FAUT-IL REPENSER LE SYNDICALISME ÉTUDIANT AU SÉNÉGAL ?
Le syndicalisme étudiant sénégalais, autrefois moteur de luttes légitimes pour l’amélioration des conditions de vie et d’études, semble aujourd’hui à la croisée des chemins. Devenu, aux yeux de beaucoup, un espace d’expression anarchique...
Le syndicalisme étudiant sénégalais, autrefois moteur de luttes légitimes pour l’amélioration des conditions de vie et d’études, semble aujourd’hui à la croisée des chemins. Devenu, aux yeux de beaucoup, un espace d’expression anarchique, parfois instrumentalisé, il est au cœur d’un malaise structurel qui mine l’enseignement supérieur national.
La multiplication des grèves, souvent déclenchées pour des motifs secondaires ou mal expliqués, interroge. À l’Université Alioune Diop de Bambey, la dissolution de toutes les amicales des Unités de formation et de recherche (Ufr) par le Conseil académique marque une rupture symbolique et politique. Cette décision, rare dans l’histoire universitaire sénégalaise, fait suite à une grève illimitée lancée par des représentants étudiants appelant leurs camarades à déserter les salles de classe et à regagner leurs familles respectives. Il ne s’agit pas d’un simple geste d’autorité, mais d’un signal fort. L’université ne peut plus être otage de factions revendicatives parfois coupées des préoccupations réelles de la majorité silencieuse des étudiants. Le cas de Saint-Louis, à l’Université Gaston Berger, illustre aussi le contournement d’un syndicalisme devenu routinier, procédural.
Journées sans tickets, suspension des cours, exigence de Wi-Fi et d’eau potable : si les revendications sont recevables, les formes d’action utilisées interrogent leur efficacité réelle. Le syndicat ne peut continuer à fonctionner comme une opposition systématique, sans vision ni calendrier, agissant plus en contre-pouvoir désorganisé qu’en partenaire de dialogue structuré. Pire, à Dakar, un fait divers grave vient noircir ce tableau déjà fragile. Un étudiant est arrêté au campus social de l’université Cheikh Anta Diop en possession de 41 cornets de chanvre indien, présenté comme le chef d’un réseau de trafic opérant sur le campus.
Ce type de dérive met à nu la porosité des structures de représentation étudiante qui devaient de plus en plus axer leurs actions sur la sensibilisation et la dénonciation de certaines pratiques et logiques mafieuses. Face à ce contexte, le gouvernement, par le biais du ministère de l’Enseignement supérieur, semble vouloir engager une réforme en profondeur, dont les premières mesures ont déjà été posées. L’ouverture anticipée de la plateforme Campusen, 45 jours avant le baccalauréat, est un geste stratégique, annonçant l’arrivée massive de nouveaux étudiants dans les universités et Isep. Le message est clair : le système change d’échelle, et le désordre ne pourra plus être la norme. Le ministre Abdourahmane Diouf a été catégorique : tous les bacheliers seront orientés, quel que soit leur nombre.
Cette massification assumée exige une gouvernance universitaire capable de planifier, mais aussi de résister à la pression de syndicats autoproclamés, souvent plus préoccupés par leur visibilité que par l’intérêt général. Le syndicalisme étudiant, dans sa forme actuelle, n’est pas durable. Il devient alors urgent de repenser ce syndicalisme. Cela ne signifie pas l’abolir, mais le refonder sur des bases claires : représentativité authentique, formation civique des délégués, transparence dans les mandats, responsabilité face aux actes posés. L’État doit encadrer ce processus, non pour museler, mais pour professionnaliser une fonction devenue trop souvent un tremplin personnel ou un terrain de clientélisme.
Encourager un syndicalisme de proposition, plutôt que de contestation stérile, est aujourd’hui une priorité. Les étudiants doivent être vus non comme de simples revendicateurs, mais comme des acteurs à part entière du pilotage universitaire. À ce titre, ils doivent assumer leur rôle dans un cadre de dialogue renforcé, de médiation pérenne, et de coresponsabilité. La transformation des universités sénégalaises passe autant par les infrastructures que par les mentalités. Le syndicalisme étudiant, s’il veut survivre à cette nouvelle ère, devra se réinventer. L’État a ouvert la voie. Il appartient désormais aux étudiants, aux enseignants et aux administrateurs de reconstruire ensemble un pacte universitaire équitable, exigeant et porteur d’avenir.
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LE CHANTIER INSTITUTIONNEL EN COURS
Sidy Alpha Ndiaye, conseiller du président, évoque l'état d'avancement de la réforme des institutions promises. Cour constitutionnelle, réduction de l'hyperprésidentialisme, refonte du système judiciaire : le Pacte de bonne gouvernance se concrétise
Ce dimanche 18 mai 2025, dans l'émission "Point de vue" de la RTS, Sidy Alpha Ndiaye, conseiller juridique et directeur de cabinet adjoint du président de la République, a détaillé les avancées majeures dans la mise en œuvre du Pacte de bonne gouvernance, engagement phare du chef de l'État durant sa campagne électorale.
"Le devoir de mémoire m'impose de remonter le fil du temps", a déclaré M. Ndiaye, rappelant que le président Bassirou Diomaye Faye, alors qu'il était candidat et "dans les liens de détention" en janvier 2024, l'avait mandaté pour signer le Pacte de bonne gouvernance. Ce pacte, qui reprend les recommandations des assises de 2009 et de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) de 2013, repose sur un triptyque : la création d'une Cour constitutionnelle, la réforme en profondeur du Conseil supérieur de la magistrature, et la réduction de l'hyperprésidentialisme.
"Il fallait qu'aujourd'hui la plume, l'écriture des textes soit au rendez-vous de la parole donnée", a souligné le conseiller juridique du président.
Des réformes institutionnelles d'envergure
Pour concrétiser ces engagements, un comité ad hoc présidentiel a été créé en décembre dernier. Ce comité, composé de magistrats, de professeurs d'université et de représentants de la société civile, a déjà finalisé plusieurs projets de textes qui seront bientôt soumis à l'Assemblée nationale.
Parmi les principales avancées :
La transformation du Conseil constitutionnel en Cour constitutionnelle : Celle-ci passera de 7 à 9 membres, avec une composition plus diverse incluant des professeurs, des avocats et d'autres profils de la société civile. Surtout, les citoyens pourront saisir directement cette juridiction en cas d'atteinte à leurs droits fondamentaux.
La création d'un Conseil supérieur de la justice : Remplaçant l'actuel Conseil supérieur de la magistrature, cette institution verra le nombre de juges élus doubler (de 7 à 14) et s'ouvrira à des personnalités extérieures au monde judiciaire, "pour inviter la société dans le fonctionnement d'une institution qui ne saurait appartenir qu'à des techniciens".
L'instauration d'un juge des libertés et de la détention : Présent dans chaque tribunal correctionnel, ce magistrat du siège sera seul habilité à décerner des mandats de dépôt ou à prononcer des libérations, limitant ainsi les pouvoirs du procureur.
Rééquilibrage des pouvoirs : la fin de l'hyperprésidentialisme
La réforme constitutionnelle prévoit également une meilleure répartition des pouvoirs entre le président de la République et le Premier ministre. "On modifie pour réduire l'hyperprésidentialisme. On modifie pour respecter un engagement. On modifie pour répondre à une attente populaire", a martelé M. Ndiaye.
Concrètement, le Premier ministre pourrait désormais présider le Conseil des ministres en l'absence du président et participer à la définition de la politique de la nation. Cette évolution répond notamment aux risques de blocage institutionnel en cas de cohabitation.
"Pourquoi le Premier ministre, en tant qu'institution, ne pourrait pas également participer de manière concertée, sous l'égide du chef de l'État, à la politique de la nation ?", s'est interrogé le conseiller présidentiel.
Au-delà du rééquilibrage institutionnel, la réforme constitutionnelle introduira des "droits nouveaux assez fondamentaux, assez révolutionnaires", selon Sidy Alpha Ndiaye.
Parmi eux figure le droit à la connexion ou encore l'interdiction faite à un président sortant de "signer des décrets qui engagent durablement et qui grèvent les finances de l'État" - une mesure inspirée par la polémique autour du renouvellement de concessions importantes signées par l'ancien régime juste avant ou après la dernière élection présidentielle.
M. Ndiaye a également évoqué le dialogue sur le système politique prévu dans 10 jours, tout en regrettant le boycott annoncé par certains partis d'opposition. Il a défendu la démarche "inclusive" du président, soulignant que les termes de référence de ce dialogue avaient été partagés avec toutes les forces vives de la nation un mois à l'avance pour recueillir amendements et suggestions.
"Le système politique n'appartient pas aux hommes politiques. Le système politique appartient aux chefs coutumiers, aux chefs religieux, à la société dans son ensemble", a-t-il conclu, appelant toutes les parties prenantes à contribuer à cette réflexion collective.
La réforme constitutionnelle pourra être adoptée soit par voie parlementaire à la majorité des trois cinquièmes, soit par référendum, une décision qui, selon le conseiller juridique, "appartient exclusivement au chef de l'État".
IBRAHIM TRAORÉ, LE SUPER-HÉROS ARTIFICIEL DU BURKINA FASO
Beyoncé chante ses louanges, le pape l'adulerait et il démasquerait des espionnes françaises. Bienvenue dans le monde parallèle créé par le putschiste burkinabè qui manipule l'intelligence artificielle pour façonner son image d'icône panafricaine
(SenePlus) - Dans un portrait saisissant publié le 16 mai 2025, le quotidien français Libération dresse le tableau inquiétant d'un jeune dirigeant africain qui utilise massivement l'intelligence artificielle pour construire son culte de la personnalité, tandis que son pays s'enfonce dans le chaos. Ibrahim Traoré, 37 ans, arrivé au pouvoir au Burkina Faso par un coup d'État en septembre 2022, se présente comme un héros panafricain admiré mondialement, mais la réalité est bien différente.
« Arrivé au pouvoir en septembre 2022 par un coup d'État – le second en moins de deux ans – le capitaine Ibrahim Traoré aurait pu gravir les marches du Festival de Cannes. La vie de l'homme fort du Burkina Faso, le plus jeune dirigeant de la planète, âgé de 37 ans, ressemble en effet de plus en plus à un film », note la journaliste Maria Malagardis dans son analyse pour Libération.
Le texte révèle l'ampleur stupéfiante de la manipulation numérique orchestrée par le régime burkinbè. Des vidéos générées par intelligence artificielle montrent de prétendues célébrités internationales louant les mérites du dirigeant burkinabé. « Beyoncé serait ainsi une fan absolue de ce capitaine putschiste qui, après avoir suspendu les partis politiques au lendemain de son coup d'État, règne d'une main de fer sur ce petit pays sahélien », rapporte Libération, citant des paroles attribuées à la star américaine : « Ibrahim, Ibrahim, le feu est dans ton âme, tu n'as jamais échoué ».
D'autres personnalités comme Justin Bieber apparaissent dans des clips falsifiés, générant des centaines de milliers de vues sur YouTube. Plus récemment, une campagne de désinformation prétendait même que le nouveau pape Léon XIV aurait rendu « un vibrant hommage au capitaine Traoré » lors de son premier discours.
Selon Libération, cette offensive médiatique atteint une ampleur rarement observée. Le journal cite le compte Cap'Ivoire Info, spécialiste de l'actualité médiatique régionale, qui affirme que « des centaines de vidéos générées par l'IA glorifiant le capitaine Ibrahim Traoré [...] circulent massivement sur les réseaux sociaux à travers l'Afrique ». Le Nigeria et le Kenya seraient particulièrement actifs dans la production de ces « récits souvent absurdes » à la gloire du dirigeant.
L'espionne française qui n'existait pas
L'article de Libération met également en lumière l'instrumentalisation de l'anti-impérialisme par le régime. Cette semaine, les autorités burkinabé auraient prétendu démasquer « une espionne française qui, sous couvert de travailler pour une ONG humanitaire, aurait en réalité tenté de cartographier les installations militaires du pays ».
Sur TikTok, une vidéo visionnée plus de deux millions de fois accusait une certaine Claire Dubois, décrite comme « une blonde à peine trentenaire » dirigeant une ONG nommée « Hope Forward », d'espionnage. Le montage prétendait que Traoré lui-même l'aurait confrontée lors d'une conférence à Ouagadougou, la faisant « s'effondrer en sanglots, sous le regard impassible du maître du pays ».
« Le problème, c'est que Claire Dubois tout comme cette prétendue ONG ne sont répertoriées nulle part », précise Libération, ajoutant que « la scène de sa prétendue confrontation avec le chef de la junte au pouvoir au Burkina n'a pas été filmée ».
Cette intense campagne de propagande numérique semble viser à masquer la réalité d'un pays qui sombre dans la violence. Libération rappelle que le régime de Traoré, « devenu de plus en plus dictatorial », multiplie « les arrestations et les enlèvements de toute voix critique » tout en se montrant « bien incapable en revanche de juguler les groupes jihadistes qui infligent de retentissantes défaites aux forces armées ».
Le journal évoque notamment une attaque récente dans l'est du Burkina Faso, où « les jihadistes prennent d'assaut un camp militaire et font au moins 63 morts ». Face à cette situation désastreuse, le capitaine Traoré semble privilégier la construction d'une réalité alternative où il apparaît comme un rempart contre l'impérialisme occidental.
« Le super-héros virtuel tente-t-il ainsi de masquer ces échecs ? C'est d'autant plus probable que Traoré alimente également une paranoïa, tout aussi fictive, contre les puissances étrangères soupçonnées de vouloir saboter son projet anti impérialiste », analyse Libération.
Le portrait publié par Libération mentionne également « l'indéfectible allié russe d'un régime devenu de plus en plus dictatorial ». En effet, depuis son arrivée au pouvoir, Ibrahim Traoré s'est rapproché de Moscou, rompant avec les partenaires traditionnels du Burkina Faso, notamment la France.
Cette relation privilégiée avec la Russie s'inscrit dans un contexte régional où plusieurs régimes militaires du Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso) ont opéré un basculement géopolitique similaire. L'influence russe pourrait également se manifester dans les techniques de désinformation massive employées par le régime burkinabè.
Finalement, Libération conclut son portrait en décrivant un pays qui « s'enfonce chaque jour un peu plus dans l'insécurité », avec « un régime autoritaire qui semble se réfugier dans le virtuel pour échapper à la réalité ». Un constat alarmant qui illustre comment les nouvelles technologies peuvent être détournées au service d'un pouvoir autoritaire pour créer une réalité parallèle, tandis que la situation concrète des populations se dégrade.
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LANDING SAVANÉ DANS LES MOTS DE SERIGNE MANSOUR SY DJAMIL
"L'ancien monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître." C'est par cette métaphore que Le leader du mouvement, Bes Du Niak a évoqué les défis du Sénégal, en rendant hommage ce week-end au fondateur du parti AJ/PADS
Ce week-end, en marge de la cérémonie d'hommage organisée en l'honneur de Landing Savané, Serigne Mansour Sy Djiamil a livré un témoignage empreint de respect et d'admiration pour l'ancien leader politique.
Dans son allocution, Serigne Mansour Sy Djiamil est revenu sur le parcours estudiantin de Landing Savané, rappelant son rôle crucial comme président de l'Association des étudiants sénégalais en France pendant les événements historiques de mai 68. "Il était le président de l'association des étudiants sénégalais en France qui était la section sénégalaise de la Fédération des étudiants d'Afrique noire en France", a-t-il souligné.
Durant les trois années de son mandat à la tête de cette association, Landing Savané s'est distingué par sa capacité d'analyse et sa vision stratégique concernant les priorités pour le Sénégal et pour les étudiants. "Il m'a rendu énormément service", confie Serigne Mansour Sy Djiamil, qui a tenu à préciser que malgré leurs divergences idéologiques, le respect mutuel et la collaboration ont toujours prévalu dans leurs relations.
Évoquant le contexte actuel du Sénégal, Serigne Mansour Sy Djiamil emprunte une métaphore parlante : "L'ancien monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent des monstres". Une référence qui fait écho aux défis contemporains auxquels fait face le pays.
Il a enfin insisté sur l'importance de mobiliser la jeunesse sénégalaise autour d'espaces de dialogue où les capacités intellectuelles pourraient être mises au service du développement national, un engagement qui reflète parfaitement l'héritage de Landing Savané.
WASHINGTON FAIT PRESSION SUR DES PAYS AFRICAINS POUR FAVORISER LES INTÉRÊTS COMMERCIAUX D'ELON MUSK
Une enquête révèle comment l'administration Trump exerce des pressions sans précédent sur plusieurs pays africains pour qu'ils accordent des licences à Starlink, allant jusqu'à menacer implicitement de couper l'aide étrangère à la Gambie
(SenePlus) - Dans une enquête publiée le 15 mai 2025, le média d'investigation américain ProPublica révèle comment la diplomatie américaine, sous l'administration Trump, s'est mise au service des intérêts commerciaux de Starlink, l'entreprise d'internet par satellite d'Elon Musk.
L'enquête, menée par les journalistes Joshua Kaplan, Brett Murphy, Justin Elliott et Alex Mierjeski, détaille notamment le cas frappant de la Gambie, petit pays d'Afrique de l'Ouest, où l'ambassadrice américaine Sharon Cromer a multiplié les interventions auprès des autorités pour accélérer l'octroi d'une licence à Starlink.
Début février, Cromer a rencontré Lamin Jabbi, ministre gambien des Communications, pour évoquer l'approbation réglementaire que Starlink tentait d'obtenir depuis plusieurs mois. Selon des témoins présents lors de cette réunion, l'ambassadrice aurait implicitement lié l'aide américaine à la coopération du gouvernement gambien.
"Elle a énuméré les façons dont les États-Unis soutenaient le pays, notant que des initiatives clés - comme un projet de 250 millions de dollars pour améliorer le système électrique - étaient actuellement en cours d'examen," rapporte ProPublica.
Hassan Jallow, adjoint de Jabbi, a confié aux journalistes avoir perçu ce message comme "une menace voilée" : "L'implication était qu'ils étaient connectés," a-t-il déclaré, faisant référence à l'aide américaine et à la licence de Starlink.
En mars, face à l'impasse, l'ambassadrice a encore intensifié la pression en écrivant directement au président gambien pour lui demander de "faciliter les approbations nécessaires pour que Starlink commence ses opérations," contournant ainsi le ministre des Communications. Selon ProPublica, Jabbi aurait confié à ses proches qu'il sentait que "l'ambassadrice essayait de le faire licencier."
La Gambie n'est pas un cas isolé. Depuis l'investiture de Donald Trump, "le Département d'État est intervenu au nom de Starlink en Gambie et dans au moins quatre autres pays en développement," précise l'enquête.
Une stratégie mondiale au service de Musk
Alors que l'administration Trump a réduit considérablement l'aide étrangère, les diplomates américains ont fait pression sur plusieurs gouvernements pour qu'ils accélèrent l'octroi de licences à Starlink et ont organisé des rencontres entre des employés de l'entreprise et des dirigeants étrangers.
Dans un câble diplomatique concernant Djibouti, un employé de Starlink aurait même décrit la stratégie de l'entreprise en ces termes : "Nous poussons par le haut et par le bas pour faire passer cela en force."
Kristofer Harrison, ancien haut responsable du Département d'État sous l'administration George W. Bush, est catégorique : "Si cela était fait par un autre pays, nous appellerions absolument cela de la corruption. Parce que c'est de la corruption."
Cette situation soulève d'importantes questions éthiques. Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, occupe un poste influent au sein de l'administration Trump après avoir dépensé "au moins 200 millions de dollars pour l'élection de 2024," tout en continuant à diriger ses entreprises privées, dont Starlink.
Kenneth Fairfax, diplomate américain à la retraite et ancien ambassadeur au Kazakhstan, estime que cette mobilisation mondiale pour Musk "pourrait donner l'impression que les États-Unis se livrent à une forme de capitalisme de connivence."
La Maison Blanche a réfuté ces accusations dans un communiqué, affirmant que Musk "n'a rien à voir avec les accords impliquant Starlink" et que chaque responsable de l'administration suit des directives éthiques.
Ces pressions diplomatiques interviennent à un moment stratégique pour Starlink. Face à la concurrence émergente, notamment celle de Project Kuiper de Jeff Bezos, l'entreprise de Musk cherche à s'implanter rapidement sur de nouveaux marchés.
L'Afrique, avec sa population en forte croissance et son manque d'infrastructures internet fiables, représente "un prix lucratif" pour Starlink. Selon le média américain, depuis la victoire électorale de Trump, "au moins cinq pays africains ont accordé des licences à Starlink : la République démocratique du Congo, la Somalie, la Guinée-Bissau, le Lesotho et le Tchad."
Ces manœuvres diplomatiques soulèvent de sérieuses inquiétudes quant à l'utilisation de l'appareil d'État américain pour servir les intérêts privés d'un conseiller présidentiel. Comme le résume un responsable du Département d'État cité par ProPublica : "Je ne pensais honnêtement pas que nous étions capables de faire cela. C'est mal à tous les niveaux."
L'IPRES SOUS HAUTE TENSION
Le Syndicat Autonome des Travailleurs de l'Ipres dénonce une gestion catastrophique de l'institution de retraite, gangrenée par le népotisme et une désorganisation structurelle délibérée qui menace son avenir
(SenePlus) - Selon un communiqué du Syndicat Autonome des Travailleurs de l'IPRES (S.A.T.I), daté du 10 mai 2025, l'Institution de Prévoyance Retraite du Sénégal (Ipres) traverse actuellement une grave crise de gouvernance.
Le document, intitulé "L'Ipres en péril", critique sévèrement la direction actuelle de l'institution, notamment le président du Conseil d'Administration et le Directeur Général, accusés de manquer à leurs devoirs de bonne gestion et de transparence.
Le syndicat dénonce particulièrement "le recrutement massif de leurs parents, militants et obligés" aux postes de direction, au détriment des compétences et de l'expérience des employés déjà en poste.
Les employés du "Point E", qui abrite les directions techniques de l'Ipres, signalent des conditions de travail "lamentables" et une surcharge opérationnelle due à un effectif insuffisant. Le syndicat évoque également une "désorganisation structurelle" délibérée, orchestrée par le PCA pour favoriser ses proches.
La situation serait particulièrement préoccupante dans les bureaux du Point E et au Centre Médico-social, ainsi que dans différentes localités du pays, où la gestion des effectifs est qualifiée d'"inacceptable et suicidaire".
Face à cette "frénésie de recrutements" qui aggrave une situation déjà chaotique, le S.A.T.I interpelle les autorités gouvernementales, déplorant leur inaction qui met en péril cette "Institution sociale stratégique".
LE LAC ROSE REVIT, POUR COMBIEN DE TEMPS ?
Après avoir viré au vert suite aux inondations de 2022, le célèbre plan d'eau reprend vie, ramenant avec lui touristes et paludiers. Mais alors que les amas de sel réapparaissent, un projet de 18 000 logements menace déjà son équilibre précaire
(SenePlus) - Après deux années et demie de couleur verte, le lac Retba, plus connu sous le nom de "lac Rose", a retrouvé sa teinte caractéristique en mars dernier. Ce changement marque un tournant pour l'économie locale, fortement dépendante du tourisme et de l'exploitation du sel.
Située à une trentaine de kilomètres à l'est de Dakar, cette étendue d'eau a été rendue célèbre par le rallye Paris-Dakar, qui y faisait son arrivée finale pendant près de trois décennies, jusqu'à sa délocalisation en 2009 en raison de l'insécurité au Sahel.
Selon Ibrahima Mbaye, président de l'association environnementale Ar lac Rose et gérant du Gîte du lac, le retour de la couleur emblématique s'est produit précisément "le 8 mars". Cette réapparition a fait sensation à Niague, principal village bordant le lac, dont l'économie dépend largement des visiteurs.
La disparition de la teinte rose remonte à août 2022, quand "les autorités ont ouvert les vannes des bassins de rétention pour éviter une catastrophe dans des zones densément peuplées", explique M. Mbaye. Ces inondations dans la grande banlieue de Dakar ont doublé le volume d'eau du lac, faisant disparaître sa couleur caractéristique qui dépend de la forte concentration de sel sédimenté au fond.
Les conséquences ont été immédiates : les touristes ont déserté le site et "les milliers de paludiers venus du Mali, du Burkina Faso et de Guinée sont repartis en un claquement de doigts", se souvient Ibrahima Mbaye.
La coloration particulière du lac est due à des algues vertes (Dunaliella salina) qui "libèrent des pigments rouges sous l'effet de fortes chaleurs et lorsque la salinité est suffisamment élevée", explique El Hadji Sow, enseignant-chercheur à l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, cité par Le Monde. Inversement, "lorsque la salinité de l'eau baisse, la coloration vire au vert".
Face à cette situation, les riverains se sont mobilisés pour sauver leur gagne-pain. "On a réussi à faire retomber la profondeur de six à trois mètres", se félicite Ibrahima Mbaye, en utilisant des motopompes activées jour et nuit. Des analyses chimiques réalisées fin avril ont confirmé un retour de la salinité à environ "300 g par litre", un niveau suffisant pour reprendre l'exploitation du sel.
Une reprise progressive de l'activité économique
Aujourd'hui, les amas de sel réapparaissent sur la rive sud du lac. Toutefois, "seule une poignée d'exploitants sont revenus", note Maguette Ndiour, président de la coopérative des exploitants de sel, qui attend encore les fortes chaleurs nécessaires à une production plus importante.
Parmi eux, Ousmane Dembélé, originaire de Mopti au Mali, témoigne des changements : "Avant, c'était beaucoup plus facile. Je n'avais pas besoin d'aller aussi loin dans le lac. Sur les berges, nous n'avions qu'à nous pencher pour récolter le sel." Maguette Ndiour rappelle qu'auparavant, le site accueillait "3 000 exploitants pour près de 60 000 tonnes de sel vendues" dans les meilleures années.
Du côté du tourisme, "la reprise est palpable", affirme Hassan Ndoye, 38 ans, patron d'une entreprise de location de quads, qui attend désormais l'été "avec impatience, puisque c'est le pic de [son] activité". Il souligne l'importance de préserver ce lac pour l'économie locale, notant que "dans cette zone, il n'y a eu aucun départ en mer de jeunes pour émigrer".
Malgré cette reprise, une inquiétude plane sur l'avenir du lac : un projet de ville nouvelle comprenant 18 000 logements, porté par le groupe égyptien Orascom. Selon Amath Wade, membre du conseil départemental de Rufisque, "si ce mégaprojet voit le jour, le lac va mourir".
Prévu pour s'étendre sur "trois kilomètres le long de la plage et deux du côté du lac", ce projet signé en 2018 sous la présidence de Macky Sall devrait débuter ses travaux début novembre, d'après un cadre d'Orascom cité par Le Monde.
Pour Amath Wade, "c'est une aberration écologique de faire une telle ville dans cette zone fragile et menacée de toutes parts, déjà, par la bétonisation". Les tensions sont palpables, au point que le préfet de Rufisque aurait menacé certains habitants d'interpellation s'ils s'opposaient à une opération de reboisement menée par Orascom.
Si le lac Retba a retrouvé sa couleur rose, l'horizon semble ainsi s'assombrir pour les communautés qui en dépendent.
Par Mamadou THIOR
IDRISSA DOUCOURE, UN VISIONNAIRE AFRICAIN HONORÉ POUR SON INFLUENCE MONDIALE
La Haye, 16 mai 2025 - L'Ambassadeur Dr Idrissa Doucouré a été distingué par le titre prestigieux de Docteur Honoris Causa, décerné conjointement par l'Université Santander et la Fédération Internationale Honoris Causa.
La Haye, 16 mai 2025 - L'Ambassadeur Dr Idrissa Doucouré a été distingué par le titre prestigieux de Docteur Honoris Causa, décerné conjointement par l'Université Santander et la Fédération Internationale Honoris Causa. Cette reconnaissance, dans la catégorie des affaires internationales et du secteur public, met en lumière un parcours exceptionnel et une contribution significative à l'échelle mondiale.
Né au cœur du Sénégal, Dr Doucouré a grandi dans une famille de onze enfants, où l'éducation était la clé pour transformer des rêves modestes en réalités grandioses. Son parcours, guidé par une détermination inébranlable, l'a conduit à devenir un "Agent de Changement" reconnu, un titre qu'il a accepté avec une profonde gratitude lors de la cérémonie.
Dans son discours inspirant, Dr Doucouré a souligné l'importance de l'éducation comme source de transformation et de possibilités infinies. "Dans un monde où les défis semblent intimidants, chaque obstacle est une opportunité de croissance et de changement," a-t-il affirmé. En tant que Président Exécutif du Conseil Mondial des Investissements et des Affaires, il a collaboré avec des leaders visionnaires pour libérer le potentiel illimité du continent africain, illustrant ainsi ce que l'on peut accomplir en rêvant audacieusement et en agissant avec détermination.
Inspiré par Nelson Mandela, Dr Doucouré a réaffirmé son engagement à faire une différence tangible dans la vie des autres. "Ce qui compte dans la vie, ce n'est pas seulement d'avoir vécu, mais la différence que nous avons faite dans la vie des autres," a-t-il déclaré, appelant à construire des ponts d'espoir et à inspirer les leaders de demain.
Cette distinction est non seulement un hommage à un parcours individuel exceptionnel, mais aussi une célébration des rêves partagés et des efforts collectifs. En honorant Dr Doucouré, le monde reconnaît l'impact profond de son travail et l'espoir qu'il incarne pour un avenir meilleur.
Pour les décideurs et le grand public, cet hommage est une invitation à s'engager dans une voie de coopération et de progrès, inspirée par l'exemple d'un homme dont la vie est un témoignage de résilience et de vision. Ensemble, nous pouvons bâtir un avenir où chaque rêve a la possibilité de se réaliser.
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LA MÉTHODE MOUSSA SEYDI
Refuser l'ingérence étrangère, transformer un service délabré en centre de renommée, tenir tête aux Big Pharma... Celui qui était destiné à la médecine avant même la naissance partage sa philosophie de réussite et sa vision d'une santé pour tous
Dans une interview révélatrice, le Professeur Moussa Seydi, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital de Fann à Dakar, dévoile sa vision de la santé en Afrique et partage son parcours remarquable.
"Le jour de ma naissance, mon père a remis une blouse à ma mère en lui disant de me la remettre le jour où je démarrerais mes études en médecine", raconte le Professeur Seydi. Cette prédiction s'est réalisée avec une détermination sans faille - lors de son baccalauréat, il avait inscrit "médecine" comme unique choix pour ses trois filières possibles.
Aujourd'hui, le professeur dirige le plus grand service de maladies infectieuses au monde, une structure moderne comprenant 72 chambres, développée en 6 ans après avoir trouvé des financements auprès de partenaires internationaux. "Quand je suis devenu chef de service, l'un de mes premiers objectifs était de construire un nouveau service. Je n'ai jamais eu le moindre doute que j'allais le réaliser", affirme-t-il.
Face aux collaborateurs étrangers qui tentaient d'imposer leurs conditions, le Professeur Seydi a toujours défendu l'indépendance de son service. "Personne ne viendra de l'étranger pour me donner des instructions chez moi", déclare-t-il avec fermeté. Cette posture lui a permis d'établir des partenariats respectueux avec des institutions prestigieuses comme Harvard, l'Université de Boston et Northwestern University de Chicago.
La Covid-19 : science contre désinformation
Le professeur Seydi, figure de proue de la lutte contre la Covid-19 au Sénégal, aborde les controverses entourant la pandémie. "Nous sommes dans un monde un peu fou et faux", observe-t-il, dénonçant les manipulations politiques ayant entouré la crise sanitaire.
Il défend l'efficacité des vaccins tout en précisant qu'aujourd'hui, la vaccination contre la Covid-19 devrait être ciblée sur les personnes à risque, notamment les plus de 60 ans. Il alerte également sur le "Covid long", qui affecte environ 6% des patients mondialement et jusqu'à 10% au Sénégal, avec des symptômes persistants pendant plusieurs mois.
Le Professeur Seydi dénonce la marchandisation de la santé. "Normalement, ça ne devrait pas être un business, mais c'est un business", déplore-t-il, citant l'exemple d'un médicament contre l'hépatite B initialement vendu 80 000 dollars aux États-Unis, alors qu'il peut être accessible pour 1 000 dollars dans certains pays.
"La santé, l'enseignement ou l'éducation ne doivent pas être des marchandises comme les autres", affirme-t-il avec conviction.
À la base de ses réussites, le Professeur Seydi partage sa philosophie : "Croire en soi, travailler sans relâche, servir la société sans calcul reste le plus beau et puissant viatique qui permet de cheminer et de réussir aisément dans la vie."
Pour lui, la réussite ne se mesure pas à la richesse ou aux titres, mais à l'accomplissement de ses rêves tout en maintenant un équilibre de vie. "Si vous avez toute la réussite alors que vous avez une vie familiale chaotique, est-ce que vous avez réussi réellement ?", questionne-t-il.
Aujourd'hui reconnu mondialement et sollicité par les plus grandes universités américaines, le Professeur Seydi continue de défendre une vision humaniste de la médecine et de former la prochaine génération de médecins africains.