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7 juin 2025
L'IMPÔT NE SUFFIT PAS AU DÉVELOPPEMENT
Alors que le gouvernement mise sur l'augmentation des recettes fiscales, l'économiste Ndongo Samba Sylla tire la sonnette d'alarme. Sans souveraineté monétaire, le Sénégal restera prisonnier d'une "économie coloniale"
Pour l'économiste Ndongo Samba Sylla, la souveraineté monétaire est consubstantielle au développement du SénégalInvité au Débat de fond sur la 2Stv, le chercheur rappelle que l'impôt et les taxes ne peuvent pas financer le développement de l'État.
Le Premier ministre Ousmane Sonko, lors de sa Déclaration de Politique Générale (DPG) prononcée le 27 décembre 2024, a fixé pour objectif de porter le taux de pression fiscale à 20%, contre moins de 18% actuellement. « Nous enregistrons un taux de pression fiscale légèrement inférieur à 18%, ce qui reste en deçà du critère de convergence de 20% fixé par l'UEMOA. Notre engagement est d'atteindre ce seuil et de le maintenir durablement », avait fait savoir le chef du gouvernement.
Mais pour Dr Ndongo Samba Sylla, les taxes et l'impôt sont insuffisants pour le développement d'un pays. « L'impôt et les taxes ne peuvent pas financer le développement de l'État », note l'économiste. À l'en croire, ils ont des fonctions essentielles. Mais, insiste-t-il, ils ne peuvent pas financer le développement de l'État.
Connu pour son militantisme en faveur de la souveraineté monétaire, il trouve que cette souveraineté monétaire est un pilier indispensable et nécessaire. « On ne contrôle pas notre économie. Nous avons toujours une économie coloniale. Pourquoi ? Parce que pour se séparer de la Banque mondiale et du FMI, il est indispensable d'avoir une souveraineté monétaire », explique l'auteur de L'arme invisible de la Françafrique, Une histoire du franc CFA non sans signaler que la monnaie est un instrument de souveraineté avant d'être un instrument d'échange.
Avec sa propre monnaie, d'après Dr Sylla, le Sénégal n'aura plus de contrainte financière. « Mais sans sa monnaie, le Sénégal va tourner en rond et ne va jamais se développer », alerte-t-il. De son avis, l'agenda de transformation du nouveau régime a une ambition souverainiste. « Mais sans la souveraineté monétaire, l'État ne peut avoir les moyens de son ambition », se désole-t-il.
Dans le même ordre d'idées, l'économiste estime que l'État doit avoir un secteur privé fort. « Mais notre secteur privé est trop faible parce qu'un secteur privé en pleine capacité crée le plein emploi. Mais notre secteur privé national, même s'il fonctionne en pleine capacité dans les conditions actuelles, ne peut empêcher le chômage », fulmine-t-il.
S'exprimant en outre sur les actions de l'État en matière de transparence, Ndongo Samba Sylla pense que la démarche de l'État est salutaire. « La transparence est nécessaire », renchérit-il. Néanmoins, il pense que le déficit est nécessaire pour un État qui veut se développer. « L'essentiel est que cet argent serve à la transformation du pays comme le plein emploi, la protection sociale. Il faut regarder le déficit à travers ce prisme mais pas à travers la lorgnette de critères arbitraires et sans fondement économique », renseigne le chercheur.
« Le secteur informel n'est pas une anomalie »
Interpellé aussi sur le secteur informel, Dr Ndongo Samba Sylla déclare que ce secteur n'est pas une anomalie. « On veut nous faire croire que le secteur moderne est la norme et que le secteur informel est une anomalie. Cependant, force est de constater que notre réalité économique est en phase avec le secteur informel », analyse-t-il. Soulignant dans la foulée que le défi, c'est juste de transformer qualitativement le secteur informel.
PAR HABIB DEMBA FALL
LA NATIONALITÉ DE LA BÊTISE
Je ne voudrais pas être épinglé pour stigmatisation. Et pourtant, des compatriotes indignés par le business de la viande de chat ont simplement pensé « appeler un chat, un chat ». Ou bien : des chats. Car il est question de chasse au chat le soir...
«Il faut appeler un chat un chat ». Les expressions toutes faites sont porteuses de sentences qui ont traversé les siècles. Nous les appelons « vérités » sans les passer au filtre du politiquement correct. C’est le passeport pour les territoires de toutes les démesures et de tous les outrages.
Le chien sera chien, le singe sera singe, le tigre sera tigre, le lion sera lion, etc. Jusqu’ici, il n’y a pas de quoi fouetter… un chat ! Cet adage a de belles saisons derrière et devant lui. Il est surtout une invite à taire l’hypocrisie ou les convenances handicapantes. C’est ainsi que la clameur publique a porté en écho le « dibi chat », cette spécialité peu ragoûtante qui a défrayé la chronique la semaine dernière à Dakar. Ce fait insolite a nourri la curiosité de beaucoup de personnes à défaut d’alimenter des clients l’ayant échappé belle. L’affaire est vite devenue virale. L’humour est franchement dégoûtant. Pourtant, la gastronomie est d’essence culturelle. La viande de chat, qui est banni sous nos cieux, est un délice dans les assiettes sous d’autres cieux. La viande de singe est un morceau savoureux dans des menus très classes.
Les asticots et criquets grillés donnent du goût au quotidien de peuples d’ailleurs. C’est dans le style de la formule bien connue : « Vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà ». Sur ce point précis de la culture alimentaire, il y a quelques années, je me suis retrouvé dans le « meilleur restaurant » d’un pays africain à l’invitation de décideurs de l’eau sur le continent. À l’entrée de ce haut lieu de la gastronomie, les grills géants tournaient dans le sens contraire à l’aiguille d’une montre. Le rôtisseur enfonçait une tige en fer dans les différentes viandes. Viande de singe, de crocodile, de bœuf et de poulet étaient retournées dans tous les sens avec le même équipement. La cuisson était un rituel maîtrisé. À table, j’avais quasiment la nausée. Même en prenant du poulet, j’avais en tête la viande de singe.
Le même dégoût a été réprimé par une connaissance ayant vu de la chair de serpent à l’entrée d’un restaurant dans un pays asiatique. Un autre ami va plus loin en cherchant un restaurant halal dans une ville européenne. L’histoire d’une aiguille dans une botte de foin, avant le boom de la localisation numérique facilitant la vie aux adeptes du digital. Dans un autre pays asiatique, alors que nous faisions les cent pas après un très long voyage, deux confrères et moi avons aperçu les gestes amples d’un monsieur de l’autre côté du grand boulevard. Il proposait du dibi d’un chien sur pied à la manière des téfankés vantant leurs beaux béliers. Au Sénégal, les rôtisseurs ont eu une nationalité dans l’actualité de la viande de chat. Vous comprendrez que je sois dans l’impossibilité de préciser cette nationalité dans ces lignes.
Je ne voudrais pas être épinglé pour stigmatisation. Et pourtant, des compatriotes indignés par le business de la viande de chat ont simplement pensé « appeler un chat, un chat ». Ou bien : des chats. Car il est question de chasse au chat le soir dans la Médina-Gueule Tapée. La nationalité des rôtisseurs indélicats a jeté le discrédit sur tous leurs compatriotes vendeurs de ce dibi si prisé. Il a même été question de contrôle aux frontières des flux d’étrangers entrant au Sénégal. Je ne me souviens pas, alors pas du tout, de la nationalité des personnes interpellées alors qu’elles dépeçaient un chien. Je ne me souviens non plus de la nationalité des vendeurs de viande d’âne. La vie courante nous offre d’autres exemples sur la nationalité de la famille nombreuse, de l’alcoolisme, de la cupidité, du vice, de l’inceste, de la crasse, de l’arrogance, de la paresse, etc. La poussée émotionnelle a vite produit une atmosphère de stigmatisation. Des expatriés ont été indexés comme de potentiels fournisseurs ou vendeurs de viande prohibée.
C’est une représentation sociale négative parce que portant atteinte à leur réputation. Il s’agit d’un frein à leur bonne intégration dans la société d’accueil. Par temps de tourbillon autour de cette affaire de dibi, le fait a revêtu une certaine gravité. Une tendance à arrêter car, très vite, peut s’ouvrir la porte d’une discrimination ou, pire, d’une chasse à l’homme. L’État de droit, fondé sur un pacte républicain, n’autorise pas de dérive sur l’identité d’autrui. La culture populaire, les relais médiatiques et les réseaux sociaux entretiennent des préjugés et des stéréotypes quelquefois fatals à la bonne entente des communautés. L’impact négatif n’est pas bien cerné sur des domaines vitaux des relations entre pays.
Les échanges culturels, les relations diplomatiques, la coopération militaire, la souveraineté alimentaire, les migrations et le tourisme peuvent connaître, un effet, de ralentissement entre pays englués dans des clichés. Ce sont des situations embarrassantes créées par la détermination à « appeler un chat un chat ». Le problème est qu’un chat, dans l’imaginaire populaire, a sept vies grâce à son agilité et son équilibre. Cet animal peut facilement retomber sur ses pattes… s’il ne rencontre un chasseur urbain. Cependant, la cohésion sociale et la fraternité des peuples n’en ont peut-être eu qu’une ou deux dans des sociétés du mépris institutionnalisé et des dérapages inconsidérés.
VILLA DE FONCTION, MBAYE NDIAYE AFFIRME AVOIR INVESTI 200 MILLIONS DE RÉNOVATIONS
L’ex-ministre de l’Intérieur a comparu jeudi devant la Chambre correctionnelle de Dakar, accusé par la SOGEPA d’avoir laissé une villa de fonction dans un état de délabrement estimé à plus de 50 millions FCFA.
L’ancien ministre de l’Intérieur, Mbaye Ndiaye, a comparu ce jeudi devant la Chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Dakar.
Il est poursuivi par la Société nationale de gestion et d’exploitation du patrimoine bâti de l’État (SOGEPA) pour des faits de dégradation présumée d’un bien immobilier appartenant à l’État.
En cause : une villa de fonction que l’ex-ministre aurait laissée dans un état de détérioration avancée, les dommages ayant été estimés à plus de 50 millions de francs CFA.
Mais à la barre, Mbaye Ndiaye a fermement contesté les accusations, affirmant au contraire avoir consenti un investissement personnel de 200 millions FCFA pour rénover le bien en question.
« Le logement ne comptait que trois chambres à mon arrivée. J’ai entrepris des travaux pour le transformer en une maison de quinze chambres », a-t-il expliqué à la sortie de l’audience, selon les propos rapportés par L’Observateur.
L’ancien ministre a précisé avoir quitté les lieux en 2012, à la fin de son mandat au sein du gouvernement.
Le dossier a été renvoyé au 24 juillet prochain, date retenue pour les plaidoiries.
L’ÉTAT PARIE SUR L’INDUSTRIALISATION POUR RÉPONDRE À LA CRISE DU LOGEMENT
Face à la cherté du loyer et à la pression foncière, le gouvernement affiche de nouvelles ambitions pour l’habitat. Les autorités ont mis en avant le Programme national d’accès au logement et à la rénovation urbaine (Pnalru).
Pour régler la question de l’accès au logement, le Gouvernement mise sur l’industrialisation du secteur de la construction, entre autres actions. Hier, lors de l’ouverture du 5e Salon international de l’habitat, du logement et de la construction, associé au 1erSymposium des architectes africains, le ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires, Moussa Bala Fofana et le Secrétaire d’État à l’Urbanisme et au Logement, Momath Talla Ndao, ont décliné les ambitions de l’État dans ce cadre.
Cherté du loyer, pression foncière, difficultés d’accès à un logement…À Dakar, l’habitat est un casse-tête pour les citoyens, et les multiples efforts des gouvernements successifs n’ont pas permis de régler cette lancinante question. À l’ouverture du 5ᵉ Salon international de l’habitat, du logement et de la construction, associé au 1ᵉʳ Symposium des architectes africains (22 au 24 mai 2025), le logement a été élevé au rang de levier essentiel de développement. D’après Moussa Bala Fofana, ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires, le logement génère de l’emploi, dynamise l’économie locale, structure nos villes et consolide les familles.
Au Centre de conférences Abdou Diouf de Diamniadio (Cicad), le ministre a rappelé les ambitions de l’État pour permettre aux Sénégalais qui le souhaitent d’avoir un habitat décent. M. Fofana a révélé le Programme national d’accès au logement et à la rénovation urbaine (Pnalru). Cette initiative, selon lui, a pour objectif de produire des « logements abordables en propriété et en location, de revitaliser les tissus urbains dégradés, d’aménager des terrains constructibles et de déployer les infrastructures publiques indispensables à une vie urbaine de qualité». Pour le ministre Moussa Bala Fofana, la réussite du Pnalru reposera sur une mobilisation collective, unissant l’État, les collectivités territoriales, les promoteurs immobiliers, les coopératives, les entreprises du secteur et l’ensemble des citoyens.
Le Pnalru vise à produire des logements abordables, à requalifier les quartiers précaires, à promouvoir l’industrialisation des matériaux locaux et à engager une dynamique de transformation urbaine au service du bien commun. «Il s’appuie sur des partenariats publics et privés, mobilise les collectivités territoriales, les acteurs du BTP, les architectes et les citoyens. Ce programme, par son envergure, sa transversalité et sa vision à long terme, marque un tournant dans la politique de l’habitat de notre pays», a mentionné Momath Talla Ndao, Secrétaire d’État à l’Urbanisme et au Logement.
Le Secrétaire d’État au Logement appelle à «rompre avec les modèles dépassés»
À Dakar comme dans les capitales régionales, le marché locatif est devenu un terrain de tension sociale, a noté Momath Talla Ndao, Secrétaire d’État à l’Urbanisme et au Logement. « Le logement est aujourd’hui au cœur des préoccupations quotidiennes de nos concitoyens. Cette situation, si elle perdure, menace l’équilibre social de notre pays et compromet les objectifs de justice et d’inclusion que nous poursuivons », a-t-il alerté. M. Ndao estime qu’il est impératif de repenser nos villes. « Il nous faut rompre avec les modèles dépassés pour proposer un urbanisme inclusif, régulé, écologique et résilient », a-t-il préconisé au cours de cette rencontre axée sur le thème : « Repenser nos villes, ou comme nous l’exprimons avec simplicité et puissance dans notre langue nationale : «Am dëkkuwaay».
Le Secrétaire d’État à l’Urbanisme et au Logement soutient que les villes ne doivent pas être des lieux d’exclusion ou de relégation, mais des territoires d’accueil, d’opportunités, un levier de la croissance économique. « Repenser nos villes, c’est bâtir une nouvelle ambition pour nos territoires. C’est refuser la ségrégation spatiale. C’est promouvoir la mixité sociale, l’accessibilité, la proximité des services essentiels et l’inclusion de toutes les catégories sociales, en particulier les femmes, les jeunes, les personnes en situation de handicap et les travailleurs modestes », a prôné Momath Talla Ndao.
Industrialiser la filière de la construction
Le Gouvernement impulsera l’industrialisation de la filière de la construction, en valorisant l’exploitation des ressources locales (béton, terre stabilisée, pierre, typha) et en soutenant la progression qualitative des petites et moyennes entreprises du secteur. L’annonce a été faite hier par Moussa Bala Fofana, ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires, à Diamniadio, lors de l’ouverture du 5e Salon international de l’habitat, du logement et de la construction, associé au 1er Symposium des architectes africains (22 au 24 mai 2025).
«Nous déploierons un fonds de garantie robuste, des mécanismes innovants de location-vente, des dispositifs d’accompagnement dédiés aux coopératives, ainsi que des incitations fiscales attractives pour stimuler l’investissement dans le logement abordable», a-t-il déclaré. Toutefois, les autorités ont marqué leur engagement ferme quant au respect scrupuleux des normes, à la garantie d’une qualité irréprochable des ouvrages et à l’assurance d’une transparence tarifaire totale. «L’État assumera pleinement son rôle d’arbitre impartial, de régulateur vigilant, mais aussi d’acteur engagé dans la construction», a prévenu M. Fofana.
LE STADE SENGHOR RENAÎT AVEC LE MEETING INTERNATIONAL D’ATHLÉTISME DE DAKAR
Entièrement rénové, le stade Léopold Sédar Senghor rouvre ses portes ce samedi avec un événement qui symbolise à la fois la relance du sport de haut niveau au Sénégal et une étape décisive vers les Jeux olympiques de la jeunesse Dakar 2026.
Le mythique stade Léopold Sédar Senghor, récemment rénové, accueillera ce samedi la nouvelle édition du Meeting international d’athlétisme de Dakar, marquant ainsi sa réouverture tant attendue. Pour l’occasion, 160 athlètes, dont 28 de renommée internationale, fouleront la piste flambant neuve de cette enceinte historique.
Sous le thème « Le sport à l’école en perspective des JOJ », cet événement s’inscrit pleinement dans la dynamique de préparation aux Jeux olympiques de la jeunesse Dakar 2026. La compétition comprendra 14 épreuves et réunira 90 officiels, un dispositif à la hauteur des ambitions de la Fédération sénégalaise d’athlétisme (FSA).
« Ce meeting est d’une importance capitale pour le sport sénégalais », a souligné Bara Thiam, directeur du meeting, lors d’une conférence de presse. Il a insisté sur l’engagement de la FSA à promouvoir l’athlétisme chez les jeunes et à renforcer le lien entre sport et éducation. L’événement est également soutenu par le ministère de l’Éducation nationale.
Pour Sara Oualy, président de la FSA, ce rendez-vous constitue une opportunité majeure pour jauger le niveau des jeunes talents en vue des JOJ. « Il nous faut des jeunes compétitifs pour représenter dignement le Sénégal. Nous leur offrons ici un plateau international pour mieux les préparer », a-t-il affirmé, tout en invitant le public à venir en masse pour soutenir les athlètes locaux.
De son côté, Pape Serigne Diène, Directeur technique national, a qualifié le meeting de « test grandeur nature » pour les athlètes sénégalais, citant notamment Amath Faye et Saly Sarr parmi les têtes d’affiche nationales. Il a également rassuré sur le dispositif sanitaire mis en place, incluant des équipes médicales et des contrôles anti-dopage, pour garantir une compétition saine et sécurisée.
Le retour du Meeting international d’athlétisme de Dakar dans un stade entièrement rénové s’annonce comme un moment fort du calendrier sportif sénégalais et un symbole de la relance du sport de haut niveau dans le pays.
SOS VILLAGES RENFORCE SON DISPOSITIF D'ACCUEIL
L'ONG vient d'inaugurer un nouveau centre d'accueil d'urgence à Dakar, destiné à accueillir une douzaine d'enfants en situation de rue et à compléter son dispositif de prise en charge familiale
L’Ong Sos Villages est de plus en plus préoccupée par le sort des enfants en situation de rue. Après s’être toujours impliquée pour les éduquer et les instruire, ce qui vaut aujourd’hui à certains d’entre eux qui ont bénéficié de son appui, de réussir dans la vie professionnelle. C’est ainsi que Sos Villages vient de renforcer son dispositif de prise en charge d’enfants vulnérables en inaugurant hier son nouveau centre d’accueil d’urgence.
Sos Villages joue un rôle dans l’éducation et l’instruction des enfants en situation de rue. Ceux qui ont bénéficié de l’appui de cette structure ont aujourd’hui réussi dans la vie professionnelle, si l’on se fie aux propos de François Diatta, manager du projet Sos Villages d’enfants à Dakar. «On peut vous en citer quelques-uns peut-être, mais la confidentialité fait partie de nos principes. Nous avons des ingénieurs, des inspecteurs des Impôts et domaines, des médecins, des ingénieurs en informatique. Il y en a d’autres même qui travaillent avec Sos, qui travaillent à la direction nationale. Il y en a même qui s’en occupent. Donc, il y a beaucoup de personnes qui ont réussi, qui sont issues des Villages d’enfants Sos», renseigne François Diatta, lors de l’inauguration, hier, du nouveau Centre d’accueil d’urgence qui se situe à quelques encablures des locaux de Sos Villages d’enfants. Il y a d’autres qui sont dans le monde de la culture et du sport. «D’autres même sont des acteurs dans les films que vous voyez à la télé et qu’on ne peut pas citer, et qui viennent des Villages d’enfants Sos. Et des footballeurs professionnels… On a quelqu’un qui joue au Jaraaf actuellement, qui fait partie du Village de Guinguinéo», avance M. Diatta.
Ce Centre d’accueil d’urgence, qui prend en charge une douzaine d’enfants, vient s’ajouter au dispositif mis en place par Sos Villages dans la prise en charge des enfants en situation de rue. «Aujourd’hui (hier), on est là pour l’inauguration du Centre de prise en charge des enfants de la rue qui a été créé et installé par le Village d’enfants Sos. Déjà, c’est une initiative que nous saluons grandement parce que dans le cadre de la protection, de la prise en charge des enfants vulnérables dans l’ensemble, ce sont des structures de ce genre dont nous avons besoin. C’est vrai qu’il y a des structures de l’Etat qui sont des structures d’accueil et de prise en charge des enfants, mais cette initiative va vraiment améliorer, rehausser et nous aider aussi dans cette prise en charge», se félicite Mme Diop Awa Baldé, cheffe de service de l’Aemo (Action éducative de protection sociale en milieu ouvert des enfants et jeunes majeurs du ministère de la Justice).
François Diatta, manager du projet Sos Villages d’enfants à Dakar, revient sur la pertinence et le long processus ayant abouti à la création de ce centre d’urgence. «Sos Villages d’enfants est une organisation qui travaille dans la protection de l’enfant, mais plus précisément dans ce qu’on appelle la prise en charge de type familial. Donc, on est la seule organisation au monde à faire une prise en charge de type familial. Maintenant, chemin faisant, nous avons jugé nécessaire d’augmenter le nombre de bénéficiaires et le nombre d’enfants que nous prenons en charge. Sos, à travers une évaluation de la situation des enfants, a vu que les résultats ont révélé qu’il y a beaucoup d’enfants qui sont en situation de rue et qui ont besoin de soutien. Et c’est dans ce sens que nous avons sollicité nos partenaires financiers qui ont accepté qu’on puisse aller vers ce changement. Et ce changement, nous l’appelons au niveau de Sos, depuis maintenant deux ans, des changements programmatiques. Parmi ces changements programmatiques, il y a l’installation de ces centres de transit qu’on appelle les centres d’accueil d’urgence pour enfants en situation de rue», souligne M. Diatta.
Par ailleurs, Assane Diop, directeur de Cabinet du maire de Mermoz-Sacré Cœur, affirme que ce nouveau centre d’accueil d’urgence vient à son heure. «Parce qu’il apporte une réponse à une problématique pour les collectivités territoriales dans la prise en charge des enfants en situation de rue. La mairie de Mermoz-Sacré Cœur, qui est un partenaire privilégié du village, apportera également son concours à la bonne marche de ce centre», dit-il. Une visite de ce nouveau centre d’accueil d’urgence dont la responsable est Mme Mbodj, a donné une idée des efforts déployés par Sos Villages pour mettre dans d’excellentes conditions les enfants en situation de rue pour leur meilleure intégration dans la société sénégalaise.
par Serigne Saliou Diagne
LE RISQUE SUR LA MAISON DE L’ONU À DAKAR
Alors que le Rwanda multiplie les offres pour attirer les organisations internationales, le Sénégal laisse inexploité son gigantesque complexe onusien de Diamniadio, inauguré en novembre 2023 mais toujours inoccupé
Un courrier de la Primature du Rwanda en réponse à une demande du Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu), M. Antonio Guterres, voulant installer certaines agences du système onusien en Afrique, aura eu le mérite de nous interpeller. La Primature rwandaise donnait ses dispositions à accueillir, avec un siège flambant neuf, les agences de l’Onu que le schéma d’une installation de leurs quartiers à Kigali intéresserait, conformément au souhait du Secrétaire général à l’occasion de la célébration des quatre-vingts ans d’existence de cette instance-clé du multilatéralisme.
L’Onu se trouve face à un casse-tête avec des baisses de cotisations de certains Etats membres pour son fonctionnement. Le symbole absolu étant la décision unilatérale des Etats-Unis d’Amérique, sous le président Donald Trump, de couper une grosse part de l’aide internationale de ce pays qui contribuait grandement à la promotion du multilatéralisme. La diplomatie rwandaise est bien agressive et on doit leur reconnaître de chercher à attirer toutes les initiatives d’installation au Pays des mille collines. Le sport et la culture ont été des moyens de déployer ce soft power rwandais depuis quelques années. En se préparant à être une base de l’Onu dans le schéma d’une ouverture d’un nouveau siège régional pour épauler ceux de New York et de Genève, on peut dire que le Rwanda n’a pas froid aux yeux et ose œuvrer pour ses ambitions d’hégémonie en Afrique. Cette dynamique, quand on la regarde d’un œil sénégalais, crée une dissonance terrible avec notre positionnement diplomatique et surtout par rapport aux logiques que met en œuvre notre Etat pour capitaliser son potentiel et asseoir son leadership.
Le Sénégal est ce pays qui, en novembre 2023, aura inauguré, à Diamniadio, une Maison des Nations unies dont le schéma initial était qu’elle serve de hub régional pour cette organisation internationale, en y accueillant pas moins d’une trentaine d’agences et près de 2500 travailleurs du système onusien. Le gigantesque bâtiment blanc qui trône à Diamniadio est inoccupé 18 mois après sa réception, et tout porte à croire que le déménagement n’est pas pour demain.
Un procès-verbal de réception du bâtiment a été adressé à la Société de gestion et d’exploitation du patrimoine bâti de l’Etat (Sogepa) depuis août 2024 par les promoteurs du projet. Mais le silence radio sur l’avenir de cet édifice laisse perplexe. De plus, les paiements des promoteurs ont pu être faits, comme stipulé dans le cadre d’une convention de location-vente avec l’arrivée des nouvelles autorités. S’il y a donc quelque chose qui pèche et qui empêche l’occupation de la Maison des Nations unies, l’explication est à chercher au haut de la pyramide avec le président de la République Bassirou Diomaye Faye, chargé de définir notre politique diplomatique. Le média Jeune Afrique, dans un article sur ce sujet, parle d’une «omerta» tant au niveau des responsables onusiens que des autorités étatiques, pour qu’une occupation effective de ce bijou soit à l’ordre du jour. Cette «omerta» ne peut s’expliquer d’autant plus qu’il y a moins de deux semaines, le chef de notre Exécutif se félicitait, avec notre ministre des Finances, Cheikh Diba, d’inaugurer un siège régional de la Banque mondiale.
Si, au moment où l’ancien Président sénégalais Macky Sall et la vice-secrétaire générale des Nations unies Amina Mohammed inauguraient le siège régional de Dakar, les diplomates onusiens pouvaient faire la fine bouche quant à une installation à Diamniadio, on peut se dire qu’aujourd’hui la donne a changé et une ouverture de la maison dakaroise soulagerait à bien des égards. Le Sénégal a toujours eu, avec plusieurs organisations internationales, des accords de siège régissant leur hébergement dans notre pays et un appui dans leur fonctionnement. On ne peut pas se lever avec une simple volonté de rupture pour vouloir mettre un terme à tous ces traditions et engagements diplomatiques qui auront donné à notre pays une certaine stature et un poids sur les échiquiers régional et mondial. Ces accords de siège, notre pays en bénéficie avec l’installation de certaines de nos missions diplomatiques, notamment dans les pays asiatiques et dans le Golfe. On ne peut pas refuser aux autres ce que nous sommes très enclins à accepter chez eux.
Au moment où notre pouvoir se tâte, d’autres pays s’empressent à se proposer. Ce serait un énorme gâchis que, du jour au lendemain, la Maison des Nations unies ne serve pas sa mission première, pour occasionner une reconversion du bâtiment qui en trahirait l’essence-même. J’oubliais que les idéologues du «Projet» ont l’esprit fécond, transformer la Un House de Dakar en «Maison de Patriotes», pour ne pas dire en «Maison du peuple», en un claquement de doigts ne serait pas une idée osée ! Pour en revenir à l’usage fonctionnel de la Maison des Nations unies, il y a une opportunité diplomatique qui se présente pour notre pays. La balle est à saisir, hors de toute logique de souverainisme sot et de calculs mesquins qui font plus perdre la face qu’ils n’aident.
Au-delà de l’aspect diplomatique, le fonctionnement de la Maison des Nations unies à Diamniadio ferait vivre tout un écosystème dans cette ville. Des commerces et services y seront établis, les zones d’habitation y seront prisées et une attractivité avec le flux d’individus insufflerait du souffle à Diamniadio, qui donne actuellement plus l’impression d’une cité administrative fantôme où, après les heures de bureau, tout est atone. Le Sénégal gagnerait beaucoup qu’un pôle régional de l’Onu soit fonctionnel en abritant les rencontres de cette organisation et en servant de base solide où convergeront travailleurs, experts et diplomates.
La ville de Diamniadio aura été pensée à ses premières heures comme un hub d’affaires régional pouvant offrir des commodités qui devenaient désuètes à Dakar et ouvrir le Sénégal au monde. Le Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad), le Parc des expositions, Dakar Arena, le Stade international Me Abdoulaye Wade et les sphères ministérielles auront été bâtis dans la logique d’une ville polyvalente, avec des infrastructures de qualité pour accueillir du monde d’ici et d’ailleurs, sans aucun complexe. Tuer tout cet esprit juste dans une logique révisionniste pour dénier toute paternité ne serait que stupide vanité égotique.
Le projet de la Maison des Nations unies aura été initiée en 2015 avec des travaux ayant démarré en 2018. Après une décennie, si on n’arrive pas, avec un bâtiment prêt, à faire tourner cette maison, on peut désespérer de notre capacité à concrétiser de grands projets d’infrastructures, avec utilité pratique et prestige collectif.
La diplomatie est un train continu qui se doit d’être constant malgré les changements d’homme à la tête de la locomotive. Il y a des opportunités qu’un pays ne peut rater, et avec le travail abattu jusqu’à l’heure, il ne manquerait pas grand-chose pour que la Un House dakaroise prenne sa place dans la carte des adresses des organisations de coopération et des antres du multilatéralisme. Si c’est dans un esprit d’effacer une partie de l’œuvre d’un prédécesseur que les autorités sénégalaises manifestent une certaine frilosité à laisser prospérer la Maison des Nations unies de Diamniadio, on pourra se dire que notre pays fait un mauvais pari diplomatique. Au président Faye de savoir jouer de finesse et d’ouverture, c’est à lui d’organiser notre coopération. Il laissera lui aussi des œuvres qu’il souhaitera que ses successeurs poursuivent ou continuent de les laisser prospérer.
L'APR MAINTIENT SA LIGNE DURE
Malgré les rencontres avec la société civile, le parti de Macky Sall estime que les conditions d'un débat serein ne sont pas réunies. "On ne peut pas dialoguer pendant que nos camarades sont injustement emprisonnés", dénonce Abdou Mbow
La rencontre tenue avec des membres de la Société civile n’a pas fait changer d’avis l’Alliance pour la République (Apr) concernant sa décision de ne pas prendre part au Dialogue national prévu le 28 mai prochain. Abdou Mbow, porte-parole adjoint du parti, a soutenu, hier sur la Rfm, que les conditions nécessaires à une participation sereine et constructive ne sont pas réunies. Le député du Groupe parlementaire Takku Wallu en veut pour preuve les arrestations arbitraires de plusieurs responsables de l’Apr. Pour lui, c’est une entrave grave à l’expression démocratique. «On ne peut pas dialoguer pendant que nos camarades sont injustement emprisonnés», a-t-il fait savoir.
En outre, M. Mbow a fait savoir que l’Apr ne peut cautionner un processus de dialogue dans un contexte où les règles du jeu démocratique ne sont pas respectées. Le porte-parole adjoint de l’Apr est convaincu qu’il existe une volonté manifeste de museler l’opposition. Lors de son intervention sur la Rfm, il a rappelé les efforts de l’ancien président Macky Sall en matière de consolidation démocratique, soulignant notamment l’organisation de nombreux dialogues politiques sous son magistère, ainsi que l’adoption de réformes institutionnelles en vue d’apaiser le climat politique.
Ainsi, pour les partisans de l’ancien chef de l’Etat, l’enjeu est de préserver la démocratie sénégalaise face à un pouvoir qu’ils accusent de vouloir instaurer l’autoritarisme. «Nous sommes déterminés à nous opposer à toute dérive, pour que les Sénégalais sachent que notre pays doit rester une véritable démocratie», a-t-il ajouté.
LES MOURIDES FACE AU DÉFI NUMÉRIQUE
De ruraux cultivateurs d'arachide à diaspora mondiale connectée, les Mourides ont su s'adapter à chaque époque. Mais pourront-ils relever les défis du XXIe siècle ? L'historien Cheikh Anta Babou interroge l'avenir de cette confrérie dans un nouveau livre
La confrérie Mouridiyya est-elle à la croisée des chemins ? C’est la question qui taraude l’esprit du lecteur qui a feuilleté le dernier livre du professeur d’histoire Cheikh Anta Babou. L’ouvrage La Mouridiyya en marche, islam, migration et implantations a été présenté mercredi dernier au Centre de recherche ouest-fricain (Warc).
Selon l’auteur qui est spécialiste de l’étude des communautés musulmanes de l’Afrique occidentale et de la nouvelle diaspora africaine, «il y a énormément de tension dans la communauté entre ces jeunes loups qui imaginent une Mouridiyya en cyberespace». Les «jeunes loups», c’est le nom que Cheikh Anta Babou donne aux fils des premiers émigrés mourides qui sont nés hors du Sénégal. «Est-ce que ces jeunes auront le temps de s’investir dans la confrérie ? Parce que leur rapport à la Mouridiyya est différent. La conclusion du livre dit que les Mourides ont été des ruraux, ils ont migré dans les zones urbaines puis à travers l’Afrique, ensuite l’Europe et les Usa. Ils ont toujours réussi à manœuvrer pour s’adapter. Pourront-ils le faire au temps présent où les dynamiques ont complètement changé ? La rareté des choses, la xénophobie, l’islamophobie sont en train de se développer partout. Les gens sont entrain de transiter vers l’internet», a dit Cheikh Anta Babou.
L’historien constate que la confrérie de Cheikh Ahmadou Bamba devra choisir de rester en l’état ou se moderniser. «Il y a une organisation à New York qui s’appelle «Ndawu Serigne Touba». C’est composé des fils des premiers arrivants. Ils sont très critiques par rapport à leurs aînés. Ils leur reprochent leur incapacité à imaginer le Mouride du futur. Ils estiment que la Mouridiyya doit être dirigée par des gens qui parlent anglais. Ils veulent rendre la Mouridiyya attractive pour son expansion. Ces jeunes disent que vous ne pouvez pas le faire avec le leadership dont l’autorité repose sur l’ancienneté et la seignorité», a-t-il détaillé. Pour autant, le professeur d’histoire a rappelé que ce débat n’est pas une grande première dans la communauté.
D’après ses explications, dès les premières vagues de migrations, la crainte d’une perte de l’identité mouride a été agitée. Cependant, la confrérie a toujours montré sa «capacité d’adaptation». Il en veut pour preuve la traduction des écrits de Cheikh Ahmadou Bamba dans les langues étrangères. «Les Mourides ont toujours voyagé avec leur identité et leur culture. Ils essaiyent de reconfigurer l’espace là où ils sont. Après l’attaque du 11 septembre, les Mourides se sont interrogés sur la faisabilité du «Bamba day». Ils ont opté de marquer leur différence avec ces musulmans qui ont attaqué les Usa», a-t-il expliqué.
Retour sur l’expansion de la Mouridiyya
Cheikh Anta Babou, qui n’en est pas à son coup d’essai sur la Mouridiyya, a voulu comprendre «comment ces gens (les migrants) ont pu réussir à transformer l’ordinaire séculaire en extraordinaire». Il a avoué que l’idée de départ n’était pas de faire un livre sur la migration mouride, mais de raconter l’historique de cette confrérie de l’intérieur. «J’ai nourri l’idée de faire ce livre quand j’étais en 3ème année à l’Université du Michigan. C’était en 1999. J’avais une bourse de recherche pour écrire un papier sur les émigrés mourides qui vivaient aux Usa. J’ai passé une semaine à Little Sénégal. J’ai été fasciné par des gens qui sont venus aux Usa sans un sou et ne parlaient pas anglais. Ils ont réussi a s’accaparer des lieux», a-t-il déclaré.
Ainsi, il s’est rendu compte que le travail ne peut être fait sur la diaspora mouride sans suivre les pas des migrants. Il a remonté la source pour en conclure que la migration mouride est d’ordre économique. «Les gens me disaient qu’ils n’avaient plus rien à faire avec la sécheresse des années 70, donc il fallait sortir. Ce sont les Laobés qui sont les premiers à sortir. Ils étaient en France depuis les années 60 pour vendre des objets d’art. Les gens ont quitté leurs villages pour se rendre sur la côte atlantique avant de gagner Abidjan. D’autres sont allés en Angola et au Congo Kinshasa. C’est après cela qu’ils sont allés en France qui a fermé ses frontières en 1975. Les migrants sont allés en Europe du Sud. C’est vers 1980 qu’ils ont commencé à se rendre aux Usa», a-t-il résumé.
L’ouvrage explore la problématique des migrations et implantations mourides pendant un demi-siècle. L’auteur interroge une problématique émergente liée aux migrations transnationales musulmanes en se focalisant sur la Mouridiyya dont les disciples dessinent des destinations vers l’Afrique, l’Europe et les Usa. Des mutations opérées de la confrérie mouride qui glisse d’un ordre religieux basé sur des cultivateurs d’arachide à la force politique, sociale et économique qui se déplace dans l’espace urbain. Le premier chapitre se focalise sur les anciennes capitales du Sénégal et de l’Afrique occidentale française (Aof), tandis que le deuxième interroge la première génération des mouvements migratoires mourides en direction de la Côte d’Ivoire et du Gabon. Ce sont ainsi 362 pages d’histoire préfacées par le professeur Mamadou Diouf, qui analysent les processus de socialisation des lieux et non de l’espace pour en faire un territoire consacré à la religion et à l’entraide.
par Emile Victor Coly
POUR UN DIALOGUE NATIONAL SUR LE SYSTÈME POLITIQUE INCLUSIF
L'opposition, malgré quelques voix discordantes, devra y participer afin de faire connaître sa position sur toutes ces questions et il ne devrait en être autrement car elle porte la voix de milliers de sénégalais qui ont voté pour elle
Après la brillante élection du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye le 24 mars 2024, l'heure est à la réforme du système politique sénégalais qui a pris de sacrés coups durant les dernières années de la présidence Macky Sall à cause du 3e mandat recherché. Le peuple sénégalais, lors de la dernière présidentielle, a émis un sérieux avertissement à la classe politique qui croit détenir la légitimité du pouvoir, oubliant de tenir compte des attentes de ses électeurs ou s'entêtant à les contourner.
En effet, au cours du déroulement du processus électoral de la présidentielle de 2024, divers dysfonctionnements ont été relevés par les parties prenantes et les observateurs : le refus de mettre à la disposition des concernés le fichier électoral sur la base duquel la quête de parrains devait être faite, la « non fiabilité » de ce fichier décriée par les candidats lors de la vérification des fiches de parrainage, les interdictions systématiques de manifestations servies aux partis politiques de l'opposition et à la société civile, la restriction des données mobiles, foulant au pied la liberté des populations à s'informer. Aucun contrôle, aucune vérification des faits rapportés plus haut n'a semble-t-il été fait pour confirmer ou infirmer les dysfonctionnements constatés et dénoncés tout haut par la majorité des acteurs.
Le président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye, après avoir annoncé la convocation des forces vives de la nation au dialogue politique lors de son adresse à la Nation le 03 avril dernier, a signé un communiqué officiel daté du 24 avril 2025, désignant Cheikh Guèye de la société civile comme facilitateur général de ce processus.
Ce dialogue prévu du 28 mai au 4 juin 2025 se tiendra dans un contexte relativement favorable. En effet, la période semble propice pour la concertation car aucune échéance électorale n'est en vue. Ces assises devront regrouper les partis politiques, la société civile, les syndicats les plus représentatifs, l'administration, les cours et tribunaux, etc.
Les participants au dialogue politique, même si des TDRs ont déjà été établis et soumis à validation par les acteurs, devront travailler à apporter des solutions durables à des sujets cruciaux comme la réforme du système électoral, le statut du chef de l'opposition, la réforme du système de parrainage, la nécessité de remplacer la Commission électorale nationale indépendante autonome (Cena) par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), le rôle de la justice dans le processus électoral, la question du bulletin unique, la rationalisation du nombre de partis politiques et leur financement, l'inscription automatique sur le fichier électoral concomitamment à la délivrance de la pièce nationale d'identité, le cumul des fonctions de chef de l'État et chef de parti politique, le cumul des postes politiques, un encadrement des dépenses de campagne électorale, ainsi que la prise en compte des questions de liberté et de liberté de la presse, entres autres sujets à inscrire à l'ordre du jour et à débattre. En outre, une plateforme digitale a été installée pour permettre au citoyen sénégalais de donner son opinion sur les questions d'intérêt général. On ne pouvait faire mieux pour rendre ce dialogue inclusif.
L'opposition, malgré quelques voix discordantes, devra y participer afin de faire connaître sa position sur toutes ces questions et il ne devrait en être autrement car elle porte la voix de milliers de sénégalais qui ont voté pour elle lors des dernières joutes électorales. La pratique de la chaise vide serait un suicide politique pour elle.
Le Sénégal a besoin d'une transformation profonde de ses pratiques politiques. Osons espérer, dans un élan de patriotisme, la participation de toutes les forces vives afin de repartir du bon pied.
Le dialogue politique devra donc être inclusif, sincère et républicain pour le bien de notre pays et de nos enfants à qui nous devrons léguer un pays stable, démocratique, où il fait bon vivre, sans distinction d'appartenance politique, religieuse, d'idéologie ou de couche sociale.
Les conclusions de ce dialogue, prises sur la base de décisions consensuelles et respectant à la lettre la Constitution, devront être applicables par l'Exécutif pour l'intérêt du pays. Ainsi, la démocratie sénégalaise sera renforcée et la stabilité politique préservée.