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1 août 2025
RUPTURE OU CONTINUITÉ ?
Lors de la campagne présidentielle de mars 2024, le tandem d’opposition Bassirou Diomaye Faye – Ousmane Sonko, aujourd’hui au pouvoir (respectivement président et premier ministre), avait annoncé son souhait de mettre en place une politique de rupture
Lors de la campagne présidentielle de mars 2024, le tandem d’opposition Bassirou Diomaye Faye – Ousmane Sonko, aujourd’hui au pouvoir (respectivement président et premier ministre), avait annoncé son souhait de mettre en place une politique de rupture, tant au niveau intérieur que dans les relations extérieures du Sénégal. Ces déclarations s’inscrivaient alors dans un registre plus général lié au néo-souverainisme et au néo-panafricanisme, qui ont le vent en poupe sur le continent depuis le début du XXIe siècle. Plus d’un an plus tard, un premier bilan montre que la diplomatie de Dakar n’a pas connu de réelle révolution.
Depuis l’arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye, certaines mesures mises en place par le gouvernement de son fidèle allié Ousmane Sonko ont tranché avec les décisions prises sous la présidence de Macky Sall (2012-2024). Par exemple, le retrait définitif des militaires français du pays est prévu pour la fin du mois de juillet 2025, alors que cette question n’était pas à l’agenda du précédent président. Désormais coordonné entre la France et le Sénégal, le retrait français avait été annoncé le même jour que la dénonciation par le Tchad des accords de défense avec la France, le 28 novembre 2024, un timing qui avait été perçu négativement par Paris.
Le président Diomaye Faye et le premier ministre Sonko ont aussi cherché à se rapprocher des membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) : le Niger, le Burkina Faso et le Mali. En mai 2025, Ousmane Sonko s’est rendu au Burkina Faso où, dans une interview donnée à la télévision nationale, avec une tonalité néopanafricaine prononcée, il a tenu des propos critiques à l’encontre de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui célébrait alors son cinquantenaire sur fond d’interrogations existentielles.
Ousmane Sonko a par ailleurs rassuré les autorités burkinabées sur la solidité des relations avec le Sénégal. La semaine précédente, le ministre des forces armées du Sénégal, le général Birame Diop, était en visite au Niger, autre État membre de l’AES, pour renforcer la coopération sécuritaire.
Cette visite n’aurait pas eu lieu sous la présidence de Macky Sall, ce dernier s’étant déclaré prêt à participer à une action militaire conjointe avec la Cédéao (ce qui n’a finalement pas eu lieu) contre le régime issu du coup d’État militaire de 2023 au Niger.
Pour autant, peut-on dire que la politique étrangère du gouvernement sénégalais issu des élections de 2024 rompt brutalement avec celle de ses prédécesseurs ? Ne s’inscrit-elle pas plutôt dans la continuité de la diplomatie sénégalaise depuis l’indépendance du pays en 1960 ?
DES PRINCIPES STRUCTURANTS DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE AU SÉNÉGAL INCHANGÉS
Sur certains aspects très médiatisés, la rupture semble dominer dans la politique étrangère du Sénégal. Mais, en réalité, les continuités sont tout aussi importantes, même si elles sont moins mises en avant. Les autorités sénégalaises maintiennent les grandes lignes diplomatiques qui caractérisent la diplomatie du pays depuis son indépendance : adhésion aux principes du multilatéralisme, promotion du dialogue, politique active de bon voisinage, diversification des partenariats stratégiques, etc. Les relations avec la France elles-mêmes sont plutôt caractérisées par une inflexion que par une rupture.
Ainsi du 16 au 20 juin 2025, une mission parlementaire sénégalaise s’est rendue en France, pour la première fois depuis 2013, à l’invitation du groupe d’amitié parlementaire Sénégal-France, pour rencontrer plusieurs députés français. « Nous avons une idéologie souverainiste, panafricaniste. Nous voulons certes une rupture profonde, audacieuse et ambitieuse avec la France. Mais pas une rupture brutale », avait alors précisé Amadou Ba, haut-cadre du Pastef, le parti de la majorité présidentielle. Le multilatéralisme est par ailleurs une priorité diplomatique du Sénégal depuis son indépendance. En plus des centaines de fonctionnaires internationaux de nationalité sénégalaise, plusieurs institutions multilatérales ont été dirigées par des Sénégalais, souvent avec des mandats marquants : Ahmadou Mahtar Mbow a dirigé l’Unesco entre 1974 et 1987, Jacques Diouf était le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) de 1994 à 2011, et l’ancien président de la république Abdou Diouf (1981- 2000) a présidé l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) entre 2003 et 2015. Cet investissement dans le multilatéralisme n’a pas été perturbé par l’alternance politique survenue au Sénégal.
Présent à Séville lors de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement organisée par l’ONU, du 29 juin au 3 juillet 2025, le président Diomaye Faye a notamment réclamé, dans son discours, une meilleure intégration des États africains dans les institutions financières internationales. Sur ce point, il poursuit la politique de son prédécesseur Macky Sall, qui avait tenu des propos similaires durant sa présidence de l’Union africaine (UA) de février 2022 à février 2023. Par ailleurs, Macky Sall avait contribué à faire progresser la question de l’adhésion de l’UA au G20.
Dans la pratique, la politique étrangère sénégalaise est reconnue depuis longtemps pour son attachement au dialogue. Le Sénégal est ainsi l’un des rares États à accueillir sur son sol une représentation de la Corée du Sud et de la République démocratique de Corée (Corée du Nord). Bien que membre fondateur et régulièrement président du Comité de la Palestine à l’ONU, le Sénégal ménage aussi ses liens avec Israël.
De la même manière, les autorités sénégalaises évoluent sur une ligne de crête entre le Maroc, la Mauritanie et l’Algérie sur la question du Sahara occidental, en maintenant des relations avec tous les acteurs concernés. Un échec de cette politique du dialogue est la relation avec la Chine continentale et avec Taïwan : en 2005, le Sénégal finit par reconnaître la Chine continentale et rétablit des liens rompus depuis 1996 (l’ambassade du Sénégal en Chine avait été fermée en 1995). À cette date, le Sénégal avait décidé de reconnaître Taïwan, en échange d’une importante aide économique
Cet héritage est complètement assumé par l’actuel président du Sénégal, qui met en scène un « partage des tâches » avec son premier ministre. Ainsi, quelques semaines après son élection en mars 2024, Bassirou Diomaye Faye s’est rendu en Gambie, en Guinée-Bissau et en Côte d’Ivoire, trois pays plutôt hostiles aux membres de l’AES. Au même moment, Ousmane Sonko opérait une tournée dans les États de l’AES et en Guinée, tous touchés par au moins un coup d’État et le renversement des régimes civils depuis le mois d’août 2020. La tentative de médiation entre la Cédéao et l’AES n’a cependant pas fonctionné, et le Niger, le Mali et le Burkina Faso sont finalement sortis de la Cédéao en janvier 2025.
UNE DYNAMIQUE PÉRENNE DE DIVERSIFICATION DES PARTENARIATS
Le Sénégal a souvent été présenté comme le « bon élève » de la Françafrique, à l’instar de la Côte d’Ivoire. En réalité, si les autorités sénégalaises sont longtemps restées dans le sillage des intérêts français sur le continent, la recherche d’alternatives est apparue dès l’indépendance, en 1960.
De 1960 à 1962, le président du Conseil, Mamadou Dia, représentait le Sénégal à l’étranger selon la Constitution du pays. Il rappelle dans ses Mémoires avoir alors constamment cherché à diversifier les partenariats du Sénégal. Par ailleurs, à l’occasion de l’organisation du Festival mondial des arts nègres en 1966, le président de la république Léopold Sédar Senghor (1960-1980) a également entretenu une correspondance avec le président américain John Fitzgerald Kennedy, dans l’optique de s’émanciper de la tutelle de l’ancienne métropole coloniale.
Lors de son arrivée au pouvoir en 2000, le premier président issu d’une alternance politique, Abdoulaye Wade (2000-2012), avait déjà accéléré l’intégration continentale avec l’élaboration du plan Omega, ancêtre de l’actuel Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Le président Wade aspirait également à un départ des troupes françaises du Sénégal : le camp militaire français de Bel Air, à Dakar, avait été rétrocédé au Sénégal sous sa présidence en 2010.
Parmi les diplomates sénégalais, l’idée de conserver ses amis et d’élargir le cercle de ses amitiés a fait son chemin. Sur le plan commercial, la Chine est devenue le premier partenaire du pays en 2024 et a pris la place de la France. Parmi les premiers exportateurs au Sénégal se trouvent également des acteurs comme l’Inde et la Turquie.
Ce n’est donc pas un hasard si les autorités sénégalaises ont annoncé leur souhait de rejoindre le groupe des BRICS+. Cette participation associerait les deux principes de la diversification des partenaires stratégiques et de l’attachement au multilatéralisme. Jamais concerné par un coup d’État ou par une rupture de l’ordre constitutionnel, le Sénégal fait donc preuve d’une remarquable continuité dans les grandes orientations de sa politique étrangère depuis l’indépendance. La rupture mise en avant par le nouveau régime, si elle est réelle dans plusieurs domaines de politique intérieure, prend plutôt la forme d’une inflexion en ce qui concerne la politique étrangère. Les relations avec la France, notamment, ne devraient pas être rompues, seulement banalisées parmi d’autres relations, après des décennies de domination impériale et postimpériale de Paris.
UN CADRE FÉDÉRATEUR POUR BÂTIR UN ÉCOSYSTÈME MÉDIATIQUE AFRICAIN FORT
Prévue du 27 au 31 octobre, la première édition du Salon International des Médias d’Afrique (SIMA) va réunir l’ensemble des acteurs du secteur médiatique national comme international
Le Sénégal accueille du 27 au 31 octobre 2025, la 1ère édition du Salon International des Médias d'Afrique (SIMA) à Dakar. Initié par la Maison de la Presse Babacar Touré, sous l’égide du ministère de la Communication, des télécommunications et du numérique, le SIMA se veut un espace d’échange, de réflexion et de co-construction, destiné à poser ensemble les bases d’un écosystème médiatique africain fort, indépendant, crédible et durable. Ainsi, en vue d’associer tous les acteurs et compétences du secteur dans la préparation, l'organisation et la mise en œuvre de cet important événement, une rencontre d’information et d’échange a été organisée hier, jeudi 24 juillet 2025, à la Maison de la presse.
Prévue du 27 au 31 octobre, la première édition du Salon International des Médias d’Afrique (SIMA) va réunir l’ensemble des acteurs du secteur médiatique national comme international. Un évènement fédérateur qui est destiné à poser ensemble les bases d’un écosystème médiatique africain fort. Selon Matar Sylla, coordonnateur du comité de pilotage, « A notre avis, le SIMA offre une opportunité au Sénégal d’inscrire un évènement innovant, mobilisateur, fédérateur dans l’agenda des médias et de la technologie. » « L’ambition affirmée est de contribuer à construire par sa régularité un écosystème médiatique performant, un écosystème médiatique dynamique, un écosystème médiatique fédérateur, rentable mais qui surtout faire vibrer l’Afrique au rythme du Sénégal pendant l’évènement », a indiqué M. Sylla.
Poursuivant son propos, il déclare que « Le SIMA doit également réunir tous les professionnels africains du secteur médiatique et incarner une vision panafricaine, en instaurant et en renforçant un secteur stratégique, transversal, catalyseur et à fort potentiel économique et création de contenus et narratifs originaux. »
Ainsi, s’inscrivant dans une démarche inclusive en prélude à ce grand rendez-vous, une rencontre avec la presse a été organisée hier, jeudi 24 juillet à la Maison de la Presse Babacar Touré. Elle vise à informer sur les objectifs, les axes stratégiques et les innovations prévues dans le cadre du Salon. « Nous voulons nous inscrire dans une démarche inclusive. Cela veut dire que nous voulons tout d’abord regrouper l’ensemble du secteur médiatique national les divers parties prenantes sans partie pris sans préjugé. Parce que nous devons jouer un rôle essentiel visà-vis des autres secteurs de la nation », a souligné Matar Sylla, coordonnateur du comité de Pilotage du SIMA.
Aussi, a-t-il ajouté, « Nous voulons aussi nous inscrire dans une logique panafricaine, internationale. La plupart d’entre nous, par leurs parcours, de par leurs convictions, sont des panafricains dans l’âme. Parce que nous sommes convaincus que la grandeur de développement de notre continent se fera dans l’unité des nations. » En définitive, le SIMA vise à rassembler les principaux acteurs du secteur médiatique en Afrique et à s’ouvrir également aux secteurs médiatiques internationaux, technologiques et stratégiques.
LES RAISONS D’ERIGER L’AGGLOMERATION EN VILLE MODERNE
Située à une centaine de kilomètres au sud de Dakar, à mi-chemin entre Thiès et Fatick, Mbour s’impose aujourd’hui comme l’une des principales agglomérations du Sénégal
Située à une centaine de kilomètres au sud de Dakar, à mi-chemin entre Thiès et Fatick, Mbour s’impose aujourd’hui comme l’une des principales agglomérations du Sénégal. Ancienne localité de pêcheurs devenue en quelques décennies un pôle économique et résidentiel majeur, la commune fait face à une double pression : une urbanisation fulgurante et une croissance démographique continue. Face à cette dynamique, la question de son érection en une ville moderne, structurée et planifiée devient urgente. Mbour ne peut plus se penser comme une commune classique : elle doit être portée au rang d’une cité métropolitaine, capable d’absorber son expansion, de répondre aux aspirations de sa population et de jouer pleinement son rôle de moteur régional.
UN BOOM DÉMOGRAPHIQUE SANS PRÉCÉDENT
La croissance démographique de Mbour est impressionnante. D’un peu plus de 30 000 habitants dans les années 1970, la commune et ses zones d’influence élargies (Saly, Nianing, Warang, Thiadiaye, Malicounda, entre autres) en comptent aujourd’hui plus de 300 000. Ce phénomène s’explique par plusieurs facteurs : l’exode rural en provenance des régions intérieures, l’attractivité économique et touristique, la proximité avec Dakar et l’aéroport international Blaise Diagne, ainsi qu’un taux de natalité naturellement élevé. Mais cette croissance rapide, si elle traduit une vitalité certaine, pose aussi d’importants défis : pression foncière, saturation des services publics, rareté du logement, tensions sociales… Le tissu urbain se densifie à grande vitesse, souvent en dehors de toute logique d’aménagement durable.
UNE URBANISATION ACCÉLÉRÉE MAIS DÉSORGANISÉE
L’un des paradoxes majeurs de Mbour est que son développement s’est opéré dans une relative improvisation. Si le centre-ville conserve une trame urbaine lisible, les périphéries se sont étendues de façon anarchique. Des quartiers entiers sont sortis de terre sans viabilisation préalable, un accès à l’eau potable plus ou moins universel, des réseaux d’assainissement desservant les quartiers centraux et des voiries gagnées progressivement par l'ensablement. Les services de base peinent à suivre : la carte scolaire croule sous le poids du gigantisme, les écoles primaires publiques sont surchargées , une dizaine de collèges d'enseignement moyen et trois grands lycées, les structures de santé débordées, les marchés informels , et les déchets dans de nombreux points de la ville malgré les efforts louables de la municipalité doivent connaitre un traitement plus efficient et efficace. Le tout accentué par une gouvernance locale peinant à répondre aux préoccupations des populations.
UN RÔLE ÉCONOMIQUE RÉGIONAL AFFIRMÉ
Malgré ces contraintes, Mbour affiche un potentiel économique remarquable. Port de pêche majeur, plaque tournante touristique (notamment à travers Saly-Portudal), carrefour commercial entre Dakar, le Sine, le Baol et la Casamance, elle se positionne aujourd’hui comme une locomotive régionale. L’installation progressive de zones d’activités industrielles et artisanales, le développement des services bancaires, des télécommunications, de l’enseignement supérieur et des infrastructures hôtelières renforcent cette dynamique. L’agglomération constitue aussi un pôle d’emploi informel très actif, où cohabitent petits métiers, transport urbain, restauration, commerce ambulant, construction et secteur agricole périurbain. Ce bouillonnement économique contraste cependant avec l’absence d’un cadre réglementaire et d’un encadrement urbain à la hauteur des enjeux.
DES ATTENTES CITOYENNES DE PLUS EN PLUS FORTES
La population de Mbour, notamment sa jeunesse, aspire aujourd’hui à mieux. Elle réclame des routes praticables, des espaces publics aménagés, des transports dignes, une meilleure sécurité, une gouvernance participative, mais surtout une reconnaissance de son statut réel. Car Mbour, de fait, vit et fonctionne comme une grande ville. Mais en droit, elle demeure une commune au statut limité, incapable de planifier sur le long terme, de mobiliser des financements à la hauteur, ou de coordonner les multiples territoires qui lui sont liés. Cette attente s’exprime de plus en plus à travers les médias locaux, les associations citoyennes, les élus, les communautés religieuses et les entrepreneurs. Tous convergent vers une même idée : Mbour doit changer d’échelle.
VERS UNE VILLE MODERNE, STRUCTURÉE ET INTÉGRÉE
L’érection de Mbour en véritable ville moderne – dotée d’un statut administratif renforcé, d’un plan d’urbanisme structurant, d’un budget conséquent et d’une vision partagée – offrirait plusieurs avantages. Elle permettrait une meilleure gouvernance territoriale, une attractivité accrue pour les investisseurs, une gestion plus efficace des défis sociaux et environnementaux, et une plus grande résilience face aux risques (inondations, insécurité, embouteillages, dégradation du littoral…). Il ne s’agirait pas d’un simple changement de nom ou de statut, mais d’un processus de transformation profonde, à l’image de ce que Saint-Louis, Ziguinchor ou Pikine ont connu. Un processus qui impliquerait l’État, les collectivités territoriales, les partenaires techniques et financiers, ainsi que les populations elles-mêmes. Mbour n’est plus une ville en devenir : elle est déjà, de facto, une métropole régionale. Ce qu’il lui manque, c’est une reconnaissance juridique, une vision structurée, et des moyens adaptés à ses ambitions. L’érection de cette agglomération en une ville moderne n’est donc pas une faveur politique, mais une exigence de justice territoriale, d’équité nationale et de bon sens. Il est temps que les pouvoirs publics en prennent acte.
LES FEMMES DANS LA RECHERCHE ET LE DEVELOPPEMENT EN SANTE, UNE FAIBLE PARTICIPATION NOTEE AU SENEGAL
Selon une étude commandée par Spick Up Africa, sur l’inclusion des voix de femmes diverses dans la recherche et le développement en santé au Sénégal, réalisée par le cabinet fil rouge
Selon une étude commandée par Spick Up Africa, sur l’inclusion des voix de femmes diverses dans la recherche et le développement en santé au Sénégal, réalisée par le cabinet fil rouge : « Les femmes chercheuses représentent 32% contre 68% pour les hommes. Cela démontre une faible évolution car en 2020, l’annuaire statistique de la recherche pour la santé du ministère de la Santé et de l’action sociale (Msas) avait estimé à 28,9% le nombre de femmes chercheuses. » La restitution des résultats s’est faite hier, jeudi 24 juillet, à Dakar, en présence des universitaires et partenaires.
Dans le cadre de son engagement à promouvoir l’équité de genre et l’inclusion dans les systèmes de santé, Speak Up Africa a commandité une étude de référence sur l’inclusion des voix de femmes diverses dans la recherche et le développement en Santé. Réalisée par le cabinet Fil rouge, cette initiative s’inscrit selon Speack Up Africa dans une dynamique régionale visant à développer des outils de suivi, de plaidoyer et d’orientation stratégique à travers une carte de score régionale couvrant le Sénégal, le Kenya et le Nigéria. Pour cette étude, les résultats ont montré une faible représentation des femmes dans les instituts de recherche en santé. Les femmes chercheuses représentent 32% contre 68% pour les hommes. Cela démontre selon l’étude une faible évolution car en 2020, l’annuaire statistique de la recherche pour la santé du ministère de la Santé et de l’action sociale (Msas) avait estimé à 28,9% le nombre de femmes chercheuses.
Concernant les effectifs dans les institutions de recherche des Ufr et Facultés de santé, sur un total de 1131 chercheurs, seules 362 sont des femmes. Revenant sur la question du leadership féminin au sein des instituts supérieurs, l’étude révèle qu’au niveau de l’universités Cheikh Anta Diop de Dakar, la répartition par sexe montre que les femmes ne représentent que 24, 82% pour le grade de professeur et 31,38% pour le grade de maitre de conférences. Au niveau de l’université Iba Der Thiam de Thiès, sur dix-sept (17) professeurs, les dix (10) sont des femmes, ce qui montre une bonne représentativité des femmes par rapport aux hommes. Mais elles ne sont que trois Maitres de conférences sur les 19 que compte l’UFR Sciences de la santé.
Dans les comités éthiques des universités, l’étude souligne que leur représentativité nécessite d’améliorer leur participation à ces importantes instances d’évaluation et de gouvernance de la recherche. Ainsi parmi les dix-sept (17 ) enseignantes chercheuses rencontrées dans le cadre des interviews, l’étude montre qu’aucune d'entre elles n’est membre d’un comité d’éthique. Certaines femmes chercheuses sont membres de hautes instances comme les conseils académiques des universités, les sociétés française et sénégalaise de biologie clinique, les commissions scientifiques et de recherche, les commissions sur la santé-Nutrition, le laboratoire de Recherche en Sciences Économiques et Sciences Sociales (LARSES) de l’université de Ziguinchor.
Pour booster la participation et le leadership des femmes dans les plus hautes instances, le cabinet fil rouge qui a réalisé l’étude, a émis des recommandations concernant les pouvoirs publics. Il s’agit pour les acteurs d’intégrer explicitement l’égalité de genre dans les politiques nationales de recherche, de santé et d’innovation ; de créer un observatoire genre et recherche en santé pour suivre les indicateurs de participation, de financement et de production scientifique désagrégés par sexe. Il est aussi question de renforcer la coordination intersectorielle entre les ministères de la Santé, de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et des Femmes, pour une réponse cohérente aux enjeux d’inclusion entre autres. Pour les institutions de recherche et universitaires, il est recommandé de réviser les critères d’évaluation académique pour mieux valoriser les contributions sociales et communautaires, souvent portées par les femmes ; d’organiser des panels et autres tribunes de promotion de la recherche pour les femmes aux niveaux scolaires (Lycées, Collèges, universités) ; de mettre en place des mécanismes tels que les crèches et les garderies pour faciliter la combinaison recherche/gestion familiale ; d’ augmenter le financement de la recherche et de donner plus de crédits aux femmes.
CES CONTRAINTES QUI FREINENT LE SECTEUR DU BTP
L’autorité de régulation de la commande publique (Arcop) a organisé hier, jeudi 24 juillet, un atelier portant sur « la compétitivité du secteur privé et l’accès des BTP à la commande publique ».
L’autorité de régulation de la commande publique (Arcop) a organisé hier, jeudi 24 juillet, un atelier portant sur « la compétitivité du secteur privé et l’accès des BTP à la commande publique ». Cette rencontre a été une occasion pour le Syndicat national des entreprises du bâtiment et des travaux publics d’étaler les contraintes qui plombent le développement du secteur.
Aujourd’hui, la filière des BTP éprouve de sérieuses difficultés pour accéder à la commande publique. Selon le président du Syndicat national des entreprises du bâtiment et des travaux publics Abdel Kader Ndiaye qui s’exprimait hier, jeudi 24 juillet lors d’un atelier organisé par l’Arcop, ces difficultés sont liées à la conjonction de plusieurs facteurs.
« Le premier facteur, c’est le déséquilibre dans le portefeuille. 70 % des marchés en valeur échappent au secteur privé national à cause de certaines barrières injustes fixées arbitrairement à l’entrée par des donneurs d’ordres pour éliminer les entreprises locales. Il y a aussi l’absence de dispositif de qualification et de classification des entreprises de travaux. N’importe qui soumissionne dans les appels d’offre alors que concernant les marchés des travaux, les dispositions du code des marchés sont précises », a-t-il relevé.
Il déplore également la faiblesse de la régulation dans l’exécution des contrats. C'est-à-dire, après la passation, faire respecter les délais de paiement et autres obligations de l’autorité contractante. Il évoque comme autre facteur qui freine l’accès du BTP à la commande publique, les faiblesses dans la planification dans les cahiers de charge au niveau de l’expression des besoins de la fixation des délais prévisionnels de passation et exécution des marchés publics.
L’absence de représentant du secteur privé dans les commissions de marchés à titre consultatif constitue, selon lui, une contrainte majeure ainsi que la non-appropriation des textes techniques tels que le code de la construction et de l’urbanisme.
Pour améliorer l’accès des entreprises BTP à la commande publique, Kader Ndiaye recommande aux autorités de corriger le déséquilibre sur le portefeuille de la commande publique en inversant la tendance au profit du secteur privé national face à une concurrence extérieure qui est en train de miner le secteur du BTP et l’économie nationale. Il propose aussi de participer activement à l’assainissement de toute la filière en accompagnant la mise en place d’un dispositif de qualification et de classification et l’érection de leurs organes opérationnels dans le cadre d’une démarche inclusive. Il suggère à l’Arcop de réguler les délais contractuels de paiement à défaut préconiser une solution alternative de paiement en concertation avec tous les acteurs.
Le directeur général de l’Arcop Moustapha Djitté pense qu’il est temps d’engager une véritable endogénéisation de la commande publique en réussissant un repositionnement stratégique et intelligent du secteur privé national. Selon lui, cette endogénéisation vise à créer l’émergence d’un secteur privé local fort, capable de rivaliser avec les entreprises étrangères pour une création de richesses endogènes favorables à une génération d’emplois viables.
Présidant la cérémonie d’ouverture de cette rencontre, Yankhoba Diémé, ministre des Infrastructures, des transports terrestres et aériens, trouve que ces difficultés sont surmontables. « Le gouvernement est conscient que les entreprises de BTP sont en difficulté. Mais ces difficultés sont bien surmontables. Nous avons ensemble le devoir d’assainir. Il faut qu’on accepte que cela peut faire mal. Il faut mettre des filtres pour qu’on puisse savoir qui doit compétir et qui doit souscrire. Nous avons l’impression qu’il y a parfois plus d’intermédiaires qui souscrivent et qui gagnent au niveau national », soutient-il. Pour finir, le ministre a fait part que son département est pleinement disponible à soutenir toutes les initiatives visant à structurer et professionnaliser le secteur du BTP.
LE JAPON EQUIPE LE SENEGAL
Deux bulldozers flambant neufs viennent de rejoindre le parc d’équipements du Sénégal pour appuyer les opérations de déminage humanitaire en Casamance.
Deux bulldozers flambant neufs viennent de rejoindre le parc d’équipements du Sénégal pour appuyer les opérations de déminage humanitaire en Casamance. Offerts par le gouvernement japonais, ces engins, d’une valeur de 2 milliards de francs CFA, ont été remis officiellement à la ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, au cours d’une cérémonie sobre mais chargée de sens.
Le geste du Japon intervient alors que le déminage manuel, longtemps pratiqué au péril de la vie des équipes sur le terrain, atteint ses limites. Ce soutien logistique remplace du matériel vétuste et marque un tournant dans les efforts de dépollution. « Ces bulldozers vont considérablement réduire les risques liés au déminage manuel, tout en accélérant les opérations sur le terrain », a souligné Elimane Ndiaye, ingénieur au Centre national d’Action antimines du Sénégal (CNAMS).
Présent à la cérémonie, l’ambassadeur du Japon à Dakar, Takeshi Akamatsu, a salué l'engagement du Sénégal en faveur de la paix en Casamance. « Entravée par les vestiges d’un conflit passé, la région a besoin de sécurité pour se relever. Le Japon est heureux de contribuer à cet effort à travers des moyens concrets », a-t-il déclaré.
Ce soutien s’inscrit dans le cadre de la Convention d’Ottawa sur l’interdiction des mines antipersonnel, à laquelle le Sénégal a adhéré. Le pays s’est engagé à achever ses opérations de déminage d’ici mars 2026, conformément au calendrier fixé par la Conférence des États parties.
Supervisées par le CNAMS, les nouvelles machines permettront de sécuriser des milliers d’hectares contaminés, facilitant ainsi le retour des populations déplacées et la relance économique. Le Premier ministre Ousmane Sonko, qui a pris part à la cérémonie, a salué la coopération japonaise et réaffirmé l'engagement de l'État dans le cadre du Plan Diomaye pour la Casamance. Ce programme, selon lui, « vise à restaurer la paix, favoriser le retour des déplacés, et appuyer un développement économique endogène dans une région longtemps meurtrie ». Il a notamment indiqué que 1 281 000 m² de terres contaminées ont déjà été identifiés, et que le nouveau matériel contribuera à accélérer leur dépollution. Le gouvernement envisage par ailleurs, sur financement national, d’acquérir d’autres engins similaires afin de renforcer les capacités de déminage et de couvrir davantage de zones à risque
« Notre priorité reste le retour des populations déplacées, mais dans des conditions qui garantissent leur sécurité et leur dignité. Ces communautés à forte vocation agricole doivent pouvoir exploiter leur terroir, libéré des engins explosifs hérités du conflit », a affirmé le Premier ministre.
Avec ce matériel moderne et une volonté politique réaffirmée, le Sénégal franchit une nouvelle étape dans la sécurisation de la Casamance. La relance de l’agriculture, la réinstallation des familles et le développement local s’annoncent désormais plus proches. Quant au Japon, il réaffirme, à travers ce geste concret, sa solidarité avec une région qui aspire à tourner définitivement la page de la guerre.
LA RÉQUISITION DÉCRYPTÉE
Qu'est-ce que le droit de réquisition ? Quelles sont ses conditions d'application ? Face aux interrogations suscitées par la décision du ministre de la Justice, Me El Amath Thiam apporte un éclairage juridique précis sur cette "sortie de secours"
Juriste-consultant et président de l’organisation « Justice sans frontière », Me El Amath Thiam apporte son éclairage sur le droit de réquisition. Dans cet entretien, ce spécialiste du droit revient sur les fondements et la portée juridique de cette mesure, récemment invoquée par le ministre de la Justice. Ce dernier a en effet demandé aux chefs de parquet et de juridiction de recourir à la réquisition à l’encontre des greffiers, afin d’assurer la continuité du service public de la justice, actuellement paralysé par un mouvement de grève.
C’est le droit à la réquisition et quelle la portée juridique de cette mesure ?
Le droit à la réquisition est une prérogative reconnue à l'administration de procéder, en cas de besoin, à la réquisition de travailleurs d'entreprises privées ainsi que d’établissements publics assurant des missions indispensables à la continuité et au maintien de l'ordre public, à la sécurité des biens et des personnes ainsi qu'à la satisfaction des besoins d'intérêt public. La loi permet ainsi à l'autorité de détenir dans l'intérêt général un pouvoir essentiel qui apparaît comme une "sortie de secours" lorsque les voies de règlement prévues dans le cadre notamment des différends collectifs de travail n'ont pas abouti aux solutions recherchées. Ce droit de réquisition est prévu par l'article 7 du Statut général des fonctionnaires ainsi que l'article L-276 du code du travail. Mais c'est le décret n° 72-017 du 11 janvier 1972 qui énumère la liste des postes, emplois et fonctions concernés.
Et que dit cet article l-276 du code du travail ?
L'article L-276 dispose du code du travail : « L'autorité administrative compétente peut, à tout moment, procéder à la réquisition de ceux des travailleurs des entreprises privées et des services et établissements publics qui occupent des emplois indispensables à la continuité des services publics, ou à la satisfaction des besoins essentiels de la nation ».
Quelles sont les conditions et modalités d’une réquisition ?
Les conditions et les modalités de la réquisition sont fixées par l'autorité compétente en fonction des travailleurs qui occupent les emplois figurant sur la liste prévue par le décret. La notification est faite en règle générale à la personne par ordre de service signé soit par l'autorité administrative compétente, soit par l'employeur ou son représentant. Toutefois, la notification ou l'information peut être faite : Par une publication au Journal Officiel ; Par une diffusion radiophonique ; Par affichage sur les lieux de travail. Dans tous les cas, le décret pourra requérir collectivement et anonymement les travailleurs occupant tout ou partie des emplois prévus par le décret n° 72-017 du 11 janvier 1972.
Y-a-t-il une différence entre une réquisition destinée aux travailleurs des entreprisesprivéeset des services et établissements publics
Dans le secteur public, le domaine de la réquisition couvre des emplois publics des établissements publics, des sociétés d'économie mixte et des entreprises privées, les emplois publics, les emplois publics concernent l'administration générale et les collectivités locales, les établissements publics et sociétés d'économie mixte ;
Et dans le secteur privé, il s’agit de la production d'énergie (raffinage et électricité), de la production d'eau, sucreries et meuneries, ateliers et chantiers maritimes, transports aériens, extraction minière, sociétés de distribution de pétrole, sociétés de nettoiement.
Le champ d'intervention de la réquisition est vaste. Il semble même quasiment illimité. C'est pourquoi d'ailleurs des critiques ont souvent été adressées à cette prérogative administrative. La principale est que le droit de réquisition, eu égard à son domaine très étendu ainsi qu'à la facilité avec laquelle l'autorité administrative peut procéder à son déclenchement, est susceptible de contribuer à anéantir le droit syndical et en particulier le droit de grève comme disait le feu professeur Joseph Issa-Sayegh le pionnier du Droit Social au Sénégal qui se demandait : « Est-ce le droit de grève existe au Sénégal » ? Mais il revient à l'autorité administrative d'user du droit de la réquisition au mieux des intérêts en présence : l'intérêt public et l'intérêt des travailleurs et employeurs.
La décision de réquisition ne viole-t-elle pas le droit de grève et les principes de la liberté syndicale ?
En apportant des restrictions au droit de certains travailleurs et fonctionnaires, les pouvoirs publics entendent probablement se prémunir contre les actions susceptibles de remettre en cause l'ordre public, le bon fonctionnement des services publics essentiels de l'Etat. Il s'agit là d'un objectif qui se justifie mais qui reste souvent critiqué. Toute solution peut apparaître arbitraire. Ainsi, d'un pays à un autre, ces solutions ont différé. Le législateur sénégalais a interdit à certaines catégories de fonctionnaires toute forme de concertations en vue de cesser le travail. C'est ce qui justifie que dans les grands corps de l'Etat, les fonctionnaires se regroupent dans des associations appelées « Amicales » pour défendre des intérêts professionnels.
SONKO INTERPELLÉ SUR LA PARALYSIE DE LA JUSTICE
Alors que la grève des travailleurs de la justice entre dans son 37e jour, des figures de la société civile exhortent le Premier ministre à sortir de sa réserve pour dénouer cette crise majeure
Alors que la paralysie du service public de la justice se prolonge depuis plus de 36 jours, des voix s’élèvent pour interpeller le Premier ministre Ousmane Sonko. C’est le cas d’Alioune Tine, président fondateur du Think Tank Afrika Jom Center, et de Babacar Ba, président du Forum du Justiciable. Tous deux appellent le chef du gouvernement à s’impliquer personnellement pour désamorcer une crise qui menace gravement les droits des citoyens et l’image de l’institution judiciaire.
À l’origine du bras de fer, la grève conjointe du Syndicat des Travailleurs de la Justice (Sytjust) et de l’Union nationale des Travailleurs de la Justice (Untj), deux organisations historiquement rivales qui ont décidé de faire front commun au sein d’une entente syndicale. Leur mot d’ordre, largement suivi, a provoqué une paralysie quasi totale des services administratifs et juridictionnels.
Face à cette situation tendue, les réquisitions ordonnées par le ministre de la Justice aux chefs de parquet et de juridiction pour assurer la continuité du service public risquent d’envenimer les choses. Loin de calmer les tensions, ces mesures pourraient conduire à un durcissement des positions. C’est dans ce contexte que ces membres de la société civile invitent le Premier ministre à reprendre ce dossier en main.
Dans un message publié sur le réseau social X, Alioune Tine appelle au dialogue : « Il faut trouver les meilleures solutions par le dialogue pour éviter une paralysie de la justice qui porte préjudice aux justiciables. Il est temps pour le PM Sonko de prendre les choses en main pour trouver une solution. C’est lui qui peut faire aboutir à une issue juste en dialoguant avec les grévistes », écrit-il. Même constat du côté de Babacar Ba, président du Forum du Justiciable, qui s’est exprimé dans les colonnes de Sud Quotidien. Pour lui, cette grève a un impact direct sur les citoyens. « Aujourd’hui, les citoyens sont privés de casiers judiciaires, d’extraits de décisions de justice nécessaires pour faire appel ou exécuter un jugement, mais aussi de certificats de nationalité », alerte-t-il. Il ajoute qu’au plan juridictionnel, « les délibérés sont systématiquement renvoyés, et des prévenus en attente de jugement voient leur situation prolongée, uniquement parce que les greffiers sont en grève »
Le juriste déplore que dans un État de droit, une telle situation puisse perdurer sans réaction forte des autorités. « Il est inadmissible, dans un État de droit, que les justiciables voient leurs délibérés sans cesse reportés, ou que des prévenus attendent indéfiniment d’être jugés à cause d’un conflit social », estime-t-il. Pour lui, l’État a le devoir de garantir à la fois le droit de grève des travailleurs et le droit des citoyens à être jugés dans des délais raisonnables. « Les greffiers exercent un droit fondamental, celui de faire grève. Mais nous, justiciables, avons aussi le droit d’être jugés, le droit à un procès dans des délais raisonnables. L’État doit exercer sa prérogative de garant du bon fonctionnement du service public de la justice. Les autorités doivent réagir », martèle-t-il
Il en appelle donc, à son tour, à l’intervention du chef du gouvernement. « Après 36 jours de grève, sans solution ni avancée, le Premier ministre doit impérativement s’emparer de ce dossier. Il en va de la crédibilité de la justice, mais aussi de celle de la République », avertit-il
Pour appuyer sa requête, Babacar Ba rappelle que par le passé, les présidents Abdoulaye Wade et Macky Sall avaient personnellement reçu les travailleurs de la justice après plusieurs jours de grève. « Aujourd’hui, puisque rien n’évolue ni du côté du ministère de la Justice, ni de celui de la Fonction publique, je pense que le Premier ministre, en tant que chef du gouvernement, doit reprendre ce dossier en main pour une résolution définitive. » Enfin, il souligne que si la circulaire portant réquisition des greffiers peut se justifier sur le plan légal, elle ne saurait être la réponse à une crise structurelle. « Même si la circulaire visant à réquisitionner des greffiers est légale, elle ne permet que de régler les affaires courantes. Elle ne saurait constituer une solution durable et définitive à cette crise. »
Dans un climat déjà tendu, ces appels à une médiation au plus haut niveau visent à éviter l’enlisement et à préserver la confiance des citoyens envers l’institution judiciaire.
MULTIPLE PHOTOS
REVUE DE PRESSE SENEGALAISE DU 25 JUILLET 2025
Entre défis économiques, remous politiques, affaires judiciaires retentissantes et ambitions sportives contrariées, le Sénégal continue de faire face à ses paradoxes. selon la presse de ce jour
La scène nationale sénégalaise s’ouvre aujourd’hui sur une mosaïque de tensions politiques, d’alertes économiques et de sujets de société qui alimentent le débat public. De l’actualité institutionnelle aux coulisses du sport, tour d’horizon détaillé de ce que titrent vos journaux ce matin.
Marchés publics : le privé national monte au créneau
La question de l’accès aux marchés publics pour les entreprises locales revient en force. Direct News ouvre le bal en annonçant que « l’ARCOF inflige un camouflet au COUD » : l’Autorité de Régulation de la Commande Publique entend repositionner le secteur privé national dans l’exécution des marchés, longtemps jugé marginalisé.
Les Échos enfonce le clou : « 70% des marchés en valeur échappent au secteur privé », dénonce le quotidien, pointant du doigt un système qui profiterait davantage à des multinationales qu’aux entreprises sénégalaises. EnQuête renchérit en titrant sobrement : « Le BTP encore exclu », signe que le secteur du bâtiment et des travaux publics peine toujours à bénéficier des grands chantiers.
Une scène politique sous haute tension
Sur le front politique, L’Évidence dresse un constat alarmant : « Le Sénégal sous une poudrière ». Dans un climat de crispation, la moindre étincelle pourrait embraser la scène publique. Une illustration de cette tension est donnée par Tribune, qui s’interroge sur l’état de la Haute Cour de Justice : « Dans une impasse ? ». Les blocages institutionnels préoccupent.
Les remous internes agitent aussi les partis. Point Actu rapporte : « Ousseyini Sy secoue Pastef et recule ». WalfQuotidien parle carrément de « Malaise à Pastef », alimenté par la recomposition du bureau politique du parti d’Ousmane Sonko, sous la pression de la société civile, comme le souligne Sud Quotidien : « La société civile interpelle Sonko ».
Pendant ce temps, Source A met en lumière l’activiste Alioune Tine, avec un avertissement : « Tine et l’alerte orange ». Le journal évoque aussi la discrétion de l’ex-PM Bouba Ndour, soulignant qu’« il était aux champs » au moment où les projecteurs étaient braqués ailleurs.
Portraits et intrigues
La presse du jour s’intéresse également aux figures de l’ombre et aux personnages énigmatiques. Libération titre : « Dans la tête de El Hadji Babacar Dioum », un homme dont les manœuvres intriguent les observateurs. Yoor-Yoor le décrit comme « l’homme-mystère alias Kocc ! », laissant planer le doute sur ses véritables intentions.
Justice et société : un climat de ras-le-bol
La colère gronde aussi sur le terrain judiciaire. Rewmi Quotidien révèle « la lourde peine » infligée dans une affaire qui mobilise plus de 5 000 plaignants et met en cause 8 chefs d’accusation. Le journal évoque un « ras-le-bol des populations » face à l’impunité et l’insécurité.
Dans le même registre, Les Échos rapporte que Bouba Ndour a saisi la cybersécurité pour une plainte, tandis que L’AS met en avant « Les supplices du pouvoir de Ceintu-Dio Maye », révélant les tiraillements internes dans l’entourage présidentiel.
Présidence : entre rumeurs et remaniement
Au sommet de l’État, la santé de certaines figures suscite des interrogations. Tribune alerte sur « La santé de Farba Ngom », un proche collaborateur du Président Macky Sall. Pour sa part, L’AS et EnQuête confirment que Macky Sall « remanie son appareil politique », signe que le chef de l’État prépare le terrain pour les batailles à venir.
Sport : entre ambition et désillusion
Sur le terrain sportif, l’actualité est partagée entre lutte, football et préparation des Lions. Point Actu Sport titre : « Mon ultime défi est de battre Jackson Jr », à propos d’un lutteur déterminé à s’offrir un dernier exploit.
Sunu Lamb affiche la confiance de ses champions avec : « Je suis convaincu que Bombardier est facile à battre ». De son côté, Record met en lumière les ambitions d’un Lion local qui veut « rester au Qatar et jouer la CAN ».
Enfin, Rewmi Sports annonce la mauvaise nouvelle : « Le Sénégal s’incline face à l’Ouganda » en match de préparation pour le CHAN. Une contre-performance qui relance les débats sur l’état de préparation de la sélection locale.
En filigrane : une société sous pression
Un clin d’œil humoristique s’affiche en une, sous forme de caricature, où l’on devine l’ironie sur les enjeux culturels et religieux qui alimentent, eux aussi, les discussions de tous les jours.