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8 juin 2025
LA HAUTE COUR FACE AUX DÉFIS DU DROIT INTERNATIONAL
L'absence de possibilité d'appel et la partialité présumée des juges contreviennent aux engagements du Sénégal. Un paradoxe pour le gouvernement d'Ousmane Sonko, lui-même victime hier de lois désuètes
(SenePlus) - La reddition des comptes, promise par le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko lors de leur campagne, se concrétise progressivement. Cependant, les procédures judiciaires engagées contre d'anciens hauts responsables du régime de Macky Sall se heurtent à des obstacles juridiques potentiellement majeurs.
Le 8 mai dernier, l'Assemblée nationale sénégalaise a voté la mise en accusation de cinq anciens ministres du président Macky Sall devant la Haute Cour de justice (HCJ). Salimata Diop Dieng, Moustapha Diop, Ismaïla Madior Fall, Mansour Faye et Aïssatou Sophie Gladima sont soupçonnés d'être impliqués dans "des détournements financiers qui se chiffreraient en milliards de francs CFA".
Cette juridiction d'exception, prévue par l'article 101 de la Constitution sénégalaise, n'a été saisie que deux fois en 65 ans d'indépendance. Elle est spécifiquement conçue pour juger "le Premier ministre et les autres membres du gouvernement" qui sont "pénalement responsables des actes accomplis dans l'exercice de leurs fonctions et qualifiés crimes ou délits au moment où ils ont été commis".
La composition même de cette cour soulève des interrogations quant à son impartialité. En effet, si les ministres concernés devaient être renvoyés devant la Haute Cour de justice, ils seraient jugés par "huit députés titulaires et huit députés suppléants choisis dans les rangs de l'Assemblée nationale au lendemain des dernières législatives", rapporte Jeune Afrique.
Or, compte tenu de la "victoire écrasante de Pastef lors de ce scrutin", parti du Premier ministre Ousmane Sonko, ce seraient "majoritairement des juges partisans, hostiles envers le régime déchu, qui seraient chargés de se prononcer sur l'innocence ou sur la culpabilité des anciens ministres de Macky Sall".
Cette situation est difficilement compatible avec les engagements internationaux du Sénégal. Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, voté en 1966 par l'Assemblée générale des Nations unies, stipule que "toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal compétent, indépendant et impartial". Un principe également consacré par la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples.
Plus problématique encore, les décisions rendues par la HCJ sont sans appel. "Les arrêts de la Haute Cour ne sont susceptibles ni d'appel ni de pourvoi en cassation", précise Jeune Afrique. Une disposition qui contrevient directement au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, selon lequel "toute personne déclarée coupable d'une infraction a le droit de faire examiner par une juridiction supérieure la déclaration de culpabilité et la condamnation, conformément à la loi".
Me Doudou Ndoye, avocat et ancien ministre de la Justice sous Abdou Diouf, aujourd'hui défenseur du député Farba Ngom, s'inquiète : "Cette absence de toute possibilité de recours devant la Haute Cour de justice pose un problème sérieux par rapport aux conventions internationales auxquelles le Sénégal a adhéré."
Fait notable, des critiques émergent également du côté des soutiens du pouvoir actuel. Cheikh Dieng, président du parti Fepp-Tawfekh et membre fondateur de la coalition "Diomaye Président", reconnaît que "la HCJ risque de produire des condamnations fragilisées par des manquements aux normes internationales".
Il préconise une réforme constitutionnelle préalable qui permettrait de "conférer aux condamnations éventuelles tout le crédit juridique nécessaire et [de] rendre les décisions exécutoires au plan international".
Le spectre de l'affaire Karim Wade
Ces critiques font écho à la saga judiciaire qu'avait constituée l'affaire Karim Wade entre 2013 et 2023. Le fils de l'ancien président Abdoulaye Wade avait été condamné en 2015 à six ans de prison par la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI), une autre juridiction d'exception ne permettant pas de faire appel.
Cette procédure avait valu au Sénégal plusieurs désaveux internationaux. En avril 2015, "le gouvernement sénégalais avait été épinglé par le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire", rappelle A. Plus grave encore, "en novembre 2018, c'est le Comité des droits de l'homme de l'ONU qui avait estimé que le droit de Karim Wade à un procès équitable avait été violé", allant jusqu'à demander que sa condamnation soit réexaminée.
Pour certains observateurs, la démarche actuelle ressemble davantage à un règlement de comptes politique qu'à une véritable réforme de la justice. "Depuis longtemps déjà, Ousmane Sonko avait menacé Farba Ngom et Mansour Faye [ex-ministre et beau-frère de Macky Sall] de règlements de comptes judiciaires", affirme un opposant cité par Jeune Afrique, selon qui "les procédures engagées récemment ne témoignent pas d'une volonté de placer la justice au-dessus des considérations politiques".
Le paradoxe est saisissant : Ousmane Sonko, qui a lui-même été victime de dispositions juridiques désuètes héritées de la période coloniale lorsqu'il avait été condamné pour "corruption de la jeunesse", s'appuie aujourd'hui sur d'autres textes tout aussi contestables pour poursuivre ses adversaires politiques.
La majorité présidentielle pourrait invoquer "le respect du statu quo face à des lois préexistantes" pour justifier cette situation. Après tout, comme le conclut JA, "les députés de la majorité présidentielle n'auront fait que saisir une juridiction que nul, avant eux, n'a jamais tenté de réformer".
L'ironie de l'histoire voudrait donc que le nouveau pouvoir, élu sur la promesse d'un renouveau démocratique, perpétue les mêmes pratiques que celles qu'il dénonçait hier. Le défi pour le Sénégal sera de concilier l'impératif de justice avec le respect scrupuleux des principes de l'État de droit.
Par Medoune SALL
LA CORRUPTION, UN PHÉNOMÈNE SOCIAL DÉDRAMATISE EN AFRIQUE
Selon Ong Transparency International - dans son rapport de 2020 -, qui évalue l’indice de perception de la corruption, treize pays africains figurent parmi les vingt les plus corrompus de la planète.
Au vu de la marche actuelle du monde sur les plans économique, militaire, industriel et sanitaire, l’Afrique, bien qu’étant gâtée par dame nature, peine toujours à occuper les devants au niveau de la scène internationale. C’est une réalité apparente malgré les efforts consentis jusque-là. Parmi les facteurs à l’origine de ce constat majeur, il y a la corruption. Elle est l’un de ces maux et non des moindres. Selon Ong Transparency International -dans son rapport de 2020-, qui évalue l’indice de perception de la corruption, treize pays africains figurent parmi les vingt les plus corrompus de la planète. Plus récemment, dans son rapport de 2024 : parmi les 180 pays évalués, la Somalie et le Soudan du Sud ferment le classement. Par ailleurs, le Sénégal, même s’il est «un pays en Afrique et non africain», pour reprendre les propos d’un ami, force est de constater qu’il ne fait pas exception quant à la corruption. Il n’est pas étranger à ce phénomène sous-régional, continental, voire mondial, véritable handicap à notre développement. Conscient de ce fléau constituant une entrave à notre processus de développement, j’ai jugé utile de m’interroger sur la dédramatisation de la corruption en Afrique et particulièrement au Sénégal.
Les facteurs de la dédramatisation de la corruption : la corruption est une rétribution illicite, un abus de pouvoir à des fins privées ayant pour objectif l’enrichissement personnel du corrompu, à en croire Souka Souka -l’Afrique malade de ses militaires. Il existe deux types de corruption : la corruption active et celle passive. La première renvoie à la proposition d’argent ou de service à un dépositaire d’un pouvoir en échange d’un avantage indu. La seconde consiste à accepter cet argent. Cependant, je pense qu’il serait pertinent de s’intéresser aux facteurs qui sont à l’origine de la banalisation de la corruption. En Afrique, il faut le dire, on a l’impression que la corruption ne constitue pas un drame. Elle est banalisée, normalisée. Elle est monnaie courante. C’est une réalité que nous vivons dans la vie de tous les jours. Du plus haut gradé de l’Administration à celui occupant le poste le plus insignifiant. De l’Etat central à la périphérie. A y voir de près, nous pouvons répertorier quelques facteurs :
– La culture administrative du laxisme : Au sein de notre Administration, sous quelque niveau que ce soit, on constate un certain laxisme. Certains agents font preuve d’une tolérance extrême à l’égard des règles enfreintes par les usagers, en contrepartie d’un versement de pots-de-vin. On note un certain favoritisme d’une catégorie de citoyens en raison de leur proximité, des relations amicales ou familiales, de la situation financière ou du statut social. Or, la quintessence même du service public réside dans la satisfaction de l’intérêt général, indépendamment de toutes ces considérations précitées. Les citoyens doivent être traités au même pied pour ne pas engendrer une rupture d’égalité. A situation égale, traitement égal comme on dit. Au Sénégal, selon le rapport d’Afrobarometer sur la corruption en 2022, parmi les Sénégalais qui ont eu affaire à certains services publics ou à la police au cours des 12 derniers mois, la majorité (57%) révèle avoir fait un cadeau ou une faveur afin d’obtenir des documents tels que la pièce d’identité, le passeport ou le permis, et un sur 10 l’a fait afin d’obtenir des services médicaux (9%) ou éducatifs (8%). Selon la même source, la corruption connaît une augmentation à une hauteur de 75% en 2021, 48% pour les institutions de la police et de la gendarmerie, 37% pour les députés de l’Assemblée nationale et 36% pour les conseillers municipaux et départementaux, entre autres.
– La pauvreté : Les conditions de vie indécentes facilitent, à bien des égards, la corruption. Certains agents, en raison de leur situation financière et au regard de toutes les responsabilités endossées -surtout pour un soutien de famille- ne parviennent pas à joindre les deux bouts. Chose qui les expose à la merci des corrupteurs. La corruption est courante mais banalisée. Souvent dans le jargon des protagonistes de ce phénomène, les expressions employées en disent long. Au Sénégal, on est habitués à entendre ces termes : Baayi fi dara, Tooyal ceeb, lekkukayu xaliss, njegu guroo… Pratiquement aucune démarche administrative n’aura pas de suite favorable sans gombo ou Tchoko au Cameroun ; Igiturire terme burundais ; Madessu ya bana au Congo-Brazzaville et en Rdc ; So Thca du Thca en Bénin qui veut dire aussitôt acheté, aussitôt gagné. Cependant, à mon avis, ceci n’est en aucun cas un alibi, si l’on mesure bien évidemment tous les effets pervers qui s’y attachent, surtout pour un pays pauvre qui aspire au développement.
Les conséquences de la dédramatisation de la corruption : la question de la corruption est factuelle. C’est un phénomène qui nous interpelle autant que nous sommes. Sa dédramatisation n’est pas sans conséquence à l’égard de nos pays. Les auteurs mesurent-ils toutes les conséquences derrière cette absurdité ? En tout cas, je ne le pense pas. D’abord, elle constitue un véritable obstacle à notre développement économique. Elle ne permet pas de collecter toutes les recettes qui doivent entrer dans les caisses de l’Etat. Par conséquent, ceci influe significativement sur notre potentiel fiscal. La corruption dégrade la note de nos pays du point de vue économique. A l’échelle internationale, elle ne reflète pas une bonne image de nos pays et peut décrédibiliser ces derniers. Elle n’est pas gage de sécurité pour les investisseurs et peut compromettre les Investissements directs étrangers (Ide). Ensuite, sur le plan démocratique, elle n’est pas garante des droits des citoyens s’il y a une priorisation de certains aux dépens de la majorité de la population. Ce qui risquerait, sans nul doute, d’engendrer des disparités sociales par rapport aux services rendus et de contrarier même le principe d’égal accès aux services publics.
Solutions contre la dédramatisation de la corruption : Mieux vaut tard que jamais ! Le phénomène de la corruption, même s’il subsiste, des solutions ne manquent pas afin d’endiguer ce fléau. Mais pour ce faire, toutes les parties prenantes doivent s’y immiscer. Le Sénégalais lambda, les agents publics, les fonctionnaires, les autorités administratives et judiciaires, le secteur privé, la Société civile sont tous concernés. Au Sénégal, des efforts sont notés çà et là, avec l’existence de corps de contrôle tels que l’Ofnac, la Cour des comptes, l’Ige, et plus récemment le Pool judiciaire financier qui fait d’ailleurs un travail remarquable par rapport à la délinquance économique et financière. Cependant, le fait de multiplier des ateliers de sensibilisation au niveau des contrées et des zones les plus reculées ne ferait que s’inscrire dans une logique de conscientisation des citoyens et des acteurs concernés. Cette sensibilisation va de pair avec une exemplarité qui doit émaner de l’Etat central pour servir d’exemple. A cela s’ajoute l’impératif de durcir notre politique d’anti-corruption en élargissant les compétences des autorités habilitées à ce sacerdoce.
Toutefois, la probité et l’éthique sont des valeurs cardinales qui doivent occuper une place primordiale dans la conduite des actions gouvernementales, dans la gestion des affaires publiques et dans la satisfaction de l’intérêt de l’usager africain et sénégalais, aussi minime soit-il. Le juge Kéba Mbaye, dans sa leçon inaugurale sur l’éthique du 14 décembre 2005 à l’Ucad, disait : «Demandons-nous chaque fois que nous sommes tentés d’avoir un comportement non éthique, ce que serait la vie si chacun faisait comme nous. Demandons-nous ce que serait une société de délateurs, de profiteurs, de voleurs, de corrupteurs et de corrompus, d’indisciplinés, d’insouciants, d’égoïstes, de fraudeurs ; la liste est longue mais la réponse est une : ce serait une société vouée à l’échec, et peut-être à la déchéance et à la misère matérielle et intellectuelle. Alors, évitons de tels comportements.»
Medoune SALL Etudiant en Master 1 en Droit Public Université Gaston Berger de Saint-Louis.
Sources :
Souka Souka, L’Afrique malade de ses militaires.
Leçon inaugurale du feu juge Kéba Mbaye, le 14 décembre 2005 à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) : https://www.ohada.com/uploads/actualite/734/lecon-inaugurale-keba-mbaye.pdf.
Rapport publié par Afrobarometer intitulé : Les Sénégalais déplorent la hausse du niveau de corruption mais craignent des représailles en cas de dénonciation – https://www.afrobarometer.org/wp- content/uploads/2022/02/ad462-senegalais_deplorent_une_hausse_de_la_corruption- afrobarometer-10juillet218.pdf.
SECTEUR INDUSTRIE, LA PRODUCTION EN HAUSSE
En mars 2025, la production industrielle hors égrenage de coton se relève de 19, 7% relativement à celle de la même période en 2024.
En mars 2025, la production industrielle hors égrenage de coton se relève de 19, 7% relativement à celle de la même période en 2024. Cette évolution est imputable au bond des industries extractives estimé à 75%, dû principalement à la prise en compte du démarrage de l’extraction de pétrole au Sénégal. L’accroissement de la production des industries environnementales de 10, 1% et, dans une moindre mesure, celle de l’électricité et de gaz de 0, 5% a également renforcé l’évolution de la production industrielle sur la période sous revue, selon le dernier Indice harmonisé de la production industrielle (Ihpi) de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd).
La production industrielle sénégalaise est à la hausse. En mars 2025, la production du secteur a crû de 19, 7% par rapport à la même période en 2024. Une hausse liée, selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), au bond des industries extractives dû principalement à la prise en compte du démarrage de l’extraction de pétrole au Sénégal, de la production des industries environnementales et, dans une moindre mesure, de celle de l’électricité et de gaz.
«En référence au mois correspondant de 2024, la production des industries extractives enregistre un bond de 75% en mars 2025, principalement en raison du démarrage de l’extraction du pétrole au Sénégal, ainsi qu’à la hausse de l’activité d’extraction de minerais métalliques de 18, 3% et des autres industries extractives, 6, 6%, sur la période sous revue. De même, la production au cours des trois premiers mois de 2025 s’améliore de 65, 5%, comparativement à celle de la période correspondante de 2024», mentionne l’Ansd.
La production des industries environnementales se bonifie de 10, 1% en mars 2025, comparativement au même mois en 2024. L’agence impute cette évolution à la «progression notée dans l’activité de traitement et d’élimination des déchets évaluée à 10% sur la période sous revue. De même, la production au cours des trois premiers mois de 2025 s’améliore de 20, 9%, comparativement à celle de la période correspondante de 2024».
Quid de la production d’électricité, de gaz et d’eau qui s’est revigorée de 0, 5% ? L’Indice harmonisé de la production industrielle (Ihpi) renseigne que «cette augmentation est imputable à la hausse notée dans la production d’eau de 2, 3%».
Toutefois, précise l’agence dans ce document, «la production d’électricité et de gaz a fléchi de 0, 1% sur la période sous revue. En cumul, sur les trois premiers mois de l’année 2025, la production d’électricité, de gaz et d’eau progresse de 0, 3%, comparée à celle de la période correspondante de 2024».
En revanche, souligne l’indice, «en mars 2025, la production manufacturière se rétracte d’1, 7%, relativement à celle de la même période de 2024. Cette diminution est attribuable principalement à l’amoindrissement de l’activité de fabrication des matériaux minéraux évalué à 23% et des produits agroalimentaires reculant de 9, 2%.
Toutefois, il est observé une hausse des produits du raffinage et de la cokéfaction de 36, 5%, métallurgiques et de fonderie 20, 7%, de papier et carton 13% et des produits chimiques et pharmaceutiques 5, 2% sur la période sous revue.
Sur les trois premiers mois de 2025, la production des industries manufacturières se renforce de 3, 9%, comparativement à son niveau de la période correspondante en 2024».
Quant à la production de l’activité d’égrenage de coton, elle «a plus que quadruplé par rapport à la même période de l’année 2024, durant laquelle son niveau était très faible. En cumul, sur les trois premiers mois de 2025, la production totale d’égrenage de coton a également augmenté de 43, 1%, en comparaison avec son niveau de la période correspondante en 2024».
LE «KATAKLE», 27E PIECE DU TRESOR ROYAL D’ABOMEY, DE RETOUR
BENIN 133 ans après avoir été pillé - La Finlande restitue ce 13 mai 2025 au Bénin un trésor disparu depuis de nombreuses années.
La Finlande restitue ce 13 mai 2025 au Bénin un trésor disparu depuis de nombreuses années. Cette pièce, un kataklè – un siège royal à trois pieds provenant du Dahomey – a été retrouvé au Musée national finlandais (Kansallismuseo) grâce au travail mené par une historienne de l’art et à une conservatrice du Kansallismuseo. Une enquête à laquelle RFI a collaboré.
C’est la ministre finlandaise de la Culture, Mari-Leena Talvitie, qui va remettre le siège aux autorités béninoises. La cérémonie se déroulera au palais de la Marina au siège de la présidence, signe que l’événement revêt une certaine importance. Ce sera là une restitution très symbolique car ce kataklè constitue la 27e pièce du trésor royal d’Abomey. Les 26 premières avaient été restituées le 9 novembre 2021 par la France au Bénin. Il s’agissait là de biens pillés en 1892 par le colonel français Alfred Amédée Dodds lors du sac de la ville d’Abomey. Parmi les biens restitués à l’époque, il y avait des statues royales anthropomorphes, des récades, des portes du palais royal d’Abomey, des trônes ainsi que des sièges. Et parmi ceux-ci, il y avait déjà un kataklè.
Ce second siège royal à trois pieds, qui va être rendu aujourd’hui, a été récemment retrouvé au Musée national de Finlande. Identifié après une longue enquête menée par l’historienne de l’art, Marie Cécile Zinsou, et par l’une des conservatrices de ce musée, Pilvi Vainonen, enquête à laquelle RFI a collaborée. Comment cette pièce s’est-elle retrouvée à Helsinki ? Par un échange réalisé en 1939 par le musée de l’Homme (de Paris) avec le Musée national de Finlande. Une pratique courante à l’époque. Le musée de l’Homme, qui venait de succéder au musée d’Ethnographie du Trocadéro, souhaitait alors enrichir ses collections d’objets finno-ougriens de la vie quotidienne. Il a donc envoyé à Helsinki une quarantaine d’objets provenant surtout d’Afrique et d’Asie. Et dans le lot, il y avait donc ce kataklè. À Helsinki, le siège ne sera jamais exposé. Il atterrit dans les réserves du Musée national de Finlande où il va rester durant de nombreuses années. Mais les conservateurs vont au fil du temps perdre sa trace car il a été référencé comme étant un bien du Dahomey.
C’est lors des cérémonies de restitution à Cotonou, qu’une source proche du dossier confie au journaliste Pierre Firtion qu’une œuvre serait manquante. Intrigué, il s’interroge : et si c’était vrai ? Pourquoi n’a-t-elle pas été restituée avec les autres ? Où se trouve cette mystérieuse 27e œuvre ? Avec l’aide d’une historienne de l’art et d’une conservatrice d’un musée européen, le journaliste mène l’enquête entre Cotonou et Paris, en passant par Helsinki et Marseille. Il sera finalement identifié et retrouvé grâce à la persévérance de la conservatrice Pilvi Vainonen. Après avoir été donné au Musée d’ethnographie du Trocadéro à la fin du XIVe siècle, puis avoir été transféré en Finlande à la veille de la Seconde Guerre mondiale, le kataklè vient tout juste de retrouver sa terre d’origine, 133 ans après l’avoir quittée. Le siège est arrivé le 12 mai à Cotonou, transporté avec grande précaution par la délégation finlandaise…
CANCER DE LA VESSIE AU SENEGAL UNE PATHOLOGIE MECONNUE, POURTANT UNE VERITABLE TUEUSE SILENCIEUSE
Au Sénégal, il demeure largement sous diagnostiqué, en raison d’un manque d’informations, de l’automédication fréquente face aux troubles urinaires et d’un accès limité à des soins spécialisés.
Dossier réalisé par Mame Diarra DIENG |
Publication 15/05/2025
Méconnu du grand public, le cancer de la vessie fait pourtant partie des cancers urologiques les plus fréquents dans le monde. Au Sénégal, il demeure largement sous diagnostiqué, en raison d’un manque d’informations, de l’automédication fréquente face aux troubles urinaires et d’un accès limité à des soins spécialisés. Chez les patients, les premiers signes comme la présence de sang dans les urines ou des douleurs à la miction sont souvent négligés ou mal interprétés. Pourtant, une prise en charge précoce peut améliorer considérablement le pronostic.
Le cancer de la vessie, un véritable tueur, est souvent silencieux à ses débuts. Les premiers symptômes, tels que la présence de sang dans les urines (hématurie), une envie fréquente d’uriner ou des douleurs à la miction, peuvent passer inaperçus ou être confondus avec des infections urinaires ou des troubles bénins. Ce retard dans la détection de la pathologie constitue un facteur aggravant majeur au Sénégal, où les patients se consultent souvent à un stade avancé de la maladie. En effet, le cancer de la vessie en Afrique subsaharienne a des particularités et n’est pas considéré comme une priorité pour les autorités sanitaires.
Au Sénégal, c’est le 2e cancer en urologie. Il y a essentiellement 2 types de cancer de la vessie : le carcinome épithélial qu’on retrouve en Europe et Amérique et le cancer épidermoïde plus sévère qu’on retrouve en Afrique. Au Sénégal plus de la moitié des cancers de vessie sont des cancers épidermoïdes. Cependant, il y a des particularités parce qu’en Afrique, la maladie touche sans distinction les hommes et les femmes alors qu’en Europe, les hommes sont plus touchés. Les patients africains sont plus jeunes : c’est un cancer du sujet jeune 35 à 45 ans avec des cas chez des adolescents. Les difficultés pour le dépistage et le traitement sont majeures : nombre d’urologues réduits, structures sanitaires insuffisantes, absence de radiothérapie, produits médicaux hors de portée des ressources financières des patients, absence de programme de lutte.
Amy Niang : «Le cancer est arrivé deux fois sur la même place»
Atteinte d'un cancer de la vessie depuis 3 ans, Amy Niang a découvert sa maladie en juin 2022 à Dakar. « J’avais une constipation chronique et je suis partie en consultation et lors d’une échographie, la tumeur a été découverte. On m’a dit que la biopsie va durer 45 jours. Je n’avais aucune douleur mais on m’a dit que l’incontinence fait partie des signes et cela m’est arrivé 24h avant ma consultation chez le gastro-entérologue. On m’a dit que le cancer de la vessie est difficile à soigner au Sénégal», dit-elle. A l’en croire, comme elle ne pouvait pas savoir que c'était ça, il fallait faire la biopsie. «Je n'avais pas 45 jours pour me faire une tumeur. Je n'avais pas le temps. Donc, j'ai voyagé au Portugal. Et ça fait trois ans que je suis au Portugal. Donc, quand je suis venue ici, en 24 heures, on m'a fait tous les soins. J'ai passé tous les examens. J'ai fait la biopsie. Dix jours après la biopsie, on m'a dit que j'avais le cancer de la vessie, phase 2. On m'a opéré deux fois, en juin et après en août. Et après, je suis allée à la chimiothérapie depuis trois ans. Le cancer est arrivé deux fois sur la même place. Mais là, je me bats très bien», confie-t-elle.
Amy Niang : «Quand j'ai su que c'était le cancer de la vessie, et qu'au Sénégal, on n'en parle même pas…»
Amy Niang se désole qu’au Sénégal on ne parle presque pas du cancer de la vessie. «Et quand j'ai vu que c'était le cancer de la vessie et qu'au Sénégal, on n'en parle même pas, et qu'il a tué des gens surtout que c'est pour les grands fumeurs qu'on le fait. Et comme les femmes aussi, on le fait », soutient-elle. A l’en croire, au Sénégal le cancer de la vessie est survenu en 2008. « On a commencé la campagne mais depuis lors, rien n'est fait. Je suis dans l'association mondiale des cancers de la vessie (world bladder cancer patient coalition). Le mois de mai, c'est le mois jaune qui est consacré au cancer de la vessie», regrette Mme Niang.
PR ALAIN KHASSIM NDOYE, CHEF DE SERVICE UROLOGIE DU CENTRE DE SANTE DE NGOR «LA TUMEUR DE LA VESSIE EST UN CANCER QUI EST TRES LETAL PARCE QU'IL EST PRIS EN CHARGE TROP TARDIVEMENT»
Le cancer de la vessie est en train de faire des ravages au sein de la population. Beaucoup de personnes en souffrent sans le savoir. Dans cette interview accordée à «L’As», le chef de service urologie du centre de santé de Ngor, Pr Alain Khassim Ndoye indique que la tumeur de la vessie est un cancer qui est très létal essentiellement parce qu'il est pris en charge trop tardivement.
C’est quoi le cancer de la vessie ?
Le cancer de la vessie, c'est une tumeur maligne, donc un cancer. La vessie, c'est ce réservoir qui a deux fonctions. Il se trouve au niveau de l'hypogas, donc dans le bas-ventre, qui garde les urines entre deux mictions, mais qui aussi expulse les urines quand il est plein.
Comment se manifeste-t-elle ?
La manifestation principale du cancer de la vessie, c'est l'hématurie, c'est-à-dire que vous urinez du sang. Ça veut dire qu'à ce stade, c'est déjà une maladie relativement avancée, mais c'est le premier signe visible. Il peut y avoir encore plein d'autres signes. Vous pouvez avoir des mictions fréquentes, vous pouvez avoir des mictions difficiles, vous pouvez même avoir des brûlures lorsque vous urinez, mais le signe principal qui oriente vers le diagnostic, c'est ce saignement-là.
Quelles sont les causes du cancer de la vessie ?
Il y a plusieurs causes. Il y a une action supposée, bien sûr, de tous ces produits chimiques, fumées de voitures, des produits, les vernis, les peintures, etc., qui donnent des cancers de vessie. Donc la pollution, l'environnement pollué dans lequel nous vivons est un facteur favorisant des tumeurs de vessie. Mais en Afrique, la plus grosse cause reste quand même la bilharziose. C’est une maladie parasitaire, la bilharziose urogénitale, qui est transmise par un parasite, donc un ver, qui entre dans l'organisme par une piqûre et qui chemine dans le système vasculaire avant de se retrouver au niveau de l'appareil urinaire. Cette bilharziose est transmise en eau douce, soit par l'urine des malades, ceux qui urinent dans un marigot ou en tout cas dans une eau douce ; après, d'autres vont se baigner et vont attraper la bilharziose. Le problème ici, c'est que le symptôme de la bilharziose aussi, c'est une hématurie. Sans qu'il y ait de cancer, la bilharziose, c'est d'abord une hématurie, ça veut dire du sang dans les urines. Et souvent, c'est un symptôme qui est négligé, parce que quand la bilharziose est négligée, elle peut guérir, enfin guérir, disparaître, en tout cas évoluer sans signe pendant des années. Et au bout d'un certain nombre d'années, le malade recommence à uriner du sang et on se rend compte qu'il a eu une tumeur de la vessie.
Quelle est la tranche d’âge la plus touchée ?
C’est le cas de tous les pays qui ont fait une politique de grand barrage, comme l'Égypte, etc., où il y a un nombre très important de tumeurs de vessie. La tranche d'âge, malheureusement, la tumeur de vessie touche principalement les jeunes. Et ça, c'est un vrai problème, parce que dans la population active, c'est un problème que les jeunes ne sont pas en bonne santé. Et chaque jeune qui meurt, c'est vrai qu'on dit que chaque personne âgée qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle, mais chaque jeune qui meurt, c'est quand même une catastrophe pour le développement du pays. Donc, ce sont des patients qui traînent et qui arrivent souvent à des stades très avancés. Ce qu'il faut que vous sachiez, c'est qu'en fait, il y a deux cancers. Maintenant, on fait bien la différence sur le plan du diagnostic, sur le plan de l'évolution et sur le plan du traitement. Entre les tumeurs de vessie n'infiltrant pas le muscle, c'est-à-dire qui n'atteignent pas le muscle de la vessie qu'on appelle le détrusor et les tumeurs de vessie qui infiltrent ce muscle. Le pronostic est différent. Malheureusement, chez nous, nous avons surtout des formes qui infiltrent le muscle, donc les plus graves. Alors, pour les statistiques, globalement, ce qu'il faut retenir, c'est que la tumeur de vessie est maintenant le troisième cancer, le deuxième même cancer urologique, après le cancer de la prostate et devant le cancer du rêve. Je pense que si je ne me trompe pas, dans les derniers travaux qui ont été faits, la tumeur de vessie était le deuxième cancer.
Comment se passe la prise en charge ?
La prise en charge est chirurgicale. Le diagnostic se fait de deux façons. Aujourd'hui, on a à disposition le traitement endoscopique en chirurgie courante, ça veut dire que très fréquemment, on ne peut pas ouvrir et réséquer, ça c'est pour les formes superficielles, mais dès qu'on passe aux formes infiltrantes, il faut enlever la vessie. Le problème pour enlever la vessie, c'est qu'il faut remplacer la vessie et souvent c'est par une poche intestinale. Donc on utilise l'intestin pour reconstruire une poche qu'on abouche à l'abdomen et donc on se retrouve devant ce qu'on appelle une modification du schéma corporel, puisque le patient n'urine plus par son pénis, mais par une poche et un appareillage qu'on fixe sur le côté. C'est quelque chose qui est très mal toléré au Sénégal. On fait beaucoup d'efforts avant l'intervention pour expliquer aux malades que c'est sa seule chance de survivre, mais malgré tout, on se rend bien compte qu'il y en a qui survivent, il y en a qui arrivent à s'adapter à leur poche, mais ça pose un problème.
La deuxième chose, c'est le coût de ces poches, puisqu’elles restent relativement chères et si on n'a pas de poche, vous imaginez que le patient baigne constamment dans ses urines. En Europe, il y a des associations de ce qu'on appelle les stomisés, donc ceux qui ont tous ces abouchements à la peau, soit de leurs intestins, soit de leur appareil urinaire et ces associations corroborent. Mais ici, le malade est un peu seul. Si ce n'est pas les médecins qui se battent de temps en temps pour trouver des poches ou pour espacer les changements de poches, ça pose vraiment problème. Malgré tout, le taux de guérison reste relativement faible. La tumeur de vessie est un cancer qui est très létal, essentiellement parce qu'il est pris en charge trop tardivement. C'est un cancer dont la mortalité reste élevée. A un stade avancé effectivement, les traitements sont sans effets. Le traitement est long et coûteux.
Dossier réalisé par Mame Diarra DIENG
L’AEEMS DENONCE DES DERIVES CONTRAIRES AUX VALEURS EDUCATIVES ET CULTURELLES
L’association des élèves et étudiants musulmans du Sénégal (AEEMS) tire la sonnette d’alarme face à la tournure préoccupante que prennent certaines festivités scolaires, notamment les FOSCO (Foyers socioculturels).
L’association des élèves et étudiants musulmans du Sénégal (AEEMS) tire la sonnette d’alarme face à la tournure préoccupante que prennent certaines festivités scolaires, notamment les FOSCO (Foyers socioculturels). L’organisation déplore les «comportements dégradants» observés lors de ces événements dans plusieurs établissements.
L’affaire des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux où l’on aperçoit des élèves du collège Antoine de Padoue de Ziguinchor en tenues indécentes, participant à des danses exhibitionnistes, continue de susciter des réactions.
Après la réaction des officiels, de l'association des parents d'élèves et de quelques acteurs du secteur, c’est au tour de l’association des élèves et étudiants musulmans du Sénégal (AEEMS) de monter au créneau pour dénoncer ce qu’elle appelle des dérives contraires aux valeurs éducatives et culturelles.
Pour l’AEEMS, ces dérives représentent une déviation inquiétante de l’esprit initial de ces fêtes, qui étaient autrefois des espaces de promotion de l’excellence, de la créativité et de la camaraderie entre élèves. «Ce qui devait être des moments d’épanouissement est devenu un défouloir sous le sceau de l'inconscient», peut-on lire dans le communiqué signé par Issa Baboucar Diédhiou, président de ladite association. Il appelle à un retour à des valeurs socioculturelles en adéquation avec les principes éducatifs et religieux.
L’AEEMS interpelle ainsi le ministère de l’Éducation nationale sur la nécessité de renforcer l’enseignement de l’éducation civique et de mieux intégrer l’éducation religieuse dans les curricula. Elle en appelle également à la vigilance des parents dans l’encadrement de leurs enfants, tout en sollicitant du gouvernement un meilleur contrôle de l’accès aux contenus numériques jugés immoraux. Elle plaide enfin pour une révision des programmes socioculturels scolaires, sous un encadrement strict des enseignants et administrateurs.
SONKO FAIT LA POLICE
Le chef du gouvernement, Ousmane Sonko, veut instaurer l’éthique et la bonne gouvernance au cœur de la gestion étatique. Et les entreprises parapubliques seront bientôt passées au crible.
Le chef du gouvernement, Ousmane Sonko, veut instaurer l’éthique et la bonne gouvernance au cœur de la gestion étatique. Et les entreprises parapubliques seront bientôt passées au crible.
En réunion du conseil des ministres hier, le Premier ministre est longuement revenu sur le rôle central des entreprises parapubliques dans l’économie nationale, notamment en matière de compétitivité et de création d’emplois. Cependant, Ousmane Sonko a pointé du doigt les difficultés majeures auxquelles certaines sociétés sont confrontées en raison de problèmes de gouvernance et de choix stratégiques inadaptés qui ont compromis leur performance.
Pour y remédier, dit-il, le gouvernement a adopté un plan d’action visant à sauvegarder et à relancer les opérateurs clés du transport aérien, AIBD SA et Air Sénégal SA. Ces mesures issues du conseil interministériel du 3 avril 2025, souligne-t-il, seront rigoureusement suivies par les ministères concernés pour garantir une gestion efficace de ce plan de sortie de crise.
Par ailleurs, le Premier ministre a demandé au ministre Secrétaire général du gouvernement et à celui en charge des Finances et du Budget de relancer le comité interministériel de suivi et de restructuration des entreprises publiques et parapublics. Il a également insisté sur la mise en place rapide du fonds de relance dédié à la restructuration de ces sociétés.
Ousmane Sonko a par la suite appelé à une rupture totale d'anciennes pratiques en instaurant une nouvelle politique managériale fondée sur la responsabilité et les résultats.
Sur la modernisation de l'administration publique, il a rappelé qu’elle est un levier essentiel pour concrétiser la vision Sénégal 2050 portée par l’agenda national de transformation. Non sans préciser que plusieurs actions seront menées notamment l’accélération de la digitalisation et l’optimisation des procédures administratives, la professionnalisation des ressources humaines en particulier des gestionnaires et managers publics, et le renforcement de capacités en matière de conduite du changement d’efficacité administrative et d’éthique professionnelle.
Auparavant, toujours dans le registre de la bonne gouvernance, le président de la République avait estimé que le Sénégal, désormais pays producteur de pétrole et de gaz, veille à une gouvernance exemplaire du secteur. Bassirou Diomaye Faye demandait ainsi au Premier ministre d’assurer une gouvernance optimale des ressources dans le but de respecter les contrats avec les partenaires, de développer le contenu local et les champions nationaux, d’auditer les fonds de stabilisation intergénérationnel géré par le FONSIS, et de tenir la première réunion sous son magistère du COS PETROGAZ avant fin juillet 2025
Audience Tahirou Sarr
Prévue ce 14 mai 2025 à la Chambre d’accusation financière, l’audience de l’homme d’affaires Tahirou Sarr n’a pas eu lieu. Ladite audience qui devait permettre d’examiner la saisie de ses biens a été renvoyée au mercredi 21 mai 2025 pour plaidoiries. L’homme d’affaires a été placé sous mandat de dépôt à l’issue de son audition ce vendredi 28 février par les juges d’instruction du Pool Judiciaire Financier (PJF). Il serait impliqué dans une affaire de transactions suspectes portant sur 125 milliards de francs CFA, révélée par la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif). Comme Farba Ngom, Tahirou Sarr est accusé d’escroquerie sur les deniers publics et de blanchiment de capitaux. Il avait fait appel pour contester plusieurs ordonnances de saisie prononcées par le juge d’instruction financier.
Arona Niang envoyé en prison
Poursuivi pour «diffusion de fausses nouvelles», Arona Niang sera jugé lundi prochain devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Le célèbre chroniqueur a été présenté hier au procureur, qui l’a placé sous mandat de dépôt. Il sera jugé lundi prochain devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Arona Niang a été arrêté après des déclarations polémiques faites sur le plateau de la chaîne Sénégal 7 le 15 avril dernier. Il affirmait dur comme fer que «le personnel médical sénégalais avait sciemment transmis le coronavirus à la population, évoquant notamment les masques, les prélèvements nasopharyngés et les vaccins anti-Covid comme vecteurs délibérés de contamination.» Face à de telles déclarations, le ministère de la Santé et de l’Action sociale avait publié un communiqué pour mettre le chroniqueur en garde contre la propagation de fausses informations «susceptibles de saper la confiance entre les citoyens et le système de santé publique».
Noo Lank coupe ses relations avec And Samm Jikko Yi
Considérant que la plateforme And Samm Jikko Yi «s’est éloignée de son objet social, perdant ainsi sa substance et sa raison d’être», le collectif Noo Lank a décidé de se séparer de ladite plateforme, malgré les combats farouches menés ensemble contre la promotion de l’homosexualité et des pratiques similaires au Sénégal. Dans un communiqué parvenu hier à L’AS, Noo Lank estime que la plateforme And Samm Jikko Yi est restée indifférente devant «des actes jugés graves et contraires à nos valeurs fondamentales». Le collectif Noo Lank fait allusion à une «campagne de propagande initiée par la communauté LGBT, ciblant ouvertement Dakar, dans un contexte de mutisme inquiétant de la part de ceux qui se présentent habituellement comme les grands défenseurs des valeurs morales». Dans le texte, le collectif explique qu’il n’arrive pas à comprendre «le silence assourdissant d’organisations religieuses et culturelles telles que And Samm Jikko Yi, avec laquelle il a pourtant activement collaboré, partageant les mêmes idéaux et menant ensemble de nombreux combats ». D’après Noo Lank, des organisations qui défendaient autrefois les valeurs morales et culturelles du Sénégal semblent avoir disparu des radars, surtout si l’on compare leur silence actuel à la virulence avec laquelle elles traitaient autrefois ces mêmes questions.
Audience Sonko/Tiken Jah Fakoly
Ousmane Sonko et Tiken Jah Fakoly ont discuté de l’organisation d'un concert de la paix en Casamance. C’est l’artiste lui-même qui l’a fait savoir après son audience avec le Premier ministre. Il a ainsi indiqué que dans les jours à venir, le peuple sénégalais sera informé sur la date de ce concert. Selon l’artiste, ce sera « un concert de la paix pour parler de paix, d'unité, de stabilité, de l'importance de la stabilité dans un pays ». Tiken Jah Fakoly invite les Sénégalais à tout faire pour garder cette stabilité et cette dynamique. Le reggae man estime qu’au Sénégal, c’est le peuple qui a pris le pouvoir au Sénégal et qu’il l’a donné à qui il veut et donc, qu’il faut maintenir ça. Tiken Jah Fakoly reçu par la ministre de la Culture Le célèbre artiste Tiken Jah Fakoly, figure emblématique du reggae africain, a été reçu ce mardi par le ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture. Via les réseaux sociaux, Khady Diène Gaye affirme que la venue de Tiken Jah au Sénégal s’inscrit dans le cadre du concert hommage à Bob Marley, organisé le dimanche 11 mai au CICES par le label Diery Ngoné Production, à l’occasion du 43e anniversaire de la disparition de la légende jamaïcaine. Selon elle, la venue de l’artiste fut un moment fort de partage, de mémoire et d’unité africaine à travers la musique et les messages portés par ces artistes de conviction.
Khalifa Rappeur envoyé en instruction
Poursuivi pour avoir diffusé sur TikTok une série de vidéos contenant des accusations graves, des injures et des propos diffamatoires, Khalifa Rappeur a été déféré hier au parquet puis inculpé par le juge d’instruction du 5e cabinet avant d’être placé sous mandat de dépôt. Le fils du défunt Me Khoureychi Ba est envoyé en prison suite à des plaintes déposées par le maire de Kolda Mame Boye Diao, le banquier Moustapha Sow et l’homme d’affaires franco-libanais Kinan Mehem. Pour rappel, Khalifa Rappeur a accusé Moustapha Sow d’avoir détourné des fonds publics dans le cadre du Programme spécial de désenclavement (PSD), évoquant un montant de 100 milliards de francs CFA perçus sous forme de commissions. Il mettait aussi en cause Mame Boye Diao. Devant les enquêteurs, Khalifa Rappeur a indiqué qu’il a agi en tant que lanceur d’alerte et qu’il est motivé par l’intérêt général.
Grève de la faim de Abdou Nguer
Abdou Nguer est-il réellement en grève de la faim ? Selon des sources de Seneweb, malgré l'annonce de la grève de la faim du chroniqueur depuis quelques jours, il prend régulièrement ses repas. Abdou Nguer a été placé sous mandat de dépôt le jeudi 17 avril par le juge d’instruction du 3e cabinet. Il est poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles.
Retard de paiement des pécules des volontaires
Les volontaires du Service Civique National / XEYU NDAW NI sont restés 11 mois sans être payés. Dans un communiqué, ils estiment que ce retard constitue une violation du contrat signé entre ladite direction et les volontaires. Dénonçant «avec la plus grande fermeté l'attitude négligente et irresponsable de la direction du Service Civique National face à la situation inacceptable que nous subissons depuis des mois», ils s’insurgent également contre le manque de communication notoire des autorités compétentes, qui traduit un profond mépris à l'égard de notre engagement, de nos efforts et de notre dignité. Ces volontaires exigent ainsi le paiement intégral et sans délai des 11 mois de pécules. Ils demandent aussi des explications officielles sur ce retard injustifié, et la mise en place d'un dispositif de communication fiable et régulier à l'attention des volontaires.
Trois étrangers surpris dans leur fumoir de drogue
Une bande de trois individus de nationalité étrangère est tombée dans les filets de la police de Pikine. Ils s'adonnent au trafic de drogue (Kush). C’est lors d’une opération de sécurisation nocturne que les limiers ont mis le grappin sur les mis en cause. L'attention des flics a été attirée par une certaine odeur provenant d'une maison en baraque près de la station Bada Lo. C’est ainsi que les éléments de la Brigade de Recherche ont procédé à la perquisition d’usage qui a permis de surprendre le trio en train de fumer. D’après la police, la fouille minutieuse des lieux s’est soldée par la découverte de 65 petits sachets en plastique contenant de l’herbe verte supposée être du Kush en sus de 70 képas de Kush. Les mis en cause sont placés en garde à vue.
Les amicales des étudiants de l'UADB dissoutes
La tension ne baisse pas à l’Université Alioune Diop de Bambey. Ainsi pour étouffer le mouvement d’humeur des étudiants, initié depuis le 18 avril 2025, pour des revendications sociales, pédagogiques et infrastructurelles, les autorités de l’Université ont pris une batterie de mesures. Elles ont décidé de maintenir le calendrier académique et de suspendre les enseignements des UFR ECOMIJ, SATIC et SDD jusqu’au lundi 19 mai 2025 à 8h avant de dissoudre les amicales d’étudiants des UFR ECOMIJ, SATIC et SDD pour préserver les acquis pédagogiques. Le Conseil académique constate, par ailleurs, un boycott persistant des enseignements par les étudiants des UFR ECOMIJ, SATIC et SDD, malgré les efforts pour normaliser l’année universitaire. Il relève aussi des « atteintes aux libertés académiques par la perturbation volontaire de cours suivis par des étudiants non impliqués et une situation d’insécurité liée à des manifestations violentes, affectant la continuité du service et mettant en danger le personnel et les usagers».
Procès de l’ancien Directeur de l'hôpital du Roi Baudoin
Le procès opposant la dame Ken Bougoul Seck à l’ancien Directeur de l'hôpital Roi Baudouin de Guédiawaye sera délibéré le 16 mai prochain. C'est la décision prise hier par le tribunal. Auparavant, le procureur avait disqualifié le délit d'escroquerie en retenant l’abus de confiance, faux et usage de faux en écriture privée. Le parquetier a requis une peine de 2 ans de prison dont 02 mois ferme et une amende de 200 mille francs. Toutefois, Ken Bougoul Seck s'est désistée puisque le mis en cause a remboursé les 3,2 millions francs. Elle avait fait une prestation pendant le mois de ramadan en assurant leur restauration. Après service, Ken Bougoul Seck avait du mal à rentrer dans ses fonds. Ce qui avait poussé la dame à porter plainte contre l’ancien Directeur de l'hôpital Roi Baudouin de Guédiawaye à la Brigade de recherches de la Gendarmerie de Colobane. Aussitôt Cheikh Mbaye Seck a payé intégralement la somme due mais l'action publique avait continué. Ce qui avait conduit à son défèrement au parquet et son procès hier.
Pèlerinage à La Mecque
La Délégation générale au Pèlerinage aux Lieux saints de l'islam a défini le calendrier pour la distribution des documents de voyages aux pèlerins. Selon un communiqué parvenu à L’AS, la distribution aura lieu au hangar du pèlerin sis à l'aéroport de Yoff et va débuter lundi prochain à partir de 9 heures, en ce qui concerne les Vol 1, Vol 2 et Vol 3. Les passagers des vols 4 et vol 5 doivent passer le mardi 20 mai à partir de 9 heures. Dans le texte, il est précisé que les pèlerins qui habitent dans les autres régions pourraient recevoir leurs documents le jour du départ à l'Aéroport International Blaise Diagne de Diass.
VIDEO
FATOU SOW VUE PAR LA JEUNESSE SÉNÉGALAISE
Cette sociologue née à Dakar, qui a révolutionné les études de genre en Afrique francophone, voit son héritage intellectuel enfin valorisé par une jeunesse sénégalaise qui redécouvre la puissance de sa pensée
Une reconnaissance tardive mais méritée s'opère aujourd'hui au Sénégal autour de l'œuvre de Fatou Sow, considérée comme la pionnière du féminisme dans le pays. Née en 1940 à Dakar, cette sociologue de renommée internationale voit son héritage intellectuel progressivement valorisé par les nouvelles générations.
Formée en sociologie et philosophie à l'Université de Dakar dans les années 1960, Fatou Sow a mené une carrière académique exceptionnelle entre le Sénégal et la France. D'abord chercheuse au CNRS à Dakar, puis rattachée au laboratoire CDET de l'Université Paris jusqu'en 2007, elle a ouvert des perspectives décisives pour les études de genre en Afrique francophone.
Son apport majeur réside dans l'institutionnalisation des études féministes au sein du paysage universitaire africain. En créant à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar le tout premier enseignement consacré aux femmes et aux rapports sociaux de sexe, elle a posé les jalons d'une réflexion scientifique rigoureuse sur les questions de genre dans le contexte africain.
À partir des années 1990, ses travaux prennent une orientation résolument féministe. Elle met alors en lumière les spécificités des luttes des femmes africaines, en articulant genre, culture, religion et politique. Parmi ses publications marquantes figurent des ouvrages collectifs comme "Sexe, genre et société", "Notre corps, notre santé" et "Le sexe de la mondialisation".
L'influence de Fatou Sow dépasse largement les frontières nationales. Pendant 15 ans, elle a coordonné le réseau Dawn pour l'Afrique francophone, et dirigé de 2008 à 2017 le réseau international Women Living Muslim. Son rayonnement lui a valu de prestigieuses distinctions académiques, dont plusieurs doctorats honorifiques des universités de Toronto, Ottawa et Beet.
Si la jeunesse sénégalaise reconnaît aujourd'hui l'importance de sa contribution, beaucoup avouent ne connaître que superficiellement son œuvre. "Je ne la connais pas personnellement, je ne connais pas ses œuvres, mais j'ai entendu dire que c'est elle qui est la précurseure du féminisme au Sénégal", confie une jeune interrogée, illustrant le paradoxe d'une figure intellectuelle respectée mais dont les travaux restent à découvrir.
L'héritage de Fatou Sow incarnerait, selon les spécialistes, une pensée féministe africaine particulièrement précieuse : rigoureuse dans sa méthode, ancrée dans les réalités du terrain, attentive aux contextes socioculturels et engagée en faveur de la justice sociale et de la transformation des savoirs.
À l'heure où les questions de genre prennent une place croissante dans les débats publics africains, redécouvrir l'œuvre pionnière de Fatou Sow apparaît comme une nécessité pour enrichir les réflexions contemporaines sur l'émancipation des femmes dans une perspective proprement africaine.
LA SENELEC COURT-CIRCUITÉE AU CONGO
Alors même que le ministre de l'Énergie, Birame Soulèye Diop, était encore sur le sol congolais, le Conseil des ministres réuni à Oyo a décidé de suspendre le contrat d'affermage de la Socelec, filiale de l'énergéticien sénégalais
Alors que le ministre Birame Soulèye Diop était encore dans leurs murs, ses collègues ministres congolais ont décidé «de ne pas valider le contrat d’affermage de la Socelec». En d’autres termes, les Sénégalais devront encore attendre longtemps avant de décider de la distribution et la commercialisation de l’énergie électrique au Congo-Brazzaville.
Hier, les médias congolais ont annoncé la décision du Conseil des ministres congolais, réuni à Oyo -le Yamoussoukro congolais-, de suspendre le contrat d’affermage liant la Senelec sénégalaise à l’Etat congolais pour l’exploitation des services de distribution et de commercialisation de l’électricité au Congo Brazzaville. Une décision d’autant plus ubuesque qu’elle est tombée au moment où le ministre sénégalais de l’Energie, Birame Soulèye Diop, se trouvait dans cette ville, et venait d’ailleurs d’être reçu par le chef de l’Etat congolais, Denis Sassou Nguesso. Des images sont parues dans les médias locaux, de cet entretien.
Le Conseil des ministres du Congo justifie la suspension du contrat d’affermage accordé à la filiale de la Senelec, dénommée Socelec, par «les nombreuses critiques émises dans les médias et sur les réseaux sociaux (…)». Le communiqué ajoute que «les préoccupations soulevées mettent en lumière certaines zones d’ombre entourant le contrat, ce qui a conduit à cette prudente retenue». Il semblerait que les syndicats de la société nationale Energie électrique du Congo (E2c) ont mis une forte pression sur les pouvoirs publics pour que le contrat d’affermage, signé depuis le 26 février, ne puisse pas voir un début d’application.
Ils reprocheraient, entre autres griefs, à la filiale de la Senelec, d’avoir entamé ses activités avant même d’avoir fini son processus de légalisation. Autre grief, qui vaut ce qu’il vaut, et ferait certainement plaisir au député Tahirou Sarr, les syndicalistes congolais acceptent mal que le Conseil d’administration ne comprenne qu’un seul administrateur congolais, alors que, outre le Dg et le Pca, tous les autres membres du Conseil sont des Sénégalais.
En plus de ces griefs, des prestataires, relayés par les médias locaux, mettent en avant l’inexistence de capital de démarrage de la Socelec, alors que les membres du Conseil, en majorité sénégalais, mèneraient un train de vie princier.
Quoi qu’il en soit, cette suspension, qui n’est pas une annulation du contrat, se présente sinon comme une belle gifle, en tout cas comme un joli camouflet pour le Dg de la Senelec, Papa Toby Gaye, et surtout son ministre de tutelle, Birame Soulèye Diop, et le gouvernement qu’il représente. Au moment où nos dirigeants, à coups d’arrestations et d’inculpations tous azimuts, ne cessent de menacer les entrepreneurs privés sénégalais des foudres de la loi s’ils sont pris dans un soupçon de dérapage financier, le fait qu’une opération entreprise sous leur égide soit jugée «empreinte de zones d’ombre» n’est pas un bon signe pour le Jub, Jubal, Jubanti. Il ne faut pas oublier que ce revers intervient à peine quelques mois après la décision du ministre de l’Hydraulique d’annuler le contrat d’usine de dessalement de l’eau de mer avec les Saoudiens d’Acwa Power -décision suivie, quelques jours plus tard, par un revirement du même ministre et sa repentance à Jeddah. Pour ne citer charitablement que ces deux exemples.
Peut-être qu’au lieu de faire du tourisme pour adouber des putschistes reconvertis en démocrates, ou pour se réconcilier avec les patrons du Groupe Jeune Afrique, le président Diomaye Faye devrait prendre son bâton de pèlerin et entamer une tournée de diplomatie économique, à l’image de Macky Sall ?