrastructures, les barrières tarifaires et non tarifaires”, a énuméré Mouhamadou Lamine Dia.
Il estime que les pays membres de l’espace CESEAO doivent travailler pour arriver à un commerce transfrontalier “plus fluide, plus sûr et plus équitable”.
“La commercialisation des produits de l’agriculture et de l’élevage originaires de l’espace communautaire est négativement impactée par des entraves liées […] à l’utilisation du certificat phytosanitaire harmonisé le long des corridors commerciaux, freinant par conséquent la circulation de ces produits des zones de production vers les zones de consommation”, a-t-il déploré.
Il signale que c’est dans ce sens que le Programme de résilience du système alimentaire en Afrique de l’Ouest (PRSA/FSRP), à travers sa composante relative à l’intégration régionale des marchés alimentaires et du commerce, vise à faciliter le commerce à travers les principaux corridors.
M. Dia préconise, en collaboration avec la CEDEAO, la mise en place d’un mécanisme de tableau de bord du commerce et du marché agricole, tout en accompagnant l’harmonisation des politiques régionales de commerce agricole.
Toutes ces politiques et stratégies devrait, à ses yeux, contribuer à “réduire les barrières commerciales et harmoniser les normes sanitaires et phytosanitaires, en vue de faciliter la libre circulation des produits agricoles”.
Justin Bayili, consultant à la commission de la CEDEAO dans le cadre du Programme résilience des systèmes alimentaires, a abondé dans le même sens, en mettant l’accent sur les différentes activités mises en place pour lever les contraintes dans les échanges entre les pays membres.
Il s’agit notamment du “schéma de libéralisation des échanges de la CEDEAO qui est l’outil principal adopté par les Etats membres pour assurer une zone de libre échange dans les 15 Etats membres” de l’organisation, a expliqué M. Bayili.
Il a annoncé qu’un guide d’inspection sanitaire sera présenté à partir de mercredi à un groupe d’inspecteurs sénégalais identifiés, avec l’appui du programme et des autorités, pour les former à l’inspection sanitaire.
Mbaye Chimère Ndiaye, secrétaire général de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar (CCIAD), a pour sa part a salué le thème de cet atelier, à la fois “stratégique et porteur” pour l’avenir du commerce régional.
“Le commerce transfrontalier représente une composante essentielle de notre économie, en particulier pour les produits agricoles, qui constituent une part importante des échanges entre pays voisins”, a-t-il indiqué.
Il a rappelé que les produits agricoles sont soumis à des exigences sanitaires strictes destinées à protéger la santé des consommateurs et la biodiversité locale.
“Dans ce cadre, le certificat phytosanitaire harmonisé [..] s’impose comme un outil crucial. Il vise à simplifier les procédures, à renforcer la transparence et à faciliter la circulation des produits, tout en garantissant leur conformité aux normes internationales”, a-t-il souligné.
L’harmonisation de ces documents entre les pays membres va constituer “un véritable levier de compétitivité” pour les opérateurs économiques, et un facteur de réduction des coûts et des délais au niveau des frontières, a ajouté Mbaye Chimère Ndiaye.
Il considère que la réussite de cette réforme régionale dépend des acteurs notamment les commerçants, les chauffeurs, les transporteurs et les industriels qui doivent s’approprier les outils mis en place.