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7 juin 2025
PAR MATEL BOCOUM
SUR DES NOTES DISCORDANTES
Ma cousine Anta est une adepte de l’abstinence. Elle est fière de pouvoir se préserver, considérant son corps comme un joyau à garder jalousement. Sa sœur Fatou, elle, opte pour le mariage, garant, selon elle, de sa dignité et de son équilibre.
Ma cousine Anta est une adepte de l’abstinence. Elle est fière de pouvoir se préserver, considérant son corps comme un joyau à garder jalousement. Sa sœur Fatou, elle, opte pour le mariage, garant, selon elle, de sa dignité et de son équilibre. On a beau lui dire qu’elle vit dans une cage dorée, elle reste sur ses principes et assume ses choix. Leur cadette Bineta, qui a toujours revendiqué une liberté d’agir, opte pour le concubinage. D’un esprit révolutionnaire, elle remet en cause le statu quo érigé par des normes sociales.
Chacune d’elle essaie d’avancer des arguments valables pour justifier sa position. Anta, qui s’érige contre l’anarchie sexuelle et la promotion de l’obscénité, se plaît dans sa situation malgré les étiquettes de femme coincée qui lui sont collées. Bineta aussi trouve son bonheur dans le mariage même s’il bat de l’aile. Elle préfère le préserver et éviter ainsi la rupture familiale. Leur cadette Fatou a fait le choix d’une vie plus audacieuse. Taxée de tous les noms d’oiseaux, elle a choisi de peindre sa vie selon ses goûts et envies. C’est sa façon à elle de s’affranchir du joug machiste. Chacune y va à ses risques et périls.
Anta, Bineta et Fatou illustrent, à quelques égards, autres, la diversité de profils dans le mouvement féminin. Leurs exemples rappellent, parmi d’autres, que l’univers n’a jamais constitué un bloc homogène. Il évolue et se meut dans la diversité, le pluralisme, voire la pluralité. Le féminisme n’a pas dérogé à cette règle. Il a toujours été porté par une multitude de profils avec un discours pluriel. Chaque partie essaie d’ouvrir une perspective plus large en opérant sur son terrain social.
La dissemblance se mêle souvent à l’antagonisme conduisant naturellement à des positions divergentes. Mais l’expérience a montré que les plus calées ont su laisser des traces indélébiles pour avoir su prendre de la hauteur. Elles font étalage de leur élégance et leur grandeur en exprimant leur désaccord avec courtoisie. Elles ont compris que le choc d’idées et la confrontation redynamisent la pensée, que l’uniformité ne pourra jamais être érigée en règle dans les sociétés humaines.
Des femmes ont remis en cause des théories et contribué aux transformations sociales avec l’idée que l’indécence, sous ses différentes expressions, est contreproductive. Qu’il est important d’accepter l’autre dans sa différence et de garder les racines de son identité. Les propos de l’universitaire Makhtar Diouf ont toute leur portée. « Chacun façonne ce qui lui semble être vrai ou juste, il n’existe pas de vérité absolue, de déterminisme, chacun est le seul maître de ses croyances, chacun est un choix absolu de soi, bref l’être humain est libre et liberté ». Des incursions dans les différentes branches de féministes montrent cette réalité. Elles n’ont pas toujours les mêmes motivations et les mêmes approches.
Ses écrits renseignent qu’il est arrivé que « des féministes radicales dénoncent toutes les femmes qui ne partagent pas leurs convictions, comme des ennemies féministes, implicitement consentantes pour le viol des femmes ». D’autre part, « le féminisme lesbien a aussi été critiqué du côté de la gauche féministe qui lui reproche de réduire toute l’oppression des femmes à un problème sexuel, laissant de côté le contexte socio-économique, ignorant les différences de condition sociale entre femmes, or toutes les femmes n’ont pas les mêmes intérêts et les mêmes besoins ».
Toute une dissertation est servie de part et d’autre, mais, quel que soit leur courant, toutes ont dénoncé en chœur, la fréquence du féminicide. Présenté comme un homicide volontaire dont le mobile est lié au sexe de la victime, il met à nu les pouvoirs démesurés octroyés à l’homme dans certaines sociétés. Mais en taisant des égos et en se constituant en bloc, il est bien possible de soulever des montagnes et d’arrêter la furie dévastatrice de certains mâles. Ils aiment surfer sur des notes discordantes…
ISMAÏLA MADIOR FALL SOUS BRACELET ÉLECTRONIQUE
L’ancien ministre de la Justice a également été assigné à domicile par la Haute cour de justice. Il est poursuivi pour des accusations de corruption liés à l'attribution d'un marché public estimé à 250 millions de francs CFA
L’ancien garde des Sceaux, ministre de la Justice, Isamaila Madior Fall, a été placé sous bracelet électronique, avec assignation à domicile, mardi, à l’issue de sa comparution devant la commission d’instruction de la Haute Cour de justice, ont indiqué plusieurs médias.
Il est poursuivi pour une affaire présumée de corruption et de détournement de deniers publics, suite à des accusations du promoteur immobilier Cheikh Guèye, qui affirme lui avoir remis en espèces un acompte de 50 millions de francs CFA sur un montant total de 250 millions de francs CFA.
Selon ce dernier, le ministre lui aurait exigé le versement de cette somme pour bénéficier de l’attribution d’un marché public relatif à la construction d’un Centre de surveillance électronique au tribunal de Pikine-Guédiawaye.
Le promoteur immobilier a ajouté que le versement a eu lieu en présence du directeur des Constructions publiques, Mohamed Anas El Bachir Wane. Ils ont tous deux étaient placés en garde à vue par la Direction des investigations criminelles.
Ismaila Madior Fall est le deuxième ancien ministre du régime de Macky Sall ( 2012-2024) a comparaître devant la commission d’instruction de la haute cour de justice, après l’ancienne ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des enfants, Ndèye Saly, placée hier sous contrôle judiciaire après le paiement d’une caution de 57 millions de francs CFA.
Bénéficiant du privilège de juridiction, les anciens ministres sont jugés, selon l’article 100 de la Constitution, par cette juridiction en cas d’infractions graves commises dans l’exercice de leurs fonctions.
La Haute cour de justice a été installée le 28 décembre 2024 par l’Assemblée nationale après un vote des députés.
Elle est composée de huit membres titulaires et de huit suppléants, tous des députés, et est présidée par le Premier président de la Cour suprême, assisté par le président de la Chambre pénale de cette même cour.
Le procureur général près la Cour suprême, épaulé par le Premier Avocat général, y représente le ministère public.
ISMAÏLA MADIOR FALL DEVANT LA HAUTE COUR DE JUSTICE
L’ancien ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, comparaît ce mardi devant la Commission d’instruction de la Haute Cour de justice. Il est poursuivi pour corruption passive et concussion dans le cadre d’un marché public.
Au lendemain de l’audition de l’ex-ministre Ndèye Saly Diop Dieng, l’ancien ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, comparaîtce mardi devant la Commission d’instruction de la Haute Cour de justice. Il est poursuivi pour corruption passive et concussion dans le cadre d’un marché public relatif à la construction d’un Centre de surveillance électronique au tribunal de Pikine-Guédiawaye.
Les accusations émanent du promoteur immobilier Cheikh Guèye, qui affirme avoir remis en espèces 50 millions de FCFA à Ismaïla Madior Fall. Ce montant aurait été un acompte sur un total de 250 millions de FCFA supposément exigé pour l’attribution du marché. Le versement aurait eu lieu en présence du directeur des Constructions publiques, Mohamed Anas El Bachir Wane.
Dans ses explications publiques, l’ex-Garde des Sceaux a nié toute malversation, soutenant qu’il s’agissait d’un « don gracieux » qu’il aurait immédiatement refusé et restitué. Il affirme également que le contrat a été résilié du fait du non-paiement du solde et que les fonds perçus ont été restitués.
Cheikh Guèye et Mohamed Wane ont été placés en garde à vue par la Division des investigations criminelles (DIC), dans le cadre de l’enquête en cours. La Commission d’instruction devra désormais faire la lumière sur cette affaire, dont les enjeux touchent à l’intégrité de la gestion des marchés publics et à la moralisation de la vie publique au Sénégal.
LE SAES LANCE UN NOUVEL AVERTISSEMENT AU GOUVERNEMENT
Face au retard dans l’application du décret visant à corriger les inégalités dans le traitement des enseignants du supérieur, le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur annonce une reprise imminente de sa mobilisation.
Face à l’"inaction" du gouvernement et à la non-application du décret censé rétablir l’équité dans le traitement des enseignants du supérieur, le Syndicat autonome de l'enseignement supérieur (SAES) annonce une nouvelle phase de mobilisation dans les jours à venir.
Le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (SAES) hausse le ton. Lors d’une déclaration sur RFM, son Secrétaire général, David Célestin Faye, a dénoncé l’inaction du gouvernement et le non-respect des engagements pris dans le protocole d’accord du 6 janvier 2023.
« Le ministre n’a pas ouvert les négociations, contrairement à ce qui avait été convenu. Le décret censé rétablir la justice est toujours sans effet. Voilà trois mois que nous attendons, mais rien ne bouge. Dans les semaines à venir, nous allons reprendre la lutte », a martelé David Célestin Faye.
Le SAES appelle donc ses membres à se mobiliser massivement pour faire entendre leurs revendications et exiger l’application sans délai du décret signé par les autorités.
DIALOGUE NATIONAL, KHALIFA SALL APPELLE À UNE DÉMARCHE PLUS INCLUSIVE
Le coordonnateur du Front pour la Défense de la Démocratie et de la République (FDR) insiste sur l’importance d’une méthode fondée sur l’écoute directe de chaque entité politique pour garantir la crédibilité de la concertation.
Khalifa Ababacar Sall, coordonnateur du Front pour la Défense de la Démocratie et de la République (FDR), a réagi à l’invitation au dialogue national adressée par le ministère de l’Intérieur. Dans un communiqué rendu public ce mardi, l’ancien maire de Dakar a accusé réception de la lettre officielle, tout en appelant l’État à assumer pleinement ses responsabilités dans la conduite d’un processus réellement inclusif.
Sans rejeter ouvertement l’initiative, Khalifa Sall a pris soin de rappeler l’importance de la méthode dans la construction d’un dialogue crédible. « Nous vous invitons à saisir directement les différentes entités politiques », suggère le communiqué, appelant ainsi les autorités à approcher individuellement chaque formation politique, au lieu de se contenter d’une démarche globale ou impersonnelle.
Cette sortie du leader du FDR met en lumière les attentes d’une frange de l’opposition sur la nécessité d’une concertation élargie, équitable et transparente, condition sine qua non pour restaurer la confiance entre les acteurs politiques et les institutions de l’État.
PLUS DE 35 MILLIARDS FCFA D’AVOIRS CRIMINELS RECOUVRÉS PAR L’ONRAC
Cette annonce a été faite mardi par le magistrat Mor Ndiaye, lors d’un atelier de sensibilisation organisé à Dakar pour renforcer l’implication des organisations de la société civile dans la gestion des avoirs mal acquis.
L’Office national de recouvrement des avoirs criminels criminels (ONRAC) a recouvré plus de 35 milliards FCFA entre 2022 et 2025, a t-on appris, mardi, son directeur général, le magistrat Mor Ndiaye.
”L’ONRAC (….) a été créé le 23 juillet 2021, et cette structure est devenue opérationnelle déjà en mars 2022. Et depuis lors, les avoirs qui ont été recouvrés peuvent être estimés à peu près à plus de 35 milliards FCFA. Donc, c’est le travail inestimable qui a été fait jusque-là’’, a dit Mor Ndiaye.
Il s’exprimait lors d’un atelier national de sensibilisation et de plaidoyer des organisations de la société civile (OSC) sur le recouvrement et la gestion des avoirs au Sénégal.
Le Groupe d’action intergouvernemental contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) a accordé une subvention à l’ONG action humaine pour le développement intégré au Sénégal (AHDIS), pour organiser une campagne nationale de sensibilisation et de plaidoyer visant à mobiliser les organisations de la société civile autour des enjeux liés au recouvrement et à la gestion des avoirs mal acquis.
Le DG de l’ONRAC a rappelé que les avoirs criminels sont tous les avoirs saisis, confisqués dans le cadre d’une procédure pénale.
”La criminalité ici ne renvoie pas à l’infraction criminelle dans son sens, je veux dire, dans la catégorisation des infractions, mais ici ça renvoie à son sens pénal. L’acceptation criminelle ici renvoie au sens pénal du terme (…)’’, a-t-il précisé.
Concernant les difficultés à recouvrer les avoirs criminels surtout ceux logés à l’étranger, il a expliqué qu’il y a des bases de données qui permettent d’avoir ces informations.
”Il y’a une panoplie de dispositifs qui est mise en place et qui permet justement à nos acteurs qui sont impliqués de procéder au recouvrement des avoirs sur le plan international. Je dis très souvent qu’il est plus facile d’aller toucher et d’avoir les informations sur le plan international, parce que dans la plupart de ces pays il y a tout un dispositif de traçage’’, a-t-il aussi soutenu.
Pour sa part, Amacodou Diouf, de l’ONG action humaine pour le développement intégré au Sénégal (AHDIS), a affirmé que cet atelier sera organisé dans les autres régions pour informer les populations sur la problématique du recouvrement.
”A la suite de l’atelier de Dakar, certainement nous allons dans les autres régions du Sénégal où on pourra discuter avec les communautés à la base, les décideurs locaux et les autres organisations de la société civile autour de la problématique du recouvrement. Nous sommes convaincus que les organisations de la société civile peuvent faire quelque chose dans le cadre du recouvrement au-delà de la sensibilisation, à travers la participation dans le cadre de la formulation de certaines politiques, de certaines stratégies en la matière”, a t-il déclaré.
Plusieurs institutions nationales ont pris part à cet atelier notamment la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC), entre autres.
par Ly-Tall Aoua Bocar
DAKAR, CAPITAL DU FÉMINISME DU 15 AU 17 MAI 2025
EXCLUSIF SENEPLUS - Ce Symposium international en honneur à Fatou Sow est la moisson d’une œuvre de plus de cinq décennies. La forte participation masculine montre que le féminisme n’est pas un problème de femmes, mais de société
Du 15 au 17 mai 2025, la capitale sénégalaise, Dakar a vibré au rythme du féminisme dont les tambours s'élevaient du haut du Musée des Civilisations Noires Africaines de Dakar (MCN) non loin du Grand Théâtre national. Cette rencontre internationale dénommée ‟Symposium international sur La Démocratie au Féminin" était également un événement en l'honneur de la Professeure Fatou Sow", la première sociologue sénégalaise et même ouest-africaine.
Avec une longue trajectoire d'enquêtrice, de chercheure, d'enseignante, de conférencière internationale, d'encadreuse et de formatrice des étudiant-E-s, de collaboratrice avec des Centres et d'institutions de recherche, etc. Fatou Sow est l'auteure de nombreux ouvrages (15) et articles (9) qu'elle a écrits et/ou coécrits, axés principalement sur la question du genre.
Ce Symposium international à son honneur était en fait la moisson d’une œuvre de plus de cinq (5) décennies. Car, professeur Sow a opéré méthodiquement à la transmission de son savoir durant des décennies. Avec stratégie, pédagogie et générosité elle a formé de façon directe et indirecte (par ses ouvrages) plusieurs jeunes dames et même des jeunes gens au féminisme africain.
Des thématiques capitales pour le développement de la pensée scientifique et l'éclairage des esprits sur les problématiques des rapports sociaux femmes/hommes sur le continent africain y ont été discutées, certes avec passion, mais dans la sérénité et le respect mutuel. Parmi celles-ci, "L'apport de Fatou Sow à la pensée africaine contemporaine" qui a été brillamment développée par des chercheur-e-s majoritairement hommes. En effet, à côté des professeures Ndéye Astou Ndiaye et Amina Mama, messieurs Mamadou Diouf (USA), Ébrima Sall (Trust Africa Sénégal), Achille Mbembe (Fondation de l'innovation pour la démocratie, Afrique du Sud) ont relaté, souvent avec humour leurs premières rencontres avec la féministe. Ils ont mis en exergue ses riches contributions à la pensée africaine et même internationale, surtout, en qui concerne le genre, les rapports sociaux de sexe, les inégalités de genre, etc. Parmi ceux qui étaient présents, on peut mentionner les noms des professeurs Abdoulaye Élimane Kane, philosophe et Abdoulaye Bathily, historien, tous deux anciens ministres. Bien d’autres hommes de valeur et de jeunes gens étaient là. Cette présence masculine de qualité montre que le féminisme n’est pas un problème de femmes, mais de société.
Cependant, la professeurE Fatou Sow n'est pas seulement dans la pensée et l'écrit, c'est aussi une femme d'action, une chercheure de terrain. C'est de ce dernier statut que sont nés nos liens et notre collaboration de plus de 40 ans. Le Sénégal venait de créer le Secrétariat à la Condition féminine placé sous la direction de madame Maĩmouna Kane. Elle confia à Fatou Sow la collecte de données de terrain sur lesquelles s'appuyer pour élaborer le plan d'action de son Secrétariat. Vu que le Fouta (département de Matam et de Podor) était la zone qui lui était affectée, elle cherchait une enquêtrice qui parle pulaar/peulh. Pour je ne sais quelle raison, son choix se porta sur moi. J’étais alors une jeune étudiante qui débutait ses études au département de philosophie de l’Université de Dakar (actuelle Cheikh Anta Diop). Nous traversâmes le Fouta de long en large allant de village à village, du hameau peulh à la tente maure. Alors que je me destinais à la psychologie, avec ces enquêtes de terrain, je fus mordue à la sociologie. Je peux donc dire que c'est grâce à Fatou Sow que je suis devenue sociologue. Évoquant ce fait en guise de remerciements lors du 2ème lancement de mon ouvrage sur "De la Reine de Saba à Michelle Obama, Africaines héroïnes d'hier et d’aujourd'hui : à la lumière de l'œuvre de Cheikh Anta Diop " au Musée des Civilisations Noires Africaines (MCN), Fatou rétorqua : "En fait, c'est Aoua Ly qui dirigeait les enquêtes. Moi, je la suivais." C'est aussi cela cette noble Dame, l’humilité et la grande générosité intellectuelle et matérielle.
Ces enquêtes de terrain au Fouta Tooro furent le début d'une longue collaboration et surtout de liens de sœurotité qui ne se sont jamais estompés malgré le temps et les distances qui nous séparent très souvent au gré de nos activités académiques, de nos conférences internationales et de notre militantisme sur diverses causes dont la principale est celle du genre.
Notons aussi que Fatou Sow est la veuve de feu le Professeur Pathé Diagne, l'éminent intellectuel sénégalais, l'homme à l'engagement sans failles, compagnon de lutte de Cheikh Anta Diop. Fatou fut certes la compagne de vie de Pathé. Mais, elle fut aussi son ami et son partenaire dans la recherche, la production intellectuelle et la publication de livres et d'articles sur les problématiques africaines, voire mondiales. Ce qui rappelle à ceux qui savent, le couple Cheikh Anta Diop et Marie Louise Maes, l’historienne. Nous saluons leurs honorables mémoires.
C'est dire par divers tons que Professeure Fatou Sow méritait grandement cet hommage que lui a rendu par ses jeunes sœurs (Dre Mariama Touré, Fatoumata Diallo, Codou Bop, Fatoumata Ly, moi-même et tant d'autres), ainsi que ses nombreuses filles et nièces intellectuelles. Ce, sans compter les jeunes gens et les grands messieurs qui ont pris part à la rencontre.
Ce symposium sur « La démocratie au féminin en hommage à Fatou Sow » fut une consécration nationale et internationale pour Elle.
Force nous est de saluer et remercier celui par qui arriva cette fertile rencontre de féministes et de sympathisant-e-s du mouvement féministe. Je veux nommer le professeur Achille Mbembe, directeur général de la Fondation de l’innovation pour la démocratie vis-à-vis de qui notre gratitude est sans limite. Car, ce rassemblement dans la capitale sénégalaise, Dakar a ravivé la flamme du mouvement féministe africain dont la ProfesseurE Fatou Sow fut l’ingénieuse tisserande.
Dre Ly-Tall Aoua Bocar est Chercheure associée à l'I.E.F.G Université d’Ottawa au Canada, membre du CoPil de l'Histoire générale (HGS) du Sénégal, Sociologue, Auteure/Écrivaine et Conférencière internationale
ET SI ON FORMAIT CEUX QUI PEUVENT ENCORE SAUVER DES DRAMES SUR LE TERRAIN ?
EXCLUSIF SENEPLUS - La différence entre la vie et la mort se joue en quelques secondes. Ce n’est pas uniquement une question de fatalité. C’est aussi une question de préparation. Il ne suffit plus de pleurer les morts. Il faut former les vivants
Le football sénégalais traverse une période sombre. Ce dimanche 18 mai, un drame s’est produit sur le terrain de football du lycée Djignabo de Ziguinchor, lors d’un tournoi organisé par la communauté Ballante. Un jeune joueur du nom d’Anto Camara s’est effondré après un contact avec le gardien de l’équipe adverse. Il aurait perdu connaissance sur le coup. Rapidement évacué au centre hospitalier régional, il a malheureusement succombé quelques instants plus tard à ses blessures.
Ce décès intervient moins de 24 heures après celui de Fadiouf Ndiaye, capitaine de l’Union Sportive de Ouakam, survenu samedi 17 mai. Le défenseur central, pièce maîtresse des Requins, a été victime d’un malaise cardiaque en plein match contre l’Oslo FA, dans le cadre de la 24e journée de Ligue 1. Touché peu avant la mi-temps, le numéro 20 de l’USO a été pris en charge par les secours et conduit en urgence à l’hôpital. Il a rendu l’âme durant le trajet, son décès n’ayant été confirmé qu’à la fin de la rencontre.
En moins de 48 heures, le football sénégalais perd deux de ses acteurs sur le terrain, dans des circonstances dramatiques. Et une question brûle les lèvres : combien de drames faudra-t-il encore pour que la prévention prenne enfin le dessus ?
Il serait erroné de croire que ces tragédies ne surviennent qu’en Afrique. Les malaises cardiaques touchent tous les niveaux de la pratique sportive, et ce, partout dans le monde. Le football, sport d’effort intense et de charges émotionnelles élevées, est particulièrement exposé.
Tout le monde se souvient du choc provoqué par la mort du Camerounais Marc-Vivien Foé, en plein match de Coupe des Confédérations, le 26 juin 2003 à Lyon. Sa chute soudaine, ses yeux perdus, et l’angoisse sur les visages de ses coéquipiers restent gravés dans la mémoire collective. Malgré l’intervention des secours, le cœur du Lion Indomptable ne repartira jamais.
Plus récemment, en 2021, lors de l’Euro, le Danois Christian Eriksen s’est effondré sur la pelouse, victime d’un arrêt cardiaque. Mais cette fois, la fin fut différente. Grâce à la rapidité d’intervention du staff médical, à la présence d’un défibrillateur automatisé externe (DAE), et à une parfaite maîtrise des gestes de réanimation, Eriksen a été sauvé. Il rejouera même au football après sa convalescence.
Ces deux épisodes, tragiques dans un cas, miraculeux dans l’autre, soulignent une vérité essentielle : la différence entre la vie et la mort se joue en quelques secondes. Ce n’est pas uniquement une question de fatalité. C’est aussi une question de préparation.
Au Sénégal, comme dans de nombreux pays, la formation aux gestes de premiers secours reste marginale. Pourtant, un massage cardiaque bien réalisé ou l’utilisation rapide d’un défibrillateur peut considérablement augmenter les chances de survie d’une victime.
Il est urgent que les autorités sportives, les fédérations, mais aussi les collectivités locales prennent la mesure de cette nécessité. Cela passe par :
- La formation systématique des entraineurs, éducateurs, arbitres et joueur aux gestes qui sauvent.
- L’installation de défibrillateurs dans les stades, les centres d’entraînement, et même dans les lieux de pratique informelle.
- L’organisation de simulations d’urgence pour renforcer les réflexes de sauvetage.
- L’intégration d’un certificat de secourisme obligatoire pour toute licence sportive.
Des partenariats peuvent être noués avec la Croix-Rouge, les sapeurs-pompiers, ou des ONG médicales. Il ne s’agit pas seulement de sauver des athlètes : il s’agit de bâtir une culture du réflexe vital.
En tant qu’observateur attentif du football sénégalais, je reste optimiste. Des signaux positifs émergent. Parmi eux, l’engagement pris par Maître Moustapha Kamara, candidat à la présidence de la Fédération Sénégalaise de Football, dans son programme intitulé "Football pour tous". Il y propose que la Fédération prenne en charge la formation au secourisme dans tous les clubs professionnels et nationaux.
Plus encore, son programme prévoit que chaque club de Ligue 1, Ligue 2, et les clubs nationaux soient dotés d’un défibrillateur. Une mesure ambitieuse, indispensable, et qui pourrait faire basculer le destin de nombreuses vies.
Les arrêts de cœur ne préviennent pas. Ils ne laissent qu’une poignée de secondes pour réagir. Sur un terrain de football, cette poignée de secondes peut tout changer. Ce que nous vivons aujourd’hui doit être le dernier signal d’alarme avant l’action.
Il ne suffit plus de pleurer les morts. Il faut former les vivants. Et si demain, un simple geste appris lors d’une séance de secourisme permet de sauver une vie, alors nous aurons transformé ces drames en leçons, et ces pertes en promesses de protection pour les générations futures.
Bassirou Sakho est conseiller sportif.
LE DIALOGUE, UN ATOUT POUR MARQUER SES DIVERGENCES
Pour Moussa Diaw, cette concertation offre l'opportunité de "proposer des alternatives programmatiques", loin des anciennes pratiques clientélistes qui ont longtemps caractérisé la vie politique du pays
Le dialogue politique annoncé le 28 mai prochain est un mécanisme de débat contradictoire. C'est l'analyse du Professeur en Science politique, Moussa Diaw. Il se demande, en même temps, si ceux qui ont adopté la voie du boycott n'auraient pas tort au moment où le pays s'engage dans la mouvance de la bonne gouvernance et de la transparence.
Il va s'ouvrir au Sénégal, le 28 mai prochain, un dialogue national sur le système politique. Mais le vœu d'une démarche inclusive voulue par le chef de l'État ne sera pas réalisé. Et pour cause, le boycott annoncé par une partie de l'opposition notamment de l'Alliance pour la République de Macky Sall et de la République des Valeurs de Thierno Alassane Sall. Face à cette éventualité de boycott, le Professeur Moussa Diaw a, dans un article partagé avec la Rédaction, jeté le regard sur le soubassement de ce dialogue qui, dit-il, s'inscrit dans une logique participative et de recherche de consensus indispensable dans un espace démocratique.
Dès lors, le dialogue national, estime le Pr en Science politique, est un mécanisme de débat contradictoire. «Concertations nationales, conférences nationales, dialogue national, quelle que soit la dénomination choisie, cette initiative fixée, le 28 mai 2025, apparaît comme une opportunité pour associer l'ensemble des acteurs de différents horizons, formations politiques, société civile, organisations syndicales et autres, à des journées de réflexion afin d'asseoir de nouvelles règles de fonctionnement et de pratiques politiques, tout comme des adaptations nécessaires au code électoral», a-t-il écrit.
Plus loin, ajoute le spécialiste en Relations internationales, contrairement aux précédents dialogues intervenus dans un contexte d'impasse politique et de stratégie de contournement pour une reprise en main de l'initiative par des marchandages ou négociations, ces nouvelles rencontres sans arrière-pensée politique ouvrent des perspectives consubstantielles au changement politique et aux réformes institutionnelles à venir.
«Certains leaders politiques, habitués à des combines comme le pantouflage, recyclage ou «protocole», voire la transhumance, ne sont pas enclins à participer sans contrepartie au dialogue dans un contexte de reddition des comptes irréversible», constate le Pr Diaw non sans s'interroger : «Ceux qui ont choisi délibérément la voie du boycott ou de la contestation tous azimuts n'auraient-ils pas tort d'adopter une telle attitude au moment où le pays s'engage dans la mouvance de la bonne gouvernance et de la transparence ?»
En réalité, le spécialiste en science Po est d'avis que le Sénégal ne traverse pas une crise politique inédite ou sociale. Mais, à ses yeux, il souffre d'une mauvaise gouvernance économique et politique, avec des pratiques qui ont lourdement pesé sur ses capacités de développement.
Il convient, à cet effet, de redresser la situation par des mesures conséquentes et des initiatives permettant à l'ensemble des citoyens de participer à cette œuvre pour relever les défis. «L'opposition, quelle que soit sa configuration (fracturée), est une composante essentielle du paysage démocratique, elle doit s'efforcer de se conformer par sa créativité, l'innovation au niveau des idées, des hommes susceptibles de proposer des alternatives programmatiques et de convaincre les citoyens. Dès lors, le dialogue politique représente un atout pour marquer ses divergences et contribuer à ce travail, préalable à des réformes incontournables pour la stabilité et la consolidation de la démocratie», a-t-il martelé non sans faire remarquer que «la politique a changé de visage».
De l'avis du Pr Moussa Diaw, la politique a subi des mutations inexorables qui ont subrepticement pris de court des politiques qui ne s'attendaient pas à ce que le pouvoir leur échappe dans la mesure où ils l'ont construit dans un système de mobilisation clientéliste, fondé sur des pratiques distributives des ressources publiques. «Cette façon de faire de la politique s'est interrompue par la raréfaction des ressources mais surtout par l'arrivée de nouvelles autorités qui ont des conceptions différentes de la politique», a-t-il remarqué.
LA RENAISSANCE D’UN PHOENIX REDOUTABLE
La rentrée solennelle de l'école du Parti Socialiste marque une volonté de reconquête des consciences, mais plusieurs voix s'interrogent sur la pertinence de ce modèle à l'heure où les idéologies semblent céder le pas aux coalitions d'intérêts
Le Parti socialiste revient à ses fondamentaux qui ont toujours façonné son fonctionnement et raffiné ses militants. La formation militante qui était «sacrée» a été abandonnée depuis belle lurette au grand dam des sympathisants qui ne bénéficient d'aucune formation. Le contact avec le pouvoir depuis 2012 a plongé l'école du parti dans le coma. Mais les responsables ont décidé de rouvrir «l'école socialiste». D'où la tenue samedi de la rentrée solennelle de l'École du Parti Socialiste qui doit impérieusement réactualiser son référentiel. D'ailleurs, certains s'interrogent même sur la pertinence de l'école dans ce contexte de percée du populisme et le changement de paradigme et de rupture sémantique dans le discours politique.
Jadis passage obligé de tout militant du parti socialiste qui ambitionne de gravir tous les échelons pour se faire une place dans l'instance dirigeante, l'école du parti est à ses années sombres. «Sa vocation est d'informer et de former les jeunes socialistes. L'école est née dans un contexte particulier des partis idéologiques et chacune des idéologies correspondait à une forme d'économie. Il fallait que les jeunes militants fassent la différence entre les idéologies et les systèmes économiques», rappelle Ousseynou Keita, secrétaire général de l'union communale du Ps de Thiès et membre du bureau politique.
Lors de ces rencontres, le militant était entretenu sur l'histoire du parti socialiste, son organisation et sa vision politique et économique, renchérit, Alioune Badara Faye membre du Secrétariat exécutif national du Ps et secrétaire général de la 17e coordination du Ps de Guédiawaye. Plusieurs sujets étaient évoqués, notamment sur la démarche de la gauche, la place des socialistes sans occulter la géopolitique internationale. C'était le choc des idées et la gauche sénégalaise avait une force de proposition inégalable.
Mais toutes ces belles idées et théories qui façonnaient les militants des partis se sont assombries depuis l'avènement de la première alternance du Sénégal en 2000. «Depuis que le PS est allé à l'opposition en 2000 et qu'il est revenu aux affaires en 2012 avec l'élection de Macky Sall, le parti est absorbé par les coalitions. On n'est plus en mesure de tenir certaines activités inhérentes au fonctionnement du parti, comme l'école du parti. Le parti est négligé au profit de la coalition (Front siggil Sénégal & Benno Bokk Yaakaar)», constate M. Faye, responsable socialiste à Guédiawaye.
La renaissance de l'école du parti
Le parti socialiste qui a perdu de son charme au fil des alternances politiques, veut faire renaître l'école du parti pour préparer les jeunes militants aux prochaines batailles électorales. C'est pourquoi le maire Alioune Ndoye a initié samedi la rentrée solennelle de l'Ecole du Parti Socialiste. Le responsable socialiste de Dakar Plateau veut rendre au parti ses lettres de noblesse. Il est en train de redonner espoir aux jeunes socialistes et à la gauche sénégalaise.
«Je demeure convaincu que la Gauche ne reprendra la main, dans notre pays et ailleurs, que si elle se réinvestit dans le champ de la formation, celui de l'élévation intellectuelle amenant non pas seulement à comprendre le monde, mais aussi à vouloir le transformer, à savoir pourquoi et comment le transformer pour qu'il soit plus digne des humains», déclare Samba Sy, secrétaire général du PIT animant la conférence.
Toutefois, il relève un paradoxe des temps présents : le divorce entre la grande disponibilité des matériaux d'éducation et de formation, leur accessibilité due à la profusion de leurs moyens de diffusion, et le seuil d'élévation intellectuelle et d'exigence spirituelle des humains. «Autrement dit, alors que les moyens d'apprendre, de se façonner, de se forger intellectuellement connaissent une très grande expansion, il y a pourtant beaucoup d'inculture, beaucoup d'ignorance, une sorte de terrible sécheresse de la pensée. Comme si se baisser devenait d'autant plus difficile que ramasser était facile», a-t-il souligné.
«Qui gagne, dans la durée, la bataille des idées, remporte le combat»
Pour cette raison et bien d'autres, les militants de la justice sociale, ceux aspirant à la liberté bien comprise, ceux rêvant de paix et de progrès, ceux-là ont du pain sur la planche. «Il leur faut se retrousser les manches et se convaincre définitivement que qui gagne, dans la durée, la bataille des idées, remporte le combat. Il nous faut donc nous former, il nous faut connaître ; il nous faut affûter notre esprit critique pour devenir moins vulnérables aux chants des sirènes. Nous avons à aller à la rencontre de nos semblables pour leur montrer qu'il n'y a pas d'alternative viable au fait de prendre les autres pour des personnes d'égale dignité, ayant les mêmes droits, les mêmes devoirs et dont le commerce intelligent avec nous ferait notre bonheur à tous. Le Président Léopold Sédar Senghor ne nous engageait-il pas, à raison, à travailler à être de notre temps, à nous préparer à cette incontournable civilisation du donner et du recevoir ?», préconise le leader du PIT.
C'est la seule manière de renouer avec l'essence de la politique, nous allons édifier des cités où il fait bon vivre pour tous. «A l'évidence, les moyens d'y arriver aujourd'hui existent plus qu'hier. Ce qui reste, c'est la volonté ou l'envie de s'investir. Pas seulement pour soi, mais aussi pour les autres, pour l'humanité entière», conseille M. Sy devant les socialistes et Me Aïssata Tall Sall.
Interrogations sur la pertinence de l'école
Cependant, on s'interroge sur la pertinence de l'école du parti dans ce contexte de populisme. À moins que les socialistes réactualisent leur référentiel au contexte politique puisque les idéologies sont rangées dans les tiroirs et les partis sont mus au gré des intérêts politiques de l'heure. D'où les accointances entre libéraux et socialistes. On retrouve tout dans la coalition surtout au pouvoir. D'ailleurs, c'est la perte de sa boussole qui a égaré la gauche sénégalaise qui est déliquescente. Depuis qu'elle a goûté au pouvoir, elle a perdu ses idées, ses principes, bref son idéologie.
«Dans le contexte d'aujourd'hui, on accède au pouvoir sans formation militante. Les paradigmes ont changé. On est maintenant dans une logique de discourtoisie et de rupture de sémantique, ce qui fait que ceux qui étaient favorables aux débats d'idées ont peur de se prononcer. C'est pourquoi je me pose la question sur l'utilité de l'école du parti», s'interroge Ousseynou Keita. Il redoute que les militants puissent avoir un champ d'application de leur formation.
«La pensée populiste a ceci de préjudiciable qu'elle procède par raccourci et simplification abusive»
Une interrogation partagée par Samba Sy qui parle d'une époque poreuse au populisme et exposée à de grands risques. «Nous en sommes à une phase de développement de l'humanité d'une particulière complexité, une sorte de tournant dans lequel plus qu'avant, l'aventure humaine est menacée par ses propres conquêtes. (...). Or, dans le fond, tous ceux-là préconisant un certain souverainisme, ceux-là imputant toutes les difficultés vécues aux ''autres'' qui en seraient, à titre principal, la cause, tous ceux qui préconisent une culture du renfermement et du repli parce qu'estimant que les autres les encombrent. Ceux-là qui font légion et développent ici et là un discours faisant tilt, ne mettent-ils pas la commune humanité en danger ?» fait constater le leader du PS.
À l'en croire, la pensée populiste a ceci de préjudiciable qu'elle procède par raccourci et simplification abusive. «Elle a ceci de redoutable qu'en flattant les ego, elle fait oublier que tout pour moi et autrui pour autrui. Ne pas le comprendre, c'est oublier que notre langue est une langue parmi d'autres, notre pays un pays parmi d'autres, notre religion une religion parmi d'autres. Ne pas le voir, c'est verser dans cette insoutenable contradiction faisant que l'on désire profiter des autres en les rejetant, jouir de leurs apports en récusant leur droit à l'existence. Il faut donc combattre le populisme parce qu'à l'évidence, il met le monde en danger. Les idées simples et manichéennes dont il est porteur sont nocives et contraires à ce que la raison bien conduite devrait amener à épouser, à cultiver, à partager», exhorte-t-il les socialistes.
«Qui gagne la bataille de la conquête des consciences installe son leadership politique»
Malgré la percée du populisme qui est en passe de phagocyter les idéologies, le responsable socialiste Alioune Badara Faye pense qu'il faut dupliquer les écoles du parti à la base. «Il faut que les coordinations prennent le relais à la base pour mobiliser et former les militants», préconise le socialiste qui continue de croire à l'importance de l'école du parti dans la conquête du pouvoir.
«Si nous convenons qu'il y a urgence pour nous de retourner aux études, si nous adhérons tous à l'idée que qui gagne la bataille de la conquête des consciences installe son leadership politique, il reste à nous persuader que nos référentiels ont besoin d'être actualisés. Autrement dit, nous devons urgemment nous convaincre que tout n'a pas déjà été dit, réfléchi et pensé, y compris par ceux qui sont de notre famille de pensée. Plus que jamais, nous devons admettre que le marxisme, pour prendre cet exemple, est loin d'être un dogme parce qu'il est un guide pour l'action», a soutenu Samba Sy. Il est temps, à son avis, de retrousser les manches et de convaincre avec Marx que l'humanité ne se pose que les problèmes qu'elle peut résoudre.