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7 juin 2025
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ULTIMATUM DE SONKO SUR LE FRANC CFA
Selon le Premier ministre, cette monnaie "symbolisant une présence coloniale" doit être entièrement réappropriée par les Africains ou le Sénégal prendra "toutes ses responsabilités", laissant planer la menace d'un départ
Dans son entrevue avec la chaîne de télévision publique burkinabè RTB ce lundi 19 mai 2025, Ousmane Sonko a exposé sa position sur l'avenir du Franc CFA.
Sonko a d'abord souligné l'importance de l'intégration régionale en Afrique de l'Ouest, défendant l'idée d'un espace économique commun avec des législations tarifaires harmonisées et une monnaie unique. "Nous voulons un espace intégré, une zone la plus intégrée possible en Afrique de l'Ouest", a-t-il affirmé, rappelant que "dans un monde où les gens se regroupent dans des ensembles pour être plus forts", cette intégration est nécessaire.
Cependant, le Premier ministre a pointé du doigt les aspects symboliques problématiques du Franc CFA, notamment son appellation qui continue de "symboliser quelque part une présence coloniale". Au-delà de ces considérations symboliques, le chef du gouvernement s'interroge sur l'adéquation de cette monnaie aux objectifs de développement des pays africains.
"La monnaie CFA arrimée à l'euro et à la zone euro semble être une monnaie trop forte pour nos économies", a-t-il expliqué, soulignant que cela favorise les importations au détriment de la compétitivité des produits locaux. Selon lui, cette situation va à l'encontre de la "politique de substitution des imports" que souhaite adopter le Sénégal.
Le Premier ministre a révélé que la BCEAO (Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest) a déjà présenté des travaux allant dans le sens des préoccupations exprimées, et attend désormais une décision politique des chefs d'État pour "faire un pas significatif vers l'appropriation totale et définitive de notre monnaie".
Si Sonko se définit comme "panafricaniste" privilégiant la cohésion régionale, il n'exclut pas une sortie du système CFA si celui-ci ne répond pas aux intérêts du Sénégal. "Le panafricanisme a ses limites également. Ça ne peut pas se faire au détriment des intérêts des États", a-t-il conclu, promettant que son gouvernement "assumera toutes ses responsabilités" concernant cette question monétaire stratégique.
AU BURKINA, SONKO ANNONCE LE RETRAIT TOTAL DES BASES MILITAIRES ÉTRANGÈRES D’ICI JUILLET
Dans un entretien avec la RTB, le Premier ministre sénégalais a fait cette annonce. Une décision qui traduit une volonté assumée de renforcer la souveraineté nationale et de redéfinir les termes des partenariats internationaux.
Dans un entretien accordé à la Radiodiffusion Télévision du Burkina (RTB), en marge de sa visite officielle à Ouagadougou, le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé : le retrait définitif de toutes les bases militaires étrangères présentes sur le territoire sénégalais, avec une échéance fixée à juillet 2025.
« Le Sénégal n’aura plus, sur son sol, de base militaire étrangère… Nous avons notifié à tous les pays qui en avaient une au Sénégal de retirer leurs troupes. Le processus prendra fin d’ici juillet », a déclaré Ousmane Sonko, soulignant une volonté claire de renforcer la souveraineté nationale.
Cette décision s’inscrit dans une nouvelle orientation diplomatique du Sénégal, qui affirme désormais son indépendance stratégique tout en restant ouvert à des formes de coopération. « Nous sommes ouverts pour un partenariat avec le reste du monde, mais qu’il soit juste, équilibré et gagnant-gagnant pour les deux parties », a précisé le Premier ministre.
Cette déclaration intervient dans un contexte régional marqué par un repositionnement de plusieurs États ouest-africains face à la présence militaire étrangère, notamment en lien avec les dynamiques de sécurité, de souveraineté et de réaffirmation des intérêts africains.
Au Sénégal, cette annonce fait suite à plusieurs gestes concrets, comme la restitution progressive des emprises militaires françaises depuis le début de l’année, dont celle du quartier Contre-Amiral Protet, située sur le port de Dakar, remise aux autorités sénégalaises le 15 mai dernier.
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SONKO APPELLE À L’UNION DES PANAFRICANISTES POUR LA LIBÉRATION DE L’AFRIQUE
En visite au Burkina Faso, le Premier ministre sénégalais a exhorté les souverainistes africains à dépasser leurs divisions pour mener ensemble le combat de la libération du continent.
Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a lancé un vibrant appel à l’unité des panafricanistes et des souverainistes africains lors d’un entretien accordé à la chaîne burkinabè RTB, à l’issue d’une visite d’amitié et de travail de 48 heures au Burkina Faso.
« On a suffisamment été divisé pendant trop longtemps et quelques fois sur des détails, aujourd’hui, il est question de réunir tous les panafricains, tous les souverainistes, autour du combat qui est celui de la libération de l’Afrique », a déclaré M. Sonko.
Ce message s’inscrit dans une dynamique de rapprochement entre les États de la sous-région partageant une vision commune d’une souveraineté renforcée face aux influences extérieures.
Le Premier ministre a par ailleurs salué la convergence de vues entre Dakar et Ouagadougou sur les enjeux de gouvernance, d’indépendance économique et de coopération sud-sud.
Cette visite marque une étape importante dans le réchauffement des relations entre le Sénégal et les pays dirigés par des gouvernements à l’idéologie panafricaine affirmée, à l’image du Burkina Faso.
LES ACCUSATEURS D'AZOURA FALL SE DÉSISTENT
Face à ce qu'ils qualifient de "poudre aux yeux", les avocats de l'APR et des autres parties civiles abandonnent leurs poursuites contre le sieur Assane Gueye. Ils dénoncent une mise en liberté orchestrée sur la base d'un rapport médical contestable
(SenePlus) - Les avocats des parties civiles dans l'affaire opposant l'Alliance Pour la République (APR) et d'autres plaignants à Alassane Gueye, alias Azoura Fall, ont adressé une lettre de désistement au président du Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Dakar, selon un document obtenu par notre rédaction.
Dans ce courrier daté du 19 mai 2025 et signé par un collectif de neuf avocats, dont Me Elhadj Amadou Sall et Me Ousmane Thiam, les parties civiles annoncent leur retrait de la procédure après que le tribunal a ordonné la mise en liberté provisoire du prévenu.
La juge ayant présidé l'audience des flagrants délits du 15 mai 2025 avait ordonné la mise en liberté provisoire d'Alassane Gueye, à la demande de ses avocats, sur la base d'un rapport médical attestant d'un état de démence. Ce document, établi le 12 mai 2025 par le Dr Souleymane Loucar, qualifié dans le courrier de "militant de Pastef" et récemment nommé directeur de l'hôpital de Pikine, est au cœur de la controverse.
"En dépit du refus du parquet, posture très certainement de gestion de l'opinion, le sieur Assane Gueye dit Azoura Fall a été libéré sans appel du parquet", souligne le document, qui estime que cette absence d'appel constituerait une "omission volontaire" démontrant que l'opposition du parquet "n'était, en réalité, que de la poudre aux yeux".
Les avocats des parties civiles considèrent que le tribunal a "déjà tranché le litige" en acceptant, "sans expertise contradictoire", l'argument de la démence d'Alassane Gueye. Ils estiment donc qu'il n'est "plus nécessaire de maintenir leur action contre un 'fou'", se référant à l'article 50 du Code pénal sénégalais qui dispose "qu'il n'y a ni crime ni délit, lorsque le prévenu était en état de démence au temps de l'action".
Cette affaire, dont les détails précis des accusations n'apparaissent pas clairement dans le document, semble s'inscrire dans un contexte politique tendu, comme le suggèrent les références à l'APR, ancien parti au pouvoir, et à Pastef, désormais à la tête du gouvernement sénégalais.
PAR Babacar Ndiogou
POUR UNE PREMIÈRE INVITE, IL SERAIT RAISONNABLE QUE L’OPPOSITION ACCEPTE LA MAIN TENDUE DU PRÉSIDENT
EXCLUSIF SENEPLUS - Il est temps de mettre définitivement fin aux conflits récurrents liés au système électoral. Notre pays doit dépasser ces tensions pour enfin se consacrer aux véritables problématiques socio-économiques
Il vaut mieux se concerter en amont, le plus tôt possible, au vu et au su de tout le peuple, plutôt que d’attendre que la crise s’installe et que les épisodes dramatiques se succèdent pour ensuite organiser nuitamment des négociations opaques en vue d’une issue.
Le Sénégal a traversé depuis plusieurs décennies une série de turbulences politiques liées à un système électoral et institutionnel souvent source de tensions, entraînant parfois des dégâts matériels et humains tragiques. Malgré douze années d’exercice du pouvoir et plusieurs tentatives de concertation, le précédent régime n'a pas réussi à bâtir un climat de confiance et réduire les hostilités dans l’espace politique. En effet, le terrain politique s’est fragmenté, les tensions se sont accrues ces dernières années, au point qu'aujourd'hui, le débat public est pollué par des invectives, des querelles inutiles ainsi que des affrontements verbaux par presse ou réseaux sociaux interposés. D'autant plus que le contexte de reddition des comptes amplifie la confrontation entre les tenants du pouvoir et les dignitaires de l'ancien régime.
Par ailleurs, les nombreuses modifications unilatérales du code électoral et surtout de la Constitution, souvent opérées à l’approche des élections, ont continuellement nourri les rapports conflictuels entre le pouvoir et l’opposition. Ces révisions, parfois taillées sur mesure pour servir des intérêts partisans ou éliminer des candidats, ont au fil des années vidé de sa substance le Code consensuel Kéba Mbaye de 1992, pourtant fondé sur une volonté d’équilibre, de transparence et de justice. L’exemple le plus éloquent reste sans doute l’introduction précipitée du parrainage citoyen, dont la généralisation a eu pour effet d’amplifier les crispations et les tensions préélectorales. En conférant un pouvoir à l’administration ou au Conseil constitutionnel de valider ou d’invalider des candidatures, ce système a été perçu par une grande partie de l’opposition comme un outil de verrouillage politique, contribuant à affaiblir la légitimité du processus démocratique. Si certains y voient un mécanisme de filtrage nécessaire pour écarter les candidatures fantaisistes, d’autres estiment qu’en raison de l’élimination par les doublons, il demeure un outil injuste et antidémocratique.
Dans ce contexte, les dialogues successifs entre le pouvoir et l’opposition n’ont jamais abouti à un compromis durable, hormis les quelques consensus ponctuels obtenus concernant les réformes telles que l'inscription des candidats amnistiés ou graciés sur les listes électorales, la suppression du parrainage aux locales et l'élection du maire au suffrage universel direct.
Aujourd’hui plus que jamais, il est temps de mettre définitivement fin aux conflits récurrents liés au système électoral. Notre pays doit dépasser ces tensions pour enfin se consacrer aux véritables problématiques socio-économiques. Il est donc urgent d’œuvrer à l’instauration d’un espace politique inclusif, crédible, équitable et rationnel avec des règles du jeu transparentes et justes. À cet égard, il est nécessaire de construire collectivement un nouveau pacte politique crédible axé sur une refondation profonde du système politique.
La réflexion sur les réformes touchant au système politique n’est pas l’apanage seul de l’opposition et du régime en place. Elle incombe à l’ensemble des citoyens et à tous les segments de la société, au nom de l’intérêt général. Que l’opposition participe ou non au dialogue, le régime en place détient aujourd’hui tous les leviers juridiques et institutionnels nécessaires pour imposer ses choix politiques. Ce déséquilibre devrait par conséquent pousser l’opposition à faire preuve de pragmatisme et à accepter la main tendue du président, afin qu’elle puisse exprimer haut et fort ses préoccupations et ses propositions sur les réformes à apporter au système politique, et potentiellement influencer, même modestement, les conclusions et décisions finales.
De plus, un sujet aussi vaste que la réforme du système politique sénégalais ne doit en aucun cas être abordé de manière partisane. Dès lors, il convient de saluer l’appel du Président à tous les citoyens et acteurs politiques. Que l’on soit dans l’opposition, du parti au pouvoir ou en dehors de toute affiliation politique, la mission est collective : créer un cadre de dialogue sincère et responsable ainsi que de trouver, en définitive, des consensus forts pour éliminer les sources de conflits préélectoraux et bâtir les fondements pour un développement économique et social durable. À défaut, le pays continuera d’être pris en otage par des logiques et des manœuvres politiciennes qui freinent sa marche vers l’émergence réelle.
Le régime actuel, en initiant un premier appel au dialogue, a la responsabilité historique de rompre avec les dynamiques du passé et d’ouvrir une ère de concertation sincère et fiable. Il s’agit d’un impératif patriotique, chacun doit y répondre avec responsabilité.
Force est de constater que le code électoral, dans sa version actuelle, constitue un facteur récurrent de conflit. Il est indispensable d’y apporter en profondeur des réformes, parmi lesquelles :
La modification ou suppression des articles L.29 et L.30 pour éviter que des adversaires politiques soient écartés à travers des condamnations orchestrées. Seul le juge devrait pouvoir prononcer la perte des droits civiques et politiques;
L’introduction du bulletin unique à l’instar de beaucoup de pays pour réduire les coûts d’impression et de transport lors des elections;
La mise en place de mécanismes transparents pour assurer à l’opposition un accès facile au fichier électoral;
Élargir la durée de révision des listes électorales;
Inscription automatique sur les listes électorales dès l’atteinte de l'âge de 18 ans;
La révision du système de parrainage, en repensant un modèle plus juste et équitable. Tant que le citoyen ne peut parrainer qu’un seul candidat, le tirage au sort et l’élimination à cause de doublons restent injustes et antidémocratiques.
En parallèle, il est nécessaire de réformer le mode d’élection des députés, en instaurant la proportionnelle pour la répartition des sièges au niveau des départements afin d’assurer une représentation plus fidèle à la diversité politique nationale. Cela implique la suppression du scrutin majoritaire, notamment le raw ganu départemental.
Il est par ailleurs cohérent de définir les modalités du statut de l'opposition, mais il n'est pas recommandé de fixer un chef de file car l’opposition n’est jamais un bloc monolithique pour recourir à un chef légalement désigné. La désignation d’un chef de l’opposition doit naturellement émerger à travers les dynamiques de la scène politique.
Une réforme de la loi n° 81-17 relative aux partis politiques s'impose, notamment en ce qui concerne les modalités de leur création et de leur financement. Cette réforme devrait également introduire l'obligation pour les partis de disposer d’un siège avec une adresse identifiée et d'organiser régulièrement des congrès afin de renouveler leurs instances et de garantir un fonctionnement démocratique interne.
Concernant la réforme des institutions, et notamment la réduction des pouvoirs du chef de l'exécutif, il serait opportun de s’inspirer des recommandations des Assises nationales et des conclusions de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI). Il ne s’agit pas toutefois de répartir les pouvoirs du Président au sein de l'exécutif, mais de mettre en place un mécanisme de contre-pouvoir afin d'instaurer un véritable équilibre entre l'exécutif, le parlement et la justice.
Avec l’émergence des pôles économiques, une refonte du Code des collectivités territoriales s’impose. Il s’agira notamment de :
Corriger les incohérences de l’architecture territoriale et du découpage administratif ;
Supprimer les départements en tant que collectivités territoriales et renforcer les ressources des communes;
Et mettre en place des structures intercommunales au sein des pôles économiques, pour garantir une mise en œuvre coordonnée et efficace des politiques économiques, agricoles et industrielles dans les espaces concernés.
Les défis économiques auxquels le Sénégal fait face sont bien trop importants pour que nous continuions à perdre un temps précieux dans des conflits électoraux. La mise en place d’un système politique sain, crédible et équilibré est une nécessité vitale pour la survie de notre démocratie, l’apaisement durable de l’espace public, ainsi que pour la réussite des objectifs de développement. Il est donc temps pour tous les acteurs politiques d’agir ensemble, avec responsabilité, lucidité et sincérité, et de s'abstenir de toute forme de ruse politicienne, car l’avenir de notre nation en dépend.
par Ndeye Debo Seck
LE PATRIARCAT TUE
EXCLUSIF SENEPLUS - A chaque nouveau crime sordide, les excuses, les circonstances atténuantes pour les meurtriers, violeurs. Aux victimes, la peur, la stigmatisation, l’effacement. Dans les sphères privées comme publiques, le suturë fait loi
C’est le commentaire qu’une jeune femme a fait pour déplorer le féminicide d’une adolescente de 16 ans, que ‘’son époux’’ a tuée parce que - oui l'article de journal donne une raison - elle ne lui a pas servi de l’eau. L’autrice de ce commentaire s’est vue vilipendée et attaquée sur Twitter. Quand j’ai commenté ‘’tuée pour n’avoir pas servi de l’eau a son mari’’, un ami a répliqué, ‘’servir c’est bien, tuernon’’
Deux jours après ce fait divers, rapporté dans le journal, un autre fait, divers, est relayé. Un homme qui étrangle sa femme et s’allonge tout de même avec sa dépouille toute une nuit, raison invoquée - oui, encore, c’est une récurrence- la jalousie.
Quatre jours après ce fait, un autre, drame conjugal a titré le journal. Un homme aurait tué sa femme d’un coup de feu. Une enquête a été ouverte.
Je pourrais parcourir la presse tous les jours et trouver tous les jours des cas de féminicides, d’agressions sexuelles, de coups sur des femmes. C’est une violence chronique, systémique, répandue, des toutes petites filles aux femmes âgées, de toutes catégories et conditions sociales ; subir la violence des mains d’hommes de l'entourage (en général) et se taire et se résigner.
Quand j’ai envisagé d’écrire cet article, je me suis souvenu de campagnes successives de dénonciation des agressions sexuelles sur les réseaux sociaux, ‘StopTontonSaiSai, Noppiwuma, Doyna.
Lors de chacune de ces campagnes, j’ai voulu témoigner des agressions subies, depuis toute petite, des inconnus, voisins, oncles qui ont tenté à maintes reprises de m’attirer dans un coin de rue, dans leur chambre, etc. J’avais 7 ans, 14 ans, 20 ans.
J’ai pensé à la liste interminable de victimes de violences basées sur le genre, relayées dans la presse, des faits divers toujours. SS (6 ans), NSD (8 ans), PD (10 ans), BP (14 ans), BC (23 ans), ML (28 ans), FN (34 ans), AT (49ans), YC (56 ans), MN (62 ans).
J’ai repensé à cette médecin indienne, agressée sexuellement et tuée par de nombreux hommes sur son lieu de travail en août 2024, des personnes avec qui elle a dû parler souvent, rire ou juste échanger ; à l’athlète Ougandaise, championne olympique Rebecca Cheptegei, aspergée d’essence et immolée par son compagnon, devant ses filles ; à Gisèle Pelicot du nom de cette femme de 72 ans (69 au moment des faits) qui a découvert par le plus grand des hasards que son mari, Dominique Pelicot la droguait depuis des années et la livrait à d’autres hommes pour qu’ils abusent d’elle, 50 violeurs de différents âge, conditions sociales, ‘’races’’.
Ces faits de société ne rendent même pas compte de l’omniprésence de ces abus et de l’injonction au silence qui les entourent. Aux hommes, perpétrateurs, la réhabilitation sociale, la préservation de leur réputation, de la cohésion de leur famille. Aux victimes, la peur, la stigmatisation, la silenciation, l’effacement, la disparition. Tout le monde participe de cette silenciation. Dans les sphères privées comme publiques, le suturë fait loi. Il s’opère dans la perception et le traitement des informations. Les crimes sont ‘’crapuleux’’ et ‘’passionnels’’. La victime est ‘‘épouse’’ et le meurtrier ‘’époux ‘’. Ce dernier est toujours ‘’provoqué’’, ‘’jaloux’’, son épouse n’a pas cuisiné ou elle est allée au marché.
A chaque nouveau crime sordide, à chaque meurtre, viol, agression relatés dans la presse, l’apologie, les excuses, les circonstances atténuantes pour les meurtriers, violeurs et batteurs de femmes.
Pas tous les hommes !!
Pourtant, Il y a de bons hommes, décents, qui ne feraient jamais de mal à une femme, parce que la femme est mère, sœur, fille et épouse. Les hommes sont nos pères, frères et maris. Ils protègent et entretiennent. Ils s’assurent que leurs ‘’femmes’’ ne manquent de rien et que rien ne leur survienne.
D’ailleurs, la place de la femme est à la cuisine. Il est bon, un exercice nécessaire à la cohésion sociale, de le rappeler. Les hommes bons donc, se plient à cet exercice, ils nous donnent leur avis toujours éclairé sur comment être une femme. Les femmes, naturellement épouses et mères ont l’assignation de servir et faire plaisir, par la cuisine, les tâches domestiques, la disponibilité, les soins. Donc quand un mari demande à être servi il faut s’exécuter, au risque de se faire bastonner et d’y laisser la vie. Les hommes ne peuvent pas se contrôler, ils ont trop de pression, trop de charges. Les femmes doivent les aider à ne pas être violents, bien les nourrir, être disponibles tout le temps pour tout, jigeen mooy defar goo !!!
Et voilà comment, on assigne à la femme d’apporter un remède à un mal dont elle ne souffre pas. Goor ni noo feebar waaye jigeen yeey feju! Disait Aicha.
‘’Le patriarcat tue’’.
La banalisation et la normalisation de la violence sexiste, l'effacement des espaces publics, le contrôle des femmes, la soumission exigée d’elles, font le lit des abus, des agressions sexuelles et des féminicides.
Le patriarcat tue
Le patriarcat est violent, il tue, il écrase et empêche le progrès des femmes et des hommes. Les injonctions au silence et l’effacement sont aussi le lot de garçons et d’hommes qui subissent des violences autant de la part d’autres hommes que de femmes. Je me souviens encore des plaisanteries de mauvais goût sur l’Association des hommes battus (j’en ai moi-même ries à l’époque), des blagues graveleuses sur les jeunes garçons et adolescents qui sont agressés sexuellement par des femmes plus âgées.
Le patriarcat tue !!!
Toute société qui veut progresser et avancer doit prendre en charge cette question au risque de voir la moitié de sa force vive réduite en état de servitude, de se priver de son génie créateur et de sa contribution essentielle au progrès et au développement socio-économique.
C’est aussi un impératif pour sauver nos garçons et adolescents de l’idéologie masculiniste auto-destructrice qui les transforme en automates désincarnés sans sentiments ni états d’âme.
En attendant une réponse politique, les bons hommes peuvent commencer à éduquer. A marteler à leurs garçons et frères, comme c’est la norme avec les femmes et leurs devoirs, qu’ils ont le devoir d'être des hommes décents et que le corps des femmes ne leur appartient pas. Que balayer du revers de la main cette vérité élémentaire est un premier pas dangereux vers l’abus, l’agression sexuelle et l’assassinat d’une fille/adolescente/femme. Nier cette réalité est le début de l’apologie. Pour les filles, ils peuvent commencer à les aimer aussi, à croire en elles et en leur capacité à se réaliser en dehors du mariage et de l’économie domestique.
par Cheikh Kassé
SANKARA, IBRAHIMA TRAORÉ, SONKO, GUY MARIE SAGNA ET LES PEUPLES AFRICAINS
Le voyage de Sonko est symbolique d’une référence à l’icône Sankara et à cette autre Afrique à faire advenir. Il est question d’un soutien, d’une diagonale de politique de souveraineté
Aujourd’hui, l’impérialisme a deux moyens de reconquête des zones d’influence perdues : les réseaux sociaux (domination par la cybernétique) et la déstabilisation par l’infiltration, le financement des mouvements djihadistes. Les États de l’AES illustrent la vérité de l’hydre impérialiste. La perte des ressources (or, minerais, bases militaires de surveillance géopolitique mondiale et de secours pour et de partenariat avec les régimes affidés), surtout en période de crises et de guerres dans le monde, forcent l’hydre à des renouveaux de déploiement. Par ses deux armes, elle (l’hydre capitaliste) se sert du masque d’invisibilité. L’ennemi est alors indésignable physiquement. Les gouvernements dont Marx disaient qu’ils étaient des fondés de pouvoir du capital invisibilisent les multinationales qui commandent le pillage.
La lutte, disait Gramsci, est bien alors une lutte d’idées, d’opinions, de subjectivités au regard d’un ennemi qui se métamorphose sans cesse pour échapper à sa désignation réelle.
Mais une question centrale est : Existe-t-il une subjectivité politique organisée au sein des peuples par ce réel de la situation en Afrique, des multinationales et de leurs fondés de pouvoir, les gouvernements ?
Les luttes actuelles, réellement structurées, sont pour l’essentiel des luttes d’en haut. Au Burkina, au Tchad, au Mali et au Sénégal (par le départ des bases françaises). Le voyage de Sonko est symbolique d’une référence à l’icône Sankara et à cette autre Afrique à faire advenir. Il est question d’un soutien, d’une diagonale de politique de souveraineté. Le président du Faso est celui qui est monté le plus sur la scène de l’histoire pour débusquer les impérialistes et pour une Afrique plus digne. La dernière manifestation de ce combat est la célébration de la journée des Coutumes et traditions alors que, sous le couvert de l’universalisme de la culture libérale et de consommation, les peuples sont victimes d’un oubli programmé et entretenu de nos riches et féconds imaginaires africains. C’est ainsi qu’Ibrahima Traoré est dans le viseur de ceux qui ont éliminé Lubumba, Sankara et autres pour avoir pensé une Afrique souveraine. Les discours et les luttes et les soutiens sont importants et ne cessent de se déployer.
Ils sont importants mais ne se suffisent pas parce qu’il sont d’ordre étatique. Je cite Sylvain Lazarus : « La politique se fait à distance de l’Etat. » Je crois comprendre qu’il veut dire aussi que même les exerceurs de l‘État doivent la faire à sa distance pour qu’elle n’ait pas pour cible en définitive et essentiellement l’État mais le peuple en plus grande partie.
La destruction des velléités d’indépendance ( Mali-Modibo, Sénégal-Mamadou Dia, Congo-Lumbumba, Burkina-Sankara ) par l’emprisonnement ou l’assassinat est la leçon de l’histoire qui doit être pérenne dans nos consciences.
Il faut donc, en plus, de cette dynamique autre populaire forte dont l’ossature est les organisations panafricaines, anti-impérialistes ( France dégagé par exemple), les clubs Cheikh Anta, la par exemple, Cheikh Anta Diop), les partis politiques etc. qui font de la renaissance d’une Afrique culturellement, économiquement, socialement populaire leur levier. Et cette dernière dynamique est la seule en mesure de contrecarrer les visées de destitution de la première dynamique d’ordre étatique par les forces de reconquête de l’Afrique.
Sankara n’avait-il pas compris, bien après la prise du pouvoir, que seul le peuple organisé est capable de garantir une victoire contre l’hydre par la création des Comités de Défense de la Révolution (CDR) ? Malheureusement, l’ennemi a exécuté Sankara avant leur opérationnalité.
Si la politique n’existe qu’organisée, les vastes mouvements de soutien à Ibrahima Traoré sont justes mais insuffisants pour relever de l’assertion de départ. L’organisation de cette subjectivité doit être la création de lieux et d’actions, de rencontres, de pensées de cette politique en termes de constitution de communautés et de discours permanents. C’est en ce sens que les peuples africains et leurs États indépendants se définiront comme leurs propres sauveurs. Ils se désigneront alliés d’instants (Russie par exemple) mais jamais affidés, jamais vassalisés.
Autrement dit, les peuples doivent, en gros, être porteurs vivants, vigilants et organisateurs de cette subjectivité d’une autre Afrique forte son autorité de « fils aînés du monde » (Césaire).
PAR GUY MARIUS SAGNA
LA CEDEAO NOUS DOIT DES COMPTES
La CEDEAO des chefs d'État n'est-elle que deal et business sur le dos des ressortissants de nos douze pays même quand la santé des populations est en jeu? Pourquoi la CEDEAO a recruté le Directeur Exécutif du Centre Régional de Contrôle...
La CEDEAO des chefs d'État n'est-elle que deal et business sur le dos des ressortissants de nos douze (12) pays même quand la santé des populations est en jeu? Pourquoi la CEDEAO a recruté le Directeur Exécutif du Centre Régional de Contrôle et de Surveillance des Maladies de la CEDEAO (CRSCM) en :
- violant son propre Règlement du Personnel de la CEDEAO,
- mettant à l’écart des candidatures internes de l'Organisation ouest africaine de la santé (OOAS) pour les interviews pour le poste?
La mafia des recrutements qui sévit à la CEDEAO a tellement corrompu la CEDEAO que par exemple un pays de la CEDEAO comme le Bénin n'a aucun poste D1 dans toutes les Directions de la CEDEAO. Le Sénégal, mieux loti que le Bénin, n'a qu'un seul poste sur au moins 50 postes à l'OOAS.
C'est pourquoi j'ai adressé une question écrite au gouvernement du premier ministre Ousmane Sonko pour un audit des recrutements à la CEDEAO et mettre hors d'état de nuire le gang de la CEDEAO. Je partage avec vous toute la question écrite adressée au ministre de l'intégration africaine et des sénégalais de l'extérieur.
Question écrite
Objet : La CEDEAO viole ses propres textes pour désigner le Directeur Exécutif du Centre Régional de Contrôle et de Surveillance des Maladies de la CEDEAO (CRSCM)
Madame le ministre de l'intégration africaine et des sénégalais de l'extérieur, saviez-vous comment le Directeur Exécutif du Centre Régional de Contrôle et de Surveillance des Maladies de la CEDEAO (CRSCM) a été recruté ? Il a été recruté:
- en violation du Règlement du Personnel de la CEDEAO,
- avec la mise à l’écart des candidatures internes de l'Organisation ouest africaine de la santé (OOAS) pour les interviews pour le poste.
Madame le ministre ce processus illégal de recrutement du Directeur Exécutif du Centre Régional de Contrôle et de Surveillance des Maladies de la CEDEAO (CRSCM) est d'autant plus grave et inacceptable que la CEDEAO vient de perdre trois (03) de ses membres.
Madame le ministre il y a comme qui dirait une mafia du recrutement dans la CEDEAO c'est pourquoi je vous suggère que le Sénégal demande l'audit des recrutements de tous les postes manageriaux P5 et Directeur (D) de la CEDEAO. Le système de recrutement dans la CEDEAO est si corrompu que par exemple un pays de la CEDEAO comme le Bénin n'a aucun poste D1 dans toutes les Directions de la CEDEAO. Le Sénégal, mieux loti que le Bénin, n'a qu'un seul poste sur au moins 50 postes à l'OOAS. Certains pays sont favorisés au détriment d'autres pays qui n'ont rien ou presque.
Il y a de quoi s'inquièter si la CEDEAO ne peut pas respecter ses propres textes. Face à cette situation, une seule chose à faire madame le ministre : mettre à l'agenda les questions de recrutement dans la CEDEAO, les questions de respect des textes de la CEDEAO en matière de recrutement. La CEDEAO nous doit des comptes quant au recrutement du directeur Exécutif du Centre Régional de Contrôle et de Surveillance des Maladies de la CEDEAO (CRSCM) et plus généralement du fait que certains pays occupent tous les postes et d'autres presque rien. La CEDEAO ne peut continuer à fouler allègrement au pied ses propres règles en toute impunité.
PAR BABACAR KHALIFA NDIAYE
GALAXIE DÉSAGRÉGÉE
Pour nos équipes nationales de football, naguère dominatrices en Afrique et détentrices de presque tous les trophées continentaux, les campagnes se suivent et se ressemblent. Le vent a tourné et pourtant les planètes étaient si magnifiquement alignées...
Pour nos équipes nationales de football, naguère dominatrices en Afrique et détentrices de presque tous les trophées continentaux, les campagnes se suivent et se ressemblent. Le vent a tourné et pourtant les planètes étaient si magnifiquement alignées. Depuis, la galaxie semble s’être désagrégée, laissant choir les météorites comme nos différentes sélections nationales, dépouillées de leurs titres. Les sorties de route se succèdent dès le début des phases à élimination directe. Comme si elles payaient leur outrecuidance de s’être arrogé presqu’un grand chelem inédit en Afrique (voire ailleurs), entre 2022 et 2023.
Une performance d’autant plus mémorable que jusqu’alors, le Sénégal ne pouvait exhiber que ses sacres en Beach Soccer où il réussissait au fil des ans à enchainer les trophées. Depuis cette razzia, on savait que ce serait bien compliqué de récidiver. Arriver au sommet, est plus facile que de s’y maintenir. Surtout lorsque ce n’est pas une mais cinq couronnes (Can, Can U20, Can U17, Chan et Beach Soccer) qu’il faut défendre. Encore plus, on l’a dit ici précédemment, chez les catégories de jeunes où d’une compétition à une autre, c’est-à-dire tous les deux ans (si un « glissement », comme l’on en a connu dans un passé récent ne vient pas chambouler le calendrier), les effectifs peuvent changer du tout au tout. Voici donc que depuis la grande Can 2023 en Côte d’Ivoire, le Sénégal vérifie à ses dépens cette terrible vérité. Jusqu’ici, seuls les « footballeurs aux pieds nus » ont conservé leur titre (acquis en 2022 à Vilankulo au Mozambique et gardé en 2024 à Hurghada en Egypte). Trois couronnes ont chaussé de nouvelles têtes (Can, Can U17 et Can U20) et la dernière sera à négocier en août lors du Chan prévu en Tanzanie, en Ouganda et au Kenya. Ce qui est remarquable, ce sont moins les titres qui nous ont échappé que la manière dont ils nous sont tombés des bras : juste après le premier tour et à chaque fois aux tirs au but.
Problème mental et/ou technique ? Une équation à résoudre forcément pour éviter des déconvenues du genre à l’avenir. Car les tirs au but et penalties sont tout sauf un jeu de hasard. En effet, d’après une étude datant de mai 2013 menée sur 150 footballeurs (120 joueurs de champ et 30 gardiens de but) par les professeurs Folly Messan de l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin et Fabrice Dosseville de l’Université de Caen Normandie en France, « certains facteurs (qui) vont de la gestion des émotions à la maîtrise technique en passant par l’importance du match et l’effet de la fatigue, jouent un rôle dans la transformation ou la non transformation d’un penalty ».
Nos footballeurs cumulent-ils toutes ces lacunes et insuffisances. On ne peut y répondre de manière péremptoire. Ce qui est constant, c’est qu’il y a un vrai souci. De la capacité de nos responsables de tous ordres à bien diagnostiquer le mal et à lui trouver un remède, dépendront en bonne partie les chances du Sénégal de retrouver vite et durablement les cimes du football africain. Pas forcément de réussir un autre tir groupé comme en 2022/2023. Car autant de performances en un si court laps de temps, cela ne se produit que très rarement. Mais de disposer d’équipes qui ne se délitent pas dès que se lèvent de forts vents contraires.
PAR IBRAHIMA ANNE
BOYCOTTER LE DIALOGUE, UNE FAUSSE BONNE IDÉE
L’histoire récente a montré que, au Sénégal, le dialogue a permis d’aplanir bien des obstacles. C’est le dialogue qui a permis de dépasser le vieux contentieux des élections de 1988 qui s’étaient soldées par l’emprisonnement des leaders de l’opposition...
Le 28 mai, date désormais surlignée au stylo bille, est, depuis 2016, celle retenue pour un Dialogue national. Nonobstant le changement de régime et de cap, le Président Bassirou Diomaye Faye l’a maintenue. Pour ce faire, le Palais a envoyé des cartons d’invitation et termes de références aux différents partis, mouvements politiques et entités de la société civile. A l’arrivée, beaucoup de formations politiques ont exprimé leur refus d’y participer, chacun avec ses propres arguments. Sur le ton de la dérision, Thierno Alassane Sall, leader de la République des valeurs, appelle les deux têtes de l’Exécutif à dialoguer d’abord, accorder leurs violons, ensuite, avant d’appeler les autres à des concertations.
En effet, si le Président pense que le dialogue est nécessaire, son Premier ministre ne croit pas qu’il y ait matière à dialoguer. Pour Ousmane Sonko, le système politique sénégalais est si solide qu’il n’est point besoin de dialoguer dessus. Pour lui, les défis du Sénégal sont plus économiques que politiques. Plus sérieusement, TAS dénonce une manœuvre de communication politique aux conclusions «déjà écrites» et accuse le gouvernement de trahir les engagements du Pacte de bonne gouvernance démocratique. S’appuyant sur les recommandations de la CNRI, son parti réclame des réformes concrètes : justice indépendante, élections équitables, fin de l’hyper présidentialisme… Il fustige les «atteintes aux libertés» et les «magouilles institutionnelles». Ouvert à tout échange sincère sur les priorités nationales, il refuse de cautionner un «simulacre de dialogue».
Même son de cloche à l’Alliance pour la République de l’ancien Président Macky Sall. Le Sen de l’Apr se dit convaincu que le dialogue politique proposé par le pouvoir n’est ni «sincère ni honnête», mais relève plutôt d’une «ruse politicienne» visant à «la validation de décisions déjà arrêtées».
L’Alliance des forces de progrès (Afp) de Moustapha Niasse pourrait y participer. Mais, avec deux conditions. D’abord, que le dialogue soit véritablement inclusif, réunissant l’ensemble des forces vives de la nation, et que les termes de référence soient ouverts à amendement pour répondre aux attentes des différentes parties prenantes. La Ld-Debout, elle, y participera. Voilà pour l’ambiance.
Mais, notre intime conviction est que ceux qui décident de boycotter doivent y réfléchir à deux fois avant de mettre leur menace à exécution. Parce que nous pensons que le dialogue est essentiel pour comprendre les points de vue des autres, trouver des compromis et construire des ponts plutôt que des murs. En rejetant toute idée de dialogue, on risque de laisser place à la méfiance, à la frustration et à l’incompréhension. Ce qui peut rendre les problèmes encore plus insolubles. Donc, même si cela peut sembler difficile voire frustrant à court terme, privilégier le dialogue est une approche plus constructive et bénéfique à long terme.
L’histoire récente a montré que, au Sénégal, le dialogue a permis d’aplanir bien des obstacles. C’est le dialogue qui a permis de dépasser le vieux contentieux des élections de 1988 qui s’étaient soldées par l’emprisonnement des leaders de l’opposition de l’époque que sont Abdoulaye Wade, Abdoulaye Bathily, Amath Dansokho, etc. C’est ce dialogue qui a permis l’adoption, «sans y changer une virgule», du code électoral consensuel de 1991 sous l’égide du juge Kéba Mbaye. L’histoire racontera, un jour, que c’est le dialogue qui a permis l’élargissement de prison de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko et l’élection du premier à la présidentielle, quelques semaines plus tard. A contrario, c’est l’absence de dialogue qui a régulièrement plongé le Sénégal dans des cycles de violences en 1988, 1993, 2010-2011 et entre 2021 et 2023. Alors, il faut dialoguer pendant qu’il est encore temps et refuser de rendre à Pastef au pouvoir les armes de Pastef en tant qu’opposition.