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29 juillet 2025
par Amadou Thiourou Barry
LE SABRE, LA PAROLE ET LE VIDE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le Premier ministre semble s’être donné pour mission non pas de gouverner, mais de purifier la République. La pluralité le dérange, la critique l'irrite, la nuance l'effraie. Pendant ce temps, les défis réels du Sénégal s’accumulent
Il brandit la parole comme on dégaine un sabre. Tranchante, implacable, circulaire. Chaque phrase d’Ousmane Sonko est une estocade. Mais à force de fer et de fureur, que reste-t-il sous la cuirasse ? Un homme en guerre contre tout ce qui n’est pas lui, contre les institutions, contre la presse, contre la société civile et désormais, contre le président même qu’il a pourtant contribué à porter au pouvoir. Le 10 juillet 2025, encore, le Premier ministre est monté à l’assaut. Il a parlé longtemps, il a parlé fort. Et ce que l’on entend dans ce long torrent de colère n’est en rien une vision. C’est un vide. Un vide sidéral, couvert de mots, de menaces, de reproches. Un vide qui n’aspire qu’à dominer.
Depuis plusieurs mois, le Premier ministre semble s’être donné pour mission non pas de gouverner, mais de purifier la République à sa manière. Il dénonce, il accuse, il menace. Il ne construit pas, il récite une liturgie d’exclusion. Magistrats, organisations de la société civile, partis d’opposition, journalistes, et même le président qu’il accompagne : tous sont tour à tour suspects, traîtres ou lâches. Son discours du 10 juillet, d’une virulence inédite, aura au moins eu le mérite de confirmer ce que beaucoup avançaient : cet homme ne veut pas discuter, il veut dominer.
Mais dominer quoi ? Des silences contraints ? Des débats bâillonnés ? Des citoyens tétanisés par le feu de la rhétorique ? À force d’invectives, de jugements péremptoires, de menaces, voilà qu’il rêve d’une loi pour tarir toute influence étrangère dans la société civile. Il ne veut pas les encadrer, il veut les faire taire. En creux, c’est l’aveu d’un malaise. La pluralité le dérange, la critique l'irrite, la nuance l'effraie. Il entend gouverner un peuple à genoux. Et pourtant, comme l’écrivait Césaire, « une civilisation qui s'avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente ».
Ce n’est plus une déviance, c’est une pente : celle de l’autocratie tapie sous les oripeaux de la révolution. À l’entendre, tout est justification. Le complot est partout. L’ennemi est partout. Tout désaccord est une trahison. Et même celui qu’il a porté au sommet, Diomaye Faye, n’échappe plus à ses coups d’éventail en acier trempé. Il lui reproche d’être trop doux. Il affirme que lui, président, aurait frappé plus fort, plus tôt, plus largement. Faut-il rappeler qu’il n’a pas été élu à cette fonction ? Ou doit-on comprendre que tout cela n’était qu’un prélude, une mise en scène avant la grande marche vers la couronne ?
Mais gouverner, ce n’est pas tonner. Gouverner, ce n’est pas transformer la tribune en tranchée. Gouverner, c’est répondre à la complexité du monde, à ses failles, à ses douleurs, sans tout réduire à des binaires toxiques. Le pouvoir ne se résume pas à l’occupation permanente de la parole. Il suppose l’écoute, la modération, la responsabilité. Il suppose aussi, comme l’écrivait encore Césaire dans Discours sur le colonialisme, de « refuser que l’esprit se dessèche dans le confort des certitudes ».
Or Ousmane Sonko semble au contraire s’y enfoncer, avec le zèle d’un prédicateur qui aurait confondu la République avec une salle d'exorcisme. Tout ce qui pense autrement doit être expulsé. Il ne reste alors qu’un homme seul, parlant à la place des autres, persuadé qu’il incarne tout le peuple à lui seul et prêt à disqualifier tous les autres comme résidus, fumiers, collabos ou vendus. C’est le retour de l’homme-providence, mais un providentiel sans transcendance. Le bruit sans la boussole.
Et pendant ce temps, les défis réels du Sénégal s’accumulent. Les bailleurs s’inquiètent. Les finances tanguent. La jeunesse attend. La gouvernance reste floue. Et lui parle. Il parle, encore et toujours. Avec des mots de plus en plus forts, pour des idées de plus en plus faibles. La parole comme voile pour masquer l’absence de cap. Le verbe pour remplir le vide. Mais comme disait encore Césaire : « Il est bon d’avoir un cœur vide pour y verser la colère, mais meilleur est un cœur plein pour y loger la justice ».
Le sabre a tranché, la parole a tonné, mais c’est le vide qui gouverne. Ce vide d’écoute, de mesure, de maturité. Ce vide d’un homme enfermé dans sa propre colère, qui croit encore faire trembler les murs alors qu’il les fissure de l’intérieur. Le Sénégal n’a pas besoin d’un tribun enragé en costume d’autocrate. Il a besoin de justice, de constance, de souffle collectif. Qu’Ousmane Sonko sache que l’histoire se souvient moins des orages que des bâtisseurs. Le sabre s’émousse, la parole s’épuise, et le vide, lui, finit toujours par s’écrouler sur lui-même.
barry.at15@gmail.com, un citoyen qui préfère les bâtisseurs aux boutefeux et la justice à la foudre.
Par Alassane K. KITANE
UNE ÂME INFANTILE DERRIÈRE LES DISCOURS GUERRIERS
L’enfant invoque toujours son père à la moindre contrariété. A la moindre adversité, il crie le nom de son papa pour lui demander de le protéger contre les méchants, les vampires, les fantômes, les ennemis visibles ou invisibles
Les enfants prennent leur père pour un petit dieu, un rédempteur, un protecteur infaillible et plus fort que tous les dangers. Mais il y a autre chose : l’enfant invoque toujours son père à la moindre contrariété. A la moindre adversité, il crie le nom de son papa pour lui demander de le protéger contre les méchants, les vampires, les fantômes, les ennemis visibles ou invisibles. L’enfant se donne tous les droits et n’est évidemment responsable de rien. Sa conscience n’est pas encore suffisamment façonnée pour se frotter à l’adversité et à l’objectivité du monde. Son moi est dissous dans celui de son père qui lui procure un sentiment (illusion) d’invincibilité, d’indestructibilité, bref d’excellence. Le scandale, c’est quand un adulte se comporte comme un enfant : c’est cela le drame des populistes et la tragédie de la politique à notre époque. Ils veulent diriger sans être responsables, sauf qu’à la différence de l’enfant, leur «papa» c’est la foule, le public, l’électorat ou ce qu’ils appellent abusivement le «peuple». Le groupe est le prolongement de leur moi impotent, mais qui se cache derrière un narcissisme dangereux. Le narcissique, faut-il le rappeler, a «un désir permanent de validation externe d’une vision de soi exagérée». Pour le narcissique, la légitimation de soi est la plus grande valeur, le plus grand défi, l’unique horizon de sa vie. C’est ce qui fait qu’il n’hésite pas à sacrifier autrui pour son salut : quand il dit «le peuple», il pense «moi». Dans le discours du narcissique, comptez le nombre de fois qu’il parle de lui-même, vous n’en reviendrez pas
Mais le pire, c’est quand le narcissisme individuel, comme un fleuve, se jette dans l’océan du narcissisme collectif. Tous les populistes, y compris le plus puissant aujourd’hui, à savoir Trump, transposent leur narcissisme individuel dans celui collectif. Les symptômes ou manifestations extérieures du narcissisme collectif sont entre autres : la manie manichéenne consistant à tout ramener à la logique identitaire, à toujours trouver des ennemis ou des menaces extérieures au groupe (ce qui leur permet d’ajourner définitivement toute délibération) ; la croyance que l’engeance est unique ou très spéciale (les patriotes vs les voleurs par exemple) ; la manie conspirationniste (tout le monde, notamment les élites et les médias, nous en veut) ; la dichotomie entre vrais et faux partisans («dans les prochains jours vous entendrez des gens qui prétendaient faire partie du projet sortir pour l’agonir», disait El Malick Ndiaye il y a quelques mois).
Le problème avec le narcissisme collectif est qu’il est comme un océan sans vague : tous les petits poissons y convergent en bancs successifs, s’agglutinant pour former une sorte de magma maritime. Tous les individus qui ont une faible estime de soi et qui en veulent à la société sont d’une manière ou d’une autre des clients ou éléments de ce narcissisme collectif. C’est comme une œuvre d’art collective où chacun compense le déficit que lui oppose la réalité par une sorte de sublimation. Ces clients cherchent un prolongement de leur moi faible et inhibé dans un moi collectif où personne n’est responsable de rien et où toutes les tares sont dissoutes ou converties en vertus : tu es nul en français, c’est la faute à la langue du colon ; tu es pauvre, c’est parce que les élites se sont partagé les ressources du pays ; tu as échoué, c’est parce que le système éducatif est mauvais ; tu as violé, c’est parce que la fille t’a charmé de façon indécente et provocatrice ; tu es un repris de Justice, c’est parce que la Justice est injuste… Comment avoir raison face à de tels individus et groupes ? Comment leur faire entendre raison si leur dénominateur commun, c’est l’irrationnel ?
Ceux qui doutent de la nocivité morale et historique du narcissisme collectif devraient se poser la question de savoir : comment un Peuple aussi civilisé que les Allemands a pu se laisser embarquer dans une aventure aussi cruelle et insensée que le nazisme ? Des industriels, de grands savants, des philosophes, des hommes de culture et même des religieux ont fricoté avec les nazis. C’est une erreur de croire que les intellectuels sont immunisés contre le fléau du narcissisme collectif : au contraire, ceux d’aujourd’hui sont même plus enclins à adhérer à ces engeances. Nous sommes à l’époque de la post-vérité : même les grands penseurs succombent à l’appât de la perception. Pourtant, les plus grandes avancées dans le domaine de la science et de la religion sont l’œuvre de personnes que la société avait marginalisées. Aujourd’hui, c’est l’exact contraire : les élites ont besoin d’une légitimation populaire. Dommage !
Les membres d’une engeance qui fonctionne sous le registre du narcissisme collectif se flattent très souvent d’avoir parmi leurs rangs ou souteneurs, des sommités intellectuelles (sur lesquelles d’ailleurs ils exercent un chantage affectif). Ils sont en permanence à la recherche d’une couveuse psychologique comme des œufs abandonnés à leur propre sort par la pondeuse. Le groupe est leur papa, leur dieu, leur univers intellectuel et moral : tout ce qui est extérieur au groupe y est néantisé comme dans un trou noir. Discuter avec un élément d’un parti populiste est tellement pénible et inutile qu’en fin de compte, la logique de la bipolarisation est en l’unique solution, d’où le risque permanent de la guerre civile.
On comprend pourquoi le discours politique est chargé de plusieurs paramètres qui ne sont ni énoncés ni énonçables. La politique est assurément le domaine où il y a plus de personnes blessées cherchant à venger leur blessure par la foule ou le parti. Certains discours trahissent une profonde crise de personnalité, une régression mentale, un complexe d’Œdipe non dépassé. Les chemins de l’héroïsme artificiels sont pavés de cadavres : le faux héros ne peut paraitre héros que par le nombre d’adversaires qui combattent et contre lesquels son engeance le protège par son abnégation. On comprend également pourquoi certains individus ressentent, jusqu’à une sorte d’orgasme mental, le plaisir de se sacrifier pour une personne qui symbolise le narcissisme collectif dans lequel ils baignent comme des enfants.
Alassane K. KITANE
LES COMPAGNIES PRIVEES DE THEATRE SE MEURENT
Comment ramener le public au théâtre ? Yacine Sané, comédienne, actrice, entrepreneuse culturelle et directrice du Festival international Dakar théâtre et humour (Fidath), donne sa recette.
Comment ramener le public au théâtre ? Yacine Sané, comédienne, actrice, entrepreneuse culturelle et directrice du Festival international Dakar théâtre et humour (Fidath), donne sa recette. En marge de la 3e édition de ce festival qui s’est tenue du 18 au 21 juin 2025, la comédienne est revenue sur la réalité du théâtre d’aujourd’hui, bousculé et parfois même délaissé suite à l’émergence du numérique et l’arrivée en force des séries sénégalaises et africaines sur le petit écran.
La 3e édition du Festival international Dakar théâtre et humour (Fidath) s’est tenue a Dakar du 18 au 21 juin 2025. Quelles ont été les grandes lignes du festival ?
Cette année, nous avons organisé l’édition sous le thème des femmes, qui revient à chaque fois, de l’intégration et de la souveraineté africaine. Nous avons reçu des pays comme la Côte d’Ivoire, qui était invitée d’honneur, le Mali, le Congo, et des pièces qui viennent de tout le Sénégal (de Saint-Louis et de la compagnie de Dakar). Nous avons fait la cérémonie officielle à Sorano et nous avons eu des pièces très engagées, qui parlent de l’actualité en Afrique, de ces héros comme Lummumba, Sankara, mais aussi une pièce de Molière, celle de l’ouverture, jouée par Kader Pichinini. En marge de cela, nous avons effectué une formation en entrepreneuriat culturel au profit des directeurs de festival. Cette année, nous avons axé la formation surtout pour les femmes.
Pourquoi les femmes ?
C’est un choix que j’ai fait parce que j’ai remarqué que le leadership féminin est assez négligé ici, surtout dans la culture, notamment dans le domaine du théâtre. Je peux dire que je suis la seule directrice de festival de théâtre et je veux, en ce sens, booster cette activité pour que les femmes aient plus confiance en elles et plus d’assurance à organiser des événements. La preuve, elles sont venues en masse pour cette formation. Aujourd’hui, nous sommes en train de faire un panel (Entretien réalisé le 21 juin), on parle du public qui a déserté les salles de théâtre. L’objectif de ce festival, c’est aussi de ramener les gens au théâtre, de faire des productions de qualité dans les salles, d’accélérer la formation.
Pourquoi le théâtre ne fait-il plus courir le public ?
C’est un problème qui remonte peut être à plusieurs années. Moi, je me rappelle que quand on a commencé avec la troupe des Gueules tapées, une compagnie privée, c’était la belle époque. Les salles étaient pleines. Avant, il y avait beaucoup de compagnies privées, il y avait des subventions de l’Etat peut-être, je ne sais plus. Mais il y avait l’Union Européenne qui était là, le Programme de soutien aux initiatives culturelles (Psic). Les compagnies recevaient des financements pour faire des créations.
Donc aujourd’hui, ce sont les moyens qui manquent pour booster la production ?
Actuellement, les compagnies privées se meurent faute de fonds, de moyens, de subventions. Et par conséquent, les créations, les pièces de théâtre se raréfient, le public n’est pas fidélisé.
Depuis quand sentez-vous tous ces problèmes ?
C’est juste après que l’Ecole nationale des arts a fermé ses portes, il y a 15 ans. Bien que la section théâtre a repris… Mais pour reprendre tout ça, c’est tout un processus… On est en train de le faire et ça commence à bouger. Juste avec le Fidath, on a vu qu’hier par exemple, le Mali et le Congo ont joué et il y avait une affluence ici, des gens sont venus. Bien sûr, c’étaient des pièces de qualité, portées par des comédiens très talentueux.
Est-ce que les nouvelles autorités semblent comprendre l’importance du théâtre, selon vous ? Est-ce que vous sentez leur soutien ?
La première fois qu’on a introduit un projet au ministère de la Culture, on a obtenu 3 millions de francs Cfa de subvention.
La seconde fois, c’était 4 millions. Je pense qu’ils sont conscients qu’il faut aider ce secteur en léthargie. Mais 3 millions, c’est juste pour l’hébergement du festival. Je pense que c’est la première fois qu’on reçoit autant d’argent depuis la première édition.
Mais donc, qu’est-ce qu’il faut pour sortir des difficultés ?
Il faut des événements. Il faut renforcer les événements. La formation, c’est la base. Ensuite, la diffusion. On ne peut pas créer des trucs pour les regarder. Il faut que les artistes bougent ; la mobilité des artistes est importante. Il faut que ça bouge, que l’ensemble du système bouge, pour que tout recommence à bouger. Nous, notre objectif, c’est la relance du théâtre.
Vous parlez du théâtre sur scène ?
Sur scène, bien sûr.
Est-ce que les séries télévisuelles ne vous concurrencent pas ?
Le théâtre et les series télévisuelles, ce n’est pas la même chose. Moi, par exemple, j’ai des amis qui me regardent à la télévision. Je leur dis, un jour, quand vous allez me voir sur scène, vous allez lâcher la télé.
Parce que c’est diamétralement opposé. Ce n’est pas la même chose. Là, c’est du live. C’est comme la musique. Quand tu regardes la personne jouer en live et que tu la regardes à la télévision, c’est différent. Il y a beaucoup d’écart.
Qu’est-ce qu’il faut faire pour valoriser les artistes ?
La rénumération de la copie privée, je pense que c’est un des moyens pour valoriser les artistes, leur montrer de la considération. Je pense que son application ne va pas tarder normalement.
Est-ce que les Sénégalais sont préparés à payer leur billet pour suivre un spectacle de théâtre ?
Ça commence. Hier par exemple, on a vendu des tickets à 2000 francs. Et on a récolté quand même un peu d’argent. Je pense que si on continue dans cette lancée, à amener des pièces de qualité, à faire beaucoup de communication (même si la communication, des fois, elle est chère), les gens vont venir. Ils nous disent souvent n’être pas au courant de nos spectacles. Mais j’ai remarqué aussi que quand les gens viennent, qu’ils voient ce qu’on fait, ils reviennent. Peut-être qu’ils ne sont pas au courant. Mais bon, le théâtre est là. Le théâtre n’a pas changé. Rien n’a changé dans le théâtre. Maintenant, il faut juste que les gens reviennent. Et c’est ce processus-là qu’on est en train de mettre en place. Il y a quelques jours, j’en ai parlé avec un professionnel qui m’a dit : «Est-ce qu’on ne va pas changer de format ? La pièce, on la met en captation et on la met sur YouTube. Ça génère de l’argent et les artistes vont pouvoir en vivre. Parce qu’on est à l’ère du numérique, de la mondialisation. Il faut que nous changions aussi.» Maintenant, on va vers le public, on fait les captations et on lui propose.
Comme c’est le cas de la pièce de théâtre de la Troupe dramatique de Sorano, Poot mi. C’est une pièce contemporaine qui parle des réalités sénégalaises. Je l’ai suivie. Mais il y a toujours une moralité, et c’est une pièce qui éduque, mais dans la bonne humeur. Quand ça passe, les gens rigolent parce qu’on éduque dans l’humour. Ça allie l’éducation et l’humour. Dans notre festival aussi, on essaie de faire les deux en même temps. Des pièces qui font rire, mais qui éduquent aussi.
SONKO, LA VOIX DU CHEF
Toutes les planètes gravitent autour de lui. Sans être chef d’Etat, il demande à ce qu’on le laisse « gouverner ». Est-ce le temps des cerises, après des promesses de récoltes de raisins ?
Lors de l’installation du Conseil national de Pastef jeudi, Ousmane Sonko a montré à ses responsables qu’il est le seul coefficient électoral de son parti. Une vérité absolue, car aucune autre figure populaire n’a jamais émergé dans sa formation.
Seul face au micro, Ousmane Sonko montre sa toute-puissance. Le parti Pastef est son parti. Il en est le visage, la voix, celui qui indique la voie à suivre. Face aux responsables du parti, réduits en simples spectateurs lors de son one-man-show, il a montré qu’il est, comme le disait Idy pour parler de la force de Wade, la constante. Les autres sont des variables. «Tous les gens qui sont là, au moment des élections, ils m’appellent pour me dire : «Si tu ne viens pas, je vais perdre ma localité.» Parfois, je ne me sens pas bien, mais je fais les efforts nécessaires pour y aller. Après cela, tu vois certains sortir pour bomber le torse», expose le président de Pastef. Il ajoute : «Je n’accepterai pas de clan au sein du parti, j’y veillerai personnellement. J’ai toujours été rassembleur, et tout le monde peut en témoigner.»
Ousmane Sonko est ainsi sûr de sa force personnelle. Il est l’unique coefficient électoral de Pastef qu’il a porté jusqu’au pouvoir. C’est une vérité absolue, car il n’y a aucune figure politique qui a réussi à avoir une étoffe pour devenir un leader local, capable de faire lever des foules, à l’image des anciens partis présidentiels qui ont réussi à enfanter des leaders avec des envergures locales réelles. Evidemment, toutes les planètes gravitent autour de lui. Il en est d’autant plus sûr qu’il ajoute à ce pouvoir le poste de chef du gouvernement. Avec une partie des pouvoirs de l’Exécutif, Pros-Pmos, qui se confond dans une seule personnalité, devient une puissance politique et étatique concentrant des pouvoirs exorbitants. Une sorte d’Alpha et d’Oméga
Ce double poids devient inestimable alors que 2029 est à la fois proche et lointain. Même s’il refuse d’en parler, admettant seulement que lui et son candidat pour la présidentielle ont eu des discussions sur la question. Sans donner de détails.
Il n’est pas un chef d’Etat, mais il gère l’appareil politique qui a permis à Bassirou Diomaye Faye de devenir le 5ème président de la République. A 45 ans maintenant, BDF est le premier dirigeant sénégalais à ne pas disposer d’un matériel politique à sa disposition, car il n’est pas un chef de parti. Il a été investi, soutenu et élu par son Premier ministre, qui est reparti aux Législatives pour lui offrir une majorité à l’Assemblée nationale afin d’enclencher le Projet qu’il a lui-même théorisé. Et le slogan Diomaye moy Sonko, triomphant, a été scénarisé pour mettre en place un tandem au sommet de l’Etat en vue d’une gestion de l’Exécutif sous forme de duo. Autant de pouvoirs qui lui donnent une position de sentinelle : il a un regard sur les militants, l’Assemblée et l’Exécutif. Sans être chef d’Etat, il demande à ce qu’on le laisse « gouverner ». Est-ce le temps des cerises, après des promesses de récoltes de raisins ? Aujourd’hui, le Sénégal vit des heures sombres sur le plan économique. Pmos promet un Plan de redressement national pour sortir le pays de «l’abîme» dans un contexte de tensions budgétaires. Comment y arriver alors que le pays a «un problème d’autorité» ?
par Mouhamadou Moustapha Dieye
BIOPSIE D’UNE KOROMAQUERIE !
EXCLUSIF SENEPLUS - La République ne retrouve sa dignité que quand elle se plie à ses caprices. Ce qui ne marche pas n'est jamais de sa faute. Curieusement, il est le chef de l'administration
Être amoureux de la République de Ndoumbélane et ne pas vivre de satire peut rendre malade. Et être malade, avec ce système sanitaire, même la maladie le déconseille. Nul besoin de conceptualiser, attaquons le vif du sujet, démangeaison oblige. Ce sont toujours les mêmes schémas avec Koromak et il n'y a que sa meute qui ne semble pas les voir. Le boss contrarié jette à la vindicte populaire les victimes de ses choix et la meute assure le bain de sang. Au final, il n'aura rien ordonné, les petits goorgoorlus sont responsables de ce qu'ils font et l'influence est nulle, n'est-ce pas ? Ce sont juste ses amis, les jeunes, qui agissent par dépit. Les intérêts français, la RTS, la TFM, la DGE, le Conseil constitutionnel, la police et la gendarmerie nationales, la Cour Suprême, les magistrats, l'armée… Tout le monde ou presque, a au moins une fois comploté contre lui. On est d'accord ou on est l'ennemi et, cerise sur le gâteau, on a la haine.
La parole de Koromak n'impacte tellement pas qu'il n'est pas obligé de rappeler à sa meute qu'on ne peut pas se permettre d'insulter la première Institution du pays. Mais ça, c'est parce que c'est son pote, Ngundu, dont le décret impérial a été remis en question par un premier ministre connecté à de jeunes distributeurs de 72h de joyeusetés à des gens qui ont eux aussi des familles, et même des enfants en âge de se marier. Quand ce fut le tour du Watchacha, ces jeunes qui insultaient sur les réseaux n'étaient rien d'autre que des dépités déçus de la manière dont leur pays est géré, cela pouvait se ‘‘comprendre’’. La République ne retrouve sa dignité que quand elle se plie à ses caprices.
Maintenant que l'Ennemi mortel qui a tué de jeunes sénégalais parce que Koromak l'a déclaré et a contracté une dette de 5000 milliards qu'il a affectée à un puukëré ostentatoire, toujours parce qu'il l'a déclaré, n'est plus là, il faut encore de grandes cibles pour masquer les carences et les promesses évanescentes. Alors on jette discrètement le discrédit sans trop appuyer, sur son patron, le président, qui ne fait manifestement pas les choses que son excellence Koromak aurait fait, pour soutenir ses promesses. Ainsi, son incompétence est différée, parce qu'il ne gouverne pas et qu'on ne le laisse manifestement pas le faire.
Curieusement, il est le chef de l'administration et surtout, il est le chef théorique – d’autres diraient pratique – de la seule institution qui peut forcer la main de l'exécutif, l'Assemblée nationale. Son parti est au cœur de l'appareil d'État, mais il ne gouverne toujours pas, vous savez, même s'il avait déclaré urbi et orbi qu'il allait le faire. Ce qui ne marche pas n'est jamais de sa faute même s'il coiffe ce qu'il appelle le système. C'est toujours la faute du dragon : entendez bien le système et les pouvoirs qui lui font défaut, ceux-là qui feraient de lui, l'être absolu. Le Gojo Satoru version Ndumbélaan de cette magnifique République.
Sa posture, sans triste humour, rappelle à quelques exceptions celle du Watchacha en fin de règne. En colère contre tout le monde et en a tellement marre qu'il souhaiterait même accélérer son départ. Sauf que Koromak, son excellence, n'est qu'à 15 mois de règne. Il rabâche que la République doit être à l'image de celui qui l'incarne (très discutable, comme beaucoup de ses affirmations d'ailleurs), mais encore faudrait-il en conceptualiser le contenu comme savait si bien le faire Maodo, la référence ? Ah oui, il a "théorisé" le système, ce concept symbiote qui mute au gré des postures de son hôte. Pour donner du contenu à une République alternative, il faut savoir se lever tôt. Pour désincarner la vraie République, à midi, il suffit d'une bonne dose de koromaquerie.
Ave Ndoumbélane.
LES ROUTIERS, LA PEUR SANS FREIN
Les traces des attaques perpétrées par des bandes armées à Diboli, Sanghé, Kayes et autres localités dans la République du Mali, le 1er juillet dernier, sont toujours présentes. Plus d’une semaine après, l’inquiétude se lit toujours sur les visages
Il y a plus de 10 jours, le dernier village malien jouxtant la frontière du Sénégal avait fait l’objet d’une attaque terroriste. Les postes de police et de douane ont été visés par une opération coordonnée. Des véhicules et des motos ont été incendiés, une personne a même été tuée par balle. Un peu plus à l’intérieur du territoire malien, d’autres attaques simultanées ont été perpétrées. Il y a eu plusieurs morts, surtout du côté des Djihadistes. Les transporteurs, en première ligne, qui traversent tout le temps la frontière, sont sur les nerfs et transis de peur..
Le temps passe, mais les craintes ne s’apaisent pas. Les traces des attaques perpétrées par des bandes armées à Diboli, Sanghé, Kayes et autres localités dans la République du Mali, le 1er juillet dernier, sont toujours présentes. Plus d’une semaine après, l’inquiétude se lit toujours sur les visages des populations. Elles sont encore déboussolées. Stupéfaites. Aujourd’hui, elles ont besoin d’être rassurées et davantage protégées.
Contraints de prendre la route qui traverse ces zones, les camionneurs et autres transporteurs, et même des commerçants, ont la peur au ventre. Mamory Konté, un Malien, est chauffeur. Trouvé à l’entrée de la ville de Tambacounda où il se reposait, il ne cache pas son inquiétude au moment de rejoindre son pays d’origine. «Je suis profondément atterré de la situation qui prévaut actuellement chez nous», a-til dit d’emblée.
Il explique : «Depuis ces dernières attaques, nous avons trop peur.
Actuellement, c’est comment faire pour rentrer au Mali sans subir d’attaque qui me préoccupe. Je suis lourdement chargé de marchandises diverses à destination du Mali. Les propriétaires piaffent d’impatience d’apercevoir les camions garés devant leurs magasins. Seulement, je suis inquiet. Notre métier comporte d’énormes risques. Il faut forcément emprunter la route pour acheminer les marchandises des commerçants. Ils ne cessent de nous interpeller. Ils ne sont préoccupés que par le gain. Ignorant les risques que nous courons avec les attaques des djihadistes qui peuvent survenir à tout moment. C’est infernal ce que nous vivons.» Il ajoute : «Et c’est pourquoi la situation actuelle va déteindre sur le coût du transport. Nous ne risquerons plus nos vies pour rien. Entrer en territoire malien actuellement, avec ces nombreuses attaques coordonnées notées çà et là, dévient trop risqué. Il faut y mettre le prix pour qu’on tente le coup.»
Au moment de remettre le pied sur l’accélérateur, il fait défiler dans sa tête les risques encourus. Comme Djiby Diaw. Il est un routier sénégalais. Assis à côté de son collègue malien, il a néanmoins l’air beaucoup plus serein. «Je n’ai aucune crainte pour aller décharger mes marchandises au Mali. On va tous mourir un jour», relativise-t-il. Fataliste !
Expérimenté, il sait gérer ce stress et cette incertitude qui entourent cette traversée. «J’ai mon camion lourdement chargé de marchandises. Je suis en escale à Tamba pour me reposer. J’y suis arrivé nuitamment. Je compte, vers 18h, lever l’ancre», confie notre compatriote.
A la question de savoir comment il compte s’y prendre une fois la frontière dépassée, il répond sans trembler : «Je conduis comme je le faisais. Il y a eu certes des attaques sanglantes la dernière fois, mais les djihadistes sont en ce moment éprouvés. Ils ont payé le plus lourd tribut lors des attaques. Ils y réfléchiront à deux fois avant de se lancer dans de nouveaux défis. Les Fama (Forces armées maliennes) ont riposté avec détermination et rigueur. Ils m’ont personnellement rassuré. Voilà pourquoi je dis que je ne crains pas de faire le voyage en territoire malien malgré les récentes attaques meurtrières.»
Mais, il reste persuadé qu’il y a encore des efforts à faire pour éliminer les risques. «Il urge de renforcer la sécurité le long du tracé sénégalomalien. La sécurité doit être plus renforcée parce que les populations ont peur et elles sont inquiètes. Il faut surtout mettre beaucoup de checkpoints sur le long de la route, sur des distances réduites. Ce qui pourra contribuer à dissuader les criminels. Sinon, il faut avouer que les populations ont réellement peur et sont désemparées. Aux autorités de les tranquilliser en mettant à disposition des Forces de défense et de sécurité, les moyens nécessaires pour assurer leurs missions», appelle Djiby Diaw. Après les attaques du 1er juillet, certains ont pris des mesures de sécurité pour se mettre à l’abri. «Je note aussi qu’il y a beaucoup de chauffeurs sénégalais qui ont décidé de surseoir aux voyages vers le Mali jusqu’à nouvel ordre. Ils ne sont pas comme moi, mais ils ont leurs raisons. La situation est inquiétante», admet-il.
Abdou Karim Kébé, un natif de Diaobé, est un commerçant établi à Kidira. Il est très secoué par les attaques du 1er juillet dernier, qui le traumatisent toujours. «Nous saluons la promptitude de la réaction des Fds lors de l’attaque. Seulement, elles doivent être mieux outillées. Et, apparemment, l’Etat semble avoir entendu notre appel. Chaque jour, nous voyons un avion survoler nos têtes. De manière fréquente. Les gens disent que c’est un avion militaire, c’est l’Armée qui mène des patrouilles aériennes. Ce qui nous soulage un peu. Nous nous sommes implantés à Kidira depuis des années. Nous y développons le commerce qui y est très florissant. Seulement, on est très inquiets, surtout quand nous avons appris qu’il y a eu plusieurs attaques coordonnées. Nous avions très peur parce que la ville est située à un jet de pierre de Diboli», rappelle-til.
Aujourd’hui, le représentant de l’Union des conducteurs routiers de l’Afrique de l’Ouest (Ucrao) affiche son inquiétude. Toutefois, Mamadou Kaïré n’épouse pas l’appel au boycott proposé aux transporteurs. «Cela créerait un embouteillage fou dans le pays. Déjà, les gens se plaignent tout le temps du nombre important de véhicules. En venir à vouloir bloquer tous les camions dans le pays rendrait la circulation quasi impraticable. Si tous les véhicules devaient rester au pays, vous imaginez ce que ça pourrait donner ?», s’interroge M. Kaïré. Avant de poursuivre : «Il n’y a aucun métier au monde sans risques.» Le responsable de l’Ucrao demande aux conducteurs de surtout revoir les horaires de circulation. «Il faut circuler aux heures requises pour le couvre-feu instauré par les autorités maliennes. Savoir où garer et quand le faire est aussi une mesure de sécurité indiquée à nos membres», conseille Mamadou Kaïré.
Désormais, il espère un renforcement sécuritaire. «Auparavant, au Mali, il était organisé des convois des Forces de défense et de sécurité pour escorter les camions afin de leur faciliter le passage. Cette pratique doit être rétablie et même perpétuée», plaide le représentant de l’Ucrao. Il recommande aux chauffeurs de prendre un contact téléphonique des Fds au niveau de chaque poste de contrôle. «Ce qui permettra, en cas d’attaque, d’appeler le poste le plus proche. Il faut traverser la frontière en convoi. Quand une dizaine de camions voyagent ensemble, ce n’est pas évident de les attaquer en même temps», a dit Kaïré.
Il réitère son appel au dépassement pour dissiper les peurs. «Il y a eu certes une attaque sanglante, mais pour autant, la vie doit continuer. Les populations des deux bords ont besoin d’aller et de venir, de vivre, d’échanger, et que sais-je encore. Les autorités étatiques doivent à leur tour renforcer les moyens des Fds. Les populations sont aujourd’hui transies de peur et désorientées. Elles ont besoin d’être apaisées. Les récentes attaques ont laissé des stigmates encore visibles. Il faut davantage de sécurité», plaide Mamadou Kaïré. Après plus de 10 jours, la vie continue dans un climat assez anxiogène chez les routiers. Sur un coup d’accélérateur, les camions repartent pour une autre traversée plus sûre. Comme toujours !
LES ACTEURS DE L’EDUCATION DES PAYS D’AFRIQUE FRANCOPHONE EN CONCLAVE A DAKAR
Comment intégrer les langues nationales dans les systèmes éducatifs et faire de la diversité linguistique un levier d’inclusion, d’apprentissage et de réussite scolaire. La question a réuni décideurs, experts et acteurs de l’éducation à Dakar.
L’introduction des langues nationales, enjeux et défis. La question est au centre d’un colloque international ouvert à Dakar ce mardi. La rencontre réunit des décideurs, experts et acteurs de l’éducation. Les travaux ont été présidés par le ministre de l’Education nationale.
Comment intégrer les langues nationales dans les systèmes éducatifs et faire de la diversité linguistique un levier d’inclusion, d’apprentissage et de réussite scolaire. La question a réuni décideurs, experts et acteurs de l’éducation à Dakar. Objectif, promouvoir et valoriser les langues maternelles.
Organisé par l’Institut de la Francophonie pour l’éducation et la formation (Ifef), organe spécialisé de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif), en partenariat avec le Bureau de l’éducation de l’Unesco (Unesco-Bie), l’Université de Genève (Uinge) et l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad), avec l’appui du ministère de l’Education nationale du Sénégal, ce colloque s’inscrit dans la continuité des actions menées pour promouvoir un enseignement bi-plurilingue de qualité, en phase avec les contextes locaux et les besoins des apprenants.
Le programme s’articulera autour de conférences plénières, de tables rondes, d’ateliers thématiques et de partages d’expérience, mettant en lumière des initiatives concrètes menées dans plusieurs pays francophones, notamment dans le cadre du programme Ecole et langues nationales en Afrique (Elan) de l’Oif-Ifef, soutenu par l’Agence française de développement (Afd).
Dans sa déclaration préliminaire, Mona Laroussi, directrice de l’Ifef, a indiqué que dans un contexte mondial où les inégalités scolaires persistent, le colloque incarne une volonté partagée : reconnaître les langues premières des élèves non plus comme un obstacle, mais comme une ressource pour une éducation inclusive et de qualité. Il s’inscrit pleinement dans les engagements des Etats pour atteindre l’Objectif de développement durable 4 (Odd 4).
«Quand vous apprenez que 8 enfants sur 10 apprennent dans une langue qu’ils ne maîtrisent pas, ça fait mal au cœur et, malheureusement, cela se passe dans des pays d’Afrique francophone», a-telle regretté.
Selon elle, le multilinguisme à l’école n’est pas seulement une question de communication, mais plutôt un choix pédagogique et scientifique qui favorise l’inclusion, l’équité et la qualité de l’éducation. Mme Laroussi a, par la même occasion, appelé à une conjugaison des efforts derrière cette réforme pour que les enfants s’épanouissent en apprenant dans leurs langues maternelles.
Venu présider la cérémonie d’ouverture, le ministre de l’Education a rappelé le rôle fondamental des langues maternelles dans l’acquisition des savoirs.
Pour Moustapha Mamba Guirassy, il est avéré que lorsqu’un enfant apprend dans sa propre langue, il est beaucoup plus performant.
C’est la raison pour laquelle tous les Etats ont l’obligation de généraliser l’introduction des langues maternelles dans les curricula. A l’heure du développement fulgurant des technologies de l’information et de la communication, les pays membres de la Francophonie sont invités à une révision profonde des systèmes éducatifs.
«Pour une bonne généralisation des langues, il nous faut un changement de logiciel, de comportement, et que l’environnement de l’enfant soit lettré. Nous devons repenser nos systèmes. Les réseaux sociaux et l’Intelligence artificielle sont avec nous, il nous faut incontestablement passer à une réforme tenant en compte des réalités de l’heure.»
Durant trois jours, les participants échangeront autour d’enjeux liés au passage à l’échelle de la généralisation de l’introduction des langues maternelles à l’école, comment converger vers des standards communs, en discutant planification, coût et modalités nécessaires à une généralisation durable de l’enseignement biplurilingue, et élaborer des recommandations à l’attention de l’ensemble des parties prenantes.
Par Mohamed GUEYE
EN ATTENDANT BACHIR, GADIAGA ET ABDOU NGUER
Depuis le 25 juin, notre confrère Bachir Fofana a rejoint en détention Moustapha Diakhaté et le chroniqueur Abdou Nguer. Ces 3 personnages ont commis le crime d’exprimer des opinions qui sont en porte à faux avec la doxa du peuple de Pastef,..
La rubrique «Contrepoint» est habituellement animée par Bachir Fofana. Ce dernier étant dans les liens de la détention pour des motifs fallacieux, Le Quotidien a décidé de poursuivre sa publication jusqu’au délibéré final de son procès. Si, comme nous le souhaitons, notre confrère est libéré, il retrouvera sa place dans nos colonnes. Et s’il est condamné, ce que nous ne souhaitons pas, sa chronique arrêtera sa parution jusqu’à son retour. Dans l’attente de cette clarification, les lecteurs du journal retrouveront sa chronique chaque samedi.
Depuis le 25 juin, notre confrère Bachir Fofana a rejoint en détention Moustapha Diakhaté et le chroniqueur Abdou Nguer. Ces 3 personnages ont commis le crime d’exprimer des opinions qui sont en porte à faux avec la doxa du peuple de Pastef, et surtout ses dirigeants. Ils ont été «effacés» de l’espace médiatique, comme promis par le Premier ministre devant les représentants du Peuple, à l’Assemblée nationale. Depuis mercredi 9 juillet, un autre chroniqueur de télé, Badara Gadiaga, les a rejoints.
Ce jour-là, le président du parti Pastef a décidé, en l’absence notable d’un éminent militant du parti -le président de la République-, de sonner la remobilisation de ses troupes. Il a commencé par dénoncer «l’esprit de clan» qui a fait son apparition en leur sein. Esprit de clan né sans doute de l’appétit suscité par un partage inégal du gâteau, on peut le présumer.
Il a surtout aussi voulu retrouver l’esprit des années de braise, quand les troupes fanatisées n’hésitaient pas à affronter les Fds, et à embraser les domiciles et sièges de ceux qu’ils considéraient comme leurs ennemis. En plus de certains commerces, les sièges de certains médias ont fait l’objet d’autodafés.
Avec la force de la loi et le glaive de la Justice, plus besoin de recourir au feu, sinon à celui de la force armée légalement dotée de pouvoir. Les chroniqueurs de télévision en sont les victimes de choix, aux côtés de leurs invités comme Assane Diouf ou les politiciens Moustapha Diakhaté et le Commissaire Cheikhna Keïta. Aucun lapsus, aucun dérapage ne leur sera toléré. Le leader de Pastef a bien affirmé qu’ils combattront tous ceux qui les combattent. Et il a enjoint à ses militants de ne plus se rendre sur ces plateaux où ils se font tailler des croupières, pour privilégier les réseaux sociaux. Sans doute ne s’est-il pas encore rendu compte que même sur les réseaux sociaux, sa voix et celles de ses partisans deviennent chaque jour inaudibles.
Ce qui fait qu’ils ne réalisent toujours pas que les tentatives légales pour «effacer» leurs critiques ne feront que révéler d’autres critiques. Comme ils sont convaincus que ces critiques sont stipendiés par leurs ennemis du «Système», ils finiront sans doute aussi par comprendre que même en leur sein, l’hydre a fini par pousser des têtes.
Ayant accédé au pouvoir avec la volonté de «mettre hors d’état de nuire» tous ceux qui ont entravé sa marche vers le sommet, Pastef a voulu les priver de voix et de plume. D’où tous les moyens mis en œuvre pour sevrer les médias de moyens d’existence. La chose dont ils auraient dû se rendre compte et qui leur sera fatale, est que la presse sénégalaise est inséparable du peuple sénégalais. Si les journaux et les journalistes survivent à ce jour à toutes les avanies, ce n’est pas grâce aux «milliards cachés» que leur fourniraient les tenants de l’ancien système mackyste.
S’ils avaient pu maintenir à flot l’économie que Macky Sall leur avait léguée, au lieu de la laisser sombrer et de faire perdre ainsi leur gagne-pain à de nombreux Sénégalais, parmi lesquels plusieurs partisans de Pastef, les dirigeants actuels n’auraient pas eu besoin de recourir à la force légale pour faire taire leurs détracteurs. Le peuple lui-même, au-delà même des 54%, s’en serait chargé.
Bachir Fofana, Abdou Nguer, Badara Gadiaga, à chacune de leurs émissions, se sont évertués à montrer à ce pouvoir les failles de sa politique, et parfois même les moyens de les corriger. Aucun d’eux n’a utilisé un langage différent de ce qu’ils employaient à l’égard du président Macky Sall quand il voulait déraper. Aveuglé par ses calculs politiciens, trompé par son entourage et assourdi par sa vanité, le Macky du second mandat n’a pas voulu lire les signaux d’alarme. C’était l’époque où ceux qui lui refusaient la possibilité d’un troisième mandat perdaient systématiquement leur poste. Mais ce Macky-là avait déjà plus de 7 ans de pouvoir. De plus, son parti se résumait à un appareil électoral qui, d’ailleurs aujourd’hui, a toutes les difficultés pour survivre, malgré les efforts de gens comme Pape Malick Ndour, Hamidou Anne et une petite poignée d’irréductibles.
Sonko et les dirigeants de Pastef se retrouvent, eux, aujourd’hui, dans la position des nazis de Hitler en juillet 1934. Il a fallu la sortie du mercredi dernier pour que la majorité des Sénégalais se rendent compte que le parti au pouvoir est déjà miné par des dissensions, et pas seulement des petits militants de base frustrés, mais surtout des personnalités au sommet de l’appareil. Des pays comme l’Allemagne ou le Burkina Faso ont résolu ces contradictions par le sang. Cela a donné, selon les pays, La Nuit des Longs couteaux ou bien, à Ouaga, la Rectification, qui a coûté la vie à Thomas Sankara.
Le Sénégal de 2025 n’étant pas l’Allemagne des nazis ou le Burkina de Blaise Compaoré, il est certain que l’on n’en arrivera pas à ce niveau. Mais si les contradictions doivent se résoudre, la presse ne pourra que le constater, sans y prendre part pour autant. Et elle ne manquera pas de mettre le doigt sur les problèmes et leurs conséquences. La nature de ce régime, dans ses rapports avec les médias, étant de foncer à toute vitesse vers le mur, on devra peut-être aussi s’attendre à d’autres arrestations pour avoir mis à nu des situations déplaisantes. Cela ne nous empêchera pas de les dévoiler.
Bachir Fofana, Badara Gadiaga et Abdou Nguer avaient fini par comprendre la nature de ce pouvoir. Chacun a compris qu’il ne servait à rien, avec leurs interlocuteurs, de brandir des arguments de bonne foi. Il était évident dès leur interpellation, qu’ils n’allaient pas retrouver leurs foyers rapidement. Tous les artifices sont bons pour les maintenir en détention. La preuve, la grève des greffiers est arrivée au moment opportun pour renvoyer le délibéré de Moustapha Diakhaté et de Bachir Fofana. Et pour Gadiaga, comme pour Abdou Nguer, nous apprenons qu’ils sont entrés dans une longue procédure d’instruction. Dans certains pays ou d’autres temps, les incriminations qui les visent ne feraient pas l’objet de peines d’emprisonnement. Mais cela, ce sont des pouvoirs qui n’ont pas peur de leur presse.
Quant à leurs confrères des médias, qui comprennent de plus en plus que chacun d’eux a des chances de les retrouver en prison, ils ne peuvent, en attendant, que crier : Free Bachir Fofana ! Free Badara Gadiaga, Free Abdou Nguer !
LES LIONNES FACE AU DEFI DE LA QUALIFICATION
Le Sénégal affronte, ce samedi 12 juillet 2025, au stade olympique de Rabat (19h), le Maroc, dans le cadre de la 3e journée de la CAN féminine qui se joue du 5 au 26 juillet
Le Sénégal affronte, ce samedi 12 juillet 2025, au stade olympique de Rabat (19h), le Maroc, dans le cadre de la 3e journée de la CAN féminine qui se joue du 5 au 26 juillet. La première place dans le groupe A et une qualification en quart de finale seront en jeu dans ce duel de «Lionnes». Après la courte défaite concédée contre la Zambie, les «Lionnes» du pays de la Téranga (3e, 3 points) jouent leur qualification lors de duel aux allures de «finale» pour le sélectionneur Mame Moussa Cissé.
L ’équipe du Sénégal fera face à celle du Maroc, pays hôte de la CAN féminine, pour sa troisième et dernière rencontre du groupe A. Ce sera ce samedi à 19h, au stade olympique de Rabat. Ce choc entre les Lionnes du pays de la Téranga et celle de l’Atlas sera décisif pour la qualification en quarts de finales. Après un probant succès contre la Rd Congo qui lançait idéalement la campagne, les coéquipières de Mama Diop avaient essuyé une défaite contre la Zambie (3-2) mercredi dernier, lors de la deuxième journée.
Ce faux pas différait non seulement sa qualification en quart de finale, mais complique davantage la tâche aux Sénégalaises. Puisque les Lionnes de l’Atlas en ont profité pour prendre la tête du groupe A avec 4 points (+2) ; devançant au goal-average la Zambie (4 points+1). Le Sénégal avec ses 3 points, se retrouve à la 3e place. Les Lionnes vont donc jouer «une deuxième finale» avec l’obligation de décrocher la victoire. Un autre résultat sera malvenu pour la bande à Mama Diop et Nguenar Ndiaye qui ont jusqu’ici porté le Sénégal.
Le sélectionneur Mame Moussa Cissé a d’ores et déjà identifié les manquements et les points à améliorer suite à la défaite contre la Zambie. «En première période, nous avons abusé de jeu long. Les filles ont voulu sauter le milieu de terrains et c‘est ce qui nous a fatigués. Après, sur le contenu, les filles ont fait de très bonnes choses…», a-t-il relevé, avant d’indiquer : «J’avais annoncé deux finales. Nous avons perdu la première contre la Zambie. A nous maintenant de gagner ce second face à face contre le Maroc. Ce sera à nous d’élever notre niveau pour avoir quelque chose face au Maroc»
Vers cet objectif, les Lionnes ont sans doute pris la bonne mesure des vice-championnes d’Africaine. En plus de leurs deux précédentes sorties, les Lionnes avaient croisé leurs homologues marocaines en amical en octobre 2024. Les Lionnes de l’Atlas avaient largement emporté le duel (7-0).
L’UNESCO ACCÉLÈRE POUR COMBLER LE RETARD DE L’AFRIQUE
Trois biens africains ont été retirés de la liste du patrimoine mondial en péril et quatre autres sont candidats à une inscription à l’Unesco, dont deux venant de pays qui n’ont encore aucun sites classés
Trois biens africains ont été retirés de la liste du patrimoine mondial en péril et quatre autres sont candidats à une inscription à l’Unesco, dont deux venant de pays qui n’ont encore aucun sites classés.
L es « Fore ts humides de l’Atsinanana » à Madagascar, le site d’Abou Mena en Égypte et l’ancienne ville de Ghadame s, en Libye, ne font plus partie de la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en péril. L’organisation onusienne, réunie à Paris, a décidé mercredi 9 juillet de les retirer de cette catégorie qui regroupe les sites culturels ou naturels gravement menacés, au point que leur valeur universelle exceptionnelle pourrait être compromise ou perdue.
« Quand des sites quittent la Liste du patrimoine mondial en pe ril, c’est une grande victoire pour tous, a déclaré la directrice générale de l’Unesco Audrey Azoulay, citée dans un communiqué, rappelant « l’effort particulier » accordé à l’Afrique ces dernières années. Des efforts qui « paient aujourd’hui », estime-t-elle.
Depuis son arrivée en 2018, elle s’est engagée à renforcer la représentation des sites africains sur la Liste du patrimoine mondial, alors qu’ils ne représentent qu’une faible proportion des 1 223 biens inscrits. Onze États n’ont même aucun biens sur la fameuse liste de l’Unesco, dont les Comores, le Libéria ou encore la Somalie.
Une anomalie quand on sait que c’est le sauvetage du temple du pharaon égyptien Ramsès II, à Abou Simbel, en 1959, qui a inspiré la création de la Convention du patrimoine mondial en 1972. Le site risquait de se voir englouti par les eaux avec la construction du barrage d’Assouan et les gouvernements égyptien et soudanais avaient sollicité l’aide de l’Unesco pour conserver le monument.
MOINS DE 9% DES SITES AU PATRIMOINE MONDIAL SONT AFRICAINS
Le nombre de sites africains inscrits est passé de 93 à 108 en quelques années, mais ils représentent encore moins de 9% du total des inscrits. Manque de moyens, d’experts formés… « Les raisons de ce retard sont multiples, mais il n’y a pas de mauvaise volonté de l’Afrique », indiquait le directeur du Centre du patrimoine mondial de l’organisation onusienne Lazare Eloundou Assomo récemment sur l’antenne de RFI, soulignant que « les conflits armés, le réchauffement climatique qui entraîne par exemple des feux de forêt, l’exploitation des ressources, sont autant de défis pour les sites africains. »
À ce titre, douze des 53 sites mondiaux en grave danger sont d’ailleurs situés dans des pays africains, parmi lesquels le parc des Virunga en République démocratique du Congo, refuge d’une grande partie des derniers gorilles de la planète, mais victime notamment de conflits armés chroniques, ou encore Tombouctou au Mali, largement détruite par les groupes armés jihadistes.
Au Soudan en guerre, par exemple, les biens culturels sont à la merci des vols. « Nous formons les professionnels à leur sauvegarde, à mettre en place des mesures d’urgence, nous suivons la situation sur le terrain, nous avons des outils de mesure et de contrôle par satellite pour mieux comprendre la situation, mieux informer la population et aussi prendre des décisions pour soutenir tous ceux qui peuvent encore sauvegarder ce patrimoine », pointait encore Lazare Eloundou Assomo.
Ces cinq dernières années, la mise en place de « stratégies ciblées » pour sauvegarder des sites en danger aura permis de faire sortir en tout six biens africains de la liste du patrimoine mondial en péril, après le Parc national de la Salonga en RDC en 2021, les Tombeaux des rois Buganda en Ouganda en 2023 et le Parc national de Niokolo-Koba au Sénégal en 2024.
L’Unesco et Madagascar ont par exemple mis en œuvre « un plan d’action ambitieux » pour préserver les Fore ts humides de l’Atsinanana, sur la Grande Île, classées en péril en 2010 : plans de gestion rigoureux, contro le de l'abattage de l'e be ne et du bois de rose, surveillance par satellite. Résultat, selon l’Unesco : « 63% des zones de couverture forestie re perdues ont e te restaure es, l'exploitation forestie re ille gale et le trafic de bois pre cieux ont e te re duits, et les signes de braconnage des le muriens ont atteint leur niveau le plus bas depuis 10 ans ».
EXPERTS LOCAUX FORMES, PARTICIPATION DES COMMUNAUTES TRADITIONNELLES
Le budget consacré à l’Afrique a augmenté pour atteindre en 2025 plus d'un quart du budget total de l'organisation onusienne (27%), indiquait l’AFP.
Lors de la Conférence internationale sur le patrimoine culturel en Afrique, qui s’est tenue en mai à Nairobi, plusieurs pistes d’action ont été mises en avant pour tenter de combler le décalage. L’Unesco veut placer les communautés locales au centre du processus. Cela passe notamment par la formation d’experts africains. En 2021, elle a lancé un programme de mentorat pour les professionnels africains du patrimoine. Quelque 60 experts, 30 hommes et 30 femmes issus 46 pays différents, dont les onze pays africains encore non représentés, ont été formés dans ce cadre.
A aussi été adopté à cette occasion le Document de Nairobi sur l’authenticité du patrimoine. Ce texte propose des orientations pour mieux préserver les sites inscrits et pour guider les futures inscriptions, tout en renforçant la participation des communautés locales. Il vise à mieux prendre en compte les spécificités culturelles africaines en élargissant la notion d’authenticité au-delà des critères architecturaux occidentaux, pour y inclure les traditions orales, les usages vivants et les contextes sociaux.
L’Unesco accompagne également les pays pour renforcer leurs candidatures pour de nouvelles inscriptions. Ainsi, cette année, quatre pays africains présentent des candidatures, dont deux qui n’ont encore aucun bien inscrit au Patrimoine mondial : l’archipel des Bijagos en Guinée Bissau, sanctuaire de tortues marines et halte essentielle pour les oiseaux migrateurs, et le complexe Gola Tiwai en Sierra Leone, l’une des dernières grandes forêts humides intactes d’Afrique de l’Ouest, abritant des espèces emblématiques comme l’éléphant forestier et l'hippopotame pygmée. Les deux autres dossiers examinés à Paris concernent les Monts Mandara, au Cameroun, et le Mont Mulanje, au Malawi. On devrait savoir d’ici la fin de la semaine si la liste de l’Unesco reflètera mieux la diversité et la richesse du patrimoine mondial.