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29 juillet 2025
PAR Idrissa Sylla
SONKO LÂCHE DIOMAYE
EXCLUSIF SENEPLUS - Sonko moy Diomaye ! Diomaye moy Sonko n’est plus qu’un vieux souvenir de campagne électorale. Monsieur Ousmane Sonko doit se rappeler qu’il n’est pas élu et que son pouvoir de Premier ministre émane d’un décret présidentiel
Va-t-il le pousser à la démission pour prendre le contrôle du pouvoir ?
En écrivant cet article, je suis tombé sur un texte paru dans Le Quotidien du Samedi 12 juillet, intitulé : « Ousmane Sonko : le peuple en chair et en esprit »
Ce texte d’un pastefien universitaire, donc un intellectuel qui normalement, devrait avoir (comme tous les intellectuels du monde) le courage de ses idées et les endosser.
On a vu dans un passé récent cette lettre ouverte des trois intellectuels, Felwine Sarr, Mohamed Mbougar Sarr et Boubacar Boris Diop plaidant “Pour une société véritablement démocratique”.
Ensuite ce furent le tour de Fatou Sow, Sophie Bessis, Mamadou Diouf et Amadou Tidiane Wone, ancien ministre de la Culture, parmi plus de la centaine d’intellectuels qui avaient cru devoir signer une tribune pour interpeller le président Macky Sall « sur le respect des droits et de la justice » en défendant farouchement Ousmane Sonko.
Tout cela s’est passé entre mars et juin 2023.
Depuis lors et malgré tous les soubresauts que notre pays a connu, ils ont tous choisi de se murer dans le silence. Même n’étant pas d’accord avec leurs idées, je reconnais qu’ils ont eu le courage et l’honnêteté de les assumer. Tandis que ce nouveau défenseur de PROS en voulant nous enseigner la personne Sonko, n’a pas osé apposer son nom à la fin du texte.
À la place, il a écrit ceci : l’auteur du texte, un universitaire bien connu, a tenu à préserver son anonymat. Après son développement, il conclua en ces termes : « Sa prise de parole hier (parlant de Sonko) est le signe d’un encerclement par les actionnaires du statu quo ante, leurs relais dans la presse, la Justice, l’Administration et au sein même du parti. Le peuple, qui est plus grand, plus fort, plus nombreux que tous ces intrigants, et qui a tout à gagner dans leur défaite définitive, devra de nouveau se lever en bouclier de celui qui a mis sa carrière, son honorabilité et sa vie au service de l’intérêt général ».
Certainement, c’est à cause de l’encerclement dont il fait état, qu’il a peur d’être identifié par les nouveaux « insurgés » républicains venus au secours du Sunugaal en naufrage.
Qu’il retient que lorsqu’une armée encercle ses ennemis, ces derniers ont peu de chance d’échapper à la défaite avec toutes les conséquences qui en découleront, ce qui explique le grand malaise au sommet de l’Etat et au sein du parti Pastef.
Un autre fait a attiré mon attention dans ce texte : en aucun moment le nom du président Diomaye n’a été mentionné comme s’il le rangeait parmi les intrigants dans le parti.
Cet auteur encagoulé considère qu’Ousmane Sonko an mis tout … (le concernant personnellement) au service de l’intérêt général. En réalité tous ses combats ont été des combats pour son propre intérêt contrairement à ce qu’avance son défenseur.
Ousmane considère qu’il est le centre du monde. Ce qui est en train de se passer entre lui et le président de la république est la preuve éloquente de ce trait de caractère.
Le ministre Samba Sy, Secrétaire général du PIT-Sénégal, coordinateur de la CDS et du FDR que nous félicitons au passage pour l’excellente prestation à Grand Jury du Dimanche rappelait dans l’émission, parlant du premier ministre que “Le pouvoir ne forge pas les traits, qu’il les grossit et qu’il est un révélateur extrêmement puissant.
Parlant du dernier discours de ce dernier, il considère que : je le cite : “c’est un discours grave car il ne laisse de coté aucun segment de la nation.
Ce discours crée des inquiétudes.
Ce discours n’est pas un discours qui a seulement une résonance interne .
Ce discours résonne également à l’extérieur.
Ce discours est un discours qui pose problème.
Ce discours est révélateur d’une crise institutionnelle au sommet.” Fin de citation.
Sonko moy Diomaye ! Diomaye moy Sonko n’est plus qu’un vieux souvenir de campagne électorale. Tous les analystes et observateurs politiques qui contredisaient celles et ceux qui présageaient une vie courte au team pastefien se retrouvent aujourd’hui seuls avec leur rêve trahi d’un duo en bonne santé, pour un Sénégal souverain et prospère. Ousmane Sonko n’avait-il pas dit un jour que ceux qui s’attendent à une mésentente entre lui et le président seront déçus.
Ce à quoi nous assistons aujourd’hui est malheureusement le contraire de cette conviction du passé.
Le voilà en train de traiter publiquement le président de la République de manquer d’autorité. Une grave déclaration qu’aucun Premier ministre au monde n’oserait faire à l’endroit d’un président de la République sans se faire virer immédiatement.
Nous l’avons tous entendu s’en prendre au président Diomaye, disant qu’il se défend quand il est attaqué et l’abandonne lorsqu’il s’agit de lui.
Encore une contrevérité, car Azoura a dépassé gravement le président de la République qui est une institution et rien ne s’est passé. Ce même Azoura en récidivant sur le président Macky Sall a eu le privilège d’être visité en prison par Sonko et libéré par la suite sur la base d’un certificat médical de complaisance.
Par contre tous les chroniqueurs et activistes qui ont parlé de Sonko dans les médias se sont retrouvés devant le procureur jusqu’à Badara Gadiaga qui sera peut-être fixé sur son sort ce lundi 14 juillet.
Maintenant, c’est clair pour tout le monde que le tout puissant PROS n’a pas le contrôle total du pouvoir qu’il a lui-même créé. « Qu’on me laisse gouverner », a-t-il dit. Même si le ton de son propos est ferme, on peut retenir sans se tromper qu’il s’agit d’un aveu d’impuissance de sa part face aux menaces politiques suspectées de l’opposition, de la société civile, des chroniqueurs, de la justice mais aussi du président Diomaye sa principale cible.
Je ne comprends d’ailleurs pas le fait qu’il veuille amener le président (qui a déjà démissionné de son poste de SG de Pastef pour mieux s’occuper de sa fonction) à s’appuyer sur l’appareil politique pour gouverner.
Monsieur Ousmane Sonko doit se rappeler qu’il n’est pas élu et que son pouvoir de Premier ministre émane d’un décret présidentiel.
Au conseil national du Pastef, j’ai entendu un Premier ministre super faible, et heureusement pour notre pays.
Le Sénégal n’a pas un problème d’autorité dans le sens posé par Sonko qui en réalité est notre problème, car il est la seule autorité à avoir des problèmes avec tout le monde, comme l’a dit le journaliste de JDD Assane Gueye et à son invité de ce dimanche d’en conclure que c’est donc lui Ousmane qui est le problème.
Dommage pour notre pays qui ne mérite pas ce qui est en train de lui arriver.
Quinze mois au pouvoir et tous les clignotants sont au rouge tous secteurs confondus.
Pour reprendre les propos du ministre Samba Sy : “Opposants nous voulons le meilleur pour notre pays. Notre pays qui ne va pas bien. Des faits constants et têtus l’attestent. Nous sommes dans l’impasse et il n’y a pas de solutions à l’horizon”.
C’est ça la réalité, et pendant ce temps le pouvoir dans la tourmente, s’attaque à toutes les voix discordantes au lieu de se pencher sur les problèmes urgents des Sénégalais.
Quelle déception pour le peuple de Pastef comme l’appelle le Doyen Habib Sy. La montagne vient d’accoucher d’une souris et le fameux projet voit ses principaux défenseurs guerroyer devant le vrai peuple abusé. Bourgi avait raison de demander où va le sénégal ?
Néanmoins, je reste confiant pour l’avenir de notre pays, car je sais que les républicaines et les républicains ne le laisseront pas sombrer entre les mains de ces populistes aventuriers qui ont fini de prouver à la face du monde qu’ils sont incapables de mener à bon port notre Sunugal.
Idrissa Sylla (New York) est Secrétaire général chargé de l’organisation de la coordination PIT-DIASPORA, membre du comité central.
PAR ÉLIMANE POUYE
SOCIÉTÉ CIVILE AU SÉNÉGAL, POURQUOI REFUSER LE DÉBAT ?
Le débat que pose le leader de Pastef n’est pas nouveau. Faute d’avoir été vidé, le sujet refait surface épisodiquement. Sous l’ère Wade, le camp présidentiel d’alors avait dénoncé traitait ses principaux acteurs de « politiciens encagoulés »
Devant les responsables de son parti à l’occasion de l’installation du Conseil national de ce dernier, M. Ousmane Sonko, président de la formation politique « PASTEF », a consacré une brève partie de sa sortie à la « société civile ». En trois mots, il a d’abord, qualifié (un lapsus peut être !) une partie des membres de la « société civile » de «fumiers» ; ensuite, il a ouvert une réflexion sur la place que revendiquent les acteurs de la société civile dans la gouvernance des affaires publiques et enfin, il a interrogé le système de financement des activités de la société civile avant d’exprimer son intention d’une régulation normative.
Il est possible de regretter l’usage du terme «fumiers» qui dans son sens figuré renvoie à une « personne méprisable » ; encore que le sieur Sonko a pris le soin de ne pas généraliser son propos qui survient au lendemain de la prise de position, manifestement partisane, de certains acteurs de la société civile dans une affaire d’insultes graves à son endroit. Celui qui prend le parti de défendre l’insulte ne peut, sans risque, éviter un retour de bâtons. Incident clos. Toutefois, le débat public auquel appelle M. Ousmane Sonko ne peut être éludé par cet incident de langage.
Pour ceux qui le suivent depuis son entrée en politique, le leader de PASTEF a toujours défendu l’idée qu’aucun sujet ou segment de la vie socio-politique ne doit échapper à la critique argumentée. Loin des consensus de façade, il s’est interrogé sur la magistrature, la presse, l’administration publique, les secteurs économiques, les acteurs politiques… Incontestablement, avec M. Ousmane Sonko rares sont les sujets tabou. L’auto-censure est une forme de conspiration qui peut conduire à une métastase mortelle.
Par conséquent, la tonalité de ses propos ne peut être le sujet mais plutôt le doigt qui montre seulement la lune. Aussi, la posture réactionnaire de M. Birahim Seck, coordonnateur national du Forum civil, n’est nullement à la hauteur des enjeux du débat qui doit se faire sans fuite en avant, ni faux fuyants. De même, la confusion opportunément entretenu par M. Elimane H. Kane entre la personne de M. Ousmane Sonko, leader politique s’exprimant devant les instances de son parti et le « Premier ministre » tenant « des propos injurieux, excessifs et offensants » ne correspondent pas à la réalité qu’on cherche à déformer à l’excès dans une optique de victimisation. Il ne doit pas s’agir d’un procès d’intentions qui extériorise une forme de rivalité ou de jalousie ou de frustration mal digérée devant le succès politique éclatant d’un « concurrent » inattendu. Débattons sans invectives ; cherchons à convaincre plutôt qu’à vaincre ; disons la vérité et ne soyons pas obnubilés à avoir raison. Il faut instruire sans cesse le procès de notre société, rappelait avec élégance le professeur Malick Ndiaye. Dès lors, par la présente, je choisis de débattre des deux idées maitresses de la pensée de M. Ousmane Sonko : (1) la place de la société civile dans la gouvernance publique et (2) le système de financement de la société civile.
Quelle place de la société civile dans la gouvernance publique ?
Le débat que pose le leader de PASTEF n’est pas nouveau. Faute d’avoir été vidé, le sujet refait surface épisodiquement. Sous l’ère Wade, au lendemain de la tenue des « assises nationales » sous la houlette de la « société civile » en lien avec les « partis politiques », le camp présidentiel d’alors avait dénoncé la « politisation » de la société civile et traitait ses principaux acteurs de « politiciens encagoulés ». Par la suite, l’alliance organique entre acteurs de la société civile et hommes politiques dans un melting-pot autour du Mouvement « M23 » n’a pas participé à clarifier les lignes de démarcation davantage brouillées par une forme de « partage du pouvoir »entre « alliés » vainqueurs après l’élection de 2012. La relation idyllique entre le président SALL et les organisations de la société civile a débouché sur des critiques acerbes de part et d’autre.
De la qualification « d’escrocs » portée à l’encontre de l’organisation de la société civile regroupant les cadres casamançais par le président lui-même, de l’affabulation du titre, peu glorieux, de « rentiers de la tension politique » à certaines figurent de proue de la société civile aux arrestations d’acteurs majeurs de la société civile (le cas de Aliou Sané, responsable du mouvement « Y´en marre »), la surenchère a atteint son paroxysme sans épuiser le débat. La participation de listes dites de la société civile aux élections municipales et législatives et la cooptation de certains dans des instances institutionnelles (OFNAC, CESE) n’ont pas aidé à bien identifier les champs d’intervention. Cela a pu conduire à une suspicion où on épie et guette les faux pas de « l’adversaire ».
A l’analyse, il semble que le débat que soulève M. Ousmane Sonko porte plutôt sur la place de la société civile dans notre système démocratique étant entendu que son apport aux avancées, dans bien des secteurs, est indéniable. Dans son incarnation et son encrage idéologique, notre société civile milite pour une démocratie de concordance, c’est à dire « un modèle politique où les décisions sont prises par consensus entre les différentes élites, plutôt que par une majorité simple. Elle vise à garantir la stabilité politique dans des sociétés profondément divisées, en intégrant les principaux groupes sociaux et politiques dans le processus décisionnel ».
Ainsi, en octobre 2024, lors de la cérémonie de lancement de la Vision 2050 et de la Stratégie nationale de développement 2025-2029, Elimane Haby Kane, fondateur-dirigeant de l’organisation de la société civile « Legs-Africa », invité comme panéliste, disait à propos du référentiel des politiques publiques que «dans l’élaboration de ce document, on devait impliquer les populations. Il faut une démarche inclusive pour que les gens puissent contribuer et pour que les populations puissent se reconnaître dans ce programme ». Dans le même ordre, en mai 2025, au lendemain de la mise en place par le Gouvernement du Comité de pilotage de la réforme du Code général des impôts, le Forum civil à travers un communiqué a soutenu qu’’il «s’agit d’impliquer les autres acteurs dans le comité de pilotage conformément aux bonnes pratiques en la matière (commission, comité, cadre de concertation, groupe de travail, etc.)» et a invité «le gouvernement à rompre d’avec cette tradition jacobine et centralisatrice de l’Etat, qui s’est déjà manifestée lors de la mise en place du Comité chargé de l’examen des contrats stratégiques. La configuration du Comité de pilotage doit être inclusive et participative».
Je suis de ceux qui pensent, avec le leader de PASTEF, que la redevabilité doit s’accommoder de l’imputabilité. Ceux qui ont lutté et conquis le pouvoir doivent pouvoir l’exercer entièrement et en assumer la plénitude des responsabilités, pour in fine, en revendiquer les succès ou être comptables de ses échecs. Aucun modèle démocratique viable ne peut survivre dans une confusion des rôles. Comme le soutient le leader de PASTEF la co-gouvernance n’existe nulle part ailleurs dans les systèmes démocratiques majeures. Pour autant, cela ne doit priver la parole à aucun acteur ainsi que sa légitimité à soumettre les politiques publiques aux critiques argumentées.
Le positionnement et la trajectoire de M. Ousmane Sonko révèle une cohérence de sa posture. Après près d’une décennie de militantisme dans la « société civile » en tant qu’acteur syndical, il a enfilé la toge politique pour conquérir et exercer le pouvoir politique.
Le ton volontairement clivant de M. Ousmane Sonko pour marquer une rupture fondamentale et le contenu provocateur et assumé de ses propos sur ce sujet ne peuvent être des prétextes pour occulter la quintessence du débat auquel il appelle qui doit par ailleurs adresser la question du financement des activités des organisations de la société civile.
Quel système de financement des activités de la société civile ?
Le leader de PASTEF a toujours clamé, sans jamais être pris à défaut, que son parti est l’une des rares formations politiques à déposer, à date échue, ses états financiers certifiés devant les autorités compétentes en y retraçant toutes les sources de son financement. Et pour cause. A la veille de l’élection présidentielle de 2019, un média privé de grande envergure l’a, publiquement et sans preuve, accusé de financement étranger pour espérer l’ajournement de sa candidature et la dissolution de son parti politique. Les mêmes accusations ont refait surface dans le contexte de l’élection de 2024 devant l’inventivité de PASTEF à lever des fonds pour financer sa campagne électorale.
Dès lors, il est légitime pour M. Ousmane Sonko, militant de la transparence et de la redevabilité, de poser le débat sur le financement, principalement extérieur, des organisations de la société civile ; lui qui prône une souveraineté budgétaire. Sa volonté, en tant que chef de la majorité présidentielle, de proposer une législation pour interdire ou pour encadrer le financement étranger des organisations de la société civile, à l’instar de la réglementation déjà appliquées aux partis politiques doit être débattue.
L’adage populaire nous apprend, depuis des millénaires, que « qui paie commande ». Dans un régime dont le marqueur principal du discours politique est la souveraineté, la question du financement des organisations de la société civile est essentielle en considération des enjeux stratégiques et de la perspective de souveraineté. Heureusement que E. H. Kane reconnait, à mots couverts, que « la provenance extérieure de l’essentiel du financement des ONG et certaines associations constitue objectivement une limite à la maîtrise de l’initiative politique, notamment les risques d’alignement à des agendas exogènes ». Il est possible d’épouser la pensée de M. Ousmane Sonko et « de revoir la question de l’origine des financements des organisations de la société civile pour renforcer leur impact dans le prolongement du service public, à travers le développement de mécanismes de financement endogène par le contribuable sénégalais et la philanthropie nationale ». Un débat s’impose.
Les jugements d’intention sur le Projet politique de Sonko, les qualificatifs sur ses capacités à gouverner sont derrière nous. Son candidat à l’élection présidentielle de 2024 a remporté le scrutin haut la main au premier tour et sa liste a gagné les législatives à une très large majorité. La démocratie postule, avant tout, le respect des règles du jeu. Les sénégalais ont majoritairement crédibilisé son projet politique et ses capacités à gouverner. Ils en évalueront les résultats le moment venu. Entre deux échéances électorales, il est possible de critiquer et de déconstruire de façon argumentée ; autrement, le débat devient crypto-personnel, superficiel et sans épaisseur.
PAR CIRÉ CLÉDOR LY
DEVOIR DE CONVERGENCE
Aucune révolution ne peut réussir si l’ancien régime n’est pas détruit et ses vestiges nettoyés. Le Sénégal semble avoir failli dès le commencement de cette nouvelle étape, en maintenant au sein de l’appareil d’État des bras armés...
Le peuple sénégalais a traversé des épreuves difficiles, offrant sueur et sang, et sacrifiant sa jeunesse. Ce sacrifice était à la hauteur des promesses de souveraineté, de responsabilité, de lutte contre la corruption et l'enrichissement illicite, ainsi que de justice sociale et d'épanouissement économique, encapsulées dans un programme ambitieux surnommé « Projet », mené par un leader déterminé.
Les compradores, alliés des impérialistes, se sont dressés comme rempart, prêts à justifier un génocide contre le peuple sénégalais. L’omerta régnait, et seules les voix de panafricanistes et d’analystes engagés pour la justice parvenaient à percer le silence assourdissant et l'indifférence des États et des organisations censées défendre les droits humains.
Les massacres, tortures, arrestations illégales, détentions arbitraires, traitements inhumains, disparitions forcées et violations graves de la vie privée n’étaient pas des incidents isolés, mais étaient systématiquement couverts par une justice soumise et silencieuse. À l'international, un tribunal qui fondait beaucoup d'espoir choisissait de ne pas répondre a l'attente de toute l'Afrique, en totale contradiction avec les principes de justice et de protection des droits humains qui fondent sa raison d'être.
L’histoire retiendra la position constante de l’Union internationale parlementaire, qui a su se dissocier des comploteurs pour faire entendre une voix dissidente face à l’injustice.
Coincés et dos au mur, les coalisés ont tenté d’orienter la révolution sénégalaise vers une alternance prétendument démocratique. Pourtant, rien de démocratique ne se dessinait, car tous les moyens politiques, institutionnels, juridiques, humains et financiers mobilisés échouaient à contrer le Projet.
Il n’y a pas eu de troisième alternance au Sénégal, mais plutôt une révolution. Une classe opprimée s’est levée, guidée par une direction claire pour renverser le pouvoir en place. Au dernier moment, les compradores et leurs maîtres impérialistes ont opéré un repli stratégique, échappant à la violence en remplaçant leurs fusils et armes blanches par des cartes électorales qui ont eu le même impact à leur détriment, le soir du 24 mars 2024.
L'artifice démocratique a été utilisé pour éviter une chute violente du pouvoir. Le premier jalon après le renversement du régime était posé, mais restait à réaliser le deuxième jalon : l’exercice effectif du pouvoir avec le peuple, pour le peuple, et par le peuple, à travers les institutions, afin d’instaurer des transformations structurelles.
Aucune révolution ne peut réussir si l’ancien régime n’est pas détruit et ses vestiges nettoyés. Le Sénégal semble avoir failli dès le commencement de cette nouvelle étape, en maintenant au sein de l’appareil d’État, notamment dans l’administration, la sécurité, le renseignement et la justice, des bras armés et des esprits du régime déchu.
Des individus qui, par leurs postures passées, avaient tout mis en œuvre pour écraser le mouvement révolutionnaire, ont pu conserver ou se sont vu attribuer des postes stratégiques qui auraient pu revenir à une jeunesse compétente, engagée et porteuse d’espoir encadrée par des patriotes, républicains ou nationalistes d’expérience. Cette jeunesse réserve de talents, longtemps mobilisée et terreau de lendemains imprévisibles, commence à sombrer dans l’oubli et le désenchantement. Pourtant, elle est capable de porter et de remporter ce défi.
Du nouveau ne peut éclore dans la puanteur et l’odeur nauséabonde d’une eau usée.
La révolution ne doit épargner aucun secteur, aucune individualité. La lutte contre l’enrichissement illicite et le blanchiment de capitaux ne doit épargner aucun corps professionnel : avocats, notaires, magistrats, hommes politiques, fonctionnaires, hommes d’affaires…
L’État a également failli à porter un coup de frein net aux excès et dérives de certaines forces de défense et de sécurité. En laissant perdurer l’impunité, il a prolongé la souffrance des victimes pendant que leurs bourreaux sont épargnés. Rien ne saurait justifier que des individus, présumés coupables de haute trahison ou de crimes contre l’humanité, tardent à rendre compte devant la nation avec toutes les garanties de respect de leurs droits, alors même que les victimes, elles, commencent à sombrer dans le désespoir.
Il y a lieu de redouter que les procédures engagées soient entachées de vices, ouvrant la voie à ce que les vampires de l’économie se retrouvent simplement sous bracelet électronique, bénéficient de nullités de procédure, ou soient relaxés pour insuffisance de preuves. Pire encore, ces personnes pourraient se retourner contre l’État, exiger la restitution des biens mal acquis placés en cautionnement, et réclamer des dommages et intérêts.
L’État semble avoir aussi manqué de vigilance face à certaines organisations, présentées comme issues de la « société civile », mais qui dissimulent en réalité des réseaux d’influence défendant des intérêts occultes. En instrumentalisant des principes humanitaires qu’elles détournent de leur finalité, ces cellules dormantes contribuent à brouiller les repères et à fragiliser les fondements mêmes de la nation. L’atteinte à la vie privée, à l’honneur et à la considération, les injures les plus abjectes, ainsi que la diffusion de fausses nouvelles susceptibles de troubler gravement le fonctionnement des institutions sont souvent considérées comme des opinions ou des expressions protégées. Pourtant, leur propre cadre juridique indique clairement que ces protections ne sont assurées que lorsque sont respectées « les droits ou la réputation d’autrui, la sécurité nationale, l’ordre public, la santé ou la moralité publique ».
Il est donc crucial d’engager une réévaluation approfondie pour initier des transformations structurelles durables au sein de l’administration et des grandes directions, afin de conjurer l’immobilisme qui paralyse l’action. Pour ce faire, il est impératif de débusquer et d" anéantir tous les lobbys qui se sont réinstallés et d’activer les services de renseignement et de traquer les profils internes et externe impliqués.
La menace persiste, et ceux qui s'opposent au changement n'ont pas désarmé. Dans cette optique, le tandem SONKO-DIOMAYE est une nécessité, une exigence et un devoir impérieux, pour réaliser l’idéal pour lequel le peuple a consenti de lourds sacrifices. Ce qui unit le tandem est plus fort que ce que l'esprit peux imaginer et il y a le devoir de mémoire.
En ce moment décisif de l'histoire de l’Afrique, le peuple sénégalais et tous ceux qui portent l’espoir d’un renouveau panafricain sont solennellement appelés à s’unir, à faire front commun et à se rallier pleinement derrière le tandem plébiscité. C'est ensemble, dans l’unité renforcée et la vigilance partagée, que seront préservés et consolidés les acquis pour la réalisation dans une détermination inflexible, du grand dessein de transformation historique qui s’ouvre à notre Nation.
GRÈVE DES GREFFIERS, OLIVIER BOUCAL PRÔNE LE DIALOGUE ET RAPPELLE LE CADRE LÉGAL
Face aux revendications syndicales sur le reclassement et l’alignement à la hiérarchie A2, le ministre de la Fonction publique affirme la volonté de l’État de dialoguer, tout en soulignant que toute évolution doit respecter les textes.
Alors que les greffiers observent une grève de 72 heures à compter de ce lundi 14 juillet 2025, le ministre de la Fonction publique et de la Réforme du service public, Olivier Boucal, appelle au dialogue et rappelle l’attachement de l’État au respect des textes encadrant la fonction publique.
L’Entente SYTJUST–UNTJ, regroupement syndical des travailleurs de la Justice, exige une série de mesures correctives pour ce qu’elle qualifie d’« injustice flagrante ». Parmi les principales revendications : l’alignement des greffiers à la hiérarchie A2, le reclassement des agents des hiérarchies B et C dans le corps des agents de greffe professionnels (AGP), la reconnaissance du rôle fondamental des greffiers dans le système judiciaire et l’ouverture immédiate d’un dialogue sérieux avec le gouvernement.
Dans une déclaration faite dimanche sur la RTS, Olivier Boucal a tenu à clarifier sa position, souvent mal interprétée : « On a pioché un mot dans mon discours pour créer une polémique. J’ai simplement mis en garde contre des attitudes pouvant être perçues comme du chantage, car nous sommes dans une dynamique constructive avec les syndicats. »
Sur le fond, le ministre reconnaît qu’il existe une convergence sur la nécessité de reclasser les greffiers. « Nous sommes d’accord pour leur alignement à la hiérarchie A. Ce sont les modalités de ce reclassement qui posent débat, notamment la nécessité d’une formation, exigée par les textes », a-t-il expliqué.
Le cœur du blocage réside dans l’obligation de formation prévue par la loi pour tout passage d’une hiérarchie à une autre. « Tous les textes encadrant la fonction publique, y compris la loi 61-33, posent la formation comme principe. Ce n’est pas une option. »
Malgré cette position de principe, Olivier Boucal se dit ouvert aux concessions : « Nous avons proposé plusieurs formats de formation – à distance, en séminaire ou en alternance – afin que les greffiers ne désertent pas les juridictions. »
Le ministre souligne que la fonction publique gère des équilibres et qu’une mesure isolée ne doit pas créer d’inégalités entre les différents corps. Il ajoute : « Nous ne sommes pas fermés. Une réunion est prévue avec les syndicats. L’objectif est de sortir de cette crise par le dialogue. »
MORT DE MUHAMMADU BUHARI
L'ancien chef de l'État est décédé ce dimanche à 82 ans. Figure controversée de la politique nigériane, il aura marqué son pays par deux passages au pouvoir : comme putschiste en 1983, puis comme président élu en 2015
(SenePlus) - L'ancien chef d'État nigérian Muhammadu Buhari s'est éteint ce 13 février 2025 à l'âge de 82 ans, selon les informations rapportées par son ancien porte-parole et relayées par RFI. Figure emblématique et controversée de la politique nigériane, Buhari laisse derrière lui un héritage complexe, marqué par des succès militaires contre le terrorisme mais également par des pratiques autoritaires qui ont divisé l'opinion publique.
Muhammadu Buhari incarnait la trajectoire singulière d'un homme qui aura occupé la plus haute fonction de l'État nigérian selon deux modalités radicalement différentes. Comme le rappelle RFI, il fut "deux fois président dans sa carrière, en tant que putschiste (2015) puis président élu (2019)", s'inscrivant ainsi "dans la lignée des hommes forts du Nigeria".
Né en 1942 dans l'État fédéré du Katsina au sein d'une famille nombreuse - il était "le 23e enfant de son père, un chef traditionnel Fulani qu'il ne connaîtra pas" selon RFI - Buhari grandit dans un environnement marqué par la précarité. Orphelin de père à quatre ans, il sera orienté vers une carrière militaire par sa mère, intégrant une académie militaire peu après l'indépendance du Nigeria en 1960.
Sa formation d'officier en Grande-Bretagne, où "il prend goût à la discipline et au travail" selon RFI, forgera son caractère autoritaire qui marquera profondément ses futures responsabilités politiques. De retour au Nigeria, le jeune lieutenant gravit rapidement les échelons militaires, se distinguant notamment lors d'une incursion tchadienne sur des îles du Lac Tchad.
En 1983, âgé de 41 ans, Buhari renverse le président démocratiquement élu Shehu Shagari, qu'il juge corrompu. Ce coup d'État le transforme en "tombeur de la démocratie", selon les termes de RFI. Une fois au pouvoir, il impose sa vision rigide de la discipline sociale avec des méthodes qui marqueront durablement la mémoire collective nigériane.
Le "Buharisme", terme qui renvoie à ses pratiques autoritaires selon RFI, se caractérise par des mesures drastiques : "Les citoyens doivent faire la queue en rang aux arrêts de bus, sous peine de se faire fouetter par des soldats en faction. Les fonctionnaires arrivant en retard au travail se voient humilier, contraints de faire des sauts de grenouille en public."
Ces pratiques s'accompagnent d'atteintes aux droits de l'homme, notamment "l'emprisonnement du musicien Fela Kuti, voix critique à son encontre, sous un prétexte fallacieux", comme le souligne RFI. Renversé en 1985 par Ibrahim Babangida, Buhari passe trois ans en détention, mais "n'a jamais renoncé au pouvoir" selon RFI.
Après plusieurs tentatives électorales infructueuses, Buhari parvient finalement à conquérir le pouvoir par les urnes en 2015, remportant 54 % des voix face au président sortant Goodluck Jonathan. Cette victoire fait de lui "le premier leader de l'opposition à faire advenir en 2015 une alternance démocratique", un "exploit au Nigeria" selon RFI.
Cependant, son retour au pouvoir s'avère décevant. Surnommé "Baba-Go-Slow" car "il met six mois à former son gouvernement", Buhari doit faire face à une récession en 2016 due à la chute des cours du pétrole. Ses absences répétées pour des raisons de santé, notamment en 2017 où "il s'absente plus de cinq mois", fragilisent son autorité.
Les tensions culminent avec les critiques de sa propre épouse Aisha, qui affirme dans une interview à la BBC en 2016 qu'elle ne soutiendra pas sa réélection "s'il continue à ne pas connaître la plupart des ministres qu'il a nommés". La réponse de Buhari depuis l'Allemagne, selon laquelle la place de sa femme est "à la cuisine, au salon et dans la chambre", provoque le "regard désapprobateur d'Angela Merkel" selon RFI.
Les dernières années de Buhari au pouvoir sont marquées par une succession de crises. En 2020, le mouvement #EndSARS éclate après qu'un jeune homme soit "abattu par une unité de la police connue pour sa violence, la Special Anti Robbery Squad (SARS)", les policiers le soupçonnant d'être un arnaqueur Internet en raison de sa belle voiture. Le mouvement se solde par "une vague de pillages et un massacre au péage autoroutier de Lekki, à Lagos" où les forces de l'ordre "tirent dans la foule de manifestants, faisant au moins douze morts".
En juin 2021, Buhari fait un "buzz mondial en interdisant purement et simplement Twitter au Nigeria" après que la plateforme ait supprimé deux de ses tweets pour "incitation à la violence". Dans l'un d'eux, évoquant la guerre du Biafra, il menaçait les séparatistes : "Beaucoup de ceux qui se conduisent mal aujourd'hui sont trop jeunes pour avoir connu la destruction et la perte de vies qui se sont produites durant la guerre civile du Nigeria. Ceux d'entre nous (...) qui ont connu cette guerre les traiteront avec le langage qu'ils comprennent."
Cette décision suscite la critique du prix Nobel de littérature Wole Soyinka, qui exprime sa "surprise face à ce geste d'irritabilité, inconvenant pour un président élu démocratiquement", dénonçant un "spasme dictatorial" selon RFI.
Muhammadu Buhari laisse un bilan mitigé. S'il a réussi à enrayer l'expansion de Boko Haram et à "empêcher de fonder un califat dans le nord du pays", il n'est pas parvenu à "venir à bout du groupe armé". Son héritage économique et social reste préoccupant, avec une "forte inflation, dépréciation du naira, chômage endémique, endettement" qui ont plongé le pays dans une pauvreté telle que "la prise d'otage contre rançon a pris les proportions d'un véritable business dans le Nord".
Comme l'analysait l'écrivain Chigozie Obioma avant le scrutin de 2019, cité par RFI, le mandat de Buhari était "voué à l'échec", dans la mesure où "le mélange de diverses traditions tribales et de valeurs occidentales mène à un système politique unique qui n'est pas la démocratie, mais peut se définir au mieux comme un chaos atténué".
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LES LOCAUX ONUSIENS FERMENT LEURS PORTES À ALIOUNE TINE APRÈS LA CHARGE DE SONKO
Après avoir traité la société civile de "fumiers", le Premier ministre a créé un climat si tendu qu'AfrikaJom Center a dû précipitamment quitter les locaux du Haut-Commissariat aux Droits de l'homme pour présenter un travail samedi
(SenePlus) - Le Premier ministre Ousmane Sonko a provoqué une vive polémique en qualifiant la société civile de "fumiers" lors de l'installation du Conseil national du parti Pastef, le 10 juillet. Des propos qui ont eu des répercussions immédiates sur les activités des organisations visées.
L'impact de ces déclarations virulentes s'est fait ressentir dès le lendemain. AfrikaJom Center, qui devait présenter ce samedi 12 juillet le premier numéro de son magazine SUNUGISGIS au bureau régional du Haut-Commissariat des Droits de l'homme aux Almadies, a dû précipitamment changer de lieu.
"À la suite d'une charge particulièrement féroce sur les militants des droits de l'homme, j'ai reçu un coup de fil hier pour me dire que le climat est tel qu'à l'un de nous, nous voulons éviter les risques effectivement d'un incident diplomatique", a révélé Alioune Tine, fondateur d'AfrikaJom Center. La cérémonie, initialement prévue dans les locaux onusiens, a finalement eu lieu à la Fondation Friedrich Ebert, qui a accepté d'accueillir l'événement en urgence.
Les déclarations d'Ousmane Sonko ont suscité des réactions diverses au sein de la société civile. Si le coordonnateur du Forum civil, Birahime Seck, a opté pour une réponse offensive sur les plateformes et dans les médias, Alioune Tine a choisi l'ironie en endossant avec humour son statut de "doyen des fumiers".
ÉDITORIAL DE L'OBSERVATEUR
À LA MENACE, NOUS OPPOSONS NOTRE MÉTIER
Depuis plusieurs années, le leader de Pastef s'emploie à faire plier le Groupe futurs médias. À nous faire taire. À nous disqualifier. La mécanique est aussi vieille que les populismes qu'elle recycle : stigmatiser pour mieux régner
Il faut appeler les choses par leur nom : hier soir, le Premier ministre Ousmane Sonko n'a pas simplement exprimé un désaccord, il a lancé un appel explicite, péremptoire et dangereusement populiste au boycott du Groupe futurs médias. Ce n'était ni un écart d'humeur, ni une parole de trop. C'était un acte politique calculé. Une stratégie de mise à l'écart. Une entreprise méthodique de discrédit. Ou, selon ses propres mots : une « déclaration de guerre ». Dont acte. Et ce n'est nullement un fait isolé.
Depuis plusieurs années, le leader de Pastef s'emploie, avec une opiniâtreté quasi obsessionnelle, à faire plier le Groupe futurs médias.
À nous faire taire. À nous disqualifier. Il érige notre existence en menace, et nous érige, nous, en ennemis à abattre. Son grief ? Nous aurions, selon ses termes martelés avec la régularité d'un mantra, « pactisé » avec ce qu'il désigne, dans un lexique accusatoire savamment huilé, comme le « Système ». Il nous. attribue la trahison comme nature, la connivence comme posture, la compromission comme méthode. Le refrain est connu, et d'autant plus lassant qu'il se donne les apparences du courage, alors qu'il n'est bien souvent que l'expression d'un ressentiment mal digéré. À chaque contrariété, un coupable désigné. À chaque critique, une intention perverse prêtée. La mécanique est aussi vieille que les populismes qu'elle recycle : stigmatiser pour mieux régner, essentialiser pour mieux exclure.
Et depuis que le tribun est devenu chef d'État, cette animosité chronique s'est muée en stratégie assumée de mise sous pression. L'arme n'a pas changé : elle vise à délégitimer, non à dialoguer, à réduire au silence, non à interroger.
Soyons lucides, et n'esquivons pas la vérité : GFM n'est pas un sanctuaire d'infaillibilité. Comme toute rédaction digne de ce nom, nous avons connu nos manquements, nos angles morts, nos silences, certains lourds, d'autres regrettables. L'affaire Tullow 01 relève de ces épisodes où notre responsabilité a été engagée. Nous l'avons reconnue, discutée, assumée.
Cette critique, oui, est légitime. Mais elle ne saurait être érigée en faute originelle ni servir d'argument perpétuel à notre disqualification. Répéter inlassablement cette séquence comme un totem expiatoire, en faire le pilier d'une entreprise de mise au ban, c'est céder à une paresse intellectuelle ou à une mémoire délibérément sélective. Ce n'est plus une critique : c'est une posture. Ce n'est plus une interpellation : c'est une diversion. Un procédé rhétorique dont l'objectif n'est pas la vérité, mais l'intimidation, et dont le ressort n'est pas l'éthique, mais la disqualification par culpabilisation.
Qu’Ousmane Sonko se le tienne pour dit, et qu'ille comprenne une bonne fois pour toutes : GFM ne boycottera pas Pastef. Pas plus que nous ne boycotterons l'APR, le FDR, l'opposition ou le pouvoir. Nos colonnes, nos antennes, nos plateformes resteront ouvertes à tous : à vos exploits comme à vos fautes, à vos victoires comme à vos égarements. C'est le prix et l'honneur, d'une presse libre. Une presse qui ouvre, qui interroge, qui résiste, parfois avec maladresse, mais jamais avec servilité. Parce que c'est cela, au fond, une presse libre : elle n'obéit à personne, sinon à sa conscience professionnelle. Elle ne parle ni sous la menace ni sous la commande. Elle creuse, elle révèle, elle dérange. Non par goût de l'affrontement, mais par éthique.
Le Groupe Futurs Médias est composé d'hommes et de femmes libres. Libres de penser, de douter, d'adhérer ou de s'opposer. Il s'y trouvera des journalistes et des techniciens qui voteront Pastef, d'autres qui ne le feront pas, et d'autres encore qui choisiront la « neutralité », en toute lucidité, parce qu'ils en ont le droit et l'exerceront, quoi qu'il vous en coûte. Pour mémoire, l'un des nôtres, feu Ibrahima Diakhaby, fut votre tout premier collaborateur en communication, peut-être même le premier à croire sincèrement que vos idées méritaient d'être portées et vulgarisées. Ce n'est pas un détail anodin, c'est un symbole fort.
Seule la mort a pu vous en séparer : il incarnait cette vérité profonde qui fait que, chez nous, on peut appartenir à une rédaction tout en assumant pleinement ses convictions, sans jamais compromettre sa dignité, son éthique ni le respect de la déontologie qui fait l'honneur de notre métier. Sans jamais renier son droit inaliénable à exister.
Les autres continueront de faire ce pourquoi ils sont là : chercher, interroger, questionner, éclairer. Non pas pour plaire, mais pour comprendre. Parce que, n'en déplaise, la démocratie n'est pas un alignement de têtes obéissantes. Elle est un désaccord vivant, un bruit de voix, un tumulte d'idées. Elle n'a rien d'une caserne. Rien d'un cénacle d'endoctrinement. Et certainement rien d'un comité de soutien. Nous ne sommes pas une filiale médiatique d'un parti, ni un bataillon de propagande, ni un instrument de validation. Nous sommes une rédaction.
Et dans une rédaction digne de ce nom, le pluralisme ne se tolère pas à titre gracieux, il se cultive comme un principe cardinal. Il ne se quémande pas, il s'exerce, avec la conviction de ceux qui savent qu'ils tiennent là l'un des derniers remparts contre l'uniformisation des esprits.
Quant à la liberté de conscience, Monsieur le Premier ministre, ce n'est ni un argument de campagne, ni un privilège consenti aux docilités. C'est un droit. Un droit inaliénable, imprescriptible, non négociable. Ce droit, vous n'avez pas à nous l'octroyer. Et vos anathèmes, vos exhortations au boycott, vos fureurs rhétoriques n'en viendront jamais à bout. Qu'il vous en souvienne, non pas comme une bravade, mais comme une promesse : ce droit est durable, irréversible, constitutionnel. Et nous le tiendrons debout.
La rédaction.
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DES CONTRADICTIONS INTERNES AU PASTEF
Derrière l'unité de façade, le parti présidentiel se fissure. C'est le constat sans détour du sociologue Mamadou Wane dit Mao, qui a décrypté ce dimanche sur Sud FM les tensions croissantes entre les différents courants du parti au pouvoir
Les fissures commencent à apparaître au grand jour. Dans une analyse sans détour sur Sud FM ce dimanche 13 juillet 2025, Mamadou Wané dit Mao, sociologue et analyste politique, a mis en lumière les contradictions internes qui traversent actuellement le Pastef et menacent la cohésion du pouvoir exécutif. "Sa déclaration révèle des contradictions internes", affirme Mao en référence aux récentes sorties du président du Pastef.
L'analyste identifie même une "lutte de ligne entre un courant révolutionnaire incarné par le Premier ministre et un courant beaucoup plus réformateur". Cette fracture idéologique expliquerait en partie les tensions observées entre les deux têtes de l'exécutif.
Au cœur de ces contradictions se trouve une réalité préoccupante : "Ils se sont coupés de la base politique", diagnostique le sociologue. Après la victoire, "il y a eu une période de fuite" où les militants historiques se sont sentis délaissés tandis que "les portes ont été fermées" aux nouveaux sympathisants désireux d'adhérer.
Cette déconnexion avec la base s'accompagne d'un déficit organisationnel criant. "Depuis qu'ils ont pris le pouvoir, il n'y a pas de renouvellement d'instances, il y a pas de campagne d'adhésion. Il y a rien", constate amèrement Mao.
L'une des contradictions les plus saillantes relevées par l'analyste concerne la transformation du mouvement. "Pastef est arrivé au pouvoir avec une culture beaucoup plus d'opposition", explique-t-il. Désormais confrontés aux "tâches quotidiennes de l'État", les dirigeants risquent la "bureaucratisation" et une "coupure entre le parti et l'État".
Cette absorption par les responsabilités gouvernementales a créé un vide politique majeur : "Depuis un an et quelques mois, la politique est absente du côté de Pastef", observe le sociologue.
Deux visions du changement s'affrontent
Les contradictions internes révèlent également deux conceptions différentes du rythme et de la nature des réformes. D'un côté, un courant prône une approche révolutionnaire radicale, de l'autre, une démarche plus graduelle et institutionnelle.
"Il y a certains qui croient que la rupture c'est de faire comme avant", critique Mao, pointant une tendance au "politiquement correct" qui freine les transformations profondes attendues par la base.
Au centre de ces contradictions se pose la question cruciale du leadership réel. "Pour le Sénégalais, la majorité des Sénégalais, ce n'est pas les dispositions constitutionnelles" qui comptent, rappelle l'analyste. Dans l'imaginaire populaire, "le guide de la révolution, c'est Ousmane Sonko."
Cette réalité sociologique entre en tension avec l'architecture institutionnelle formelle, créant une ambiguïté que tentent d'exploiter les opposants au régime.
Contrairement aux formations politiques traditionnelles, Pastef souffre d'un déficit structurel qui aggrave les contradictions internes. "Le parti a été interdit, il y a eu un harcèlement, des arrestations", rappelle Mamadou Wane. "Ils n'ont pas eu le temps de développer l'appareil du parti, de le structurer."
Cette faiblesse organisationnelle explique en partie pourquoi "même certains ne veulent pas que les gens soient dans le parti. Des fois même tu ne trouves pas de porte pour aller dans le parti."
L'urgence d'une résolution
Face à ces contradictions croissantes, l'invité de Sud FM tire la sonnette d'alarme : "Il faut l'arrêter immédiatement parce que si ça continue comme ça, d'autres qui sont mal intentionnés, la 5e colonne de la contre-révolution va utiliser ça."
La solution passe selon lui par une redynamisation du parti et une clarification des rôles : "Il faut trouver aujourd'hui la juste solution des contradictions au sein du peuple", plaide-t-il, insistant sur la nécessité de "retrouver la dynamique" révolutionnaire initiale.
Si Mao reconnaît que ces contradictions doivent "trouver des solutions dans le débat démocratique", il n'en demeure pas moins que leur exposition publique révèle une fragilité jusqu'alors masquée du pouvoir.
"Vaut mieux les accomplir en ayant le pouvoir que de perdre le pouvoir", conclut pragmatiquement Mao, soulignant l'urgence pour Pastef de résoudre ses contradictions internes avant qu'elles ne deviennent fatales à son projet de transformation du Sénégal.
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LE MOUVEMENT, ESSENCE DE LA DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE
Du pays qui accueillait Yasser Arafat au "pays de France dégage" : Hamidou Anne dresse un portrait contrasté du Sénégal contemporain, mettant en garde contre les dérives d'un "mouvement" démocratique qui peut aussi régresser
Lors de la cérémonie de présentation des nouveaux ouvrages de Yoro Dia samedi 12 juillet, Hamidou Anne, politiste, écrivain, a livré une analyse profonde et nuancée de l'évolution démocratique sénégalaise, plaçant le concept de "mouvement" au centre de sa réflexion.
Dès l'entame de son intervention, Anne a établi le mouvement comme fil conducteur de sa pensée, s'appuyant sur les écrits de Yoro Dia pour développer cette thématique. "L'histoire n'est jamais finie. Elle est toujours à faire, elle est toujours à refaire", a-t-il déclaré, citant Jean Jaurès pour illustrer que "c'est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa source".
Cette vision dynamique de la démocratie trouve son illustration la plus frappante dans l'évolution du paysage politique sénégalais. Anne a rappelé qu'en 1998, la création du 34e parti politique était considérée comme "un événement extraordinaire", tandis qu'aujourd'hui, le pays compte plus de 300 formations politiques et a connu 19 candidats à la dernière présidentielle.
Le membre de l'APR a particulièrement insisté sur la transformation profonde des mentalités politiques sénégalaises. Évoquant ses "premières émotions politiques" lors du retour de maître Abdoulaye Wade en 1999, Anne a confessé qu'il était alors "inimaginable" pour sa génération qu'Abdou Diouf perde le pouvoir démocratiquement. "Pour moi, c'était impossible. Pour moi, le pouvoir ne pouvait pas se transmettre démocratiquement", a-t-il témoigné.
Cette révolution des consciences s'est confirmée avec le temps. Vingt ans plus tard, "l'alternance est devenue la respiration naturelle de la démocratie sénégalaise", selon les termes d'Anne, qui cite régulièrement Yoro Dia sur cette question.
L'orateur a trouvé dans les événements de février-mars 2024 une illustration saisissante de ce mouvement perpétuel. "Des personnes qui étaient entre les liens de la détention 10 jours plus tôt sont élues, une semaine plus tard aux fonctions les plus hautes dans la plus grande démocratie d'Afrique", a-t-il souligné, qualifiant cette transition d'extraordinaire.
Cette capacité de transformation rapide témoigne, selon l'intervenant, de "la puissance de la démocratie, mais aussi la force du mouvement qui est finalement la forme de l'existence dans le matérialisme dialectique", reprenant les mots de Babacar Sine cités dans l'ouvrage de Yoro Dia.
Cependant, l'analyse d'Hamidou Anne ne se limite pas à une vision optimiste du mouvement. Il met en garde contre les possibles régressions, rappelant que "le mouvement, comme la jeunesse, n'est pas toujours porteur d'espoir". Il a utilisé le terme "mouvement" plutôt que "progrès" pour souligner cette ambivalence.
L'exemple le plus frappant de cette régression concerne la politique d'accueil du Sénégal. Anne rappelle que sous Senghor, le pays "était la terre qui a accueilli les bureaux du SOAP, du FRIMAU de l'OLP" et avait "donné un passeport diplomatique à Yasser Arafat". Aujourd'hui, il déplore qu'un "ami mauritanien, combattant pour les droits et les libertés, ait été prié gentiment de cesser ses activités" dans le pays.
Cette transformation illustre, selon Anne, comment le Sénégal, historiquement "pays de synthèse, pays des compromis dynamiques", est "devenu finalement malheureusement le pays de France dégage". Cette évolution témoigne d'un mouvement qui peut se faire "dans le sens inverse" du progrès démocratique.
Pour Anne, la solution à ces défis réside dans la "praxis" - l'alliance entre pensée et action - qu'il observe chez les intellectuels interviewés par Yoro Dia. Il cite notamment Babacar Sine, qui "fait un pas de côté" pour rejoindre le socialisme démocratique, illustrant cette capacité d'adaptation nécessaire au mouvement démocratique.
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YORO DIA DÉNONCE LES EXCÈS DE SONKO
"Sonko va vers ses deux plus grandes défaites." L'ancien ministre de Macky Sall prédit l'échec du Premier ministre dans ses "combats" contre la presse et la magistrature, évoquant ses tendances dictatoriales
L'ancien ministre Yoro Dia a livré une analyse cinglante des déclarations récentes du Premier ministre Ousmane Sonko, dénonçant ce qu'il qualifie de "comportement dictatorial" et de "menaces" contre les institutions démocratiques sénégalaises.
Yoro Dia, qui a servi sous le régime de Macky Sall, s'est montré particulièrement critique face aux récentes sorties du Premier ministre. "Regarde ces déclarations, ces excès, ces menaces. Je vais effacer les gens. Tu menaces les magistrats, tu menaces les journalistes, tu réduis le pays à ta personne", a-t-il déclaré.
Le journaliste de formation a notamment relevé les propos de Sonko à l'Assemblée nationale, où ce dernier avait affirmé qu'il n'y a "pas matière à s'opposer" et qualifié l'opposition de "résidus". "Dans un pays comme le Sénégal, la pluralité démocratique du Sénégal, on a un premier ministre qui qualifie l'opposition de résidus [...] ça veut dire que le gars est un dictateur", a-t-il fustigé.
Selon Yoro Dia, professeur de sciences politiques, le leader de Pastef se dirige vers ses "deux plus grandes défaites" : "le combat contre la presse et le combat contre les magistrats". Il établit un parallèle avec les régimes totalitaires qui "utilisent la violence, l'insurrection, la menace et la manipulation pour arriver au pouvoir" avant de s'attaquer à "la presse et le droit".
L'ancien ministre dénonce particulièrement les tentatives de "destruction de la presse" menées depuis 15 mois et affirme que "le grand combat c'est museler la presse et domestiquer la magistrature".
Yoro Dia souligne une contradiction majeure : Sonko doit sa carrière politique aux magistrats qui l'ont "sauvé de 2021 jusqu'à 2024". "C'est un magistrat qui l'a remis dans le jeu", rappelle-t-il, faisant référence aux diverses procédures judiciaires favorables au à l'ancien opposant de Macky Sall.
L'ancien ministre défend vigoureusement la magistrature sénégalaise, rendant hommage aux "brillants magistrats de l'histoire du Sénégal" et appelant l'Union des Magistrats du Sénégal (UMS) à "se lever et défendre les magistrats".
Dans une perspective plus personnelle, Yoro Dia analyse les déclarations de Sonko comme relevant d'un "problème psychologique". "Jusqu'à présent, Ousmane Sonko ne digère pas le fait de ne pas être président", estime-t-il, suggérant que le Premier ministre aurait besoin d'un "bon psychanalyste".
Dia conclut en défendant l'état de droit comme fondement de la démocratie sénégalaise. "La justice est le seul service de l'État qui porte le nom d'une vertu", rappelle-t-il, soulignant que "la Cour suprême a montré que nous sommes dans un état de droit" et qu'elle "montre carrément au premier ministre que vous n'êtes pas au-dessus des lois".