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29 juillet 2025
UN LITTORAL ENTRE DEUX MONDES, SACRE, TOURISME ET IDENTITE
De Bargny à Joal-Fadiouth, la Petite Côte sénégalaise déroule un chapelet de paysages d’une beauté singulière, où l’écume de l’Atlantique caresse villages, forêts sacrées et hôtels de luxe.
De Bargny à Joal-Fadiouth, la Petite Côte sénégalaise déroule un chapelet de paysages d’une beauté singulière, où l’écume de l’Atlantique caresse villages, forêts sacrées et hôtels de luxe. Mais derrière la carte postale touristique, cette bande côtière est aussi un terrain d’affrontement symbolique, culturel et économique. Enracinée dans des spiritualités millénaires, nourrie de légendes et de rites, elle se trouve aujourd’hui bousculée par une urbanisation galopante et une croissance démographique exponentielle.
Sur la Petite Côte, le mythe est un tissu vivant. À Nianing, on murmure le nom de Tiemassas, le lit d'une vallée mythique entre baobabs et d'une faune de varans. Le site est aussi célèbre pour les préhistoriens avec ses traces protohistoriques et néolithiques. Mieux encore une sirène protectrice invoquée par les pêcheurs avant chaque sortie en mer est toujours présente dans la mémoire collective. Certains affirment avoir entendu ses chants pendant les nuits de pleine lune, d’autres prétendent qu’elle se manifeste quand les équilibres naturels sont rompus.
À Joal-Fadiouth, les îles aux coquillages témoignent d’une relation ancienne et sacrée avec l’océan. Les anciens racontent que ces amas sont les vestiges d’un pacte mystique entre les hommes et la mer, aujourd’hui trahi par la surexploitation. Ces amas coquilliers sont des illustrations de pratiques socio-économiques et culturelles.
Lieu unique au Sénégal, Joal-Fadiouth abrite aussi des cimetières mixtes, chrétiens et musulmans, symboles d’un syncrétisme religieux ancien où la cohabitation précède le dogme. Dans les familles joalfadiouthiennes il est souvent fréquent de voir un couple mixte, expression du dialogue inter religieux.
La Somone, fief du génie protecteur de la lagune intégrée dans l'aire marine protégée communautaire, abrite la demeure de "Jean" le djinn du cours d'eau, une créature blanche.
À Ngaparou, les baobabs sacrés ont fini de répondre aux préoccupations des populations locales en partie ancrées dans des croyances ésotériques. Des libations et autres passes cabalistiques y sont faites pour inviter les génies protecteurs à subjuguer certains esprits malveillants, auteurs de faits comme la maladie et le mauvais œil.
La forêt de Bandia, aujourd'hui, en grande partie, menacée par les projets immobiliers, abrite des lieux de rituels initiatiques. Ses arbres millénaires sont les témoins muets des dialogues entre générations, vivants et ancêtres, visible et invisible.
Mballing est le marigot de Mbour, objet de mille menaces et convoitises. Sur ses berges se trouvait l'un des plus grands baobabs de la Petite côte, Gouye- Salamalekoum, la demeure des Pélicans mais aussi celle du génie titulaire de l'agglomération mbouroise, Coumba Balenneu, est détruit suite à un projet immobilier.
SYNCRÉTISME RELIGIEUX ET PRATIQUES SPIRITUELLES
Gandigal dans la commune de Sindia jouxtant la Nationale1 est l'un des foyers mandingues du département avec Keur Thiam près de Nguékokh. Son importance historique et sociocultu relle semble être ignorée par ses nouveaux habitants. Pourtant, il y était effectué un bain mystique des Damels du Cayor. La Petite Côte est une terre de croisements religieux. À Popenguine, le pèlerinage marial du mois de mai attire chaque année des dizaines de milliers de fidèles, dans une ferveur qui transcende les appartenances ethniques. Ce sanctuaire catholique, né d’une apparition supposée de la Vierge en 1888, coexiste avec des formes d’Islam confrérique (tidjane, mouride) et des cultes animistes enracinés. L'état de la recherche montre de manière claire que la localité de Malicounda est liée à un lieu sanctuaire des manguiers et baobabs sacrés. Devenu cosmopolite, le peuplement a connu des vagues de Sérères, bambaras, wolofs et peuls. À Toubab Dialaw, l’art et le sacré se mêlent. La légende veut qu’El Hadj Oumar Tall y ait fait jaillir une source miraculeuse. Aujourd’hui, des artistes y convoquent djinns et ancêtres dans des performances où la spiritualité africaine trouve un nouveau souffle.
MUTATIONS ECONOMIQUES ET SOCIALES : LE CHOC DU BETON ET DE LA MONDIALISATION - Saly, vitrine et cicatrice du tourisme balnéaire
Hier simple village de pêcheurs, Saly-Portudal est devenue l’épicentre du tourisme de masse au Sénégal. Resorts, golfs, night-clubs, villas haut de gamme : cette enclave touristique, surnommée « la banlieue chic de Dakar », attire les investisseurs... mais fait fuir les autochtones. On constate alors l’explosion du foncier. Entre 2018 et 2023, les prix des terrains ont quadruplé. Les familles modestes sont expropriées ou repoussées vers des zones non viabilisées, sans accès à l’eau ou à l’électricité. Quid des emplois précaires ? Si le tourisme offre des opportunités, elles restent concentrées dans le nettoyage, la sécurité ou les petits commerces, avec des salaires bas et peu de perspectives d’évolution. Les infrastructures sont elles à deux vitesses. Le contraste est frappant entre les quartiers pavillonnaires bien entretenus et les zones d’habitats spontanés où s’entassent les ouvriers du secteur.
DÉCLIN DES PRATIQUES ÉCONOMIQUES TRADITIONNELLES
Dans la course au développement, les activités locales s’effacent. La pêche artisanale marginalisée : À Guéréo, en 2020, un projet hôtelier sur une zone de débarquement a provoqué des tensions violentes. L’accès à la mer est désormais régulé par des clôtures et vigiles, éloignant les pêcheurs de leur gagne-pain. L’agriculture est pour sa part reléguée. À Somone, les terres cultivables sont grignotées par des résidences secondaires. Des femmes qui produisaient mil et arachide importent désormais de la farine industrielle pour survivre.
L’ÉMIGRATION : L’ELDORADO FANTASMÉ
Pour beaucoup de jeunes, la migration vers l’Europe devient la seule issue. Les récits glorifiés des « Barcelonais » ou des « Parisiens » nourrissent un imaginaire puissant. Pourtant, peu reviennent vraiment enrichis. Les familles vendent terres et bétail pour financer des départs souvent périlleux, via la Mauritanie ou les Canaries. L’exil devient un nouveau mythe, à la fois promesse et tragédie
RESISTANCES ET RENAISSANCE CULTURELLE Des acteurs locaux s’organisent pour préserver les identités
À Joal-Fadiouth, les visites guidées s’accompagnent de récits sur la culture sérère, les techniques de pêche traditionnelle, les chants liturgiques. Une muséographie locale tente de transmettre ce patrimoine aux plus jeunes. À Mbour, les troupes de théâtre et de danse reprennent les sabar, ndut, taasu, pour revaloriser les langues et traditions face à l’uniformisation culturelle. Dans le delta du Saloum et certains villages de la Petite Côte, un tourisme communautaire émerge : écolodges tenus par les habitants, circuits intégrant les rites locaux, hébergements chez l’habitant, restauration avec produits du terroir… À Popenguine, des associations replantent la mangrove alors qu’à Ngazobil, on protège les tortues marines. À Toubab Dialaw, les artistes sénégalais et étrangers réinventent les mythes à travers théâtre, musique, slam et peinture. Le Centre culturel de Germaine Acogny, figure de la danse contemporaine africaine, accueille chaque année des résidences qui mêlent art, spiritualité et engagement. La Petite Côte est aujourd’hui à la croisée des chemins. Elle incarne les tensions contemporaines entre développement économique, respect du vivant et héritage culturel. Si les mythes résistent, ils ne peuvent à eux seuls endiguer la marchandisation du littoral. Mais des formes de résistance émergent, portées par des femmes, des jeunes, des artistes, des pêcheurs, des croyants... Tous refusent que leur territoire ne devienne un décor vide. L’avenir dépendra de la capacité collective à imaginer un modèle où le sacré, le social et l’économique cohabitent. « Ce qui se passe ici fait sourire les maçons et pleurer les pêcheurs », confie un élu local sous couvert d’anonymat.
MONSEIGNEUR AUGUSTIN SIMMEL NDIAYE ORDONNÉ PUIS INTRONISÉ
Le nouvel Évêque du Diocèse de Saint-Louis, Monseigneur Augustin Simmel Ndiaye, a été intronisé hier, dimanche 13 juillet lors d'une messe solennelle tenue à la Cathédrale en présence du Nonce apostolique et de la conférence des Évêques du Sénégal...
Le nouvel Évêque du Diocèse de Saint-Louis, Monseigneur Augustin Simmel Ndiaye, a été intronisé hier, dimanche 13 juillet lors d'une messe solennelle tenue à la Cathédrale en présence du Nonce apostolique et de la conférence des Évêques du Sénégal, de la Mauritanie, du Cap-Vert et de la Guinée Bissau. Lors de cette célébration eucharistique, toutes les entités du diocèse (consacrés et fidèles laïcs) se sont présentées au nouvel Évêque qui devient aussi leur nouveau Pasteur.
Après avoir félicité les responsables et membres du Comité d’organisation de ce Sacre pour le travail abattu et qui a valu la réussite de cet événement, le nouvel Évêque de Saint-Louis, Monseigneur Augustin Simmel Ndiaye a formulé des prières à leur endroit. « C'est le cœur chargé de beaucoup d'émotions que je voudrais vous présenter à l'Autel du Seigneur pour qu'il vous rende tout cela en grâce. Servir le Seigneur et le servir toujours joyeusement », a-t-il dit. Il a salué la présence massive des évêques de la conférence épiscopale, et au-delà de la conférence épiscopale régionale, nationale et territoriale, la conférence épiscopale de l’Afrique de l’Ouest bien représentée à cette messe par les évêques qui sont venus du Togo, du Burkina, et ses frères qui sont venus de l'Université Catholique d’Afrique de l’Ouest (UCAO), avant de lancer, « je crois en l'église africaine. ».
Le nouveau Pasteur du Diocèse de Saint-Louis dit croire en l'église de l'Afrique de l'Ouest. « Je crois en une église communion, où consacrés, fidèles laïcs et prêtres ordonnés, œuvrent ensemble pour le bien de l'humanité. Notre mission ne s'arrête pas entre nous, au sein de l'église institutionnelle, je veux dire », at-il expliqué. Pour rappel, Monseigneur Augustin Simmel Ndiaye a été ordonné Évêque avant-hier samedi par l’Archevêque émérite de Dakar, Monseigneur Benjamin Ndiaye en présence également du Nonce apostolique et des Évêques du Sénégal et de la sous-région.
GÉNÉRAL JEAN BAPTISTE TINE, MINISTRE DE L’INTÉRIEUR « Nos plus vives félicitations et nos encouragements les plus sincères pour cette mission de haute portée spirituelle, humaine et citoyenne »
Venu conduire la délégation gouvernementale, le Ministre de l’Intérieur, le Général Jean Baptiste Tine, a exprimé sa joie d’avoir pris part à cette ordination épiscopale de Monseigneur Augustin Simmel Ndiaye. « Vous êtes le nouveau pasteur d'un diocèse aussi historique comme emblématique que celui de Saint-Louis ». Il a tenu également à exprimer au nom de la Nation toute entière sa profonde reconnaissance à Monseigneur Ernest Sambou, Évêque émérite de Saint-Louis, pour son engagement constant et son dévouement exemplaire au service de l'Église et de la Communauté nationale. « Sa sagesse et sa disponibilité resteront une source d'inspiration pour tous », a-t-il dit. Il a rappelé que le diocèse de Saint-Louis, érigé en 1966, couvre une grande partie du nord de notre pays, incluant les régions de Saint-Louis, Louga et une partie de Matam. « Ce diocèse occupe une place singulière dans notre histoire religieuse et sociale par sa capacité à incarner l'harmonie entre la foi, la culture et la citoyenneté, valeur fondamentale de notre vivre ensemble sénégalais », a expliqué le Général Tine. Il n’a pas manqué de saluer le parcours exceptionnel du nouvel Évêque et qui, selon lui, force le respect. « Originaire de Fadhiout, vous avez consacré votre vie à l'éducation, à la formation des élites religieuses et à la transmission du savoir au service des Communautés. Votre solide expertise en droit canonique, vos longues années de service au grand séminaire François Liberman de Sébikotane et vos fonctions à la tête de l'Université catholique d'Afrique de l'Ouest témoignent de votre engagement pour le savoir, la foi et l'ouverture », a-til déclaré avant de rassurer que le gouvernement du Sénégal, fidèle à sa tradition de promotion de la laïcité ouverte et respectueuse, sera toujours à ses côtés pour accompagner toutes les initiatives visant à promouvoir la cohésion sociale, le dialogue interreligieux, la solidarité nationale et le développement humain. « Vous incarnez cette double vocation de guide spirituel et d'artisan de paix capable de raviver l'espérance et de renforcer la fraternité dans un monde en quête de repères. Votre arrivée constitue une opportunité de consolider les ponts entre les communautés, de renforcer les liens de fraternité et de raviver dans le cœur de chacun le désir de bâtir ensemble une nation plus juste, plus solidaire et plus enracinée dans ses valeurs de paix, de tolérance et de respect mutuel », a-t-il conclu
Par Baba DIOP
LE SENEGAL DOIT SE DOTER D’UNE CINEMATHEQUE NATIONALE
Produire et n’avoir pas de lieu de conservation et de valorisation procède de l’absurde et confirme que notre cinéma marche sur la tête en dépit des efforts consentis. La création d’une Cinémathèque Sénégalaise digne de ce nom s’impose plus que jamais.
Produire et n’avoir pas de lieu de conservation et de valorisation procède de l’absurde et confirme que notre cinéma marche sur la tête en dépit des efforts consentis. La création d’une Cinémathèque Sénégalaise digne de ce nom s’impose plus que jamais.
Le cinéaste Tidiane Aw doit se retourner dans sa tombe, secoué par un haut le cœur à répétition, lui qui fut l’unique directeur de la Cinémathèque Sénégalaise au début de la décennie quatre-vingt. Une institution qui a fait long feu et qui pourtant affichait des ambitions fertilisantes pour la conservation de nos mémoires filmiques en achetant les droits non-commerciaux des films de l’époque à raison de un million cfa pour un long métrage et Cinq cents mille francs pour un Court métrage, selon l’indication du réalisateur Amadou Thior. Les acquisitions de la Cinémathèque alimentaient les semaines culturelles à l’étranger sous le ministère de Joseph Mathiam, ministre de la culture d’alors. L’argent, pour l’acquisition de films, connut un tarissement, qui précipita la chute de l’institution. Tidiane Aw aurait pu être le sauveur de notre patrimoine filmique à l’exemple de Boudjemaâ Karèche, ancien directeur de la Cinémathèque d’Alger, qui pendant trente quatre ans a soutenu de plusieurs manières les pionniers des cinémas africains et arabes ainsi que le cinéma indépendant du monde entier. Il vient de recevoir le prix Vittorio Boarini de la Cinémathèque de Bologne (Italie) à l’occasion de la 39ième Edition du Festival « Il Cinema Ritrovato » pour «son important apport à la protection et à la diffusion du Patrimoine cinématographique ».
Il n’est jamais trop tard pour s’amender ! Faire renaitre la Cinémathèque Sénégalaise est d’une exigence légitime d’autant que ces dernières décennies, on assite à une montée en flèche de la production filmique en tout genre confondu, sans tenir compte de leur qualité technique et narrative. Un recensement annuel de l’ensemble de cette production permettrait une plus grande lisibilité de cette production. Le Fonds de Promotion de l’Industrie Cinématographique (FOPICA) accentue sa visibilité à travers des films estampillés de son logo et qui circulent dans d’importants festivals du monde (Fespaco, Carthage, Venise, Berlin, Venise et en Amérique) au gré des sélections. Mais l’absence de lieux où toute cette production annuelle serait gardée en vie pour les cinéphiles, les chercheurs, les cinéastes, les critiques, les historiens du cinéma fait terriblement défaut même si à la Direction du Cinéma, on a mis en place un embryon de salle de numérisation et de catalogage des archives des Actualités Sénégalaises. La question pour les amoureux de notre cinématographie demeure toujours sans réponse : « Où peut-on voir des films sénégalais en dehors des salles conventionnelles ? » Certes il y a une dynamique des cinéclubs qui se met en place en vue de la création d’une fédération mais ceci ne saurait remplacer une cinémathèque dans la transmission et l’approfondissement des connaissances avec à l’appui des archives, de la documentation et la possibilité de visionnage et consultation à la demande, de même que le maintien en mémoire des cinéastes talentueux qui n’ont pas bénéficié des feux de la rampe.
C’est là que le bât blesse et qu’il est à parier que dans un délai très court, une bonne partie de ces productions, qu’elles soient des films de fin d’études, des films collectifs (ciné-banlieue, etc …) des documentaires, des fictions, des films d’animation, s’effacera de notre mémoire.
La connaissance, le développement et la défense de notre cinématographie passent forcement par la création d’une cinémathèque nationale, lieu de conservation, de classement, de restauration, de transmission des savoir-faire des images en mouvement constituant le fonds culturel cinématographique. C’est en visionnant et en analysant les différentes structures filmiques et leur esthétique qu’on comprend le mieux le fonctionnement d’un film et l’évolution des esthétiques. Une cinémathèque a cet avantage de mettre à disposition non seulement la production nationale mais celle du continent et reste du monde grâce à l’appartenance à des réseaux de cinémathèques (FIAF) qui favorisent les échanges. Des liens existent entre la cinémathèque de Bologne, son festival « Il cinema ritrovato » et le Sénégal. Des liens à tisser également avec la cinémathèque québécoise. Le développement d’une cinémathèque nationale est donc possible si l’angoisse de perdre nos mémoires filmiques nous préoccupe, nous taraude, nous obsède.
Car après tout, toutes les cinématographies se valent en ce qu’elles nous offrent une vision du monde. Inutile donc de réinventer la roue, la cinémathèque a été créé à l’image de la bibliothèque, et sa raison d’être en tout point identique à celle d’une bibliothèque nationale. Il faut être reconnaissant à Henri Langlois et à Georges Franju, deux jeunes lycéens passionnés de cinéma qui en 1933, s’étaient mis en tête de rechercher et de collectionner des films muets passés de mode dès l’avènement du parlant. Ils voulaient : « sauver, dans la mesure du possible, le passé déjà historique du cinéma », indique Roger Boussinot dans son Encyclopédie du cinéma. La ténacité de ces deux jeunes fut payante parce que débouchant sur la création de la Cinémathèque française. L’idée fit florès et fut reprise par d’autres pays.
Pour nous autres, il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. Il suffit juste de fédérer, de créer des passerelles entre différentes structures ‘ EBAD, DCI, RTS , BU, Association Mamy Watta, pour la sauvegarde du patrimoine cinématographique autour d’une cinémathèque dont la structure serait régie par la loi 1901 à caractère d’Utilité Publique ou étendre les compétences de la DCI pour la gestion de la Cinémathèque qui requiert de la passion et de la connaissance des cinémas du monde ou alors ériger une grande bibliothèque nationale accouplée à la cinémathèque nationale.
Par Baba DIOP
MULTIPLE PHOTOS
REVUE DE PRESSE DU LUNDI 14 JUILLET 2025
L’actualité est dominée par la crise politique autour du tandem exécutif Sonko-Diomaye, les batailles judiciaires, les défis économiques et sociaux ainsi qu’une attention particulière à la santé publique et au sport national
L’actualité nationale sénégalaise, ce matin, se décline sous le signe de la tension politique persistante, d’affaires judiciaires qui s’entrelacent avec les enjeux de gouvernance, de questions sociales aiguës et d’une actualité sportive qui maintient un brin de légèreté au milieu de la tourmente.
CRISE AU SOMMET : SONKO-DIOMAYE, LE TANDEM SOUS PRESSION
La crise politique continue de monopoliser l’espace médiatique. À la une de Yoor-Yoor, un constat lucide : « Le duo exécutif à l’épreuve de la crise politique ». Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye se retrouvent confrontés à une réalité complexe, entre gestion du pouvoir et pressions populaires. L’Observateur (L’Obs) renchérit avec un titre lourd de sens : « Diomaye et le silence lourd de symboles ». Le président garde un mutisme stratégique au moment où le pays bruisse de tensions et d’interrogations.
Pendant ce temps, sur le front parlementaire, Tribune annonce la couleur : « Les portes de l’Assemblée nationale définitivement fermées à Sonko », une fermeture qui cristallise les divisions institutionnelles et politiques. Dans la même veine, Les Échos révèle : « Barth trace une ligne rouge à Sonko », signe que les tensions internes à l’opposition deviennent visibles.
JUSTICE : DES VERDICTS ATTENDUS, DES BATAILLES MENEES
Sur le plan judiciaire, l’affaire Badara Gadiaga occupe une place de choix. Les Échos informe : « Badara Gadiaga fixé aujourd’hui » alors que Tribune dénonce : « Les conseils de Badara Gadiaga dénoncent une atteinte grave à la dignité humaine ». L’homme, figure de l’entrepreneuriat, cristallise un débat sur la justice et le traitement médiatique des procès.
Au cœur de la tempête institutionnelle, WalfQuotidien joue la carte de l’apaisement avec cette une intrigante : « El Malick en sapeur pompier ». L’imam cherche à apaiser les tensions au sommet de l’État, preuve que les acteurs religieux restent des leviers d’équilibre dans le jeu politique sénégalais.
ÉCONOMIE ET GOUVERNANCE : ENTRE AMBITIONS ET PARADOXES
L’échiquier économique n’est pas en reste. Rewmi met en lumière un anniversaire significatif : « 25 ans au cœur du secteur de l’entreprise et de l’économie », mettant en avant le parcours d’hommes et de femmes qui façonnent le tissu productif national. Dans un registre plus diplomatique, Le Quotidien s’intéresse à l’influence sous-régionale : « L’UEMOA après la CEDEAO ». Le Sénégal, à travers la présidence du Conseil de l’UEMOA, tente de consolider sa stature dans l’espace ouest-africain, malgré les turbulences régionales, notamment au Burkina Faso.
Mais à quel prix ? Le Soleil alerte sur le revers de la médaille : « Une “gratuité” qui coûte cher », un dossier qui questionne le coût réel des politiques de subventions et de soutien social, dans un contexte où les ressources publiques sont sous pression.
SANTE PUBLIQUE : LA DEPIGMENTATION, UN FLEAU PERSISTANT
Autre sujet d’inquiétude sociale, L’Info sonne l’alerte avec un dossier glaçant : « Beauté toxique, danger public ». Derrière cette obsession du teint clair, se cache une véritable bombe sanitaire : produits nocifs, marché clandestin et conséquences dramatiques sur la santé des femmes. Libération prolonge l’alerte avec un fait divers révélateur : « La DSC démantèle une “pharmacie noire” au cœur du Point-E », une officine clandestine qui écoulait des produits prohibés en plein Dakar.
SOCIETE : LA DOULEUR ET L’ESPOIR
Dans L’AS, l’émotion est palpable : « La pure douleur », une une forte illustrée par l’image poignante de nouveau-nés, symbole des drames silencieux qui émaillent le quotidien de nombreux Sénégalais.
À l’opposé, Le Point offre une note d’espoir avec son dossier environnemental : « L’arbre qui combat la faim et le changement climatique en Casamance, selon Haïdar El Ali ». Un regard porté sur les solutions locales qui combinent sécurité alimentaire et préservation de l’écosystème.
FOCUS SUR LA JEUNESSE ET LA RUE
EnQuête résume l’ambiance à sa manière : « Pastef, l’épreuve de feu », quand le parti de Sonko doit affronter le test de la gouvernance et de la mobilisation. Direct News cible pour sa part une « Problématique au crible de Al Hassane Niang », pointant un acteur clé du débat actuel. Sud Quotidien y va de sa pique : « Une sortie, mille vues », sur un fait ou une figure qui ne laisse pas indifférent.
LE SPORT, SOUPAPE NATIONALE
Heureusement, le sport apaise un peu l’atmosphère. Record salue un héros : « Jackson, champion du monde ! », une fierté pour le pays. Stades attise déjà l’adrénaline : « Le feu avant le choc ! », avant le combat de lutte entre Siteu et BG2. Rewmi Sports titre : « El Hadji Malick Diouf va signer à West Ham », belle promotion pour ce talent local.
Enfin, Point Actu Sport rappelle le revers des Lionnes au Maroc, mais garde l’espoir intact : « Les Lionnes devront croiser les doigts pour la qualification en quarts ».
L'annonce était attendue mais n'en reste pas moins saisissante. Le dirigeant camerounais, au pouvoir depuis 1982, fait face à une contestation inédite au sein même de son camp
(SenePlus) - À 92 ans et après près de 43 années au pouvoir, Paul Biya refuse de céder la main. Le président camerounais s'est déclaré candidat à un huitième septennat lors de l'élection présidentielle prévue le 12 octobre, selon une annonce faite dimanche 13 juillet sur son compte X. « Soyez assurés que ma détermination à vous servir est à la mesure de l'acuité des défis auxquels nous sommes confrontés », a-t-il écrit dans un communiqué, rapporte Le Monde.
Cette candidature intervient dans un contexte particulièrement tendu pour le dirigeant du Rassemblement démocratique du peuple camerounais. Son camp connaît en effet plusieurs défections notables qui témoignent d'un effritement de son socle politique traditionnel.
Issa Tchiroma Bakary, ministre chargé de l'emploi et de la formation professionnelle, a quitté le gouvernement avant de se déclarer candidat à la présidentielle « dans la foulée sous la bannière de son parti, le Front pour le salut national du Cameroun ».
Plus symbolique encore, Bello Bouba Maïgari, ministre d'État et ancien premier ministre, a également annoncé sa candidature. Responsable de l'Union nationale pour la démocratie et le progrès, « un parti allié à M. Biya, il faisait figure d'allié historique depuis près de 30 ans », souligne le quotidien français. Cette rupture marque un tournant significatif dans l'écosystème politique camerounais.
Face à cette érosion de ses soutiens, Paul Biya tente de resserrer les rangs. Début juillet, Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, « a convoqué à tour de rôle les élus et ministres de chacune des dix régions pour mener des concertations avec les soutiens du pouvoir », selon Le Monde.
Du côté de l'opposition, la mobilisation s'organise. Maurice Kamto, « plus farouche opposant à Paul Biya, arrivé deuxième lors de la présidentielle de 2018 » et Cabral Libii, « figure importante de l'opposition sont déjà en course pour la présidentielle », indique Le Monde. Les candidats disposent jusqu'au 21 juillet pour déclarer officiellement leur candidature.
Cette campagne électorale s'annonce particulièrement scrutée, alors que « des voix demandent au chef de l'État, qui dirige ce pays d'Afrique centrale d'une main de fer depuis 43 ans » de « céder la main, tandis que d'autres réaffirment leur soutien à Paul Biya », rapporte encore le journal.
À 92 ans, Paul Biya s'apprête donc à défendre un bilan de plus de quatre décennies à la tête du Cameroun, dans un contexte où même ses plus fidèles alliés commencent à envisager l'après-Biya. L'élection du 12 octobre prochain dira si les Camerounais sont prêts à accorder un nouveau septennat à l'un des dirigeants les plus anciens au monde.
DIOMAYE - SONKO ET LES ENJEUX D’UN CONFLIT DE LÉGITIMITÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - La posture du président est davantage obstruée par l’accompagnement d’un homme dont le style politique se conjugue dans la radicalité, dans la promptitude à jeter l’anathème sur les autres
Les divergences au sein du couple Diomaye - Sonko ne seraient pas une répétition de l’histoire politique de notre pays, contrairement aux discours qui rappellent les évènements de décembre 1962, opposant Mamadou Dia et Léopold Sédar Senghor. Concernant, la probable crise, pouvant opposer Diomaye et Sonko, les causes et les enjeux sont autres.
La rupture entre Dia et Senghor était le résultat d’une crise de conception et d’orientation, de vision stratégique, liée à des options de développement divergentes, sous-tendues par des enjeux géostratégiques du contexte de polarisation idéologique. Dia était partisan de la refondation du modèle économique et de la gouvernance extravertie, hérités de l’ordre colonial. Il préconisait un tournant paradigmatique, par l’instauration d’une économie de développement, en nette rupture avec le paradigme développementaliste de la domination coloniale. Senghor opte, par contre, pour un modèle du socialisme africain, suspendu à la stratégie d’équilibre, s’inscrivant dans sa vision conciliatrice de l’ouverture et de l’enracinement.
Ce qui se dessine à nos yeux relève d’une toute perspective par la fabrique d’un modèle de gouvernance illusoire, conçu pour une dualité dans la conduite des affaires de l’Etat. La sortie du premier ministre, marquée par les relents d'une guerre de leadership et de positionnement pour l’horizon de 2029, renseigne sur le désenchantement d’un tel scénario, porteur d'une crise probable au sommet de l’institution étatique. La pathologie du contexte politique actuel, à travers ses variantes dimensionnelles, est révélatrice des lendemains incertains et d’une probable crise de régime pour notre pays. Il est évident que l’hypothèse probable d’une crise politico-institutionnelle, est congénitalement liée aux conditions de la troisième alternance où la légitimité politique de Sonko a fondamentalement déterminé la légitimité institutionnelle de Diomaye. Autrement dit, sans Ousmane, Bassirou ne serait pas Diomaye président. Par ce scénario d'une ascension politique qui n’est pas le propre d’un leadership politique construit par un engagement personnel, le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye est mis dans une position de fragilité. La posture du président est davantage obstruée par l’accompagnement d’un homme dont le style politique se conjugue dans la radicalité, dans la promptitude à jeter de l’anathème sur les autres. La situation née de la crise politique préélectorale par les erreurs fatales de Macky, a mis le Sénégal dans une forme de gouvernance où les prérogatives du pouvoir présidentiel sont constamment mises à l’épreuve par un leadership primatorial surdimensionné. Du présidentialisme de surplomb, le Sénégal est passé d’un présidentialisme affaibli, fragilisé jusqu’au niveau de ses fondements institutionnels. Le conflit entre les deux hommes risque d’être épique, pouvant faire même vaciller la deuxième institution, l’Assemblée nationale, où le Parti Pastef dirigé par Ousmane Sonko détient la majorité absolue. Une instrumentalisation de la rue, par des manifestations violentes, peut s’inviter à la crise. Sonko est, par nature, un homme politique, qui veut tout conflictualiser, refusant les compromis et adepte de la radicalité et de l’adversité agressive. Dans sa démarche qui tend à rompre avec l’exigence démocratique, l’Etat de droit, la stratégie de l’homme ne cesse de dériver. La sortie de son avocat Clédor Ciré Ly renseigne sur l’état d’esprit d’un groupe dans Pastef qui pense que leur arrivée au pouvoir n’est pas du ressort des mécanismes démocratiques, mais le jeu d’un rapport de forces dans le combat politique. Ce qui explique leur prétention à faire prévaloir le droit de museler toutes les voies discordantes. La crise qui pointe à l’horizon, est grosse de risque dans un contexte social et économique difficile. Elle risque d’être une rupture émotionnelle, une rupture de liens, susceptible de conduire à une navigation à l´aveugle de notre pays où les élites dirigeantes perdent leurs liens et repères. Les conséquences peuvent générer un processus de dégradation des représentations citoyennes, la perte de la cohésion sociale et de la stabilité du pays. L’illusion du changement promis cède aujourd’hui la place à une désillusion qu’illustrent les symptômes d’un malaise généralisé et la velléité de porter atteinte aux libertés chèrement acquises. Aujourd'hui, un spectre nous menace : les avatars de la dérive autoritariste.
La querelle des responsabilités qui agite le récit politique, est une sorte de déconnexion par rapport au contrat éthique, politique et économique pour lequel le couple Diomaye - Sonko a été élu par 54% des Sénégalis qui sont allés aux urnes. Dans ce contexte géopolitique local, s’affirment à la fois la logique de la surenchère et l’échec prévisible. Telle est l’amère réalité d’un contexte où le peuple est livré à lui même, jeté dans des conjonctures d’un débat politique en déphasage avec les urgences du moment. Le mal est profond, puisqu’il traduit les défaillances du “Projet pastefien” tant vanté. Au demeurant, le “Projet” n’a jamais été un condensé programmatique d’une gouvernance résiliente, suffisamment élaboré, pour des transformations systémiques promises.
Au-delà des conséquences internes de cette crise en téléchargement, il y a lieu de s’inquiéter dans un contexte sous régional où les entrepreneurs des crises de rentes sont à la porte de notre pays. La situation exige une attention particulière, dès lors que l'itinéraire des mouvements terroristes, des islamistes fondamentalistes, suit à la trace celui des conflits et des crises internes aux États. Dans un article publié, je soutenais que les crises qui déchirent le Sahel sont allogènes à un double processus, celui des dynamiques transnationales et celui des processus de multi-localisation de formes de conflictualité alimentées par la lutte pour le pouvoir politique. Les acteurs transnationaux, hors souveraineté, profitent des rivalités entre différents groupes et des faiblesses de la gouvernance politique de nos pays, pour y installer le chaos dans la durabilité. Les connexions entre le mouvement djihadiste, la rébellion Touareg au Mali et les acteurs hors souveraineté comme les narcotrafiquants, avec la manipulation de l’identitarisme ethnique dans ces espaces de conflit, sont révélatrices de cette transnationalisation des conflits à partir des crises internes à nos Etats. Le Sénégal n’est pas à l’abri d’une potentielle éclosion de ce terrible triangle interactif entre l’extrémisme violent (salafisme), la criminalité organisée (narcotrafiquants) et le conflit géopolitique local, autour des enjeux liés d’une part, aux ressources pétrolières et gazières nouvellement découvertes et d’autre part, à sa façade maritime propice à l’établissement d’un corridor pour le commerce illicite. Voilà les défis à prendre en compte, pour que l’instauration d'une crise au sommet de l’Etat ne soit la boîte de Pandore.
Intervenir dans le débat politique, n’est pas, pour nous, une prise de position partisane, mais une démarche responsable d’un intellectuel qui s'investit pour la cause de son pays. Je précise, à l’occasion, à l’endroit de ceux qui ont peur de la parole libre, que l’universitaire que je suis n’a jamais flirté avec aucun pouvoir. Je suis formaté par une trajectoire de lutte autour des principes, soumise à l’utopie d’un idéal : soumettre, selon le propos du professeur Alassane Kital, le Sénégal à la noblesse et à la justesse de mes Idées.
Professeur Amadou Sarr Diop est sociologue, enseignant chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop.
par l'éditorialiste de seneplus, alymana bathily
FEU SUR LES CHRONIQUEURS ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Il faut en finir avec ces convocations de la DIC et autre DSC qui servent de prétexte à l’opposition pour entretenir la tension politique et éventuellement troubler l’ordre public
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 13/07/2025
M. Badara Gadiaga, chroniqueur de l’émission du « talk » « Jakaarlo bi » de la télévision TFM, affirme face au député de Pastef Amadou Ba le 4 juillet dernier que le délit de « corruption de la jeunesse » pour lequel le premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko avait été condamné en fait pour viol.
Il est convoqué par la Division spéciale de cybersécurité (DSC). En même temps que son interlocuteur l’honorable Amadou Ba. Il doit répondre de plusieurs chefs d’accusation : « discours contraires aux bonnes mœurs, diffusion de fausses nouvelles et offense à une personne exerçant les prérogatives du président de la République ». Atteinte à la liberté d’expression ?
Il y a eu auparavant, en janvier dernier, Abou Diallo, chroniqueur lui, de l’émission « les Grandes Gueules » de la Sen TV.
Il a été placé en garde à vue pour « discours ou déclarations de nature à inciter à la discrimination ethnique ». Atteinte à la liberté de la presse ?
Il y a aussi le cas de Bachir Fofana, « journaliste et activiste en ligne » poursuivi à la suite de la plainte du président de l’Assemblée nationale El Malick Ndiaye, qui estime avoir été diffamé dans une série de publications sur les réseaux sociaux, accusé d’avoir attribué frauduleusement un marché public. Après son audition, le « journaliste et activiste en ligne » a été déféré, puis incarcéré dans l’attente de son procès prévu en flagrant délit le 3 juillet 2025 devant le tribunal de Dakar. Atteinte à la liberté d’expression ?
Faut-il rappeler l’affaire Abdou Nguer qui sur le plateau de l’émission « Grandes Gueules » de Sen TV du 11 février 2025 a mis en cause la légitimité de la nomination de l’instituteur Gassama au Grand Prix du chef de l’État pour l’enseignant ? Droit de chroniqueur?
Ne tirons pas sur les chroniqueurs ?
S’ils sont pénalement répréhensibles pour avoir proféré des diffamations et attentes à l’honneur et à la dignité de personnes et autres incitations à la discrimination ethnique, ils n’en sont pourtant pas les premiers responsables.
Ce sont nos télévisions : ces « arbitres de l'accès à l'existence sociale et politique », qu’il faut mettre en cause.
Pour s’en rendre compte, il suffit de comparer nos émissions de « talks » avec celles des chaînes françaises dont elles sont les pales copies.
Regardez "On n'est pas couché" sur France 2, "C à vous" sur France 5, "C dans l'air" sur France 5), C à Vous sur TF1, Quotidien sur TMC (filiale de TF1), Un bruit qui court sur Cnews, etc. C’est professionnel de bout en bout.
L’animateur, souvent un journaliste vedette, expérimenté, garde la maîtrise du rythme et du ton, évite de prendre parti dans le débat, modère plutôt, redistribue la parole équitablement interrompt si le ton devient trop agressif et recentre sur le sujet. Il/Elle rappelle à l’ordre un chroniqueur ou un invité s’il de respect à un participant ou même s’il s’éloigne du sujet.
On voit bien que les sujets sont très bien préparés à l’avance, avec des angles définis et des questions balisées. Les journalistes, les chroniqueurs et la rédaction ont été briefés à l’avance et un cadrage éditorial a été partagé pour éviter toute digression et improvisation.
Les chroniqueurs et invités sont choisis, non pas pour leur capacité à générer de la polémique ou du « buzz », mais pour leur compétence, par exemple pour avoir écrit sur le sujet. Si le sujet est particulièrement controversé, on choisit des chroniqueurs de différentes sensibilités et on s’efforce d’équilibrer les points de vue. Le respect de la déontologie est de rigueur : équité dans le temps de parole, argumentation plutôt que personnalisation du débat, neutralité du présentateur, appel à la vérification des faits…
La part du régulateur et celui de la justice
Malgré le professionnalisme des producteurs et présentateurs, les « talks » français donnent lieu pourtant régulièrement à des « dérapages » qui portent atteinte aux droits et libertés.
Mais ces « dérapages » provoquent presque toujours l’intervention soit du régulateur ('Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique-ARCOM- anciennement Conseil Supérieur de l’Audiovisuel -CSA-) soit celle de la justice pénale.
On se souvient par exemple de la sortie d’Éric Zemmour déclarant en qualité de chroniqueur sur le talk « Salut les Terriens « que “la plupart des trafiquants sont noirs ou arabes”. Sur la plainte de plusieurs associations de la société civile, il a été attrait devant le tribunal et condamné pour « incitation à la haine raciale » à 1 000 euros d’amende avec sursis et plus de 10 000 euros de dommages et intérêts.
Le même Éric Zemmour sur le plateau de Salut les Terriens qualifie le prénom de la chroniqueuse Hapsatou Sy “d’insulte à la France”. Celle-ci porte plainte : condamnation pécuniaire d’Eric Zemmour. Quant à la sanction du régulateur, elle est graduée, de la simple mise en demeure, à l’amende qui s’élève quelques fois à plusieurs millions d’euros.
Elle s’est élevée par exemple à 3, 5 millions € contre la télévision C8 à travers le présentateur de l’émission « Touche pas à mon poste », Cyril Hanouna, pour atteinte à la liberté d’expression politique et à la dignité du débat parlementaire après avoir insulté un député sur son plateau.
La leçon française
Que nous dit la régulation des émissions avec chroniqueurs des télévisions françaises ? L’impératif du professionnalisme !
Les organisations professionnelles, les rédactions ainsi que les organes de régulation et d’autorégulation doivent chacun à son niveau de responsabilité imposer les règles professionnelles strictes aux télévisions, ainsi qu’aux quotidiens et publications en ligne du reste. Si non, le régulateur doit sévir sans faiblesse. Par des sanctions graduées, des simples rappels à l'ordre à des amendes, à la suspension et au retrait de l'autorisation d'émettre.
Autre leçon : privilégier systématiquement la sanction pécuniaire.
Il faut en finir avec ces convocations de la Direction des Investigations Criminelles (DIC) et autre Division Spéciale de la Cybersécurité (DSC) qui servent de prétexte à l’opposition pour entretenir la tension politique et éventuellement troubler l’ordre public. Ne pas lésiner par contre sur les amendes.
Tout média contraint à une amende de plusieurs dizaines de millions, s’obligera plus sûrement au respect des règles professionnelles et éthiques élémentaires que si le chroniqueur, ou le journaliste, était trainé devant les tribunaux.
Pour le reste, gageons que le citoyen sénégalais consommateur de médias n’est pas dupe des chroniqueurs et des médias en général, il comprend bien les motivations et voit à travers les discours.
PAR Idrissa Sylla
SONKO LÂCHE DIOMAYE
EXCLUSIF SENEPLUS - Sonko moy Diomaye ! Diomaye moy Sonko n’est plus qu’un vieux souvenir de campagne électorale. Monsieur Ousmane Sonko doit se rappeler qu’il n’est pas élu et que son pouvoir de Premier ministre émane d’un décret présidentiel
Va-t-il le pousser à la démission pour prendre le contrôle du pouvoir ?
En écrivant cet article, je suis tombé sur un texte paru dans Le Quotidien du Samedi 12 juillet, intitulé : « Ousmane Sonko : le peuple en chair et en esprit »
Ce texte d’un pastefien universitaire, donc un intellectuel qui normalement, devrait avoir (comme tous les intellectuels du monde) le courage de ses idées et les endosser.
On a vu dans un passé récent cette lettre ouverte des trois intellectuels, Felwine Sarr, Mohamed Mbougar Sarr et Boubacar Boris Diop plaidant “Pour une société véritablement démocratique”.
Ensuite ce furent le tour de Fatou Sow, Sophie Bessis, Mamadou Diouf et Amadou Tidiane Wone, ancien ministre de la Culture, parmi plus de la centaine d’intellectuels qui avaient cru devoir signer une tribune pour interpeller le président Macky Sall « sur le respect des droits et de la justice » en défendant farouchement Ousmane Sonko.
Tout cela s’est passé entre mars et juin 2023.
Depuis lors et malgré tous les soubresauts que notre pays a connu, ils ont tous choisi de se murer dans le silence. Même n’étant pas d’accord avec leurs idées, je reconnais qu’ils ont eu le courage et l’honnêteté de les assumer. Tandis que ce nouveau défenseur de PROS en voulant nous enseigner la personne Sonko, n’a pas osé apposer son nom à la fin du texte.
À la place, il a écrit ceci : l’auteur du texte, un universitaire bien connu, a tenu à préserver son anonymat. Après son développement, il conclua en ces termes : « Sa prise de parole hier (parlant de Sonko) est le signe d’un encerclement par les actionnaires du statu quo ante, leurs relais dans la presse, la Justice, l’Administration et au sein même du parti. Le peuple, qui est plus grand, plus fort, plus nombreux que tous ces intrigants, et qui a tout à gagner dans leur défaite définitive, devra de nouveau se lever en bouclier de celui qui a mis sa carrière, son honorabilité et sa vie au service de l’intérêt général ».
Certainement, c’est à cause de l’encerclement dont il fait état, qu’il a peur d’être identifié par les nouveaux « insurgés » républicains venus au secours du Sunugaal en naufrage.
Qu’il retient que lorsqu’une armée encercle ses ennemis, ces derniers ont peu de chance d’échapper à la défaite avec toutes les conséquences qui en découleront, ce qui explique le grand malaise au sommet de l’Etat et au sein du parti Pastef.
Un autre fait a attiré mon attention dans ce texte : en aucun moment le nom du président Diomaye n’a été mentionné comme s’il le rangeait parmi les intrigants dans le parti.
Cet auteur encagoulé considère qu’Ousmane Sonko an mis tout … (le concernant personnellement) au service de l’intérêt général. En réalité tous ses combats ont été des combats pour son propre intérêt contrairement à ce qu’avance son défenseur.
Ousmane considère qu’il est le centre du monde. Ce qui est en train de se passer entre lui et le président de la république est la preuve éloquente de ce trait de caractère.
Le ministre Samba Sy, Secrétaire général du PIT-Sénégal, coordinateur de la CDS et du FDR que nous félicitons au passage pour l’excellente prestation à Grand Jury du Dimanche rappelait dans l’émission, parlant du premier ministre que “Le pouvoir ne forge pas les traits, qu’il les grossit et qu’il est un révélateur extrêmement puissant.
Parlant du dernier discours de ce dernier, il considère que : je le cite : “c’est un discours grave car il ne laisse de coté aucun segment de la nation.
Ce discours crée des inquiétudes.
Ce discours n’est pas un discours qui a seulement une résonance interne .
Ce discours résonne également à l’extérieur.
Ce discours est un discours qui pose problème.
Ce discours est révélateur d’une crise institutionnelle au sommet.” Fin de citation.
Sonko moy Diomaye ! Diomaye moy Sonko n’est plus qu’un vieux souvenir de campagne électorale. Tous les analystes et observateurs politiques qui contredisaient celles et ceux qui présageaient une vie courte au team pastefien se retrouvent aujourd’hui seuls avec leur rêve trahi d’un duo en bonne santé, pour un Sénégal souverain et prospère. Ousmane Sonko n’avait-il pas dit un jour que ceux qui s’attendent à une mésentente entre lui et le président seront déçus.
Ce à quoi nous assistons aujourd’hui est malheureusement le contraire de cette conviction du passé.
Le voilà en train de traiter publiquement le président de la République de manquer d’autorité. Une grave déclaration qu’aucun Premier ministre au monde n’oserait faire à l’endroit d’un président de la République sans se faire virer immédiatement.
Nous l’avons tous entendu s’en prendre au président Diomaye, disant qu’il se défend quand il est attaqué et l’abandonne lorsqu’il s’agit de lui.
Encore une contrevérité, car Azoura a dépassé gravement le président de la République qui est une institution et rien ne s’est passé. Ce même Azoura en récidivant sur le président Macky Sall a eu le privilège d’être visité en prison par Sonko et libéré par la suite sur la base d’un certificat médical de complaisance.
Par contre tous les chroniqueurs et activistes qui ont parlé de Sonko dans les médias se sont retrouvés devant le procureur jusqu’à Badara Gadiaga qui sera peut-être fixé sur son sort ce lundi 14 juillet.
Maintenant, c’est clair pour tout le monde que le tout puissant PROS n’a pas le contrôle total du pouvoir qu’il a lui-même créé. « Qu’on me laisse gouverner », a-t-il dit. Même si le ton de son propos est ferme, on peut retenir sans se tromper qu’il s’agit d’un aveu d’impuissance de sa part face aux menaces politiques suspectées de l’opposition, de la société civile, des chroniqueurs, de la justice mais aussi du président Diomaye sa principale cible.
Je ne comprends d’ailleurs pas le fait qu’il veuille amener le président (qui a déjà démissionné de son poste de SG de Pastef pour mieux s’occuper de sa fonction) à s’appuyer sur l’appareil politique pour gouverner.
Monsieur Ousmane Sonko doit se rappeler qu’il n’est pas élu et que son pouvoir de Premier ministre émane d’un décret présidentiel.
Au conseil national du Pastef, j’ai entendu un Premier ministre super faible, et heureusement pour notre pays.
Le Sénégal n’a pas un problème d’autorité dans le sens posé par Sonko qui en réalité est notre problème, car il est la seule autorité à avoir des problèmes avec tout le monde, comme l’a dit le journaliste de JDD Assane Gueye et à son invité de ce dimanche d’en conclure que c’est donc lui Ousmane qui est le problème.
Dommage pour notre pays qui ne mérite pas ce qui est en train de lui arriver.
Quinze mois au pouvoir et tous les clignotants sont au rouge tous secteurs confondus.
Pour reprendre les propos du ministre Samba Sy : “Opposants nous voulons le meilleur pour notre pays. Notre pays qui ne va pas bien. Des faits constants et têtus l’attestent. Nous sommes dans l’impasse et il n’y a pas de solutions à l’horizon”.
C’est ça la réalité, et pendant ce temps le pouvoir dans la tourmente, s’attaque à toutes les voix discordantes au lieu de se pencher sur les problèmes urgents des Sénégalais.
Quelle déception pour le peuple de Pastef comme l’appelle le Doyen Habib Sy. La montagne vient d’accoucher d’une souris et le fameux projet voit ses principaux défenseurs guerroyer devant le vrai peuple abusé. Bourgi avait raison de demander où va le sénégal ?
Néanmoins, je reste confiant pour l’avenir de notre pays, car je sais que les républicaines et les républicains ne le laisseront pas sombrer entre les mains de ces populistes aventuriers qui ont fini de prouver à la face du monde qu’ils sont incapables de mener à bon port notre Sunugal.
Idrissa Sylla (New York) est Secrétaire général chargé de l’organisation de la coordination PIT-DIASPORA, membre du comité central.
PAR ÉLIMANE POUYE
SOCIÉTÉ CIVILE AU SÉNÉGAL, POURQUOI REFUSER LE DÉBAT ?
Le débat que pose le leader de Pastef n’est pas nouveau. Faute d’avoir été vidé, le sujet refait surface épisodiquement. Sous l’ère Wade, le camp présidentiel d’alors avait dénoncé traitait ses principaux acteurs de « politiciens encagoulés »
Devant les responsables de son parti à l’occasion de l’installation du Conseil national de ce dernier, M. Ousmane Sonko, président de la formation politique « PASTEF », a consacré une brève partie de sa sortie à la « société civile ». En trois mots, il a d’abord, qualifié (un lapsus peut être !) une partie des membres de la « société civile » de «fumiers» ; ensuite, il a ouvert une réflexion sur la place que revendiquent les acteurs de la société civile dans la gouvernance des affaires publiques et enfin, il a interrogé le système de financement des activités de la société civile avant d’exprimer son intention d’une régulation normative.
Il est possible de regretter l’usage du terme «fumiers» qui dans son sens figuré renvoie à une « personne méprisable » ; encore que le sieur Sonko a pris le soin de ne pas généraliser son propos qui survient au lendemain de la prise de position, manifestement partisane, de certains acteurs de la société civile dans une affaire d’insultes graves à son endroit. Celui qui prend le parti de défendre l’insulte ne peut, sans risque, éviter un retour de bâtons. Incident clos. Toutefois, le débat public auquel appelle M. Ousmane Sonko ne peut être éludé par cet incident de langage.
Pour ceux qui le suivent depuis son entrée en politique, le leader de PASTEF a toujours défendu l’idée qu’aucun sujet ou segment de la vie socio-politique ne doit échapper à la critique argumentée. Loin des consensus de façade, il s’est interrogé sur la magistrature, la presse, l’administration publique, les secteurs économiques, les acteurs politiques… Incontestablement, avec M. Ousmane Sonko rares sont les sujets tabou. L’auto-censure est une forme de conspiration qui peut conduire à une métastase mortelle.
Par conséquent, la tonalité de ses propos ne peut être le sujet mais plutôt le doigt qui montre seulement la lune. Aussi, la posture réactionnaire de M. Birahim Seck, coordonnateur national du Forum civil, n’est nullement à la hauteur des enjeux du débat qui doit se faire sans fuite en avant, ni faux fuyants. De même, la confusion opportunément entretenu par M. Elimane H. Kane entre la personne de M. Ousmane Sonko, leader politique s’exprimant devant les instances de son parti et le « Premier ministre » tenant « des propos injurieux, excessifs et offensants » ne correspondent pas à la réalité qu’on cherche à déformer à l’excès dans une optique de victimisation. Il ne doit pas s’agir d’un procès d’intentions qui extériorise une forme de rivalité ou de jalousie ou de frustration mal digérée devant le succès politique éclatant d’un « concurrent » inattendu. Débattons sans invectives ; cherchons à convaincre plutôt qu’à vaincre ; disons la vérité et ne soyons pas obnubilés à avoir raison. Il faut instruire sans cesse le procès de notre société, rappelait avec élégance le professeur Malick Ndiaye. Dès lors, par la présente, je choisis de débattre des deux idées maitresses de la pensée de M. Ousmane Sonko : (1) la place de la société civile dans la gouvernance publique et (2) le système de financement de la société civile.
Quelle place de la société civile dans la gouvernance publique ?
Le débat que pose le leader de PASTEF n’est pas nouveau. Faute d’avoir été vidé, le sujet refait surface épisodiquement. Sous l’ère Wade, au lendemain de la tenue des « assises nationales » sous la houlette de la « société civile » en lien avec les « partis politiques », le camp présidentiel d’alors avait dénoncé la « politisation » de la société civile et traitait ses principaux acteurs de « politiciens encagoulés ». Par la suite, l’alliance organique entre acteurs de la société civile et hommes politiques dans un melting-pot autour du Mouvement « M23 » n’a pas participé à clarifier les lignes de démarcation davantage brouillées par une forme de « partage du pouvoir »entre « alliés » vainqueurs après l’élection de 2012. La relation idyllique entre le président SALL et les organisations de la société civile a débouché sur des critiques acerbes de part et d’autre.
De la qualification « d’escrocs » portée à l’encontre de l’organisation de la société civile regroupant les cadres casamançais par le président lui-même, de l’affabulation du titre, peu glorieux, de « rentiers de la tension politique » à certaines figurent de proue de la société civile aux arrestations d’acteurs majeurs de la société civile (le cas de Aliou Sané, responsable du mouvement « Y´en marre »), la surenchère a atteint son paroxysme sans épuiser le débat. La participation de listes dites de la société civile aux élections municipales et législatives et la cooptation de certains dans des instances institutionnelles (OFNAC, CESE) n’ont pas aidé à bien identifier les champs d’intervention. Cela a pu conduire à une suspicion où on épie et guette les faux pas de « l’adversaire ».
A l’analyse, il semble que le débat que soulève M. Ousmane Sonko porte plutôt sur la place de la société civile dans notre système démocratique étant entendu que son apport aux avancées, dans bien des secteurs, est indéniable. Dans son incarnation et son encrage idéologique, notre société civile milite pour une démocratie de concordance, c’est à dire « un modèle politique où les décisions sont prises par consensus entre les différentes élites, plutôt que par une majorité simple. Elle vise à garantir la stabilité politique dans des sociétés profondément divisées, en intégrant les principaux groupes sociaux et politiques dans le processus décisionnel ».
Ainsi, en octobre 2024, lors de la cérémonie de lancement de la Vision 2050 et de la Stratégie nationale de développement 2025-2029, Elimane Haby Kane, fondateur-dirigeant de l’organisation de la société civile « Legs-Africa », invité comme panéliste, disait à propos du référentiel des politiques publiques que «dans l’élaboration de ce document, on devait impliquer les populations. Il faut une démarche inclusive pour que les gens puissent contribuer et pour que les populations puissent se reconnaître dans ce programme ». Dans le même ordre, en mai 2025, au lendemain de la mise en place par le Gouvernement du Comité de pilotage de la réforme du Code général des impôts, le Forum civil à travers un communiqué a soutenu qu’’il «s’agit d’impliquer les autres acteurs dans le comité de pilotage conformément aux bonnes pratiques en la matière (commission, comité, cadre de concertation, groupe de travail, etc.)» et a invité «le gouvernement à rompre d’avec cette tradition jacobine et centralisatrice de l’Etat, qui s’est déjà manifestée lors de la mise en place du Comité chargé de l’examen des contrats stratégiques. La configuration du Comité de pilotage doit être inclusive et participative».
Je suis de ceux qui pensent, avec le leader de PASTEF, que la redevabilité doit s’accommoder de l’imputabilité. Ceux qui ont lutté et conquis le pouvoir doivent pouvoir l’exercer entièrement et en assumer la plénitude des responsabilités, pour in fine, en revendiquer les succès ou être comptables de ses échecs. Aucun modèle démocratique viable ne peut survivre dans une confusion des rôles. Comme le soutient le leader de PASTEF la co-gouvernance n’existe nulle part ailleurs dans les systèmes démocratiques majeures. Pour autant, cela ne doit priver la parole à aucun acteur ainsi que sa légitimité à soumettre les politiques publiques aux critiques argumentées.
Le positionnement et la trajectoire de M. Ousmane Sonko révèle une cohérence de sa posture. Après près d’une décennie de militantisme dans la « société civile » en tant qu’acteur syndical, il a enfilé la toge politique pour conquérir et exercer le pouvoir politique.
Le ton volontairement clivant de M. Ousmane Sonko pour marquer une rupture fondamentale et le contenu provocateur et assumé de ses propos sur ce sujet ne peuvent être des prétextes pour occulter la quintessence du débat auquel il appelle qui doit par ailleurs adresser la question du financement des activités des organisations de la société civile.
Quel système de financement des activités de la société civile ?
Le leader de PASTEF a toujours clamé, sans jamais être pris à défaut, que son parti est l’une des rares formations politiques à déposer, à date échue, ses états financiers certifiés devant les autorités compétentes en y retraçant toutes les sources de son financement. Et pour cause. A la veille de l’élection présidentielle de 2019, un média privé de grande envergure l’a, publiquement et sans preuve, accusé de financement étranger pour espérer l’ajournement de sa candidature et la dissolution de son parti politique. Les mêmes accusations ont refait surface dans le contexte de l’élection de 2024 devant l’inventivité de PASTEF à lever des fonds pour financer sa campagne électorale.
Dès lors, il est légitime pour M. Ousmane Sonko, militant de la transparence et de la redevabilité, de poser le débat sur le financement, principalement extérieur, des organisations de la société civile ; lui qui prône une souveraineté budgétaire. Sa volonté, en tant que chef de la majorité présidentielle, de proposer une législation pour interdire ou pour encadrer le financement étranger des organisations de la société civile, à l’instar de la réglementation déjà appliquées aux partis politiques doit être débattue.
L’adage populaire nous apprend, depuis des millénaires, que « qui paie commande ». Dans un régime dont le marqueur principal du discours politique est la souveraineté, la question du financement des organisations de la société civile est essentielle en considération des enjeux stratégiques et de la perspective de souveraineté. Heureusement que E. H. Kane reconnait, à mots couverts, que « la provenance extérieure de l’essentiel du financement des ONG et certaines associations constitue objectivement une limite à la maîtrise de l’initiative politique, notamment les risques d’alignement à des agendas exogènes ». Il est possible d’épouser la pensée de M. Ousmane Sonko et « de revoir la question de l’origine des financements des organisations de la société civile pour renforcer leur impact dans le prolongement du service public, à travers le développement de mécanismes de financement endogène par le contribuable sénégalais et la philanthropie nationale ». Un débat s’impose.
Les jugements d’intention sur le Projet politique de Sonko, les qualificatifs sur ses capacités à gouverner sont derrière nous. Son candidat à l’élection présidentielle de 2024 a remporté le scrutin haut la main au premier tour et sa liste a gagné les législatives à une très large majorité. La démocratie postule, avant tout, le respect des règles du jeu. Les sénégalais ont majoritairement crédibilisé son projet politique et ses capacités à gouverner. Ils en évalueront les résultats le moment venu. Entre deux échéances électorales, il est possible de critiquer et de déconstruire de façon argumentée ; autrement, le débat devient crypto-personnel, superficiel et sans épaisseur.