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28 juillet 2025
LES COMPAGNIES PRIVEES DE THEATRE SE MEURENT
Comment ramener le public au théâtre ? Yacine Sané, comédienne, actrice, entrepreneuse culturelle et directrice du Festival international Dakar théâtre et humour (Fidath), donne sa recette.
Comment ramener le public au théâtre ? Yacine Sané, comédienne, actrice, entrepreneuse culturelle et directrice du Festival international Dakar théâtre et humour (Fidath), donne sa recette. En marge de la 3e édition de ce festival qui s’est tenue du 18 au 21 juin 2025, la comédienne est revenue sur la réalité du théâtre d’aujourd’hui, bousculé et parfois même délaissé suite à l’émergence du numérique et l’arrivée en force des séries sénégalaises et africaines sur le petit écran.
La 3e édition du Festival international Dakar théâtre et humour (Fidath) s’est tenue a Dakar du 18 au 21 juin 2025. Quelles ont été les grandes lignes du festival ?
Cette année, nous avons organisé l’édition sous le thème des femmes, qui revient à chaque fois, de l’intégration et de la souveraineté africaine. Nous avons reçu des pays comme la Côte d’Ivoire, qui était invitée d’honneur, le Mali, le Congo, et des pièces qui viennent de tout le Sénégal (de Saint-Louis et de la compagnie de Dakar). Nous avons fait la cérémonie officielle à Sorano et nous avons eu des pièces très engagées, qui parlent de l’actualité en Afrique, de ces héros comme Lummumba, Sankara, mais aussi une pièce de Molière, celle de l’ouverture, jouée par Kader Pichinini. En marge de cela, nous avons effectué une formation en entrepreneuriat culturel au profit des directeurs de festival. Cette année, nous avons axé la formation surtout pour les femmes.
Pourquoi les femmes ?
C’est un choix que j’ai fait parce que j’ai remarqué que le leadership féminin est assez négligé ici, surtout dans la culture, notamment dans le domaine du théâtre. Je peux dire que je suis la seule directrice de festival de théâtre et je veux, en ce sens, booster cette activité pour que les femmes aient plus confiance en elles et plus d’assurance à organiser des événements. La preuve, elles sont venues en masse pour cette formation. Aujourd’hui, nous sommes en train de faire un panel (Entretien réalisé le 21 juin), on parle du public qui a déserté les salles de théâtre. L’objectif de ce festival, c’est aussi de ramener les gens au théâtre, de faire des productions de qualité dans les salles, d’accélérer la formation.
Pourquoi le théâtre ne fait-il plus courir le public ?
C’est un problème qui remonte peut être à plusieurs années. Moi, je me rappelle que quand on a commencé avec la troupe des Gueules tapées, une compagnie privée, c’était la belle époque. Les salles étaient pleines. Avant, il y avait beaucoup de compagnies privées, il y avait des subventions de l’Etat peut-être, je ne sais plus. Mais il y avait l’Union Européenne qui était là, le Programme de soutien aux initiatives culturelles (Psic). Les compagnies recevaient des financements pour faire des créations.
Donc aujourd’hui, ce sont les moyens qui manquent pour booster la production ?
Actuellement, les compagnies privées se meurent faute de fonds, de moyens, de subventions. Et par conséquent, les créations, les pièces de théâtre se raréfient, le public n’est pas fidélisé.
Depuis quand sentez-vous tous ces problèmes ?
C’est juste après que l’Ecole nationale des arts a fermé ses portes, il y a 15 ans. Bien que la section théâtre a repris… Mais pour reprendre tout ça, c’est tout un processus… On est en train de le faire et ça commence à bouger. Juste avec le Fidath, on a vu qu’hier par exemple, le Mali et le Congo ont joué et il y avait une affluence ici, des gens sont venus. Bien sûr, c’étaient des pièces de qualité, portées par des comédiens très talentueux.
Est-ce que les nouvelles autorités semblent comprendre l’importance du théâtre, selon vous ? Est-ce que vous sentez leur soutien ?
La première fois qu’on a introduit un projet au ministère de la Culture, on a obtenu 3 millions de francs Cfa de subvention.
La seconde fois, c’était 4 millions. Je pense qu’ils sont conscients qu’il faut aider ce secteur en léthargie. Mais 3 millions, c’est juste pour l’hébergement du festival. Je pense que c’est la première fois qu’on reçoit autant d’argent depuis la première édition.
Mais donc, qu’est-ce qu’il faut pour sortir des difficultés ?
Il faut des événements. Il faut renforcer les événements. La formation, c’est la base. Ensuite, la diffusion. On ne peut pas créer des trucs pour les regarder. Il faut que les artistes bougent ; la mobilité des artistes est importante. Il faut que ça bouge, que l’ensemble du système bouge, pour que tout recommence à bouger. Nous, notre objectif, c’est la relance du théâtre.
Vous parlez du théâtre sur scène ?
Sur scène, bien sûr.
Est-ce que les séries télévisuelles ne vous concurrencent pas ?
Le théâtre et les series télévisuelles, ce n’est pas la même chose. Moi, par exemple, j’ai des amis qui me regardent à la télévision. Je leur dis, un jour, quand vous allez me voir sur scène, vous allez lâcher la télé.
Parce que c’est diamétralement opposé. Ce n’est pas la même chose. Là, c’est du live. C’est comme la musique. Quand tu regardes la personne jouer en live et que tu la regardes à la télévision, c’est différent. Il y a beaucoup d’écart.
Qu’est-ce qu’il faut faire pour valoriser les artistes ?
La rénumération de la copie privée, je pense que c’est un des moyens pour valoriser les artistes, leur montrer de la considération. Je pense que son application ne va pas tarder normalement.
Est-ce que les Sénégalais sont préparés à payer leur billet pour suivre un spectacle de théâtre ?
Ça commence. Hier par exemple, on a vendu des tickets à 2000 francs. Et on a récolté quand même un peu d’argent. Je pense que si on continue dans cette lancée, à amener des pièces de qualité, à faire beaucoup de communication (même si la communication, des fois, elle est chère), les gens vont venir. Ils nous disent souvent n’être pas au courant de nos spectacles. Mais j’ai remarqué aussi que quand les gens viennent, qu’ils voient ce qu’on fait, ils reviennent. Peut-être qu’ils ne sont pas au courant. Mais bon, le théâtre est là. Le théâtre n’a pas changé. Rien n’a changé dans le théâtre. Maintenant, il faut juste que les gens reviennent. Et c’est ce processus-là qu’on est en train de mettre en place. Il y a quelques jours, j’en ai parlé avec un professionnel qui m’a dit : «Est-ce qu’on ne va pas changer de format ? La pièce, on la met en captation et on la met sur YouTube. Ça génère de l’argent et les artistes vont pouvoir en vivre. Parce qu’on est à l’ère du numérique, de la mondialisation. Il faut que nous changions aussi.» Maintenant, on va vers le public, on fait les captations et on lui propose.
Comme c’est le cas de la pièce de théâtre de la Troupe dramatique de Sorano, Poot mi. C’est une pièce contemporaine qui parle des réalités sénégalaises. Je l’ai suivie. Mais il y a toujours une moralité, et c’est une pièce qui éduque, mais dans la bonne humeur. Quand ça passe, les gens rigolent parce qu’on éduque dans l’humour. Ça allie l’éducation et l’humour. Dans notre festival aussi, on essaie de faire les deux en même temps. Des pièces qui font rire, mais qui éduquent aussi.
SONKO, LA VOIX DU CHEF
Toutes les planètes gravitent autour de lui. Sans être chef d’Etat, il demande à ce qu’on le laisse « gouverner ». Est-ce le temps des cerises, après des promesses de récoltes de raisins ?
Lors de l’installation du Conseil national de Pastef jeudi, Ousmane Sonko a montré à ses responsables qu’il est le seul coefficient électoral de son parti. Une vérité absolue, car aucune autre figure populaire n’a jamais émergé dans sa formation.
Seul face au micro, Ousmane Sonko montre sa toute-puissance. Le parti Pastef est son parti. Il en est le visage, la voix, celui qui indique la voie à suivre. Face aux responsables du parti, réduits en simples spectateurs lors de son one-man-show, il a montré qu’il est, comme le disait Idy pour parler de la force de Wade, la constante. Les autres sont des variables. «Tous les gens qui sont là, au moment des élections, ils m’appellent pour me dire : «Si tu ne viens pas, je vais perdre ma localité.» Parfois, je ne me sens pas bien, mais je fais les efforts nécessaires pour y aller. Après cela, tu vois certains sortir pour bomber le torse», expose le président de Pastef. Il ajoute : «Je n’accepterai pas de clan au sein du parti, j’y veillerai personnellement. J’ai toujours été rassembleur, et tout le monde peut en témoigner.»
Ousmane Sonko est ainsi sûr de sa force personnelle. Il est l’unique coefficient électoral de Pastef qu’il a porté jusqu’au pouvoir. C’est une vérité absolue, car il n’y a aucune figure politique qui a réussi à avoir une étoffe pour devenir un leader local, capable de faire lever des foules, à l’image des anciens partis présidentiels qui ont réussi à enfanter des leaders avec des envergures locales réelles. Evidemment, toutes les planètes gravitent autour de lui. Il en est d’autant plus sûr qu’il ajoute à ce pouvoir le poste de chef du gouvernement. Avec une partie des pouvoirs de l’Exécutif, Pros-Pmos, qui se confond dans une seule personnalité, devient une puissance politique et étatique concentrant des pouvoirs exorbitants. Une sorte d’Alpha et d’Oméga
Ce double poids devient inestimable alors que 2029 est à la fois proche et lointain. Même s’il refuse d’en parler, admettant seulement que lui et son candidat pour la présidentielle ont eu des discussions sur la question. Sans donner de détails.
Il n’est pas un chef d’Etat, mais il gère l’appareil politique qui a permis à Bassirou Diomaye Faye de devenir le 5ème président de la République. A 45 ans maintenant, BDF est le premier dirigeant sénégalais à ne pas disposer d’un matériel politique à sa disposition, car il n’est pas un chef de parti. Il a été investi, soutenu et élu par son Premier ministre, qui est reparti aux Législatives pour lui offrir une majorité à l’Assemblée nationale afin d’enclencher le Projet qu’il a lui-même théorisé. Et le slogan Diomaye moy Sonko, triomphant, a été scénarisé pour mettre en place un tandem au sommet de l’Etat en vue d’une gestion de l’Exécutif sous forme de duo. Autant de pouvoirs qui lui donnent une position de sentinelle : il a un regard sur les militants, l’Assemblée et l’Exécutif. Sans être chef d’Etat, il demande à ce qu’on le laisse « gouverner ». Est-ce le temps des cerises, après des promesses de récoltes de raisins ? Aujourd’hui, le Sénégal vit des heures sombres sur le plan économique. Pmos promet un Plan de redressement national pour sortir le pays de «l’abîme» dans un contexte de tensions budgétaires. Comment y arriver alors que le pays a «un problème d’autorité» ?
par Mouhamadou Moustapha Dieye
BIOPSIE D’UNE KOROMAQUERIE !
EXCLUSIF SENEPLUS - La République ne retrouve sa dignité que quand elle se plie à ses caprices. Ce qui ne marche pas n'est jamais de sa faute. Curieusement, il est le chef de l'administration
Être amoureux de la République de Ndoumbélane et ne pas vivre de satire peut rendre malade. Et être malade, avec ce système sanitaire, même la maladie le déconseille. Nul besoin de conceptualiser, attaquons le vif du sujet, démangeaison oblige. Ce sont toujours les mêmes schémas avec Koromak et il n'y a que sa meute qui ne semble pas les voir. Le boss contrarié jette à la vindicte populaire les victimes de ses choix et la meute assure le bain de sang. Au final, il n'aura rien ordonné, les petits goorgoorlus sont responsables de ce qu'ils font et l'influence est nulle, n'est-ce pas ? Ce sont juste ses amis, les jeunes, qui agissent par dépit. Les intérêts français, la RTS, la TFM, la DGE, le Conseil constitutionnel, la police et la gendarmerie nationales, la Cour Suprême, les magistrats, l'armée… Tout le monde ou presque, a au moins une fois comploté contre lui. On est d'accord ou on est l'ennemi et, cerise sur le gâteau, on a la haine.
La parole de Koromak n'impacte tellement pas qu'il n'est pas obligé de rappeler à sa meute qu'on ne peut pas se permettre d'insulter la première Institution du pays. Mais ça, c'est parce que c'est son pote, Ngundu, dont le décret impérial a été remis en question par un premier ministre connecté à de jeunes distributeurs de 72h de joyeusetés à des gens qui ont eux aussi des familles, et même des enfants en âge de se marier. Quand ce fut le tour du Watchacha, ces jeunes qui insultaient sur les réseaux n'étaient rien d'autre que des dépités déçus de la manière dont leur pays est géré, cela pouvait se ‘‘comprendre’’. La République ne retrouve sa dignité que quand elle se plie à ses caprices.
Maintenant que l'Ennemi mortel qui a tué de jeunes sénégalais parce que Koromak l'a déclaré et a contracté une dette de 5000 milliards qu'il a affectée à un puukëré ostentatoire, toujours parce qu'il l'a déclaré, n'est plus là, il faut encore de grandes cibles pour masquer les carences et les promesses évanescentes. Alors on jette discrètement le discrédit sans trop appuyer, sur son patron, le président, qui ne fait manifestement pas les choses que son excellence Koromak aurait fait, pour soutenir ses promesses. Ainsi, son incompétence est différée, parce qu'il ne gouverne pas et qu'on ne le laisse manifestement pas le faire.
Curieusement, il est le chef de l'administration et surtout, il est le chef théorique – d’autres diraient pratique – de la seule institution qui peut forcer la main de l'exécutif, l'Assemblée nationale. Son parti est au cœur de l'appareil d'État, mais il ne gouverne toujours pas, vous savez, même s'il avait déclaré urbi et orbi qu'il allait le faire. Ce qui ne marche pas n'est jamais de sa faute même s'il coiffe ce qu'il appelle le système. C'est toujours la faute du dragon : entendez bien le système et les pouvoirs qui lui font défaut, ceux-là qui feraient de lui, l'être absolu. Le Gojo Satoru version Ndumbélaan de cette magnifique République.
Sa posture, sans triste humour, rappelle à quelques exceptions celle du Watchacha en fin de règne. En colère contre tout le monde et en a tellement marre qu'il souhaiterait même accélérer son départ. Sauf que Koromak, son excellence, n'est qu'à 15 mois de règne. Il rabâche que la République doit être à l'image de celui qui l'incarne (très discutable, comme beaucoup de ses affirmations d'ailleurs), mais encore faudrait-il en conceptualiser le contenu comme savait si bien le faire Maodo, la référence ? Ah oui, il a "théorisé" le système, ce concept symbiote qui mute au gré des postures de son hôte. Pour donner du contenu à une République alternative, il faut savoir se lever tôt. Pour désincarner la vraie République, à midi, il suffit d'une bonne dose de koromaquerie.
Ave Ndoumbélane.
LES ROUTIERS, LA PEUR SANS FREIN
Les traces des attaques perpétrées par des bandes armées à Diboli, Sanghé, Kayes et autres localités dans la République du Mali, le 1er juillet dernier, sont toujours présentes. Plus d’une semaine après, l’inquiétude se lit toujours sur les visages
Il y a plus de 10 jours, le dernier village malien jouxtant la frontière du Sénégal avait fait l’objet d’une attaque terroriste. Les postes de police et de douane ont été visés par une opération coordonnée. Des véhicules et des motos ont été incendiés, une personne a même été tuée par balle. Un peu plus à l’intérieur du territoire malien, d’autres attaques simultanées ont été perpétrées. Il y a eu plusieurs morts, surtout du côté des Djihadistes. Les transporteurs, en première ligne, qui traversent tout le temps la frontière, sont sur les nerfs et transis de peur..
Le temps passe, mais les craintes ne s’apaisent pas. Les traces des attaques perpétrées par des bandes armées à Diboli, Sanghé, Kayes et autres localités dans la République du Mali, le 1er juillet dernier, sont toujours présentes. Plus d’une semaine après, l’inquiétude se lit toujours sur les visages des populations. Elles sont encore déboussolées. Stupéfaites. Aujourd’hui, elles ont besoin d’être rassurées et davantage protégées.
Contraints de prendre la route qui traverse ces zones, les camionneurs et autres transporteurs, et même des commerçants, ont la peur au ventre. Mamory Konté, un Malien, est chauffeur. Trouvé à l’entrée de la ville de Tambacounda où il se reposait, il ne cache pas son inquiétude au moment de rejoindre son pays d’origine. «Je suis profondément atterré de la situation qui prévaut actuellement chez nous», a-til dit d’emblée.
Il explique : «Depuis ces dernières attaques, nous avons trop peur.
Actuellement, c’est comment faire pour rentrer au Mali sans subir d’attaque qui me préoccupe. Je suis lourdement chargé de marchandises diverses à destination du Mali. Les propriétaires piaffent d’impatience d’apercevoir les camions garés devant leurs magasins. Seulement, je suis inquiet. Notre métier comporte d’énormes risques. Il faut forcément emprunter la route pour acheminer les marchandises des commerçants. Ils ne cessent de nous interpeller. Ils ne sont préoccupés que par le gain. Ignorant les risques que nous courons avec les attaques des djihadistes qui peuvent survenir à tout moment. C’est infernal ce que nous vivons.» Il ajoute : «Et c’est pourquoi la situation actuelle va déteindre sur le coût du transport. Nous ne risquerons plus nos vies pour rien. Entrer en territoire malien actuellement, avec ces nombreuses attaques coordonnées notées çà et là, dévient trop risqué. Il faut y mettre le prix pour qu’on tente le coup.»
Au moment de remettre le pied sur l’accélérateur, il fait défiler dans sa tête les risques encourus. Comme Djiby Diaw. Il est un routier sénégalais. Assis à côté de son collègue malien, il a néanmoins l’air beaucoup plus serein. «Je n’ai aucune crainte pour aller décharger mes marchandises au Mali. On va tous mourir un jour», relativise-t-il. Fataliste !
Expérimenté, il sait gérer ce stress et cette incertitude qui entourent cette traversée. «J’ai mon camion lourdement chargé de marchandises. Je suis en escale à Tamba pour me reposer. J’y suis arrivé nuitamment. Je compte, vers 18h, lever l’ancre», confie notre compatriote.
A la question de savoir comment il compte s’y prendre une fois la frontière dépassée, il répond sans trembler : «Je conduis comme je le faisais. Il y a eu certes des attaques sanglantes la dernière fois, mais les djihadistes sont en ce moment éprouvés. Ils ont payé le plus lourd tribut lors des attaques. Ils y réfléchiront à deux fois avant de se lancer dans de nouveaux défis. Les Fama (Forces armées maliennes) ont riposté avec détermination et rigueur. Ils m’ont personnellement rassuré. Voilà pourquoi je dis que je ne crains pas de faire le voyage en territoire malien malgré les récentes attaques meurtrières.»
Mais, il reste persuadé qu’il y a encore des efforts à faire pour éliminer les risques. «Il urge de renforcer la sécurité le long du tracé sénégalomalien. La sécurité doit être plus renforcée parce que les populations ont peur et elles sont inquiètes. Il faut surtout mettre beaucoup de checkpoints sur le long de la route, sur des distances réduites. Ce qui pourra contribuer à dissuader les criminels. Sinon, il faut avouer que les populations ont réellement peur et sont désemparées. Aux autorités de les tranquilliser en mettant à disposition des Forces de défense et de sécurité, les moyens nécessaires pour assurer leurs missions», appelle Djiby Diaw. Après les attaques du 1er juillet, certains ont pris des mesures de sécurité pour se mettre à l’abri. «Je note aussi qu’il y a beaucoup de chauffeurs sénégalais qui ont décidé de surseoir aux voyages vers le Mali jusqu’à nouvel ordre. Ils ne sont pas comme moi, mais ils ont leurs raisons. La situation est inquiétante», admet-il.
Abdou Karim Kébé, un natif de Diaobé, est un commerçant établi à Kidira. Il est très secoué par les attaques du 1er juillet dernier, qui le traumatisent toujours. «Nous saluons la promptitude de la réaction des Fds lors de l’attaque. Seulement, elles doivent être mieux outillées. Et, apparemment, l’Etat semble avoir entendu notre appel. Chaque jour, nous voyons un avion survoler nos têtes. De manière fréquente. Les gens disent que c’est un avion militaire, c’est l’Armée qui mène des patrouilles aériennes. Ce qui nous soulage un peu. Nous nous sommes implantés à Kidira depuis des années. Nous y développons le commerce qui y est très florissant. Seulement, on est très inquiets, surtout quand nous avons appris qu’il y a eu plusieurs attaques coordonnées. Nous avions très peur parce que la ville est située à un jet de pierre de Diboli», rappelle-til.
Aujourd’hui, le représentant de l’Union des conducteurs routiers de l’Afrique de l’Ouest (Ucrao) affiche son inquiétude. Toutefois, Mamadou Kaïré n’épouse pas l’appel au boycott proposé aux transporteurs. «Cela créerait un embouteillage fou dans le pays. Déjà, les gens se plaignent tout le temps du nombre important de véhicules. En venir à vouloir bloquer tous les camions dans le pays rendrait la circulation quasi impraticable. Si tous les véhicules devaient rester au pays, vous imaginez ce que ça pourrait donner ?», s’interroge M. Kaïré. Avant de poursuivre : «Il n’y a aucun métier au monde sans risques.» Le responsable de l’Ucrao demande aux conducteurs de surtout revoir les horaires de circulation. «Il faut circuler aux heures requises pour le couvre-feu instauré par les autorités maliennes. Savoir où garer et quand le faire est aussi une mesure de sécurité indiquée à nos membres», conseille Mamadou Kaïré.
Désormais, il espère un renforcement sécuritaire. «Auparavant, au Mali, il était organisé des convois des Forces de défense et de sécurité pour escorter les camions afin de leur faciliter le passage. Cette pratique doit être rétablie et même perpétuée», plaide le représentant de l’Ucrao. Il recommande aux chauffeurs de prendre un contact téléphonique des Fds au niveau de chaque poste de contrôle. «Ce qui permettra, en cas d’attaque, d’appeler le poste le plus proche. Il faut traverser la frontière en convoi. Quand une dizaine de camions voyagent ensemble, ce n’est pas évident de les attaquer en même temps», a dit Kaïré.
Il réitère son appel au dépassement pour dissiper les peurs. «Il y a eu certes une attaque sanglante, mais pour autant, la vie doit continuer. Les populations des deux bords ont besoin d’aller et de venir, de vivre, d’échanger, et que sais-je encore. Les autorités étatiques doivent à leur tour renforcer les moyens des Fds. Les populations sont aujourd’hui transies de peur et désorientées. Elles ont besoin d’être apaisées. Les récentes attaques ont laissé des stigmates encore visibles. Il faut davantage de sécurité», plaide Mamadou Kaïré. Après plus de 10 jours, la vie continue dans un climat assez anxiogène chez les routiers. Sur un coup d’accélérateur, les camions repartent pour une autre traversée plus sûre. Comme toujours !
LES ACTEURS DE L’EDUCATION DES PAYS D’AFRIQUE FRANCOPHONE EN CONCLAVE A DAKAR
Comment intégrer les langues nationales dans les systèmes éducatifs et faire de la diversité linguistique un levier d’inclusion, d’apprentissage et de réussite scolaire. La question a réuni décideurs, experts et acteurs de l’éducation à Dakar.
L’introduction des langues nationales, enjeux et défis. La question est au centre d’un colloque international ouvert à Dakar ce mardi. La rencontre réunit des décideurs, experts et acteurs de l’éducation. Les travaux ont été présidés par le ministre de l’Education nationale.
Comment intégrer les langues nationales dans les systèmes éducatifs et faire de la diversité linguistique un levier d’inclusion, d’apprentissage et de réussite scolaire. La question a réuni décideurs, experts et acteurs de l’éducation à Dakar. Objectif, promouvoir et valoriser les langues maternelles.
Organisé par l’Institut de la Francophonie pour l’éducation et la formation (Ifef), organe spécialisé de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif), en partenariat avec le Bureau de l’éducation de l’Unesco (Unesco-Bie), l’Université de Genève (Uinge) et l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad), avec l’appui du ministère de l’Education nationale du Sénégal, ce colloque s’inscrit dans la continuité des actions menées pour promouvoir un enseignement bi-plurilingue de qualité, en phase avec les contextes locaux et les besoins des apprenants.
Le programme s’articulera autour de conférences plénières, de tables rondes, d’ateliers thématiques et de partages d’expérience, mettant en lumière des initiatives concrètes menées dans plusieurs pays francophones, notamment dans le cadre du programme Ecole et langues nationales en Afrique (Elan) de l’Oif-Ifef, soutenu par l’Agence française de développement (Afd).
Dans sa déclaration préliminaire, Mona Laroussi, directrice de l’Ifef, a indiqué que dans un contexte mondial où les inégalités scolaires persistent, le colloque incarne une volonté partagée : reconnaître les langues premières des élèves non plus comme un obstacle, mais comme une ressource pour une éducation inclusive et de qualité. Il s’inscrit pleinement dans les engagements des Etats pour atteindre l’Objectif de développement durable 4 (Odd 4).
«Quand vous apprenez que 8 enfants sur 10 apprennent dans une langue qu’ils ne maîtrisent pas, ça fait mal au cœur et, malheureusement, cela se passe dans des pays d’Afrique francophone», a-telle regretté.
Selon elle, le multilinguisme à l’école n’est pas seulement une question de communication, mais plutôt un choix pédagogique et scientifique qui favorise l’inclusion, l’équité et la qualité de l’éducation. Mme Laroussi a, par la même occasion, appelé à une conjugaison des efforts derrière cette réforme pour que les enfants s’épanouissent en apprenant dans leurs langues maternelles.
Venu présider la cérémonie d’ouverture, le ministre de l’Education a rappelé le rôle fondamental des langues maternelles dans l’acquisition des savoirs.
Pour Moustapha Mamba Guirassy, il est avéré que lorsqu’un enfant apprend dans sa propre langue, il est beaucoup plus performant.
C’est la raison pour laquelle tous les Etats ont l’obligation de généraliser l’introduction des langues maternelles dans les curricula. A l’heure du développement fulgurant des technologies de l’information et de la communication, les pays membres de la Francophonie sont invités à une révision profonde des systèmes éducatifs.
«Pour une bonne généralisation des langues, il nous faut un changement de logiciel, de comportement, et que l’environnement de l’enfant soit lettré. Nous devons repenser nos systèmes. Les réseaux sociaux et l’Intelligence artificielle sont avec nous, il nous faut incontestablement passer à une réforme tenant en compte des réalités de l’heure.»
Durant trois jours, les participants échangeront autour d’enjeux liés au passage à l’échelle de la généralisation de l’introduction des langues maternelles à l’école, comment converger vers des standards communs, en discutant planification, coût et modalités nécessaires à une généralisation durable de l’enseignement biplurilingue, et élaborer des recommandations à l’attention de l’ensemble des parties prenantes.
Par Mohamed GUEYE
EN ATTENDANT BACHIR, GADIAGA ET ABDOU NGUER
Depuis le 25 juin, notre confrère Bachir Fofana a rejoint en détention Moustapha Diakhaté et le chroniqueur Abdou Nguer. Ces 3 personnages ont commis le crime d’exprimer des opinions qui sont en porte à faux avec la doxa du peuple de Pastef,..
La rubrique «Contrepoint» est habituellement animée par Bachir Fofana. Ce dernier étant dans les liens de la détention pour des motifs fallacieux, Le Quotidien a décidé de poursuivre sa publication jusqu’au délibéré final de son procès. Si, comme nous le souhaitons, notre confrère est libéré, il retrouvera sa place dans nos colonnes. Et s’il est condamné, ce que nous ne souhaitons pas, sa chronique arrêtera sa parution jusqu’à son retour. Dans l’attente de cette clarification, les lecteurs du journal retrouveront sa chronique chaque samedi.
Depuis le 25 juin, notre confrère Bachir Fofana a rejoint en détention Moustapha Diakhaté et le chroniqueur Abdou Nguer. Ces 3 personnages ont commis le crime d’exprimer des opinions qui sont en porte à faux avec la doxa du peuple de Pastef, et surtout ses dirigeants. Ils ont été «effacés» de l’espace médiatique, comme promis par le Premier ministre devant les représentants du Peuple, à l’Assemblée nationale. Depuis mercredi 9 juillet, un autre chroniqueur de télé, Badara Gadiaga, les a rejoints.
Ce jour-là, le président du parti Pastef a décidé, en l’absence notable d’un éminent militant du parti -le président de la République-, de sonner la remobilisation de ses troupes. Il a commencé par dénoncer «l’esprit de clan» qui a fait son apparition en leur sein. Esprit de clan né sans doute de l’appétit suscité par un partage inégal du gâteau, on peut le présumer.
Il a surtout aussi voulu retrouver l’esprit des années de braise, quand les troupes fanatisées n’hésitaient pas à affronter les Fds, et à embraser les domiciles et sièges de ceux qu’ils considéraient comme leurs ennemis. En plus de certains commerces, les sièges de certains médias ont fait l’objet d’autodafés.
Avec la force de la loi et le glaive de la Justice, plus besoin de recourir au feu, sinon à celui de la force armée légalement dotée de pouvoir. Les chroniqueurs de télévision en sont les victimes de choix, aux côtés de leurs invités comme Assane Diouf ou les politiciens Moustapha Diakhaté et le Commissaire Cheikhna Keïta. Aucun lapsus, aucun dérapage ne leur sera toléré. Le leader de Pastef a bien affirmé qu’ils combattront tous ceux qui les combattent. Et il a enjoint à ses militants de ne plus se rendre sur ces plateaux où ils se font tailler des croupières, pour privilégier les réseaux sociaux. Sans doute ne s’est-il pas encore rendu compte que même sur les réseaux sociaux, sa voix et celles de ses partisans deviennent chaque jour inaudibles.
Ce qui fait qu’ils ne réalisent toujours pas que les tentatives légales pour «effacer» leurs critiques ne feront que révéler d’autres critiques. Comme ils sont convaincus que ces critiques sont stipendiés par leurs ennemis du «Système», ils finiront sans doute aussi par comprendre que même en leur sein, l’hydre a fini par pousser des têtes.
Ayant accédé au pouvoir avec la volonté de «mettre hors d’état de nuire» tous ceux qui ont entravé sa marche vers le sommet, Pastef a voulu les priver de voix et de plume. D’où tous les moyens mis en œuvre pour sevrer les médias de moyens d’existence. La chose dont ils auraient dû se rendre compte et qui leur sera fatale, est que la presse sénégalaise est inséparable du peuple sénégalais. Si les journaux et les journalistes survivent à ce jour à toutes les avanies, ce n’est pas grâce aux «milliards cachés» que leur fourniraient les tenants de l’ancien système mackyste.
S’ils avaient pu maintenir à flot l’économie que Macky Sall leur avait léguée, au lieu de la laisser sombrer et de faire perdre ainsi leur gagne-pain à de nombreux Sénégalais, parmi lesquels plusieurs partisans de Pastef, les dirigeants actuels n’auraient pas eu besoin de recourir à la force légale pour faire taire leurs détracteurs. Le peuple lui-même, au-delà même des 54%, s’en serait chargé.
Bachir Fofana, Abdou Nguer, Badara Gadiaga, à chacune de leurs émissions, se sont évertués à montrer à ce pouvoir les failles de sa politique, et parfois même les moyens de les corriger. Aucun d’eux n’a utilisé un langage différent de ce qu’ils employaient à l’égard du président Macky Sall quand il voulait déraper. Aveuglé par ses calculs politiciens, trompé par son entourage et assourdi par sa vanité, le Macky du second mandat n’a pas voulu lire les signaux d’alarme. C’était l’époque où ceux qui lui refusaient la possibilité d’un troisième mandat perdaient systématiquement leur poste. Mais ce Macky-là avait déjà plus de 7 ans de pouvoir. De plus, son parti se résumait à un appareil électoral qui, d’ailleurs aujourd’hui, a toutes les difficultés pour survivre, malgré les efforts de gens comme Pape Malick Ndour, Hamidou Anne et une petite poignée d’irréductibles.
Sonko et les dirigeants de Pastef se retrouvent, eux, aujourd’hui, dans la position des nazis de Hitler en juillet 1934. Il a fallu la sortie du mercredi dernier pour que la majorité des Sénégalais se rendent compte que le parti au pouvoir est déjà miné par des dissensions, et pas seulement des petits militants de base frustrés, mais surtout des personnalités au sommet de l’appareil. Des pays comme l’Allemagne ou le Burkina Faso ont résolu ces contradictions par le sang. Cela a donné, selon les pays, La Nuit des Longs couteaux ou bien, à Ouaga, la Rectification, qui a coûté la vie à Thomas Sankara.
Le Sénégal de 2025 n’étant pas l’Allemagne des nazis ou le Burkina de Blaise Compaoré, il est certain que l’on n’en arrivera pas à ce niveau. Mais si les contradictions doivent se résoudre, la presse ne pourra que le constater, sans y prendre part pour autant. Et elle ne manquera pas de mettre le doigt sur les problèmes et leurs conséquences. La nature de ce régime, dans ses rapports avec les médias, étant de foncer à toute vitesse vers le mur, on devra peut-être aussi s’attendre à d’autres arrestations pour avoir mis à nu des situations déplaisantes. Cela ne nous empêchera pas de les dévoiler.
Bachir Fofana, Badara Gadiaga et Abdou Nguer avaient fini par comprendre la nature de ce pouvoir. Chacun a compris qu’il ne servait à rien, avec leurs interlocuteurs, de brandir des arguments de bonne foi. Il était évident dès leur interpellation, qu’ils n’allaient pas retrouver leurs foyers rapidement. Tous les artifices sont bons pour les maintenir en détention. La preuve, la grève des greffiers est arrivée au moment opportun pour renvoyer le délibéré de Moustapha Diakhaté et de Bachir Fofana. Et pour Gadiaga, comme pour Abdou Nguer, nous apprenons qu’ils sont entrés dans une longue procédure d’instruction. Dans certains pays ou d’autres temps, les incriminations qui les visent ne feraient pas l’objet de peines d’emprisonnement. Mais cela, ce sont des pouvoirs qui n’ont pas peur de leur presse.
Quant à leurs confrères des médias, qui comprennent de plus en plus que chacun d’eux a des chances de les retrouver en prison, ils ne peuvent, en attendant, que crier : Free Bachir Fofana ! Free Badara Gadiaga, Free Abdou Nguer !
LES LIONNES FACE AU DEFI DE LA QUALIFICATION
Le Sénégal affronte, ce samedi 12 juillet 2025, au stade olympique de Rabat (19h), le Maroc, dans le cadre de la 3e journée de la CAN féminine qui se joue du 5 au 26 juillet
Le Sénégal affronte, ce samedi 12 juillet 2025, au stade olympique de Rabat (19h), le Maroc, dans le cadre de la 3e journée de la CAN féminine qui se joue du 5 au 26 juillet. La première place dans le groupe A et une qualification en quart de finale seront en jeu dans ce duel de «Lionnes». Après la courte défaite concédée contre la Zambie, les «Lionnes» du pays de la Téranga (3e, 3 points) jouent leur qualification lors de duel aux allures de «finale» pour le sélectionneur Mame Moussa Cissé.
L ’équipe du Sénégal fera face à celle du Maroc, pays hôte de la CAN féminine, pour sa troisième et dernière rencontre du groupe A. Ce sera ce samedi à 19h, au stade olympique de Rabat. Ce choc entre les Lionnes du pays de la Téranga et celle de l’Atlas sera décisif pour la qualification en quarts de finales. Après un probant succès contre la Rd Congo qui lançait idéalement la campagne, les coéquipières de Mama Diop avaient essuyé une défaite contre la Zambie (3-2) mercredi dernier, lors de la deuxième journée.
Ce faux pas différait non seulement sa qualification en quart de finale, mais complique davantage la tâche aux Sénégalaises. Puisque les Lionnes de l’Atlas en ont profité pour prendre la tête du groupe A avec 4 points (+2) ; devançant au goal-average la Zambie (4 points+1). Le Sénégal avec ses 3 points, se retrouve à la 3e place. Les Lionnes vont donc jouer «une deuxième finale» avec l’obligation de décrocher la victoire. Un autre résultat sera malvenu pour la bande à Mama Diop et Nguenar Ndiaye qui ont jusqu’ici porté le Sénégal.
Le sélectionneur Mame Moussa Cissé a d’ores et déjà identifié les manquements et les points à améliorer suite à la défaite contre la Zambie. «En première période, nous avons abusé de jeu long. Les filles ont voulu sauter le milieu de terrains et c‘est ce qui nous a fatigués. Après, sur le contenu, les filles ont fait de très bonnes choses…», a-t-il relevé, avant d’indiquer : «J’avais annoncé deux finales. Nous avons perdu la première contre la Zambie. A nous maintenant de gagner ce second face à face contre le Maroc. Ce sera à nous d’élever notre niveau pour avoir quelque chose face au Maroc»
Vers cet objectif, les Lionnes ont sans doute pris la bonne mesure des vice-championnes d’Africaine. En plus de leurs deux précédentes sorties, les Lionnes avaient croisé leurs homologues marocaines en amical en octobre 2024. Les Lionnes de l’Atlas avaient largement emporté le duel (7-0).
L’UNESCO ACCÉLÈRE POUR COMBLER LE RETARD DE L’AFRIQUE
Trois biens africains ont été retirés de la liste du patrimoine mondial en péril et quatre autres sont candidats à une inscription à l’Unesco, dont deux venant de pays qui n’ont encore aucun sites classés
Trois biens africains ont été retirés de la liste du patrimoine mondial en péril et quatre autres sont candidats à une inscription à l’Unesco, dont deux venant de pays qui n’ont encore aucun sites classés.
L es « Fore ts humides de l’Atsinanana » à Madagascar, le site d’Abou Mena en Égypte et l’ancienne ville de Ghadame s, en Libye, ne font plus partie de la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en péril. L’organisation onusienne, réunie à Paris, a décidé mercredi 9 juillet de les retirer de cette catégorie qui regroupe les sites culturels ou naturels gravement menacés, au point que leur valeur universelle exceptionnelle pourrait être compromise ou perdue.
« Quand des sites quittent la Liste du patrimoine mondial en pe ril, c’est une grande victoire pour tous, a déclaré la directrice générale de l’Unesco Audrey Azoulay, citée dans un communiqué, rappelant « l’effort particulier » accordé à l’Afrique ces dernières années. Des efforts qui « paient aujourd’hui », estime-t-elle.
Depuis son arrivée en 2018, elle s’est engagée à renforcer la représentation des sites africains sur la Liste du patrimoine mondial, alors qu’ils ne représentent qu’une faible proportion des 1 223 biens inscrits. Onze États n’ont même aucun biens sur la fameuse liste de l’Unesco, dont les Comores, le Libéria ou encore la Somalie.
Une anomalie quand on sait que c’est le sauvetage du temple du pharaon égyptien Ramsès II, à Abou Simbel, en 1959, qui a inspiré la création de la Convention du patrimoine mondial en 1972. Le site risquait de se voir englouti par les eaux avec la construction du barrage d’Assouan et les gouvernements égyptien et soudanais avaient sollicité l’aide de l’Unesco pour conserver le monument.
MOINS DE 9% DES SITES AU PATRIMOINE MONDIAL SONT AFRICAINS
Le nombre de sites africains inscrits est passé de 93 à 108 en quelques années, mais ils représentent encore moins de 9% du total des inscrits. Manque de moyens, d’experts formés… « Les raisons de ce retard sont multiples, mais il n’y a pas de mauvaise volonté de l’Afrique », indiquait le directeur du Centre du patrimoine mondial de l’organisation onusienne Lazare Eloundou Assomo récemment sur l’antenne de RFI, soulignant que « les conflits armés, le réchauffement climatique qui entraîne par exemple des feux de forêt, l’exploitation des ressources, sont autant de défis pour les sites africains. »
À ce titre, douze des 53 sites mondiaux en grave danger sont d’ailleurs situés dans des pays africains, parmi lesquels le parc des Virunga en République démocratique du Congo, refuge d’une grande partie des derniers gorilles de la planète, mais victime notamment de conflits armés chroniques, ou encore Tombouctou au Mali, largement détruite par les groupes armés jihadistes.
Au Soudan en guerre, par exemple, les biens culturels sont à la merci des vols. « Nous formons les professionnels à leur sauvegarde, à mettre en place des mesures d’urgence, nous suivons la situation sur le terrain, nous avons des outils de mesure et de contrôle par satellite pour mieux comprendre la situation, mieux informer la population et aussi prendre des décisions pour soutenir tous ceux qui peuvent encore sauvegarder ce patrimoine », pointait encore Lazare Eloundou Assomo.
Ces cinq dernières années, la mise en place de « stratégies ciblées » pour sauvegarder des sites en danger aura permis de faire sortir en tout six biens africains de la liste du patrimoine mondial en péril, après le Parc national de la Salonga en RDC en 2021, les Tombeaux des rois Buganda en Ouganda en 2023 et le Parc national de Niokolo-Koba au Sénégal en 2024.
L’Unesco et Madagascar ont par exemple mis en œuvre « un plan d’action ambitieux » pour préserver les Fore ts humides de l’Atsinanana, sur la Grande Île, classées en péril en 2010 : plans de gestion rigoureux, contro le de l'abattage de l'e be ne et du bois de rose, surveillance par satellite. Résultat, selon l’Unesco : « 63% des zones de couverture forestie re perdues ont e te restaure es, l'exploitation forestie re ille gale et le trafic de bois pre cieux ont e te re duits, et les signes de braconnage des le muriens ont atteint leur niveau le plus bas depuis 10 ans ».
EXPERTS LOCAUX FORMES, PARTICIPATION DES COMMUNAUTES TRADITIONNELLES
Le budget consacré à l’Afrique a augmenté pour atteindre en 2025 plus d'un quart du budget total de l'organisation onusienne (27%), indiquait l’AFP.
Lors de la Conférence internationale sur le patrimoine culturel en Afrique, qui s’est tenue en mai à Nairobi, plusieurs pistes d’action ont été mises en avant pour tenter de combler le décalage. L’Unesco veut placer les communautés locales au centre du processus. Cela passe notamment par la formation d’experts africains. En 2021, elle a lancé un programme de mentorat pour les professionnels africains du patrimoine. Quelque 60 experts, 30 hommes et 30 femmes issus 46 pays différents, dont les onze pays africains encore non représentés, ont été formés dans ce cadre.
A aussi été adopté à cette occasion le Document de Nairobi sur l’authenticité du patrimoine. Ce texte propose des orientations pour mieux préserver les sites inscrits et pour guider les futures inscriptions, tout en renforçant la participation des communautés locales. Il vise à mieux prendre en compte les spécificités culturelles africaines en élargissant la notion d’authenticité au-delà des critères architecturaux occidentaux, pour y inclure les traditions orales, les usages vivants et les contextes sociaux.
L’Unesco accompagne également les pays pour renforcer leurs candidatures pour de nouvelles inscriptions. Ainsi, cette année, quatre pays africains présentent des candidatures, dont deux qui n’ont encore aucun bien inscrit au Patrimoine mondial : l’archipel des Bijagos en Guinée Bissau, sanctuaire de tortues marines et halte essentielle pour les oiseaux migrateurs, et le complexe Gola Tiwai en Sierra Leone, l’une des dernières grandes forêts humides intactes d’Afrique de l’Ouest, abritant des espèces emblématiques comme l’éléphant forestier et l'hippopotame pygmée. Les deux autres dossiers examinés à Paris concernent les Monts Mandara, au Cameroun, et le Mont Mulanje, au Malawi. On devrait savoir d’ici la fin de la semaine si la liste de l’Unesco reflètera mieux la diversité et la richesse du patrimoine mondial.
MOUHAMADOU MANSOUR SECK, UNE MÉMOIRE VIVANTE DE L’ARMÉE ET DE LA DIPLOMATIE SÉNÉGALAISES
"Number One" souffle ses 90 bougies. Le général a reçu jeudi les hommages de la classe militaire et politique sénégalaise. Une soirée de reconnaissance pour celui qui a marqué l'histoire de l'armée et de la diplomatie du pays
Le Centre Ouest Africain de Recherche (WARC) a accueilli, le jeudi 10 juillet, une cérémonie pleine d’émotion et d’hommage à l’occasion des 90 ans du Général Mouhamadou Mansour Seck. Figure tutélaire de l’histoire militaire et diplomatique du Sénégal, celui que ses pairs surnomment avec affection "Number One" a été célébré pour l’ensemble de son œuvre et son inlassable engagement au service de la nation. L’événement a été ponctué par la projection du film « De Guy Julankan (Bargny) à Washington DC », retraçant le parcours exceptionnel du Général, depuis ses débuts dans l’armée sénégalaise jusqu’à sa fonction d’ambassadeur à Washington. Les interventions et témoignages ont mis en lumière son professionnalisme, sa modestie et son humanisme, autant de qualités qui ont marqué ses compagnons d’armes et collègues. La cérémonie a rassemblé des personnalités de premier plan, parmi lesquelles les généraux Mbaye Cissé, Babacar Gaye et Abdoulaye Fall, ainsi que des figures du monde académique et politique comme les professeurs Bouba Diop, Penda Mbow, Cheikh Tidiane Gadio, Abdoulaye Bathily et Seydou Touré.
Une visionnaire au service de l’armée
Lors du panel dédié à sa carrière, les généraux Mbaye Cissé et Babacar Gaye ont salué sa vision stratégique. Ils ont notamment rappelé que le Général Seck avait anticipé les menaces terroristes en dotant l’armée d’une unité spécialisée contre le terrorisme, bien avant les attentats du 11 septembre. Son passage à la tête des Forces armées sénégalaises et sa mission diplomatique aux États-Unis figurent parmi les points d’orgue d’un parcours unanimement salué.
Un homme, un mentor, une référence
La dimension humaine du Général a également été évoquée avec émotion. Sa nièce, Mme Aby Thioune, a partagé des souvenirs d’enfance révélateurs de son tempérament : confection d’uniformes militaires avec des tissus de récupération, parades improvisées dans les rues de Dakar... autant d’indices précoces de sa vocation. Elle a souligné les valeurs transmises : discipline, sport, respect d’autrui, et amour de la patrie.
L’indéfectible présence de son épouse
Madame Seck, son épouse, a pris la parole pour saluer son compagnon de vie et de destin. « Le Général a toujours été guidé par son amour pour le Sénégal et sa famille. Je suis fière d’avoir été à ses côtés dans toutes ses entreprises, qu’elles soient militaires, diplomatiques ou personnelles », a-t-elle déclaré, déclenchant une salve d’applaudissements nourris.
Une soirée de reconnaissance
La cérémonie s’est achevée par un cocktail offert par la famille, dans une ambiance conviviale. Les échanges, empreints de respect et d’admiration, ont rappelé à quel point le Général Seck demeure une source d’inspiration. Un intervenant l’a résumé avec justesse : « Number One n’est pas seulement un surnom, c’est une réalité qui reflète sa place dans l’histoire de notre nation. »
Un 90e anniversaire à la hauteur d’un destin exceptionnel
Le Général Mouhamadou Mansour Seck, surnommé avec affection « Number One », a célébré ce vendredi ses 90 ans lors d’une cérémonie émouvante, ponctuée de souvenirs marquants. En présence de ses proches, de sa famille, mais aussi de figures politiques et diplomatiques, l’ancien chef d’étatmajor a partagé avec émotion les temps forts d’une vie consacrée au service du Sénégal.
Famille, reconnaissance et émotion
Dans son discours, le Général Seck a tenu à exprimer sa gratitude envers son épouse, affectueusement appelée « la Générale », ainsi qu’envers ses enfants, notamment sa fille Néné qui, avec ses frères et sœurs, a orchestré une soirée d’anniversaire à la hauteur de l’homme et du patriarche. Il a particulièrement salué la venue de sa fille résidant à Montréal, soulignant le rôle central de la famille dans son parcours.
De la guerre du Golfe à Washington
Le Général Seck est revenu sur plusieurs étapes clés de sa carrière militaire et diplomatique. Il a rappelé l’engagement du Sénégal dans la guerre du Golfe, durant laquelle « le pays a perdu une centaine de soldats », et le geste fort du Général Colin Powell, alors chef d’état-major américain, venu à Dakar présenter ses condoléances. Autre moment marquant : sa mission diplomatique à Washington, entre 1995 et 2000. Durant cette période, il a œuvré aux côtés des 54 ambassadeurs africains pour faire adopter l’AGOA (African Growth and Opportunity Act), un accord commercial historique soutenu par les deux partis américains. « C’est moi qui ai été choisi pour répondre au Président George W. Bush dans les jardins de la Maison Blanche », a-t-il confié avec fierté, qualifiant ce moment d’« immense honneur ».
Les assises nationales et l’écoute des territoires
Homme de dialogue et d’analyse, le Général a rappelé son engagement dans les Assises nationales, aux côtés d’Amadou-Moctar Mbow. Il a insisté sur la démarche scientifique et inclusive qui guidait cette initiative, ainsi que sur l’importance qu’il accorde à l’écoute des populations, particulièrement celles de Kolda et Kédougou, « pour comprendre leurs attentes et proposer des solutions adaptées ».
L’histoire du f-27 : un pari audacieux
Parmi les récits marquants de la soirée, le Général Seck est revenu sur l’acquisition de l’avion F-27. Dans un contexte budgétaire contraint, il a fait le choix stratégique d’un appareil polyvalent, capable d’atterrir sur des pistes non goudronnées et de répondre à divers besoins militaires. Il a tenu à saluer M. Touré, alors ministre des Finances, « pour son soutien décisif dans cette décision courageuse ».
Une longévité qu’il souhaite à tous
Clôturant son allocution, le Général a chaleureusement remercié tous les invités, qu’il a qualifiés de « famille », insistant sur l’importance de la santé et de la longévité : « Je souhaite à chacun d’entre vous d’atteindre 90 ans en bonne santé », a-t-il déclaré, avec une humilité empreinte de sagesse.
"Number One", un surnom chargé d’histoire
Ce sobriquet emblématique lui a été attribué aux États-Unis, lors d’un stage militaire, en reconnaissance de ses qualités de leader et de son excellence. Un surnom qu’il porte avec honneur, reflet d’une carrière exemplaire et du respect unanime dont il jouit depuis des décennies. Cette célébration fut l’occasion d’honorer un homme dont l’itinéraire incarne les valeurs de courage, d’engagement et de patriotisme. À 90 ans, le Général Seck reste une figure tutélaire de la nation, un modèle pour les générations d’aujourd’hui et de demain.
LE RETOUR DE SONKO À L’ASSEMBLÉE NATIONALE EST HYPOTHÉTIQUE
La "suspension de mandat" invoquée par le camp de Pastef n'existe dans aucun texte de loi, selon Alioune Souaré, ancien député et spécialiste du droit parlementaire
« La disposition relative à la possibilité pour tout député nommé membre du gouvernement de retrouver son siège de député à l’Assemblée nationale, dès la cessation de ses fonctions, a été introduite dans la Constitution, à l’article 54, depuis 2019. Mais à ce niveau, il a été dit que seule une loi organique doit le compléter et définir les modalités. Mais, malheureusement, cette loi organique personne ne l’a prise, jusqu’à la dernière modification du Règlement intérieur (initiée par la 15e législature, ndlr). Ils l’ont intégré à l’article 124.
L’article 54 dit : 1er alinéa : «La qualité de membre du gouvernement est incompatible avec un mandat parlementaire (…) sous réserve des dispositions prévues à l’alinéa sous-dessous». Alinéa 2 : « Le député nommé membre du gouvernement ne peut siéger à l’Assemblé nationale pendant la durée de ses fonctions ministérielles ». 3ème alinéa : «Les modalités d’application du présent article sont fixées par une loi organique».
L’innovation avec le nouveau Règlement intérieur a été consacrée à l’article 124 qui complète les dispositions de l’article 54 de la Constitution. Il faut un mois au ministre qui cesse d’être membre du gouvernement pour retrouver son poste de député. Mais cet article (124) contient des lacunes parce qu’il ne définit pas les modalités avant d’intégrer le gouvernement : faut-t-il écrire une lettre de suspension et à qui l’adresser ? Parce que la notion de suspension de mandat n’existe dans aucun texte, ni dans le Règlement intérieur ni dans la Constitution.
L’autre chose, c’est que la loi n’est pas encore entrée en vigueur. Il il faut des procédures dont sa promulgation et publication au Journal officiel. Aussi, même si elle venait à entrer en vigueur, la loi n’est pas rétroactive. Il y a un principe en droit qui dit que la loi ne dispose que l’avenir. C’est après sa publication au Journal officiel que cette loi entre officiellement en vigueur. Mais elle n’est pas rétroactive. Donc on ne peut l’appliquer sur des faits passés. Ça pose problème, parce que ces députés ils ont démissionné carrément, la notion de suspension de mandat n’étant pas dans le Règlement intérieur.
L’autre obstacle est que la Constitution dans son article 61 dernier alinéa stipule que le député qui fait l’objet d’une condamnation pénale définitive est radié de la liste des membres de l’Assemblée nationale, sur demande du ministre de la Justice. C’est cette disposition qui avait emporté Barthélémy Dias. Aujourd’hui, rien qu’avec le rabat d’arrêt qui a été rendu récemment par la Cour Suprême confirmant sa condamnation dans l’affaire Mame Mbaye Niang, même si Ousmane Sonko par miracle était revenu à l’Assemblée nationale, on peut lui appliquer cette disposition de l’article 61 de la Constitution qui est dans le nouveau Règlement de l’Assemblée l’article 60 Mais à une condition. Il faut une demande du ministre de la Justice pour qu’on puisse le radier définitivement de la liste
C’est pourquoi, je dis que c’est un retour hypothétique. Il n’y a aucune disposition du Règlement intérieur qui parle de suspension de mandat.»